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Souffler, Inspirer.
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De partout l'on s'en était venu. La nouvelle avait couru routes et chemins. En chaque masure en chaque château.
Une presse d'hommes de femmes venu du Domaine mais aussi d'ailleurs. Il avait été un grand Baron, un puissant Marquis et un terrible Duc avant de quitter les terres et d'aller chercher gloire et renommée par delà les monts. Au Nord. Au Gundor.
Synonyme de Droiture il avait servi son Roi. S'était dressé contre les Puissants Trof. Avait nourri en son sein l'Ogre Autrichien. Tutoyait le puissant Prince de Cylariel. Et dans sa jeunesse l'on avait supposé quelques inclinaisons romanesque envers la Siostry. Ou bien la Princesse Von Festung. L'histoire ne l'a point retenu. Elle aura peut être gardé en mémoire son obligé, son dévoué. Le Beau et racé Sage de Sinople. Qui présentement voit les rivages s'éloigner. Il n'a pu supporter d'attendre les funérailles. Trop de peine. Et sa place n'est pas celle d'un compagnon d'armes. Mais pouvait on dire que le Preux Bohémont avait pour amant le délicat hobereau.
Il aurait fallu une katadra bien trop grande et le domaine n'en compte pas. C'est devant les murs de sa nouvelle cité que la cérémonie se tient.
On a accroché aux murailles et aux tours d'immenses dai rouge. Sur chacun s'étale le Léopard Rugissant .
Souffler, Inspirer.
Bloquer.
Le mal n'avait jamais vraiment quitté le corps du Nortmannais à son retour du Nord. La nuit souvent on l'entendais appeler. Geindre et maudir le vent, le froid et la neige.
Et puis petit à petit il avait cessé d'être tout à fait là. Le déménagement du domaine l'avait encore affaibli et son grand corps, jadis musculeux et anguleux, était devenu os et angle. Les traits amaigri, le visage crayeux. L'on chuchotait en sa présence et petit à petit on le sentait s'effacer. Son âge s'était éteint. l'âge de gloire.
Alors que son filleul s'en allait combattre le connétable. Il s'en était allé, en même temps que l'armée de Nortmannie. Son ancienne fierté. Les troupes entièrement défaite dont seul disait on un arbalétriers était rentré.
Il n'avait vu ce retour terrible. Son esprit avait définitivement quitté ce monde. Au moment fatal la rumeur couru bien vite qu'un Faucon s'était tenu. À l'aplomb du corps, dans cette position singulière du Saint Esprit.
Puis ayant sifflé avait quitté les cieux de Nortmannie pour ne jamais y revenir.
Souffler, inspirer.
Bloquer.
Devant le grand cercueil, se tenait le Roux Mérovée, drapé aux couleurs de celui qui incarnait l'âme. Son teint pâle portait l'usure trop vite venue.
Avec un humour que seul le destin sait manier l'homme s'appelait Arnulf. Du nom du père de Mérovée. C'était un de ses vieux soldats que les armées du royaume comptent en nombre. Vétéran de plus de conflits qu'il n'avait de doigts pour les compter. Au plus fort du combat il savait rentrer la tête derrière le pavoi en rechargeant l'arbalète. Il savait marcher de concert avec la troupe. Avancer et reculer. La danse de mort ne lui était pas inconnu. Sans être lâche il savait quand la partie était perdu. Et ce jour là il l'avait senti. Avant que escorté par ses proches le Roi quitte leur bataillon pour se réfugier. Il l'avait senti la défaite. La lourde et la terrible. Il l'avait senti. Avant même de voir son bataillon. Terrible masses de 8 milles hommes, ravagé par les traits ennemi. Pris de toute part.
Il l'avait senti mais l'avait surtout vu, ce même seigneur qui aujourd'hui se pavanait devant la dépouille d'un homme qui connaissait la valeur des hommes, abandonné les siens. Ordonner d'autres charges, consacré dans le sang la défaite. Pour quelques remugles de gloire obscène. Fat de sa puissance. Impie de son importance risible. Il était temps.
Le carreau glissa dans l'encoche, soigneusement huilée. La crémaillère joua sans bruit. Le levier finit de tendre.
Souffler, inspirer.
Bloquer.
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Duc de Nortmannie, Seigneur de l'Ouest
"Ce qu'avons, Gardons ! "
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Son visage dissimulé par la nuit et une capuche sombre, un homme marchait lentement dans les ruines de ce qui fut l'ancienne capitale de Nortmannie, avant le grand déplacement du domaine vers l'est. La silhouette solitaire, qui tirait son destrier par la bride, semblait chercher un emplacement en particulier. Il s'arrêtait parfois de longues minutes, durant lesquelles il replongeait dans ses souvenirs les plus profondément enfouis ; à chaque fois, un souvenir lui revenait et lui permettait de reprendre son chemin.
Cette mystérieuse marche nocturne, qui semblait celle d'un fantôme, le mena sous les voutes d'une ancienne salle d'audience, déjà à demi recouverte par la végétation. La nature reprenait si vite ce qui était abandonné par l'homme. Le menton droit, l'homme avança solennellement jusqu'au centre de la salle, à quelques mètres de l'emplacement qui accueillait autrefois le grand siège occupé par le suzerain des Nortmannais.
C'était ici, près d'une quinzaine d'années auparavant, qu'il avait été conduit devant le rugueux Bohémont de Painel pour le prendre pour suzerain.
Après de longues minutes de recueillement et de prières, Ferdinand d'Autriche s'inclina bien bas. Puis il remonta en selle et s'enfonça dans la nuit. Quelque part derrière lui, les hommes de Rainer le traquaient encore.
Dernière modification par Ferdinand (Hier 00:14:26)
Ferdinand
Seigneur d'Autriche
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