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Denryl Altéria se tenait sur la colline surplombant l'ensemble des camps seigneuriaux, le vent frais de l’aube caressant son visage. Les premières lueurs du jour perçaient les nuages, illuminant les milliers de tentes, à l’approche des premiers duels. Il réfléchissait à la situation délicate dans laquelle se trouvait son royaume, Okord. Au fond de lui, une tempête se déroulait, à la fois de doutes et de résolutions.
La noblesse, qui autrefois formait un fragile bastion d’unité, semblait désormais être un assemblage hétéroclite, déchiré par des fractures profondes. Certaines familles se disputaient le pouvoir, poussées par leurs croyances religieuses en opposition directe. D’autres se livraient à des hypocrisies flagrantes, prônant l’unité tout en ourdissant des complots dans l’ombre des alcôves dorées. Nombreux étaient ceux qui avaient fait pression, utilisant serments, intérêts personnels ou menaces de défection pour saper les efforts de cette campagne, discutant sans cesse la parole du roi, et qui lui avaient prouvé que leur loyauté au royaume était toute limitée. Denryl savait que ces tensions minaient la cohésion du royaume.
Il se remémorait la trahison, la noble qui avait courbé l’échine devant le royaume ennemi, les promesses de loyauté qui s’étaient évaporées comme la brume matinale. Cette trahison était une plaie ouverte, infectant la confiance de Denryl envers les autres nobles d’un côté, et sapant l’autorité de la couronne de l’autre. Denryl serra les poings, résistant à une colère qui aurait pu l’emporter.
Les critiques ouvertes sur la planification militaire et sur l’implication que lui et son connétable avaient dans les affaires militaires résonnaient dans son esprit. De nombreux nobles voyaient d’un mauvais œil cette position, la percevant comme un despotisme déguisé et une simple envie de gloire, malgré tous les efforts et sacrifices auxquels il avait consenti depuis son arrivée au pouvoir. Le connétable lui aussi tenait bon, orchestrant formidablement la gestion militaire du royaume.
Si ce n’était pour la prospérité d’Okord, il aurait peut-être avorté cette campagne, rejoint Cylariel. Il aurait laissé le royaume dans sa léthargie et ses guerres civiles qui l’auraient inexorablement poussé vers sa déchéance, et ce serait concentré sur les intérêts de sa maison. Mais la confiance sans faille de seigneurs de tout bord et l'implication de ceux-ci, ceux qui avaient répondu à l'appel et fait de leur mieux pour voir au delà de leurs différents... il ne pouvait se permettre de les décevoir.
Il observa les soldats qui se préparaient pour les duels. Ces duels, s’ils en revenaient victorieux, allaient apporter un nouveau souffle au royaume, permettant à de jeunes seigneurs de s’installer sur de nouvelles terres pour la plus grande prospérité d’Okord. Mais au fond de lui, il se demandait si ces affrontements ne serviraient que de rideau de fumée, dissimulant les fissures plus profondes sous la surface. La noblesse dépendait de l’honneur, encore fallait-il que cet honneur ne soit pas entaché par l’ambition personnelle et le calcul froid qu’on semblait lui attribuer à tort, mais qu’il lisait dans les actions de ceux qui se protégeaient derrière la façade de la vertu.
Les échos des tambours militaires le tirèrent de ses pensées, l’esprit du royaume l’appelait à l’action. Denryl comprit que, malgré les divisions, il devait rassembler ce qui restait de la loyauté de sa cour. C'était à lui, en tant que roi, de faire jaillir l’espoir et de transcender les rivalités. Peut-être était-ce le moment de rappeler à tous l’importance de ce qu'ils avaient en commun, de rétablir un sens de la communauté avant qu’il ne soit trop tard.
Avec une détermination renouvelée, Denryl se redressa, prêt à affronter ce jour avec le poids de sa couronne et le poids de ses responsabilités. Ses pensées se tournèrent vers la manière dont il pourrait utiliser ces duels pour rassembler la noblesse, et rediriger cette colère refoulée qui l'habitait vers un objectif plus grand que la simple victoire militaire. Une lueur d’espoir se dessina à l’horizon : peut-être que, face à l’adversité, un nouveau sens de l’unité pouvait émerger.
Maison Altéria, Dames et Seigneurs de Cylariel et de Massoala
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# Les Liens du Sang : La Chronique des Marchands Déomuliens
## Prélude : Les Royaumes en Tension
Sur les terres ancestrales qui séparaient Okord de Déomul, l'automne teignait les forêts de pourpre et d'or. Les vents glacés qui descendaient des montagnes du nord portaient les premiers frimas, annonciateurs d'un hiver précoce. Le royaume de Déomul, jadis fier et puissant, pliait sous le poids d'une guerre contre Traakbalard au nord. Ses armées étaient divisées, ses coffres se vidaient, et ses dirigeants cherchaient désespérément à éviter un second front de guerre.
C'était dans ce contexte que le camp militaire déomulien s'était établi le long de la frontière okordienne. Tel une cité éphémère de toile et de cuir, il étendait ses allées ordonnées où s'alignaient des tentes aux couleurs de Déomul - le gris de l'acier et le bleu des lacs de montagne. Au cœur de ce déploiement martial, protégé par trois anneaux de gardes d'élite, se dressait un pavillon plus imposant. Ses bannières, fouettées par le vent, proclamaient la présence du commandement déomulien.
À quelques pas de ce centre névralgique se trouvait la tente de Talera Happs. Plus modeste que le pavillon central mais néanmoins bien gardée, elle abritait celle qu'Okord considérait comme une traîtresse. Chaque jour, cette ancienne noble okordienne participait aux conseils de guerre, apportant sa connaissance intime de son ancien royaume à ses nouveaux alliés.
