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#26 2016-11-11 10:35:14

Luscan

Re : Un passé glorieux

Le baron écouta les explications de Loth en silence et, une fois celles-ci finies, réfléchi pendant une bonne minute avant de répondre à voix basse, comme pour lui-même :

-Le temple d'Orodûr dites-vous... Si mes souvenirs sont bons... Et puis zut..

Puis, d'une voix plus forte que s'il voulait seulement parler à ses invités :

-Étienne !

Un garde passa la tête par la porte de la salle.

-Oui monsieur ?.

-Pourriez vous préparer la salle stratégique sur le secteur 5, s'il vous plaît.

-Bien sur ! Voulez vous une zone particulière ?.

-Il faudrait que l'on voie la forteresse et le temple du secteur 5.

-Ce sera fait monsieur. Laissez nous quelques minutes et nous aurons tout installé.

Sur ces mots, il referma la porte et les trois occupants de la salle purent l'entendre partir au pas de course. Le baron reprit la parole, cette fois-ci pour s'adresser à Loth et Dagobert.

-Avec de tels enjeux, vous allez vouloir aller au plus vite au temple, mais je vous conseille quand même de passer la nuit avec nous. Vous ne serez sans doutes pas contre un bain, des vêtements propres et un vrai repas chaud.

-Vous allez nous aider ?, demanda le prochain dirigeant du Cygne.

-Bien sur ! Jamais je ne laisserai un ami, ou l'un de ses proches sans aide, surtout si c'est dans mes cordes ! Il va faire nuit et je ne pourrais pas vous trouver une équipe digne de ce nom pour vous aider avant demain. Par conséquent, voilà ce que je vous propose : nous avons toujours des chambres prêtes pour les arrivées imprévues. Je vais vous y amener et vous laisser vous y installer. Quand vous serez prêt, demandez au garde devant votre porte de vous conduire à la salle stratégique pour m'y rejoindre. Des objections ?

Loth parut sur le point de protester, mais le capitaine lui posa la main sur l'épaule :

-Le baron à raison, nous avons besoin de repos. De plus, voyager de nuit peut être dangereux, surtout dans la région.

Luscan sourit et se leva pour les conduire à travers le dédale du palais. Pendant le trajet, il leur parla des dernières avancées faites par son équipe. Armures, lances, arcs, armes de sièges, le baron faisait de nombreux essais, certain couronnés de sucés, d'autres non. Au bout d'un petit moment, le baron s'immobilisa devant une porte simple et se retourna vers ses invités.

-Vous voilà arrivé. Je vois laisse à vos occupations, mais je vous conseille tout de même de regarder par la fenêtre.

Ouvrant la porte, Loth et son capitaine découvrirent une grande pièce pouvant servir d'ambassade : Une large pièce centrale richement meublée avec une grande fenêtre vers l'extérieur donnant sur la forteresse. Une chambre de chaque côté de la pièce centrale permettrait aux deux hommes de dormir séparément. Les deux chambres étaient chaudes et confortables, avec de grands lits et des fenêtres laissant apercevoir le paysage et laissant rentrer le soleil. Une troisième porte donnait dans la salle de bains, seule pièce borgne de la suite, mais éclairé par des lampes. Des vêtements propres et le nécessaire de bain étaient posés en évidence sur l'une des tables de la pièce centrale. Alors que le fils d'Andior s’apprêtait à entrer dans la salle de bains, le soleil apparut de derrière une falaise et éclaira la cité différemment, la faisant briller comme s'il avait été construite en or en lieu et place de pierre. Il en eut le souffle coupé et resta de longues secondes avant de reprendre son activité normale. Une fois que  Loth et Dagobert eurent tous deux put se rafraîchir, ils sortirent et suivirent le garde posté devant leur porte. Ils arrivèrent devant une autre porte, que le garde ouvrit. Dagobert remercia le garde et entra dans la pièce en compagnie de son protégé.

Borgne mais très bien éclairé, la pièce était sur trois des murs recouverte d'étagères. La première contenait d’immenses rouleaux identifiés par des codes. Les deux autres auraient ravi n'importe quel enfant : elles contenaient des figurines de bois représentant des chevaux, des hommes, des armes de sièges multiples, le tout de plusieurs couleurs différentes. Enfin, au centre de la pièce, une grande table de 2 mètres par 2 représentait une large partie des montages du nord de la forteresse, le tout en 3 dimensions, comme s'il s'était agis d'une carte magique.

Le baron, qui semblait attendre les deux hommes, les salua avec un grand sourire.

-Voila ce que je nomme la salle stratégique, messieurs. Elle représente les montages entre le temple et la forteresse.

-Impressionnant !, commenta Dagobert.

-Toutes, mes villes sont équipés d'un équivalent, mais celle-ci est la plus complète.

Luscan s’apprêtait à continuer quand un homme pénétra dans la salle. Habillé d'une armure légère, uniforme des hommes de Cähabar, il semblait préoccupé.

-Les tours de guet ont repéré des intrus dans le secteur 2. Une troupe d'une petite dizaine de cavaliers. Ils ne sont pas de chez nous, mais ne semblent pas vouloir se cacher. Ils se dirigent vers la forteresse et n'hésitent pas sur le chemin à prendre.

L'homme hésita une seconde avant d'ajouter :

-D'après le vigile, la troupe est dirigée par une jeune femme.

-Hum... laissez-les arriver à la ville, nous serons vite fixés sur leur identité.

Alors que le garde sortait, Loth prit la parole :

-Comment, s'ils sont à cheval, votre garde à put arriver avant eux ?

-Nous utilisons un système de miroirs et de lampes pour transmettre des messages entre les avant-postes et la ville principale. Ça marche plutôt bien. Bon, revenons à nos moutons...

La discutions qui suivit porta uniquement sur la topographie autour du temple, les moyens d'y accéder et ainsi de suite. Peu d'informations étaient disponibles sur la structure, puisque personne n'en est jamais ressorti vivant : Une porte à sens unique inviolable en garde le chemin.

-Vous allez donc devoir improviser sur place. L'équipe que je vous enverrai aura un équipement adéquat pour parer à un maximum d’éventualités..

Alors que la discutions laissait place à un blanc, le temps que chacun intègre les informations données, des coups se firent entendre à la porte et le même garde que précédemment l'ouvrirent.

