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Merkor, 12e phase de l'été de l'an XI de l'ère 25
Les neiges éternelles, contrée ancienne à la tradition culinaire si renommée, au passé militaire indéniable. Contrée sauvage, à la beauté impérissable.
Mais également en proie depuis plusieurs années à une crise sans précédent : la succession de dame Aheltessia.
Morte dans des circonstances suspectes, sans désigner de successeur.
Les différentes factions ont vainement revendiqué ce poste, sans succès jusque-là.
Car la direction de ce domaine au passé si riche a toujours été décidée par le conseil, et non par une quelconque succession féodale classique.
Hélas après tout ce temps, le conseil a largement prouvé son incapacité à décider de l’avenir de son domaine.
Et en ce Merkor, l’annonce de la création de la confédération paysanne fait mouche !
« Des paysans ? Pauvres, sales et malodorants, osant prétendre à une tâche qu’ils ne peuvent remplir ? »
Ainsi furent les mots de Gobby, un ivrogne notoire.
Mais si Gobby, dans sa franchise inutile, fut le seul à prononcer ces mots à haute voix, il était loin d’être le seul à les penser.
En ce jour, aux neiges éternelles, trois factions se dressent désormais :
Les nobles, le clergé et la confédération paysanne.
Tous ont revendiqué la direction du domaine, vivifiés par la perte évidente de pouvoir du vieux conseil.
Hélas, aucune de ces factions n’a encore d’avantage net sur les autres.
C’est pourquoi chaque Noble du royaume est en bonne position pour influencer le résultat en se prononçant et en agissant officiellement pour l’un des camps.
Le conflit guette. Se résoudra-t-il militairement ou pacifiquement ? Nul ne le sait.
Les différents partis se préparent.
Si des membres du royaume souhaitent intervenir, ils peuvent se prononcer publiquement en faveur d’un camp et entreprendre une action pour renforcer leur camp.
Les actions sont les suivantes :
— Haranguer les foules, ou énoncer publiquement les raisons qui font du camp choisi le plus logique à des fins de ralliement. (augmente la légitimité du camp)
— Fournir un soutien économique, ou envoyer une somme de ressources, de nourriture, utiles. (renforce la force économique du camp)
— Fournir un soutien militaire, ou envoyer des brutes soutenir la cause en cas de résultat violent possible. (renforce la force militaire du camp)
Comme évoqué ci-haut, la force des trois factions sera représentée sous trois axes :
La légitimité à régner, la force militaire et la capacité économique.
Ces trois critères seront ceux qui décideront du résultat de ce conflit.
Présentation des camps.
La Noblesse.
Les neiges éternelles n’ont que deux familles nobles :
Les Valesni, maison ancestrale des neiges éternelles, démarquée par leurs cheveux blancs et leur passé historique complexe.
Et les Lune de Sang, une maison plus jeune mais à l’origine de la première unification des neiges éternelles.
La noblesse a été tenue loin du pouvoir de longues années par le conseil.
Mais aujourd’hui, les Valesni sont sortis de leur torpeur, prêts à récupérer le domaine.
Force actuelle :
Légitimité :
— Mandat divin (bonus atypique) : Les nobles le sont par la volonté des dieux, c’est connu ; c’est pourquoi il n’existe personne de plus légitime pour régner, que cela soit par la loi divine ou la loi du royaume.
— Passé Royal (bonus fort) : Pas moins de deux Valesni furent couronnées reines d’Okrod, preuve de leur légitimité à régner.
Économique :
— Les caisses sont vides (Malus) : après plusieurs années tenus loin du pouvoir, les caisses des nobles se sont lourdement vidées, aucun cas de dette n’est à signaler, mais la situation reste inquiétante.
Militaire :
— Mémoire de la légion (bonus atypique) : Meylis, Haut Générale de la Légion et guerrière dont la renommée n’est plus à refaire, était issue de la famille Valesni. Cela implique une longue tradition militaire dont tout n’a pas été perdu. À condition d’avoir assez de soldats.
La Confédération Paysanne
Formée par le peuple lui-même, agacé de l’incapacité des pouvoirs standards.
Suite à leurs victoires militaires récentes, les paysans nordiques sont partis de la conclusion que les nobles ne servaient pas leur rôle et que le peuple pouvait se passer d’eux.
La confédération paysanne unit plus de la moitié des villages des neiges éternelles, ils prônent un domaine géré par le peuple dans une égalité parfaite.
Et dans le pâté.
Force actuelle :
Légitimité :
— Le peuple ! (bonus normal) : Le peuple est la base de tout domaine, pays, village ou autre groupe territorial. Qui sommes-nous pour les ignorer ?
Économique :
— Les vastes champs de légumes (bonus fort) : Si les neiges éternelles ont longtemps souffert de famine et pauvreté de par la nature neigeuse de leur contrée, les conquêtes ancestrales de la légion ont vu se transformer la partie Est en une vaste terre agricole fertile, menée d’une main sûre par la paysannerie nordique.
Militaire :
— Repousser le Lys (bonus normal) : De par sa victoire récente contre une invasion, les paysans ont prouvé qu’ils pouvaient tenir sur le champ de bataille.
Le Clergé
Si l’histoire clame qu’il était fortement répandu plusieurs siècles auparavant,
les neiges éternelles suivent une religion atypique qui est désormais peu présentée en dehors de leurs terres.
Les concepts de l’opposition éternelle de Farun et Lakun, de la liberté de l’Aknarum… tout ceci ne représente que du charabia pour les personnes extérieures.
