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#26 2025-11-18 14:26:03

Denryl Altéria
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Loin d'être intimidé par la statue du tavernier, Alaric secoue la tête avec une petite moue. Alaric répond sans que l'on sache vraiment s'il parlait de la boisson.

"Nah, pas d'autre Calvok pour moi. Insipide et pas assez fort pour faire de l'effet."

Alaric s'apprêtait à se lever et à se diriger vers la sortie. Il arrête son geste et souriant, et en faisant claquer une pièce sur le comptoir pour payer une autre consommation.

"Mais servez en un à ce brave homme ! Je savais que ne m'étais pas trompé, c'est bien le bureau d'embauche des marins perdus. C'est toujours mieux de discuter autour d'un bon calvok. Enfin, d'un calvok."

Alaric se rapproche de Guter.

"Vous connaissez les eaux du Sud-Ouest, jeune homme ? Il paraît que vous êtes un sacré marin."


Maison Altéria, Dames et Seigneurs de Cylariel et de Massoala

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#27 2025-11-18 18:39:29

Genseric
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Genseric (sautant de son tabouret, un sourire en coin, il passe un bras autour des épaules de Guter)

"Eh bien, eh bien… Si ce n’est pas le célèbre Guter en personne ! Tu as l’air d’un homme qui a vu des choses… des choses intéressantes, non ?" (Il serre un peu plus fort, feignant la camaraderie.)

"Tu permets qu’on se joigne à toi ? Alaric et moi, on vient juste de se faire un petit calvok à ta santé. Enfin… surtout à la mienne, mais bon, c’est l’intention qui compte, hein ?" (Il rit, les yeux brillants d’ironie.)

(Alaric, silencieux, lève son verre en guise de salut, mais son regard reste froid.)

Genseric (voix soudain plus basse, presque un murmure)

"Alors, ce naufrage dans le canal du sud-ouest… C’est drôle, tu vois, parce que j’ai entendu des rumeurs. Des rumeurs qui disent que t’as perdu plus qu’un bateau, ce jour-là. Des rumeurs qui disent que t’as peut-être… oublié de déclarer certaines cargaisons à la capitainerie, non ?" (Il tapote l’épaule de Guter, comme pour le rassurer.)

"Bien sûr, je me trompe peut-être. Après tout, qui irait croire un pauvre voleur comme moi ? Mais dis-moi, Guter…" (Son sourire s’efface, son regard se durcit.) "C’est quoi, la vraie histoire ? Parce que moi, j’aime bien les histoires. Surtout celles qui finissent bien… pour tout le monde."


Terre de Norbury

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#28 2025-11-19 11:33:23

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Enguerrand, Maelis et les deux clients

Au fond de la salle, Maelis et Enguérand sortirent de leur torpeur.
Ils s'empressèrent de cacher leur surprise en reprenant la conversation.
C’est lui le capitaine ? Vous croyez qu’il va lui rester quelques pièces pour m’embaucher sur sa coque ? lança elle amusée, l'air d'ignorer Guter.
Par les dieux ! On dirait que les affaires marchent bien pour ce gars là . Croyez vous qu'il soit du genre à payer une tournée générale pour fêter sa réussite ? Enguérand n'avait pas omis de remarquer le sac d'okors que le grand bonhomme tenait à la main.

## Gadelon à l'extérieur, Jéboulet à l'intérieur

Remis de ses émotions de dégout, Gadelon d'empressa de revenir vers l'entrée de la moulinière. Il aperçu alors, de dos, le personnage bloquant la porte devant lui.
De son côté, Jéboulet posa sur la table son verre de calvok vide en soupirant bruyamment. Un petit rictus sur son visage trahissait son dégoût. La moulinière n'était pas un établissement reconnu pour la qualité de ses produits, ni de ses spectacles visiblement ce dit-il.
Il se leva pour rejoindre son acolyte quand Guter fit son apparition.

## Guter, Alaric et Genséric

Les petits yeux bleus de Guter passèrent d'Alaric à Genseric, puis à nouveau à Alaric. Son sourire niais vacilla.
Quand Genseric posa son bras autour de ses épaules, Guter se raidit. Son visage poupin, d'ordinaire si jovial, se crispa légèrement. Il cligna des yeux plusieurs fois, comme s'il essayait de comprendre un problème trop complexe pour lui.
Célèbre ? répéta-t-il d'une voix hésitante. Moi ? Non, je... je suis juste...

Alaric s'approcha. Genseric resserra son étreinte. Les mots coulaient, fluides, menaçants sous leur vernis de camaraderie.
Naufrage. Canal du sud-ouest. Cargaisons non déclarées. La vraie histoire.
Le cerveau de Guter peinait à suivre, mais quelque chose dans le ton, dans le regard dur de Genseric, dans la proximité soudaine de ces deux inconnus, déclencha une alarme primitive. Celle que même les esprits les plus simples possèdent. Celle de la proie face au prédateur.

Son souffle s'accéléra. Ses épaules massives se contractèrent.
Je... je sais pas de quoi vous... je...
Ses yeux s'écarquillèrent. La panique montait.
Et soudain, Guter poussa un cri. Un cri aigu, presque comique, qui déchira l'atmosphère de la taverne comme le couinement d'un cochon qu'on égorge.
AAAAAAH !

D'un mouvement brusque et puissant, il repoussa Genseric. Pas violemment, pas avec l'intention de blesser, mais avec la force brute d'un homme pris de panique. Genseric fut projeté en arrière, manquant de renverser une table.
Guter lâcha sa besace qui tomba au sol avec un bruit métallique sourd, fit volte-face et se rua vers la sortie, ses bottes martelant le sol de bois.
Pardon pardon pardon ! cria-t-il en fonçant vers la porte.
Grzegorz hurla quelque chose, mais Guter ne l'entendit pas. Il était déjà dans l'encadrement, bousculant tout sur son passage.

Et c'est là qu'il croisa Gadelon.
Le chevalier désargenté se tenait justement sur le seuil, s'apprêtant à entrer dans la Moulinière. Il n'eut pas le temps de réagir.
Guter, lancé à pleine vitesse, deux cents livres de marin affolé, arriva pile en face de lui.

[ LANCÉ DE DÉ ]

Dernière modification par HernfeltMayer (2025-11-19 11:51:28)


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#29 2025-11-20 11:09:37

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Le choc fut dévastateur.
[Dé Gédelon 1 = échec critique]

Les deux hommes s'écroulèrent dans un fracas, roulant sur les pavés humides de la rue dans un enchevêtrement de bras et de jambes. Le crâne de Gadelon heurta la pierre avec un bruit sourd qui résonna dans la nuit. Ses yeux se révulsèrent. K.O.
Guter, lui aussi assommé par la violence du choc, resta allongé à côté de lui, les yeux clos, le souffle court et sifflant. Une bosse commençait déjà à se former sur son front large. Les deux corps gisaient enchevêtrés au milieu du seuil de la taverne, bloquant partiellement le passage.

## Dans la taverne, le chaos s'installa.

Genseric, qui s'était rattrapé à une table, se redressa avec un grognement rageur.
Eh bien c'est comme ça que l'on répond à une discussion amicale ! cracha-t-il en rajustant sa veste. Très bien il l'aura voulu !

Il se lança vers la sortie, mais s'arrêta net en voyant les deux corps emmêlés qui bloquaient le passage.
Bordel... marmonna-t-il.

[Dé Alaric 2 = échec]
Alaric, qui avait tenté de saisir Guter au passage, avait été balayé par l'élan du marin. Il s'était étalé de tout son long entre deux chaises renversées. Il se releva péniblement, grimaçant.
Merde ! grogna-t-il en se frottant le genou.

Au fond de la salle, Maelis s'était levée d'un bond au cri de Guter.
Hey ! Laissez-le tranquille ! avait-elle crié.
Elle se précipita vers la sortie, mais dut s'arrêter à son tour devant l'obstacle humain.
Guter ! s'exclama-t-elle en s'agenouillant près du marin inconscient.

Enguérand, assis avec les deux marins éméchés, observa Maelis partir en courant.
Il se leva si brusquement que son tabouret bascula en arrière.
Messieurs, dit-il aux deux marins médusés, un sourire crispé aux lèvres, mon nom est Enguérand. Merci bien pour ce bon moment passé en votre compagnie. Mais je crois que vous comprendrez que je parte en vitesse à la poursuite de cette damoiselle car j'aimerais bien en savoir... plus sur elle, si vous voyez ce que je veux dire...
Il leur fit un clin d'œil qu'il espérait complice.
À la revoyure peut-être !
Il se faufila vers la sortie, enjambant son tabouret avec maladresse.

## Sur le seuil

Jéboulet se précipita à l'extérieur, manquant de trébucher sur le corps de Guter.
Gadelon ! GADELON !
Il s'agenouilla entre les deux corps, tapotant les joues de son compagnon avec insistance.
Réveille-toi, bon sang ! Gadelon !
Pas de réponse. Le chevalier était complètement inconscient, une bosse violacée se formant sur son front.

Maelis, accroupie de l'autre côté, vérifiait le pouls de Guter.
Il respire, annonça-t-elle. Il est juste assommé.

Genseric, debout au-dessus d'eux, croisa les bras.
Ben voilà. On voulait lui parler, maintenant il dort. Parfait.

Alaric sortit en boitillant, s'appuyant au chambranle. Il observa la scène : deux hommes K.O., Maelis et Jéboulet agenouillés, Genseric narquois, Enguérand qui le rejoignait avec un regard étrange vers Maelis.
Par tous les dieux... souffla-t-il en secouant la tête.