-Dame Elverid, Matriarche du clan du hibou, monsieur. C'est elle qui dirigeait la troupe de cavaliers du secteur 2.

La jeune femme entra d'un pas décidé dans la pièce, où elle salua les trois personnages présents.

-Bien, le bonsoir, Baron Luscan, seigneur Loth, Capitaine... On dirait que j'ai fait assez vite pour ne pas vous rater.

-Elverid ! C'est un plaisir de vous revoir. Comment va mon père ? Et que faites vous ici ?.

-Il va bien. Je te raconterai les détails sur le chemin. Et je suis ici pour vous aider. J'ai pris quelques chasseresses avec moi pour que l'on puisse explorer l'ancien temple dont vous avez parlé dans votre lettre.

-Nous aurons également des hommes du baron Luscan pour nous guider.

-Alors c'est parfait. Pour quand est prévu le départ ?

-Demain matin, à l'aube. Il vous faudra bien une demi-journée pour arriver au temple et je dois encore réunir l'équipe qui partira avec vous. Je ne pensais pas avoir autant de monde pour la nuit..

La jeune matriarche sembla quelque peu embarrassée.

En effet, j'aurais dû m'annoncer, surtout avec une telle escorte. Cependant, je tenais à rejoindre à nouveau l'expédition sans perdre de temps. Le seigneur Andior est plus impatient que jamais de voir la conclusion de cette quête, et surtout de revoir son fils.

-Hélas, non... Bien, Madame, venez avec moi, nous allons voir avec l'intendant où loger tout ce beau monde. Messire Loth, capitaine, je vais vous faire reconduire à vos chambres, où vous pourrez commander un repas si vous le désirez. Quant à moi, je vais vous trouver cette équipe..

La nuit se déroula sans incident : tous les membres du clan du hibou eurent un lit pour la nuit, Loth et Dagobert dormirent de tout leur saoul et, au matin, une équipe de quinze soldats, dont trois formés à l'exploration de bâtiment ennemis (et donc potentiellement piégés) étaient prête.

-Puissiez-vous trouver l'objet de votre quête dans ce temple ! furent les derniers mots de Luscan au moment du départ du groupe.

#27 2016-11-12 01:22:50

Elverid

Re : Un passé glorieux

Guidé par les hommes de Luscan, le groupe d'explorateurs arriva rapidement aux portes de l'ancien temple. Après avoir passé ce qui semblait être les vestiges d'un vieux mur d'enceinte entourant une vaste esplanade, tous descendirent de leur monture pour explorer l'endroit. Au fond, le vieil édifice orné de colonnes et de statues se détachait, émergeant de la montagne dans laquelle il semblait avoir été planté tel une dague.
La porte d'entrée, monumentale, était entrouverte et en mauvais état. Elverid et Cornélia furent les premières à s'en approcher pour l'examiner. Les autres membres de l'expédition les rejoignirent rapidement.
"La porte a été fracturée il y a longtemps, on dirait, sans doute à coups de hache. L'endroit a dû être copieusement visité par tous les pillards du coin. Vous êtes sûrs qu'on va trouver ce qu'on y cherche ?"
Loth toisa un instant jeune femme qui venait de parler, puis lança un regard interrogateur à Elverid. Cette dernière eut un sourire.
"J'ai oublié de vous présenter Cornélia. Elle est l'une des meilleures chasseresses de notre clan et a participé, elle aussi, aux expéditions hors des frontières d'Okord il y a quelques années. A son retour, elle a fondé le village de l'Antre du Lac.
- Vraiment ? Et quel rôle est-elle censée jouer ici ?
- Ne sous-estimez pas son intelligence. Cornélia possède une sorte de don pour comprendre comment les choses fonctionnent rien qu'en les examinant. Ses facultés d'observation nous seront très utiles pendant l'exploration du temple.
- Soit. Mettons-nous en route."
Loth s'apprêtait à passer la porte du temple lorsque Dagobert le retint.
"Attendez... il serait prudent de poster des gardes aux alentours du temple, au cas où nous aurions une visite indésirable... Je vous rappelle que Dame Merwynn est restée à Nefret. Si De Karan parvient à la faire parler, on pourrait bien le voir débarquer ici.
- D'autre part, il n'est sans doute pas nécessaire d'entrer là-dedans trop nombreux. Je vais ordonner aux chasseresses de se poster aux alentours, et de retourner chez le Baron Luscan pour donner l'alerte si elles voient des mouvements de troupes suspects."
Cornélia s'éloigna quelques minutes pour donner ses instructions, puis revint à l'entrée du temple. Enfin, un petit groupe d'une dizaine de personnes, comprenant Loth, Dagobert, Elverid, Cornélia et quelques hommes de Luscan, pénétra avec précaution à l'intérieur du temple.
Les soldats du baron, équipés de torches, se déployèrent autour du groupe afin d'éclairer la vaste salle. Cornélia commença à scruter autour d'elle. Lorsque ses yeux furent habitués à la semi-obscurité, elle pointa le doigt vers le fond de la salle, tout en s'avançant.
"Là-bas, trois ouvertures dans la paroi de la montagne... Avec devant elles, une sorte de pupitre."
Le reste du groupe lui emboîta le pas, pour se trouver face à l'entrée de trois tunnels creusés dans la montagne. Elverid examina de plus près le pupitre qui, à première vue, paraissait taillé d'un bloc dans la pierre. Il portait des inscriptions sur sa moitié gauche, et une sorte de mécanisme sur la partie droite.
Loth rejoignit la jeune matriarche.
"Un texte... Qui nous indique quel chemin prendre ?
- Une sorte d'énigme. Ce panneau contient des éléments amovibles qu'il faut remettre à la bonne place en utilisant des indices donnés par le texte... Cela me rappelle quelques-uns des jeux de logique avec lesquels je m'amusais autrefois..."
Elverid commença à déchiffrer les inscriptions et à déplacer quelques éléments du mécanisme. Dagobert s'était approché à son tour et observait, un peu en retrait. Il appela le reste du groupe.
"Ne vous engagez pas dans ces couloirs ! Restez groupés et attendez !"
Un ordre avisé. Lorsqu'Elverid eut fini de mettre en place les pièces du mécanisme, de lourds blocs de pierre s'abattirent bruyamment, bloquant l'accès des trois galeries, puis, un peu plus loin sur le côté, un panneau pivota sur lui-même, dévoilant un autre acccès.
"Ces ouvertures devaient être les entrées d'un labyrinthe ne menant nulle part. Bien joué, Elverid."
Le passage qui venait de s'ouvrir s'enfonçait en pente douce sous la montagne. Les membres du groupe s'y engagèrent un à un, prudemment...

