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Avocats de la défense, nous vous attendons.
Pylade de Basétage se leva un peu embarrassé. On ne pouvait pas dire que Foulques d'Ambrivière lui facilitait la tâche. Mais, après tout, il s'agissait de sa tête à lui et pas de la sienne.
Il fit une révérence appuyée au roi et afficha sur ses lèvres un sourire qu'il voulait confiant.
Majesté, la défense n'a pas de question à poser à l'accusé.
Nous laissons le procureur nous faire part de ses remarques désobligeantes, nous préférons garder nos réflexions pour la plaidoirie.
Puisque la parole est ENFIN, à la défense, j'appelle le Comte Ixarys à venir témoigner en faveur de l'accusé.
Après un bref mouvement de tête vers le roi et un sourire apuyé en direction de Guyard Phauques, Pylade se rassit.
Ils s'installèrent dans le banc des témoins, et attendirent leur tour.
Lorsque leurs noms furent appelés, ils se levèrent simultanément, et et Oméril prit la parole.
- Sire Pylade, je suis flatté d'être considéré comme Comte, mais il s'avère que je suis Vicomte. Cette erreur mineure étant réglée, mon frère va prendre la parole, puisqu'il fit présent lors de l'évènement en Gundor.
- Seigneurs et Dames, je suis Dolmas Ixarys, frère du Vicomte Oméril Ixarys ici présent. Je prends la parole en tant que témoin afin de disculper Sire Foulques. On m'a donc demandé de raconter mon témoignage lors de cette triste nuit à Gundor. Pour commencer, Sire Foulques, dès le début de cette affaire, n'a pas cessé d'être excité par cette occasion de faire rayonner Okord, ce qui l'a peut-être rendu trop naïf, ce que l'on peut aisément comprendre par la nature humaine. Nous avons donc commencé par prévenir l'Intendant de notre présence à ce bal. Avant le départ, nous avons eu la désagréable surprise de devoir faire la chevauchée aux côtés des Strolatz d'Österlich. Là, Sire Foulques a décidé de rester aimable, ce qui a sans doute permis d'éviter bien des heurts durant le voyage. Par la suite, nous sommes arrivés dans la ville de Gundor, où nous nous sommes certes fait accueillir assez rudement, mais là encore, l'Intendant à choisi la voie diplomatique, souhaitant montrer une bonne image du Royaume, étant le représentant de celui-ci devant les gundoriens, puisque le Roi Godefroy gardait le silence à ce moment là. Le véritable problème est donc au moment de l'entrée du bal, où nous nous sommes fait prendre au piège de manière ignoble par les gundoriens. Sire Foulques était bien trop fier de représenter Okord, et ne l'a pas vu. Est-ce vraiment de sa faute, cette humiliation diplomatique ? Ou celles des gundoriens ? Qui a cherché à ridiculisez Okord ? Sans doute pas Sire Foulques... Réfléchissez là-dessus.
Le procureur se lève, fait le tour du lutrin sur lequel repose l'épais dossier de l'acte d'accusation et vient se placer devant le frère du Vicomte Ixarys. Il le scrute un moment puis se tourne vers le roi. Tout en s'adressant au premier, il part dans un grand mouvement de manches qui le fait ressembler à un corbeau en train de prendre son envol..
L'accusé n'a pas cherché à ridiculiser Okord, dites-vous, Messire?
Mais il ne s'agit là que de votre opinion!
Laissez donc au roi, le soin d’apprécier, seul, les intentions de Foulques d'Ambrivière. Il me semble que sa majesté est assez sage et sensée pour le faire.
Ou alors apportez-nous des preuves de ce que vous avancez!
Auriez-vous été témoin de conversations? Avez-vous un document à présenter, qui prouverait une quelconque intention des Gundoriens, de piéger notre délégation afin de nous faire comprendre tout le mépris qu'ils ont à notre égard? Que savez-vous des intentions de l'accusé? Se serait-il confié à vous?
Allons! Un peu de sérieux!
Avant de nous demander de réfléchir, peut-être devriez-vous vous appliquer ce conseil à vous-même, jeune homme.
Je n'ai pas d'autre question et si le témoin n'a rien d'autre à ajouter, que la défense convoque le suivant. Ce procès n'a que trop duré.
En retournant vers son lutrin, le procureur s'adresse au banc de la défense.
Je note, Messire Pylade de Basétage que votre consoeur vous a laissé en plan. Je vous serai gré d'activer les choses et de nous présenter des témoins ayant des révélations à faire avant que notre bon roi ne meure, lui aussi, d'ennui.
Dernière modification par Guyard Phauques, Intendant Suprême (2015-11-22 13:10:59)
Pylade de Basétage vit Dolmas Ixarys regagner sa place avec une sorte de soulagement. S'il n'avait pas donné de preuve de l'innocence de Foulques D'ambrivière, du moins apportait-il sa caution morale, mais il était préférable que son témoignage s'arrêta là. Il poussa un profond soupir et répondit quand même au procureur.
Laissez donc au roi le soin d'apprécier s'il se meure ou non d'ennui, Messire Phauques. Nous n'avons pas plus besoin de votre état d'âme que de celui des témoins.
J'appelle le Comte Bierni à venir témoigner.
Sursautant au fond de la salle, le Comte Bierni s'était visiblement assoupi , il s'avance à la barre en baillant avec un texte à la main dont il commence la lecture.
Je suis le Marquis... euh... Comte Bierni ! Lorsque j'ai préparé mon intervention, j'étais encore Marquis... enfin... passons.
Je viens devant vous témoigner de mon expérience afin de faciliter l'exercice de la justice à l'encontre du prévenu Foulques d'Ambriève.
