Forum d'Okord

Ekiattar

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Sous la Voûte Sacrée

Sous la Voûte Sacrée

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Thibaud D’Attignat entreprit un voyage vers la Grande Katadra du Prince Ansberg Hoff, un monument sacré des adeptes de la foi de Podeszwa. On disait que ceux qui y priaient repartaient changés. Thibaud, lui, espérait surtout un signe, un conseil divin qui l’aiderait à choisir le seigneur auquel prêter allégeance. Lorsqu'il arriva devant l’édifice, il fut frappé par sa grandeur. Les hautes tours touchaient presque le ciel, et les vitraux brillaient sous la lumière du soleil. Il sentit aussitôt une atmosphère particulière, comme si un souffle divin flottait dans l’air.

Il entra lentement. Le murmure des prières résonnait sous la grande voûte. Il marcha sur les dalles de pierre, observant les fresques qui racontaient l’histoire des saints. Tout ici invitait à la méditation. Devant l’autel central, où une flamme éternelle brûlait, il s’agenouilla et ferma les yeux. ses prières se tournaient d’abord pour la prospérité de ses terres, puis pour la protection de son peuple. Mais plus que tout, il implora un signe, une lueur dans l’incertitude qui pesait sur son cœur. Quel seigneur mériterait son serment ? Où découvrirait-il un suzerain dont la sagesse et la force guideraient son destin ? Il offrit son doute et son espoir à l'éternel, attendant en silence que son appel soit entendu.

Peu à peu, tout autour de lui s'effaça. Plongé dans une contemplation profonde, il perdit la notion du temps. Seul demeurait le silence, un silence presque sacré. Alors, des visions lui apparurent : des champs de blé ondulant sous le vent, des marchands cossus parcourant des routes prospères menant à sa cité, et, dominant l’horizon, une majestueuse Katadra bâtie sur la côte des terres d’Attignat. Il s'autorisait toutes sortes de rêves.

Soudain, un léger courant d’air le tira de ses songes. Thibaud cligna des yeux, et la réalité revint doucement à lui. Il se releva lentement, le corps encore engourdi par l’immobilité, mais l’esprit empli d’une étrange sérénité. Il n’avait pas entendu de voix, ni vu d’image claire, mais il sentait au fond de lui qu’une réponse viendrait, qu’un chemin s’ouvrirait bientôt. Les genoux douloureux, il prit un moment pour brièvement les pétrir de ses doigts après s'être assis sur un des bancs à l'avant, soupirant joyeusement, le sourire aux lèvres...

Lanoue

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Re : Sous la Voûte Sacrée

Plus le jeune homme découvre la complexité de la charge seigneuriale en Okord, plus cela le rend pensif. Perplexe même, en certaines occasions. Les différences dans les us et coutumes locales, non content d’être déjà à des lieues de celles d’Osterlich, diffèrent d’un région à une autre, parfois même entre deux vallées adjacentes. Tenter de ménager les différentes parties lors d’une séance de doléances en devient ainsi une véritable épreuve. Épreuve que le podeszwite relève évidemment par devoir, mais qui par instants peut mettre à mal sa ferveur, dans une situation d’incompréhension voire de lassitude.

C’est ce qui l’a amené à envisager un pieux pèlerinage, afin de raffermir sa foi et se ressourcer à la fois. Donatien a un temps envisager de se rendre en la Katadra de la Lumière Eternelle, chez sa suzeraine la Siostry Vespasia. Néanmoins la distance et la durée d’absence sur son fief que cela engendrerait l’en a découragé, ce d’autant plus avec les nombreuses attaques de brigands sevissant en ses terres, qu’il avait fort à faire pour mater. En s’informant, le jeune noble a cependant appris qu’une autre katadra avait été érigée en des terres bien plus proches, celle du seigneur Hoff. Un prince du royaume dont la réputation n’est plus à faire, tant en termes de compétence et de savoir militaire qu’en terme d’ego. Difficile néanmoins de lui reprocher ce dernier point au vu des premiers, à ceci près que cela pourrait faire questionner son application à suivre les voies du Podreznik. Pour autant ce seigneur a fait ériger en ses terres une magistrale Katadra de ce qu’il s’en dit, et c’est donc intrigué par le tableau grandiose qu’on lui a dépeint du bâtiment que le jeune de La Nouë a préparé son voyage puis pris la route.

Le périple se révèle plus doux que prévu, le choix de privilégier la voie fluviale autant que possible y étant sans doute pour beaucoup. Ceci permet également au jeune noble de découvrir plus paisiblement certains paysages qu’il a traversés avant de venir s’installer en Maucastel, de s’émerveiller de la magnificence du spectacle naturel qui s’offre à lui lorsqu’il descend la rivière, puis longe l’imposante montagne du Poing-Levant de Gweddnidrup, se rapprochant ainsi des enseignements du Piekno, ou apprécier l’architecture de certains domaines fluviaux. Débarquant finalement dans le Grand Port au sud d’Oseberg, Donatien apprécie la traversée des champs en plein été, empli de céréales gorgées de soleil. Et c’est au cours de cette traversée qu’il aperçoit l’imposant édifice religieux, se détachant à l’ouest des murailles d’Oseberg. Cette Katadra n’a rien à envier à celles qui parsèment l’Osterlich, assurément. L’architecture y est tout à fait fidèle au style osterlichois, à quelques différences subtiles près. Mais les arcs-boutants de part et d’autre de la nef sont majestueux, insérés de part et d’autre du double transept typique.