## Les Marchands et leurs Familles
### La Maison Kelaris
Stavros Kelaris avait bâti sa réputation sur les routes commerciales reliant Déomul à Okord. Ses épices rares et ses mélanges uniques lui avaient valu le respect des cuisiniers des deux royaumes. Sa femme Mira, dont les tresses noires rappelaient les ports de leur terre natale, gérait leurs finances avec une précision d'orfèvre. Leurs enfants, Petros et Elena, âgés de huit et cinq ans, grandissaient entre les parfums exotiques et les récits de voyage.
Ce soir-là, dans leur chambre d'auberge d'un quartier marchand d'Okord, la routine familiale suivait son cours. Mira préparait le repas, mélangeant des herbes locales aux épices de leur pays. Les enfants jouaient avec des poupées de chiffon, reproduisant les scènes de marché qu'ils observaient chaque jour. L'irruption des hommes masqués fut si rapide, si silencieuse, que même les gardes de l'auberge n'entendirent rien. Quand Stavros revint du marché, il ne trouva qu'une pièce vide et un message qui allait changer sa vie.
### La Maison Navros
Le nom des Navros était synonyme de luxe dans les deux royaumes. Leurs soieries, tissées par les meilleurs artisans de Déomul, habillaient les nobles et ornaient les palais. Dimitris avait repris l'affaire familiale avec sa mère Sophia et sa sœur Lyra. Sophia, malgré ses mains déformées par l'arthrite, conservait un œil expert pour juger de la qualité d'un tissu. Lyra, plus jeune que son frère de dix ans, charmait les clients avec sa voix mélodieuse et son talent pour la présentation des étoffes.
Leur disparition fut orchestrée pendant une visite au temple local. Alors que Dimitris négociait la vente d'une rare soie pourpre avec un noble okordien, sa famille fut enlevée sans témoin. Seul un message, posé sur leur lit dans leur logement, attestait que leur disparition n'était pas un accident.
### La Maison Menaros
Les Menaros étaient connus pour leurs vins d'exception. Theos avait hérité des vignobles familiaux et des routes commerciales établies par son père. Son épouse Aria, enceinte de sept mois, était une experte dans l'art de marier les vins aux mets locaux. Leur fils Nikos, à peine âgé de cinq ans, montrait déjà un talent précoce pour reconnaître les différents cépages au nez.
Leur enlèvement eut lieu lors d'une halte pour abreuver leurs chevaux. Le temps que Theos vérifie l'état de ses précieux tonneaux, sa famille s'était volatilisée, ne laissant derrière elle qu'un mystérieux parchemin.
## Le Message du Destin
Chaque marchand reçut un parchemin identique, scellé de cire noire sans emblème. Le message, rédigé dans la langue déomulienne, se présentait ainsi :
"Η ζωή της οικογένειάς σας κρέμεται από τη μοίρα της Ταλέρα Χαπς.
Ο θάνατός της θα φέρει την ελευθερία τους.
Η επιβίωσή της θα σφραγίσει το πεπρωμένο τους πριν από τη νέα σελήνη.
Η επιλογή είναι δική σας.
Μην επιχειρήσετε να προειδοποιήσετε κανέναν, αλλιώς θα πεθάνουν αμέσως."
La traduction en langue commune Okordienne disait :
"La vie de votre famille était suspendue au destin de Talera Happs.
Sa mort apporterait leur liberté.
Sa survie scellerait leur sort avant la nouvelle lune.
Le choix vous appartenait.
N'essayez pas d'alerter quiconque, ou ils mourraient sur-le-champ."
La calligraphie, exécutée d'une main experte avec une encre d'un noir profond, trahissait une éducation noble. Les marchands, bien que lettrés, mirent plusieurs minutes à déchiffrer l'ancien déomulien, chaque mot s'imprimant comme au fer rouge dans leur esprit.
## Les Tentatives Désespérées et leurs Conséquences Tragiques
La réponse des marchands ne se fit pas attendre. Chacun, ignorant les actions des autres, mit en œuvre son plan pour sauver les siens.
### Les Actions des Marchands
Stavros Kelaris, le marchand d'épices, fut le premier à agir. Au début, il tenta d'exploiter sa réputation et sa connaissance des cuisines militaires. Il prépara un mélange mortel, dissimulé dans des épices rares destinées aux tables des officiers. Le poison, extrait d'une plante des montagnes de l'est, était réputé indétectable. Cependant, la paranoïa régnant dans le camp déomulien sauva Talera : chaque livraison était méticuleusement testée par des goûteurs. Après l'échec de cette première tentative, Stavros devint plus téméraire. Par une nuit sans lune, il tenta de s'infiltrer dans le camp. Les gardes le repérèrent alors qu'il franchissait le second cercle de sécurité. La flèche qui le transperça fut silencieuse. Son corps fut retrouvé le lendemain, exposé aux portes du camp comme un avertissement.
Dimitris Navros, le marchand de soieries, opta initialement pour une approche plus subtile. Utilisant ses contacts dans le monde du luxe, il identifia un archer déomulien criblé de dettes. L'offre était simple : une fortune en soieries précieuses contre un "accident" lors des entraînements près de la tente de Talera. L'archer accepta l'or, mais se révéla être un agent de la sécurité déomulienne. Après cet échec, Dimitris vendit toutes ses marchandises restantes pour acheter les services d'assassins professionnels. L'attaque fut aussi brutale qu'inefficace. Les gardes de Talera, déjà en alerte, décimèrent les assassins. Dimitris, qui observait la scène de loin, fut capturé alors qu'il tentait de fuir. Son exécution publique, ordonnée par les autorités déomuliennes, servit d'exemple.