Mais pas pour la région : son peuple est très croyant, et même si les temples ne s’attendent pas à une aide extérieure, ils sont très influents.
Force actuelle :
Légitimité :
— La loi des dieux ! (bonus normal) : Les dieux ont tout créé et dirigent l’infini, s’opposer au clergé serait donc s’opposer aux dieux eux-mêmes !
Économique :
— Temples centenaires (bonus moyen) : Les temples ne sont pas riches comme les adeptes de Podezwa, mais les bâtisses sont plus vieilles que tout homme vivant, et le seront encore après eux.
Militaire :
— Les chevaliers-morts (bonus Fort) : Les chevaliers de Lakiria, déesse de la mort et de la contemplation, sont sans doute la dernière chose que vous souhaitez rencontrer sur un champ de bataille. Caparaçonnés dans leurs armures noires, entraînés depuis la naissance à apporter la bénédiction du trépas, ils constituent l’élite des moines-guerriers nordiques.
— Les adeptes du sang (bonus Fort) : Tout aussi sinistres que leurs ennemis de Lakiria, les clans suivent Arknès, dieu de la lutte et du sang. Bien qu’ils ne soient pas l’élite des guerriers, ils sont persuadés que leur vie sera éternelle et n’hésitent pas à se jeter face au danger dans des situations où nulle personne saine, même les plus braves, ne s’engagerait. Leur inconscience en fait une arme efficace et imprévisible.
— Frères ennemis (malus fort) : Bien que les chevaliers-morts et les adeptes d’Arknès soient ici unis pour la même cause, ils n’en restent pas moins les adeptes de deux divinités farouchement opposées.
Se relever.
encore
et encore
et toujours
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Le prince Kap Hital reçu rapidement l’information de la question de la succession des neiges éternelles.
L’annonce du roi avait probablement provoqué la décision, bien que de nombreux courriers eurent été envoyés au préalable entre ces hauts monts enneigés et les plaines chaudes des Trofs.
Kap Hital accueilli la nouvelle avec intérêt et souhaitait être présent lui même malgré les 12 jours de voyage pour apporter son soutien et surtout des propositions pour que le domaine des Neiges Éternelles retrouve sa gloire d’antan.
Discours de Kap Hital devant la foule des Neiges Éternelles
Citoyens, artisans, paysans, nobles,
Aujourd’hui, votre domaine a montré sa force. Les paysans ont repoussé le Lys, défendu vos terres et protégé le peuple. Vous avez prouvé votre courage et votre dignité. Mais soyons clairs : ce n’est pas passé loin et la situation reste fragile.
Je n’irais pas par quatre chemin, le conseil des Trofs pense que seule une coopération véritable pourra assurer votre prospérité dans plusieurs domaines clés.
C’est pourquoi je me tiens ici, pour soutenir la maison Lune de Sang. Souvenez vous que nos maisons sont liées de la liaison d’Elise Lune de Sang avec Taas Trof. Nos deux domaines associés réunissent nombre de roi et reine d’Okord depuis des générations. Alors aujourd’hui je me tiens ici à vos côtés pour aider à unir la Noblesse et les travailleur. Je veux vous aider à assurer la sécurité de tous le temps qu’il vous faudra pour recouvrer la gloire d’antan.
Mais que cela soit bien compris : aucune Noblesse ne pourra gouverner un domaine fort sans vous, paysans, artisans et marchands. Votre travail, vos champs, vos villages sont le cœur vivant des Neiges Éternelles. Ensemble, nous pouvons construire un domaine où chacun trouve sa place :
La Noblesse apportera la tradition et la protection militaire.
La Confédération Paysanne conservera sa force économique et sa sagesse dans la gestion des villages.
La maison Trof facilitera l’alliance, fournira des ressources, des armes et du conseil pour que tous travaillent main dans la main. Je vais rester plusieurs jours auprès de vous pour connaître vos besoins.
Citoyens des Neiges Éternelles, c’est ensemble que nous serons forts, ensemble que nous assurerons la grandeur de votre domaine, et ensemble que vous défendrez votre héritage pour les générations futures.
Levez-vous ! Que la force, la loyauté et la sagesse guident nos pas !
J’apporte avec moi nombre de victuailles du sud du grand canal. Tout est pour vous.
Je suis accompagné de 5000 chevaliers. Venez observer la qualité de notre équipement.
Que les neiges éternelles brisent la glace et recouvrent leur grloire !
Kap Hital
Prince et régent du domaine Trof
Lignée des Trofs, et autres successeurs
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Le vent hurle entre les montagnes, charriant des flocons si épais qu’ils semblent vouloir étouffer le monde. Depuis trois jours, les éclaireurs de la Confédération paysanne signalent des mouvements étranges dans les forêts : des ombres qui glissent entre les sapins, des feux de camp rapidement éteints, des traces de pas trop lourdes pour des paysans… Mais ce soir, c’est différent.
Un corbeau noir, une patte baguée d’argent, se pose sur l’épaule d’Elric, un vieux paysans, alors qu’il surveille la lisière de la forêt depuis la tour de guet en ruine. Attachée à sa patte, une missive scellée de cire rouge — l’emblème discret de la maison Norbury. Le message est bref, écrit d’une encre qui brille faiblement à la lueur des torches :
« Quand la lune sera voilée par les nuages, cherchez ceux qui marchent sans bruit. »
À minuit, alors que la tempête redouble, les sentinelles aperçoivent enfin une procession silencieuse émerger des bois. Des hommes en cape grise, le visage masqué par des écharpes de laine, tirent des chariots chargés de caisses et de sacs. Ils avancent sans parler, guidés par un homme à cheval, drapé dans une fourrure noire — un petit écuson brodé d’un sanglier noir est cousu sur son surcot. Theuderic en personne ? Peut-être. Ou l’un de ses lieutenants les plus fidèles.