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#30 2025-11-20 16:28:02

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Maelis restait agenouillée près de Guter assommé, elle jeta un œil à Gadelon et aperçut l'œuf qui lui poussait sur le front. Elle se tourna vers ceux qui étaient debout dans l'encadrement de la porte et ordonna avec une pointe de nervosité.
Apportez de la glace et un alcool fort, vite !

Sans attendre de voir qui retournait à l'intérieur, elle observa les alentours à la recherche du deuxième frère Chouaki. Si les deux frères étaient des habitués du lieu, il était fort probable que Tommy ne soit pas loin. Et à la vue de la scène, Maelis se disait qu'il avait deux réactions possibles : soit il viendrait à la rescousse de son frère, soit il ferait demi-tour.

Étonnamment, ce fut Grzegorz qui réagit le premier en glissant sa tête entre Alaric et Genséric.
Tous s'attendaient à recevoir une énième envolée colérique du colosse, mais ce dernier ne fit qu'un simple haussement d'épaules. Il avait autre chose en tête, tel que compter le contenu du sac abandonné par Guter qu'il venait de ramasser. En disparaissant à l'intérieur de son établissement, il lâcha tout de même un franc Déguerpissez tous ! Et emmenez moi tout ce bazar avec vous avant que la milice ne se ramène !

Dernière modification par HernfeltMayer (2025-11-20 16:28:26)


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#31 2025-11-20 23:07:18

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Genseric attrapa un seau qui trainait près du bar le long du mur qui jouxtait l'encadrement de la porte. Il avait la ferme intention de s'en servir pour réveiller Guter. Dans un geste presque réflexe et sans réfléchir, il lança le contenu du seau d'un coup sec.
Allez fini de dormir !

[ LANCÉ DE DÉ ]

Dernière modification par HernfeltMayer (2025-11-20 23:40:48)


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#32 2025-11-20 23:40:32

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

[Dé Genséric 4 = réussite (mais pas pour tout le monde)]

Le contenu mi-gluant, mi-liquide du seau fut projeté en direction de Guter.
En un splash dégoûtant, l'amalgame s'écrasa sur le haut du corps du marin.
Maelis, alors toute proche de ce dernier, ne put esquiver la vague putride qui s'abattit aussi sur elle.
Sa tunique, son foulard, son visage... elle fut entièrement recouverte d'une substance... mais quelle substance d'ailleurs ?

Dans un rade miteux comme la Moulinière, on peut imaginer qu'un seau placé près du bar et de la sortie contient un mélange répugnant : vomi de clients ayant trop bu, eaux usées des chopes rincées à la hâte, crachats et déchets liquides divers. Peut-être même de l'urine si les latrines sont inaccessibles ou inexistante ce qui est le cas, des restes de nourriture détrempés, du sang dilué d'une bagarre récente, ou de l'eau de pluie croupie.
Ce seau servait probablement de réceptacle multifonction pour tout ce qu'on voulait éviter sur le sol en terre battue. Sa position près de la sortie suggère qu'il était régulièrement vidé dehors, probablement dans un caniveau ou directement dans le grand canal.

Quoi qu'il en soit, Gadelon, pour une fois, fut chanceux de ne recevoir que quelques gouttes.
Guter, quant à lui, ouvrit de grands yeux et se mit à se boucher le nez.
Il se redressa, repoussant Maelis, et s'assit le long du mur de la taverne.

Par tous les Dieux ! Mais qu'est-ce que... bwwaaaa
Il ne put s'empêcher de rendre son quatre-heures avant de continuer.
Mais qu'est-ce que vous me voulez !


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#33 2025-11-21 16:41:25

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

[Dé Gadelon 4 = réussite]

Au même moment, Gadelon reprit ses esprits. Le capharnaüm, le bruit associé et cette terrible odeur eurent raison de son étourdissement passager.
Il se redressa légèrement, aider par Jéboulet, en se tenant la tête et en grimaçant. La douleur n'allait pas partir d'aussi vite, mais il était tout de même de nouveau dans la course.


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#34 2025-11-22 22:30:45

Otto de Lorch
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Otto s’agenouilla aussitôt près des deux corps inertes, le bruit du chaos s’effaçant autour de lui comme la houle autour d’un rocher.

Ses gestes furent précis, maîtrisés : il écarta doucement  pour mieux vérifier le pouls de Guter, puis celui de Gadelon, passant une main rassurante sur leurs fronts, inspectant la bosse du chevalier, le souffle du marin. Sa voix basse et grave portait, apaisante, malgré l’agitation :

"Donnez-leur de l’air, je vous prie."

Il glissa son sac à ses pieds et en tira une petite fiole et un linge propre, qu’il imbiba d’un peu d’eau avant de le presser sur la tempe de Gadelon.

"Rien de grave. Il faut juste laisser le sang refluer," souffla-t-il, à l’intention de Jéboulet puis de Maelis, croisant leur regard inquiet.

Lorsque Guter revint à lui en grognant, Otto posa une main ferme et bienveillante sur son épaule massive.

"Tout va bien. Vous êtes en sécurité maintenant."

Puis, s’adressant tout aussi calmement au marin, il ajouta :

"Prenez le temps de reprendre vos esprits. Personne ne vous veut du mal ici, malgré tout ce bruit. Si vous craignez pour vous ou si vous souhaitez parler, je suis là. Vous pouvez me dire ce que vous avez sur le cœur, ou attendre que la tourmente passe. Ce n’est pas la honte qui doit guider vos pas, mais la prudence."

Autour de lui, il invita silencieusement les autres — d’une paume levée, d’un regard doux mais ferme — à reculer et à permettre à Guter de respirer, restant attentif au moindre signe de douleur ou d’angoisse.

Le tumulte de la taverne semblait l’effleurer à peine : les cris, les injures, les ricanements glissaient sur lui comme l’eau sur la pierre. Otto, fidèle à lui-même, veillait sur les blessés, protecteur et discret, prêt à écouter si l’un des survivants brisait enfin le silence.


Ferdinand
Seigneur d'Autriche

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#35 2025-11-23 22:56:03

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Le Soupir d'Alaric

Alaric, toujours appuyé contre le chambranle de la porte, observa la scène avec un mélange d'exaspération et de dégoût. L'odeur pestilentielle qui montait de Maelis et de Guter était insoutenable. Il porta une main à son nez, puis soupira si fort que même Grzegorz à l'intérieur dut l'entendre.
Pour l'amour du ciel, un endroit où ces énergumènes peuvent prendre un bain !
Sa voix portait l'exaspération d'un homme qui avait vu trop de tavernes miteuses, trop de situations absurdes, et qui en avait décidément assez pour ce soir.

## La Réaction de Maelis

Maelis, couverte de cette substance innommable, resta figée un instant. Ses trois tresses dégoulinaient, son foulard rouge était méconnaissable. L'odeur était si forte qu'elle lui donnait la nausée.
Elle se redressa tant bien que mal, vacillante, et se traîna jusqu'au bord du quai tout proche. Là, penchée au-dessus de l'eau noire du Grand Canal, elle vomit.
Les convulsions la secouèrent violemment. Entre deux haut-le-cœur, elle parvint à lâcher d'une voix rauque :
Genseric... espèce de... crétin...
Mais elle n'eut pas la force de terminer sa phrase. Une nouvelle vague de nausée la plia en deux.

## Enguérand : Du Rire au Malaise

Enguérand, qui venait de sortir de la taverne derrière les autres, avait d'abord éclaté de rire en voyant Genseric utiliser le contenu du seau pour réanimer Guter. Le geste était tellement absurde, tellement improbable, qu'il n'avait pas pu retenir un rire nerveux.
Mais il avait vite ravalé son rire — en même temps que le contenu de son estomac qui lui était monté aux lèvres — quand l'odeur infecte était montée jusqu'à ses narines.
Il s'éloigna vivement pour prendre une goulée d'air pur, la main sur la bouche, priant pour que son estomac se calme.
Par les anciens dieux... marmonna-t-il en respirant profondément. C'est quoi ce... ce truc ?!

## Otto Calme Guter
[Dé Otto : 4 = Réussite]

Pendant ce temps, Otto restait agenouillé près de Guter, sa main toujours posée fermement mais doucement sur l'épaule massive du marin. Il n'avait pas bougé malgré le chaos, malgré l'odeur, malgré les cris.
Sa voix grave et posée résonnait comme un ancrage dans la tempête, il répéta :
Tout va bien. Vous êtes en sécurité maintenant.

Les petits yeux bleus de Guter, encore emplis de panique, fixèrent le moine. Quelque chose dans ce regard calme, dans cette voix apaisante, dans cette main ferme sur son épaule, agit sur lui comme un baume.
Il cligna des yeux plusieurs fois. Sa respiration saccadée se ralentit progressivement. Ses épaules massives, tendues comme des cordes, se détendirent légèrement.
Il fixa Otto un long moment, puis sa bouche s'ouvrit. Les mots sortirent lentement, balbutiés, avec cette simplicité enfantine qui le caractérisait :
Je... je suis qu'un marin... C'est tout... J'ai rien fait de mal...
Il porta une main tremblante à son front, touchant la bosse qui se formait.
Pourquoi on m'presse comme ça ?
Sa voix monta légèrement, teintée de détresse.
Mon frère... Tommy... il est sur le bateau... Je vais aller le rejoindre.