Theos Menaros, le marchand de vins, fut le plus prudent - ou le plus chanceux. Il tenta d'abord d'exploiter une faiblesse connue de Talera : son goût pour les vins de sa région natale. Il fit préparer une bouteille unique, supposément issue d'un millésime rare de sa région, mais empoisonnée avec un toxique indétectable. Cependant, les procédures de sécurité strictes du camp, qui imposaient que toute nourriture et boisson soit d'abord examinée par des experts, rendirent son plan irréalisable. Après l'échec de cette tentative et ayant appris la mort de ses confrères, il disparut dans la nuit, abandonnant tout derrière lui. Certains dirent l'avoir aperçu sur les routes menant vers les royaumes du sud, mais nul ne put l'affirmer avec certitude.
## Les Captifs
Dans les trois domaines isolés appartenant au mystérieux seigneur, les familles attendaient. Les enfants Kelaris demandaient chaque jour après leur père, leurs jeux devenant plus silencieux, plus tristes. La vieille Sophia Navros priait dans l'ombre, ses mains déformées jointes dans une supplication muette, tandis que Lyra avait cessé de chanter, son silence plus éloquent que toute complainte. Aria Menaros, dont le ventre s'arrondissait chaque jour davantage, craignait de donner naissance dans sa prison dorée, pendant que le petit Nikos dessinait inlassablement des vignes sur les murs de leur cellule.
## L'Après
Suite à ces tragiques événements, le destin des familles resta un mystère. Les enfants Kelaris, la mère et la sœur Navros, l'épouse enceinte et le fils Menaros - tous disparurent sans laisser de trace. Les auberges et les marchés d'Okord murmurèrent longtemps leurs noms, mais nul ne les revit jamais. Même les plus habiles espions des deux royaumes ne purent découvrir ce qu'il advint d'eux.
## La Situation Finale
Dans le camp déomulien, la sécurité autour de Talera se renforça après chaque tentative. Les gardes devinrent plus nombreux, plus vigilants, les procédures de sécurité plus strictes. La traîtresse continua ses négociations, ignorant le prix payé par ces familles innocentes pour sa survie.
## Épilogue
Dans l'ombre de son château, le mystérieux seigneur contemplait les résultats de sa machination avec amertume. Deux morts et un fugitif - ce n'était pas le bain de sang qu'il avait espéré. La traîtresse vivait toujours, protégée par ses nouveaux alliés. Mais par tous les Dieux anciens et nouveaux, il se jurait qu'elle ne l'emporterait pas au paradis. Ce n'était que le premier acte d'une vengeance qui se devait d'être aussi complexe que parfaite.
MJ d'Okord.
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La bête était énorme. Son dos large comme une foudre de calvok. Ses sabots de la taille d'une grande assiette où dix convives auraient pu manger à satiété.
Et l'homme dessus paraissait si frêle. Si menu. Grand sans nul doute, parmi les hommes courtaud aux pommettes rouges. Sa race était d'un tout autre acabit que celles de sa suite. Le cheveu sombre. La mine altière.
À ses côtés l'on s'étonnait habituellement du peu de cas qu'il faisait de son entourage. Souvent absorbé à d'autres pensées. Mais cette fois son regard était dur. Fixé sur la forteresse. Presque à portée d'arc. A porté de charge ou peu s'en faut.
Les 35 milles hommes de l'Ost avait déroulé le camp. Une part non négligeable avait ensuite fait demi tour. Maugréant pour la plupart mais point trop. Nul n'ignorait que la partie ne serait pas aisé.
Commander à autant. Voilà qui aurait rendu fier Bohémont. Sage lui adressa de silencieuse pensée. Le Duc lui manquait. Plus que bien s'en doutait. Il commençait à se murmurer en Nortmannie et à la vieille ville de Vaux, repère de la Vieille noblesse que le capitaine s'arrangeait fort bien de l'absence du Duc. Et qu'il manœuvrait pour éloigner tout gêneurs.
Sage laissait dire. Point inconscient mais fort peu enjoué à tendre la joue au jaloux. Peut être était ce mieux ainsi. La rumeur aurait dit bien d'autres choses peut être moins flatteuse si elle connaissait la vérité.
Sortant de sa réserve le capitaine désigna à ses estafettes des points dans la plaine.
"Faites donc Volter quelques passereaux par là bas. Que les cordes des Arbalétriers soient bien huilées. Personnes ne charge sans ordre. Comme à la parade pour l'instant. Tout doux. On pousse mais tout doux."
À sa senestre comme à sa dextre les alliés en faisaient de même.
La ligne se déployait dans la plaine de Déomul.
Duc de Nortmannie, Seigneur de l'Ouest
"Ce qu'avons, Gardons ! "
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Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=rRexqa3J4CM
Quelque part en Deomul, les plus grandes armées d'Okord se dirigent vers leur duel annoncé contre Deomul.
Les armées dorées de la maison Trof et les armées sombres de la maison d'Autriche avancent dans ces nouvelles contrées avec la méconnaissance des lieux et des armées qu'ils vont affronter.
Plus de cent milles guerriers arborant les couleurs jaunes ou noires scintillaient sous le soleil levant qui réchauffait déjà les hommes sous leur cuirasse.
Un épais nuage de poussière s'élevait à leur passage.
Au loin, ils pouvaient apercevoir l'impressionnante armée Déomulienne aux couleurs blanche et bleu ciel déjà installée.
Dès l’arrivée des troupes okordiennes, les armées sombrent du connétable s’écartent pour permettre le passage de deux cavaliers ; le seigneur Ferdinand et le commandant Hoff, commandant des armées Dorée, s’avancent au trot.
Les bannières portées par les troupes renvoient aux blasons d’Okord, des Trofs et de l’Autriche.
