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#1 2025-11-08 17:08:13

Eudes
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Le Couronnement du Sang et de la Boue

Theuderic : L’Ombre et le Sang

Les Ruelles sans Mère

Abandonné dans les égouts de Norbury, Theuderic grandit entre les rats et les ombres. Les orphelins comme lui ne survivent pas par hasard : ils apprennent à voler avant de marcher, à mentir avant de parler. Sa première mémoire est celle d’une lame frottant contre sa gorge, tenue par un enfant plus grand, plus fort. Il survit. Il apprend. Et il se jure de ne plus jamais être la proie.

Le Mentor aux Doigts d’Argent

À douze ans, il croise la route de Maître Veyne, un ancien mercenaire devenu chef de la guilde des Voiles Noirs. L’homme, à la cicatrice en travers du visage et aux mains toujours gainées de cuir, voit en Theuderic plus qu’un voleur : un esprit vif, une lâcheté calculée, une soif de pouvoir. Sous sa tutelle, Theuderic découvre l’art du chantage, la cartographie des faiblesses humaines, et surtout, la règle d’or de Veyne : « Dans ce monde, on ne trahit que ceux qui nous ont déjà trahis. »
Pendant des années, Theuderic exécute les ordres sans sourciller : il corrompt des gardes, fait disparaître des rivaux, et accumule les secrets comme d’autres thésaurisent l’or.

La Trahison aux Reflets de Lune

Tout bascule lors de la Nuit des Couteaux. Veyne, pressé par le Conseil des Marchands, décide de sacrifier une partie de sa guilde pour apaiser les autorités. Theuderic, chargé de livrer un message scellé, découvre trop tard que le parchemin contient une liste de noms – ceux de ses frères d’armes, promis à la potence. Il tente de prévenir les siens, mais arrive trop tard : les corps pendent déjà aux gibets de la place du Marché, leurs langues arrachées.
Face à Veyne, qui lui tend une bourse en guise de récompense, Theuderic comprend une vérité glaçante : « Dans ce monde, on finit toujours par trahir. Même soi-même. »

La Chute et la Métamorphose

Rongé par la haine, Theuderic organise sa vengeance. Il utilise les secrets accumulés pour faire tomber Veyne, puis rachète la taverne Au Sanglier Noir, un repaire de brigands. Officiellement, il devient un aubergiste. Officieusement, il transforme l’endroit en un carrefour où se croisent anciens criminels et marchands véreux, tous liés par un code : « Ici, on ne trahit pas deux fois. »
Mais la Norbury ne pardonne pas. Chaque nuit, Theuderic entend les murmures des pendus, chaque regard croisé lui rappelle qu’il n’est qu’un traître parmi d’autres.

L’Héritage Empoisonné

Aujourd’hui, on dit que Theuderic a troqué la lame pour le livre de comptes. Pourtant, ceux qui osent fouiller dans son passé disparaissent. Certains chuchotent qu’il a vendu son âme pour survivre. D’autres, qu’il n’a jamais vraiment quitté les égouts.
Lui, ne répond pas. Il sourit, verse à boire, et attend.
Parce que dans la Norbury, l’ombre ne meurt jamais.




**écrit avec l'aide de Mistral AI**


Terre de Norbury

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#2 2025-11-08 17:09:41

Eudes
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Re : Le Couronnement du Sang et de la Boue

La grande salle du Leid, ce soir-là, empestait la sueur, la bière renversée et la cire des torches. Les murs de pierre nue, noirs de suie, semblaient étouffer les murmures de l’assemblée. L’ancien Seigneur, Lord Teowulf, gisait dans ses appartements, fiévreux, le moignon de son bras droit bandé de linges souillés – une blessure de bataille qui l’avait rendu inapte à régner. La Norbury avait besoin d’un nouveau maître. Et pour la première fois depuis des siècles, ce n’était pas un héritier, un noble, ou un guerrier glorieux qui se présentait devant le Leid. C’était un homme sorti des égouts.