Il se tourna vers les autres, son regard passant de Genseric à Alaric, puis vers Jéboulet qui aidait Gadelon.
J'cherche querelle à personne, moi. J'voulais juste rembourser Grzegorz... C'est tout...
Sa voix se brisa légèrement.
J'veux pas de bagarre...

Otto hocha doucement la tête, maintenant son contact rassurant.

## Enguérand Prend les Devants

Enguérand, ayant retrouvé son souffle et un semblant de contenance, fut le plus rapide du groupe à répondre au marin. Il s'avança d'un pas encore un peu incertain, mais sa voix portait avec assurance.
Il s'adressa d'abord à tous, balayant le groupe du regard :
Messieurs, Damoiselle...
Il marqua une pause en voyant Maelis toujours penchée au-dessus du quai.
...on dirait bien que nous ne sommes plus les bienvenus à la Moulinière.
Genseric ricana. Alaric leva les yeux au ciel. Jéboulet continuait de soutenir Gadelon qui se massait le crâne en grognant.
Enguérand reprit :
Que diriez-vous de passer par le port pour que ceux qui en ont besoin puissent se débarbouiller correctement à l'eau du Canal, puis nous pourrions inviter Guter à manger un morceau avec nous dans quelque auberge pour qu'on puisse causer tranquillement, sans tension, devant une bonne soupe, de ce qu'on aimerait savoir.

Il marqua une pause, laissant ses mots faire leur effet.
Nous lui devons bien ça.

Puis, se tournant vers Guter et lui tendant la main pour l'aider à se relever :
Que dirais-tu de ça, Guter ? On te paie un repas, on parle calmement, et après tu pourras retourner voir ton frère Tommy sur ton bateau. Qu'en penses-tu ?
Il se tourna vers les autres :
Et vous autres, qu'en pensez-vous ? Quelqu'un a-t-il une meilleure idée ?

Son regard passa sur chacun d'eux : Otto toujours agenouillé près de Guter, Genseric qui se frottait les mains d'un air satisfait, Alaric qui hochait la tête avec approbation, Jéboulet et Gadelon qui échangeaient un regard, et enfin Maelis qui revenait lentement du bord du quai, le visage blême et les vêtements trempés d'immondices.
Le silence s'installa un instant. Le bruit de l'eau qui clapotait contre les piliers du quai. Les voix lointaines des derniers dockers qui rentraient chez eux. La lumière tremblante des lanternes sur les façades.
Guter, toujours assis contre le mur, regarda la main tendue d'Enguérand. Puis Otto. Puis les autres. Son visage poupin reflétait une confusion totale, mais aussi... peut-être une lueur d'espoir. Ces gens ne semblaient pas vouloir lui faire de mal, finalement. Ils voulaient juste... parler ?
Et manger ?

Il adorait manger.

[ LANCÉ DE DÉ Enguérand]

Dernière modification par HernfeltMayer (2025-11-23 23:11:24)


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#36 2025-11-23 23:17:32

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## L'Hésitation de Guter

[Dé Enguérand 1 + 2 (Charisme) = 3 = Échec léger]

Guter regarda la main tendue d'Enguérand, puis son visage, puis les autres silhouettes qui se découpaient dans la lumière tremblante des lanternes du port.

Il secoua lentement la tête, ses épaules massives se voûtant légèrement.
J'sais pas... J'sais pas si...

Il se frotta le front, touchant la bosse douloureuse.
Vous m'avez couru après... Vous m'avez poussé... Et lui...

Il pointa un doigt accusateur vers Genseric.
...il m'a balancé... ce truc dégoûtant dessus...

Sa voix monta légèrement, teintée de méfiance.
Comment j'peux savoir que vous allez pas... j'sais pas... me voler mon argent ? Ou pire ?

Il recula légèrement contre le mur, ses petits yeux bleus scrutant chaque visage avec suspicion.
Son regard se posa sur Otto, le seul qui lui inspirait confiance pour l'instant, puis balaya les autres : Maelis dégoulinante, Alaric exaspéré, Genseric narquois, Jéboulet et Gadelon...

Il attendait.


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#37 2025-11-23 23:25:02

Otto de Lorch
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Otto s'installe doucement à côté de Guter, posant une main ferme mais douce sur son épaule. Son regard calme, empreint de compassion et de foi, cherche à rassurer sans forcer.

D'une voix grave et pleine de sincérité, il lui dit :

"Je ne suis qu’un humble serviteur du Transcendant. Mon rôle est d’accompagner les âmes perdues et de veiller sur ceux qui portent un fardeau trop lourd. Ici, sous mon regard, tu peux déposer tes peurs, tes doutes. Je ne suis pas un juge, mais un frère. Parle-moi, en confiance, quand tu seras prêt."

Otto marque une pause, laissant le poids de ses paroles s’imprégner, le silence chargé de bienveillance.

Il ajoute, toujours posé :

"La foi ne te demandera jamais plus que tu ne peux porter. Ce n’est ni un serment ni une armure : c’est le courage de regarder en toi, même dans l’ombre, et d’y reconnaître ce qui doit être guéri."

Dernière modification par Ferdinand (2025-11-23 23:25:26)


Ferdinand
Seigneur d'Autriche

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#38 2025-11-24 11:40:32

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

[ LANCÉ DE DÉ Otto]

Genseric qui n'avait pas apprécier d'être montré du doigt par le marin écoutait Otto raconter sa litanie de bénitier.
Eh Guter ! Écoute le cureton ça vaut mieux pour toi. Sinon c'est moi qui m'occupe à nouveau de toi.
Genseric montra sa lame placé dans sa ceinture à Guter. Puis il se tourna vers les autres et éclata d'un rire moqueur.
Ben quoi ? On va pas se coltiner ce gus pendant 107 ans nan ?
L'effet fut immédiat sur Guter. Ses yeux s'écarquillèrent. Les épaules qui commençaient à se détendre sous les paroles d'Otto se raidirent à nouveau. Sa main se crispa contre le mur.

Maelis, pas spécialement remise de son activité stomacale, se contenta d’observer la scène. En croisant le regard de Guter elle voulu lui adresser un sourire bienveillant. Mais la pâleur de son visage conditionné au dernier filet de bave qui coulait de sa lèvre inférieur n’eut pas l’effet escompté auprès du marin.
Guter la fixa un instant, ses petits yeux bleus s'écarquillant d'horreur.
Par tous les dieux... murmura-t-il en détournant vivement le regard.


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#39 2025-11-24 21:07:51

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Enguérand, voyant la catastrophe s'accumuler, se tourna brusquement vers Jéboulet qui soutenait toujours Gadelon chancelant.
Jéboulet ! lança-t-il avec une pointe de désespoir dans la voix.
Dites-lui, vous, que nous ne lui voulons aucun mal ! Qu'on veut juste quelques informations qu'il pourra peut-être nous donner devant une bonne soupe au lard, avec une grosse tranche de pain dedans. Et rien de plus !

Il fit un geste large, englobant tout le groupe dans un mouvement qui se voulait rassurant mais qui ressemblait davantage à celui d'un homme qui tente d'éteindre un incendie avec ses mains nues.
Puis, reculant d'un pas, il se rapprocha d'Alaric qui observait toujours la scène avec son air blasé habituel. Enguérand se pencha légèrement vers le cartographe et lui murmura à l'oreille, assez bas pour que Guter n'entende pas :
S'il vous plaît, insistez, Alaric. Pour qu'il nous suive. Sans lui, nous risquons de perdre beaucoup de temps... et peut-être de tout perdre.

Son regard était suppliant. La mission venait à peine de commencer et déjà tout partait en vrille.
Il fallait que quelqu'un — n'importe qui — arrive à convaincre ce marin terrifié avant qu'il ne prenne ses jambes à son cou.


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#40 2025-11-24 22:38:18

Lessandra Corcal
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

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Gadelon et Jéboulet

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Préoccupé par l'état de Gadelon, suffoquant à l'odeur pestilentielle qui avait été fort peu judicieusement répandue par leur indélicat partenaire dans cette affaire, qui ressemblait chaque heure davantage à l'un de ces contes loufoques narrés dans les roulottes itinérantes, Jéboulet se redressa soudainement à l'appel désespéré d'Enguerrand.
Le charlatan valésian jaugea la situation d'un œil peu complaisant : Gadelon se tenant le crâne, assailli d'une migraine fulgurante, Enguerrand et Alaric, à bout, Genséric, aussi narquois que s'il avait trouvé le sens caché de l'univers, et qu'il le trouvait sacrément drôle, l'autre illuminé qui effrayait son monde avec ses citations mystiques, et la demoiselle qu'il trouvait quelques minutes encore si mignonne, avant qu'elle ne dégueule tripes et boyaux sur ses précieux souliers. Et le goret à forme humaine qui constituait leur meilleur témoin pour poursuivre leur enquête. Et dont, à en croire ses réactions jusque-là, n'avait pas que l'apparence physique en commun avec l'espèce porcine.
Se lissant sa moustache frisottante, un large sourire se dessina sur les lèvres de Jéboulet. Podeszwa, qu'il aimait se sentir aussi important !
- Cogno, bien sûr qu'on ne te veut pas de mal ! lança-t-il à l'adresse de Guter. Tu as vu l'oeil de pigeon que tu as fais à mon ami ? Tu penses qu'on chercherait à te piéger en t'offrant de discuter et de manger un morceau, plutôt que juste te refaire le portrait ici et maintenant ? Maintenant que ton pote l'aubergiste a son pognon, c'est pas lui qui va te sortir d'un mauvais pas !