Dernière modification par Elverid (2016-11-12 12:46:41)

#28 2016-11-29 18:59:54

Elverid

Re : Un passé glorieux

L'étroit couloir aux parois ornées de bas-reliefs paraissait interminable. Cornélia et les trois ingénieurs de Luscan avançaient en tête, suivis de Loth, Elverid et Dagobert. Les autres soldats fermaient la marche.
Après quelques minutes, le groupe arriva à ce qui, de loin, paraissait être un cul-de-sac. Cependant, en s'approchant, ils aperçurent une ouverture latérale juste assez large pour laisser passer un homme à la fois, et qui s'ouvrait sur une petite salle. Elverid jeta un coup d'oeil suspicieux à l'intérieur.
"Un autre leurre ? Nous aurions peut-être dû examiner plus attentivement ces sculptures sur les parois, elles contiennent peut-être des éléments d'information...
- Peu probable. Toutes ces scènes sculptées font référence à des légendes locales. Mais je vais tout de même examiner les parois. S'il y a une autre issue, je la trouverai."
L'ingénieur commença à inspecter les parois de pierre pendant de longues minutes, sans rien trouver. Il semblait clair que le fond du couloir ne recelait aucune porte cachée. Enfin, l'un des soldats restés en arrière, perdant patience, décida de se frayer un chemin jusqu'au fond. L'homme était d'une stature imposante. En longeant le mur, il s'accrocha à une partie saillante en haut d'un bas-relief et déclencha un mécanisme. A ce moment, Plusieurs dalles du sol se mirent à coulisser, certaines lentement, d'autres plus vite, dévoilant une profonde fosse.
Deux soldats disparurent dans le vide, dans un hurlement. L'ingénieur se raccrocha au bord du passage quand le sol se déroba sous ses pieds, et parvint à se hisser dans la salle. Elverid avait pris appui sur les murs et observait autour d'elle, un pied dans le vide. Loth et Dagobert avaient évité de justesse une chute mortelle. Ils emboîtèrent le pas de Cornélia qui, bondissant d'une dalle à l'autre, venait également de s'engouffrer dans la salle.
A ce moment, un bloc de pierre à l'entrée de la salle se mit à coulisser lentement vers le bas, menaçant d'obstruer le passage.
"Dépêchez-vous ! Cette porte est en train de se refermer !"
A l'appel d'Elverid, les derniers retardataires se précipitèrent un à un dans la salle plongée dans la pénombre. La plupart des soldats avaient lâché leur torche lorsque le mécanisme des trappes s'était enclenché. Seuls Dagobert et l'un des ingénieurs avaient gardé la leur.
La pièce était petite, sans aucun meuble, et ne paraissait pas avoir d'autre issue que le passage qui venait de se refermer. Les deux murs latéraux étaient percés de nombreux orifices régulièrement espacés, dont les ingénieurs ne parvenaient pas à comprendre l'utilité.
Elverid examina des débris qui traînaient au sol. Dagobert, intrigué, s'approcha derrière elle et l'éclaira avec la torche qu'il tenait.
"Vous trouvez quelque chose d'intéressant dans ces saletés ?
- Intéressant si on veut... Ce sont des débris d'os concassés. Je pense avoir reconnu des fragments de crâne humain. Et apparemment, il sont là depuis longtemps.
- Voilà qui ne présage rien de bon..."
La conversation fut interrompue par un bruit sourd.
"Qu'est-ce que c'est ?
- On dirait des blocs de pierre frottant l'un contre l'autre..."
Dagobert leva sa torche et resta figé sur place : l'un des murs latéraux était à présent hérissé de piques et s'avançait lentement vers eux !
"Bon sang ! Ce maudit temple tout entier n'est qu'un piège mortel !
- Il y a forcément une issue. Continuons d'examiner les lieux.
- Ici, j'ai trouvé quelque chose ! Une inscription, mais je ne peux pas la lire. Satanées langues anciennes !"
Elverid examina rapidement les caractères gravés dans la pierre.
"C'est écrit : la solution se dissimule dans le problème.
- ça veut dire que la solution, c'est de finir transpercés et broyés ? Ils avaient de l'humour, mes ancêtres !"
Loth commençait à perdre son calme, tout comme la plupart des membres du groupe. Les ingénieurs, de plus en plus fébriles à mesure que le temps s'écoulait, continuaient à sonder les murs à la recherche d'un autre mécanisme.

#29 2016-11-30 19:50:00

Elverid

Re : Un passé glorieux

Soudain, Cornélia prit la torche des mains de Dagobert et la leva aussi haut qu'elle le pouvait.
"Regardez ! Cette paroi mobile ne s'élève pas jusqu'au plafond. S'il y a une sortie, elle est forcément de l'autre côté ! Faites comme moi !"
La jeune chasseresse entreprit d'escalader le mur en utilisant les piques comme les barreaux d'une échelle. Loth et Elverid l'imitèrent immédiatement, pendant que Dagobert rassemblait les soldats et leur donnait l'ordre de monter. Arrivé en haut, Loth sauta sans attendre de l'autre côté du mur.
"Il y a bien un passage ! Dagobert, venez vite !"
Le capitaine escalada le mur à son tour, sans attendre davantage. Les ingénieurs et les soldats firent de même. Mais l'un des hommes de la troupe, celui qui avait déclenché les trappes du couloir, fut retenu par un pan de sa cote de maille qui s'accrocha à l'une des piques, et ne parvint pas à se dégager à temps. Un hurlement à glacer le sang retentit dans la pénombre, suivi du bruit des os brisés entre les murs de pierre.
Les survivants du groupe d'exploration s'engagèrent dans un nouveau couloir sombre, mais long de quelques mètres seulement, et terminé par une porte en bois ouvragé. Dagobert, cette fois, avança le premier, avec circonspection, avec l'un des ingénieurs sur ses talons.
"Cette porte semble être un simple battant, sans poignée ni serrure. Mais elle porte une autre de ces inscriptions en caractères runiques incompréhensibles. Elverid, vous pouvez me traduire ça ?"
La jeune matriarche s'approcha à son tour, et lut à haute voix :
"Saurez-vous déjouer l'esprit et ses lumières ?
- Une énigme, maintenant. Avez-vous une idée de ce qu'on va trouver derrière cette porte ?
- Pas la moindre.
- J'ai examiné les charnières, elles ne dissimulent aucun mécanisme. Je pense que nous pouvons entrer sans risques.
- Enfin un passage qui n'est pas truffé de pièges ! Allons-y, et ne perdons plus de temps !"
En disant ces mots, Loth passa la porte sans hésitation... puis la traversa de nouveau dans l'autre sens en reculant précipitamment, l'air effrayé.

