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Oros Boros,
Portrait dans un champ de blé, 27-X-24
Né dans les rudes terres du nord d'Okord, Oros Boros a toujours été un homme d'action. Fils de forgeron, il avait forgé son corps dans le feu de l'enclume et son esprit dans les légendes des anciens héros. D'une stature longiligne, sa taille le distingue de la plupart de ses contemporains. Son corps était élancé, musclé par des années d'entraînement, mais sans la corpulence d'un guerrier traditionnel. Ses mouvements étaient fluides et gracieux, témoignant d'une certaine agilité inattendue pour un homme de sa carrure.
Une chevelure châtain, mi-longue et légèrement ondulée, encadrait son visage. Il la portait souvent attachée en arrière par un simple lacet de cuir, laissant quelques mèches espiègles s'échapper. Une barbe soigneusement taillée, d’un brun plus foncé que ses cheveux, adoucissait ses traits anguleux.
A 16 ans, enrôlé dans l'armée du roi, il s'était distingué par son courage et son sens tactique, grimpant rapidement les échelons jusqu'à devenir un commandant respecté. Sa récompense pour ses loyaux services fut un fief dans les terres septentrionales, un cadeau empoisonné. Car si le titre de seigneur flattait son orgueil, le hameau qu'il héritait était un endroit rude et isolé, peuplé d'artisans et paysans réputés indépendants et dévoués à Yggnir.
Mais Oros est sage, et il n'arriva pas dans son fief en tant que nouveau propriétaire, mais en tant que chef politique, vêtu de vêtements à la fois simple et raffinée, confortables et fonctionnels, adaptés à une vie active plutôt que son armure d’apparat. Il savait que pour gagner le respect des villageois, il devait non seulement maîtriser l'épée, mais aussi la plume et les rouages du pouvoir. Il commença par écouter leurs préoccupations, leurs espoirs et leurs peurs. Il organisa des assemblées où chacun pouvait s'exprimer librement, instaurant ainsi un dialogue constructif. Parallèlement, il s'attacha à développer l'artisanat local, en créant une coopérative qui permettait aux artisans de vendre leurs produits à un prix juste. Il encouragea les échanges commerciaux avec les régions voisines, renforçant ainsi l'économie du hameau.
Mais la paix ne dura pas. Les brigands, attirés par la prospérité naissante du fief, commencèrent à harceler les caravanes et à terroriser les populations. C'est alors qu'Oros révéla toute l'étendue de ses talents de stratège.
Sous la conduite d'Oros, le hameau de Chef-le-Lieu se transforma en une véritable petite forteresse, avec marchands et artisans en son sein.
Les artisans, qui avaient d'abord été réticents, se joignirent à l'effort de guerre, fabriquant des armes et des armures de qualité supérieure, érigeant une première muraille.
** Oros Boros est appelé à Vertprofond **
À Chef-le-Lieu
Oros Boros, assit sur la chair sur Seigneur du domaine de Chef-le-Lieu, écoutait les plaintes et doléances de ses ouailles avec une patience toute royale. Beaucoup de demandes étaient futiles et sans grand intérêt. Mais une nouvelle, rapportée par un messager essoufflé, vint troubler sa tranquillité. Les tailleurs de pierre de Vertprofond, village réputé pour la qualité de sa roche et ses mines d’émeraudes, étaient harcelés par une bande de brigands sans foi ni loi. Ces derniers, tapis dans les collines environnantes, attaquaient les convois de pierres et semaient la terreur parmi les travailleurs.
La nouvelle de ces agissements indigna Oros. L’approvisionnement en pierre de taille était vital pour les nombreux chantiers en cours à Chef-le-Lieu. Il ne pouvait tolérer que de tels actes de brigandage viennent entraver le développement de son domaine. Sous ses airs calmes et réfléchis se cachait un guerrier aguerri, prêt à défendre ses terres.
Contrarié et excité par la nouvelle, Oros quitta Chef-le-Lieu à l’aube, déterminé à mettre un terme à ces agissements. La nouvelle de la menace qui pesait sur Vertprofond l'avait galvanisé. Il voyait là l'occasion de mener une expédition qui marquerait les esprits et renforcerait son autorité sur ses terres.
Accompagné de ses hommes les plus fidèles, Oros quitta Chef-le-Lieu à l'aube. Le chemin qui les menait à Vertprofond était long et éprouvant.
Parti de Chef-le-Lieu, le chemin qui menait à Vertprofond était long et sinueux. Laissant derrière lui la plaine verdoyante qui s’étendait à l’est de la cité, Oros, accompagné de quelques archers et cavaliers, alla a l'ouest, dans un dédale de collines escarpées où la végétation y était luxuriante. Ils traversèrent des forêts denses, franchirent des rivières tumultueuses et escaladèrent des collines escarpées. Le paysage changeait constamment, offrant à chaque tournant de nouveaux panoramas. Les hommes d’Oros, habitués aux rigueurs de la vie en campagne, avançaient d’un pas ferme et après plusieurs heures de voyage, le groupe arriva en vue du village.
Vertprofond était un village unique en son genre, taillé à même la roche, comme un nid d’aigle perché sur une colline. Les habitations, austères et fonctionnelles, étaient construites en pierre brute. L’économie de cette bourgade reposait essentiellement sur l’exploitation de la carrière, une source de richesse vitale pour la région, ainsi que sur la culture de la pomme de terre et du navet.
À leur arrivée, Oros fut accueilli avec une profonde gratitude par le doyen du village, un homme dur au mal, dont le visage buriné par le temps témoignait d’une vie de labeur. Ce dernier confirma les dires du messager : les brigands, installés dans les ruines d’un ancien fort, terrorisaient les travailleurs de la carrière. Ces derniers, trop effrayés pour aller travailler, se cachaient chez eux, laissant les pierres inexploitées.