S'approchant de Guter afin de gagner sa confiance, Jéboulet mis à profit toute sa maigre volonté pour ne pas vomir face à l'odeur immonde qui émanait du simplet.
- Franchement ta gestion de l'argent laisse à désirer. Tu as de la chance de m'avoir trouvé, j'ai deux ou trois ficelles du métier à t'inculquer. La première leçon est gratuite, mais pour ça va falloir nous suivre ! dit-il en appuyant fermement un doigt sur la large poitrine du marin.

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#41 2025-11-27 00:55:09

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Genseric Intervient

Genseric, qui observait la scène depuis le début avec un amusement non dissimulé, éclata soudain d'un rire franc. Il se tenait les côtes, les larmes aux yeux.
Allons laver ces deux-là ! lança-t-il entre deux gloussements hilares, pointant du doigt Maelis et Guter qui dégoulinaient tous deux de l'immonde liquide. Qu'on puisse passer aux questions !

Puis, reprenant son sérieux aussi vite qu'il l'avait perdu, son regard se fit plus dur. Il croisa les bras et balaya le groupe du regard.
Nous en profiterons pour parler des pièces d'or que nous n'avons toujours pas partagées.
Il tapota sa ceinture d'un air significatif, là où pendait sa bourse — celle qui contenait l'avance de Ludvik.

## Alaric Prend la Parole

Alaric, qui avait écouté tout ce cirque avec une patience qui s'amenuisait de seconde en seconde, s'avança finalement. Il se planta devant Guter, les bras croisés, et le fixa droit dans les yeux avec cette franchise brutale qui le caractérisait.

Hé, mon gars. On a besoin de toi, et tu ne peux pas te défiler, que tu le veuilles ou non.
Sa voix était ferme, sans agressivité, mais sans fioriture non plus.
Alors ce serait mieux qu'on travaille ensemble plutôt qu'on te traîne par la peau des couilles. Tu pourrais même y trouver ton compte.

Il se gratta la tête, comme s'il cherchait ses mots, puis reprit avec un soupir :
On a besoin d'infos, et c'est toi qui les a. On n'est pas des bêtes, alors on te propose de te débarbouiller avant, mais si tu préfères tenir la conversation maintenant, on t'en empêchera pas.

Il écarta légèrement les bras dans un geste qui signifiait clairement : "À toi de décider."
Ton choix ?

## Maelis Intervient Malgré Elle

Maelis, toujours appuyée contre le poteau du quai, pâle et dégoulinante, répondit à haute voix sans vraiment s'en rendre compte, comme si elle parlait plus à elle-même qu'au groupe.
Personnellement, j'irais bien me débarbouiller avant.

Sa voix était faible, presque plaintive. Elle passa une main sur son visage, sentit la substance visqueuse sous ses doigts, et grimaça de dégoût.
Vraiment. Maintenant.

Elle lança un regard noir à Genseric, qui se contentait de sourire narquoisement.

Test Commun pour décider de la réaction finale de Guter
[Dé Enguérand 1 + 2 (Charisme) = 3] pour calmer Guter
[Dé Otto 4 + 2 (Volonté) = 6] pour apaiser Guter
[Dé Genséric 2] pour pousser Guter à "causer"
[Dé Alaric 5] pour convaincre Guter de coopérer calmement
[Dé Jéboulet 1] pour rassurer Guter et lui faire passer la situation de crise

Réussite très très mitigée...

## La Décision de Guter

Guter resta silencieux un long moment, adossé contre le mur humide de la Moulinière. Ses petits yeux bleus passèrent lentement d'un visage à l'autre, comme s'il essayait de démêler qui, dans ce groupe de fous, représentait une menace et qui ne lui voulait vraiment aucun mal.

Son regard s'arrêta d'abord sur Otto. Le moine était toujours là, à ses côtés, la main posée sur son épaule avec cette douceur ferme qui l'avait apaisé. Ce type-là... il était différent. Il parlait bizarrement, avec tous ces mots compliqués sur la foi et les âmes perdues, mais Guter sentait quelque chose dans sa voix. Quelque chose d'honnête. De sûr. Comme une ancre dans une tempête.
Lui, j'peux lui faire confiance.

Son regard glissa ensuite vers Alaric. Le cartographe l'avait regardé droit dans les yeux en lui parlant. Pas de sourires faux. Pas de belles paroles. Juste la vérité brute : "On a besoin de toi, alors choisis." Guter appréciait ça. Les marins comprenaient ce langage-là. Franc. Direct.
Celui-là, au moins, il ment pas.

Puis ses yeux se posèrent sur Genseric, et son corps se raidit immédiatement. Le type au couteau. Celui qui ricanait tout le temps. Celui qui l'avait menacé en lui montrant sa lame. Celui qui avait balancé ce... ce truc immonde sur lui. Guter sentit la panique remonter dans sa gorge.
Lui, faut qu'il reste loin. Très loin.

Son regard passa rapidement sur Jéboulet, qui lui souriait de toutes ses dents avec cet air de vendeur de tapis. Il parlait bien, c'est vrai, mais quelque chose dans ce sourire... Guter ne savait pas quoi exactement, mais ça lui donnait envie de vérifier si sa bourse était toujours là. Ce type avait l'air de quelqu'un qui vous vend un tonneau en vous assurant qu'il est plein, et quand vous l'ouvrez chez vous, il n'y a que de l'air dedans.
Celui-là, faut que j'surveille mes poches.

Enguérand semblait gentil, avec sa main tendue et ses belles paroles sur la soupe et le pain. Mais il avait l'air un peu... désespéré ? Comme s'il voulait vraiment que Guter dise oui. Ça le rendait nerveux. Pourquoi il voulait tant qu'il vienne ? Qu'est-ce qu'ils lui voulaient vraiment ?
Lui, j'sais pas trop. Gentil, mais bizarre.

Gadelon était toujours en train de se tenir le crâne, l'air à moitié mort. Guter se sentit un peu coupable. C'était pas vraiment de sa faute, mais bon... le type avait pris un sacré choc. Il avait l'air costaud, mais pas méchant. Juste... mal en point.
Désolé, l'gros. J'voulais pas te faire mal.

Et puis il y avait "elle". La fille aux trois tresses.
Guter la regarda plus longuement, l'œil interrogatif, la tête légèrement penchée sur le côté comme un chien qui essaie de comprendre quelque chose.
Elle était couverte de cette saleté dégoûtante — la même que lui — mais ce n'était pas ça qui le troublait. C'était... autre chose. Son visage. Ses traits. Ses cheveux tressés qui pendaient mollement, trempés de cette substance immonde.
Elle aussi traînait avec cette bande de types louches au milieu des quais. À cette heure. En train de pourchasser des marins. Les femmes ne venaient pas dans des endroits comme la Moulinière. Elles ne couraient pas après des marins dans la nuit.
Quand elle croisa son regard, il détourna vite les yeux, gêné d'avoir été pris à la dévisager.

---

Finalement, après ce qui sembla une éternité, Guter prit une grande inspiration et lâcha un long soupir tremblant.
D'accord.
Sa voix était à peine audible.
D'accord, j'viens. Mais...
Il leva un doigt massif, pointant d'abord Otto.
Lui, il reste avec moi. Tout l'temps.
Puis il pointa Genseric, sa main tremblant légèrement.
Et lui... lui, il reste loin. J'veux pas qu'il s'approche. Jamais.

Il passa une main sur son visage couvert de cette substance immonde et grimaça.
On va où y'a du monde. Un endroit avec des gens. Pas dans une ruelle sombre. Et si j'veux partir, j'pars. Personne m'retient.

Il marqua une pause, ses petits yeux bleus fixant Enguérand.
Et vous m'payez vraiment une soupe. Une vraie soupe. Avec du lard. Et du pain. Beaucoup d'pain.
Ses épaules massives se voûtèrent légèrement, comme s'il s'attendait encore à ce qu'on lui saute dessus.

Mais d'abord... d'abord on s'lave. Parce que j'peux plus me sentir moi-même.
Il jeta un nouveau regard vers Maelis, toujours appuyée contre son poteau, l'air misérable. Ce regard étrange, interrogatif, comme s'il essayait encore de se souvenir où il l'avait déjà vue.
Elle non plus, j'crois.

Puis il se tourna vers Otto, cherchant confirmation dans le regard du moine.
Tu restes avec moi, hein ? Tu m'laisses pas seul avec eux ?
Sa voix avait quelque chose de presque enfantin. Comme un gamin perdu qui vient de trouver la seule personne en qui il peut avoir confiance.

---

Le silence retomba sur le petit groupe au bord du quai.
Guter avait accepté. Mais c'était fragile. Très fragile. Au moindre faux pas, il s'enfuirait comme un lapin effrayé.
Et tout le monde le savait.

---

La petite compagnie se mit alors en route en suivant Guter qui les fit passer par une série de ruelles étroites longeant les entrepôts. Ils débouchèrent sur une petite place pavée où se dressait le lavoir communal — trois grands bassins rectangulaires sous un toit de tuiles, éclairés par des lampes à huile tremblantes.
Deux lavandières s'activaient encore malgré l'heure tardive, battant des draps sur les pierres lisses. Elles levèrent un regard réprobateur vers le groupe, particulièrement vers Guter et Maelis dégoulinants, avant de leur désigner d'un geste le bassin du bout.