Les deux Okordiens sont suivis d’une escouade d’arbalétriers qui semblent attendre des instructions de Ferdinand.
Un porteur d'un drapeau blanc s'approche , accompagné du chef des armées Déomuliens et de Talera Happs. Le chef de guerre observe toute l'armée adverse au fur et à mesure qu'il approche.
Chefs des armées, vous avez semble t il emporté avec vous un peu plus d'hommes que prévu. Quelle en est la raison ?
Ansberg Hoff, le jeune commandant répond directement.
Ces armées en trop sont miennes, chef des armées de Deomul. J’escomptais vous montrer que nous avions encore quelques troupes en réserve.
Ardegon Epivítoras, chef des armées de Deomul souris, amusé.*
Et c'est tout ce que vous avez en réserve ? - N'attendant pas la réponse. - Peu importe, nous avons d'autres choses à discuter avant de nous affronter.
Chef des armées d'Okord, avez vous réfléchi à ma proposition ? Allez vous renvoyer une partie de vos troupes ?
- Nous allons même faire davantage, général. Non seulement une partie des troupes qui devaient vous affronter en ces lieux se retireront, mais en plus j'ai partagé en toute transparence avec les Okordiens sur votre proposition. Je n'ai pas manqué de faire état des nombreux avantages que présentait votre offre. Vous pouvez me croire ma parole aura plus de légitimité que celle de la bannie, que vous aviez envoyée. Mais en parlant de traître, où est-elle ?
Ardegon Epivítoras s'écarte pour laisser Talera Happs bien visible.
J'espere que vous aurez les yeux plus grand ouverts durant la bataille, chef des armées.
Le puissant guerrier saisi le bras de Talera Happs et l'envoie avec force vers Ferdinand.
Reprenez là sur vos terres. J'en ai assez de l'entendre.
Ferdinand adresse silencieusement un signe de la main à l'escouade d'arbalétriers qui l'avait suivi. Ils s'avancent, saisissent la captive par les poignets avec fermeté - mais sans violence excessive - et les lient solidement. Elle est en suite entraînée en retrait du campement militaire okordien.
Le déomulien Ardegon Epivítoras observe le groupe s'éloigner
Je souhaite bon courage à tous ces hommes.
Le connetable poursuit
Merci de ce geste de bonne volonté, général. Il était temps que la promenade de cette femme s'achève. Ce sujet accessoire étant réglée, parlons de ce qui amène cette centaine d'hommes si différents au même endroit.
- Je vous écoute. répondit simplement le guerrier
- Vous aviez semble-t-il des choses à nous dire avant que la bataille ne puisse débuter. Avez-vous terminé ? - questionna Ferdinand
- Je m'attendais à ce que, de part votre sens de l'honneur, vous m'annonciez le retrait de toute cette armée derrière vous. N'est ce pas ce que vous vouliez me dire ? - répondit en réponse le déomulien.
Ansberg esquissa un sourire des propos du Deomulien. Malgré la différence de taille des deux armées, Ardegon osait moquer le connétable.
Ferdinand secoue la tête en signe de dénégation, imperturbable.
Cela ne peut être. Nous consentons à réduire nos forces, non pas à renoncer à tout affrontement. Nous nous devons de conquérir ces terres par l'épée, autant que par les engagements que nous prenons les uns et les autres.
Une lueur brille dans les yeux du chef de guerre étranger.
Je n'en espérais pas moins de vous ! Combien d'hommes libérez vous ?
- L'armée okordienne qui se présente à vous intègre les hommes de la maison Trof et ceux de l'Autriche. Les troupes qui seront diminuées seront celles relevant de la maison Trof. Je laisse le soin à son commandant d'en indiquer le nombre.
Ferdinand scrute le visage du représentant Trof qui se redresse, surpris
Vous ne faites pas de geste, connétable ?!
- Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire - mais votre question me permet de clarifier ce point auprès du général -, il serait malvenu et lâche de la part du chef des armées d'Okord de retirer une partie de ses troupes, alors qu'il a envoyé sur le champ de bataille tant d'hommes venant des quatre coins du Royaume. La responsabilité d'un chef est d'être en première ligne, et de s'engager corps et âme...
Le jeune commandant Ansberg Hoff le coupa sechement
Ma responsabilité est de préserver la vie de mes hommes et de mon domaine !
L'air sombre, Ferdinand fixait avec désapprobation le commandant et son ton en présence d'un dignitaire étranger. Le jeune commandant se tourna vers le chef des armées de Deomul :
J’ai… J’ai besoin de savoir. De combien d’hommes avez vous besoin pour prendre à coup sûr une province à Trakbalaar ?
Ardegon Epivítoras sembla s'amuser de l'opposition des deux okordiens mais répondit.
Nos espions nous ont indiqué que les bastions à nos frontières dénombraient presque 30 000 hommes. Je dirais qu'avec 40 000 hommes libérés nous devrions pouvoir vous garantir la prise d'une province de Trakbalaar.
- J’aimerais avoir plus de certitudes, chef des armées deomuliennes.
- La guerre ne donne aucune certitude jeune commandant. Mais je peux m'engager. Libérez 40 000 hommes, j'en libèrerais près de 35 000 et une province du nord tombera pour Okord. J'en fais la promesse.
- Accordez moi quelques minutes je vous prie.
Ansberg s’éloigne vers ses troupes et discute avec plusieurs lieutenants. Pendant ce temps, le connetable proposa sa participation :
Général, j'ai confiance en votre parole. Vous ne l'avez jamais trahie depuis que nous interagissons ensemble au nom de nos peuples.
Pour cette province du nord que vous mentionnez, je consens donc à retirer onze milles hommes.