Sans plus attendre, Oros, accompagné de quelques éclaireurs, se rendit aux ruines du fort. Cachés dans les buissons, ils observèrent le campement des brigands. Le feu crépitait au centre de la cour, éclairant les silhouettes des hommes qui festoyaient et riaient bruyamment. Leurs chants de victoire résonnaient dans la nuit, un défi lancé à l’ordre établi.
De retour au village, Oros élabora son plan d’attaque. Il convoqua ses hommes et les paysans volontaires pour leur expliquer la situation. Il les incita à la prudence et à la discipline, leur rappelant que la victoire serait à ceux qui sauraient surprendre l’ennemi. Les hommes d’Oros, animés d’un esprit de corps sans faille, acquiescèrent avec enthousiasme.
A la nuit tombée, le groupe quitta le village en silence. Le ciel était noir d’encre, éclairé seulement par les étoiles. Les hommes avançaient avec précaution, guidés par les éclaireurs. L’approche du fort fut longue et angoissante. Le cœur battant à l’unisson, ils attendaient le signal.
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La nuit était noire comme un puit, troublée seulement par le crissement des chauves-souris et le bruissement des feuilles agitées par le vent. C'est dans cette obscurité oppressante qu'Oros Boros leva la main, un signal silencieux mais clair.
Immédiatement, ses hommes se levèrent et se mirent en mouvement. Un rugissement guttural et puissant fendit l'air, réveillant les échos de la nuit et semant la terreur dans le cœur des brigands retranchés dans la forteresse. Les défenseurs, surpris par l'audace de cette attaque nocturne, sortirent de leurs tentes en brandissant leurs armes.
Un chaos indescriptible s'ensuivit.
L'éclat froid de l'acier, le sifflement des flèches et les cris de douleur se mêlaient dans une symphonie macabre. Oros, au cœur de la mêlée, se battait avec une fureur sauvage. Son épée, une lame aiguisée comme un rasoir, dansait avec une agilité surprenante, fauchant les brigands qui osaient s'approcher de lui. Ses hommes, galvanisés par son courage, combattaient avec une détermination sans faille.
La bataille fut longue et sanglante.
Les brigands, bien que pris au dépourvu, résistaient farouchement. Ils connaissaient chaque recoin de leur forteresse et l'utilisaient à leur avantage. Mais Oros et ses hommes étaient déterminés. Pas après pas, ils gagnèrent du terrain, repoussant les brigands dans leur dernier retranchement.
Enfin, après des heures de combat acharné et alors que le soleil, désormais haut dans le ciel, baignait le champ de bataille d'une lumière crue et impitoyable; la victoire pencha en faveur d'Oros et de ses hommes.
Les corps, éparpillés çà et là, étaient comme des taches sombres sur une toile ensanglantée. L'air, lourd et chargé de l'odeur de la mort et de la poudre à canon, chatouillait les narines d'Oros. Il s'agenouilla près d'un corps, celui d'un ancien adversaire dont le visage, défiguré par la mort, exprimait encore une rage inextinguible.
"Pourquoi avoir combattu ?" murmura Oros, en regardant l'homme étendu à ses pieds.
Le brigand, les yeux vitreux, fit un effort surhumain pour ouvrir les lèvres. "Pour Yggnir," râla-t-il de sa voix rauque et faible. "La table... la table d'Yggnir..." Il leva un bras tremblant, pointant vaguement vers le nord-ouest. "Là-bas... dans la montagne..." Puis, ses yeux se révulsèrent et se fermèrent pour toujours.
Oros médita un instant les derniers mots du brigand... " La table d'Yggnir "... Un nom qui résonnait comme une énigme dans son esprit. Qu'était-ce que cette table ? Un artefact légendaire, un simple objet de culte ? Bien peu porté sur le fait religieux, il n’en avait aucune idée.
Se relevant, il balaya du regard les ruines de la forteresse. Cette structure, symbole de l'oppression et de la violence, épine dans le pied de l'autorité du chevalier Boros, ne devait plus jamais exister. À la place, il allait ériger une nouvelle forteresse, plus solide et plus imposante, qui serait le symbole de son pouvoir et de sa justice.
"Démontez cette tour pierre par pierre" ordonna-t-il à ses hommes, d'une voix ferme. "Nous la reconstruirons à Valpassat. Cette position stratégique nous sera bien plus utile."
Ses hommes acquiescèrent, déjà à l'œuvre pour exécuter ses ordres.
Valpassat, avec son village sulfureux et ses richesses cachées, était un enjeu majeur. En s'y installant, il ne ferait pas seulement de ce village sa nouvelle possession, mais il contrôlerait également les routes commerciales de la région, renforçant ainsi son pouvoir.
Oros se tourna vers le nord-ouest, dans la direction indiquée par le brigand mourant. La montagne se profilait à l'horizon, mystérieuse et envoûtante. Il sentit un frisson le parcourir. Perdu dans ses pensées, Oros Boros n’entendit pas un de ces hommes arrivé derrière lui, les bras chargés de pièces d’or.
“ Messire, messire ! Ces malfrats avaient réussi à collecter un véritable trésor ! “ dit-il, tendant quelques pièces à son suzerain.
Oros Boros jubilait. Grâce à la pierre de la forteresse et du butin ainsi amassé, il allait pouvoir entreprendre de grand travaux dans son domaine.
“ Ah ah ! Fort bien. Tu ordonneras aux hommes d’envoyer sous bonne garde 8 pièces sur 10 à Chef-le-Lieu, et le reste, les hommes qui ont participé à l’assaut se le partageront. Et qu’ils ne soit pas avare de louanges quant à ma générosité quand ils dépenseront leur solde ! “
Le soldat, heureux de mettre un peu de beurre dans les épinards, s’inclina souriant et s’éloigna rapidement, annonçant la bonne nouvelle à ses compagnons.
Dans les jours qui suivirent, les hommes d'Oros travaillèrent sans relâche pour démonter la forteresse. Les pierres, les poutres, tout était soigneusement démonté et transporté en direction de Valpassat, de l'autre côté du Lirou, le fleuve au nord de Chef-le-Lieu.