Arrivé à bon port, le seigneur de Maucastel retire bien évidemment son couvre-chef avant d’entrer dans l’édifice religieux, et se signe une fois les lourdes portes passées. Tout est grandiose, en cet intérieur : la lumière du soleil de midi traversant les vitraux éclaire l’intérieur de multiples teintes différentes, des fresques tirées du Podreznik se succèdent sur les parois, certains en bas-reliefs, d’autres en teintures, toutes constituant des ouvrages dignes de maîtres dans leurs arts respectifs. Après quelques instants de réflexion, le fils de Florestan décide de s’installer dans la seconde partie du transept principal, face à des fresques du Popranozk. Quelques fidèles sont déjà agenouillés sur les bancs de prières, en pleine contemplation. Alors même qu’il va pour prendre place, La Nouë avise un homme d’un certain âge qui prend quelques instants pour se relever.

« Chwala Podeszwa. Quel délicat équilibre que nous enseigne le Popranozk, n’est-ce pas mon frère ? A moins que vous ne soyez Gorny ? »

Dernière modification par Lanoue (2025-02-12 23:08:44)

Ekiattar

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Re : Sous la Voûte Sacrée

Thibaud mit l'instant d'un soupir avant de se rendre compte que ces mots lui étaient destinés. Lorsqu’il se retourna, il posa ses yeux sur un jeune homme à la chevelure blonde vêtu avec élégance mais sans ostentation, il portait sur lui l’empreinte d’un noble chevalier.

- Chwała Podeszwa, mon frère. Gorny ? Ce serait l'achèvement des travaux de toute une vie !

Thibaud lui adressa un sourire sincère. L’aisance avec laquelle l’inconnu se tenait, la clarté de son regard… il n’y avait aucun doute : il était chevalier, lui aussi

- Nous avons dû être adoubés à peu de temps d’intervalle, si je ne me trompe. Je crains que nous ne soyons aperçus que de loin à la cour du Roi. Voilà qui fait de nous des frères d’armes autant que de foi. Thibaud D'Attignat

Lorsqu'il se présenta, il s'inclina très légèrement, presque un signe de tête et leva les yeux vers les vitraux. La lumière dorée du jour filtrait à travers les verres colorés, projetant sur les dalles de pierre une mosaïque mouvante. Il inspira profondément, comme pour s’imprégner un instant de la quiétude du lieu.

- Vous savez… mille questions me tourmentaient encore, il y a peu. C’est pour cela que je suis venu chercher conseils ici. On raconte que ceux qui prient en ce lieu repartent changés.

Il marqua une pause, laissant son regard errer un instant sur les hauteurs de la nef.

- Je crois que c’est vrai.

Un léger sourire passa sur ses lèvres tandis qu’il abaissait les yeux vers son interlocuteur.

- Et vous ? Qu'êtes-vous venu chercher en ces lieux ?

Donatien de La Nouë

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Re : Sous la Voûte Sacrée

Un éclat de carmin passe brièvement sur les pommettes du jeune croyant avant qu’il ne se reprenne. Ainsi donc ce brave homme a également été nouvellement armé chevalier, et était comme lui venu rongé par nombre d’interrogations. Une situation étrangement similaire, et peut-être finalement on ne peut plus commune en ces lieux ?

« Toutes mes excuses mon frère pour cette méprise, je ne souhaitais nullement vous froisser, mais aurais bien eu besoin de quelque éclairage sur ces temps de grand changement pour moi. J’ai effectivement été armé chevalier peu avant d’arriver dans le royaume. Avant de découvrir avec étonnement que la branche de ma famille n’ayant pas émigré en Osterlich il y a quelques décennies de cela avait tout bonnement disparu, et que je me retrouve donc avec de nouvelles obligations et un peuple dont je ne connais rien mais qui attend de moi que j’assume les responsabilités des seigneurs de l’époque. Et justement le Propranozk nous enseigne à l’abandon de soi sans pour autant fuir ses obligations… »

Donatien soupire quelques instants, se perdant dans la contemplation des émaux éclairés d’un vitrail représentant un homme en chemise de lin et braies laissant derrière lui ses possessions pour prendre la route sur un petit chemin de forêt.

« Mais j’en oublie à la convenance la plus élémentaire, vous m’en voyez confus. Donatien de La Nouë. »

Le juvénile chevalier s’incline à son tour face à son aîné avant de reprendre de concert sa contemplation du vitrail.