Les Marchands et leur Vertu

Maître Hervé lis une missive d’Euric le Marchand, chef de la guilde des marchands, il se leva le premier. Sa robe de laine fine, ses bagues d’argent et son collier de comptes bien alignés le désignaient comme l’homme des chiffres, des contrats, des poids et des mesures. « Mesdames et messieurs du Leid, » commença-t-il, la voix claire mais tendue, « nous sommes ici pour choisir un homme capable de diriger, de protéger, de négocier. Pas un… » Ses yeux se posèrent sur Theuderic, assis parmi les siens, les mains calmes sur la table. « Pas un homme dont le nom est encore murmuré dans les ruelles comme un avertissement. »
Un rire rauque s’éleva du fond de la salle. « Euric, il a jamais eu faim, lui, » lança une voix. « Et toi tu n’a jamais dû choisir entre voler un pain ou voir tes gosses pleurer. »

Theuderic ne broncha pas. Il connaissait cette musique. Les marchands n’aimaient pas les siens. Ils avaient peur de ce qu’ils représentaient : le désordre, la débrouille, la survie à tout prix.

Puis, Maître Hervé, poursuivis. « Theuderic a peut-être… évolué, » concède-t-il, « mais un Seigneur se doit d’être au-dessus de tout soupçon. Comment pouvons-nous lui confier les clés de la seigneurie, à lui qui a passé sa vie à les crocheter ? »
Un silence. Puis, une femme se lève.

Gisèle la Tisserande, les joues creusées par les privations, les doigts noueux. « Et qui donc, Maître Hervé, nous a protégés quand les gardes du vieux Seigneur nous battaient pour un impôt en retard ? Qui a nourri nos enfants quand vos greniers regorgeaient ? Theuderic. Lui. »
Des acclamations montent. « Il nous a donné du travail ! » « Il a fait fermer les cachots de la vieille tour ! » « Il sait ce que c’est, la faim ! »

Theuderic sent le poids du regard de Gisèle. Il sait qu’elle ne l’aime pas. Mais elle le choisit. Parce qu’il est des leurs.


Les Nobles et leurs Masques
Puis, ce fut au tour de Lord Aldric de Valtère de se dresser, sa cape de velours noir effleurant les bancs malpropres. « Le Leid doit choisir avec sagesse, » déclara-t-il, un sourire fin sur les lèvres. « Un Seigneur se doit d’incarner l’honneur, la tradition, la… » Il marqua une pause, jetant un regard en coin vers Theuderic. « Pas un ancien voleur, un trafiquant, un homme dont les mains portent encore l’odeur des bas-fonds. »
Des murmures parcoururent la salle. « Et tes mains, Aldric, elles sentent la rose ? » « C’est pas toi qui profite de nos filles ? »

Theuderic resta silencieux. Il savait que les nobles ne l’accepteraient jamais. Mais il savait aussi qu’ils n’avaient plus le choix. Pas depuis que la révolte des moissoneurs avait failli réduire leurs manoirs en cendres.

Le Leid Parle

Le vote commença. Un à un, les membres du Leid – artisans, anciens serfs, prostituées, contrebandiers, voleurs repentis – déposèrent leur jeton dans l’urne de chêne. Les nobles et les marchands votèrent contre, bien sûr. Mais ils n’étaient qu’une minorité. La majorité, ce étaient ceux qui savaient ce que c’était que de crever de faim, d’être battu par les gardes, d’être oublié de tous.
Quand le dernier jeton tomba, le vieux Tomas, gardien du Leid, renversa l’urne. Les jetons noirs – ceux de Theuderic – déferlèrent sur la table, noircissant le bois comme une marée d’encre.

« Theuderic de Norbury, » annonça-t-il d’une voix rauque, « vous êtes élu Seigneur de ce domaine. »

Un tonnerre d’applaudissements. Des poings frappèrent les tables. « Theuderic ! Theuderic ! »

Le Serment

Theuderic se leva. Il portait une tunique de laine sombre, sans ornement, sans faste. Juste une dague à la ceinture – celle que Veyne lui avait offerte, des années plus tôt.

« Je ne suis pas un saint, » déclara-t-il, la voix calme, portée malgré le tumulte. « Je ne suis pas un noble. Je suis un homme de la Norbury. Comme vous. » Il marqua une pause, balayant la salle du regard. « Je ne vous promets pas la richesse. Je ne vous promets pas la paix. Mais je vous promets ceci : plus jamais, personne ne vous écrasera sans répondre de ses actes. »

Un silence. Puis, un rugissement. « Vive Theuderic !»

Dehors, la pluie commença à tomber sur les toits de la ville. Quelque part, dans les égouts, un rat glapit.

Et dans l’ombre, Lord Aldric serra les poings.