S'adressant à un lieutenant autrichien qui était demeuré à proximité après l'arrestation de la bannie.
J'ai dit.
Ansberg Hoff revint à cet instant :
Je puis libérer sur le champ 29 500 hommes.
- Ce qui fait 40 000 hommes libérés de notre côté.
- Connétable ! D’autres que vous peuvent faire ce geste. Tous ont reçu vos consignes !
- Si à nous deux nous pouvons gagner aux Okordiens une province entière rien qu'en faisant l'effort de diminuer notre puissance, j'y consens avec responsabilité et honneur. Quant aux Okordiens qui suivront mes consignes, ils permettront d'en gagner encore davantage. Nous aurons montré l'exemple.
Ardegon Epivítoras patienta que les deux okordiens aient terminé leur discussion pour leur répondre :
Au vu du rapport de force de notre duel, je vais libérer un peu plus de 30 000 hommes. Je vous remercie pour ces vivants. Ils seront rejoints par les troupes libérés des autres duels et, s'ils sont suffisamment nombreux, prendront la direction du nord. Est ce que nous avons un accord ?
- Connétable. Faisons confiance aux Okordiens. - suggéra le jeune Ansberg
- Très bien, procédons ainsi.
- Fier et fort ! Nous avons un accord ! Libérez vos 29 500 hommes jeune commandant, libérez 11 000 hommes chef de guerre, et c’est 32 450 hommes que vous ne verrez plus derrière moi ! - s'écria Ardegon
- Nous avons un accord. - répond calmement le connetable, en convoquant d'un signe impérieux de la main le lieutenant déjà mentionné, et lui adresse des instructions brèves.
Fais savoir aux Okordiens l'engagement contracté par le régiment austro-doré. Que cela serve d'exemple voire d'instruction.
Le général Ardegon Epivítoras se dirige vers ses lieutenants et donne ses ordres.
Des guerriers s'écartent des longues processions et quittent les lieux.
Un lieutenant questionne le chef des armées Déomuliennes :
Le plan a t il fonctionné ?
- Bien mieux que je ne l'esperais, bien mieux. Faites passer les consignes, comme prévu.
MJ d'Okord.
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Les lieutenants responsables de chaque duel s'étaient rassemblés autour de leur chef Ardegon Epivitoras.
Ces hommes fiers hier affichaient aujourd'hui des mines inquiètes.
Où sont ils ?!
Le champion de Deomul ne pouvait porter sur ses seules épaules le poids d'autant de duels, et certainement pas lorsqu'ils étaient autant déséquilibrés.
Le retard de la seizième n'était pas passée inaperçue, et pour cause.
Où sont les hoplites ?!
Ces guerriers reconnaissables au bouclier rond et à leur lance n'avaient plus donné signe de vie depuis plusieurs jours.
Est ce que quelqu'un peut me dire où sont ces fainéants ?! Ils ne sont déjà pas fichus de courir deux cents pas mais si en plus ils ne rejoignent même plus le front militaire nous n'y arriverons pas ! Où sont ils ?
Les hoplites étaient la catégorie militaire la plus jalousée et moquée de Deomul. Moquée parce qu'elle était généralement placée à l'arrière des troupes du fait de son manque d'endurance. Jalousée parce qu'elle était composée essentiellement des guerriers les plus riches.
Est ce que vous avez envoyé un messager aux bains, ou aux hétaïres ? se risqua le lieutenant de la 3ème.
Nous sommes en guerre et ils prendraient du bon temps ?!
- Elles ont ouvert un nouveau centre, peut être...
- Un nouveau centre ?!
- Oui, j'en ai entendu parlé aussi. - compléta le lieutenant de la 10ème.
Parle !
- De nouveaux thermes ! Les hétaïres de l'est se sont regroupées et ont fais batir des thermes. Elles y réalisent toutes leurs activités.
- Où est ce ?! Parle !
Le lieutenant apporta sa carte et désigna une ile au coeur d'un grand lac à plusieurs centaines de lieues.
S'ils sont encore là bas ils n'arriveront jamais à temps ! Messager ! Un messager !
Un homme de petite taille s'approcha
Va à ces thermes et revient immédiatement avec les hoplites !
Le champion de Deomul était furieux, et tous les lieutenants savaient qu'il fallait rester discret dans ces moments là.
Faites moi votre rapport chacun votre tour. La 15ème ?
- Ils progressent lentement, nous les contenons.
- Pour nous aussi.
- Nous, nous allons tenter une percée.
- Nous aussi nous les contenons malgré leur nombre.
- Pour nous cela va être très difficile, ils sont beaucoup plus nombreux et ils chargent sur toute la largeur et ...
- Suivant ! coupa le champion
- Ils tentent de contourner nos positions avec leurs cavaliers. Nous allons les contenir.
- Ils sont déjà au contact. Si nous avions eut les hoplites...
- Mais vous ne les avez pas ! Tenez bon !
Les duels venaient de débuter, il y avait encore peu à dire. Les lieutenants étalaient brièvement leur rapport les uns après les autres.
Et vous ?
- Alors nous, nous avons failli gagner !
- Formidable ! Félicitations ! Voilà un bel exemple ! Où en êtes vous ?
- Justement, heuu... nous l'avons perdu.
- Vous quoi ?!
Dans les minutes qui suivirent, le champion de Deomul apprit a ses dépends que la malice des Okordiens était parfois leur meilleure arme.
MJ d'Okord.
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(veuillez excuser toute betise... j'ai du utiliser le traducteur à plusieurs reprises)
L'atmosphère était tendue. Un tableau irréel s'ouvrait devant les troupes Okordiennes.