« J’ai bien le journal de mon grand-père, qui fourmille de détails sur la gestion du domaine, lorsqu’il l’a eu en mains quelques temps. Mais nombre d’éléments, bien qu’écrits m’en restent obscurs, et… pour tout dire ce grand seigneur était aussi intelligent que païen, n’ayant découvert la Véritable Foi qu’au crépuscule de sa vie. Aussi ne sais-je si je puis m’appuyer sur ce qu’il y décrit. Pour autant, aussi certain qu’il me faudra proposer la conversion à mes sujets pour leur apporter Son salut, je ne puis gouverner une fosse commune, j’en ai bien conscience, aussi dois-je m’attendre à m’armer de patience avant de pouvoir leur apporter l’Illumination. Donc tolérer une majoraté de païens sur mes terres, ce qui me met mal à l’aise. Ciemnota se dissimule dans les détails. Cruelle dilemme… »

Dernière modification par Lanoue (2025-02-16 16:55:48)

Thibaud D'Attignat

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Re : Sous la Voûte Sacrée

Thibaud observa un instant son jeune interlocuteur. Sous l’assurance de ses mots, il percevait le doute, l’incertitude de celui qui se retrouve face à un fardeau immense. Il connaissait bien ce sentiment.

Il lui adressa à nouveau un sourire sincère.

- Ne vous excusez pas, Donatien de La Nouë. C'est un plaisir de vous rencontrer.

Son regard glissa vers le vitrail, où l’homme en chemise de lin laissait derrière lui ses richesses pour prendre la route. Il resta pensif un instant avant de reprendre.

- Votre grand-père n’a peut-être trouvé la foi qu’au crépuscule de sa vie, mais cela signifie-t-il que tout ce qu’il a fait avant était vain ? Même un homme qui doute peut laisser derrière lui des enseignements utiles. Ne balayez pas son savoir trop vite.

Il marqua une pause, pesant ses mots.

- Quant à vos sujets… leur salut ne viendra pas d’un ordre ou d’un décret. On n’éclaire pas les âmes en les forçant. Un peuple contraint est un peuple soumis. Un peuple guidé, lui, peut grandir. Prenez le temps. Je crois qu'accepter leurs coutumes païennes sans les embrasser pour autant est un premier pas en avant vers leur acceptation des nôtres. Le temps donnera raison à la patience et la sagesse.

Thibaud tourna la tête vers Donatien, le regard confiant.

- Vous avez déjà fait un pas en ces lieux. Les réponses viendront. Peut-être pas tout de suite, mais elles viendront.

Un sourire effleura ses lèvres.

- Et puis… je doute que nous soyons les premiers chevaliers à chercher des réponses entre ces murs. Je vais vous laisser à votre recueillement. Mais j’aimerais que nous poursuivions cet échange prochainement. Apprendre l'un de l'autre et pourquoi pas œuvrer ensemble de quelque manière que ce soit.

Donatien de La Nouë

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Re : Sous la Voûte Sacrée

Le jeune okordien d’origine regarde quelques instants son interlocuteur, qui s’est plongé dans la consultation du vitrail devant eux. Un léger sourire passe sur son visage alors qu’il écoute sa réponse, calme et posée, avec une intonation qui lui rappelle agréablement son père, Florestan, resté en Osterlich.

"J’entends bien vos propos, sire Thibaud. Nul doute que j’aurai matière à lire dans ses mémoires, même si la situation politique semble avoir bien changé en quelques décennies.

Je suis bien d’accord concernant la Foi des serfs et vilains. Je dois d’ailleurs avouer être quelque peut intrigué par une culture locale, qu’a priori certains de ma famille avaient embrassé à l’époque, présente quelques similitudes troublantes avec la Vraie Foi. Peut-être est-ce un axe d’approche prometteur..."

Reprenant sa contemplation, Donatien écoute la conclusion du sire d’Attignat, puis se retourne et plante son regard bleu acier dans celui de son homologue.

"Je goûte fort cette perspective que vous proposez! Permettez-moi en ce cas de vous inviter en mes terres pour le premier échange. J’aurai plaisir à vous montrer les terres de mes ancêtres. Nous pourrons en profiter pour faire un détour un peu à distance de mes terres pour aller contempler un obélisque intriguant en lien avec la religion dont je vous parle."

Thibaud D'Attignat

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Re : Sous la Voûte Sacrée

Thibaud sentit un frisson d’excitation parcourir son esprit à l’évocation de ces similitudes troublantes entre l’ancienne croyance et la Vraie Foi. Quelle découverte cela pouvait-il être ? Était-ce un pont naturel entre le passé et la lumière de Podeszwa ? Il inclina la tête, son regard s’animant d’une lueur d’intérêt sincère.

- Voilà qui est une perspective des plus captivantes, sire de La Nouë. Vous avez largement piqué ma curiosité.

Il laissa son regard errer un dernier instant sur les fresques et vitraux, comme pour savourer. Puis, avec une conviction, il ajouta :

- Je viendrai donc en vos terres avec grand empressement. Nous aurons tout loisir de partager nos réflexions et, qui sait, peut-être d’en tirer des enseignements d’une grande valeur qui intéresseront les plus sages et plus pieux de nos terres natales ! Faites-moi savoir quand vous serez prêt à me recevoir. D’ici là, que Podeszwa vous éclaire.

D’un pas mesuré, il s’éloigna, laissant Donatien à sa contemplation, son esprit déjà porté vers la promesse de leur prochaine rencontre.