Les chariots sont ouverts : des michetons de pain noir, des barils de viande salée, des outres de vin épicé… et, sous des couvertures de laine, des caisses de haches courtes, de couteaux de jet, et des paquets de flèches aux empennages rouges. Un homme aux yeux clairs, la voix rauque, murmure aux paysans :
« Le Seigneur de la Norbury ne vous oublie pas. Mais ces armes ne portent pas son nom. »
Derrière les chariots, une centaine d’hommes, vêtus comme des chasseurs ou des bûcherons, s’avancent. Leurs mains sont calleuses, leurs regards froids. Mercenaires aguerris, hommes de main rompus aux embuscades… Ils ne portent aucune bannière, mais leurs ceintures sont ornées d’un petit médaillon de bois — un sanglier stylisé, presque invisible sous la neige.
Elric serre le poing. « Ils sont là. Enfin. »
Un des nouveaux venus, un géant barbu, s’approche et lui tend une bourse de cuir. « Pour les forgerons. Et pour ceux qui savent se battre. Le Seigneur dit : “Frappez juste, et que personne ne sache d’où vient le coup.” »
Dans l’ombre, un sourire se dessine sur les lèvres des paysans. La révolte vient de gagner des crocs.
Terre de Norbury
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Les trois visages du chaos
Rainer, Régent-Protecteur d'Autriche — Intervention dans le conflit des Neiges Éternelles
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I. Pour les Nobles — Le prêt sans témoin
La nuit était tombée sur Vienne quand le carrosse discret s'arrêta devant l'hôtel particulier des Valesni. Ni escorte, ni bannière : un homme en manteau gris qui descendit avec une sacoche de cuir.
Le majordome, surpris de recevoir un visiteur si tard, reconnut pourtant le sceau sur le message : l'aigle autrichien. Il ouvrit.
L'homme ne donna pas son nom. Il déposa la sacoche sur la table du salon - elle contenait cinq mille écus d'or, frappés aux armes d'Autriche - et tendit un parchemin au représentant Valesni présent.
« Prêt sans intérêt. Remboursable quand vous aurez gagné. Si vous perdez, considérez cela comme un don posthume. Le Régent-Protecteur apprécie... la tradition militaire. »
Il ne resta pas pour boire le vin qu'on lui offrait. Avant de partir, il se retourna :
« Aucun document officiel ne sera signé. Cette conversation n'a jamais eu lieu. »
La porte se referma. Dans l'ombre, un sourire.
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II. Pour les Paysans — Les armes sans provenance
Les entrepôts du port de Vienne grouillaient d'activité même à l'aube. Parmi les cargaisons de blé et de fourrure, trois chariots bâchés attendaient, gardés par des hommes aux visages durs qui ne portaient aucun insigne.
Un émissaire paysan, convoqué par un message cryptique, arriva méfiant. On le conduisit aux chariots. Sous les bâches, des centaines d'épées, de piques, de cottes de mailles légères. Du matériel de bonne facture, trop bon pour être volé.
Un des gardes - ancien mercenaire à en juger par ses cicatrices - lui tendit un parchemin sans sceau.
« Livraison pour la Confédération. Payée d'avance. Aucun nom sur les armes, aucune marque de forge identifiable. »
Le paysan fronça les sourcils. « Qui envoie ça ? »
Le mercenaire cracha par terre. « Quelqu'un qui aime voir les puissants trembler. Quelqu'un qui se souvient que les nobles ne valent rien quand le peuple se soulève. »
Il lui tendit une bourse. « Pour vos forgerons. Et pour ceux qui savent se battre. »
Les chariots partirent avant le lever du soleil. Personne ne posa de questions.
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III. Pour le Clergé — L'offrande anonyme
Le temple de Lakiria aux Neiges Éternelles était sombre, silencieux, à l'exception du crépitement des torches. Les chevaliers-morts priaient dans leur armure noire, impassibles.
Un jeune moine interrompit la prière. Un coffre venait d'être déposé devant l'entrée. Aucun messager. Juste le coffre, scellé de cire rouge sans armoiries.
Le Grand Maître l'ouvrit. À l'intérieur : deux mille écus d'or, et un parchemin.
« Pour l'entretien des temples et la gloire des dieux. De la part d'un croyant qui préfère l'anonymat. Que Lakiria et Arknès trouvent leur paix dans la victoire commune. »
Le Grand Maître observa l'or. Trop généreux pour un simple croyant.
Il referma le coffre. « Les dieux nous envoient ce dont nous avons besoin. Ne questionnons pas leur providence. »
Mais dans son regard brillait une lueur de méfiance. Quelqu'un jouait un jeu dangereux.
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Rainer, seul dans l'antichambre des anciens archiducs, consultait trois rapports. Trois messagers différents. Les nobles avaient reçu l'or. Les paysans avaient reçu les armes. Le clergé avait reçu les subsides.
Il versa du vin dans une coupe, la leva vers la carte des Neiges Éternelles épinglée au mur.
« Que le meilleur gagne. Ou que personne ne gagne. Les deux me conviennent. »
Il but lentement, savourant le chaos qu'il venait d'ensemencer.
Dehors, la neige tombait sur Vienne. Aux Neiges Éternelles, trois factions venaient de recevoir les moyens de s'entre-tuer plus longtemps.
