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La côte apparaissait maintenant nettement dans le petit jour.
Le capitaine avait voulu appareillé la veille au soir et faire la traversée depuis le fort de l'Oeil de nuit. Le ciel dégagé de ces derniers jours favorisant trop la visibilité. Il était dangereux de voyager en plein jours avec tout ces pirates présents dans les eaux Okordiennes. Cela faisait bien les affaires de Bellatrix. Le poupon officier du guet d'Adeos n'avait pas l'habitude des voyages en mer et la première traversée à suivre le roi Nuada durant sa chasse aux pirates avait été un calvaire. Quand un marin l'avait informé des intentions du capitaine il n'avait pu contenir un soupir de contentement. Le petit cogge était pourvu de quelques cabines et Bellatrix avait pu s'en octroyer une avec le grand Collotrix. L'aventurier veillant souvent fort tard pour discuter avec un marin ou un homme de main de Stragga cela permettrait à Bellatrix de s'installer confortablement avec le seau qui ne le quittait plus. Il avait pu s'endormir rapidement à peine réveillé par l'entrée discrète de son compagnon et ses ronflements qui s'installèrent rapidement dans la pièce humide et froide. Ni les cahots des vagues ni le bruit de l'eau contre la coque ne génère l'officier. Seule une forte envie d'uriner le réveilla dans la nuit. N'osant sortir sur le pont, le douloureux souvenir de ses heures accroché aux bastingages à vider son malheureux estomac pourtant déjà aussi vide qu'une bourse de paysan, Bellatrix saisit fermement son seau qui n'avait pas encore servi aujourd'hui pour soulager cette inconfortable envie. Il faudrait juste tenir fermement le seau le reste de la nuit se dit-il.
Après une nuit au final plus apaisée qu'il ne l'avait craint Bellatrix c'était résolu à monter sur le pont prendre l'air. L'air en bas était devenu irrespirable. Sur le petit château trônant à l'arrière de l'esquif le capitaine n'avait pas dormi et scrutait l'horizon à proximité du marin tenant la barre. Ses vêtements ternes ne le distinguait pas des autres membres d'équipage et seul son âge tranchait avec ses matelots. Bellatrix posa les mains sur les rampes encadrants l'escalier d'accès à la plateforme surplombant le pont afin de ne pas glisser. Le roulis du navire lui avait déjà joué quelques mauvais tours et il ne voulait pas que sa mission s'achève au fond du Canal avant d'avoir même commencé. Le capitaine l'observa monter piteusement les marchés unes à unes avec un petit sourire en coin. On aurait dit qu'observer ses passagers les moins à l'aise sur un bateau était sa distraction favorite et il ne manquait jamais une occasion d'observer Bellatrix se mouvoir depuis qu'il avait quitté le continent lors du premier voyage.
Derrière lui un pas énergique s'engageait également dans l'escalier. Bellatrix n'osa pas se retourner et préféra finir son ascension les mains fermement attachée aux pièces de bois servant de garde-corps. La présence derrière lui ne dit mot mais le lourd Adeosien sentait qu'il s'agissait du chef de la délégation de Straga. L'Illyrien avait semble-t-il un tempérament bien trempé, c'est tout du moins le sentiment que Bellatrix avait eu lorsqu'ils s'étaient croisés à la réunion préparatoire de la mission s'étant déroulées au fort de l'Oeil. L'homme prénommé Ricordano par le capitaine de l'esquif n'avait dit un mot durant cette entrevue mais tout chez lui transpirait l'énergie voire l'impatience. Cette impatience Bellatrix la ressentait maintenant derrière lui. Chaque marche imprimait le caractère du sicaire, chacun des soupirs exaspéré qu'entendait derrière lui Bellatrix portait la signature de Ricordano et le placide homme du nord s'amusait à ralentir l'allure de ses pas appuyant chacun d'eux au rythme des vagues qui ballotait la coque de noix.
Arrivés en haut le capitaine qui n'avait rien manqué de ce jeu s'adressa à eux.
