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#1 2020-09-14 14:25:07

Mercuris

La Dame de Calaria

Première partie : Nouvelle lune.

Le feu crépitait dans l’âtre de la cheminée. La douce chaleur emplissait la chambre de la maîtresse des lieux. Confortablement installée dans un fauteuil placé en face du feu, les pensées de la nouvelle Baronne attitrée vagabondaient au rythme de la danse effrénée des flammes.  Un verre de sa liqueur préférée dans la main droite, elle dégusta son divin nectar tout en fixant son regard sur la peinture accrochée en haut de la cheminée. Elle représentait un passé joyeux, désormais révolu. La représentation de son père dans sa sublime armure d’argent et portant une cape rouge arborant les armoiries familiale dominait le centre de l’œuvre d’art. à sa droite figurait sa mère. Une femme aussi belle que le crépuscule. Son corps était celle d’une déesse de la nuit. De longs cheveux noirs de geais tombant dans son dos. Une figure douce accueillant des yeux émeraude perçants et une bouche fine et délicate. Elle portait une longue robe blanche qui semblait venir tout droit de l’antiquité. A sa gauche se trouvait Richard, son frère aîné. Il était le portrait craché de son père. Malgré son jeune âge à l’époque, il émanait de lui, déjà, une aura et une prestance digne de l’héritier des Mercuris. Ses cheveux d’or lisse tranchaient avec son regard d’obsidienne. Il portait une tenue noble bleu nuit rehaussé de fils d’ors. Et à droite du tableau, c’était elle. Plus petite que son frère aîné, ses cheveux s’inspiraient de la saison automnale et sa fine bouche couleur cerise tranchait avec sa peau pâle comme la lune. Une robe bleu azur simple, mais néanmoins élégante, témoignait de son allure innocente. Là était le portait de la dynastie Mercuris.

Elle se leva de son fauteuil et se dirigea vers la fenêtre donnant une vue exceptionnelle sur sa bien-aimée cité de Calaria.  Elle contempla les nombreuses lumières des maisons accueillant ses fidèles et loyaux sujets. Comme le temps béni de l’innocence de sa jeunesse lui manquait. Une époque chérie désormais révolue. Ses parents ne sont plus de ce monde quant à son frère …

Quelqu’un vint frapper à la porte.

- Entrez, dit-elle.

Son fidèle intendant Roderick pénétra dans la chambre. Elle se tourna vers lui. Il semblait fatigué, usé même. Il était responsable de l’intendance du domaine depuis qu’elle était petite fille. Après la disparition tragique de ses parents, Roderick fût, pour elle, plus qu’un serviteur. Un ami loyal et fidèle qui sût la conseiller et la guider des les moments les plus sombres.

- Ma Dame, dit-il en s’inclinant respectueusement. Le capitaine Liam de la garde Calarienne vous prie de venir le voir. Il souhaiterait s’entretenir avec vous afin de connaitre votre décision quant au destin du prisonnier spécial enfermé dans ses cachots. Que dois-je lui répondre ?

Le moment est donc venu se dit-elle. La dame de Calaria s’approcha de Roderick et posa sur son épaule une main douce et amicale.

- Dis au capitaine que je viens dans les plus brefs délais.

L’intendant hocha de la tête.

- Bien, ma Dame. Je vais de ce pas le prévenir de votre venue.

Il sortit de la pièce laissant sa maîtresse en proie, de nouveau, à la solitude et à sa mélancolie. Elle posa de nouveau son regard sur le portrait de famille. Les ombres des flammes de la cheminée dansaient sur le tableau. Il est venu le temps de prendre la décision qui s’imposait.

- Père, mère, dit-elle avec une pointe de tristesse. Je dois désormais prendre les mesures qui s’imposent.

Elle fixa l’image juvénile de son frère aîné. Son chagrin et sa profonde morosité se muèrent en une intense colère.

- Mon frère, tu vas enfin répondre de tes crimes !