Le général de Déomul avait poussé ses troupes pour gagner le point d'avantage au mileu du champ de bataille. La configuration du terrain était telle qu'il formait une douce pente de chaque côté. L'avantage tactique était minime, parce que la pente était légère. Mais Neslepaks savait pourquoi le Déomulien avait voulu atteindre cet endroit. Les légions Déomuliennes s'étaient déployées pour former une impressionnante barrière humaine. D'un point de vue inférieur, il n'y avait aucun moyen de juger l'étendue réelle de ces rangs. Et Neslepaks savait que ses soldats imaginaient déjà des centaines de milliers de guerriers ennemis s'étendants au-delà de l'horizon. Et il savait qu'ils étaient sur le point de se pisser dessus.
Les règles du duel prévoyaient que des armées de taille similaire s'affrontent. Mais là ce n'étaient que des mots échangées entre émissaires sous une tente. Neslepaks n'avait aucune confiance en ces Déomuliens. Le général ennemi l'avait rencontré brièvement avant la bataille, mais n'avait pas dit un mot. D'après ce que savait Neslepaks, il se pourrait bien qu'il y ait des centaines de milliers de guerriers entre son armée et le camp déomulien. Et leurs rangs semblaient aussi solides que l’acier. Impénétrables.
Une fois de plus, le doute refit surface dans son esprit. Dans quel genre de piège s’était-il mis? Neslepaks avait commencé à douter de sa décision lorsque son armée avait été assignée à la province Déomulienne la plus éloignée. A plusieurs lieues à l'intérieur du royaume ennemi, à plusieurs lieues de tout contingent ami. La longue route pour y arriver avait encore plus aggravé ce sentiment. Ils avaient dû border une impressionnante chaîne de montagnes, ce qui les avait rapprochés encore plus du cœur de Déomul, puis tourner vers le sud dans une péninsule allongée, où les falaises de chaque côté de leur route créaient des sites parfaits pour une embuscade.
Des rumeurs avaient commencé à se répandre parmi les officiers, selon lesquelles les puissants d'Okord voulaient se débarrasser du vicomte, qu'on l'avait envoyé lui et ses troupes au massacre. Après tout, une petite maison comme la sienne n’était qu’un ennui, n’est-ce pas? Neslepaks secoua la tête pour se libérer de ces pensées agaçantes. La politique, un autre jour. Il devait maintenant trouver un moyen de faire face à ce barrage humain. Mais comment? Ses troupes avançaient déjà rapidement, difficile d'opérer des changements stratégiques à ce stade. Neslepaks n'avait jamais été un bon stratège. Il lui était difficile de déchiffrer les plans des autres ou d'anticiper leurs actions.
Avec un soupir et un haussement d'épaules, il décida qu'il se fichait de ce que ce maudit Déomulien avait en tête. Neslepaks continuerait comme un taureau. Tout droit dans cette barrière humaine. Mais pas trop vite. Montrez-leur notre discipline. Et s'ils avaient des archers dignes de ce nom, qu'ils tirent. Cela mettra le courage des gars à l'épreuve: les rangs serrés, en marchant vers une mort certaine. D'un geste de la main, il fit signe à son lieutenant que les ordres pour les régiments du centre resteraient les mêmes.
Il fallait pourtant trouver un moyen de perturber cette démonstration de confiance déomulienne. Essayant d'évaluer les distances sur le terrain, il décida que le régiment de cavalerie légère qui était le plus proche de lui avait une chance de contourner les lignes ennemies par l'extérieur et, ainsi faisant, de créer peut-être un peu de panique. Il donna rapidement les ordres, soulignant que les cavaliers devraient par tous les moyens essayer de couvrir le plus de chemin possible sans engager le combat. C'était un pari risqué. Ce régiment de cavalerie était l'un des atouts majeurs de son armée. Isolé, il tomberait rapidement aux mains de l'infanterie lourde ennemie, ces guerriers monstrueux que les Déomuliens appelaient Ankiros...
Dernière modification par Neslepaks (2024-12-09 15:12:32)
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Quelque part en Trakbalaard, à quelques lieux de batailles particulière qui se déroulaient en Deomul.
Des espions suivaient les aller et venues de mercenaires installés dans un petit fortin appelé avec originalité : " Camp de huskarls ".
Depuis plusieurs jours déjà, ces espions participaient à renseigner les armées de Deomul.
Une armée en particulier bénéficiait de toutes ces informations, celle qui avait pu être créée grâce à une invention pour le moins étonnante en temps de guerre : les duels.
Et plus surprenant encore en temps de guerre, les participants à ces duels s'étaient évertués à réduire leurs effectifs de part et d'autre, laissant la vie sauve à un grand nombre de guerriers.
Les okordiens appellent cela la chevalerie, mais pour Deomul cela avait surtout été une opportunité :
Chaque guerrier déomulien sauf était désormais prêt à se battre de nouveau contre les mercenaires de Trakbalaard.
Et ils étaient là, prêts à passer à l'action et à l'assaut de ce fortin paisible.
Les espions faisaient leur office, les informations étaient précises et fiables.
Le jour de l'assaut approchait, les préparatifs s'affinaient, tout serait prêt.
Et puis ce jour, celui où les espions revinrent avec une nouvelle plus surprenante qu'inquiétante : Les troupes avaient quitté le fortin tôt ce matin là.
Il n'en fallut pas plus pour le lieutenant de cette nouvelle armée de Déomul et lança ses troupes à l'assaut du fortin.
Les cavaliers arrivèrent les premiers dans ce village livré à lui même, sans aucune protection militaire.
Les troupes prirent leur quartier et organisèrent le fortin comme s'il était leur.
Les villageois poursuivaient leurs activités comme dans tout territoire où les frontières changent plus souvent que les bains des rois.