#30 2016-12-01 21:57:26

Elverid

Re : Un passé glorieux

Elverid, intriguée, poussa lentement le battant et se glissa de l'autre côté.
"Cornélia ! Tu devrais venir voir ça."
La jeune chasseresse rejoignit la matriarche. Dagobert et les ingénieurs firent de même, poussés par la curiosité... et restèrent figés devant le spectacle qui s'offrait à eux : une forme vaporeuse, translucide, une forme humaine drapée dans un long manteau et encapuchonnée flottait au milieu du couloir. Son visage hideux semblait être celui d'un cadavre en décomposition, aux orbites vides.
"Qu'en penses-tu, Cornélia ?
- On dirait une simple image en suspension. Aucun mouvement à part une légère oscillation, comme celle d'un voilage léger dans un courant d'air. Je vais l'examiner de plus près."
Les deux femmes s'approchèrent lentement de l'étrange spectre, jusqu'à pouvoir le toucher. En effet, il s'agissait d'une image projetée sur un fin voile translucide tendu en travers du couloir. Elverid, de plus en plus intriguée, se glissa de l'autre côté du rideau et trouva un curieux mécanisme fixé à une sorte de tube qui s'élevait jusqu'au plafond et paraissait le traverser. Elle examina l'engin. De la lumière sortait par une sorte de lentille sur laquelle était gravée l'image du spectre.
"Vous pouvez approcher. Il s'agit d'un effet d'optique produit par une curieuse installation."
Les autres membres du groupe, rassurés, rejoignirent les deux femmes de l'autre côté du voilage. Le jeune Loth paraissait un peu honteux de s'être laissé abuser par une simple image. Elverid, quant à elle, semblait fascinée par sa découverte.
"Messire Loth, les inventeurs de votre ancien peuple étaient d'authentiques génies. Je n'ai jamais vu un dispositif optique aussi élaboré. Apparemment, la lumière du soleil est acheminée par un jeu de miroirs, de prismes et de lentilles à travers ce tube pour projeter des images sur ce voile tendu.
- Je crois qu'on a trouvé les plans de ce truc, et un vieux livre aussi !"
Elverid rejoignit les ingénieurs pour examiner leur découverte. Les documents étaient rangés dans une niche creusée à même le mur de pierre. Les plans semblaient bien être ceux du mécanisme, très détaillés et couverts d'annotations. Quant à l'ouvrage, il était assez endommagé, mais encore lisible. Elverid examina sa couverture, mais jugea préférable de ne pas le feuilleter sans précautions.
"Traité d'optique : des lentilles et des jeux de lumière... Messire Loth, nous permettez-vous d'emporter ces documents ? Ils renferment des données techniques qui pourraient se révéler très utiles.
- Certainement. Il faut emporter et conserver tout ce que nous pouvons. Il s'agit du patrimoine culturel de ma famille."
Elverid rangea avec précaution les documents dans sa sacoche, et l'ensemble du groupe poursuivit l'exploration du couloir jusqu'à une lourde porte de pierre sculptée de symboles, et munie d'un étrange mécanisme de verrouillage avec une empreinte carrée en son centre. LA porte. Celle qui s'ouvrait au moyen du cube que Loth avait récupéré à Alfard.