Bonjour mes seigneurs, les dieux nous sourit. Nous sommes en vue des côtes et pas une voile à l'horizon. Les eaux étant dangereuse nous ne pourrons pas restés mouiller l'ancre ici. Nous appareillerons immédiatement après vous avoir déposé pour rejoindre le fort. L'escadre du seigneur Belisario quand à elle devrait arriver ici ce soir ou dans la nuit. Pour votre retour nous suivrons les instructions données par le seigneur Nuada en se rejoignant à Camporiago. Nous vous attendrons là bas. Pour le débarquement l'annexe du navire me semble trop petite pour votre groupe et je dois garder deux marins pour la ramener depuis la terre jusqu'au navire. Vous pourrez embarquer à cinq et nous ferons un second voyage.
Alors que Ricordano allait prendre la parole Bellatrix le coupa.
Je propose de monter dans la barque avec deux hommes et laisser les deux autres places à notre amis et à un de ses compères. Collotrix si tu n'y vois pas d'inconvénients je te propose de superviser la seconde traversé accompagné d'Olidurix et des compagnons de Ricordano.
L'aventurier acquiesca du chef et le capitaine clôtura avant que l'homme de main n'eut le temps d'émettre un son à son grand désarroi.
L'idée ne semblait pas plaire au fougueux Illyrien mais en infériorité numérique face aux hommes de Nuada il ne pouvait finalement pas peser bien lourd face à l'entente des trois hommes. Visiblement frustré de devoir se plier au bon vouloir de ses hôtes le spadassin tourna les talons en maugréant un peu sonné d'avoir été à ce point écarté de toute prise de décision, balloté au bon vouloir du capitaine et de Bellatrix comme le navire sur lequel ils se trouvaient au milieu des vagues et des vents dominants.
La coque de noix affala enfin les voiles et largua ses ancres pour immobiliser tant bien que mal le navire le temps du transfert de ses passagers vers l'annexe. Bellatrix ne sachant pas nager vécu un des moments les plus éprouvant de sa vie. Agripper à un échelle de cordes glissant le long de la coque, la descente le long de la paroi fut un calvaire. Sous le regard goguenard des marins Bellatrix fouillait le vide de son pied pour trouver un à un les barreaux de bois vermoulu de l'échelle. Chacun de ses mouvements était synonyme de frayeur. A mainte reprise il crût finir dans le bouillon noir des abysses hurlant de façon inintelligible quelques mots rageurs, l'échelle quand à elle prenant un malin plaisir à s'échapper sous ses orteils pour le jeter en pâture aux eaux glacées du Canal.
La main d'un marin guidant ses pieds puis saisissant sa ceinture pour mieux le guider vers la barques durant le transfert furent un moment de réconfort inouï et Bellatrix du se contenir de pas prendre l'hirsute gabier dans ses bras dès lors qu'il était enfin arrivé dans la frêle coque de noix. Chacun de ses mouvements faisant tanguer la chaloupe Bellatrix allait rapidement et sans même qu'on lui demande s'asseoir sur un des bancs opposé au navire pour faire contrepoids avec l'homme qui s'apprêtait à accueillir un Ricordano plus athlétique et plus leste. Bien que plus à son aise dans cet exercice d'équilibriste, Ricordano perdit vite se sa superbe une fois sur le canot chahuté par les flots et maintenu tant bien que mal le long du navire par le second matelot.
Une fois les cinq passagers à bord de la coque de noix les deux marins s'activèrent pour lutter contre les courants et l'amener sur la rive.
Dès qu'il le pu l'homme se trouvant à la proue se jeta dans l'eau avec un bout à la main. Tractant l'embarcation il fut rapidement assisté par les deux marins qui tirèrent à leurs tour la carcasse en bois sur le sable.
Une fois sur la plage les cinq passagers se mirent à l'abri du vent et des embruns. Alors que les matins entamèrent leurs second aller-retour pour récupérer le reste du groupe.
Ricordano et son compagnon ne semblaient pas enclin à se mélanger aux autres parlant entre eux à voix basse. Quand le groupe fut au complet Bellatrix entama un exposé sur le but de la mission l'itinéraire qu'ils allaient emprunter et les consignes de sécurité mais cela ne semblait pas intéressé les Illyriens qui tournèrent les talons sans un mot et s'éloignèrent rapidement du groupe attaquant sans attendre les flancs de la chaîne de montagnes où se trouvait fort Grials.