Lorsque l'ex Roi Godefroy a décidé de bâtir une capitale, l'idée d'un projet grandiose s'est rapidement imposé et il a été demandé au prévenu d'engager un des plus illustres spécialistes pour le concevoir.
Au dire de mes conseillers, celui qui a été choisi, mais dont j'ai oublié le nom parce que je m'intéresse assez peu aux modes architecturales... donc celui qui avait été choisi était effectivement un des plus éminents architectes connus.
Très rapidement, le budget de 200 millions a été défini, mais je ne me souviens pas d'avoir vu personne relever une quelconque disproportion entre ce budget et l'ampleur du projet... je veux en venir au fait qu'à ma connaissance, personne n'a jamais considéré que le prix ne correspondait pas au projet envisagé et qu'en fin de compte, rien ne semble indiquer qu'il y a eu extorsion de fond, escroquerie ou autre délit de cette nature.
En tout les cas, les personnes qui me conseillent n'avaient pas trouvé exagéré le budget prévu en regard de l'extravagance du projet envisagé.
J'ai cependant été un des premiers à me rebeller contre ce projet et voici pourquoi :
Ce projet qui n'a jamais été le miens et auquel je n'ai jamais souscrit s'est rapidement imposé à moi sous la forme d'un impôt dont l'énormité n'était compensée par aucune perspective favorable concrète, en effet, le projet de capitale s'était imposé comme une dépense somptuaire, tout au plus comme un outil de propagande, mais jamais il n'avait été question des avantages pratiques qui auraient du, nécessairement selon moi, être assortis à une telle dépense.
J’entends par avantage pratique des avantages commerciaux, une fonction défensive... quelque chose qui puisse permettre, à terme, d'amortir l'énormité de la dépense !
Je voudrais également revenir sur la rapport des forces entre rebelles et loyaux pendant cette crise.
Je me souviens que c'est prêt des deux tiers des seigneurs du royaumes qui étaient restés loyaux à l'ex Roi Godefroy, il y avait notamment le Prince Wanderer, les Duc Edwin et Gron, la duchesse Ayla et Podeszwa sait combien d'autres encore ! C'est à dire que deux tiers des seigneurs du royaumes soutenaient aussi ce projet de capitale.
Cependant, rien à ma connaissance ne suggère que tous ces seigneurs n'aient été envoûtes, or, si le Roi Godefroy seul l'avait été, il n'aurait pas eu le soutient de tant de seigneur.
Levant les yeux de son texte et reprenant avec plus de spontanéité :
Il y a bien longtemps, alors que je dominais toutes les terres du sud ouest d'Okord, j'ai eu des relation diplomatiques avec le seigneur Godefroy qui était alors duc.
J'ai le souvenir d'une personne fiable et même si nous avons été opposé dans ce conflit capital de capitale...
le Comte esquisse un sourire, l'air content de son jeu de mot
J'admire le seigneur Godefroy, pour sa fiabilité renouvelée aujourd'hui devant nous, je l'admire pour ne pas avoir tenté de faire peser sur ce pauvre Foulques, le poids de décisions qui étaient les siennes.
Enfin... qu'est ce que je raconte, des décisions qui étaient celles de la majorité du peuple d'Okord ! Comme quoi la majorité n'a pas toujours raison...
A moins que la cour ne souhaite me poser des questions, je n'ai rien à ajouter.
Le procureur, le coude en appui sur son lutrin et la tête reposant sur sa paume, fit le geste d'épousseter avec sa main restée libre.
Pylade de Basétage, tiqua à la désinvolture affichée de Guyard Phauques, mais ne releva pas. Il était inutile de commencer une polémique qui ne profiterait certainement pas à l'accusé.
Puisque le procureur n'a visiblement pas de question, dit-il, je remercie le comte Bierni pour l'éclairage qu'il vient de nous apporter et demande au duc Gron de venir nous faire part de ce qu'il sait.
Le Duc de la Tour Rose, à l'appel de son nom, arriva à la barre
Majesté, avocats et membres de la cour,
J'ai souhaité apporter mon témoignage lorsque les différents chefs d'inculpation ont été porté à ma connaissance. Je ne préfère pas divaguer sur tous les chefs d'accusation tellement ceux-ci peuvent paraître nombreux et confus...
A la question de la trahison de l'intendant envers le Roi Godefroy et la couronne, je trouve, qu'a mon sens, l'intendant Foulques a, au contraire, servi avec la plus grande fidélité son roi et, par ce fait, son royaume. Il ne fût qu'un outil, un instrument dans la mise en œuvre de la capitale. Faut il mettre à mort tous les soldats du Seigneur Godefroy? Après tout, ils ont suivi leur suzerain eux aussi! Ne nous arrêtons pas la, mettons à mort tous les paysans du Coq qui ont approvisionné son armée.
A l'accusation de l'envoutement du Roi Godefroy, je ne peux que mettre en cause la crédibilité du chef d'accusation... Peut-on mystifier à ce point la réalité? Y'a t-il la moindre preuve que l'intendant soit versé dans les arts occultes? Si j'avais su qu'il y avait des mages dans le royaume, j'en aurais recruté dans mon armée...
A l'accusation de tentative d'assassinat sur la personne du Roi Godefroy et sur plusieurs membres de la cour lors d'un simili bal en Gundor, je me permet de mettre en doute l'investigation et les conclusions.. Pour rappel, celle-ci a été menée par le Seigneur Spleen.
Le Seigneur Spleen qui avait rallié toutes les factions contre celle du Lys, c'est bien cela?
Le Seigneur Spleen qui, lors de la rébellion, fût dans le camp du Coq puis dans celui de la rébellion?
Bizarrement, il apparaît dans toutes les affaires qui ont divisées le royaume... Son témoignage est-il fiable? Est on sur qu'il n'y a pas de monnaies valériennes dans ses coffres?