#31 2016-12-02 23:21:23

Elverid

Re : Un passé glorieux

Loth s'avança rapidement pour déverrouiller la porte, avec Dagobert sur ses talons pour l'éclairer de sa torche. Soudainement, le capitaine retint son jeune maître par le bras et le tira brusquement en arrière.
"Attention ! Regardez au sol..."
Loth baissa le regard et vit un trou béant juste entre la pointe de ses pieds et la porte. Elverid s'approcha à son tour et s'accroupit au bord pour tenter d'en apercevoir le fond, pendant que Dagobert tenait sa torche au-desssus d'elle.
"C'est profond d'environ dix toises... et il me semble distinguer des ossements au fond. Sans doute des pilleurs de reliques qui ont tenté de forcer ce portail il y a très longtemps..."
Loth restait silencieux, à observer l'empreinte cubique dans la porte et à tenter de comprendre comment il fallait positionner la clef à l'intérieur. Son impatience avait une fois de plus failli lui coûter cher, alors qu'il touchait au but, et il était bien décidé à ne pas commettre de nouvelle erreur. Précautionneusement, il enjamba le gouffre et, avec un pied en appui de chaque côté, il sortit la clef cubique de son sac en la tenant fermement. Il examina les motifs sculpltés sur le cube et les compara soigneusement avec ceux du portail. Enfin, il inséra la clef dans son logement et la poussa jusqu'au fond. Un bruit de rouages se fit entendre, le dispositif de verrouillage se mit à tourner et la porte s'ouvrit enfin.
Dagobert posa sa main sur l'épaule de Loth, lui signifiant par là qu'il voulait entrer le premier pour s'assurer que la voie serait libre. Le capitaine passa donc la porte, puis Loth à sa suite, puis enfin, un par un, les autres membres du groupe.
La vaste salle circulaire était décorée de statues et de colonnes. Le plafond formait un dôme, avec, en son centre, un gigantesque cristal qui diffusait une clarté suffisante pour se passer de torches, et juste en-dessous, une table de pierre, faite d'un seul bloc, et ornée de motifs sculptés qui rappelait ceux du cube. Loth s'en approcha. Au milieu du vaste plateau se trouvait l'objet de sa quête : le grand sceptre à tête d'ours, emblème de sa lignée. L'objet finement sculpté dans un bois précieux était long d'environ une toise... et semblait littéralement enchâssé dans la table, bloqué par des arceaux de pierre. Le jeune homme en saisit un et le fit osciller légèrement, pour vérifier s'il était amovible ou relié à un mécanisme. A ce moment, Dagobert entendit une sorte de déclic sur sa gauche et, par réflexe, il s'interposa entre Loth et l'endroit dont semblait venir le bruit. Immédiatement, il ressentit une piqûre à la base du cou. Il venait de recevoir une salve de fléchettes, dont la plupart avaient été arrêtées par son épaisse cuirasse. Toutes sauf une... Il l'arracha d'un coup sec.
Elverid se précipita vers lui pour examiner sa blessure.
"La plaie est superficielle. La pointe est fine et assez courte, et elle n'a fait que très peu de dégâts. Vous avez eu de la chance, ce n'est pas passé loin de la carotide...
- Ce truc n'a pas piqué fort, mais ça brûle horriblement..."
La matriarche fronça les sourcils. Elle ramassa une des autres fléchettes tombées à terre et commença à la manipuler avec précaution. l'objet était muni d'un piston, et une goutte de liquide sortait de la pointe lorsqu'on le pressait. Elverid sortit un chiffon de sa sacoche, y versa un peu du contenu d'une petite fiole et en frotta la pointe de la fléchette. Le tissu changea de couleur.
"De l'acide. Je vais vous appliquer un onguent qui le neutralisera."
Pendant qu'Elverid soignait Dagobert sous le regard inquiet de Loth, Cornélia avait continué d'inspecter la salle. Un pupitre, fait lui aussi d'un bloc de pierre, était accolé à la table du côté opposé à la porte. La jeune chasseresse décida immédiatement de l'examiner de plus près.
"Ici aussi, il y a des inscriptions en langue ancienne. Un long texte, avec des morceaux manquants. Et vu leur forme, ça doit être fait exprès : ces fentes ont toutes les mêmes dimensions."
Elle remarqua une petite niche creusée dans la base du pupitre, presque au niveau du sol, et se baissa pour regarder à l'intérieur. Elle en retira plusieurs plaques de pierre, qui présentaient sur leurs faces des formes en creux toutes différentes.
"Voilà les bouts qui manquent. Ces plaques ont toutes des inscriptions sur une face de la tranche."
Loth, Elverid et Dagobert rejoignirent la jeune femme.
"C'est bien un texte à compléter...
- Et il retrace l'histoire de ma famille ! Il fait référence à des informations du livre que nous avons récupéré à Nefret. Laissez-moi faire, je connais toutes les réponses !
- Vous savez lire ça ?
- Moi aussi, j'ai eu Helyanor comme préceptrice !"
Loth se mit à lire le texte et inséra une à une les plaques dans les fentes, sans la moindre hésitation. Au bout de quelques minutes, elles étaient toutes en place. Le jeune homme les poussa toutes en même temps jusqu'au fond de leur logement. Un bruit de rouages se fit entendre, et les arceaux qui retenaient le sceptre s'écartèrent un à un. Enfin, au fond de la salle, un panneau se mit à pivoter, s'ouvrant sur un escalier qui montait vers l'extérieur...
Loth se saisit du sceptre et se tourna vers ses compagnons.
"Nous avons réussi ! Je vous remercie tous pour votre aide, et j'ai aussi une pensée pour ceux de vos compagnons qui sont morts dans cette aventure. A présent..."
Le jeune homme s'interrompit en voyant Dagobert s'effondrer au sol. Elverid l'examina à nouveau.
"Qu'est-ce qu'il a ?
- Je ne peux plus... bouger...
- Il respire difficilement. Cette maudite fléchette devait contenir un mélange d'acide et de poison. J'aurais dû vérifier...
- Vous avez un antidote ?
- Il faudrait pouvoir pratiquer une analyse complète du poison, et je n'ai pas l'équipement nécessaire ici. C'est tout un laboratoire que je devrais transporter avec moi..."
La matriarche sortit une fiole de son sac.
"Ceci devrait lui permettre de tenir plusieurs heures... en espérant que ça suffise."
Le capitaine se mit à suffoquer lorsqu'Elverid versa la potion.
"La paralysie est déjà trop avancée, il n'arrive plus à déglutir !"
Elverid pressa de tout son poids, à plusieurs reprises, sur la poitrine de Dagobert pour dégager sa trachée... mais il était trop tard. Voyant que ses efforts étaient vains, elle baissa la tête quelques secondes, puis leva les yeux vers Loth.
"Il est mort."

#32 2016-12-11 20:31:01

Merwynn

Re : Un passé glorieux

Le froid et l'humidité glaçaient si profondément dans la  cellule obscure que Merwynn ne savait plus si ses doigts étaient encore attachés au reste de son corps, pas plus qu'elle n'avait la moindre idée du temps qu'elle avait passé enchaînée aux murs de cette prison miteuse.
La seule source de chaleur provenait de la substance poisseuse qui coulait le long de ses jambes dénudées.
Baissant ses yeux habitués à la sombre pièce, Merwynn suivit le sillon rougeâtre qui progressait sur sa peau vers le sol, tout en se demandant de quelle plaie venait-il cette fois-ci.
Si le froid l'engourdissait, elle sentait encore plus la douleur qui pulsait des multiples plaies creusées dans son corps. Elle savait pertinemment qu'un seul petit mot pourrait la délivrer de ses souffrances actuelles, mais elle n'allait pas donner ce plaisir à son geôlier.
Après tout, Loth et les autres devaient être sur la fin de leur quête, elle n'aurait bientôt plus rien à révéler aux Karans. En attendant, elle aurait préféré mourir que de revoir ses geôliers passer l'arcade  de roche menant à sa cellule, et revenir l'interroger.
Elle finit par sombrer de nouveau dans l'inconscience.
Pour se réveiller par les bruits de pas, et le grincement d'une porte.
L'espace menant à la pièce réservée aux geôliers était illuminé, et des sons de voix en provenaient.
Merwynn rampa jusqu'aux grilles de sa cellule, non sans subir la douleur de chacune des blessures que l'on lui avait infligées, tentant de saisir les brides de la conversation.
« - Bah, plus besoin, on les tient. Le Comte va faire partir la cavalerie sous peu, d'ici une semaine… Quoi, elle ? Ah, bah, les ordres sont de la foutre dehors, elle n'ira pas bien loin vu qu'elle a prit … »
Le reste lui fut intelligible, brouillé par des éclats de rires. Puis elle entendit des pas se rapprocher, vit une silhouette, clefs tintant dans la main, se diriger vers elle. Elle se recroquevilla à l'ouverture de la grille, mais cela n’empêcha pas l'homme de l'attraper par la tunique en loque qui lui restait, et de la traîner dans des couloirs, pour enfin, la propulser sur un sol de boue.
« - Allez, retourne chez toi, petite noble de pacotille, tes amis sont déjà morts ! »