Pendant ce temps, la rumeur sur la table d'Yggnir se répandait comme une traînée de poudre dans les villages. Les anciens, les sages, les sorciers, tous avaient leur propre interprétation de cette légende. Certains disaient qu'elle conférerait un pouvoir immense à celui qui la posséderait, d'autres qu'elle était une relique sacrée, et d'autres encore qu'elle était une malédiction.
Oros écoutait ces histoires avec un mélange de curiosité et de scepticisme. Il savait qu'il ne devait pas se laisser aveugler par les légendes. Mais il ne pouvait pas non plus ignorer l'intuition qui le poussait à redouter ce que cette nouvelle pourrait amener...
Tapisserie brodée relatant l’attaque du fort brigand par Oros Boros,
Chef-le-Lieu, 4e phase du printemps de l'an XI de l'ère 24
Dernière modification par ECB (2024-11-04 11:12:35)
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Oros Boros, précédé par le martèlement des sabots et le chant de ses hommes, retourna à Chef-le-Lieu en vainqueur.
Le butin amassé lors de la prise du fort des brigands était impressionnant, les lourdes sacoches qu'ils ramenaient, débordant de pièces d'or, de bijoux et d'objets précieux arrachés aux brigands, constituaient bien plus qu'un simple trophée. Ce butin serait la pierre angulaire des grands travaux qu'il envisageait pour Chef-le-Lieu. Avec cette richesse, il pourrait financer la fortification du village, enrichir les ateliers et soutenir les artisans, et ainsi faire croître son pouvoir tout autant que sa renommée.
Leur terre, autrefois isolée et précaire, devenait un bastion de sécurité et de prospérité. Devant la foule rassemblée, il déclara que cette victoire marquait le début d'une nouvelle ère, où Chef-le-Lieu serait un exemple de force et de justice.
Mais la menace des brigands était loin d’être éradiquée. Bien que ce coup porté fût décisif, Oros savait que les bandits qui pullulaient dans les terres d'Okord représentaient non seulement une menace mais aussi une occasion. La perspective de primes versées pour chaque hors-la-loi capturé ou éliminé l'incita à organiser une équipe d’assaut dédiée à la traque de ces brigands.
Il convoqua une assemblée avec ses hommes les plus loyaux, parmi lesquels d'anciens soldats et quelques volontaires aguerris. Ensemble, ils allaient former une compagnie spéciale, dont le rôle serait de pourchasser les criminels et de s'approprier leurs trésors pour alimenter les projets de Chef-le-Lieu. La chasse aux bandits, désormais, serait une entreprise lucrative et méthodique, et non plus seulement une question de sécurité.
Parmi eux se trouvait Kindred, nommé chef de la brigade des Longs-Crocs, un homme dont la réputation n’était plus à faire. D'un physique imposant, le visage marqué par les batailles et les années, Kindred incarnait la force brute alliée à une loyauté sans faille. Il s'était forgé un nom en traquant les hors-la-loi jusque dans les recoins les plus reculés des forêts et des montagnes du nord-ouest d’Okord. Son sourire en coin, mélange de ruse et d’ironie, révélait un esprit vif derrière ses cicatrices.
Originaire de Trakbaalar, Kindred avait quitté ses terres natales en tant que guerrier, rejoignant les armées de Grinzu, avant d’abandonner la guerre pour s’établir en Okord. Son amour pour une jeune fermière de Paille-le-Lieu, un village paisible au sud de Chef-le-Lieu, l’avait d’abord poussé à essayer la vie de cultivateur. Mais, bien vite, il se retrouva à défendre le village contre les maraudeurs qui menaçaient la tranquillité de ses habitants. De guerrier à fermier, il était devenu le gardien de Paille-le-Lieu, traquant les brigands comme il traquerait des proies. Son allégeance à Oros Boros avait été immédiate, et au fil de batailles partagées, les deux hommes avaient tissé une solide amitié.
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Plus tard, Oros regagna son donjon, où l'attendait un autre de ses conseillers : Jean-Jean, son chef des renseignements.
Jean-Jean, homme frêle et discret, compensait son manque de stature par une intelligence acérée et un réseau d'informateurs étendu. Sa connaissance impressionnante des moindres recoins du royaume, de ses routes clandestines et surtout des acteurs du commerce en faisait un atout inestimable pour Oros.
Jean-Jean fit le point sur l’avancement des chantiers à Chef-le-Lieu. Le quartier de la Porte Sud, flambant neuf, avait été conçu pour accueillir les voyageurs, marchands et nobles de passage. Situé à un carrefour stratégique entre la Place du Marché et le quartier des Logis, il offrait une multitude d'établissements où se restaurer et passer la nuit. Ce quartier, bien gardé, se voulait être la vitrine de Chef-le-Lieu, affichant un visage accueillant et raffiné, en contraste frappant avec les misères du Bas Quartier. Des fontaines ornementales et des allées pavées invitaient les visiteurs à flâner, tandis que les tavernes animées proposaient des mets savoureux et des boissons locales. Ce nouvel aménagement témoignait de l’ambition d’Oros de transformer Chef-le-Lieu en un lieu de commerce prospère et attrayant.
Depuis le balcon du donjon, Oros Boros écoutait Jean-Jean d’une oreille attentive, tout en contemplant l’essor considérable que le petit village avait connu depuis son arrivée. Le jeune chevalier était fier du chemin parcouru, mais il était encore bien loin d’avoir réalisé toutes ses ambitions.
Jean-Jean poursuivit son rapport, mentionnant le déplacement prévu des populations du quartier de la Porte Sud vers un autre secteur, moins fréquenté par les touristes: le quartier de la Porte du Charretier.