#2 2020-09-22 23:57:26

Mercuris

Re : La Dame de Calaria

Deuxième partie : Premier croissant de lune

Assis à son bureau, le capitaine de la garde s’occupait de consulter les nombreux rapports d’inspection de la cité. Il abhorrait toute cette lourdeur administrative. Pourquoi cette tâche déplaisante lui incombait-elle ? N’était-il point le vénéré et estimé capitaine Liam de la garde de Calaria ? Il laissa tomber la plus et fit quelques étirements sur sa chaise. La tête levée vers le plafond en pierre, il se demanda si un de ses hommes ne pourrait pas le remplacer à cette corvée. Bien entendu, il prendrait le temps de vérifier s’il n’y a pas d’incohérence. La prudence et la suspicion, si bien dosée est garante de la paix et de sécurité. Il revint à la réalité lorsque que quelqu’un vint frapper à la porte de son bureau.

- Entrez, répondit-il de sa voix caverneuse.

Lorsqu’il vit celui qui pénétra dans les lieux, il sourit. L’intendant de la noble maison Mercuris, Roderick Narva, son mentor et ami de toujours. Un homme dont la réputation et les faits d’arme sont de notoriété publique. Un dévoué serviteur de la famille dirigeante depuis des dizaines d’années. Malgré ses cheveux grisonnants, véritables témoins de la dure réalité des années écoulées, il avait gardé sa stature et son aura de guerrier. Ses yeux bleu-gris impressionnaient quiconque croisait son regard froid et perçant.

- Bonsoir capitaine, dit-il sur un ton calme.

- Bonsoir sieur Roderick. Je suppose que vous venez m’annoncer la prochaine venue de notre vénérée Dame.

- Tout-à-fait capitaine, répondit simplement Roderick.

- Fort bien !

Le capitaine fit un geste de la main, proposant à l’intendant de prendre place. Roderick accepta et s’assit en face du soldat.

- Voulez-vous boire quelque chose, ô vénérable intendant ! Déclara Liam sur le ton de la plaisanterie.

- Oui, volontiers. Répondit simplement Roderick, affichant son habituel masque de neutralité.

Le capitaine Liam sortit du tiroir de son bureau deux verres et une carafe en cristal contenant une liqueur à la couleur bleu azur.

- Du nectar de la lune bleue. Elle date de l’époque de la naissance de notre Dame, dit le capitaine en versant le liquide bleu dans les verres.

- Une cuvée exceptionnelle ! Confirma le sieur Roderick en prenant sa boisson.

Les deux hommes levèrent leurs verres et avalèrent cul sec la liqueur. Le capitaine rechargea sa coupe ainsi que celle de son interlocuteur.

- Il ne dit rien, déclara Liam le ton grave.

- C’est sans doute qu’il n’a rien à dire, retourna Roderick les yeux fixés sur son verre. Il a avoué ses crimes lors de son procès devant les membres du conseil privé. Nous avons débattu, par la suite, d’une sentence à la mesure de ses horribles actions.

- Une décision a été prise ? demanda le capitaine de la garde.

- Oui. C’est pour cela que notre révérée Dame arrivera sous peu dans votre garnison. C’est pour s’entretenir une dernière fois avec le prisonnier avant que le bourreau fasse son office.

- Bien. J’assignerai deux gardes qui veilleront sur elle lors de sa visite.

- Je crains que vous n’essuyiez le refus catégorique de notre bonne Dame, dit Roderick en buvant. Elle m’a expressément mandaté afin de vous dire qu’elle verra le prisonnier seule.

Le capitaine manqua de s'étouffer avec la liqueur. La stupéfaction s’affichait sur son visage devenu rosé par l’alcool.

- Dis donc vieux schnock ! Tu ne comptes tout de même pas laisser notre Dame seule avec ce dément ?

- C’est la volonté de ma maîtresse, je ne peux rien y faire. Et puis qui tu traites de vieux schnock, jeune freluquet !

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