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#1 2025-01-04 21:03:40

Merrilin
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La saga de Larnillis - Au nom de l'honneur

Préambule

Voici le premier récit de la Saga de Larnillis. Il s'agit d'une histoire en plusieurs parties, qui sera un rp à la fois individuel et collectif.
C'est un projet assez conséquent, et les textes ne seront pas forcément postés à la date précise des événements pour des raisons logistiques.
Je suis ouvert à toute collaboration si vous souhaitez intervenir dans ce rp. N'hésitez pas à me mp pour faire un peu d'écriture commune via doc ou éventuellement chat.

Deux écrits vous permettront d'avoir du contexte pour cette histoire :

Quand la brise souffle, les étendards se gonflent
https://www.okord.com/forum.html#viewtopic.php?id=6253
Chef de guerre (rp du duel contre Déomul)
https://www.okord.com/forum.html#viewto … ?pid=59795

Bonne lecture smile


Partie 1 - Déchéance et Ascension


5e-I-25


A l’ombre vascillante d’une unique bougie à demi consumée, une forme siffla dans la pénombre avant de s’abattre dans un claquement sonore.

– Seigneur du chaos, pardonnez ma faiblesse.

Le regard résolu, mais voilé, Randar de Larnillis abattit à nouveau le fouet sur son épaule ensanglantée.

– Compagnon du sang, pardonnez ma lâcheté.

Face au comte, la grande statue de Sassinaï semblait jeter sur lui un regard de dédain.

– Seigneur du chaos, pardonnez ma déchéance.

Aucun autre bruit ne survenait dans le cercle des Guerriers. Depuis que Randar séjournait au Saint siège, tous les visiteurs prenaient soin de quitter la salle quand il y pénétrait, armé de son seul fouet.

– Compagnon du sang, pardonnez ma défaite.

Parmi les cinq cercles auxquels il pouvait accéder, il avait choisi celui-ci pour sa pénitence. Pour cause, des fresques de batailles, des armes légendaires et des reliques militaires arboraient chaque mur, chaque piédestal. Et puis c’était un des deux cercles munis d’une statue gigantesque de Sassinaï, l’autre se trouvant dans la Chambre des Sept.

L’Avatar du Sang releva le fouet, puis soupira et laissa tomber son bras. Il se releva péniblement. Ses genoux le faisaient souffrir après une demi-journée dans cette position, et il ne sentait plus ses épaules le long desquelles un flot de sang a demi coagulé coulait. Il déposa un linge humide sur les blessures en grimaçant et enfila une tunique blanche.

Chacun de ses gestes était emprunt d’une certaine lenteur, une lassitude comme s’il s’était abandonné à une morne existence de douleur et sans but.
Pourtant, le comte en possédait un. De temps à autre, on pouvait surprendre une flamme dans son regard, quand il lui revenait en tête. Il était conscient que son séjour dans le Saint siège n’était que temporaire, et qu’un jour il lui faudrait revenir auprès de sa sœur, reprendre la tête de ses armées et repartir au combat en l’honneur de Sassinaï afin de vivre dans l’honneur de nouveau.

Et Géorgeain, comment se débrouillait-il ? Voilà un an que Randar s’était exilé, et l’armée des Larnillis n’avait pas combattu depuis sa terrible défaite. Et aujourd’hui, son ancien page, trouillard et pour qui l’art martial avait tout d’inconnu, livrait sa première bataille face à un marquis.

Dans son exil, Randar recevait fréquemment des missives le mettant au fait des nouvelles. Ainsi, il avait appris le départ de Merrilin en Déomul avec la délégation pour calmer les ardeurs du général occidental. Voici près d’un an qu’elle était partie également, ce qui signifiait que la marche, non… le comté de Fedenrir n’avait personne à sa tête depuis une telle période. Voilà qui rajoutait à son déshonneur. Mais tant qu’il n’avait achevé sa pénitence, l’Avatar du Sang ne pouvait sortir. Il ne devait sa condition à personne d’autre que lui-même, se jugeant toujours déshonoré de la défaite qu’il a valu au royaume, à son ami et suzerain Denryl, désormais privé de la couronne qui lui revenait. Cette défaite qu’il a infligé à sa sœur et à leur nom, à ses sujets et à lui-même : Il se trouvait à mille lieues de voir Yggnir arpenter le champ de bataille.

Alors qu’il rejoignait la Chambre des Sept pour étudier les ouvrages militaires, le comte murmura avec amertume.

– Avatar du Sang, quelle pitoyable blague.

Il laissa le fouet s’égoutter au-dessus d’un seau d’eau et se laissa tomber sur un siège face à une grande table. Le faste de la salle ne l’émouvait plus tellement. Pourtant, n’importe quelle âme s’ébaubirait face à un tel spectacle. A cette heure, seules cinq personnes dans le royaume pouvaient accéder à la Chambre. Elles seules pouvaient profiter de l’atmosphère majestueuse de l’endroit, des immenses statues décorées avec faste, des reliques les plus antiques que l’Ordre n’ait retrouvé. Les immenses colonnes rouges elles-mêmes étaient sculpté avec méticulosité. Et que dire des époustouflantes fresques au plafond représentant les plus épiques des batailles, réalisées par les artistes les plus talentueux qu’on ait trouvé ?

Pourtant, tout ce décor ne faisait plus ni chaud ni froid à Randar. Même la richesse de la table sur laquelle il étudiait le laissait de marbre. Il se contenta simplement de s’emparer d’un ouvrage, De l’embuscade en terrain marécageux, par Louys de Talor et retrouva la page qu’il recherchait.


*


– Archers ! Tirez ! s’époumonna le jeune Géorgeain.

La salve de flèche fit mouche et décima tout un escadron de lanciers qui couraient dans leur direction. Le combat se déroulait bien, jusqu’à présent. Les troupes du marquis Nogan accouraient vers l’exploitation, mais leurs pertes se faisaient nombreuses, tandis que les défenses érigées par le capitaine tenaient bon. Le général en herbe, dont le trajet solitaire avait tourné à l’épopée à cause de son orientation désastreuse, avait manqué le début de l’affrontement. Il avait tout de suite rejoint un régiment à distance en attendant le moment propice pour la charge.

Le sang battait dans ses veines avec ardeur, et il s’efforçait de ne pas trembler en commandant les troupes. Tout le monde sur le champ de bataille jetait sur lui un air au mieux blasé, au pire condescendant voire insultant. Qu’il était dur de prendre la relève de son seigneur. L’armée des Larnillis était restée oisive un an durant. En l’absence de dame Merrilin, le conseil avait refusé toute provocation militaire et repoussé le combat autant que faire se pouvait.

Personne ici n’avait confiance en lui, et lui le premier. Pourtant, la bataille s’amorçait bien. Ses intuitions se révélaient toutes justes, et ils possédaient la faveur d’Yggnir. Mais un seul faux pas, et son destin serait bien pire que celui du seigneur Randar. Il avait participé à l’ultime défaite du comte alors marquis, et savait que l’issue d’un affrontement pouvait se jouer à rien.