Hors ligne
Drapé dans son long manteau rouge bordeaux, Belisario Straga marchait de grandes enjambées avec une vivacité qui détrompait ses cheveux blanc neige, un mouchoir collé au visage pour diminuer l’odeur pestilentielle.
Tout en évitant de piétiner les cadavres sur son chemin, le sénateur enrageait. Une fois de plus, l’Illyrie avait produit ce qu’elle savait faire de mieux : une défaite spectaculaire. Avec panache, mais une défaite malgré tout.
Pis encore : à cette défaite illyrienne s’était ajoutée celle okordienne. Des escarmouches entre l’ost royal du roi Nuada et les envahisseurs avaient laissé leurs lots de corps raidis devant les murs de la forteresse décrépite. Belisario s’était hâté de traverser la plaine couverte de cadavres putréfiés. Personne n’avait pris la peine d’enterrer les cadavres. La garde du sénateur n’avait dérangé que les charognards et les pillards.
Le vieux politicien ne fuyait pas seulement l’odeur. Il marchait en espérant distancer la prochaine crise politique qui s’apprêtait à secouer l’éternelle poudrière illyrienne. La politique okordienne s’était invité au jeu d’influence de la province. Depuis l’échec de l’ost royal de Nuada devant Fort-Grials, qui lui avait coûté son trône, puis la fragile et troublante trêve instaurée par son successeur, Mérovée de Vaux, et la chancelière Rose de Charmelune, Belisario se trouvait sur la sellette.
Avec Foca Lambizo toujours introuvable, le sénateur avait été propulsé comme Représentant par intérim de l’Union. Un rôle sans légitimité tant que le sort de Lambizo n’était pas fixé, et guère accepté par les grandes villes du pays. Lorsque l’un de ses rivaux (Belisario ne savait dire lequel, il s’en était tellement fait au cours de sa carrière) avait fait fuiter les rapports indiquant que les Moissonneurs avaient abandonné Fort-Grials depuis des jours, la situation était devenue tout à fait intenable au Sénat de Camporiago. La forteresse devait être reprise, et l’Union n’avait plus d’excuse pour ne pas agir si le royaume d’Okord s’y refusait.
Ses phalangistes camporiens quadrillaient la zone autour de lui, s’assurant qu’aucune mauvaise surprise ne rôdait encore dans les environs. La milice mobilisée en urgence à travers l’Illyrie pour reprendre Fort-Grials écumait à présent la forteresse en ruines.
La manœuvre avait fait partie d’un risque calculé par le sénateur. Conscient qu’il violait la trêve des Moissonneurs, Belisario avait officiellement désigné les assaillants comme des patriotes irréguliers, pétris de bonnes intentions, mais autonomes et réfractaires aux ordres de l’Union. Les troupes étaient suffisamment bariolées pour donner crédit à ce récit, mais la présence de la quasi-totalité des grandes pontes de la scène politique illyrienne le contredisait directement.
Dans ses activités politiques, Belisario Straga n’avait jamais aimé la lumière. Elle attire l’œil et l’attention, expose vos vulnérabilités, vous signale à vos adversaires. Straga n’était pas devenu un vieux sénateur en jouant le téméraire.
Nous jouons un jeu bien dangereux, songea-t-il. Il serra les dents et continua.
Le bastion était devenu le cauchemar d’un boucher-charcutier dément. Chaque coursive, muret et pièce de la colossale structure contenait son lot d’horreur. Aucune pitié n’avait été donnée, et aucune n’avait été reçue. Ce qu’il s’était passé entre ces murs, l’armée de renforts tentait encore de le restituer.
Belisario parcourut un rempart au sol tapissé de cadavres criblés de flèches, descendit un escalier en colimaçon tant bien que mal, malgré les corps des défenseurs encore figés là où ceux-ci avaient tentés d’arrêter leurs agresseurs, puis déboula dans une petite cour où des phalangistes avaient tenté d’interrompre avec un succès mitigé une charge de cavalerie.