Le marin se jeta littéralement dans l'eau froide, frottant sa peau avec une brosse de chiendent dans un empressement presque frénétique. Maelis, plus lentement, rinça ses cheveux défaits, l'eau autour d'elle se teignant d'une couleur brunâtre répugnante. Le groupe attendait à distance respectueuse, détournant poliment les regards.

Après un long moment de nettoyage méthodique, les deux émergèrent enfin, dégoulinants mais débarrassés de cette couche immonde. Guter se redressa, renifla son bras avec soulagement, et se tourna vers Otto avec un regard impatient qui signifiait clairement qu'il était enfin prêt à manger.

---

Guter, désormais propre et revigoré par l'eau froide, prit la tête du groupe avec plus d'assurance. Il les guida le long du quai principal, où les lanternes du port jetaient des reflets dorés sur les eaux noires du Grand Canal.
Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent en vue d'un petit bassin d'amarrage (hrp : ambiance Honfleur ^^) protégé par une digue de pierre. Trois navires y étaient amarrés côte à côte, leurs coques se balançant doucement dans le clapotis.

Le premier était une barque de pêche trapue, large de flanc, avec des filets empilés sur le pont et une odeur persistante de poisson qui portait jusqu'au quai. Son mât court était replié, et des lanternes suspendues à la proue éclairaient faiblement le pont désert.
Le deuxième était une petite cogue de transport, plus élancée, avec une coque de bois sombre renforcée de fer. Des caisses et des tonneaux étaient empilés sur le pont arrière, couverts de toiles cirées. Une silhouette solitaire se tenait près du gouvernail, fumant une pipe.
Le troisième était une barge à fond plat, large et basse sur l'eau, typique des embarcations qui naviguent sur le Grand Canal. Son pont était encombré de cordages, de poulies et de ce qui ressemblait à des marchandises diverses recouvertes de bâches. Aucune présence visible à bord.

---

Guter ralentit légèrement en arrivant à hauteur du bassin. Il se pencha vers Otto et dit d'une voix plus détendue, presque fière :
J'aime bien cette taverne. Et en plus, on voit le bateau de mon frère d'ici.
Il désigna vaguement les trois navires amarrés, sans préciser lequel.

La taverne se dressait juste en face du bassin d'amarrage, séparée de l'eau par une étroite promenade pavée. C'était un bâtiment de pierre et de bois à deux étages, plus solide et mieux entretenu que la Moulinière. Une enseigne de fer forgé grinçait doucement au-dessus de la porte : "L'Ancre Tranquille".
Contrairement à l'établissement de Grzegorz, celui-ci respirait une certaine convivialité. De la lumière chaude s'échappait des fenêtres aux carreaux propres, et on entendait des rires, le tintement des verres, et même une mélodie jouée au luth quelque part à l'intérieur.
La terrasse, justement, était aménagée directement face au bassin. Une dizaine de tables en bois massif étaient disposées sous un auvent de toile tendue entre des poteaux. Des lanternes suspendues à des crochets éclairaient l'espace d'une lumière chaleureuse. Quelques clients attardés discutaient encore, emmitouflés dans leurs manteaux contre la fraîcheur nocturne.
L'intérieur était visible à travers les fenêtres : une salle commune spacieuse avec une cheminée où brûlait un bon feu, des tables rondes, un long comptoir où s'activait un tavernier jovial, et un escalier de bois qui montait vers les chambres à l'étage. Dans un coin, un troubadour grattait son luth en chantant une ballade maritime.
Sur le côté droit, une porte de service donnait probablement sur les cuisines, d'où s'échappait une bonne odeur de soupe aux légumes et de viande rôtie. Un va-et-vient constant de serveurs transportant des plateaux indiquait que l'endroit était bien fréquenté.

---

Guter se dirigea directement vers une grande table en terrasse, située au premier rang face au bassin. Il s'installa lourdement sur le banc avec un soupir de soulagement, son regard se tournant instinctivement vers les navires.
Il tapota la table avec ses mains massives, attendant que les autres s'installent.
Bon, dit-il simplement. On mange ?

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Dernière modification par HernfeltMayer (2025-11-27 01:03:15)


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#42 2025-11-27 12:37:37

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Maelis Inspecte les Navires

Pendant que Guter s'installait lourdement à la table de la terrasse, Maelis ne prit pas place avec les autres. Son regard s'était fixé sur les trois navires amarrés dans le bassin, visibles depuis la terrasse.
Elle se leva sans un mot et se dirigea vers la promenade pavée qui longeait l'eau, ses pas encore légèrement incertains après les événements de la soirée.

Elle s'approcha d'abord du premier bateau, la barque de pêche trapue. Un coup d'œil rapide lui suffit : filets empilés, odeur de poisson, mât court replié. Un simple bateau de pêche. Rien à voir avec ce qu'elle cherchait.

Elle passa aux deux autres.

Les frères Chouaki... leur réputation de navigateurs intrépides, ces types qui allaient là où les autres ne voulaient pas aller. Des transporteurs. Pas des pêcheurs. L'un de ces deux navires devait être le leur — mais lequel ?
Elle plissa les yeux dans la pénombre, scrutant les coques.

Sur la cogue de transport, elle distingua des lettres gravées sur la proue : "La Vaillante". Un nom approprié pour des types qui naviguaient dans des eaux dangereuses. La coque semblait solide, bien entretenue malgré quelques éraflures visibles même dans la lumière des lanternes. Les caisses et tonneaux sur le pont arrière étaient bien arrimés, couvertes de toiles cirées neuves.

Sur la barge à fond plat, le nom était moins lisible, à moitié effacé : "...ène du Canal" — peut-être "La Sirène du Canal" ou quelque chose d'approchant. La coque était plus basse, plus large, typique des embarcations qui transportaient du lourd sur les voies fluviales. Des éraflures profondes marquaient les flancs, et l'une des bâches qui couvraient la cargaison était déchirée. Cette barge avait vécu.

Maelis observa les deux navires attentivement, malgré l'obscurité. Son expérience de marin lui permettait de lire les signes : amarrages, usure des cordages, disposition des cargaisons. Sur "La Vaillante", tout semblait en ordre. Sur la barge, il y avait quelque chose... de négligé. Comme si elle avait été abandonnée en hâte. Elle tenta d'imaginer ce que contenaient les caisses et coffres sur les ponts. Sur la cogue, probablement des marchandises classiques : tissus, outils, peut-être du vin ou des épices. Sur la barge ? Plus difficile à dire. Des marchandises lourdes, vu la ligne de flottaison. Peut-être du minerai, des pierres, ou... autre chose.

Finalement, elle se dirigea face au second bateau, "La Vaillante", là où se tenait la silhouette solitaire fumant sa pipe près du gouvernail.
Elle inspira profondément et lança d'une voix claire qui portait sur l'eau :
Hé, l'ami ! Je suis Maelis Trois-Cordes, du Baswen. Je cherche du boulot pour pouvoir payer les réparations sur ma coque, pour demain ou plus longtemps. Est-ce que ton navire ou celui d'à côté...

Elle désigna la barge.
..."La Sirène du Canal"... aurait besoin d'un marin expérimenté demain ou dans les jours à venir ?

[ LANCÉ DE DÉ Maélis]


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#43 2025-11-27 12:40:06

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

[ Dé Maelis : 1 = Échec catastrophique ]

La voix de Maelis porta clairement sur l'eau calme du bassin, résonnant dans la nuit portuaire.
Hé, l'ami ! Je suis Maelis Trois-Cordes, du Baswen ! Je cherche du boulot pour—

La silhouette sur "La Vaillante" sursauta violemment.
Le marin — qui était manifestement en train de somnoler debout, la pipe encore coincée entre les lèvres — se redressa brutalement comme si on venait de lui tirer dessus. Ses bras battirent l'air dans un mouvement de panique désordonnée.
La pipe lui échappa des lèvres. Elle tourna lentement dans les airs, comme au ralenti, décrivant un arc gracieux dans la lumière des lanternes.
Puis elle tomba.

PLOUF.
Directement dans l'eau noire du bassin. Un silence s'abattit un instant.
Puis le marin explosa :
VENTREDIABLE ! MA PIPE !

Il se pencha par-dessus le bastingage, les mains agrippées au bois, scrutant désespérément l'eau sombre où sa pipe venait de disparaître.
Non non non non... C'était celle de mon PÈRE ! SACREBLEU !

Il se retourna vers Maelis, le visage déformé par la rage et l'incrédulité.
TU VOIS CE QUE T'AS FAIT ?! MA PIPE ! ELLE ÉTAIT DANS MA FAMILLE DEPUIS TROIS GÉNÉRATIONS !

Il se pencha à nouveau, tendant vainement le bras vers l'eau comme s'il pouvait encore la sauver.
Cornebleu... par tous les saints... malebleu...

Puis, sans un regard de plus vers Maelis, il tourna les talons et disparut sous le pont par une trappe à l'arrière du bateau, en maugréant une série d'insultes colorées qui auraient fait rougir même les dockers les plus aguerris.
...damnée femelle... ma pipe... trois générations... que Podeszwa me garde... fils de truie... ventre-saint-gris...

Sa voix s'éloigna, étouffée par les planches du navire. Le silence retomba sur le bassin.
Maelis resta figée sur la promenade, la bouche encore entrouverte, son appel suspendu dans l'air.