– Général ! Un détachement de cavaliers arrive par le Nord, et un autre de chevaliers fond droit sur nous.

L’ancien page réfléchit quelques secondes en se remémorant les leçons de cet aigri de vieux Priam le Pétou.

– Faites avancer notre cavalerie de soutien, ainsi que la troupe de lancier. Nous allons passer juste derrière eux et changer notre angle de tir vers les arbalétriers qui approchent au Sud.

– Général ! Nos éclaireurs nous annoncent une sortie massive des archers ennemis.

– Où sont-ils ?

– Pour l’instant, à l’arrière du campement, mais nous ne pouvons prévoir leurs mouvements. Une seule salve de leur part et il ne resterait rien de notre unité, vous devez vous replier au campement.

Géorgeain se mordit la joue. Cette option lui inspirait une certaine tentation, en effet. Mais il ne pouvait se comporter comme un lâche.

– Mon rôle est d’être en première ligne pour soutenir les troupes, et d’attendre la charge.

L’officier le regarda avec de grands yeux médusés, puis repartit en marmonnant.

– Il s’est pris pour le seigneur de Larnillis ce taré. Il va se faire planter avant même de comprendre c’qui lui arrive. Tout juste s’il aura l’temps de se souiller avant. Crétin.

Le général frissonna et s’empara de trois carquois qu’il posa sur son dos avant de suivre les archers à l’arrière de la ligne de défense. A ce moment précis, il ne savait pas ce qui l’emportait : sa terreur, ou l’envie de foutre un coup de pied au séant de cet énergumène.

A suivre...

Dernière modification par Raevalia (2025-01-12 21:54:15)


Famille de Larnillis, maîtres de la marche de Fedenrir, fidèles d'Yggnir au nom de Sassinaï, suivants de la tokva Léonore Xlatinir et vassaux du seigneur Denryl Altéria.

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#2 2025-01-07 18:06:19

Merrilin
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Re : La saga de Larnillis - Au nom de l'honneur

Partie 2 - Une curieuse missive


7e-I-25


Au cœur de la grande salle du Palais Vermeil, Le jeune Géorgeain, ne sachant où se placer, se dandinait en se triturant les mains. Tout chef de guerre qu’il était, la vision qui s’offrait à lui le terrifiait. Les trois conseillers chargés d’occuper le pouvoir en l’absence des Larnillis se querellaient à grands coups de locutions pompeuses et sarcastiques. Mais force était de reconnaître qu’ils se trouvaient en accord sur un point : Géorgeain était un incapable et on ne pouvait le charger de cette mission.

La veille, un coursier avait atteint la cité de Fedenrir avec une urgente missive signée des mains de la dame Merrilin de Larnillis. Géorgeain l’avait parcouru plusieurs fois, et sa perplexité s’accroissait à chaque lecture.


Chancelier Mc Hiavélique,

Vous trouverez, j’espère, le caractère urgent de ce message, mais également sa confidentialité. Il est arrivé jusqu’en Déomul les échos du retour du seigneur Arkenus Ulfarks, l’Avatar de la Vengeance. J’ai conscience qu’il s’agit d’un des plus proches alliés de mon frère, bien qu’ils n’aient jamais été très proches.

Cependant, les accusations qui pèsent sur Ulfarks dépassent notre alliance et nous devons agir vite. A ce jour, son retour n’est qu’à l’état de rumeurs. J’envoie Géorgeain à la tête d’une délégation de dix hommes en Arkadia rencontrer la dame Algalia Ulfarks. Il utilisera comme caractère officiel une visite de courtoisie entre nos maisons en ces temps difficiles, notamment pour elle. Elle n’est qu’une enfant, et porte un poids fort lourd sur ses épaules.

Officieusement, Géorgeain devra déterminer si le retour d’Arkenus est une fable qu’on conte au coin du feu où s’il se terre quelque part en Okord. Plus précisément, il devra confirmer ou infirmer le rapprochement suivant : Hylhxno Xyozukh lzq iol Ehlw Htylxalq. Il connait le code, puisque Randar l’utilisait pour les ordres militaires.

J'ai contacté dame Algalia Ulfarks pour demander un pacte de protection de la délégation par les armes. Je ne doute guère qu'elle acceptera.

Qu’il parte au plus tôt. Je crains que le clan Ulfarks ne soit très bientôt victime d’un assaut de leurs ennemis, si ce n’est déjà le cas.

Merrilin


Le grand prêtre de Fedenrir, Félix Papieux, se grattait le front en faisant clinquer les épines de sang qui constituaient son collier de fonction.

– La maîtresse s’est certainement trompée. Demander une telle chose à… un officier fraichement sorti des études ? Cela défie toute logique. Certes, il a triomphé du marquis Nogan… enfin si on peut parler d’une bataille. Les deux armées sont sorties pratiquement indemnes de l’affrontement. Du temps du seigneur, cela n’aurait jamais existé.

– Moi, je ne comprends pas pourquoi dame Merrilin cherche à enquêter. Le clan Ulfarks ne fait-il pas partie de nos alliés puisqu’il est dirigé par l’Avatar de la Vengeance ?

– La maîtresse a sûrement ses raisons. Mais quand même, cela fait trop de précautions pour une simple visite diplomatique. Vraiment ? Un pacte de protection par les armes ? Jamais ils n’accepteront.

– Il faut au moins cela pour garantir la sécurité de ce bou… de l’émissaire.

– Allons messires, intervint le jeune général, je saurai rapporter les informations que demande dame Merrilin. Voilà un an qu’elle négocie auprès de Déomul, elle a sûrement appris quelque information cruciale pour le royaume. Le retour d’Arkenus dans le royaume est connu de tous, bien que personne ne l’ait encore vu. Soyez certains que s’il est réellement revenu, j’en aurai le cœur net.

Les trois dignitaires jetèrent un regard mi-surpris, mi-condescendant au soldat. La prise de confiance croissante du jeune homme n’avait en rien entamé le mépris qu’ils éprouvaient à son égard, mais il représentait désormais une menace pour leur pouvoir. Général des armées, et désormais représentant du comté à l’étranger ? Sa sphère d’influence augmentait au détriment de la leur, et voici une situation qu’ils ne pouvaient accepter.

– Que connaissez-vous de l’art de la diplomatie, des manières et de la bienséance ? cracha le trésorier du comté avec dédain. Vous êtes un page arriviste qu’on a bombardé chef de guerre sans aucune raison. Vous n’avez livré qu’une bataille, si on peut l’appeler ainsi. Même une vierge effarouchée aurait mieux livré ce combat. Je ne sais ce que vous trouvent le seigneur Randar et la dame Merrilin, mais soyez certain d’une chose : ne vous asseyez pas trop confortablement sur ce trône de pouvoir. Je ferai le nécessaire pour vous en dégager, quitte à le faire à grands coups de pompes bien placés.

Le chancelier prit son collègue par l’épaule.