L’un de ses hommes de main, Pandolfuccio, l’attendait devant une petite porte taillée dans le rempart. Ce dernier faisait partie des cinq illyriens ayant accompagné les enquêteurs royaux, envoyés sous l’ordre de Nuada, avant que les illyriens ne les sèment aux abords de Fort Grials.
Belisario rechigna un instant face à l’odeur douçâtre de la mort qui se dégageait de l’entrée, puis s’engouffra dans l’obscurité.
À peine trois mètres plus loin, ce qu’il prenait pour un cadavre s’agita faiblement, poussant une plainte mutique.
Atterré, Belisario observa l’homme. Sa tenue était déchirée, et sa saleté repoussante. Il avait perdu son bras armé. Une plaie purulente parcourait son visage, de l’oreille gauche à la commissure des lèvres, et une demi-douzaine de lésions tailladait son torse et ses membres.
Ce qu’il y avait de plus surprenant dans cette situation était que Foca Lambizo était encore vivant malgré ses blessures. Belisario ne savait si des illyriens avaient tenté, avec trop de succès, de le cacher dans le fort, ou s’il avait été capturé puis abandonné par les Moissonneurs.
Ricordano, un autre garde du corps personnel du clan Straga, s’interposa entre le sénateur et la clarté éblouissante de l’extérieur, avant de le rejoindre.
Belisario se tourna vers lui.
- « Quelqu’un d’autre sait qu’il se trouve ici ?
- Négatif, Votre Excellence, » répondit l’ex-phalangiste. « Nous l’avons trouvé seul, et avons écarté les indiscrets qui auraient voulu entrer dans la pièce avant vous.
- Les enquêteurs royaux… ?
- Ne sont au courant de rien.
- Excellent travail à tous les deux, » murmura le Podestat.
Le patrice Straga se retourna vers la loque humaine qui avait été autrefois l’un des sénateurs les plus ambitieux de la République de Camporiago, avant d’en devenir son Podestat, puis de devenir par un coup du destin le Représentant de l’Union Illyrienne. Aujourd’hui, il comatait à ses pieds, en proie à des délires fiévreux, à peine conscient de ce qui l’entourait.
Belisario s’agenouilla près de lui.
- « Foca, Foca… Vous avez toujours été trop gourmand pour votre bien. Mener vous-même vos hommes au combat a été une décision brave. Mais les hommes braves meurent. » Le vieux sénateur observa l’homme blessé gravement. Rien n’indiquait dans son regard vide qu’il comprenait, ou même entendait ce qu’il disait.
Belisario soupira lourdement avant de tendre la main vers son homme de main.
- « Ricordano, poignard. »
Sans hésitation, le spadassin dégaina sa dague, une lame de bonne qualité, mais sans fioriture qui aurait entachée sa fonctionnalité, et la tendit, pommeau en avant, dans la main couverte de tâches de vieillesse de Belisario.
Le nouvel homme fort de Camporiago plaça la dague juste en dessous du cœur de Foca, avant de l’enfoncer d’un geste ferme. Le mourant expira un souffle dont l’haleine chargé atteignit Belisario, avant de s’immobiliser. Celui-ci extirpa la dague, avant de la rendre à son homme de main. La nouvelle blessure saignait à peine, tant l’organisme de son hôte avait été mis à rude épreuve au cours des derniers jours.
- « Jetez un voile sur son corps avant de l’évacuer. Que personne ne puisse observer directement le cadavre. »
Ricordano hocha la tête avant de se mettre en quête d’un drap.
Après s’être péniblement redressé, Belisario quitta la pièce, retrouvant l’air pur et la luminosité de l’extérieur. Il inspira profondément, puis se tourna vers Pandolfuccio.