Dernière modification par HernfeltMayer (2025-11-27 12:43:05)


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#44 2025-11-30 16:47:07

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Sur la terrasse

Suivant Guter de prêt, qui avait franchit le seuil dans un désordre relatif. L'odeur de ragoût fumant, de pain frais et de bière corsée les enveloppa aussitôt, faisant oublier un instant l'âcreté persistante du liquide immonde qui avait aspergé certains d'entre eux devant la Moulinière. Otto soutenait encore discrètement Guter par le coude, tandis que Gadelon, la bosse au front pulsante comme un œuf de caille violacé, suivait en grimaçant. Jéboulet rajustait son écharpe tachée avec une dignité toute relative. Alaric, stoïque, traînait son imposant sac de cartographe tel un pénitent portant sa croix. Enguérand observait tout ce petit monde avec un mélange d'amusement et de circonspection.

Quant à Genseric, il se glissa à l'écart , choisissant une place près du mur, dans l'ombre épaisse que projetait une poutre maîtresse qui tenait les tentures. De là, il pouvait surveiller la terrasse entière sans être vu, les yeux mi-clos, les mains enfoncées dans les poches de sa veste élimée.

Le tavernier, un homme rond aux joues rouges et au tablier graisseux constellé de taches suspectes, les accueillit avec un sourire commercial qui découvrait des dents inégales.

Installez-vous où vous voulez, braves gens ! La cuisine ferme pas avant une heure. Et si vous voulez profiter d'un coin plus tranquile, j'ai une belle table dedans, juste en face des de la cheminée.

Il désigna du pouce la grande porte qui donnait sur l'intérieur

La table sur laquelle Guter avait porté son choix pouvait accueillir une douzaine de convives. Longue, épaisse, creusée par le temps et les intempéries, elle portait les cicatrices de mille repas arrosés et de quelques bagarres mémorables. Des bancs de bois flanquaient chaque côté.

Ils s'installèrent les uns après les autres, sans cérémonie. Guter, encore hébété, s'assit lourdement en face d'Otto, qui veillait sur lui avec cette sollicitude discrète qui était sa marque. Gadelon s'effondra à côté de Jéboulet en grognant et en se massant le crâne. Alaric posa son sac contre le muret et s'installa en bout de table, le regard déjà perdu dans les étoiles comme s'il cherchait à les cartographier. Enguérand choisit stratégiquement une place d'où il pouvait voir Guter de face, sans pour autant paraître menaçant.

Genseric, lui, resta à l'écart. Il observait la scène. Son ombre se fondait dans la pénombre de la soirée. Personne ne faisait attention à lui. C'était exactement comme il l'aimait.

Le tavernier revint peu après, les bras chargés d'un plateau débordant de victuailles. Il déposa au centre de la table une jatte fumante de ragoût de mouton aux herbes du canal, plusieurs miches de pain blanc encore tièdes, un fromage de chèvre à la croûte dorée, des oignons confits, et trois cruches de bière brune qui sentaient le houblon et la mélasse.

Bon appétit, messieurs, lança-t-il avec entrain avant de disparaître à l'intérieur

Personne ne protesta. La faim était là, bien présente, tenace. Une faim que même les événements chaotiques de la soirée n'avaient pu étouffer. Guter avait choisi là une bien bonne cuisine, et tous le reconnurent tacitement en se jetant sur les plats sans échanger un mot.

Et ils mangèrent.

Oh, comme ils mangèrent.

Gadelon engloutit son ragoût à grandes cuillerées voraces, trempant des morceaux de pain dans la sauce épaisse qu'il portait à sa bouche avec des soupirs de bonheur animal. Jéboulet, malgré ses airs de dandy déchu et ses manières affectées, se jeta sur le fromage avec une voracité qui trahissait des jours de disette. Alaric mâchait méthodiquement, découpant sa viande en portions géométriques, le regard fixé sur l'horizon sombre du canal comme s'il mesurait déjà la distance entre les étoiles et les navires.

Otto mangeait en silence, avec une lenteur presque méditative, chaque bouchée semblant faire l'objet d'une prière muette. Ses lèvres remuaient imperceptiblement. On aurait dit qu'il bénissait le pain avant de le porter à sa bouche.

Guter, quant à lui, se goinfra littéralement. Ses grosses mains attrapaient le pain, la viande, le fromage, arrachaient des morceaux, engloutissaient sans reprendre souffle. Tout disparaissait dans sa bouche avec une rapidité déconcertante, accompagnée de grognements de satisfaction et de mastications sonores. Il semblait avoir oublié la panique qui l'avait saisi quelques instants plus tôt devant la Moulinière. Ou peut-être essayait-il de la noyer dans la nourriture, de la recouvrir sous des couches de viande et de sauce. Ses petits yeux bleus ne regardaient que son assiette, évitant soigneusement les regards des autres.

Enguérand mangea plus lentement, observant Guter du coin de l'œil. Il attendait le bon moment. Celui où le marin aurait le ventre plein et l'esprit apaisé, où les défenses tomberaient naturellement, emportées par la chaleur du repas et la douceur de la nuit.

Les minutes s'écoulèrent dans un silence ponctué de bruits de mastication, de cliquetis de couverts contre la faïence, de soupirs de satisfaction, du glouglou des cruches qu'on vidait. La chaleur du ragoût, la douceur du pain, l'alcool léger de la bière, le murmure du canal contre les coques... tout contribuait à détendre l'atmosphère. Les épaules se relâchèrent. Les visages fermés s'adoucirent. Même Gadelon cessa de grimacer.

Au loin, un marin lança un appel plaintif à un compagnon invisible. Une cloche sonna quelque part dans la ville. Le vent fit claquer mollement une voile mal amarrée.

Guter finit par repousser son assiette vide avec un rot sonore qui résonna comme un tonnerre satisfait. Il s'essuya la bouche du revers de la main, soupira profondément, et se laissa aller contre le dossier de son banc. Son visage poupin, rougi par l'effort de la mastication et par la bière, avait retrouvé un semblant de sérénité béate.

C'est à ce moment précis qu'Enguérand se pencha légèrement en avant, les coudes sur la table, les mains croisées, et prit la parole d'une voix douce, presque amicale, sur le ton de la confidence entre compagnons de route.

Guter, dit-il calmement, tu vois bien qu'on ne te veut aucun mal, n'est-ce pas ? Sinon, il y a longtemps qu'on l'aurait fait. Et puis, on ne t'aurait pas invité à la soupe si on te voulait du mal, pas vrai ?

Guter cligna des yeux, surpris qu'on s'adresse à lui directement après ce long silence partagé. Il regarda Enguérand, puis les autres autour de la table. Otto lui adressa un hochement de tête rassurant, ses yeux gris empreints d'une bonté tranquille. Gadelon mâchait encore un morceau de pain, l'air absent. Jéboulet souriait vaguement en se curant les dents avec un bout de paille. Alaric restait impassible, les yeux levés vers les étoiles.

Genseric tendit l'oreille.

Enguérand poursuivit, sans hausser le ton, comme s'il parlait à un vieil ami retrouvé après des années de séparation :

Non, simplement, on sait que toi et ton frère, vous deviez transporter un coffret à Port-Preux d'Illyrie, et que ce coffret, eh bien, il n'est jamais arrivé à destination. Tout ce qu'on veut savoir, c'est ce qu'est devenu ce coffret. Tu vois bien qu'aucun de nous n'est soldat, ou juge. On ne court pas après toi et ton frère. C'est après le coffret qu'on court. C'est tout. Et après ça, tu n'entendras plus parler de nous.

Il marqua une pause, laissant ses mots faire leur chemin dans l'esprit embrumé de Guter, comme on laisse une pierre s'enfoncer doucement dans l'eau avant qu'elle ne touche le fond.

On voudrait juste que tu nous racontes où vous avez amené ce coffret. Puis on mange un bout de tarte aux poires pour fêter ça, et après, on rentre tous tranquilles chez nous pour faire de beaux rêves.

Le silence retomba. Un silence épais, chargé d'attente. Tous les regards convergèrent vers Guter. Même les étoiles semblèrent se pencher pour écouter.

Guter baissa les yeux vers son assiette vide. Ses grosses mains se crispèrent légèrement sur le bord de la table, les jointures blanchissant. Il sembla hésiter, peser ses mots, chercher une échappatoire dans le fond de sa cruche vide. Puis, lentement, avec la résignation d'un homme qui sait qu'il n'a plus rien à perdre, il releva la tête.

Et il parla.

Sa voix était pâteuse, traînante, mais étrangement calme. Comme si un poids venait de se lever de ses épaules massives.

Ah oui ! Le pied ! lâcha-t-il d'abord, avec un rire nerveux qui ressemblait davantage à un gloussement. Ah, on en a fait, des livraisons, pour ce voleur de Ludvik...

Il s'interrompit, regarda autour de lui comme pour s'assurer qu'aucune oreille indiscrète ne traînait dans les parages, puis se pencha légèrement en avant par-dessus la table, baissant la voix jusqu'au murmure rauque, comme pour partager un secret honteux.

Mais celle-là... celle-là, elle était spéciale, vous comprenez ?

Dernière modification par HernfeltMayer (2025-11-30 19:26:49)


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#45 2025-11-30 19:26:18

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Maelis et le Troisième Bateau

Le deuxième navire n'avait rien donné. Trop propre, trop bien rangé, trop... vide. Ce n'était pas celui des frères Chouaki.
Le fumeur de pipe avait disparu dans la nuit. De toute façon, elle l'imaginait mal être le frère du mastodonte Guter. Trop petit, trop maigre. Impossible que ce soit Tommy.