– Calmez vos ardeurs, Sieur Lapince. Si la dame a demandé à ce que le général soit à la tête de la délégation pour visiter la famille Ulfarks, qu’il en soit ainsi. J’espère que le sieur Géorgeain pensera seulement à inclure une personne habilitée dans son entourage pour cette mission. Enfin... La maîtresse  a aussi envoyé une missive à la dame Ulfarks pour lui demander de prêter le serment de protection par les armes le temps de la visite de la délégation, donc nous devrons recevoir une réponse sous les prochaines semaines. Une autre question se pose, et celle-ci concerne directement notre bon ami général.

Géorgeain arqua un sourcil. Il était rarissime que le chancelier Mc Hiavélique prenne sa défense.

– Laquelle est-ce ? s’enquit-il avec un ton calculé.

– Eh bien,  une ancienne coutume veut que lorsque deux seigneurs représentant d’Yggnir se rencontrent sous forme d’une délégation, la rencontre débute par un salut des armées. Il serait de bonne convenance que vous rencontriez les forces des Ulfarks dans un duel honorable avant d’entamer la délégation.

Le général redoubla de prudence. Il n’avait jamais eu vent de cette tradition, mais il mettait cela sur le compte de son éducation accélérée. Le chancelier poursuivit.

– J’ai pris les devants, cher général. Etant donné que le clan Ulfarks tout comme la maison de Larnillis font partie de l’Alliance des Sept, quoi de plus approprié qu’une rencontre sur le territoire du Généralissime ? Je lui ai transmis une missive sitôt celle de la dame Merrilin reçue.

Géorgeain haussa les épaules.

– Le « salut des armées » comme vous le dites aurait lieu en Massaola du Sud alors, donc proche, conclut-il. Si les troupes des Ulfarks acceptent de se donner la peine de traverser le royaume… Je n’y vois aucun inconvénient.

Avec un sourire dissimulé, le chancelier Mc Hiavélique frappa des mains.

– Bien ! Nous n’avons plus qu’à attendre les réponses du Généralissime et de dame Ulfarks. J’ai cru comprendre qu’elle était assaillie par le prince belliqueux de la maison Troff. J’espère qu’elle ne se trouve pas dans son fief en Arkadia actuellement. Je vous tiendrai au courant sitôt que nous aurons des nouvelles.

Géorgeain hocha la tête et tourna les talons. Il lui semblait qu’un élément lui échappait, mais quant à savoir lequel… Dans son dos, le chancelier adressa un regard entendu au trésorier et au grand prêtre qui le regardaient d’un air ahuri. Dès que le général fut assez loin, il leur murmura :

– Nous avons désormais l’occasion d’en finir avec cet idiot ET de déclencher le conflit qu’on attendait depuis longtemps. Les Larnillis ne reviendront jamais au pouvoir, je vous l’assure, mes frères.

Alors, il fut pris d’un léger rire sadique qui s’accentua jusqu’à se muer en un éclat tonitruant qui emplit la salle et qui terrifia ses collègues. Cet homme était le mal incarné.

A suivre...

Dernière modification par Raevalia (2025-01-12 21:46:49)


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#3 2025-01-12 21:46:32

Merrilin
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Re : La saga de Larnillis - Au nom de l'honneur

Partie 3 : Lesyl de Valdar


8e-I-25



On se croyait dans une ruche. De toute part, les soldats allaient et venaient dans un incessant vacarme. Le cliquetis des armures, les bruits de pas, les ordres qui fusaient : partout on montait le campement et on installait les bataillons pour se préparer au combat à venir.

Au milieu de tout cela, le général Géorgeain contemplait le camp d’en face avec un mélange de perplexité et d’incompréhension. Il se retourna vers l’éclaireur qui venait tout juste de réaliser son office.

– Et tu me dis que ce n’est pas qu’une avant-garde ? Que tout est là ? demanda-t-il avec un regard inquisiteur.

– Absolument, mon général. Je n’ai repéré aucun autre mouvement de troupe ou convoi à dix lieues à la ronde.

Devant le campement des Larnillis, une compagnie de fantassins prenait ses positions avec une coordination digne d’une parade. Quant à celui qui leur faisait face…

– Deux tentes pour trois hommes, vraiment ? Ce Mc Hiavélique avec ses traditions à la mord moi le nœud… On va encore passer pour des c…

Pantelant, un officier accourut vers Géorgeain.

– Mon général, deux cavaliers se dirigent vers nous. Ils proviennent des tentes en face.

L’intéressé arqua un sourcil.

– L’ennemi envoie le gros de ses forces, dirait-on, lâcha-t-il d’un air sarcastique. Allons les recevoir dans ma tente. Faites passer le mot de les y escorter.


*


Bien qu’elle fut adaptée à un général et prodiguait un espace spacieux entre ses pans de toile, la tente ne pouvait difficilement accueillir davantage de monde. Autour de Géorgeain, une dizaine d’officiers plus ou moins conviés à l’entrevue ainsi que les dignitaires du comté qui l’avaient accompagné dévisageaient les arrivants d’un air circonspect. Tous deux avaient revêtu une armure de combat, et conservaient un air noble ainsi qu’une certaine prestance que leur enviait le général des Larnillis. N’ayant cependant la moindre idée de qui se trouvait en face, il opta pour une présentation dans les règles.

– Je suis le général Géorgeain, sous les ordres directs de la dame Merrilin de Larnillis, représentante et dirigeante du comté de Fedenrir, sœur du comte Randar de Larnillis, Avatar du Sang.

Le moins grand des deux inconnus prit la parole avec un sourire aimable.

– Salutations, général Géorgeain. Je suis le général Halvardr Frostheim, envoyé par ma maîtresse Algalia Ulfarks conformément à la demande que vous avez formulé de salut des armées.

Le jeune officier se racla la gorge.

– Hem… justement, je suppose que nous nous sommes mal compris, à moins que vos soldats n’arrivent que plus tard.

– Ah ! En effet je m’en excuse. J’imagine votre désarroi. Le fait est que nos hommes sont tous occupés à défendre Arkadia face aux Troff, ou à lancer une contre-attaque sur leur domaine. Mes excuses, nous aurions pu vous prévenir. Si vous le souhaitez, je peux envoyer une missive pour faire venir un régiment de cavaliers dès qu’ils auront achevé leur formation militaire.

Géorgeain ne put retenir une moue perplexe. Il se reprit et en chassant l’air de sa main, entreprit de trouver une réponse adaptée aux paroles de l’étrange personnage.

– Ne prenez pas cette peine. Je doute que votre maîtresse ait plusieurs semaines devant elle pour ces… formalités.

– Je vous en remercie. D’ailleurs, je dois vous partager mon étonnement quand dame Ulfarks m’a informé de cet affrontement. Cette coutume de faire s’affronter des armées avant une visite diplomatique… Voilà un usage que les fidèles d’Yggnir n’ont pratiqué depuis des lustres. Je ne sais dans quel ouvrage poussiéreux vous avez trouvé cette idée.

