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Moi, Vicomte Monstro, n'avais absolument pas suivi les délibérations du Grand Conseil. J'étais sorti de Zouzouland pour aller saluer quelques seigneurs, parmi les plus nobles du royaume, lorsque j'ai vu une foule compacte devant le palais où se réunissait le Grand Conseil.
L'un des curieux m'a appris qu'une affaire y était jugée. Une affaire ? Un vol ? Un enlèvement ? Un meurtre ?
La curiosité est un terrible défaut et cela m'a poussé à entrer jusque dans la salle où étaient assis les pairs d'Okord.
Je me suis approché silencieusement de l'homme qui notait toutes les interventions. J'ai parcouru ses notes par dessus son épaule. Et j'ai été extrêmement déçu du sujet de l'affaire. Point de vol. Point d'enlèvement. Point de meurtre. Simplement un fort attaqué, comme cela se fait couramment.
Néanmoins, la dernière intervention du Vicomte Bélial m'a désagréablement étonné, et j'ai cru utile d'intervenir :
"Je vous salue, Mes seigneurs.
Je n'ai pas suivi toutes les délibérations de ce jugement. Je ne vais donc pas m'exprimer sur le fond (bien que je trouve qu'on fait beaucoup de bruit juste pour l'attaque d'un Fort ; si tout le monde en faisait autant, vous passeriez votre temps assis dans ces fauteuils et vous n'en dormiriez pas).
Je vais plutôt parler d'un point qui a été soulevé durant le débat.
Il semblerait que notre royaume n'ait pas de lois. Et certains en tireraient la conclusion que nos titres ne sont pas légitimes !
C'est grotesque !
TOUS les seigneurs ont un sang noble ! Nos aïeuls étaient déjà des personnes de la noblesse de leurs pays respectifs.
Les paysans n'ont pas le même sang que nous. Voilà pourquoi aucun d'entre eux ne peut se prétendre notre égal. Cela n'empêche pas que nous devons bien les traiter. Mais, il est totalement inconcevable de remettre en cause cette hiérarchie par les lois du sang, les lois de la Nature, qui font que certains naissent nobles alors que d'autres naissent serfs.
Je ne comprends pas qu'on puisse remettre cela en cause.
D'ailleurs, mon épouse, Dame Lhassa, et moi-même avons régné sur Rakard pendant de longues années, avant de nous établir ici. Je ne considère donc pas avoir volé mon titre de Vicomte !
Voilà. Je venais simplement vous faire part de mon indignation concernant des allusions sur la légitimité de nos rangs.
Par contre, je ne me prononcerai pas sur la nécessité ou pas d'avoir des lois.
Je vous remercie de votre attention.
Bonne journée, Mes seigneurs !
Au moment où j'allais un peu plus loin dans la salle, j'ai entendu des cloches sonner. L'heure du repas. Pour rien au monde, je n'allais manquer un dîner à l'Auberge des Cinq Oies et leur fameuse potée de volaille, champignons de printemps, pissenlits et pâquerettes à la graisse d'oie.
Seigneur Monstro,
J'ai lu avec attention votre intervention sur la discussion qui a découlé de la première jurisprudence du Royaume, qui, nous sommes quelques uns à l'espérer, conduira à une structuration du Royaume teintée de souplesse.
De votre propre aveu, vous n'aviez pas suivi le fond de l'affaire.
Il vous suffisait de lire le titre de ce chapitre,
"Mallus I: attaque sans déclaration de guerre préalable".
Je vous recommande donc de bien vous informer, et de revenir vers le Grand Conseil pour toutes précisions dont vous pourriez avoir besoin.
J'avais cru comprendre que le Grand Conseil avait statué sur ce cas, et vous êtes tout à fait libre de remettre ce jugement en cause.
J'avais même cru comprendre que votre Prince lui même estimait certaines pages devaient être tournées tandis que d'autres restaient ouvertes.
Pour être bien clair, je ne me suis même pas enquis des réparations auxquelles les Seigneurs Toadfoot et Kripton avaient été condamnés, la seule chose qui m’intéressait était la jurisprudence suite à une rupture de traité.
Il est vrai que cela marque probablement la fin d'une époque ou ce genre de chose "se fait couramment".
Libre à vous d'en poser doléance auprès du Grand Conseil, vous êtes au bon endroit.
Pour ce qui est du passage que vous avez jugé choquant dans l'édit du Seigneur Bélial, peut être faisait il référence à ceci?
Baron PrisBoy est le neveu du fils de ma femme de chambre et le Chevalier KoverGod, le cousin du fils du valet de l'âne de Kripton.
Ce qui laisse songeur à bien des titres, je vous le concède.
Votre obligé, Le Rige,
Chevalier d'Hespérides,
Seigneur de la Marche des Vents d'Est.