**écrit avec l'aide de Mistral AI**


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#3 2025-12-03 20:01:53

Eudes
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Re : Le Couronnement du Sang et de la Boue

La Nuit des Dents Brisées

La pluie avait lavé les rues, mais pas la puanteur. La Norbury empestait la pourriture, cette odeur douceâtre des récoltes pourries et des corps trop faibles pour se battre. Theuderic, adossé à l’angle d’une ruelle, fixait les entrepôts des marchands. Leurs murs épais, leurs portes cloutées, leurs gardes armés jusqu’aux dents. Derrière ces murs, le grain pourrissait. Devant, les enfants crevaient.

Deyne, à ses côtés, serrait la poignée de son couteau. « On pourrait tous les égorger et en finir, » murmura-t-il, la voix rauque. « Juste une nuit. Juste une fois. » Theuderic ne répondit pas. Il connaissait cette rage. Il l’avait nourrie, année après année, comme un chien affamé. Mais ce soir, ce n’était plus une question de vengeance. C’était une question de survie.

La Garde, ou l’Illusion de l’Ordre

Theuderic avait passé l’après-midi à pourrir les âmes. Un à un, il avait convoqué les gardes – pas ceux qui portaient encore l’écusson du vieux Seigneur, mais les autres. Ceux dont les cicatrices parlaient plus fort que les serments. Ceux qui savaient que la loi, ici, n’avait jamais été qu’un couteau planté dans le dos des faibles.
« Vous avez le choix, » leur avait-il dit, les yeux dans les yeux. « Soit vous mourrez en chiens fidèles, soit vous vivez en loups. » Certains avaient tremblé. D’autres avaient souri, découvrant des dents jaunies par la misère.

Quand la nuit tomba, la garde n’était plus divisée. Elle était à lui.

Le Sang des Marchands

Le signal fut un cri – pas celui d’un hibou, mais celui d’un homme qu’on égorge. Les gardes fidèles tombèrent avant même d’avoir compris. Les entrepôts s’ouvrirent comme des plaies, déversant leur or et leur grain sur le pavé souillé.

Euric le Marchand fut tiré de son lit, les cheveux en bataille, la bouche pleine de menaces. « Vous allez tous pendre pour ça ! » Theuderic le regarda, impassible. « Non, Euric. Toi, tu vas regarder. » Puis il ordonna.

Les sacs furent vidés. Le grain fut chargé sur des charrettes, sous les hurlements des marchands, sous les coups de crosse des gardes ralliés. Un marchand tira une épée. Il s’écroula avant d’avoir fini son geste, la gorge ouverte. « Personne ne meurt, » avait dit Theuderic. « Sauf ceux qui nous forcent à tuer. »

Mais ce soir-là, la mort avait faim.

La Redistribution, ou l’Illusion de la Justice

À l’aube, les charrettes arrivèrent sur la place. Les paysans s’étaient rassemblés, silencieux, les yeux creusés par la faim. Quand les sacs s’ouvrirent, quand le grain se déversa, ce ne furent pas des rires qui montèrent, mais des sanglots. Des mains squelettiques se tendirent. Des mères serraient leurs enfants contre elles, comme si le pain pouvait les protéger de ce qui venait.

Theuderic ne sourit pas. Il ne parla pas. Il savait ce que coûtait ce geste. Euric ne pardonnerait pas. Les nobles non plus.

Et dans l’ombre, Lord Aldric devait déjà rire.

La Réponse de Lord Aldric

Elle vint avant le lever du soleil.
Un cavalier, drapé dans une cape noire, galopa jusqu’à la place. Il jeta quelque chose aux pieds de Theuderic. Une tête. Celle de Gisèle la Tisserande, les yeux grands ouverts, la bouche figée dans un cri muet. « Lord Aldric te salue, » dit le cavalier, la voix glacée. « Il te rappelle que la Norbury a toujours eu des maîtres. Et que les rats, ça se noie. »

Puis il partit, laissant derrière lui le silence.

Theuderic ramassa la tête, les doigts tremblants. Il savait ce que cela signifiait. Ce n’était pas une menace. C’était une déclaration de guerre.
Et cette fois, ce ne serait pas une simple nuit de vol.

Ce serait un bain de sang.