Et Rainer, Régent-Protecteur d'Autriche, Connétable d'Okord, souriait dans l'ombre de son cabinet.
***
ACTIONS CONCRÈTES
- Soutien à la Noblesse (Valesni) : 5000 écus d'or (prêt sans intérêt) + 50 instructeurs militaires vétérans
- Soutien à la Confédération Paysanne : Armement complet pour 300 combattants (épées, piques, armures légères) + 1000 écus pour les forgerons
- Soutien au Clergé : 2000 écus d'or pour les temples + émissaire religieux autrichien
Objectif : Maintenir l'équilibre entre les trois factions pour entretenir le conflit.
Ferdinand
Seigneur d'Autriche
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Pour Jan de Gwendal, les Neiges Éternelles revetaient une valeur stratégique inestimable. Une porte d'entrée vers le Nord… ou une porte de derrière par laquelle le Nord pourrait s'infiltrer en Okord. Un domaine stable dans cette région frontalière était essentiel à ses projets d'influence sur le Gundor, et en meme temps, c'était un rempart contre le détesté Perdiglas.
Il ne lui fallut pas longtemps pour se décider à s'y rendre lui-meme. En partie pour échapper aux encaisseurs qui le harcelaient depuis quelques lunes, en partie pour trouver un peu de répit face à la chaleur étouffante d'Okord, à laquelle il ne s'était jamais vraiment habitué. Que les brises fraiches du Gundor lui manquaient! Surtout depuis qu'il avait perdu sa jambe: le moignon pitoyable le démangeait terriblement sous cette chaleur.
Il rassembla quelques milliers d'hommes parmi les vétérans les plus chevronnés et se dirigea vers les contrées enneigées. Des dépeches furent rapidement envoyées en éclaireurs pour prendre contact avec les paysans, qui semblaient avoir formé un front uni.
Jan savait ce qu'il fallait faire. N'importe quel fils de meunier pouvait gouverner un domaine, pourvu qu'il soit plus intelligent que son entourage. Son défi serait de trouver parmi les habitants quelqu'un doté d'une étincelle et d'une ambition suffisante pour vouloir le pouvoir. Et de préférence, quelqu'un qui n'ait pas un faible pour le vin et le saucissson. Bon, peut-etre que ça, ce serait trop demander... Mais il restait confiant, et il savait comment motiver les gens.
Dernière modification par Neslepaks (2025-11-18 09:52:31)
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Deux silhouettes sombres se découpaient sur le quai de bois verglacé du port des Neiges Eternelles, enveloppées dans de lourds manteaux qui claquaient au rythme des rafales. À leurs pieds, une volumineuse malle en cuir renforcé de ferrures attendait, couverte d'une fine pellicule de givre. Le plus grand des deux hommes tira une longue bouffée de sa pipe. La fumée âcre s'échappa de ses lèvres gercées et fut immédiatement dispersée par le vent. Il tapota sa pipe contre sa botte et piétina sur place pour ranimer la circulation dans ses jambes engourdies.
Par tous les saints de Podeszwa, Kasimir, je crois bien que mes orteils ont gelé, grogna-t-il.
Son compagnon, un homme plus mince au regard vif, souffla sur ses mains gantées avant de rallumer sa propre pipe.
Au moins, Tomasz, tu as encore des orteils à sentir. Moi, je ne sens plus rien en dessous des genoux depuis qu'on a quitté le navire, répondit-il avec un rire sans joie qui se transforma en quinte de toux.
Tomasz scrutait l'horizon où les premières lueurs de l'aube peinaient à percer l'épaisse couche de nuages. Au loin, la silhouette dentelée des Dents de Givre déchirait le ciel.
Tu te souviens de l'Illyrie ? demanda soudain Kasimir.
Tomasz cracha dans la neige.
Comment l'oublier ? Au moins là-bas, on transpirait sous le soleil au lieu de geler sur un quai pourri. Et la nourriture... par les entrailles de Ciemnota, la nourriture !
Les olives, soupira Kasimir avec un sourire mélancolique. Et ce vin rouge qui réchauffait les tripes mieux qu'aucun feu de cheminée.
Un silence s'installa, rythmé par le crépitement de leurs pipes et le grincement du quai sous l'assaut des vagues glacées.
En Illyrie, au moins, on savait qui était l'ennemi, reprit Kasimir d'un ton plus grave. Une mission claire, un objectif défini. Ici...
Ici, c'est le chaos, compléta Tomasz. J'ai entendu dire que les nobles et le clergé local se disputaient le contrôle de la région.
Sans parler des paysanss locaux qui jouent leur propre partition, ajouta Kasimir. Chacun tire la couverture de son côté.
Tomasz haussa les épaules.
Comme partout ailleurs. Les nobles se battent pour le pouvoir pendant que les paysans crèvent de faim et de froid.
Et le clergé dans tout ça ? s'enquit Tomasz avec cynisme.
Pire encore, répondit Kasimir.
Tomasz émit un sifflement bas.
Le Podreznik doit se retourner dans son reliquaire. Tant de division...
Ce n'est pas tant au nom de Podeszwa qu'au nom de l'or et du pouvoir, corrigea Kasimir avec amertume. Les terres sont pauvres en apparence, mais riches en ressources, en bois précieux, et surtout, de l'or dans les montagnes.
Une rafale particulièrement violente balaya le quai, les enveloppant d'un tourbillon de neige poudreuse.
Combien de temps on va encore attendre cette maudite charrette ? grogna Tomasz.