Alors que son nom surgit dans les paroles du duc, le mercenaire détourna la tête de la poitrine de sa voisine, étonné :
Fichtrecouille ! De quoi il cause, l'autre ? M'est avis qu'il mélange tout... grommela-t-il en haussant les épaules
Spleen le Bâtard, descendant illégitime du Mercenaire et d'une gueuse.
Hors ligne
Le roi semblait satisfait du nouveau rythme du procès. Il avait conscience que ce procès allait être long car l'affaire était complexe. Mais les différents témoignages de l'accusation et de la défense lui fournissaient des éléments qui devraient être clés pour sa décision. Il avait hâte d'entendre les éventuelles prochains témoins ou les questions du procureur sur le témoin actuel.
Messire Gron!
Je suppose que, comme tout grand seigneur d'Okord vous avez un intendant pour vous occuper de vos nombreux domaines!
Que diriez-vous de lui s'il était à l'origine d'une Jacquerie de vos paysans et que des gueux hors de contrôle aient mis à sac quelques-uns de vos châteaux et les aient incendiés?
Diriez-vous qu'il est un bon serviteur, protecteur des intérêts de son maître?
Ou qu'il s'agit d'un incapable, d'un inconscient? De quelqu'un très en dessous de sa tâche et de la confiance de son employeur?
Dernière modification par Guyard Phauques, Intendant Suprême (2015-11-25 17:02:40)
De mon point de vue, on a demandé à l'intendant de lever un impôt et c'est ce qu'il a fait.
La trahison envers son roi aurait été de se rebeller comme vous l'avez fais. On ne peut lui reprocher la nature des ordres qu'il a suivi, bons ou mauvais selon les différents avis qui s'expriment en ce lieu.
L'homme que vous représentez comme un empoisonneur, un sorcier, un comploteur ou un traître n'est qu'un intendant à qui on a confié une tâche.
L'histoire a fait que cette mission a déplu à la majorité du royaume mais il n'en est pas pour autant responsable.
Donc, d'après vous, l'Intendant Suprême d'Okord n'est qu'un larbin. Un beni-oui-oui qui attend qu'on lui donne un ordre et la manière de l'exécuter. Il n'est responsable de rien, en somme!
Ainsi ce n'est pas Foulques d'Ambrivière qui a insufflé cette lamentable idée de capitale dans la tête du roi Godefroy! Ce n'est pas lui qui a fait venir, à grand frais, un architecte étranger, ce n'est pas lui non plus qui a décidé du montant de l'impôt à récolter et de la manière de le faire!
Là, le procureur fait une pause. Il ménage ses effets afin de donner plus de force à son discours. Il reprend d'une voix forte en pointant le doigt vers l'accusé.
Mais quand bien même cela serait vrai! N'est-il pas un peu facile de se cacher derrière l’obéissance aux ordres pour s'exonérer de la responsabilité de la mort de milliers d'hommes?
Jusqu'où va votre excuse de la servilité, Messire Gron?
N'y a-t-il pas un moment où un loyal serviteur doit désobéir au nom de valeurs fondamentales, quand on lui impose une tâche contraire à sa conscience?
Il repart derrière son lutrin et continue d'une voix plus douce, presque sous la forme du commentaire, tout en prenant les feuillets de sa plaidoirie et les mettant en ordre.
Mais la question ne se pose pas! L'accusé n'est ni un abruti sans conscience de ses actes, ni ce serviteur dépassé par les exigences de son maître comme on voudrait nous le faire croire. Non! Vous avez entendu son témoignage! Il revendique la paternité de l'idée de capitale! Responsable, mais pas coupable! Voici sa ligne de défense! Quelle ignominie!
Après une courte pause, pour laisser à l'assistance le soin de digérer ses paroles, il termine:
Je n'ai plus de question.
Et si la défense en a fini, je suis prêt à plaider, majesté.
Dernière modification par Guyard Phauques, Intendant Suprême (2015-11-26 04:01:54)
Pylade de Basétage se lève aussitôt.
Le procureur Phauques s'est échauffé la voix et ne demande qu'à laisser parler son lyrisme! Je suis persuadé qu'il va nous faire pleurer avec ses trémolos, mais, dans son empressement, il oubli que la défense à cité quatre témoins.
Il fait un salut appuyé au roi Jacquouille.
Plaise au roi d'entendre la déposition du Vicomte Ultan.
Je souhaite l'entendre.
A son tour, Ultan vient à la barre. Ceux qui le connaissaient bien auraient pu déceler une tension perceptible.
Majesté, Seigneurs du Royaume,
Je suis Ultan, Vicomte de Toward, Intendant d'Ittifak.
Membre de la Plume Noire, mais cependant fidèle féal du Roy Godefroy.
Grand Roy fut-il et sans la trahison de certains, il est probable qu'il règnerait encore. Majesté, pardon de le dire ainsi de façon un peu crue, mais mon coeur saigne de la façon dont le Roy Godefroy a perdu son trosne.
Alors à qui la faute ? Qui est responsable de cette désastre ? Cette question, je me la suis posée...
Faut-il voir en tous ces maux, la main de l'Intendant Foulques ?
Je ne crois pas un seul instant en sa trahison, ni en son incompétence. Quand à d'éventuelles dessous de table, nous savons tous que cela se pratique fréquemment, et que cela est accepté par tous, à condition que les sommes en questions restent faibles en proportion...
Lors du voyage du Bal, je pense que tous ceux présents ont constatés la joy et l'excitation de l'Intendant Foulques à l'idée que le Royaume d'Okord allait estre au sein des autres nations. A moins d'estre un génie de l'art théatral, sa consternation et son affolement lorsque l'entrée nous fustes refusée me convainquent que cela n'était nullement préparé à l'avance.