Alors que Mc Hiavélique s’enfonçait discrètement dans les ombres, Géorgeain lui adressa un regard noir. A quoi bon rimait tout cela ? Le chancelier lui avait présenté le salut des armées comme une pratique essentielle avant tout envoi de délégation. Décidant de lui en toucher deux mots plus tard, le général arbora son plus grand sourire.

– Ma maîtresse considère que certaines anciennes traditions devraient être remises au goût du jour.

Frostheim hocha la tête pensivement et son regard demeura dans le vague. Tous les occupants de la tente attendaient sa réaction, ou une quelconque intervention. Au bout de quelques instants, il sembla sortir de sa léthargie.

– Oh, pardonnez-moi. J’avais la tête ailleurs. Donc rassurez-vous, général Géorgeain. Je suis venu dans l’idée de livrer un duel d’honneur, comme convenu.

– A trois contre deux-mille ? demanda le jeune général dont la patience commençait à manquer.

Frostheim éclata d’un rire tonitruant qui dura bien un long moment. Si ce n’était pas encore complètement le cas jusqu’ici, les occupants de la tente ressentaient tous désormais un profond malaise.

– Vous êtes un drôle, vous ! s’exclama-t-il en essuyant une larme qui perlait au coin de l’œil. Non, voyons. Je suis venu vous proposer un duel entre nos deux champions. Voici Valkar Griffe-de-Fer. Il est un des meilleurs combattants de mon unité. Un tueur sanguinaire sans aucune pitié. Un monstre de combat. Un messager de la mort. Un…

Le chancelier Mc Hiavélique l’interrompit dans un cri.

– Enfin ! Nous vous avons demandé un combat entre armées. Vous pensez que nos soldats sont là pour faire de la figuration ? Général Géorgeain, plutôt que d’accepter un duel entre deux hommes, amenons l’armée à l’entrevue et organisons un vrai combat là-bas.

Le jeune général regarda alternativement leur invité et le chancelier. Plus le temps passait, plus il lui semblait perdre le contrôle de la situation.

– Le vieux Pétou ne m’a certes pas évoqué le salut des armées auquel vous tenez tant, mais il m’a fait passer un temps considérable sur les grands duels entre champions de l’histoire. N’est-ce pas un moyen plus honorable pour démarrer une entrevue ? Nous sélectionnerons notre combattant. Et puis le combat n’en sera que plus court. Rappelons-nous que le temps presse.

Mc Hiavélique se renfrogna. Sa mine à ce moment précis aurait effrayé jusqu’au plus hardi des guerriers. Géorgeain se concentra à nouveau sur le général.

– Qu’en-t-il de l’entrevue avec dame Ulfarks ?

– Ma maîtresse la dame Algalia Ulfarks vous rencontrera à l’Altar de la Vengeance. Cependant, je dois revenir au plus tôt en Arkadia, donc je ne peux vous y accompagner. Bien évidemment, elle accède à votre requête et m’envoie vous confirmer également qu’elle a prêté serment de protection par les armes devant Yggnir et Azurei. A ce titre, aucune arme ne sera admise dans l’Altar le temps de votre entrevue.

– Bien, acquiesça Géorgeain. Nous partirons sitôt le duel fini. Sortons, général Frostheim. Allons préparer le combat entre nos champions.

Soulagé d’avoir pu faire montre de prestence du début à la fin, il jeta un œil au soldat qui suivait Halvardr Frostheim et qui représenterait l’armée des Dents de Givre. Une montagne de muscles aussi haute qu’imposante. Sa férocité ne paraissait guère inventée. Au contraire, il semblait que nul en ce monde n’était de taille face à ce monstre. Mais le général savait très bien qui envoyer face à lui. Ce duel promettait de figurer dans les annales de l’histoire.


*


Lesyl de Valdar releva la visière de son heaume et dévoila ainsi deux yeux d’un bleu profond qui virait au violet ainsi qu’un grain de peau sans aucune imperfection. La chaleur l’accablait sous son armure. Se battre sous une telle canicule, voici qui allait nuire à sa grâce. Autour, plusieurs milliers de soldats en cercle braquaient leurs yeux sur lui et l’ opposant qui lui faisait face.

– Dis donc toi le titan, tu es fort imposant. Mais sois donc rassuré, voici ta destinée : Je m’en vais découper le gros tas que tu es, et très élégamment te vider de ton sang !

Valkar Griffe-de-Fer arqua un sourcil.

– Eh, petit plaisantin. C’est un duel à mort, pas un concours d’éloquence. Amène toi que je t’enfonce le crâne par terre.

Avec un sourire éclatant, Lesyl rabaissa la visière et tira ses deux épées de leur fourreau respectif. Il effectua un gracieux moulinet et se mit en posture d’attaque en face de son adversaire. Valkar Griffe-de-Fer s’empara d’un immense espadon qu’il prit à deux mains.

En appréhendant la taille de l’engin, Lesyl conclut très vite qu’il n’avait pas intérêt à se prendre ne serait-ce qu’un coup, sinon son corps finirait en deux morceaux disgracieux. Sans hésiter davantage, il s’élança vers son adversaire.

Le champion opta pour la vitesse, et asséna des attaques rapides. Griffe-de-Fer faisait néanmoins preuve de la même célérité et para tous les coups malgré la taille et le poids de son arme. Il parvint même à contre-attaquer et Lesyl dut sauter sur le côté de justesse pour éviter le terrible coup qui massacra d’innocentes pâquerettes.

– Yggnir m’en soit témoin, ta force m’en bouche un coin. Enfin, gros comme tu es, tu ne vas pas durer.

Il fit un bond vers Valkar Griffe-de-Fer et l’attaqua directement au chef. L’espadon contra une lame, et le casque la deuxième, mais le colosse semblait sonné. Lesyl en profita pour repartir à l’assaut sitôt le sol touché. Il le harcela avec une insistance cavalière et parvenait à esquiver les lourdes attaques de l’Arkadien.

Les coups s’échangeaient rapidement, violemment. Des mottes de terre décrivaient toutes sortes de trajectoire dans les airs. Ces deux combattants réalisaient une danse devant les soldats médusés qui remerciaient le ciel de ne pas s’être trouvés face au géant en pleine bataille.

– Cesse de sautiller partout et viens te battre, lâche ! grogna Valkar Griffe-de-Fer dont la lame venait de se planter profondément dans la terre.

– Allons y ma mignonne, lui répondit Lesyl avec un air de défi. J’y vais sans vergogne !

Il se campa solidement sur ses appuis et entreprit de parer l’attaque verticale de ses deux lames. Cela ne suffit pas à amortir le choc et la douleur irradia dans ses poignets et avant-bras.

– Par les Sept, palsambleu ! jura-t-il. Quel assaut disgracieux !

Ignorant la douleur, il s’élança pour contre attaquer, mais fut trop lent. Griffe-de-Fer avait ramené son espadon contre lui et assena un violent coup de garde au chef de l’agile champion.

Lesyl fut projeté au sol dans une gerbe de sang. Son casque cabossé faisait pression sur son crâne, et il peinait à le retirer. Ses épées reposaient également sur l’herbe un peu plus loin.