Ancien portail d’entrée de Chef-le-Lieu, connu sous le nom de “Bas Quartier” ou “le quartier des mendiants”, il servait de refuge aux miséreux du domaine, souvent indésirables dans les autres quartiers. Les conditions de vie y étaient précaires, et la pauvreté se mêlait à l'odeur âcre de la désespérance. Ce nom lui avait été attribué en raison de l’obligation pour les éleveurs, venant en ville avec leur bétail, de s'y stationner pour des raisons d’hygiène. Au sein de ce dédale de ruelles sombres se trouvait également la rue des tanneurs, dont l’odeur forte et désagréable avait contraint Oros à déplacer cette activité du quartier des artisans, trop proche des résidences des nobles.
Puis son regard s'éloigna, au nord-est, où se dessinait le fleuve du Lirou, qui portait ce nom car à chaque pluie, l’eau du fleuve devenait rouge de l’argile des sols en amont. Au-delà du fleuve se trouvait le village frontalier avec Ressyne : Valpassat.
Oros s’informa de la situation de Valpassat, de l’arrivée des pierres et de l’avancement du fort frontalier qui surplombait le bourg.
Jean-Jean brossa un tableau sombre de Valpassat, un bourg aux allures prospères mais rongé par les mafias locales, où la contrebande fleurissait. Les bandes de malfrats avaient pignon sur rue, trafiquant de l’or, des armes et même de la magie prohibée, selon les rumeurs. La proximité de la frontière avec Ressyne, à quelques lieues de là, facilitait ce commerce illicite, attirant de nombreux mercenaires et individus peu scrupuleux.
Oros comprit rapidement qu’il ne pouvait ignorer ce foyer de corruption; s’il voulait asseoir son autorité, il lui fallait contrôler Valpassat et les groupes qui s’y opposaient.
Décidé, le seigneur de Chef-le-Lieu établit son plan : au lieu d’éradiquer ces mafias, il chercherait à les soumettre à son propre pouvoir.
Le chevalier Boros se tourna vers Jean-Jean, son regard empreint de détermination.
« Écoute, Jean-Jean, il nous faut agir avec stratégie. Je pense que la meilleure façon de traiter avec ces mafias, c’est de les infiltrer. Qu’en penses-tu ? »
Jean-Jean haussa un sourcil, intrigué.
« Infiltrer leurs rangs ? Cela pourrait être risqué, Oros. Les groupes qui s’y opposent sont puissants et méfiants. »
« Je le sais » répondit Oros, d'une voix ferme. « Mais si nous parvenons à identifier leurs chefs et à recueillir des informations cruciales, nous pourrions les manipuler à notre avantage. Nous pourrions redistribuer leurs ressources, les affaiblir lentement… jusqu'à ce qu’ils se plient à notre volonté. »
Jean-Jean acquiesça, réfléchissant à la proposition.
« Une approche astucieuse, en effet. Mais qui pourrait jouer ce rôle d’infiltration ? »
Oros esquissa un sourire.
« Nous avons des hommes compétents, et je compte sur toi pour les choisir. Nous devons agir avec finesse, sans attirer l’attention. L’objectif est de faire en sorte qu’ils ne réalisent jamais que nous tirons les ficelles. »
« Je m’en occuperai, » répondit Jean-Jean, déjà en train de concocter des plans dans son esprit. « Cela pourrait nous donner un contrôle précieux sur Valpassat. »
« Exactement, » acquiesça Oros, satisfait. « Et une fois que nous aurons infiltré leurs opérations, nous pourrons renforcer notre position. Ce n’est qu’une question de temps avant que nous n’éliminions cette corruption. »
Alors qu'Oros et Jean-Jean continuaient de planifier leurs prochaines actions, un messager entra précipitamment dans la pièce, l'air grave.
« Monsieur, un rapport urgent ! » annonça-t-il, haletant.
Jean-Jean se redressa, son intérêt piqué. « Qu'est-ce qui se passe ? »
« Dans les montagnes du nord-ouest, l'un de nos éclaireurs a repéré de nombreuses traces de pas récentes, se dirigeant vers l'est, » informa le messager, une note d'inquiétude dans la voix. « C'est inhabituel de voir un tel groupe dans une zone aussi isolée et difficile d'accès. »
Oros plissa les yeux, son esprit déjà en train de calculer. « Quel genre de traces ? »
« De nombreuses empreintes, » précisa le messager. « Cela semble indiquer le passage d’un nombre important d’hommes. Mais nous n'avons pas d’informations sur leur destination ni leur objectif. »
Jean-Jean échangea un regard avec Oros, comprenant la gravité de la situation. « Nous devons agir rapidement. Qui sait ce que ces hommes manigancent dans l’ombre des montagnes ? »
« En effet, » acquiesça Oros, son esprit tourné vers les possibilités. « Prépare immédiatement une expédition pour enquêter sur ces traces. Nous devons découvrir ce qui se trame avant que cela ne devienne une menace pour Chef-le-Lieu. »
Et fais parvenir un message avec le prochain convoi de denrées à destination des armées frontalières, » ajouta-t-il. « Informe l’assemblée des Remparts du Ponant et le Connétable d’Okord, le duc d’Autriche. Il est le gardien des frontières du Royaume d’Okord. »
Oros sentit un frisson d’anticipation. Quel secret ces montagnes pouvaient-elles abriter ? Il se remémora les derniers mots du brigand mourant, évoquant la "Table d’Yggnir". Peut-être était-ce le signe d’une force plus vaste, tapie dans l’ombre, qu’il lui faudrait un jour affronter.
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Escarmouche à la frontière
Roland, un jeune sergent prometteur des Longs-Crocs, la redoutable troupe d’assaut du seigneur Oros Boros, venait de recevoir des informations troublantes: plusieurs bandes de brigands avaient été signalées dans les plaines à l'ouest, à la frontière avec Déomul. Kindred, le chef des Longs-Crocs, avait personnellement chargé Roland de cette mission. Lui et sa compagnie devaient traquer ces maraudeurs, les neutraliser, et ramener le butin.