Le soleil est à peine levé. Dans le Nord, les notions de temps sont... élastiques, philosopha Kasimir.
Le son d'un grincement lointain parvint jusqu'à eux. Au loin, dans la brume matinale, une forme sombre progressait lentement dans leur direction.
Enfin ! s'exclama Tomasz. Voilà notre transport.
Progressivement, les contours se précisèrent : une charrette bâchée tirée par deux chevaux de trait robustes. Un cocher emmitouflé tenait mollement les rênes.
Ce n'est pas trop tôt, marmonna Kasimir en ramassant une extrémité de la malle. Aide-moi avec ce maudit coffre.
Ensemble, ils soulevèrent la lourde malle en grognant. La charrette s'immobilisa à leur hauteur. Le cocher, dont seuls les yeux étaient visibles, les salua d'un grognement et les aida à charger le coffre.
Direction la Cité des Mille Jade ? demanda Kasimir.
Le cocher hocha la tête sans un mot et leur fit signe de grimper.
Tomasz et Kasimir se hissèrent à l'intérieur de la charrette. L'espace empestait le foin humide, mais au moins, il offrait une protection contre le vent glacial.
Eh bien, dit Kasimir en s'installant sur un ballot de paille, en route pour une nouvelle aventure.
Que Podeszwa nous garde, murmura Tomasz en fermant les yeux.
La charrette s'ébranla dans un grincement plaintif, s'éloignant du quai désert. Quelque part au-delà des collines enneigées, les attendait la mystérieuse Cité des Mille Jade et les intrigues qui s'y tramaient.
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
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Dans sa retraite isolée au fond des montagnes de Vivesource , Aguilar lisait le rapport des nouvelles d'Okord qu'un messager lui avait apporté . Un point attira son attention : Le domaine des Neiges Eternelles s'apprêtait à se choisir un nouveau dirigeant pour succéder à feu Dame Aheltessia . Suite à la longue période de vacance du pouvoir que ce domaine subissait , il semblait que plusieurs factions devaient s'affronter pour prendre le pouvoir .
Aguilar fit alors le lien avec cette nouvelle "Confédération Paysanne" qui s'était récemment constituée dans ce domaine , et dont un représentant était venu en SDT se plaindre d'une attaque du seigneur Khil . Aguilar se dit que cette confédération voudrait sans doute se mêler à la lutte pour le pouvoir du domaine et que l'occasion semblait trop belle de soutenir ce mouvement afin de tenter de placer enfin un représentant du peuple à la tête d'un domaine okordien .
Car en effet les évènements provoqués par la "Moisson Libre" qui avaient déstabilisé le royaume , avait beaucoup fait réfléchir Aguilar . Il se demandait si le peuple était effectivement en capacité de diriger un domaine valablement . Il n'était pas loin de le penser , mais les doutes le taraudaient toujours à ce sujet . Si les paysans du nord avaient été capables de s'organiser pour briguer la tête du domaine , on ne pouvait rêver meilleur espoir qu'ils soient aussi capables de le diriger . Il fallait saisir l'occasion de tester la chose .
Et quand bien même cette confédération échouerait à prendre la tête du domaine , Aguilar souhaitait l'aider à être suffisamment forte pour faire entendre la voix du peuple auprès de ses dirigeants . De plus , il souhaitait la voir de plus près , son organisation , son fonctionnement et les hommes qui la composaient , afin de s'en inspirer peut être pour le domaine de Vivesource . Aguilar pensait que l'organisation de son domaine gagnerait à avoir des représentants du peuple clairement identifiés et intégrés aux structures domaniales , à même de faciliter et améliorer ses relations avec son peuple .
Il décida donc de sortir de sa retraite pour se rendre en personne dans les régions glacées du nord okordien afin de tenter d'y rencontrer la Confédération Paysanne et d'éventuellement la soutenir dans son combat pour représenter le peuple des Neiges Eternelles .
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Prêche d’Algalia Ulfarks, Grande-Prêtresse d’Azurei - Altar de la Vengeance - Devant la foule des fidèles d’Yggnir
Le vent hurlait entre les pierres de l’Autel de la Vengeance, soulevant des volutes de neige qui dansaient autour de la silhouette drapée d’Algalia. La Grande-Prêtresse leva son bâton gravé du symbole des Trois Mondes, et la rumeur de la foule se tut d’un même souffle.
Sa voix s’éleva, claire et froide comme un éclat de glace : un timbre façonné par les vents du Nord, taillé par les années de prières et de visions. Elle porta loin, au-delà des premières rangées de fidèles, se réverbérant contre les colonnes de pierre de l’autel comme si les montagnes elles-mêmes répondaient à son appel. Chaque mot qu’elle prononça semblait faire vibrer l’air glacé, comme si l’âme d’Yggnir s’exprimait à travers elle, pure, tranchante, inébranlable. Même les flocons en suspens paraissaient s’immobiliser pour écouter.
« Enfants d’Yggnir, fils et filles des dents de Givre, écoutez la parole que je porte aujourd’hui, car elle n’est pas la mienne elle est celle des dieux, du Panthéon tout entier. »
Un murmure de dévotion parcourut la foule, comme une vague qui se propage lentement sous la glace. Des centaines de fidèles inclinèrent la tête, certains portant la main à leur poitrine, d’autres traçant les runes anciennes dans l’air glacé. Les torches crépitaient, leurs flammes luttant contre le souffle mordant du vent, projetant sur les visages une lueur vacillante où se mêlaient ferveur, crainte et espoir. Les ombres dansaient sur les manteaux de fourrure, s’étirant comme des silhouettes d’esprits anciens venus écouter le sermon. Et dans ce mélange de lumière et d’obscurité, chaque fidèle sentait le poids du moment, comme si le panthéon tout entier retenait son souffle.