Son regard se tourna vers la terrasse de la taverne. Ses compagnons étaient tous là, attablés autour du ragoût fumant : Gadelon, Jéboulet, Alaric, Otto, Enguérand... et Guter qui parlait enfin. Seul Genseric manquait à l'appel, probablement tapi quelque part dans l'ombre.
Tant pis.

Elle reporta son attention sur le troisième bateau. Un bateau à fond plat. Large, bas sur l'eau. Une barge de travail typique du Grand Canal.
Celui-là.

Elle s'approcha du bord du quai, évalua la distance, plia les genoux et bondit.
[ LANCÉ DE DÉ - Agilité : 5 + 2 = 7 - Réussite ]

Elle atterrit sans bruit sur le pont, les genoux fléchis. Parfait.
Maelis se redressa lentement et observa les lieux. Le pont était un véritable capharnaüm : des tonneaux renversés, des caisses mal empilées, des bâches jetées en vrac sur des marchandises indéfinissables, des cordages enroulés n'importe comment. Tout sentait l'abandon et la négligence.

Elle avança à pas de loup entre les obstacles, évitant les cordages traîtres.
C'est alors qu'elle l'entendit.
Un chant. Faible, éraillé, venant d'en dessous.

Elle tourna la tête et la vit : une écoutille entrouverte entre deux caisses. Le panneau de bois avait été repoussé sur le côté, laissant une ouverture. Une faible lueur de chandelle filtrait de la soute, accompagnée d'une voix masculine qui chantait une complainte de marin :
« Le vent du nord a pris ma belle, 
Le courant l'a emportée loin... »

Maelis s'approcha doucement de l'écoutille et s'agenouilla près de l'ouverture, retenant son souffle.
En bas, dans la soute, un homme était assis par terre, adossé à la coque, une bouteille à la main. Large d'épaules, les cheveux en bataille, la chemise ouverte. Il balançait la tête en chantant, les yeux mi-clos.

Saoul. Seul. Vulnérable.
Maelis sourit dans l'ombre.
Elle avait maintenant le choix.


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#46 2025-11-30 19:33:51

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Sur la terrasse

Bien qu'adouci par le repas, Gadelon l'avait toujours mauvaise depuis l'accident, tout particulièrement concernant Guter. Se tapotant périodiquement l'oeuf de pigeon sur son front, il regarda le marin d'un oeil peu amène.

Il se pencha en avant, se tapotant encore une fois le front avec un air de martyr incompris, et lança d'une voix bourrue :
Non, je comprends pas. Qu'est-ce qu'il a de si particulier, ce foutu pied ? Il est dans le coffret qu'on cherche ?

Sa voix était directe, sans la douceur diplomatique d'Enguérand. Pas de précautions oratoires. Juste la question brute.
Guter cligna des yeux, surpris par le ton. Il regarda Gadelon, puis sa bosse impressionnante, et sembla réaliser vaguement qu'il était peut-être un peu responsable de cette blessure. Ses joues potelées rosirent légèrement.
Euh... oui, bafouilla-t-il. Enfin... c'est-à-dire...

Il se frotta le visage avec ses grosses mains, comme pour chasser les vapeurs d'alcool et de fatigue qui embrumaient son esprit simple.
C'est un pied de saint, reprit-il d'une voix hésitante. Un vrai. Enfin, c'est ce que Ludvik nous a dit. Le pied de Saint Adelmot. Vous connaissez ?

Il regarda autour de la table, cherchant une quelconque réaction. Otto fronça légèrement les sourcils, reconnaissant peut-être le nom. Les autres restèrent impassibles.
Guter continua, encouragé par le silence attentif :
C'est un saint... comment dire... important. Pour les Podeszwites d'Esterod, là-bas, très loin. Ils vénèrent ses reliques. Et Ludvik, il nous a dit qu'il avait réussi à mettre la main sur son pied. Le pied droit. Dans un coffret, oui. Un petit coffret en bois sombre, avec des ferrures. Pas bien lourd, mais précieux. Très précieux.

Il s'essuya la bouche du revers de la main.
Il nous a payés grassement pour le transporter jusqu'à Port-Preux d'Illyrie. De là, ça devait partir plus loin vers l'est, en Osterlicht. L'acheteur, un diacon je crois, ou quelque chose comme ça, il était prêt à payer une fortune pour cette relique.


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#47 2025-12-01 11:25:57

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Sur la terrasse

De son coin, Genseric n'en avait pas raté une miette. Ses yeux plissés ne quittaient pas la scène qui se déroulait dehors, sur la terrasse éclairée par les lanternes.
Un pied, se dit-il avec un ricanement intérieur. Une relique. Que les gens sont idiots pour croire que ce foutu pied est celui d'un saint. Un saint, c'est qu'un pauvre hère comme un autre.

Mais son cynisme n'effaçait pas l'essentiel : ce pied dans un coffret valait une véritable fortune. Ceux qui l'avaient engagé ne s'y étaient pas trompés. Ils voulaient mettre la main sur cette relique, peu importe qu'elle soit authentique ou non. Ce qui comptait, c'était ce que les crédules étaient prêts à payer pour elle.
Plus qu'à mettre ma main sur ce truc, pensa-t-il en croisant les bras.
Il ne bougea pas, restant à sa place, toutes oreilles ouvertes, invisible dans son coin d'ombre. Personne ne faisait attention à lui. Exactement comme il l'aimait.

Enguérand venait de prendre la parole avec cet enthousiasme débordant qui était sa marque. Il s'était penché en avant, les yeux brillants d'excitation, comme si Guter venait de lui raconter la plus belle histoire du monde.
Ça alors !!! s'exclama-t-il. Un pied de Saint Adelmot ! Ben dis donc... si on m'avait dit ça, c'est dingue. C'est passionnant, ce que tu nous racontes, Guter. Tu vois, ce n'était pas la peine de t'inquiéter comme ça. On va la manger, notre tarte aux poires !

Il sourit largement, essayant de maintenir cette atmosphère de camaraderie chaleureuse qu'il avait patiemment construite depuis le début du repas.
Mais dis-nous voir encore, reprit-il d'un ton encourageant. Toi et ton frère, vous l'avez donc amené à Port-Preux d'Illyrie, ce Saint Pied, si je te comprends bien. Et à Port-Preux d'Illyrie, vous l'avez remis à qui, ce coffret ? À l'acheteur, le diacre que tu as dit, ou à quelqu'un d'autre ?

Guter, qui semblait avoir retrouvé un peu d'assurance en racontant l'histoire du pied de saint, se figea soudain. Son visage poupin se ferma comme une porte qu'on claque. Ses grosses mains, posées sur la table, se crispèrent jusqu'à ce que les jointures blanchissent.
Il baissa les yeux vers son assiette vide, comme s'il cherchait une réponse dans les traces de sauce séchée.
Un long silence s'installa. Trop long.

Guter finit par relever la tête. Son visage avait changé. La béatitude du repas et de la bière avait disparu, remplacée par une expression de malaise profond, presque de peur.
On ne l'a pas amené jusqu'à Port-Preux, lâcha-t-il enfin d'une voix sourde.
Il s'interrompit, se mordit la lèvre inférieure comme un enfant pris en faute.
Ça... ça ne s'est pas passé comme prévu, ajouta-t-il en évitant soigneusement tous les regards autour de la table.

Enguérand ouvrit la bouche pour poser une question, mais Guter leva une main tremblante pour l'arrêter.
Je devais aller voir Ludvik d'ailleurs... mais je suis tombé sur vous, dit-il d'un ton qui oscillait entre l'excuse et le regret.
Il se tut à nouveau, les épaules voûtées, comme s'il portait soudain un fardeau invisible mais écrasant.
Enguérand, sentant qu'il fallait relancer doucement, se pencha encore un peu plus en avant, la voix douce et encourageante :
Guter, qu'est-ce qui s'est passé ? Raconte-nous. On est là pour t'aider, pas pour te juger.

Mais Guter secoua la tête lentement, obstinément. Ses petits yeux bleus fuyaient dans toutes les directions, sauf vers ses interlocuteurs.
Je... je ne peux pas, murmura-t-il. Tommy... mon frère... si je parle, il va...
Il s'interrompit brusquement, comme s'il en avait déjà trop dit. Ses mains se crispèrent davantage sur le bord de la table, au point qu'on aurait pu croire qu'il allait l'arracher.
Tommy va quoi ? demanda doucement Otto de sa voix grave et apaisante.

Guter secoua encore la tête, les lèvres serrées. La peur était maintenant clairement lisible sur son visage poupin. Pas la peur de ceux qui l'entouraient. La peur d'autre chose. De quelqu'un d'autre.
Il va être furieux, finit-il par lâcher dans un souffle. C'est lui qui... c'est lui qui décide. Toujours. Moi, je suis juste... je suis juste le petit frère. Celui qui obéit. Celui qui fait ce qu'on lui dit.

Il releva les yeux vers Enguérand, puis vers les autres, et il y avait dans ce regard quelque chose de suppliant.
Je ne peux pas en dire plus. Pas sans Tommy. Si je parle et qu'il l'apprend... il va...
Il ne finit pas sa phrase. Mais le message était clair.
Tommy Chouaki était le dominant du duo. Le cerveau. Le décideur. Et Guter, malgré sa carrure imposante, n'était que l'exécutant docile, le bras droit obéissant, le petit frère qui ne pose pas de questions.