Sur le projet de construction de Capitale, je dirai que j'ai immédiatement cru au projet. La somme était conséquente mais pas démesurée et le projet était tout à fait réalisable.
D'ailleurs, je constate qu'au moment de la capture du Roy, les 2/3 de cette somme étaient déjà rassemblés, que les travaux avaient fort bien commencés. Ce qui prouve de façon incontestable que sans la révolte et la trahison, le projet aurait été mené à bien !
Le Roy Godefroy n'avait certainement point besoin d'estre envouté pour voir un bon projet et pour prendre la bonne décision : réaliser cette capitale. De mesme, n'ai-je point été envouté pour faire mon devoir et faire ce que chacun en cette salle aurait du faire, soutenir et aider son Roy. Pendant les Conseils de Guerre, les capacités du Roy n'ont jamais faillies, et seule la déception de voir tant de trahison parmi ceux que nous pensions estre de fidèles Okordiens a été marquante.
Sur le choix de l'architecte, sommes-nous vraiment si pauvres d'esprit en Okord que nous puissions penser que les meilleurs architectes se trouvent réellement chez nous ? Si tel était le cas, peut-estre aurions déjà une Capitale ? Je n'ai donc aucunement été choqué du choix d'un architecte étranger. L'important était qu'il fut bon, très bon, voire mesme excellent. Et quel Seigneur ici est compétent en architecture pour juger du contraire et affirmer que le choix de Foulques était mauvais ?
Alors certes au final, en cette affaire, mon or a disparu. Pas loin d'un million, car j'ai versé au delà de ce qui était demandé. En fait tous mes revenus sont partis en un temps dans ce projet. Voyez-y une preuve du fait que je croyais profondément en ce projet, et cela sans le moindre doute sur sa faisabilité et sa nécessité, comme la presque totalité des Seigneurs d'Okord d'ailleurs.
A qui vais-je donc demander des comptes ? Quels sont ceux qui ont profité de mon or ?
Ce pauvre Foulques, qui a tout perdu en tentant de servir son Roy et son Royaume ?
Ou ce Procureur arrogant, instigateur de la révolte contre le Roy, qui par là mesme, a provoqué la guerre civile, le pillage du chantier et donc la faillite du projet et le vol de l'or ?
Ultan pointa alors son doigt vers le Procureur.
Entre les deux, mon choix est aisé, Messire Phauques, je vous enverrai la facture pour l'or que j'ai perdu par votre trahison, vous pourrez voir cela avec vos complices, je constate que nous en avons moult présents ici.
Mais cela n'est point le plus grave.
Car pour avoir nuit à mon Roy, c'est de votre vie dont je disposerai un jour...
La dernière phrase fut énoncée sur un ton très calme, comme un serment inéductable...
Puis se tournant vers Foulques...
Courage Messire, ayez foy en le Roy Jacqouille pour voir la vérité et vous innocenter.
Dernière modification par Ultan (2015-11-30 00:27:39)
Le procureur se mit à ricaner.
Messire Ultan, vous avez de la chance que l'heure de ma plaidoirie soit venue.
En m'accusant publiquement vous offensez ce tribunal et le juge qui le préside, j'ai nommé Jacquouille 1er, roi d'Okord. Je pourrais demander que l'on vous arrête sur le champ pour outrage, mais vos propos sont tellement ridicules qu'ils ne valent même pas que l'on s'y arrête. Vous avez dépensé plus d'un million et vous refusez encore de reconnaître que vous avez été le jouet d'un manipulateur, décidément les escrocs ont de beaux jours devant eux avec des seigneurs comme vous.
Mais trêve de remarques, votre témoignage ne nous apprend rien sinon que vous étiez en faveur de ce projet ridicule de capitale et que vous n'avez pas encore digéré le fait que votre parti ait été vaincu.
Il se tourne vers le roi.
Votre majesté, je n'ai pas de question à poser au témoin.
Puisqu'il s'agit du dernier....à moins que la défense ne nous en sorte un dernier de son chapeau...
Il se tourne vers Pylade de Basétage qui lui fait, pour toute réponse, un signe négatif de la tête, et se retourne à nouveau vers le roi.
Dans ce cas!...... Avec votre permission, Majesté. il me semble que nous pouvons plaider.
Le roi se leva solennellement:
Témoins de l'accusation, témoins de la défense,
Je vous remercie pour le temps que vous avez accordé à la justice d'Okord. Je pense qu'il était nécessaire que chacun s'exprime pour que la meilleure décision soit prise.
Mais avant cela, il reste respectivement au procureur et avocat de la défense de présenter leurs plaidoiries.
Suite à cela le GCO se retirera pour délibérer.
Procureur, c'est à vous de commencer.
Guyard Phauques salua le roi, puis se racla la gorge tout en mettant de l'ordre dans la liasse de parchemin qui encombrait son lutrin.
Finalement il prit ce dernier entre les mains, le tenant fermement comme le ferait un lutteur de son adversaire, et promena un regard lourd sur l'assemblée.
Votre majesté, Messire les membres éminents du Grand Conseil d'Okord, Gentes Dames et seigneurs d'Okor.....
La guerre civile qui a embrasé le royaume a fait des milliers de victimes!
Des armées se sont affrontés des châteaux réputés imprenables ont été rasés jusqu’aux fondations. Des seigneurs ont été capturés……Et tout cela pourquoi ?
Il se tourne vers le banc de l'accusé, qu'il désigne dans un geste théâtral.
Pour assouvir les vaniteuses prétentions de cet homme ! Le triste sire Foulques d’Ambrivière.
L’homme qui voulut ériger une capitale dans ce royaume pour complaire à nos voisins.