« Beaucoup cherchent à nous diviser, à faire croire que les Panthéons des dieux seraient isolés, étrangers, et que nous ne serions que des foi insignifiante parmi d’autres. Mais je vous le dis : nos religions coexistent, nos panthéons se répondent, et nos dogmes partagent des racines plus anciennes que les royaumes eux-mêmes. »
Elle posa la main sur la pierre de l’autel, dont la surface, polie par des siècles d’offrandes, portait encore les veines gelées du marbre azuré. Sous sa paume, la roche était froide comme la nuit sans lune, mais l’on devinait une vibration ancienne, un écho des prières, des sacrifices et des serments que des générations entières avaient gravés dans ce sanctuaire. Quelques fidèles jurèrent avoir vu un frémissement de givre courir sous ses doigts, comme si l’autel lui-même reconnaissait la Grande-Prêtresse et accueillait ses paroles à venir.
« Les Trois Mondes… La réincarnation… Le cycle éternel… Tout cela, nos frères du Nord le connaissent aussi, même s’ils le nomment autrement. »
Algalia se redressa, et son manteau sombre sembla se fondre avec les ombres projetées par les torches. Le tissu, lourd et brodé de runes d’argent, ondulait comme une silhouette vivante, absorbant la lumière plutôt que de la refléter. Dans ce jeu de clair-obscur, on aurait pu croire qu’elle émergeait elle-même du voile nocturne, figure sacrée sculptée par la volonté d’Yggnir. Chaque mouvement révélait un peu plus l’autorité froide et la puissance tranquille qui faisaient d’elle la voix incontestée du panthéon.
« Chez Yggnir, nous ne nions pas l’existence des autres dieux. Nous ne répétons pas les erreurs des suppôts de Podezwa qui, dans leur orgueil stérile, ne voient qu’un seul dieu là où les Trois Mondes en abritent des milliers. Nous, nous reconnaissons tous les panthéons… mais nous distinguons les dieux mous des dieux forts. Et nous choisisont d'honorer les dieux forts ! »
La foule approuva d’un grondement retenu. Ce n’était pas un cri, ni une clameur : plutôt une vibration profonde, instinctive, comme le roulement sourd d’un tonnerre enfoui sous la montagne. Les fidèles échangèrent des regards chargés de ferveur, certains serrant les poings, d’autres touchant leurs amulettes gravées du symbole d’Yggnir, tandis que ce murmure massif prenait corps, annonciateur d’une conviction qui ne demandait qu’à éclater.
« Regardez le culte du Père. marginalisé Alors que pour nos fidéle, il est une incarnation différente d’Yggnir. ou encore , il porte le visage de Waldan. Nos prêtres l’enseignent : là où la foi est forte, les formes divines se répondent. t'elle les différantes facette d'une gemme, Nous n’avons jamais craint d’autres panthéons. »
Elle abaissa lentement son bâton, et le vent sembla s’incliner avec elle. Un souffle descendit des hauteurs, glacial mais docile,
comme si les courants eux-mêmes reconnaissaient l’autorité de la Grande Prêtresse. Les flammes vacillèrent sous cette brise soumise, les bannières d’Azurei se plièrent dans un geste presque rituel, et même la neige suspendit son tourbillon un bref instant, comme retenue par un silence sacré. On aurait dit que tout le sanctuaire venait de faire acte de révérence.
« Car notre véritable ennemi n’est pas dans les temples voisins. Non. Notre ennemi est dans les cultes monothéistes qui veulent réduire le monde à une seule voix. »
Puis elle parla d’une voix plus grave, une profondeur nouvelle s’invitant dans ses mots, comme si une force ancestrale parlait à travers elle. Chaque syllabe vibrait contre les murs de pierre, résonnait sous les voûtes gelées, et les fidèles sentirent la vibration leur descendre jusqu’aux os.
« Les maisons liées à Podezwa arment déjà la noblesse et les paysans des Neige éternelles. Des ressources, des soldats… Certainne Rumeurs évoquent cinq mille chevaliers Trofs déjà avancés sur les Neiges Éternelles. Ils ne viennent pas pour la paix. Ils viennent pour imposer leur dieu unique, en écrasant les dieux Fort. »
Algalia leva alors son bras vers les sommets enneigés, et dans ce geste solennel, elle semblait vouloir toucher le ciel lui-même. Les flocons tourbillonnaient autour de son bras tendu, comme attirés par une force invisible, et la lumière des torches se reflétait sur les cristaux de glace, donnant l’impression que les montagnes tout entières s’inclinaient devant elle. Chaque fidèle sentit alors le poids de la divinité, comme si les dieux eux-mêmes répondaient à son appel depuis les hauteurs glaciales.
« Mais les fidèles des Neige Eternelles ne sont pas seuls !