C'est seulement lorsque le lieutenant fouilla les archives de son prédécesseur étranger, aider d'un traducteur, qu'il compris ce qu'il se passait :
Les troupes avaient été réquisitionnées par leur chef militaire Grinzuson pour rejoindre le front de l'Ouest, ils attendaient une nouvelle équipe militaire avant leur départ.
L'armée du dit "Loup Argenté" était attendue et devait arriver ...
Σήμερα !
(aujourd'hui !)
MJ d'Okord.
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"La Soirée des Honorables"
La nuit enveloppait le campement militaire de sa cape sombre, à peine troublée par les lueurs dansantes s'échappant de l'imposante tente-taverne "Le Repos du Guerrier". Cette taverne itinérante, fidèle compagne des armées, avait planté ses piquets entre les tentes des soldats et le quartier des officiers. Des bannières aux couleurs passées claquaient doucement dans la brise du soir, leurs emblèmes à moitié effacés témoignant des nombreuses campagnes traversées.
À l'intérieur, la chaleur moite des corps serrés se mêlait aux effluves de Calvok et à la fumée des pipes. Les lanternes à huile se balançaient aux poutres temporaires, projetant des ombres mouvantes sur les visages marqués par la guerre. Des tables de fortune - simples planches posées sur des tréteaux - s'alignaient en rangs, tandis qu'un brasero rougeoyant luttait contre l'humidité qui s'infiltrait sous la toile.
Dans ce décor de guerre déguisé en taverne, une silhouette se détacha. Un barde à la cape rapiécée, le visage à demi dissimulé sous un chapeau orné d'une plume de corbeau fatiguée, se hissa sur une caisse de ravitaillement reconvertie en estrade. Sa vielle à roue grinça doucement alors qu'il s'éclaircit la gorge...
"L'Épique Immobilité"
Ce fut en ce matin aux reflets éclatants,
Que deux fiers Okordiens menaient leurs bataillons,
Peyrus et Gauthier, commandants si vaillants,
Face au Déomulien, terreur des légions.
L'ordre d'attaque vint dans la grande clameur,
Mais les soldats de Gauthier, pris de léthargie,
Restèrent figés, provoquant la stupeur,
Comme touchés par quelque étrange magie.
Le Déomulien, saisi d'hilarité,
Contemplait ce tableau d'une rare splendeur,
La moitié des troupes dans l'immobilité,
Tandis que Peyrus fulminait de fureur.
Ce dernier, transformant sa rage en puissance,
Chargea si fort que l'ennemi rieur cessa,
Sa lame dansait avec tant d'élégance,
Que le fier Déomulien s'en embarrassa.
Ainsi fut contée cette étrange bataille,
Où l'immobile permit au mobile de vaincre,
Où le rire se brisa comme la paille,
Quand Peyrus seul sut l'ennemi convaincre.
Le barde s'interrompit, ses yeux brillant d'une lueur malicieuse dans la pénombre. "La dernière strophe... elle viendra avec l'issue du duel..." murmura-t-il avant de se fondre dans l'ombre entre deux tonneaux.
Près du brasero, à une table particulièrement bancale calée par des morceaux de cuirasse, les capitaines Peyrus et Gauthier partageaient une bouteille de Calvok. Leurs uniformes, bien que portés avec fierté, montraient les stigmates des derniers affrontements.
Gauthier, renversant du Calvok sur son écusson : "Non mais l'avez-vous entendu celui-là ? C'était stratégique de ne point bouger ! STRA-TÉ-GIQUE !"
Peyrus, essuyant le goulot avec sa manche : "Ah oui, comme votre plan stratégique de ronfler pendant le conseil tactique ? Passez-moi donc cette bouteille..."
"Et puis je vous signale que nous avons tenu la position Nord avec une poignée d'hommes !" reprit Gauthier
Peyrus, s'étouffant avec sa gorgée : "VOUS avez tenu le Nord ?! Voilà qui est la meilleure ! Qui donc vous hurlait les ordres depuis l'autre berge, hein ?"
Gauthier, agitant la bouteille vide devant une lanterne : "Tenez, c'était comme vos arguments... il n'y avait plus rien dedans !"
"Votre tête aussi était vide, et pourtant elle prenait plus de place qu'un bouclier de siège !" répondit Peyrus
Le vieux tavernier, sa barbe grisonnante tressée à la mode des anciens soldats, déposa silencieusement une nouvelle bouteille, son tablier usé portant les taches de mille soirées semblables.
Gauthier, son regard se perdant dans les ombres du chapiteau : "Si nous échouons demain, la Siostry me fera astiquer les armures jusqu'à ce que mes cheveux soient aussi blancs que ceux de mon grand-père..."
"Ne m'en parlez point... Aguilar me fera porter l'emblème du lièvre peureux pendant une lune..." Pause. "Mais attendez voir... qu'était-ce donc que cette histoire de 'dernière strophe' ? Cet imbécile doute de l'issue du duel ?!"
Gauthier, son teint prenant la couleur de la toile de tente : "Croyez-vous... croyez-vous qu'il savait quelque chose que nous ignorions ? Croyez vous que nous pourrions échouer ?!"
"Non, impossible... enfin j'ose espérer..." balbutia Peyrus
Les pans de la tente s'écartèrent brusquement, laissant entrer un messager dont les bottes témoignaient d'une longue course dans la boue du campement.
"Capitaines ! Le champion Déomulien... il demande à parler de sa reddition !"
Peyrus, se redressant fièrement sur son tabouret bancal : "AH ! Que vous avais-je dit ! Nous n'avions jamais douté !"