- « Vous pouvez annoncer que l’on a retrouvé le Représentant, » déclara-t-il assez fort pour être entendu par la troupe de phalangistes disséminée dans la cour. « Il a été capturé, et est mort sous les sévices des pirates. Je n’ose exposer son corps à la vue de tous. » Il serra les poings et ses traits se tordirent d’une rage tout à fait convaincante pour ses observateurs. « Des animaux n’auraient pas fait ça. Les responsables de cette atrocité n’ont rien d’humain. »
Dans leur rigueur toute militaire, les phalangistes restèrent de marbre, bien que le regard de certains se firent glacial en apprenant le sort de Lambizo.
Il ne fallut pas plus d’un quart d’heure pour dénicher un drap et une litière, mais il en fallut encore moins pour que la nouvelle ne circule à travers la forteresse. Ricordano et une petite troupe de sicaires venaient de sortir, portant le corps drapé de Lambizo sur un brancard lorsqu’arriva un groupe, composé des enquêteurs royaux et d’une bonne partie des légats, gouverneurs et grands seigneurs d’Illyrie.
Le seigneur Sanriago, gouverneur de Velatio, avait apparemment pris le groupe en main. Il s’avança et se planta fermement devant Straga, le dominant d’au moins une tête et demi.
- « Nous voulons voir le corps. »
Le cœur de Straga se serra, mais le sénateur n’était en politique depuis plus de cinquante ans pour se faire avoir comme un amateur. Son visage arbora une moue attristée, tandis qu’il pointa lentement, comme douloureusement, le doigt en direction du corps drapé.
Soulevant le drap, Sanriago inspecta sans concession le cadavre, rapidement rejoint par ses compagnons. Son regard s’attarda brièvement sur la plaie au niveau du cœur, mais il ne dit rien. Ses yeux n’étaient pas moins durs lorsqu’il les reporta sur Belisario.
- « C’est donc vrai. Notre Représentant agonisait dans une pièce obscure pendant que le royaume négociait avec ses tortionnaires. »
Des grognements et exclamations féroces autour du gouverneur appuyèrent ses propos. Les enquêteurs royaux se lancèrent des regards gênés devant ces reproches à peine voilées envers la Couronne.
- « Les okordiens devront rendre des comptes. Mais avant toute-
- "Les okordiens" ? N’en faîtes-vous pas partie ? » l’interrompit l’un des enquêteurs royaux, d’un ton acide.
- Vous êtes en Illyrie, dans une forteresse où des illyriens sont morts pour défendre le royaume, et que des illyriens ont repris là où la Couronne a échoué ou refusé d’essayer. » Sanriago se détourna sèchement de l’enquêteur, regardant de nouveau Straga. « Mais avant de mettre la Couronne face à ses responsabilités, nous devons élire un nouveau Représentant.
- Élire ? » s’étrangla Straga. « J’ai été choisit comme Podestat et remplaçant du Représentant Lambizo !
- Par le Sénat de Camporiago, et remplaçant à titre temporaire. Vous semblez avoir oublié cette partie-ci.
- Vous outrepassez vos droits, gouverneur.
- Dans ce cas, je ne suis pas le seul. Sénateur. »
Après un rigide hochement de tête, Sanriago se dirigea vers la sortie, suivit d’une bonne partie des dignitaires illyriens.
Podeszwa, ils veulent vraiment en venir aux mains avec Okord. Si Sanriago est élu, l’Illyrie sera piétiné jusqu’à devenir une note de bas de page des livres d’histoire.
L’espace d’un instant, Straga envisagea la puérile action d’ordonner à ses phalangistes de l’exécuter, lui et sa clique, pour l’écarter aussi vite. Il lui fallait être plus subtil. Plus patient.
Un peu plus loin, Ricordano discuta brièvement avec un page, avant de se diriger vers Belisario, un parchemin à la main. Le cire du roi Mérovée était visible sur la lettre.
- « Votre Excellence, le roi convoque les États Généraux en Charmelune. »
Les yeux du sénateur s’agrandirent tandis que les idées tombaient les unes après les autres dans le cerveau du vieil animal politique qu’était Belisario.
- « Bien. Tu iras. Je te donnerai ton discours. Et va me chercher Pandolfuccio, j’ai une mission pour lui. »
Il existait peut-être un chemin pour rester au pouvoir tout en évitant un bain de sang généralisé. Un chemin fort escarpé…
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