Merwynn se releva tant bien que mal, blessée, gelée, humiliée, mais animée par le désir de prévenir ses amis avant l'arrivée des hommes du Comte. Elle savait qu'un de ses hommes était resté en attente dans l'une des auberges de la ville, mais elle mis tout de même plus d'une heure à l'atteindre, son apparence dépenaillée et sale ne lui attirant guère les grâces des passants et des habitants.
Là, elle pu passer des vêtements chauds, et rapidement panser ses blessures. Elle n'avait qu'une seule chose en tête, atteindre Cähabars  avant les armées de Nefret, et prévenir ses compagnons.
Accompagnée de son homme d'arme, elle prit tant bien que mal la route de Cähabars, évitant les villages, ne s’arrêtant que lorsque les montures étaient fatiguées, ou que ses blessures ne la faisait trop souffrir.
Elle était bien loin de se douter que derrière elle, se trouvaient les hommes de Nefret, suivant sa trace vers leur proie.

A Cähabars, elle questionna les habitants, les marchands, sur la visite du groupe de Loth, et fini par en tirer un lieu. Mais ce qu'elle entendit, les hommes du Comte l'entendirent aussi. Ce qu'elle savait, ils savaient. Et ils disposaient d'un avantage sur Merwynn, ils n'étaient handicapés par des plaies de plus en plus douloureuses. Aussi, dès qu'ils eurent connaissance du temple d'Orodûr, ils en avertirent les leurs, et les forces armées de Nefret convergèrent vers les ruines .

Quand Merwynn arriva de son côté en vue des ruines, cheminant à pied pour minimiser l'ouverture de ses plaies, son soulagement se mua en effroi en constatant qu'elle n'était pas seule, et encore moins sauve.

#33 2016-12-14 11:06:23

Elverid

Re : Un passé glorieux

Le groupe d'exploration du temple avait enfin regagné l'air libre. Loth tenait le sceptre de la famille Hallgeirr dont il était le digne héritier, mais sa joie et sa fierté d'avoir accompli sa mission étaient obscurcies par la perte de Dagobert Duchesne. Le jeune homme avait insisté pour que le capitaine soit rapatrié à Hrothgar afin d'y être enterré avec les honneurs.

Cornélia, habituée à s'orienter en pleine nature, guida rapidement le groupe jusqu'à l'entrée du temple. En les voyant arriver, l'une des chasseresses restées en faction s'avança rapidement vers eux.
"Vous voilà enfin ! Pendant que vous étiez la-dedans, on a observé pas mal de mouvements suspects aux alentours. Plusieurs groupes de soldats. L'une des guetteuses a cru reconnaître la bannière de la maison de Karan. J'ai envoyé des messagères à Cähabars pour demander des renforts au Seigneur Luscan, au cas où. Et puis... nous avons trouvé une femme blessée qui errait au milieu des bois. Elle se faufilait à travers la broussaille comme si elle se cachait ou fuyait quelque chose. Quand je lui ai dit que nous étions du Clan du Hibou, ça a eu l'air de la rassurer et elle nous a suivies sans faire d'histoires.
- Où se trouve-t-elle ?
- On l'a installée à l'abri à l'entrée du temple, et depuis, elle dort pratiquement tout le temps. Il faut dire qu'elle est salement amochée."
Elverid se dirigea vers le temple pour aller examiner la blessée. Elle la trouva allongée au sol sur un lit de fougères que les chasseresses lui avaient installé... Et la reconnut immédiatement.
"Dame Merwynn !"
La jeune femme ouvrit un oeil. Elverid, tout en lui parlant, commença immédiatement à l'examiner et à lui retirer ses bandages sales.
"C'est un soulagement de vous revoir. Loth et Dagobert m'ont raconté avec quel courage vous avez couvert leur fuite à Nefret... Vos plaies sont infectées. Je vais appliquer un onguent avant de refaire vos pansements. Cela risque de piquer un peu."
Merwynn eut un petit sourire pendant qu'Elverid nettoyait ses blessures. Cette légère sensation de brûlure était presque agréable, comparée à tout ce qu'elle avait enduré dans les geôles de Karan.
"Vous avez aussi un peu de fièvre. Je vais vous préparer une potion."
La matriarche s'éloigna quelques minutes puis revint avec un gobelet, qu'elle tendit à Dame Merwynn. Cette dernière, après quelques heures de repos, commençait à reprendre des forces. Elle se redressa en position assise et but une gorgée de potion.
"Si j'ai fait tout ce chemin, c'est pour vous prévenir... De Karan a lancé son armée sur vos traces... Et je crois bien que je les ai conduits jusqu'ici sans le vouloir...
- Je sais, Dame Merwynn. Mes chasseresses les avaient déjà repérés quand elles vous ont trouvée. Plusieurs d'entre elles sont retournées à Cähabars pour informer le Seigneur Luscan. Il dispose de tous les moyens nécessaires pour surveiller la région et il nous enverra des renforts si nous en avons besoin."

Au-dehors, Loth, inquiet, scrutait les alentours. Les derniers rapports des chasseresses indiquaient que les troupes du seigneur de Karan avaient entamé des manoeuvres pour encercler le vieux temple. Il ne faisait aucun doute qu'elles étaient sur le point d'attaquer...