Il se retourne à nouveau vers l'assemblée qu'il veut prendre à témoins.
Mais qui est-il, ce Foulques d’Ambrivière que personne ne connait ?
Le seigneur Godefroy nous dit qu’il était chevalier et, en tous cas, qu’il y avait quelque chose de noble en lui….
En réalité, Foulques d’Ambrivière n’est ni noble ni chevalier ! C’est le fils d’un bourgeois qui a fait sa fortune dans le drap! Un roturier qui va acheter, avec son héritage, une terre dont il portera pompeusement le nom sans jamais avoir été adoubé.
C’est un homme qui durant toute sa vie de commis, va envier et jalouser les seigneurs de ce royaume.
Un homme qui va, grâce à sa fourberie naturelle, s’immiscer dans les arcanes du pouvoir et s’attacher le seigneur Godefroy en lui fournissant des tissus qu’il ne fera pas payer, puis de ces travaux d’intendance que les grands seigneurs répugnent à faire eux-mêmes et qu’il présente sous forme d’un service qu’il aime rendre gracieusement aux seigneurs de bien.
Tel le lierre enserrant le tronc du chêne, Foulques d’Ambrivière va monter dans l’entourage du prince en se rendant indispensable.
Fier de sa présentation, le procureur fait une pause, laissant le temps, à l'auditoire, de digérer ses premières paroles. Il en profite pour boire une gorgée d'eau à une timbale d'argent qu'on lui a apporté.
Comme il n’en a pas la nécessité, il n’en tire aucun salaire, et c’est ce qui fera dire au seigneur Godefroy qu’il ne travaillait qu’à la gloire du royaume.
La réalité est bien plus sordide.
Foulques d’Ambrivière n’a que sa propre gloriole comme unique objectif!
Quand Godefroy devient roi, il a atteint son but: Devenir un puissant parmi les puissants.
Non plus un bourgeois à qui l’on demande crédit et que l’on méprise, mais l’Intendant Suprême du roi d’Okord! Une position à partir de laquelle il va pouvoir assouvir son insatiable besoin de reconnaissance.
A partir de là, tout s’explique !
Son admiration pour les fastes des couronnes étrangères.
Son désir de faire partie intégrante de ce monde alors qu’il n’en connait pas les codes, et cette fascination qui va l’aveugler au point de prendre un simple héraut venu boire un coup dans une taverne, pour un diplomate plénipotentiaire, du royaume voisin.
A cause de ces visions déformées de notre royaume, le bourgeois vaniteux va se transformer en maitre de cérémonie de la plus gigantesque farce que notre monde ait connu.
Il va user enfin du pouvoir de domination que lui confère son titre pour embrigader la noblesse d’Okord et l’envoyer se faire humilier publiquement en Gundor. Que cette humiliation n'ait pas été son but ne change rien à l'affaire! Il ne s'agit pas là, seulement d'incompétence, mais bien d'un aveuglement coupable doublé d'un usage abusif de sa position.
Il va même jusqu’à persuader son roi de faire le déplacement. Et Godefroy, tel Ubu, tout aussi aveuglé par la confiance qu’il a si souvent mis dans cet homme, ne se rendra même pas compte de l’énormité de la démarche. Aucune mission diplomatique n’était venue officiellement à la cour pour inviter la noblesse d’Okord à ce mariage et donner des sauf-conduits jusqu’à la capitale…..Non !
Tout a germé dans la tête de l’Intendant Suprême qui avait pris pour l’occasion la taille d’un melon.
On aurait pu penser qu’une telle humiliation publique aurait entrainé la disgrâce de l’Intendant, mais c’était sans compter sur son habileté à faire passer des vessies pour des lanternes.
Non seulement cet homme parvient à faire oublier sa responsabilité, qui est totale, mais il se permet d’accuser la noblesse Okordienne et de la rendre responsable de ce fiasco monumental.
Car ce projet de capitale est une autre face de cet homme arrogant.
Non seulement il ne voit pas, dans l’échec cuisant qu’il vient de subir, son incroyable prétention personnelle, mais il en tient responsable ce royaume d’Okord qui n’aurait pas de capitale et ne serait, par conséquent qu’un vulgaire ramassis de tribus.
Lui, le roturier, fils de rien, parce qu'il ne supporte pas sa propre incompétence et qu'il ne veux pas la voir, se permet d’insulter les blasons des nobles seigneurs Okordiens!
Et là encore, le roi Godefroy, ne dit rien mais, au contraire, approuve, comme si le désastre du voyage à Gundor n’était pas imputable à un manque total de préparation, au plus élémentaire manque de discernement, mais au fait que le royaume n’a pas de capitale.
L’outrecuidance du personnage va alors se manifester et se concrétiser dans ce projet pharaonique et totalement disproportionné.
Comme une ode à sa propre personne, l'Intendant Suprême va se prendre pour un grand bâtisseur et sous couvert de civilisation va vouloir imprimer l’histoire de sa marque. Ce sera SA capitale et il faudra qu’elle dépasse en luxe et en dimension tout ce qui a été bâti jusqu’à présent.
Ce n’est plus un melon qu’il a à la place de la tête ! Notre homme est devenu, avec le bienveillant aveuglement du roi Godefroy, un mégalomane qu’aucune limite ne peut plus contenir.
Et, pour financer ce rêve d’illuminé, il va laisser libre cours à son mépris de la noblesse en imposant un impôt confiscatoire. Comme une vengeance contre ces gens qui ne l’ont jamais accepté comme l’un des leurs et qu’il domine maintenant grâce à sa position, il va envoyer les baillis royaux les démunir, les spolier de leurs biens et finalement les punir d’être nobles.