Habitué aux traques lointaines, Roland ne se laissait pas intimider. Bien qu’ils soient loin de Chef-le-Lieu, les Longs-Crocs savaient qu'ils étaient redoutés, même dans les régions reculées. Le jeune sergent connaissait chaque recoin de cette plaine sauvage, chaque sentier qui la traversait, et avait développé un œil acéré pour déceler les indices laissés par les hors-la-loi.
Avançant à travers les terres, ses hommes et lui suivirent les traces laissées par les pillards, les sentant toujours un peu plus proches. Il ne leur fallut pas longtemps pour discerner une piste bien marquée en direction des collines.
En fin de journée, Roland aperçut enfin leur campement, blotti dans un repli de la colline. Sous ses ordres, les Longs-Crocs se déployèrent silencieusement, se fondant dans les ombre. Leurs uniformes sombres, noirs comme la nuit, rendaient leurs silhouettes difficilement détectable dans la pénombre.
La stratégie était simple, mais efficace : attendre les premières lueurs de l'aube pour attaquer. Ce moment de battement, où les brigands dormaient encore profondément, offrait un avantage décisif.
L’aube pointait à peine lorsque Roland lança le signal. Dans un silence mesuré, les Longs-Crocs fondirent sur le camp endormi. Le chaos éclata en un instant. Pris dans leur sommeil, les brigands furent rapidement submergés, certains tentant de résister, d’autres cherchant à s’enfuir. Mais cette fois, Roland remarqua quelque chose d’étrange : ces hommes n’étaient pas des pillards ordinaires. Leur équipement, mieux forgé, et leur organisation, inhabituelle pour de simples bandits, laissaient entendre qu’ils n’étaient pas du royaume.
La bataille, bien que courte, fut plus acharnée que prévu. Après avoir maîtrisé les derniers résistants, les Longs-Crocs capturèrent leur chef : un homme imposant, la barbe épaisse et le regard empli de défi, même enchaîné.
Roland s’approcha de lui, examinant le visage de son prisonnier. Il n’était pas un simple caïd. Cet homme semblait habitué au commandement.
Les yeux de Roland se plissèrent, méfiants.
« Qui t’envoie ? » demanda-t-il d’une voix tranchante.
Le captif ne répondit pas, un sourire ironique se dessinait sur ses lèvres.
Cette mission, pourtant routinière au début, prenait un tournant inattendu.
La suite de l’histoire se fera par un jet de dé 6 :
1 : le prisonnier est tué
2 : le prisonnier est envoyé aux travaux forcés
3 : le prisonnier tente de s’échapper et est tué
4 : le prisonnier parvient à s’échapper
5 : le prisonnier est battu puis ramené à Chef-le-Lieu (séquelles selon 2ème jet de dé)
6 : le prisonnier est immédiatement transféré à Chef-le-Lieu
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Roland observait le prisonnier capturé après le combat. Ce chef de bande, à l’apparence dure et marquée, ne portait pas les habits okordiens. Visiblement ce hors-la-loi n'était pas du Royaume et Roland, malgré sa fatigue, espérait tirer des informations de lui.
Soudain, le prisonnier murmura quelque chose d’inaudible. Curieux, Roland s’approcha, penché pour essayer de comprendre ce qu’il disait. En un éclair, le captif profita de la proximité de Roland pour bondir, le frappant de la tête. Roland tituba en arrière sous le choc, le visage bouffi de douleur, le souffle coupé. Le prisonnier tenta aussitôt de s'emparer de l'arme d’un garde, espérant se libérer, mais les chaînes qui le liaient s’accrochèrent maladroitement aux gantelets du soldat. Les deux hommes luttèrent, vacillant en déséquilibre, avant de trébucher au sol dans un tumulte de coups désarticulé.
Voyant la scène, l’un des soldats réagit rapidement. En un geste vif, il frappa le prisonnier d'un coup de gourdin, qui perdit connaissance. Roland, encore sonné, essuya le sang qui coulait sur son visage, son regard durci.
" Qu’on l’attache solidement ! " ordonna-t-il, irrité par cette attaque imprévue.
Ses hommes obéirent, mais s'arrêtèrent soudainement.
" Il est mort ", lâcha froidement un soldat.
Reprenant ses esprits, Roland se leva en pestant :
" Pouah ! Bon débarras ! "
Puis il se tourna vers le groupe :
" Fouillez le camp de fond en comble ! Nous devons trouver tout ce qui a de la valeur. "
Son ordre donné, les soldats s’éparpillèrent entre les tentes et les cendres du campement. Quelques sacs de denrées et quelques objets précieux se trouvaient éparpillés parmi les vestiges du campement. Les soldats se hâtaient de rassembler tout ce qu’ils trouvaient, et Roland observait leur avancée, bourrant son nez de tissu en scrutant l'horizon de la plaine.
Et alors que le soleil éclairait progressivement le camp, Roland réfléchissait. Le comportement du prisonnier et la discipline de ses hommes avaient révélé quelque chose de troublant : ces brigands étaient bien organisés, et nettement différents des bandes isolées habituellement chassés. Ils possédaient de l’équipement en bon état, et avaient une manière coordonnée de se défendre. C'était inhabituel.
Roland sentit un frisson de méfiance. Ce constat inquiétant lui rappelait les rumeurs récentes d’une force inconnue se déplaçant dans l’ouest. Il savait que cette information serait d'une grande valeur pour Oros Boros, qui ne tolérerait pas un tel mouvement près de ses terres sans réagir.
Alors que les soldats achevaient de fouiller le camp, l’un d’eux accourut vers Roland, tenant un parchemin déplié.
" Sergent ! Regardez ce que nous avons trouvé ! "
Roland s’approcha et prit le document. À sa surprise, il s’agissait d’une carte du Royaume d’Okord. Roland fronça les sourcils et frotta son nez endolori.
“ C'est pas tout ! “, ajouta le soldat, “ Il y avait ça avec. “
Le soldat tendit un parchemin couvert de symboles étranges.