– Fini de danser, l’acrobate, gronda l’Arkadien en levant son arme menaçante pour achever son adversaire.

Au prix d’un effort surhumain et d’une douleur déchirante, Lesyl parvint à ôter son casque et roula sur le côté pour esquiver la lame qui coupa une mèche de sa longue chevelure blonde et soyeuse – quoique désormais rendue poisseuse par le sang qui sourdait de sa plaie au crâne. Il courut vers ses épées et sauta la tête la première vers sol pour esquiver l’assaut suivant qui manquait de le faucher. Il se rattrapa en une roulade et reprit ses épées en main.

Les deux champions se faisaient face encore une fois sur cette colline rougie par le sang et assaillie par le vent. Lesyl comprit qu’il ne pourrait poursuivre ce combat encore longtemps, et sa plaie au front l’élançait. Il plongea son regard dans celui du colosse.

–Oh apprends-donc, racaille, la voie de Sassinaï !

Il sauta de nouveau vers son adversaire, et plongea au sol pour esquiver la première attaque. Dans une roulade parfaitement exécutée, il asséna un coup à chacune des jambières du colosse. Les lames atteignirent les défauts de l’armure et des gerbes de sang fusèrent des plaies alors que Valkar Griffe-de-Fer poussait un hurlement de douleur. Il se retourna maladroitement et lança un nouvel assaut.

Plutôt que de parer l’attaque de nouveau, Lesyl dévia la lame en la faisant glisser le long de ses épées. Il avait créé l’ouverture qu’il attendait. Accompagné d’un bond élégant, il donna plusieurs coups qui traversèrent les joints de l’armure. De nouveau, du sang coulait de ces plaies. Les mouvements de Griffe-de-Fer se firent plus lents.

– Ecoute maintenant la mélodie du sang.

Personne ne perçu exactement ce qui suivit alors. Autour de la silhouette du champion Arkadien, des éclats de sang sourdaient de toute part alors que Lesyl de Valdar assénait de multiples attaques d’une extrême rapidité.

Puis le calme revint sur la colline. Aucun bruit ne perturbait celui du vent qui balayait les touffes d’herbe maculées de sang. Aucun mouvement ne transparaissait entre les deux combattants qui se faisaient face. Leur armure à tous deux avait viré au pourpre sans aucune autre nuance de couleur. La chevelure blonde de Lesyl avait également prit cette teinte.

Alors, Valkar Griffe-de-Fer tomba sur ses genoux, et dans un ultime soupir, s’effondra sur l’herbe. Lesyl planta son regard sur le cadavre qui lui faisait face et lui adressa ces ultimes paroles.

– A défaut d’être heureuse, ta mort est disgracieuse.

Ainsi, sous le regard d’Yggnir et des Sept, au milieu d’un champ de bataille qui n’en était finalement pas un, de deux-mille soldats qui n’avaient pas versé la moindre goutte de sang, et devant les deux généraux qui échangeaient un regard entendu, le salut des armées prenait fin d’une bien gracieuse manière. Lesyl de Valdar avait rendu honneur au Chêne Écarlate.

A suivre...

Dernière modification par Raevalia (2025-01-12 22:26:48)


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#4 2025-02-01 14:36:15

Géorgeain
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Re : La saga de Larnillis - Au nom de l'honneur

Partie 4 : L'Altar de la Vengeance


Mardor, 7e-I-25


Le soleil achevait sa rotation quand la compagnie arriva au lieu indiqué par le général Halvardr Frostheim. L’Altar de la vengeance se tenait droit devant eux sous un ciel crépusculaire qui baignait la vallée enneigée d’une atmosphère lugubre et inquiétante.

Suivant le général Géorgeain de quelques pas, Lesyl de Valdar guettait les environs avec suspicion. Malgré le pacte, ils n’étaient nulle part à l’abris d’un guet-apens de malandrins ou autres coquins de la même engeance. Les mains posées sur le pommeau des lames pendant à sa ceinture, il ne baissait sa garde pas même une seconde.

Du temple sortirent une dizaine de chevaliers en armure pourpre qui se dirigèrent vers le petit groupe. Le champion sentit son général frémir à leur vue. Il avait beau avoir gagné en confiance, l’étoffe d’un chef de guerre lui semblait encore bien loin. L’officier qui semblait en charge du détachement se planta devant Géorgeain et le jaugea de la tête aux pieds. Lesyl observa la réaction du général qui semblait mal à l’aise.

– Mes salutations, messeigneurs. Je suis le général Géorgeain, envoyé par dame Merrilin de Larnillis pour rencontrer dame Algalia Ulfarks.

– Dame Algalia vous attend dans le cloître de l’Altar, répondit machinalement le soldat. Laissez-moi vous escorter.

Le chevalier ouvrit la marche et guida la délégation qui pénétra ainsi dans le temple. Une atmosphère chargée pesait dans l’air, au loin, on pouvait entendre des cris d’agonie qui résonnaient dans les couloirs sombres. Malgré son intrépidité à toute épreuve, Lesyl lui-même ne put contenir son malaise.

– Mais quel est donc ce lieu ? Quels cris fort disgracieux.

Géorgeain, lui, ne parvenait à cacher son effroi. Sa respiration lourde et sa démarche hésitante ne laissaient aucune place au doute : s’il pouvait se trouver n’importe où ailleurs dans le royaume, il s’y réfugierait bien volontiers, y compris dans le plus horrible charnier.

Leur guide et les chevaliers qui les escortaient, quant à eux, ne pipaient mot. Ils avaient dû s’habituer à cet endroit où la peur jouait cruellement avec chaque sens.
Arrivés au bout du couloir, une porte ouverte donnait sur un jardin intérieur dans lequel une jeune femme se trouvait à cueillir des fleurs violettes. Une fois la porte passée, le petit groupe se regarda, hésitant.

– De la belladone, aussi belle que dangereuse. Bien entretenue et votre intérieur n’en sera que plus chatoyant et avec une senteur agréable. Bien utilisée… elle pourrait mettre à terre la plus puissante des armées.

La jeune fille – compte tenu de son visage juvénile, elle n’avait pas du connaître bien plus de 15 printemps – se releva avec grâce et délicatesse, puis sourit aux visiteurs penauds.

– Bien le bonjour à vous, seigneur Géorgeain, et bienvenue au sein de l’Altar de la vengeance.

Le général parut reprendre contenance instantanément, et s’inclina respectueusement.

– Mes hommages, dame Ulfarks. Je me nomme Géorgeain, général envoyé par dame Merrilin de Larnillis. Je… je saurais me souvenir des usages de cette fleur.  Ainsi, même la plus charmante des fleurs peut se révéler d’une cruelle implacabilité. Une leçon à ne pas oublier. Ma maîtresse vous transmets également ses chaleureuses salutations. Malheureusement, la voici en Déomul au sein de la délégation du royaume.

Algalia acquiesça courtoisement avant de pointer une table et deux chaises d’un geste délicat.