#34 2016-12-22 21:46:46

Luscan

Re : Un passé glorieux

La chasseresse ne mit pas bien longtemps à retrouver le chemin de la ville. Chevauchant sa rapide et élégante monture, elle se souvenait suffisamment bien du chemin sans avoir à le demander. Le chemin lui parut éternel tant le danger était important. La femme remarqua toutefois que les tours de guet présentes sur le bord de la route brillaient par intermittence, sans séquence régulière. Mais sa curiosité passait après la mission. Elle força donc l'allure.
Une fois en vue de la ville, elle entendit un fort brouhaha, semblable à celui provoqué par la levée d'une armée. Les portes grandes ouvertes lui permirent de voir que, effectivement, de nombreux chevaliers se préparaient. Toutefois, leurs équipements lui parurent si étranges qu'elle se demandât s'ils étaient effectivement des combattants. Elle fut arrêtée avant de pénétrer dans la cité par un vigile qui lui demanda son identité.
''Je suis une chasseresse du clan du Hibou, je dois voir le seigneur Luscan, et ce dès maintenant !''
Le garde hocha la tête et lui indiqua une estrade placée sur l'un des côtés de la cour, sur laquelle un petit groupe de trois hommes regardaient une carte. Sans hésitations, elle s'y rendit en courant. Une fois à portée de voix, elle prit la parole :
''Seigneur Luscan ! Une armée encercle le temple dans lequel le seigneur Loth et Dame Elverid se sont rendus. Il s'agit des...
- Des armées de de Karan, je sais, nous les avons repérés dès qu'elles ont franchi nos frontières.
L'homme se redressa et la chasseresse put y voir dans ses yeux une flamme noire. De plus, le seigneur de la place forte avait troqué ses habits confortables contre une armure légère des plus complexes, de laquelle dépassaient deux épées dans le dos, six arbalètes de poing rangées sur le torse et un intimidant nombre de couteaux de lancer placées un peu partout sur les endroits libres. De plus, un cor était attaché sur sa hache.
- Quel enfoiré ! C'est une violation de nos frontières... Je ne permettrai pas qu'il s'en sorte sans encombre ! Je suis en train de lever ma cavalerie de choc, nous étions sur le point de partir. On va voir qui fait le malin après... Vous en êtes ?
- Avec plaisir !
- Bien. Alors, c'est parti.
Sur ces mots, il enfourcha sa monture, se positionna à l'avant de la colonne d'hommes et sonna le cor. Tous ensemble, les hommes de Cähabars partirent au trot, accompagnés de la chasseresse.
Le chemin que le membre du clan du hibou avait emprunté fut suivi en sens inverse. Pendant le trajet, on lui donna un carquois plein, ainsi qu'une consigne simple : faites ce que vous voulez, mais ne vous mettez pas au milieu. Elle prit tout d’abord ça pour de la prétention.
Toujours pendant que l'armée rejoignait le champ de bataille, elle eut tout le loisir d'observer les équipements des chevaliers du groupe.
Tout d’abord, leurs montures, grosses et musclées, lui parurent particulièrement laides, bien qu'elle ait du mal à en distinguer les détails, cachés sous des plaques d'armures. En effet, chacune des montures était entièrement caparaçonnée, ne laissant que peu de place pour placer une flèche ou un coup d'épée mortel. De même, leurs cavaliers portaient des armures qu'elle ne voudrait même pas en tant que décoration : ils étaient équipés d 'une armure de plaques des plus complète, sans doutes très inconfortable. Ensuite, elle aperçut un petit nombre de chevaux sans armures, mais montées par deux cavaliers, l'un avec un arc, l'autre avec un large bouclier aussi grand que son porteur.
La femme n'eut toutefois pas plus de temps pour examiner l'équipe de sauvetage. En effet, l'armée s'était arrêtée non loin du temple. Différents lieutenants sortirent des rangs pour venir prendre leurs ordres auprès du baron. Ils furent rejoints par la chasseresse ainsi que par un fermier venus de la direction dans laquelle se trouvait le temple.
Bien le b'jour, seigneur. On nous a prévenus de c'qui s'tramait. Du coup, ya plus un chat dans l'coin. Par contre, eux, ils ont pas bougé d'un poil.
La combattante du clan du hibou écarquilla les yeux. Le patois de l'homme ne lui avait permis de ne comprendre que la moitié de la phrase. Devant son air ébahi, un des lieutenants lui expliqua.
En gros, ils ont évacué les civils et surveillé les troupes de de Karan avant qu'on arrive.
- Ah... Ce genre de choses arrive si souvent ?
- Non, mais les gens sont formés, au cas où...
- Je vois...
- Bon, on vas pas les faire attendre plus longtemps. À tous, en formation. La cavalerie avec moi, les boucliers pour protéger le groupe d'exploration, vous suivez la dame. Ça ne vous dérange pas, madame ?
La dame en question semblait s'être prise un mur sur la tête.
- Vous … Vous me confiez le commandement d'une partie de votre armée sans me connaître ?
- Il me manque des sergents et votre clan est réputé excellent.
- Heu... alors oui … enfin, je sais pas …
- Donc c'est bon. Tenez.
Le baron lui tendit un insigne qu'elle s'empressa d'accrocher à ses vêtements.
- Le principe, c'est que vous emmeniez les troupes à bouclier secourir le groupe d'exploration. Ils savent quoi faire.
- Ce sera fait.
Luscan hocha la tête et remonta sur sa monture, imité pas les autres participants de la réunion, à l’exception du fermier qui s’écarta. Une fois tout le monde en place, le baron leva l'une de ses épées et cria un ''Pour le Cygne'' somme toute classique, mais efficace. L'armée entière se mit alors au galop.
Suivant ses consignes, la chasseresse se dirigea vers les ruines dans lesquelles s'étaient retranchés Loth et le reste du groupe. Une fois passé le bord de la vallée abritant les ruines, elle se rendit compte de la situation. L'armée de De Karan encerclait le reste du temple, et le fait que ce dernier soit adossé à la montagne facilitait la tache aux assaillants. Toutefois, il s'agissait majoritairement de fantassins, désavantagés face à la cavalerie de choc du Baron. La femme eut le temps de voir la première charge avant de devoir se concentrer sur les troupes placées entre elle et son objectif. Elle comprit alors pourquoi il ne fallait pas être devant ce genre de charge. Lourd de leur armure, les chevaux ne purent pas s’arrêter sur la première ligne, qu'ils enfoncèrent et piétinèrent. De ce fait, les stratégies des autres généraux semblaient bien inutiles, tant le chaos s'empara rapidement des lignes ennemies. Revenant à ses affaires, la chasseresse dirigea son groupe au travers des lignes ennemies grâce aux trous provoqués par les charges des hommes de Cähabars. Ils arrivèrent rapidement dans les ruines, où le groupe d'exploration semblait avoir essuyé quelques volés de flèches. Alors qu'elle sautait de sa monture, la combattante vit que les porteurs de boucliers l'avaient imitée, et qu'ils se rapprochaient du groupe afin de les protéger. Ils placèrent leurs larges écus les uns contre les autres, ne laissant aucun espace libre, et heureusement. Moins de dix secondes plus tard, les archers qui n'étaient pas occupés par la cavalerie décochèrent une volée de flèches qui rebondit sur le fer des boucliers sans faire de victimes. Les autres hommes, ceux avec les arcs, répondirent en tirant à leur tour.