" On l'a trouvé dans l’une des tentes principales. On dirait une lettre, mais elle est écrite dans une langue inconnue. "
Roland jeta un coup d'œil au texte, reconnaissant le style de l’écriture : celui de Deomul, un alphabet étranger, utilisé par un royaume au-delà des frontières d’Okord. Bien qu’il ne puisse pas lire le contenu, le simple fait qu’une lettre dans cet alphabet se trouve ici, dans un camp de brigands, soulevait de nouvelles inquiétudes. Ces hommes n’étaient probablement pas de simples pillards. La carte et la lettre laissaient entrevoir autre chose.
Roland rangea précieusement ces deux pièces dans son sac, conscient de leur valeur. Ces documents pourraient s’avérer cruciaux pour anticiper les mouvements de cette menace. Il se promit de les remettre personnellement à Oros Boros dès son retour à Chef-le-Lieu. Si des influences étrangères cherchaient à s’infiltrer en Okord, son seigneur devrait être informé rapidement.
Le sergent fit ensuite un dernier tour du campement, ordonnant aux hommes d'accélérer le mouvement .
Une fois le butin rassemblé, Roland se tourna vers ses hommes.
" C’est bon, on rentre. Préparez les chevaux et chargez les provisions. "
La journée était bien entamé lorsque les Longs-Crocs prirent la route pour Chef-le-Lieu, le trésor et les preuves en leur possession. Roland menait la troupe, le visage fermé et boursouflé...
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Jidor, 14e phase de l'été de l'an XI de l'ère 24
Roland, suivi de ses hommes fatigués mais victorieux, arriva à la garnison des Longs-Crocs. Dès qu’il mit pied à terre, il alla à la rencontre de Kindred, le chef de la compagnie. D’un simple échange de regards, Kindred comprit que ce retour n’était pas ordinaire et que l’affaire était grave. Roland ne tarda pas à lui montrer les preuves : une carte du royaume d’Okord, et une lettre dans l’alphabet énigmatique de Deomul.
Saisissant l’importance de la découverte, Kindred ne perdit pas de temps et décida d’accompagner Roland jusqu’à Chef-le-Lieu. Oros Boros devait être informé de ces découvertes sans délai.
À leur arrivée devant la grande porte sud de la ville, ils virent un flot constant de charrettes de marchands et de voyageurs entrant et sortant, témoignant de la prospérité croissante de Chef-le-Lieu. Plutôt que de perdre du temps dans la foule, ils contournèrent la ville pour emprunter la porte des Charretiers, une entrée moins fréquentée et idéale pour une arrivée discrète. Rapidement, ils se dirigèrent vers le donjon, mais apprirent que le seigneur Boros se trouvait en ville.
Après une courte recherche, ils retrouvèrent Oros à la place du Marché, au cœur du quartier le plus animé du village devenu ville. Dès qu’il les vit approcher, Oros Boros s’écarta de la foule, et Roland lui présenta la carte et la lettre. Oros fronça les sourcils à la vue de ces documents, réalisant rapidement l’implication possible d’une puissance étrangère aux frontières du Royaume.
“ Venez, “ ordonna-t-il. “ Nous serons plus tranquilles pour en discuter au donjon. “
Sur le chemin du retour, un mouvement de foule attira leur attention depuis le port : un bateau en flammes se consumait sous les yeux ahuris des badauds. Les cris des marins se mêlaient aux murmures de la foule, mais Oros Boros, en jetant un regard au spectacle, resta impassible et poursuivit sa route sans un mot. Son calme face au chaos ne passa pas inaperçu auprès de Roland, qui comprit que ce genre de perturbations faisait peut-être partie de l’ordre naturel des choses dans l’esprit de du seigneur. Mais il ne dit mots et suivi silencieusement.
Une fois au donjon, Oros Boros prit les documents en main. Il passa rapidement sur la carte, et s'attarda sur la lettre. Il lui était impossible de la déchiffrer. Soupçonnant que l’affaire dépassait ses compétences de simple baron, il rédigea un rapport détaillé à l’intention du Connétable du Royaume, le duc d’Autriche. Un messager fut rapidement envoyé, portant la carte et la lettre en espérant une analyse plus poussée par les autorités royales.
“ Kindred “ dit-il, se tournant vers le chef des Longs-Crocs, “ je veux que tu renforces les patrouilles à la frontière ouest. Ces étrangers, d’où qu’ils viennent, ne doivent pas se déplacer si prêt de mes terres sans que nous le sachions. “
Après avoir donné ses instructions, Oros congédia Kindred. Roland, cependant, fut retenu.
“ Roland “ dit Oros d’un ton plus bas, “ j’ai une nouvelle mission pour toi. “
Il prit un instant pour observer le jeune sergent, sondant son regard pour évaluer sa détermination.
“ Je veux que tu identifies les faiblesses dans nos défenses. Va au nouvel avant-poste de la frontière nord, vers Valpassat; et vois s’il y a des points vulnérables. Les étrangers de l'ouest ne sont pas nos seuls ennemis, et si eux ont des plans sur nos terres, il se peut que les autres aussi. “
Roland, honoré par cette nouvelle responsabilité, acquiesça sans un mot. Cette mission ne serait pas seulement une affaire de surveillance, mais un test de loyauté et de compétence. Conscient de ses nouvelles responsabilités, il se promit de ne rien laisser au hasard pour défendre le domaine d’Oros Boros.
*
Alors que Roland quittait la pièce, Jean-Jean émergea de l’ombre du couloir. Les deux hommes se saluèrent brièvement, et Jean-Jean esquissa un mince sourire, un éclat de malice dans le regard.
“ C’est lui que tu as choisi ? “ demanda-t-il avec un sourire en coin. “ Il semble si jeune et… fragile. “
“ Détrompe-toi, Jean, il est parfait pour ce poste “, répondit Oros. “ Jeune, loyal et zélé. Kindred me l’avait recommandé. “
Oros raconta l’aventure de Roland à la frontière avec Déomul, et Jean-Jean laissa échapper un rire bref.