– Je remercie votre maîtresse pour sa déférence. J’espère que cette situation se réglera au plus vite. Je vous en prie, installez-vous.

La jeune fille fit un signe à un servant qui s’empressa de partir. Il revint quelques instants plus tard avec deux tasses fumantes. Soit le service était d’exception, soit la sœur du marquis avait eu vent de l’approche de la délégation. Géorgeain remarqua le liquide violet dans la tasse, et jeta un regard circonspect à son hôte.

– Ne vous en faites pas, c’est là un thé à la lavande, idéal pour renforcer le corps en cette région frappée par le froid des montagnes.

En réprimant un léger sourire pour conserver son visage de marbre, Lesyl se dit que la jeune Ulfarks possédait de nombreuses connaissances en botanie. Enfin, pour croître et prospérer dans un milieu pareil, on développe sûrement ce genre de connaissances. Il vit le dos du général se raidir quand la tasse fut posée devant lui. Allons bon… Elle n’allait pas essayer de l’empoisonner. Même si cette jeune fille devait faire fuir tous les hommes qui envisageaient de la courtiser, elle n’avait aucun intérêt à trahir le serment ainsi que l’alliance des Sept.

– Lesyl, appela Géorgeain.

– Je suis votre loyal serviteur, général.

– Je dois m’entretenir avec dem… dam… avec notre charmante hôte de sujets confidentiels. Pouvez-vous faire sortir le reste de la compagnie et veiller sur eux ?

Le général fit mine au champion de se pencher, et chuchota à son oreille.

– Surtout lui, précisa-t-il en faisant référence au chancelier Mc Hiavélique qui les avait accompagnés. Je n’apprécie guère le savoir dans les parages.

Lesyl s’exécuta en s’inclinant respectueusement.

– Bien, qu’il en soit ainsi. Déguerpissons d’ici. Allez braves amis ! Bougez-vous donc le vit !

Considérant ses propos, le champion se retourna et se signa gravement devant Algalia.

– Mes excuses, demoiselle. Car une jouvencelle ne devrait jamais ouïr ces grossièretés.

Puis, devant le regard médusé de Géorgeain et d’Algalia, Lesyl quitta le jardin à la suite des autres hommes.

Une fois à l’intérieur, ils perçurent de nouveau les cris d’agonie.

– Mais que diable se passe-t-il ici… marmonna le chancelier Mc Hiavélique.

– Il vaut mieux l’ignorer, répondit Lesyl. Bouchez-vous les oreilles. Ou alors votre nez. C’est l’odeur d’Azurei.

– Mais qu’est-ce qu’il déblatère comme idioties ? demanda un soldat.

– Rien d’anormal, répondit un autre en haussant les épaules. Il s’exprime ainsi depuis qu’une demoiselle lui a frappé le haut du crâne avec une lyre un jour... Mais dans le fond, il n’a pas tort. Ca pue les viscères là-dedans.

– Allons, chers compagnons ! s’écria gaiement lesyl. Haut les cœurs, patientons !

A cette dernière phrase, un de ses camarades rendit l’intégralité de ses tripes au sol.


A suivre…


Famille de Larnillis, maîtres de la marche de Fedenrir, fidèles d'Yggnir au nom de Sassinaï, suivants de la tokva Léonore Xlatinir et vassaux du seigneur Denryl Altéria.

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#5 2025-02-06 13:54:54

Merrilin
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Re : La saga de Larnillis - Au nom de l'honneur

Partie 5 : L’Ordre à la main d’or


Merkor, 8e-I-25


Pensive, Merrilin contemplait le cours agité de la rivière que longeait le convoi. Les flots filaient avec célérité, emportant avec eux branches et feuilles mortes. Son regard fixa un morceau d’écorce, radeau naturel qui progressait à toute vitesse vers la mer. Il ne fallut que quelques courts instants pour qu’elle la perde de vue. Voilà trois jours que les cavaliers avaient rejoint la rivière qui menait directement au port des Portes gardiennes. Leur voyage depuis Déomul avait été long et harassant, et il tardait à la noble dame d’atteindre Fedenrir au plus tôt. Voilà trop longtemps qu’elle avait négligé la gestion du fief de son frère. Les missives du général Géorgeain avait attisé une certaine frayeur au fil des mois. Le militaire lui avait affiché sa méfiance croissante vis-à-vis du chancelier du comté. Les toits de la cité trônant sur les plaines du Pavois brillaient-ils toujours autant au soleil ? L’humeur des habitants avait-elle changé ?

La cavalière secoua mornement la tête pour se changer les idées. Au moins cette période à l’Est du royaume aura permis la survie d’Okord. Mais à quel prix… La tournure qu’avaient pris les négociations ne lui avait pas plus, loin de là. Les autres négociateurs craignaient tant une invasion de l’Empire qu’ils avaient bradé la dignité du royaume. Il n’y avait plus de solidarité au sein de la cour d’Okord, et toute la délégation – elle comprise – avait jeté le blâme sur une maison, en avait fait un bouc émissaire qui épongerait l’ire du colérique et lunatique général Déomulien.

Mais un élément avait alerté son attention. Si elle n’accordait aucune confiance aux paroles d’Epitoras, un trouble s’était emparée d’elle à l’évocation du Loup argenté. Aussitôt, elle avait dépêché Géorgeain rencontrer la jeune sœur du marquis Ulfarks afin de récolter des informations sur la situation d’Arkenus et le lien potentiel entre lui et le Loup argenté. Le procès à venir de la fratrie Ulfarks échauffait les esprits, et la maison de Larnillis ne pouvait intervenir sans la pleine compréhension de la situation. Si les membres de l’alliance des Sept étaient amenés à choisir entre le royaume ou un des quatre Avatars… l’alliance courrait peut-être vers l’autodestruction.

Le capitaine de l’escorte avait rapproché sa monture de la sienne sans qu’elle ne s’en aperçoive, et l’interpella.

– Madame, des cavaliers qui arborent notre bannière arrivent à notre rencontre, l’informa-t-il.

– Comment est-ce possible ? s’étonna Merrilin. Combien sont-ils ?

– Francis en a repéré une dizaine. Nous devrions arriver à leur hauteur dans quelques instants.

En effet, une bannière dorée se distinguait derrière l’épais brouillard. Merrilin reconnut une voix familière et pourtant si étrangère ordonner la halte. Là où ses souvenirs lui inspiraient un petit homme chétif, au ton mal assuré et sans aucune stature, Géorgeain lui apparaissait désormais comme un officier militaire dans toute sa splendeur. Les cavaliers qui le suivaient s’arrêtèrent immédiatement, et il mit pied à terre avec une certaine aisance. Le général s’avança au milieu de l’escorte sans baisser les yeux, le front haut et le regard fier. Il se planta devant le hongre de sa maîtresse et s’inclina profondément.

– Mad… Madame de Larnillis. Général Géorgeain au… au rapport !

La raideur nouvelle du chef de guerre finalement mal assuré fit éclater de rire Merrilin malgré elle.