Lakiria, leur déesse de la Mort, peut être comprise comme une incarnation de Waldan pour certain… comme sa fille.. ou bien ça mére pour d'autre
Arknès, leur dieu du Sang et du Combat, peut être vu comme l'incarnation de Sassinaï. ou bien la aussi sont fils ou sont pére
Ce ne sont pas des étrangers : pour nous, ce sont des dieux forts, des dieux qui marchent dans la même direction que nous ! »
Sa voix devint tranchante comme un glaive de givre, fendant l’air glacial de la caverne comme une lame d’acier pur. Chaque mot s’imprimait dans l’esprit des fidèles, clair, net et implacable,
« Et dès demain, j’enverrai un message aux autres Grandes-Prêtresses. Nous prêcherons l’unité des panthéons. Nous unifierons les voix divines. Et les fidèles d’Yggnir se lèveront, non pour détruire, mais pour défendre ceux qui honorent le cycle, le libre Arbitre, et les Trois Mondes. »
Elle descendit d’un pas du piédestal, lentement, chaque mouvement semblait calculé, mesuré, comme si la terre elle-même la respectait. Les fidèles retenaient leur souffle, les yeux rivés sur sa silhouette qui avançait, les ombres de son manteau dansant sur la pierre glacée, et à chaque pas, la puissance de ses paroles semblait se répandre, irradier jusqu’aux derniers rangs de l’assemblée, faisant vibrer le cœur et l’âme de chacun.
« Transmettez cette parole. Répandez-la dans les villages, dans les montagnes, dans les temples. Qu’aucun fidèle d’Yggnir n’ignore que nos dieux sont alliés, et que notre cause est juste. Que le Givre vous guide, et que les légions d'Ygnnir ce Lèvent pour venir en aide à nos frére. »
Et la foule acclama son nom, un grondement collectif qui montait des rangs comme un tonnerre étouffé sous la neige. Les cris se mêlaient au souffle glacé du vent, résonnant contre les murs de pierre et les piliers de glace de l’Autel de la Vengeance. Les fidèles levaient les bras, brandissant amulettes et bannières, et pour un instant, tout semblait vibrer à l’unisson : la pierre, le vent, le feu des torches, et l’esprit même des dieux. Les paroles d’Algalia Ulfarks se répandait ainsi, gravé dans la mémoire de tous,comme un écho éternel dans le cœur des fidèles.
Dernière modification par arlenus (2025-11-26 01:30:35)
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Aguilar était arrivé assez vite dans les terres du nord , assez peu éloignées de son domaine . Le voyage s'était bien passé . Aguilar avait entendu parler des vastes étendues désertiques qui s'étiraient à l'ouest de la cité des Milles Jades et il était curieux de voir de ses yeux un tel paysage . Il ne fut pas déçu ! Ce désert de cailloux était bien plus vaste qu'il ne l'imaginait , et bien qu'il y fit un froid de chien que le vent rendait potentiellement mortel à cette époque de l'année , il y régnait une lumière intense et l'air y était parfaitement pur et silencieux . Paradoxalement il se dégageait de cette immensité une grande quiétude et une impression vivifiante .
Arrivé en la cité des Milles Jades , Aguilar pu constater une certaine fébrilité dans la ville et un certain désordre , sans doute dû à l'inexistence de patrouilles domaniales , chargées de faire respecter l'ordre , du fait de l'absence de seigneur officiel . Lui et son escorte trouvèrent sans difficulté un logement pour quelques jours dans une auberge assez modeste .
Dès le lendemain de son arrivée , Aguilar pris la plume et rédigea une lettre adressée à la Confédération Paysanne :
"A ces messieurs de la "Confédération Paysanne" des Neiges éternelles ,
je suis Aguilar de Vivesource , seigneur du domaine de Vivesource . J'ai appris que le domaine des Neiges Eternelles s'apprêtait à désigner un nouveau dirigeant à sa tête . Si je suis venu dans votre domaine , c'est d'abord dans le but d'y rencontrer ceux qui constituent votre confédération et pour la découvrir , mais également pour la soutenir au cas où vous projetteriez de placer un représentant du peuple à la tête de votre domaine .
Ma démarche pourra vous surprendre venant d'un noble d'un autre domaine . Pourtant certains d'entre vous connaissent peut être mon soucis du bien être de mon peuple . J'ai en effet été sensible aux aspirations de la "Moisson Libre" et je me suis engagé à défendre pacifiquement l'intérêt du peuple dans le royaume d'Okord . Je pense donc que le moment se présente de mettre en pratique ma conviction et de soutenir votre mouvement pour la défense du peuple .
De plus , je pense que je pourrais peut être m'inspirer de ce que vous faites ici pour mon propre domaine , afin de peut être y créer une représentation populaire intégrée aux structures domaniales et à même de faciliter et améliorer mes relations avec mon peuple .
Pour ces raisons , je vous demande , messieurs , de bien vouloir me permettre de vous rejoindre à Pnoud’Esorhey , ou bien là où il vous conviendra , afin que nous puissions faire connaissance et décider des modalités de mon soutien à votre mouvement . Le messager qui vous a remis ce message attendra votre réponse qu'il me remettra en retour .
Messieurs , je vous salue .
Aguilar de Vivesource" .
Contre l'engagement de remettre quelques pièces à la réception de la réponse , Aguilar confia sa lettre à un messager , avec pour consigne de la remettre en main propre aux représentants des confédérés , puis d'attendre leur réponse afin de la ramener en main propre à Aguilar .
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Voilà bien une saison que l’agitation avait gagné les régions montagneuses nordiques.
L’annonce de la sus-nommée confédération paysanne, l’éveil des forces locales…
Dans cette période de temps, pas moins de huit seigneurs Okordiens s’étaient publiquement engagés envers l’un ou l’autre des camps et avaient fourni leur support !
Faire une liste exhaustive de tous les vas-et-viens ne serait que torture, mais l’on peut noter quelques actions fort ressenties, comme la provocation bien sentie du duc Khil envers la confédération paysanne ou bien un plaidoyer d’une qualité rare de la maison Trof en faveur de la noblesse nordique.