Mais il ne va pas se contenter de cela ! Ce serait trop facile ! Les moutons se laissent tondre sans même s’en rendre compte. Il va aller encore plus loin dans l’abjection et se payer sur la bête. Ainsi par de multiples manipulations, va-t-il se rembourser au centuple des efforts consentis pour accéder à la place qu’il occupe.
On nous dit que l’argent n’a pas été détourné ? Billevesées ! J’affirme que les devis étaient largement gonflés. Que des sommes considérables de soi-disant études de faisabilité n’ont jamais débouchés sur le moindre rapport, que les frais de cet architecte étranger étaient dix fois supérieurs à ce qui se pratique normalement, que la plupart des matériaux étaient fournis par les carrières qui reversaient les meilleurs pots de vin sous la table.
Je dis que le sieur Foulques d’Ambrivière a gagné plus d’un million d’or dans cette affaire. De l’argent soi-disant déjà dépensé et qu’on n’a pas retrouvé dans la cagnotte….Et pour cause. Nos seigneurs n’y ont vu que du feu, comme Dame Helyanor qui, pourtant, avait bien vu le personnage en le traitant de « Dindon coiffé ».
Le roi Godefroy, lui-même, croyait son intendant irréprochable, tant il avait été abusé par ses années de services et ses courbettes de serviteur zélé. Le fourbe avait bien caché son jeu et on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il droguait le roi à son insu. Le témoignage de Messire Bélial est éloquent à ce sujet.
Le seigneur Godefroy ne pouvait pas ne pas être alerté par l’attitude quasi dictatoriale de son Intendant, par ces propos à la tribune royale et cette incroyable rigidité de la pensée, son manque total de diplomatie, son refus de négocier…. Il fallait que le roi soit, à ce point sous la domination de quelque jus de racine, pour laisser la situation se dégrader au point de virer à la guerre civile.
L’attitude du roi dans cette affaire est révélatrice. Lui d’habitude si bon, si affable, si préoccupé du bien des seigneurs d’Okord, montrait subitement un tempérament si contraire à sa personne qu’il ne pouvait être l’œuvre que d’un puissant hallucinogène.
Oui, Roi Jacquouille ! Foulques d’Ambrivière est coupable !
Il est coupable de tous les crimes dont on l’accuse et dont un seul d’entre eux justifierait, à lui seul, sa mise à mort.
On a voulu, tout au long de ce procès, nous démontrer qu’il n’était qu’un rouage obéissant, un serviteur dévoué, un passionné d’Okord.
Hé bien le voilà ! Nu dans ce que sa nudité a de plus hideux ! La nudité de son âme. L’âme noire d’un parvenu, fou d’ambition, qui n’a pas hésité à faire basculer tout un royaume dans le chaos, pour assouvir son désir de puissance.
C’est pour cette raison que je demande, au nom du royaume qu'il a souillé, un châtiment exemplaire.
Le procureur fait une nouvelle pause. il laisse son auditoire dans l'attente de son verdict afin que ce dernier résonne aussi sèchement que la hache du bourreau. Il boit à nouveau une gorgée d'eau.
Puis d'une voix forte. impitoyable.
LA MORT!
La mort ! Bien sûr ! Mais une mort à la hauteur de son forfait.
Pour moi, Foulques d’Ambrivière, par l’ignominie de ses actes, a commis le pire crime qui se puisse imaginer. Un crime contre le royaume. Ce crime n'a d'égal qu’un régicide !
C’est la raison pour laquelle je demande que le sieur Foulques d’Ambrivière soit écartelé en place publique jusqu’au détachement de ses membres.
Dernière modification par Guyard Phauques, Intendant Suprême (2015-11-30 17:26:16)
Pylade de Basétage prit son temps. C'était une vieille ruse de juriste qui sait que les paroles, aussi mordantes soit-elles, s'estompent avec le temps, et que les mots du procureur perdaient en intensité au fil des minutes.
Il se leva donc très lentement, consulta ses notes, puis les posa sur la table, en fit le tour et vint se planter au milieu de l'estrade.
Comme nous l’a si bien dit le Procureur, la guerre est terrible. Elle décime la jeunesse, détruit les récoltes, fait tomber le royaume dans la barbarie.
La guerre est couteuse.
Que d’argent dépensé en armes de toutes sortes ! Que d’énergie déployée, pour saccager, tuer et violer, qui aurait pu servir, au contraire, à édifier un monde meilleur !
Pourquoi cette guerre civile ? Pourquoi dépenser autant et mettre tant d’ardeur à détruire?
Pour éviter un impôt ? Quelle ironie !
Je ne reviendrai pas sur les accusations de fraude et d’empoisonnement. Je laisse le procureur avec ses soupçons qui ne sont étayés, je vous le rappelle, par aucune preuve. D’ailleurs ces doutes n’auraient jamais dû être évoqués dans ce tribunal. On ne condamne pas sur des doutes, et encore moins sur des rumeurs.
Mais on connait le proverbe : « dénigrez, dénigrez, il en restera bien quelque chose ! » Je regrette, cependant que le Procureur en soit réduit à de tels expédients ! Cela prouve à quel point le fond de son dossier est faible.
Il est possible que le seigneur Foulques se soit fourvoyé en pensant que la noblesse d’Okord était conviée à ce mariage. Mais qui de vous, Messires, aurait pu deviner à quel point nous étions méprisés par nos voisins !
Notre royaume est jeune, certes, et turbulent, mais nous avons un roi, des princes, des ducs. Nous avons un Grand Conseil. Nos armées ont vaincu les hordes d’Yselda et les légions de Baldir XXXII.
Rien ne pouvait présager que nos voisins proches pourraient nous traiter d’une manière aussi vile.