“ Il n’a pas hésité une seconde à attaquer, c’est bien ça ? “
Oros hocha la tête. “ Pas la moindre. Un vrai petit guerrier. “
Jean-Jean sourit, Oros ajouta d'un ton plus sérieux : “ Tout s’est passé comme prévu sur les quais ? “
“ Par-fai-te-ment “, répondit Jean-Jean, insistant sur chaque syllabe. “ Avec la disparition soudaine du chef des Bleus, la voie est enfin dégagée. Les contrebandiers vont avoir bien du mal à franchir le Lirou sans l’homme qui gérait leurs passages. Bien sûr, ils chercheront un remplaçant, et je suppose qu’ils ont déjà quelques candidats prêts à prendre les rênes. “
Oros hocha la tête, satisfait. “ Excellent ! Cela nous laisse avec trois groupes encore en activité : les Noirs, qui contrôlent la frontière, les Rouges, qui ont le monopole des bordels, et enfin les Verts… “
Oros fit une moue de dédain en évoquant ces derniers. “ Des rebelles plus que des malfrats. Ils ne sont pas notre priorité pour le moment ; laissons-les s’égarer dans leurs collines. “
“ Et de notre côté “, continua Jean-Jean, “ Kindred a déjà placé nos hommes les plus… influençables aux postes-clés. Quant à notre propre candidat, je l’ai bien choisi. “
Oros sourit, satisfait de l’efficacité de son allié.
Le plan, soigneusement élaboré en trois phases, avançait sans accroc. La première étape consistait à prendre le contrôle de la bande Bleue, celle qui régulait le transport clandestin de marchandises entre Valpassat et Chef-le-Lieu en passant par le Lirou. En neutralisant leur chef et en installant leur propre homme à la tête de la bande, Oros Boros s’assurait de contrôler non seulement le flux des marchandises, mais aussi leur nature et leur provenance.
“ Une fois les Bleus sous notre coupe “, reprit Oros, “ le Lirou deviendra le cœur de notre réseau. Les marchandises passeront sans difficulté, et chaque contrebandier devra négocier avec nous. “
Jean-Jean acquiesça, son sourire se faisant encore plus large.
Ils savaient tous deux que cette emprise sur le marché noir renforcerait non seulement leur pouvoir, mais aussi les coffres du domaine. Et plus les bandes rivales s’useraient à s’entretuer pour le contrôle des autres territoires, plus leur propre position deviendrait inébranlable.
Oros Boros laissa échapper un soupir de contentement. Il se tourna vers la fenêtre, observant la ville qui s’étendait sous ses pieds. “ Que le prochain acte commence. Nous sommes prêts. “
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*Prologue - Scène 11-3 : Des étoiles dans la nuit
Vendor, 29e phase de l'hiver de l'an XI de l'ère 24
La nuit était tombée sur le campement du front ouest, à la frontière avec Déomul.
Oros Boros, malgré la fatigue du voyage, arpentait le chemin de ronde qui surplombait la palissade. Le froid du vent nocturne mordait sa peau, s’infiltrant à travers sa cape sombre qui battait derrière lui comme une bannière. Sous ses pieds, le bois craquait, un bruit sec qui ponctuait le silence tendu du campement.
Au loin, sur la vaste plaine, des feux de camp brillaient comme des étoiles tombées du ciel, marquant la position des armées okordiennes rassemblées. Oros s’arrêta, son regard s’attardant sur ce spectacle. À travers l’obscurité, il pouvait distinguer les silhouettes des tentes et les reflets des bannières qui flottaient au vent. Son regard glissa vers les autres camps. Chaque tente, chaque bannière rivalisait d’éclat, reflétant l’orgueil et l’ambition de leurs seigneurs respectifs. Il reconnut certains symboles : des voisins, des rivaux, et même quelques alliés.
Ses pensées s’égarèrent, et s’arrêtèrent sur une en particulier : son propre étendard.
"Parti en fasce, au 1 d'azur à une tour d'argent maçonnée de sable, au 2 de sinople à un fagot de blé d'or lié de gueules."
Ces armoiries représentaient sa maison et son passé. Sa naissance dans la noblesse et son ascension. Mais Oros savait que leur signification, tout comme leur forme, était sur le point de changer. Il avait déjà pris sa décision, bien qu’il garda ce secret pour l’instant.
Un soupir s’échappa de ses lèvres.
Mais, ce n’était pas de la tristesse qu’il ressentait .. ce sentiment ressemblait plutôt à une étrange anticipation. Le vent, comme pour répondre à ses pensées, fit claquer son étendard, d’un bruit sec et régulier, résonnant dans l’écho silencieux de la nuit.
Oros savait que les alliances d’aujourd’hui étaient aussi fragiles qu’un fétu de paille. Les seigneurs d’Okord n’étaient pas connus pour leur patience envers ceux qui s’élevaient trop vite...
Plusieurs grands seigneurs avaient fait défection et s’en étaient allé rejoindre leur domaine. Faisant craindre un retour précipité à la guerre intestine dès que le conflit avec Déomul aura pris fin.
"Lequel frappera en premier ?" se demanda-t-il, pensif, son visage se fermant sous l’effet de cette pensée. "Et combien suivront ?"
Si un seul seigneur osait l’attaquer, d’autres suivraient inévitablement, comme des corbeaux attirés par l’odeur du sang.
Pourtant, Oros ne tremblait pas devant cette perspective. Il avait depuis longtemps compris que la gloire et le danger étaient indissociables. Ce qui comptait, c’était de transformer chaque menace en opportunité.
Son attention revint sur la plaine. Cette guerre contre Déomul, qui rassemblait aujourd’hui un grand nombre de Seigneurs d’Okord sous la bannière royale, n’était qu’une étape dans un jeu bien plus grand. Les seigneurs qui se battaient aujourd’hui côte à côte seraient les premiers à retourner leurs épées les uns contre les autres une fois l’ennemi commun vaincu. Oros le savait, et il s’y préparait.