Bien qu’il soit encore impossible de déceler quel rang l’emportera, un œil bien avisé noterait que l’aide reçue par la noblesse semble plus élevée que les autres. Malgré ceci, la confédération paysanne semble avoir légèrement le dessus sur ses comparses nordiques.
Se relever.
encore
et encore
et toujours
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« Mes frères ! Mes sœurs !
Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est par la force des choses, par la difficulté de nos situations !
Trop longtemps avons-nous subi le joug d’une élite décadente ! Trop longtemps avons-nous plié le genou devant les nobles et leur tyrannie !
Je dis ASSEZ !
Qui est le sang des neiges éternelles ? Qui est la force des neiges éternelles ?
C’EST NOUS !
Nous qui nous éreintons quotidiennement, nous mourons sur les champs de bataille pour la gloire d’une poignée d’élite grasse comme un pâté chasseur !
L’heure est venue d’enfin reprendre notre destin en main, de dire non à la tyrannie, non aux profiteurs.
Aujourd’hui nous déciderons de notre avenir !
Un ordre nouveau grandit, et l’opportunité d’en appeler au peuple !
Courez, courez et partagez la nouvelle ! Voyagez par monts et vallées, traversez les toundras et les forêts des neiges éternelles, mes frères et sœurs, et appelez-les.
Les bannis, les mercenaires, les parias, les marchands, les artistes, les artisans…
Tous ! Tous ceux en quête de liberté !
Faites-leur savoir ! Faites-leur savoir que la prospérité passe par la liberté ! »
Le discours résonnait encore dans le village que les paysans brandissaient déjà leurs armes de fortune en hurlant !
Sur l’estrade, Balfe, l’orateur en ce jour et dirigeant temporaire de la confédération, tendait les bras, invitant la cohue à suivre ses paroles.
Et ils les suivirent.
En une poignée d’heures, la foule s’était déversée au-dehors, courant de village en village, de ferme en ferme, de campement en campement.
L’invitation traversa la région comme une marée :
« La puissance du Nord réside dans son peuple ! Et seul lui pourra vous enrichir. »
Et ce message ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Des cavernes les plus reculées aux campements les plus cachés — bandits et marchands, artisans et mercenaires, bardes et malandrins.
Tous, ou presque, jetèrent un œil à la politique de leurs régions.
Se relever.
encore
et encore
et toujours
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Discours de Kap Hital aux peuples des Neiges Éternelles :
Peuple des Neiges Éternelles,
Femmes et hommes du froid, des champs, des forges et des routes,
Siostry Aube-Claire vous a entendu,
Je vous ai entendus.
Et si votre voix a traversé les montagnes, les toundras et les forêts,
ce n’est pas un hasard.
Ce n’est pas une folie.
Ce n’est pas une manipulation.
C’est parce que votre colère est juste.
Vous avez combattu.
Vous avez nourri ces terres quand d’autres les gouvernaient de loin.
Vous avez repoussé le Lys quand nul étendard noble ne flottait sur vos remparts.
Et aujourd’hui, vous dites : « Assez. »
Et vous avez le droit de le dire.
Mais maintenant, écoutez moi non comme noble, mais comme homme venu d’un autre domaine, envoyé par la Siostry Aube-Claire.
Je n’ai ni chaînes ici, ni dettes envers les tyrans que vous dénoncez.
Une révolte peut renverser un trône.
Mais seule une construction peut donner un avenir à vos enfants.
Si aujourd’hui vous brûlez tout,
demain il n’y aura plus que des cendres à partager entre frères.
Je ne suis pas venu vous demander de vous taire. Je suis venu vous dire ceci :
Le peuple doit entrer dans le pouvoir. Pas rester devant ses portes.
Aujourd’hui, je vous propose trois choses. Pas des promesses. Des actes.
D’abord : une trêve sacrée.
Pas pour étouffer votre voix.
Mais pour empêcher qu’on fasse du sang un argument politique.
Le domaine Trof se porte garant :
aucune répression, aucune arrestation, aucun écrasement pendant les négociations.
Ensuite : la preuve par le travail.
Dès maintenant :
- de la pierre pour bâtir,
- des outils pour travailler,
- de l’or pour payer les mains qui façonnent l’avenir.
Un chantier ouvert, commun, visible.
Pas demain.
Maintenant.
Enfin : la sécurité du peuple.
Si un ennemi extérieur ose profiter de vos divisions, les soldats du Trof se lèveront à vos côtés.
Pas pour vous surveiller, pour vous protéger.
Mais je vais dire une chose clairement, ici, devant tous :
Plus jamais un domaine ne sera fort
si les paysans n’ont que la faim,
les artisans que la poussière,
et les marchands que la peur.
Et plus jamais le peuple ne sera écrasé
par une noblesse qui ne produit que pour elle-même.
Un nouvel ordre ne naîtra pas de la haine seule. Il naîtra de l’équilibre.
Peuple des Neiges Éternelles,
Ne laissez personne vous voler votre victoire par la guerre civile.
Ne laissez personne transformer votre dignité en bain de sang.
Aujourd’hui, je ne vous demande pas d’obéir. Je vous demande d’oser gagner autrement.
Par la parole.
Par la table ouverte.
Par la pierre posée.
Par la lame gardée au fourreau.
Et si, après cela, on vous trahit…
Alors même moi, Kap Hital, envoyé de Siostry Aube-Claire, je marcherai à vos côtés.
Lignée des Trofs, et autres successeurs
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