Dernière modification par bosco84 (2025-12-04 21:58:00)


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#4 2025-12-06 22:31:39

Theuderic
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Re : Le Couronnement du Sang et de la Boue

La Nuit des Loups

Theuderic posa la tête de Gisèle sur la table, entre les chandelles qui se consumaient. La cire coulait comme des larmes sur le bois noirci. Autour de lui, ses hommes attendaient, silencieux. Pas de pleurs, pas de cris. Juste cette rage froide, cette certitude que la mort ne serait plus un spectateur, mais une alliée.

« Aldric veut une guerre ? » murmura-t-il, les doigts serrés autour de la dague de Veyne. « Il va l’avoir. »

L’Appel aux Ombres

Les bas-fonds répondirent avant l’aube.

Les voleurs, les contrebandiers, les tueurs à gages – tous ceux que la Norbury avait rejetés, tous ceux qui savaient se battre dans le noir. Ils vinrent, armés de couteaux, de haches rouillées, de chaînes et de haine. « On est avec toi, » gronda Deyne, les yeux injectés de sang. « Pas pour toi. Pour nous. »

Les paysans aussi. Ceux qui, la veille encore, tremblaient devant les gardes. Ceux qui, ce matin-là, serraient des fourches et des bâtons cloutés.
« On crève ou on se bat, » dit un vieux moissonneur, les jointures blanchies sur le manche de sa faux. « On a plus rien à perdre. »

Theuderic les regarda, un à un. « Alors on va leur montrer ce que ça coûte, de nous voler notre vie. »

Le Plan

Pas de bataille rangée. Pas de charge héroïque sous les bannières. Non.

La Norbury allait saigner dans l’ombre.

    • Les marchands, d’abord. Leurs entrepôts, leurs comptoirs, leurs maisons cossues. Tout brûler. Pas un seul sac de grain ne devait rester entre leurs mains. « Ils nous ont affamés ? Qu’ils connaissent la faim. »

    • Les gardes d’Aldric, ensuite. Pas de quartier. Pas de prisonniers. « Ils ont tué Gisèle. Qu’ils paient en sang. »

    • Le manoir d’Aldric, enfin. Pas pour le prendre. Pour l’effacer. « Qu’il comprenne ce que ça fait, de tout perdre. »

La Nuit Tombe

Ils frappèrent à minuit.

Les premiers incendies éclatèrent dans le quartier des marchands. Les cris montèrent, étouffés par le crépitement des flammes. Les hommes d’Aldric accoururent, désorganisés, paniqués. Ils tombèrent dans des embuscades, des ruelles barrées, des pièges tendus avec des cordes et des crochets. « Un pour Gisèle, » chuchotait-on en les égorgeant.

Euric le Marchand fut traîné hors de sa maison en flammes, hurlant, suppliant. Theuderic le regarda droit dans les yeux. « Tu te souviens ? "Pas un homme dont le nom est murmuré comme un avertissement." » Puis il lui trancha la gorge. « Maintenant, le tien le sera. »

Le Manoir

Lord Aldric les attendait.

Pas avec une armée. Avec des mercenaires. Des hommes en armure noire, les visages cachés, les lames longues. « Vous croyez vraiment pouvoir me défier ? » ricana-t-il, debout sur les marches de son manoir, une coupe de vin à la main.

Theuderic ne répondit pas. Il fit un signe.

Les paysans chargèrent en hurlant, leurs outils transformés en armes. Les voleurs escaladèrent les murs, silencieux comme des araignées. Les mercenaires tombèrent sous le nombre, sous la furie, sous cette marée de misère qui n’avait plus rien à perdre.

Aldric recula, le visage soudain blême. « Vous ne savez pas ce que vous faites ! » Il trébucha, tomba. Theuderic s’avança, la dague à la main.
« Si, » dit-il. « On sait. »

La lame entra sous le menton, traversa la langue, ressortit par le palais. Aldric s’effondra, étouffé par son propre sang.

L’Aube Rouge

Quand le soleil se leva, la Norbury était méconnaissable.

Les maisons des marchands n’étaient plus que des squelettes calcinés. Les cadavres des gardes d’Aldric pendaient aux réverbères, les yeux picorés par les corbeaux. Le manoir n’était plus qu’un tas de pierres noires, fumantes.

Les paysans se tenaient sur la place, couverts de suie et de sang, les yeux brillants. « Et maintenant ? » demanda l’un d’eux, la voix rauque.

Theuderic regarda l’horizon. « Maintenant, on attend. »

Car il savait une chose : ce n’était pas une victoire.

C’était un début.

Et la vengeance, comme la faim, ne se rassasie jamais.


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