– Quel bonheur de te voir, Géorgeain. Je m’inquiétais puisque je ne recevais pas de rapport de ton entrevue avec la petite Ulfarks. Tout s’est bien passé ?

Le général se redressa et esquissa un sourire gêné.

– Madame, de nombreux éléments se sont déroulés dernièrement. Je vous prie d’excuser mon silence ces derniers temps. Le comté fait face à quelques complications.

– Quelles sont-elles ? s’enquit Merrilin en fronçant les sourcils.

– Depuis quelques semaines, on recense des attaques à Fedenrir, mais également dans les villages. Le hameau de Kaernfal a, lui, entièrement été mis à sac.

Des frissons parcoururent l’échine de la dame.

– Des bandits ? Mon frère a pourtant fait le ménage il y a quelques années, et les frontières sont bien gardées.

– Les attaques ne ressemblent pas à celles de bandits. Ils agissent dans l’ombre, massacrent les citoyens dans les villes avant de se volatiliser. Les rares capturés refusaient de parler et trouvaient un moyen de mettre fin à leurs jours.

– Comment se présente la situation en ville ? demanda-t-elle d’une voix inquiète.

Le général soupira.

– Les habitants sortent moins, ou armés s’ils le peuvent. Un vent de méfiance s’est emparé de tous les quartiers et la garde se retrouve submergée par tous ces crimes.

Un silence s’ensuivit, tout de suite tué par un sifflement.

– Prenez garde ! entendit-on.

Un des cavaliers s’effondra de sa monture, la gorge percée de part en part  Des ombres émergèrent de la brume et filèrent parmi les soldats. Une partie n’eut pas le temps de tirer leur arme et partagèrent le destin du malheureux. La scène se déroula en un éclair, et trois individus encapuchonnés se faufilèrent jusqu’à Merrilin.

Géorgeain, l’épée en main, se mit en garde entre les agresseurs et sa maîtresse. Il doutait faire le poids contre ne serait-ce que l’un d’entre eux, alors trois… Il prenait conscience qu’il s’agissait là de son baroud d’honneur.

Deux chuintements se firent entendre, suivis de plusieurs bruits disharmonieux d’une lame plantée dans la chair, et les trois ombres s’effondrèrent dans une mare ensanglantée.

– Arrière vils péons ou recevez mes gnons.

Apparu en un souffle, Lesyl de Valdar esquissa de gracieux mouvements de ses lames qui fouettèrent les airs.

– Cette vile engeance ne jouera point sa chance, affirma-t-il en jetant un regard déterminé à Merrilin.

Il eut juste le temps de se retourner pour contrer deux dagues qui allaient s’abattre sur sa nuque, et dans une folle danse mortelle, commença à exécuter tous les assaillants qui s’approchaient de la dame.

Partout autour, les corps s’amoncelaient autour du champion, et Merrilin ressentit une certaine crainte face à l’aura mortelle qui émanait de cet homme. L’air fut emplit des râle d’agonie et des cris des mourants quelques instants durant, puis soudainement vint le silence.

Jamais la noble dame n’avait expérimenté un affrontement d’aussi près, et elle sentait son estomac remonter dans son organisme. Il fallut un effort surhumain pour qu’elle ne dégobille pas son dernier repas.

– Madame, fit Géorgeain en tendant une main vers sa maîtresse, allez-vous bien ?

– Grâce à cet homme, oui, répondit-elle en pointant Lesyl du doigt. Qui est-il ?

– Le champion de notre armée. Un vrai as de la lame. J’ai décidé de l’emmener avec nous afin de vous le recommander dans votre garde personnelle. Voyez comme il peut vous protéger face à cette nouvelle menace.

Merrilin  sembla pensive durant un instant.

– Je n’apprécie guère l’idée de priver l’armée régulière d’un tel talent, mais nous ne connaissons aucunement les motivations de nos ennemis. Je vais le garder auprès de moi.

Géorgeain laissa échapper un soupir de soulagement. Un soldat traîna la dépouille d'un des assaillants devant le hongre de la soeur du marquis.

– Madame, il s'agit d'un homme, mais il y a aussi des femmes parmi eux. Ils ont tous cette marque au dos de leur manteau, regardez.

Peinte en couleur dorée sur le dos du vêtement, une main ouverte figurait, à moitié maculée de sang.

La noble dame grimaça face à la vue du macchabée.

– Nous devons en apprendre davantage. Veillez à en capturer à Fedenrir, et vérifiez s'ils ont également ce motif, général.

– Nous allons vous escorter jusqu’à Fedenrir, si vous le voulez bien.

– Non, rétorqua-t-elle sèchement.

Le général pâlit.

– Non ?

– Retournez à Fedenrir. Je vais de ce pas vers le Saint Sanctuaire. Nous avons besoin de mon frère. Il n’a passé que trop de temps enfermé au sein de ces murs.

– Le…. Le seigneur Randar ?

– Comte ou marquis, il aura intérêt à se bouger les miches pour protéger son fief. C’est ici que nous nous séparons, Géorgeain. Mais avant, relates-moi ton expédition à l’Altar de la Vengeance.

– Il est vrai, madame, que vous devez à tout prix connaître ces informations. Je crains que nous n’avions pas estimé l’ampleur de la situation…

– Que veux-tu dire ?

– Je ne puis présumer des événements à venir, au vu de mes maigres connaissances politiques, mais ce qui est certain, c’est que des dizaines de milliers d’hommes finiront par périr.

A suivre...


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#6 2025-03-19 13:09:31

Randar de Larnillis
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Re : La saga de Larnillis - Au nom de l'honneur

Partie 6 : Vaines discussions


Vendor, 17e-I-25


Au cœur des immenses couloirs, le claquement des bottes résonnait, et se confondait en une mélopée effrénée. L’ombre de Merrilin dansait sur les murs rouges au rythme des flambeaux qui éclairaient les lieux. Le poing serré, la résolution ferme, elle traversait les cercles d’une démarche assurée.

Pourtant, à chaque instant, son esprit lui intimait l’ordre absolu de tourner les talons et de décamper. La noble dame savait qu’elle avait tort, mais elle ne pouvait s’empêcher de mourir d’effroi à l’idée de la rencontre à venir. Voici trois ans qu’elle ne l’avait vu. Il n’avait répondu à aucune de ses missives. Seule la tokva pouvait dire s’il était encore en vie, mais elle-même avait semblé s’évaporer dans les abysses de ce lieu.

Merrilin arriva alors devant une porte, ou plutôt ce qui devait en être une. Gravée sur toute sa surface avec méticulosité, on devinait une représentation des Sept guidant des hordes de guerriers et qui suivaient Yggnir dans le chaos d’une bataille. Chacun était facilement reconnaissable : Ralgh et ses muscles saillants, Pekjair, entouré de colonnes enflammées, ou encore Sassinaï à l’amure sanguinolente et complètement recouverte de viscères.

Avec appréhension, elle poussa le lourd battant et pénétra ainsi dans la Chambre des Sept.