#35 2017-01-21 10:41:46

Luscan

Re : Un passé glorieux

Assis en haut de la vallée que la cavalerie de Cähabars venait  de franchir, le fermier qui s'était entretenu avec le Baron avait sorti une pipe et regardait avec un sourire le combat. Cela aurait de quoi étonner, mais avec la pagaille que l'intrusion de l'armée avait causée, le travail ne reprendrait pas avant demain. De plus, la vue du sang ne l'émouvait pas, pas après avoir tué des vaches qu'il avait vu naître. Donc, il restait et regardait. En plus, ça lui donnerait quelque chose à raconter à ses petits-enfants. Ancien soldat, il admirait l’efficacité des troupes montées de la forteresse de pierre.
    La partie emmenée par la chasseresse, après avoir pris place dans les ruines pour protéger un groupe, apparemment important, tirait en continu des volées de flèches avec une bonne précision. Toutefois, les femmes présentes ( et qui ne faisaient pas partie de l'armée qui lui était passée devant ) étaient les meilleurs. Il les admira quelques instants, prenant note de ne pas leur chercher querelle. Chacune de leur flèche signait la fin d'un fantassin ennemi.
    Son regard passa ensuite sur le ballet de la cavalerie. Après la charge initiale, les hommes les mieux protégés, les troupes de choc, avaient repris de la distance pour recommencer. A chaque fois, ils écrasaient tout sur leur passage et laissaient une purée rouge à la place. Toutefois, les assaillants s'étaient retranchés en blocs défensifs, lances vers l'extérieur. Impossible pour la cavalerie de charger la dedans, pas sans échouer lamentablement. Toutefois, le commandement allié semblait l'avoir prévu.
    Une partie des hommes avait démonté, et prenait d'assaut ces fortifications humaines. Le Baron en faisait parti. Agile et rapide, il n'avait sorti qu'une épée afin que son bras libre puisse lancer des couteaux. Sa méthode consistait à tuer un porteur de lance avec un couteau, s’engouffrer dans la brèche et tuer autant d’ennemis que possible avant de ressortir. Et de recommencer.
    Alors que la bataille suivait son cours, un autre homme, plus jeune que lui, s’assit à ses cotés. Il le reconnut comme étant l'un des ''hommes de la tour'', le moyen de communication de Cähabars avec les autres villages. Ils restèrent ainsi quelques minutes avant que le nouvel arrivant tende au fermier une pièce d'or un peu particulière.
- Tenez. C'est pour le travail rendu.
Le travailleur des champs haussa les sourcils. Cette pièce lui permettrait de ne payer qu'une partie de ses impôts lors du prochain passage des percepteurs.
- Tant qu'ça ? Y sont d'jà pas élevé...
- Le patron veut être sur que vous recommenceriez sans hésiter.
Un rire s’échappa de la gorge de l'ancien.
- J'ai rien foutu a part poser mon cul sur un cailloux !
- Quand même.
- 'Fin, j'vai pas dire non ! Merci bien.
    Pendant ce temps, les armées de De Karan commençaient à se retirer, parfois en une retraite organisée, parfois en fuite complète. Les armées de Luscan ne les suivirent pas. Ils s'éloignèrent du champ de bataille mais restèrent à proximité. Plusieurs messagers partirent dont un qui vint dans la direction de notre homme. Une fois qu'il fut à portée de voix, le fermier fut surpris de découvrir qu'il s’agissait du Baron en personne.
- Vous avez regardé le combat en entier ?
- Ouaip ! Vous voulez queque'chose ?
- Oui...Des hommes vont arriver pour s'occuper des cadavres et des objets à récupérer. Comme convenu, vous pourrez en garder une partie.Le baron fronça les sourcils. Si je me souviens bien, on avait dit la moitié des armes non militaires, les arbalètes et les arcs, avec toutes leurs munitions.
- Oui, comme ça, si on a un 'blème, on n'est pas obligé de vous appeler à chaque coup.
- Oui... Vous vous en chargez ? On vous prêtera un char pour tout prendre.
- Avec plaisir, m'sieur !
Sur ces mots, le dirigeant reparti en direction de ses hommes. La bataille était finie.

#36 2017-02-11 15:37:00

Loth Hallgeirr

Re : Un passé glorieux

Ainsi se termina la quête qu'Andior avait confié à son fils aîné, afin de retrouver les origines de sa famille. Le corps du capitaine Dagobert fut ramené à Hrothgar, et une cérémonie funéraire à la hauteur de sa bravoure fur organisée.
Une réelle amitié entre Loth et Elverid s'était nouée au cours de cette aventure, rapprochant ceux qui représentaient l'avenir de la confrérie du Cygne.
Merwynn Amon, touchée physiquement et moralement par les supplices de Karan, fut grassement récompensée par la famille Hallgeirr, mais ne fut plus jamais la même. Elle quitta les terres d'Okord pour une destination inconnue quelques années plus tard, au grand désespoir de Loth.
Mazër de Karan ne tenta jamais plus de s'approprier le bâton à tête d'ours des Hallgeirr, et ne mena pas de nouvelle attaque après sa défaite aux abords de Cähabars.
Luscan fut reconnu comme éminent stratège suite à sa victoire écrasante, et une partie du fonctionnement de son peuple fut copiée par les Orcaniens.
Andior, revigoré par le retour de son fils aîné, devint Tokva d'Okord et se reconcentra sur ses ambitions. Malheureusement pour lui, quelques années plus tard, alors qu'un nombre croissant de seigneurs, du Cygne ou pas, le soutenaient et souhaitaient qu'il prenne le trône, il fut tué par le carreau d'un Strolatz dans des circonstances dramatiques.

[HRP : Bon, j'avoue que je ne savais pas trop comment conclure cette histoire étant donné qu'elle se passe quand même 7/8 ans avant là où on en est sur Okord actuellement. Je tiens à remercier tout particulièrement tous ceux qui ont participé à ce récit, ainsi que ceux qui ont donné des pistes pour son scénario comme Katan, même si elle n'a finalement pas pu y participer. Malgré sa lenteur, ce fut un plaisir de rédiger ce texte avec vous, qui est loin d'être ridicule, en quantité comme en qualité. A bientôt pour de nouvelles aventures !]

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