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#48 2025-12-01 22:04:32

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Maelis et l'Écoutille

Maelis était agenouillée près de l'écoutille entrouverte, retenant son souffle. En bas, dans la soute faiblement éclairée par une lanterne à huile, l'homme continuait à chanter d'une voix éraillée cette complainte de marin ivre.
« Ô Grand Canal, rends-moi mon cœur,
Ou prends-moi avec dans tes eaux... »

Elle devait en voir plus. Savoir si cet homme ressemblait à Guter. Si c'était Tommy, le frère dominant, celui qui décidait.
Elle se pencha davantage, essayant de mieux voir à travers l'ouverture étroite. Pas assez. Elle se contorsionna légèrement, cherchant un angle plus favorable, posant une main sur le rebord de l'écoutille pour se stabiliser...

[ LANCÉ DE DÉ - Maelis : 3 + 2 (Agilité) = 5 ]
[ LANCÉ DE DÉ - Genseric : 3 + 2 (Perception) = 5 ]
Résultat : Genseric = Maelis = réussite !

Son poids déplaça imperceptiblement le lourd panneau de bois. Dans un grincement sinistre, le panneau glissa sur ses gonds rouillés.
Maelis sentit le mouvement trop tard.
Le panneau bascula et tomba avec un fracas épouvantable dans la soute, résonnant comme un coup de tonnerre dans la nuit tranquille du port.
BANG !

Le cœur de Maelis fit un bond. Elle se jeta instinctivement en arrière et roula derrière une grosse caisse de bois, se plaquant contre elle, retenant sa respiration, le cœur battant à tout rompre.
En bas, dans la soute, le marin sursauta violemment et poussa un cri de surprise :
QUI VA LÀ ?! BORDEL DE...

Le chant avait cessé net. Des bruits de mouvement montèrent de la soute : des pas lourds, le raclement d'un objet qu'on saisit, une bouteille qui roule.
Maelis se recroquevilla derrière sa caisse, la main sur le pommeau de sa dague, tous ses muscles tendus. Merde, merde, merde...

## Sur la Terrasse de la Taverne

Au même moment, Genseric, adossé au mur dans son coin d'ombre de la terrasse, écoutait attentivement la discussion autour de la table. Guter venait de se refermer comme une huître, refusant d'en dire plus sans son frère Tommy. Enguérand tentait de relancer la conversation avec douceur. Otto posait sa main apaisante sur l'épaule du marin. Gadelon grognait d'agacement.

Tout le monde était concentré sur Guter.

C'est alors que Genseric l'entendit.
Un cri. Étouffé par la distance, mais distinct. Venant du port.
QUI VA LÀ ?! BORDEL DE...

Ses yeux plissés se tournèrent immédiatement vers les trois navires amarrés face à la taverne. Le cri venait du bateau le plus éloigné. Le troisième. Celui à fond plat.
Il jeta un rapide coup d'œil aux autres autour de la table. Personne n'avait réagi. Trop absorbés par Guter et sa confession avortée. Trop concentrés sur leurs assiettes et leurs verres. Les clients endormis sur leurs bols n'avaient même pas bougé.

Lui seul avait entendu.

Un sourire en coin étira ses lèvres dans l'ombre.
Eh bien, eh bien... qu'est-ce qu'on a là ? observa t-il tout bas.
Il ne bougea pas encore, restant adossé au mur, observant les bateaux avec une attention redoublée. Ses doigts tambourinèrent légèrement contre sa cuisse.
Quelqu'un est monté à bord du troisième bateau. Quelqu'un de discret. Quelqu'un qui vient de se faire repérer.

Il avait assez bien évalué ses compagnons pour deviner qui avait eu cette brillante idée.
Maelis.
La petite rousse du Baswen qui voulait jouer en solo. Qui était partie en sautillant tout à l'heure en leur disant de ne pas la suivre.
Idiote.

Genseric hésita une fraction de seconde. Devait-il prévenir les autres ? Ou profiter de la situation ?

Dernière modification par HernfeltMayer (2025-12-01 22:04:47)


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#49 2025-12-06 00:21:06

Otto de Lorch
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

Otto garda le silence un long moment, sa main toujours posée sur l'épaule de Guter. Il sentait les muscles du marin se contracter sous ses doigts, la peur qui l'habitait, ce fardeau invisible qui pesait sur ses épaules massives.

Quand il parla enfin, sa voix était basse, presque un murmure, mais elle portait avec la gravité d'un homme habitué à accompagner les âmes en peine.

"Tu portes quelque chose de lourd, Guter. Je le vois. Dans tes yeux, dans tes silences, dans la façon dont tes mains tremblent quand tu parles de ton frère."

Il marqua une pause, laissant ses mots s'imprégner.

"Ce poids, tu n'as pas à le porter seul. Ni à le cacher. Parler, c'est parfois le premier pas vers le soulagement. Pas pour nous, pas pour le coffret, mais pour toi. Pour ton âme."

Otto retira doucement sa main de l'épaule du marin et la posa à plat sur la table, paume ouverte, dans un geste d'offrande silencieuse.

"Je ne suis pas un juge. Je suis un frère, comme toi. Et les frères, ça se confie l'un à l'autre."

Puis, sans transition, son regard quitta Guter et balaya lentement la terrasse, puis les quais, puis les navires amarrés dans le bassin. Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement.

"La jeune femme aux tresses..." murmura-t-il, comme pour lui-même. "Elle n'est pas revenue."

Il se tourna vers les autres, une lueur d'inquiétude dans le regard.

"Quelqu'un l'a-t-il vue depuis qu'elle est partie vers les bateaux ?"


Ferdinand
Seigneur d'Autriche

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#50 Aujourd'hui 14:25:54

Ludvik Czerwony
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Re : [RP participatif] La quête du pied de Saint Adelmot.

## Le Cri Brise le Silence

GUTER C'EST TOI ?!

Le cri déchira soudainement la quiétude de la soirée. Puissant, rauque, chargé d'une émotion brute. Il venait du port, depuis les bateaux amarrés dans le bassin.
Tous les convives attablés en terrasse se figèrent. Les conversations cessèrent net. Les verres restèrent suspendus à mi-chemin entre la table et les lèvres. Même les serveurs s'arrêtèrent dans leur va-et-vient.
Genseric, toujours tapi dans l'ombre, se redressa imperceptiblement. Ah... voilà que ça devient intéressant.
Gadelon, la main sur son front douloureux, tourna la tête vers le port. Jéboulet leva un sourcil intrigué. Alaric fronça les sourcils et posa sa fourchette. Enguérand échangea un regard rapide avec Otto.
Et Guter...

Guter se leva si brusquement que son banc bascula en arrière avec fracas. Ses yeux s'écarquillèrent. Son visage poupin devint blanc comme un linceul.
TOMMY ! hurla-t-il en retour, sa voix tremblante d'une émotion mêlée de soulagement et de panique. C'EST MOI ! J'ARRIVE !

Il fit un pas vers le bord de la terrasse, puis se retourna vers le groupe, l'air bouleversé, comme s'il venait de réaliser qu'il leur devait quelque chose — une excuse, une explication.
C'est... c'est mon frère, balbutia-t-il. Je dois... faut que j'y aille...
Sans attendre de réponse, sans un mot de plus, il traversa la terrasse à grandes enjambées maladroites, manquant de renverser une table au passage. Son corps massif se mit en mouvement vers l'escalier qui descendait vers le quai.

## Sur le Pont avec Maelis : L'Émergence

Un gros modèle aux épaules larges se hissa soudain sur le pont en se hissant de la force de ses bras. Ses mains agrippaient le rebord de l'écoutille ouverte, les muscles de ses avant-bras saillant sous l'effort.
GUTER C'EST TOI ?! hurla-t-il encore, se tenant la jambe.

AH LA SALOPERIE !
Il parvint enfin à se hisser complètement hors de la soute, roulant sur le pont dans un grognement de douleur. Il était grand — aussi grand que Guter — avec des épaules massives, une barbe hirsute, des cheveux en bataille. Sa chemise était déchirée, tachée de sueur et de saleté. Il se redressa péniblement, grimaçant.
Il traînait une jambe. Visiblement handicapé. Son pied gauche raclait le bois du pont à chaque pas, comme s'il ne pouvait le soulever correctement.
Il balaya le pont du regard, cherchant son frère. Ses yeux étaient injectés de sang — l'alcool, la douleur, ou les deux.
GUTER ?!

Pendant ce temps, Maelis restait tapie derrière une grosse caisse sur le pont, retenant son souffle. Elle avait trouvé la meilleure cachette possible — une caisse plus large que les autres, placée contre le bastingage, qui lui offrait une protection complète.
Elle entendit Tommy se hisser hors de la soute. Elle entendit ses pas traînants sur le pont. Elle entendit ses cris.
Mais elle ne bougeait pas. Ne respirait presque plus.
Tommy ne la voyait pas. Il continuait de chercher Guter du regard, tournant la tête dans toutes les directions, mais ne regardant jamais derrière la grosse caisse où elle était recroquevillée.
Il ne l'avait pas vue monter à bord.
Il ne l'avait pas vue s'enfuir dans l'ombre après la chute du panneau.
Il était trop concentré sur sa douleur et sur son frère.
Maelis ferma les yeux un instant, sentant son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Reste calme. Ne bouge pas.


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