Il fallut quelques instants pour que ses yeux s’habituent à l’obscurité des lieux. Merrilin devinait l’immensité de la pièce dans laquelle elle venait de pénétrer, et pourtant, impossible d’apercevoir le plafond ou les murs. Seul apparaissait, assis sur un banc en face de l’entrée, Randar de Larnillis.

Merrilin demeura immobile quelque temps, avant d’avancer d’une démarche qu’elle voulait le plus assurée possible. Au fil des pas, elle put déchiffrer le visage de son frère et s’apercevoir des changements. Ses yeux, jadis verts, avaient viré au gris. Ses tempes, autrefois lisses et brillantes, étaient parsemées de traits et de cicatrices. Des cernes avaient apparu sous ses yeux, et malgré son air calme, sa bouche semblait toujours déchirée en un rictus macabre. Une aura malaisante émanait de son être tout entier et frappait de plein fouet la dirigeante.

Nonchalamment, Randar se décala vers la gauche, et d’un signe de tête, indiqua à sa sœur de s’asseoir.

– Tu as l’air en bonne santé, à ce que je vois, déclara-t-il d’une voix plus grave qu’auparavant.

Merrilin prit une courte inspiration et prit place en s’asseyant avec sa distinction habituelle.

– On fait ce qu’on peut pour le rester. Je n’en dirais pas autant pour toi, rétorqua-t-elle.

Les lèvres du comte s’écartèrent, et dessinèrent ce qui ressemblait à un sourire de tristesse.

– Il y a un prix à payer pour tout. Mais mon âme se répare. Lentement, mais sûrement.

Un silence suivit cette déclaration. Merrilin serra les dents de frustration, et reprit la parole.

– Tu ne m’interroges pas à propos de Fedenrir, de la délégation en Déomul ou de Géorgeain ?

– Pourquoi es-tu venue ? demanda-t-il brusquement. Pas pour me faire un topo des événements, tu l’as fait par missives des mois durant.

– Randar, tu n’as pas idée de tout ce qui est arrivé en trois ans. Te fiches-tu complètement de l’état dans lequel se trouve le comté en ce moment ? Le territoire que t’a confié le seigneur Peyrus ?

A l’évocation du comté, le regard du guerrier exilé se voila. Son ton se fit plus menaçant.

– Pourquoi es-tu venue, Merrilin ?

– Que… Au diable… marmonna-t-elle en baissant les bras. Reviens, Randar. Reprends ta place au sein du conseil royal, reprends la tête de nos armées, du comté. L’heure est critique pour nous tous.

– Pourquoi ferais-je ça alors que je n’ai pas encore fait pénitence ?

– Bon sang Randar, n’as-tu toujours pas compris que tu es seul à te blâmer ? Qui t’en veut pour cette défaite ? Les habitants du comté ? Ils s’en tamponnent le coquillard ! Le prince Denryl ? Crois-tu vraiment qu’il te tient rigueur et qu’il est satisfait de ta mise à l’écart ? La cour du royaume et le roi ? Pas sure qu’ils aient un quelconque avis sur ta situation. Moi ? J’aurais préféré que tu restes à Fedenrir et assumes au lieu de te réfugier ici comme un lâche.

Le ton de Merrilin montait au fil des mots, et elle lâcha ce dernier comme une attaque à peine voilée, tel le fer d’une colère trop longtemps contenue et enfin libérée.

– Que m’importe le regard des autres quand je me recueille auprès des Sept ? Tu ne comprends rien de mon supplice, Merrilin. La honte et le regret, la culpabilité et l’angoisse. Le besoin de venir pour expier ma faiblesse, et la faiblesse de rester quand je peux agir ailleurs. Le cercle dévorant mon cœur chaque jour et chaque nuit. Comprends, ma sœur, la tourmente d’un homme trop faible pour affronter sa propre faiblesse. Trop faible pour confronter ses rêves et son devoir.

– Tes états d’âme ne sont pas ma priorité, mon frère. Ce lieu te dévore petit à petit, gangrène ton corps et ton esprit. Tu dois sortir. Fedenrir est en proie à la guerre civile. Un groupe de bandits a pillé et détruit Kaernfal avant de s’emparer de la forteresse d’Irènir. Ils rassemblent les bandits et prévoient sûrement un assaut vers la cité.

– Géorgeain et toi serez assez forts pour vous en occuper, répondit Randar d’un ton las.

– Ils sèment la terreur dans les rues. Le roi nous a proposé l’aide de l’armée royale pour les déloger, mais nous suivons toujours la voie de l’honneur, que tu le croies ou pas. Nous réglerons cette affaire par nous-mêmes.

– Peu importe la voie que vous suivez, tant que vous avez la foi.

– Randar, écoute-moi ! s’emporta Merrilin.

– Non, toi écoute moi ! rétorqua-t-il d’un ton cassant. Vous n’avez nullement besoin de moi pour bouter ces voyous hors de la mar… du territoire. Alors maintenant, laisse-moi en paix, Merrilin. Laisse-moi à mon repentir. Laisse-moi dans les ténèbres de ce lieu. Laisse moi seul avec moi-même, avec les dieux et attends que le chaos s’empare de ce monde. Suis la voie, la seule, la vraie, et tu le verras. Le chaos pur. Et alors, ils marcheront à nos côtés. Alors, nous détruiront les impies. L’engeance podeszwite, les adeptes des anciens dieux, tous. Et enfin, enfin alors, nous pourrons rejoindre la grande armée divine, et nous libérer.

Les yeux gris de Randar avaient semblé retrouver un semblant de lumière alors qu’il pérorait, et Merrilin comprit alors qu’elle était arrivée trop tard. L’âme brisée de son frère n’avait pas été réparée un seul instant. Elle avait été morcelée au fil des années passées dans ce temple. Elle lui jeta un regard mi-craintif, mi-résigné, puis se leva et murmura.

– Reviens quand nous massacrerons les podeszwites, alors.

La jeune femme tourna alors les talons et quitta la pièce prestement. Les couloirs semblaient de plus en plus étouffants, comme si le lieu refusait son départ et cherchait à l’enfermer en son sein. Des gouttes de sueur froide perlaient le long de son front et des frissons parcouraient son corps.

Une fois à l’extérieur, elle fut emplie d’un sentiment de soulagement libérateur. Comme si elle avait dû se débattre entre les bras de la Mort pour lui échapper. Lesyl, qui l’attendait non loin, s’approcha d’elle.

– Que vous arrive-t-il madame Merrilin ? Pourquoi donc ces frissons parcourent votre échine ?

– Oh, Lesyl, te voilà. Je suis si contente de te voir.

– Je n’ai fait que rester en dehors de ce lieu. Rassurez-vous, vous avez fait de votre mieux.

– Non, Lesyl. J’aurais dû venir plus tôt. Il a sombré dans la folie. Retournons à Fedenrir. Nous devons prendre des mesures.

En se dirigeant vers les pontons menant aux embarcations en contrebas, ils tournèrent alors dos à l’inquiétante silhouette du Saint Siège et ses hautes tours qui déchiraient les cieux.

A suivre...


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