Ses pensées furent interrompues par l’arrivée d’un messager. Celui-ci portait une missive cachetée du sceau d’une grande maison d’Okord. Intrigué, Oros prit la lettre, la déplia, et parcourut rapidement son contenu. Les mots étaient soigneusement choisis, à la fois flatteurs et emplis de sous-entendus.
"Un autre joueur dans cette partie" murmura Oros.
Il replia la lettre avec soin, la glissant dans sa poche. Il aurait le temps de méditer cette proposition plus tard. Pour l’instant, il avait d’autres priorités.
Oros reprit sa marche, se dirigeant vers le centre du camp où l’attendait une rencontre importante. Le messager du Connétable, l’Archiduc Ferdinand d’Autriche, commandant des forces rassemblées à l’ouest, était arrivé avec les ordres de bataille.
Lorsqu’il arriva à la tente du Connétable, la discussion fut brève. Le messager transmit les ordres et s’inclina rapidement afin de reprendre sa course vers les autres camps.
Oros hocha la tête, satisfait, et sorti de la tente.
Ses hommes s’étaient rassemblés, leurs armures sombres étincelaient, éclairées par les torches qui illuminait la noire nuit. Tous attendaient dans le calme, le visage fermé et la bouche close dans un silence presque religieux.
Oros Boros prit une profonde inspiration et s’adressa à ses hommes d'une voix forte et sûre :
"Cette guerre sera un test pour nous tous, mais surtout pour vous. “, clama Oros, “ Montrez-moi ce que vous pouvez faire ! Montrons à Déomul ce que nous pouvons faire ! Et l’or coulera à flots jusqu’à nos portes !"
Alors que ses hommes scandaient leur approbation, Oros sentit une étrange énergie l’envahir. Ce n’était pas seulement l’adrénaline de la guerre à venir, mais la certitude qu’il était sur le point de franchir une étape décisive dans sa quête.
Il leva les yeux vers le ciel. Les étoiles scintillaient, comme autant de promesses d’un avenir brillant. Mais il savait que ces promesses ne se réaliseraient pas seules. Elles exigeaient du courage, de la stratégie, et une volonté inflexible.
Il murmura dans la nuit : "De sable, trois besants d'argent posés deux et un."
Le vent et la clameur emportèrent ses paroles, les mêlant aux étoiles, tandis qu’il regardait une dernière fois son étendard.
Dernière modification par ECB (2024-12-01 17:49:40)
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[Réservé : fin du Prologue]
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Appendice : Le Butin du Vilain
Oros Boros, grâce à son réseau d’informateurs, avait découvert qu’un regroupement de plusieurs factions hostiles se formait sur les terres d’Okord. Leur organisation menaçante et leurs ressources croissantes représentaient une menace que peu auraient osé ignorer. Pour Oros, cependant, cela représentait une opportunité stratégique inespérée.
La guerre contre Déomul touchait à sa fin, et avec elle, la trêve royale allait bientôt se conclure. Sa récente reconnaissance en tant que Duc d'Okord poussait Oros à redéfinir ses priorités et ses stratégies. La paix fragile laissera bientôt place à des luttes internes entre seigneurs, et il savait qu'il devait préparer son domaine pour non seulement survivre, mais aussi pour prospérer.
Les Longs-Crocs, l’unité d’élite formant l'armée permanente de son domaine, avaient été jusqu'alors dédiés à la chasse aux bandits. Mais face aux tensions montantes, leur rôle devait évoluer vers des missions défensives pour protéger le domaine contre des armées bien mieux organisées .
Mais avant de recentrer ses troupes sur ces nouvelles tâches, Oros décida de porter un coup décisif. Donnant des ordres clairs à ses lieutenants et sergents, il décide d’ organiser une attaque simultanée contre plusieurs camps de bandits qu'il savaient bien actifs. Ces actions viseraient à désorganiser les ennemis tout en amassant les ressources nécessaires pour financer ses ambitions.
L’objectif principal était un camp retranché, une véritable petite forteresse de fortune gardée par plus de mille hommes. Ce site, au le cœur d’un réseau criminel bien structuré, était impliqué dans plusieurs pillages contre des villages de la région.
En prenant ce camp, Oros ne visait pas seulement à éliminer une menace directe mais aussi à s'emparer de leur richesse.
Grâce aux informations fournies par ses espions, Oros connaissait le jour et l'heure d'un grand rassemblement pour les bandits. L'occasion était trop belle pour être manquée : les renégats seraient ivres de leurs méfaits et la surprise de l'attaque serait totale.
Au lever du jour, Oros se tenait auprès de ses hommes, prêt à commanderr cette opération de haute importance.
Le camp retranché des bandits, bien défendu, se dressait face a lui, comme un défi du destin.
A l'aube, Oros donna le signal, et les Longs-Crocs lancèrent leur attaque.
Rapide, bien organisé et déterminé les hommes d'armes fondirent sur le fortin de fortune.
Les bandits, malgré leur nombre, étaient mal préparés pour faire face à une telle force. Leur manque de discipline et la désorganisation de leur commandement face à la violence de l'attaque les firent céder rapidement.
Oros observait l’assaut depuis un point surélevé, analysant chaque mouvement. La bataille fut brève mais intense, et en quelques heures les défenses s'effondrèrent.
Quand le calme revint sur le champ de bataille, Oros pénétra a cheval dans le camp victorieux.
Ce qu'il y découvrit dépassait toutes ses attentes : des coffres remplis de pièces d'or, des gemmes précieuses, des armes de qualité et des provisions en abondance. Ce butin colossal, valant des millions de pièces d'or, était suffisant pour financer ses ambitions et renforcer son domaine face aux défis du futur.
Avec ce succès retentissant, Oros Boros savait qu'un nouveau chapitre s'ouvrait, et alors que le jour déclinait et que ses hommes célébraient leur victoire, Oros se tenait seul, satisfait de sa réussite, il regardait le soleil se coucher, le regard déjà tourné vers l'avenir.
Un sourire se dessina sur ses lèvres.
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