Fallait-il ignorer cet évènement ? Faire comme si le monde extérieur n’existait pas, au risque de passer pour des protectionnistes, adeptes de l’autarcie ? Fallait-il faire l’aumône d’une invitation officielle, comme semble nous le suggérer le procureur Phauques ?
Bien sûr que non !
Et à qui revient la faute de cet outrage sinon aux Gundoriens, eux-mêmes !
Une telle attitude méritait sans doute d’entrer en guerre contre ces insolents et leur donner une bonne leçon, mais nous avions une idée bien plus intelligente.
Au lieu de dépenser une fortune pour aller ravager la capitale de Gundor, n’était-il pas plus sensé d’en construire une à Okord qui ferait pâlir de jalousie nos voisins ?
N’était-ce pas une réponse intelligente à l’affront que nous avions reçu, que d’utiliser ce dépit pour le transformer en quelque chose de positif : une création et non une destruction ?
J’ai entendu ça et là qu’une capitale était inutile. Qu’elle ne servait qu’à singer nos voisins, et essayer, par ce biais, d’obtenir leur faveur.
Rien n’est plus faux !
Il s’agissait de faire mieux qu’eux ! De se montrer créatif et d’édifier une œuvre qui serait restée pour des siècles la preuve de la grandeur de notre royaume. Non pas pour obtenir leur faveur, mais pour leur faire prendre conscience de notre valeur et, par la même occasion de notre grande mansuétude à leur égard.
Alors, oui, cela coute !
Vingt millions ? La belle affaire. Combien d’or les nobles de ce royaumes gaspillent-ils jour après jour pour leurs querelles de clocher ?
Comment financer une telle œuvre pour le bien commun ?
L’impôt, nous le reconnaissons ! Les baillis furent envoyés sur notre ordre!
Certes, mais avec l’aval du roi Godefroy qui, je le rappelle, maintient cette idée et nous a défendu devant cette cour.
Cette méthode a été préférée à toute autre car elle offrait le seul moyen de faire de la capitale d’Okord le bien commun à toute la noblesse.
Une capitale qui n’aurait été payée que par quelques factions aurait été un monument de discorde et l’Intendant voulait, au contraire, en faire un monument d’union. La pierre devait sceller un nouveau pacte entre les seigneurs.
Il voulait que chaque noble d’Okord pût être fier de sa capitale, de son royaume et que nos voisins reconnaissent, par cette éblouissante création, la capacité de notre peuple à faire de grandes choses.
Et c’est pour la recherche de tant de bienfaits que nous serions condamnés ?
Allons, Mes seigneurs, et vous Roi Jacquouille ! Le projet était salutaire et s’il a été combattu par une minorité d’excités, c’est parce que ces seigneurs rétrogrades, jaloux de leurs prés carrés, se sont laissés embobinés par des discours haineux d’anciens baillis révoqués et avides de vengeance.
Sans cette propagande sordide, à laquelle nous ne voulions pas nous abaisser à répondre, il n’y aurait pas eu de guerre.
Je vous demande de faire appel à la raison et de déclarer Foulques d’Ambrivière, innocent des crimes dont on l’accuse.
Les délibérations s'éternisaient. Helyanor en avait profité pour quitter la salle d'audience, où l'atmosphère était de plus en plus pesante, et prendre un peu l'air sur les remparts. Il lui semblait de plus en plus que ce procès tournait au règlement de comptes. Il était clair que Guyard Phauques ne pensait qu'à se repaître de la mort de son prédécesseur. Certes, l'ex-intendant Foulques, même dans sa situation désastreuse, semblait incapable de reconnaître ses erreurs et s'agrippait toujours à ses préjugés imbéciles contre les peuples d'Okord. Sans doute, les victimes de la guerre civile et leur famille réclamaient vengeance et cela pouvait se comprendre. Mais de là à requérir une méthode d'exécution aussi barbare que l'écartèlement...
La matriarche fut soudain tirée de ses réflexion par un hululement : son hibou revenait avec une réponse. Elle s'empressa de la lire.
Matriarche,
Il ne nous est pas possible de faire escorter l'assistant de l'architecte jusqu'au lieu du procès. Lorsque les gardes sont venus le chercher à la bibliothèque où il travaillait et l'ont informé de sa destination, il a soudain été pris de panique et a tenté de s'échapper en sautant par une fenêtre. Il a survécu à sa chute, mais s'est brisé les deux jambes et ne sera pas en état de voyager avant plusieurs semaines.
Le conseil du Clan attend votre retour avec impatience.
"Voilà une question réglée, pensa Helyanor. De toute façon, la venue de cet assistant n'aurait plus servi à rien. Mes conseillères ont raison sur un point : il serait plus que temps que je retourne au clan."
Helyanor continua à réfléchir quelques minutes. Elle décida de patienter jusqu'au verdict, mais de ne pas assister à l'exécution, si elle avait lieu. Elle sortit de sa poche la petite fiole de poison hallucinogène qu'elle emportait toujours en voyage pour en enduire ses armes et mieux se défendre contre les bandits de grand chemin. Il suffirait d'un ingrédient supplémentaire pour que cette mixture devienne mortelle...
"C'est décidé, pensa-t-elle. Si Foulques est condamné à l'écartèlement, je tenterai de lui faire parvenir de quoi se donner une mort plus digne."
Les Hommes Du Roux étaient rentré au Nord, L'étudiant relata à son Maitre les faits.
Alors que l'échec de La Mission semblait cuisant, Le Mestre Mit un genoux a terre, sorti de son épais livre les précieux dessins qu'il présenta à son Maitre.
En effet, Le Mestre avait perçu ce sinistre individu au service de Lhassa et s’efforçant au préparatif nécessaire au départ, avait prit l'initiative de cacher dans son livre les précieux dessins, au moyen de plusieurs creux de forme carré, le papier y avait été découpé dans plusieurs pages afin d'y cacher les dessins en cas de fouille inopinée ! LeRoux se mit à rire, imaginant la scène, ou au lieu des originaux, les brouillons brulaient...
Le Travail du Tableau final pouvait commencer, une réflexion lui vient alors à l'esprit, ce Pauvre Foulques finirait-il écartelé ?
Dernière modification par LeRoux (2015-12-11 15:23:34)
Le roi s'installa dans la partie de la salle commune qui faisait office de salle de procès. Le Chancelier n'allait pas tarder.
Pons le sévère avait revêtu ses vêtements d'apparat. Un manteau de pourpre brodé d'abeilles d'or reposaient sur ses épaules, tenu au col par une broche en forme de renard, symbole du roi l'ayant nommé grand chancelier. Ses habits par ailleurs étaient neufs, mais de facture simple, et ni ses chausses ni sa tunique n'étaient doublées de velours ni d'étoffe précieuse. Le surcot était maintenu à la taille par une ceinture simple, sur laquelle reposait un baudrier finement ciselé. Dans la boucle de ceinture, la broche et le baudrier on devinait le style du centre d'Osterord, mélange du style animal des steppes d'Osterlich et du style plus classique du continent d'Okord.
Il avait pour la première fois mis autour de son cou la médaille de grand chancelier d'Okord. Il aurait espéré bien mieux que ce procès comme première occasion, à défaut d'une passation de pouvoir avec l'ancien grand chancelier, parti avec une partie des archives royales. Il n'avait suivi les débats que de loin, il y avait bien peu à gagner en ces heures sombres, et si l'unité du royaume méritait parfois les comédies les plus absurdes, il n'était pas certain que ce procès ait vraiment rempli sa fonction d'apaiser les rancœurs. Du moins, les débats au sein du Grand conseil avaient-ils été sereins, et les avis exprimés mesurés. Une majorité des seigneurs du Grand conseil exprimaient des opinions proches, quelles qu'aient pu être leur attitude pendant la grande rébellion. Le roi avait comme à son habitude tranché après avoir entendu les avis des uns et des autres.
Le sénéchal Pons se tint debout sans parler, saisissant le parchemin qu'un scribe lui tendit. Le parchemin avait été rédigé depuis quelque temps déjà, mais son annonce retardée pour permettre d'interroger l'ancien intendant. Le roi avait tenu à ce que les actes du grand intendant lors de l'interrogatoire puissent être libres et n'influencent pas le verdict. Ce roi négociait parfois mais ne marchandait pas. Cela changeait des manigances que certains pouvaient avoir et plaisait assez au sénéchal, bien que l'efficacité en était selon lui diminuée.
Il déroula assez lentement le parchemin tracé sur un vélin fin et souple, tandis que dans la salle le silence progressivement se fit. Le Chancelier fit porter sa voix pour que les derniers rangs puissent l'entendre, sans pour autant crier.
Lunor, 7e phase de l'été de l'an XII de l'ère 15, 45ème phase lunaire du règne du roi Jacquouille.
Notre illustre assemblée a statué sur l'affaire dite "du grand procès".
Elle avait pour objet le jugement du sieur Foulques d'Ambrivère, ancien intendant du temps du roi Godefroy
Étant donné que le sieur Foulques d'Ambrivère n'a pas mené sa tâche d'intendant à la hauteur de ce qui est exigé par la haute charge qui lui a été confiée,
...étant donné qu'il a failli dans le conseil qu'il devait au roi, manquant de préparation, de transparence et d'anticipation,
...étant donné qu'il a fait preuve d'abus d'autorité dans ses propos et dans ses actes, imposant au royaume un joug injuste et poussant le tiers du royaume à la rébellion
...étant donné que le roi par sa fonction même ne saurait être tenu responsable de la manière dont son intendant s'est comporté,
...étant donné que la construction du palais n'est pas ici mise en cause, mais bien la façon dont a été géré le chantier, son financement, le choix de son architecte et la manière de s'adresser aux grands feudataires du royaume,
...étant donné que le sieur Foulques d'Ambrivère a par ses paroles péremptoires et son attitude intransigeante attisé le feu de la révolte...
Le Grand conseil d'Okord déclare le sieur Fouques d'Ambrivère coupable.
[...]
Cependant, ...
[...]
...le roi dans sa grande magnanimité et afin de permettre au royaume de se rassembler, afin de ne pas entretenir le ressentiment dans le cœur des seigneurs restés loyaux au roi, ne le condamne pas à la peine de mort par écartèlement, mais à l'emprisonnement à vie. Du fait de la noblesse de sa naissance, ses conditions de détention en seront adaptées. En retour, le roi attend de la part de l'ancien intendant qu'il fasse preuve de la plus grande coopération au cours de sa détention et montre au royaume qu'il n'en est pas un traître.
Consilium locuta, causa finita est.
Une fois la formule finale dite, il laissa un instant le silence occuper la pièce.
A l'annonce de la peine, Guyard Phauques eut le souffle coupé. Comment, cet immonde Foulques allait s'en tirer ? Sans une égratignure ? La prison à vie... Encore un truc de ces étrangers décidément trop raffinés... Furieux, il quitta l'assistance à grand pas.
L'accusé, lui, respira enfin.
D'un signe de tête, il remercia l'avocat de la défense, le sieur de Basétage, et eut un regard mélancolique vers le siège vide à droite de Pylade... siège qu'occupait il y a peu Dame Lhassa, dont la rumeur disait qu'elle était partie dans des contrées lointaines sans prévoir de retour.
[hrp : je vous laisse trimbaler ce bon vieux Foulques, et le ferai parler / interagir si besoin.]