Le lendemain soir, alors que les célébrations battaient leur plein dans la taverne bondée, le barde mystérieux réapparut comme par magie. Le silence se fit tandis qu'il accordait sa vielle à roue. D'une voix claire, il entonna la dernière strophe tant attendue :
Et vint enfin l'ultime dénouement,
Quand le Déomulien, sage en sa décision,
Déposa les armes solennellement,
Scellant des Okordiens la glorieuse action.
Les vivats explosèrent sous la tente, les chopes s'entrechoquèrent dans un tintamarre assourdissant. Au milieu de la cohue, Peyrus et Gauthier, bras dessus bras dessous, chancelaient légèrement en commandant une tournée générale pour leurs hommes victorieux. Dans l'ombre, le barde mystérieux rangea sa vielle à roue, un sourire énigmatique aux lèvres, avant de disparaître dans la nuit...
Dernière modification par HernfeltMayer (2024-12-07 23:41:38)
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
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Le regard vague, l’air hagard, Ferdinand avançait péniblement sur le théâtre du champ de bataille. Sa marche était compliquée par le nombre incommensurable de cadavres étendus sur plusieurs centaines de mètres. La mort semblait avoir fait de tous ces hommes des frères ; tous ces visages qui s’étaient tus à jamais semblaient identiques. Seules les distinguaient l’expression finale dans laquelle s’était figé leur visage et la position dans laquelle ils avaient été rappelés par l’Être suprême.
Même les blasons des armures ne permettaient plus de distinguer les uns et les autres ; le sang séché, la terre boueuse et la perforation des armures avaient transformé ici l’aigle gris autrichien en corbeau rouge, là la plume bleue des Trofs en aiguille ensanglantée.
Fantassins, capitaines et archiduc se mêlaient et se croisaient sans se voir. Durant les heures qui suivent un épisode d’une telle violence, il n’y a plus de hiérarchie entre les hommes ; seule subsiste la distinction entre morts et vivants. Certains soldats, qui étaient demeurés sur les lignes arrières, avaient gardé contenance et s’affairaient autour des blessés ou à la récupération des drapeaux. Mais la plupart semblaient simplement incrédules, comme s’ils se demandaient si l’être humain pouvait réellement produire un tel déchainement de violence.
Ferdinand s’était immobilisé devant un tableau qui appartenait déjà à l’Histoire de l’Autriche. C’est ici que treize mille quatre cent soixante-sept chevaliers autrichiens, parmi les meilleurs de l’Autriche, avaient été chargés par vingt-deux mille ankiros déomuliens acculés par les troupes austro-dorées.
Il n'y eut aucun survivant. En cette septième lune de la douzième année de la 27ème ère, plus de treize milles chevaliers autrichiens tombèrent sur le champ de bataille, sur cet assaut qui fut l’un des plus sanglants de l’histoire okordienne. Ils se battirent férocement, avec l’ardeur caractéristique des Autrichiens ; onze mille ankiros tombèrent avec eux.
Certains affirmeraient qu’ils résistèrent avec héroïsme. Mais Ferdinand, qui contemplait avec une tristesse infinie ces visages muets, ne parvenait pas à visualiser l’héroïsme ; il ne voyait que la mort.
La bataille avait été un grand succès stratégique, militaire et politique. Le chef de guerre des Déomuliens avait été défait sur le champ de bataille. Le régiment austro-doré avait remporté une victoire décisive et hautement symbolique, sous le commandement de Ferdinand. La doctrine militaire autrichienne avait fait la preuve de son efficacité.
Tout cela, le seigneur autrichien se le répétait intérieurement. Inlassablement. Pourtant, ces pensées avaient l’effet d’une flèche qu’on tirerait vers le ciel ; elles n’atteignaient pas leur cible, à savoir la culpabilité immense qui le dévorait.
Cette guerre avait été nécessaire. Il en demeurait convaincu : dans les royaumes guerriers, tels celui d’Okord, de terres insuffisantes résultent guerres civiles, dévastations et chaos. Mais si le sens du devoir constituait une boussole précieuse pour la conduite morale, il n’était en rien une armure pour l’âme ; la sienne, Ferdinand le sentait intimement, avait été facturée.
Ferdinand
Seigneur d'Autriche
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Ils combattront à l’ombre
https://www.youtube.com/watch?v=3MVqdYc … Z&index=15
L’Ost du roi est en marche, Déomul leur fait face,
Quatre nobles okordiens, unis dans un même combat.
« La terre tremble sous nos pas, ils sont faits comme des rats ! »
Et leur sang les appellent, pour défendre leur place.
Symboles d’Okord, ils doivent montrer l’espoir qu’ils portent,
Leur force et leur courage les rendront vainqueurs !
Battez-vous côte-à-côte, votre armée sera plus forte,
Vous devez avancer pour un futur glorieux !
Battez-vous côte-à-côte, nous aurons cette province,
Pour ce royaume et pour tous nos futurs princes.
Tenez ! Tenez ! Ils décident de charger !
Tenez ! Tenez ! De flèches criblez les !
OKORD !
Feu à volonté !
Abattez-les !
Leurs ankiros s’effondrent, et leurs chevaliers aussi !
Mais les vagues continuent, et atteignent notre front !
Nos arbalétriers chargés, mais qui tiennent bons.
Nos archers transpercés, mais pas un ne s’enfuit.
Nos lanciers, nos cavaliers qui se sacrifient.
Protégez nos archers de ceux qui les occis.
Battez-vous côte-à-côte, votre armée sera plus forte,
Vous devez avancer pour un futur glorieux !
Battez-vous côte-à-côte, nous aurons cette province,
Pour ce royaume et pour tous nos futurs princes.
Tenez ! Tenez ! Ils décident de charger !
Tenez ! Tenez ! De flèches criblez les !
OKORD !
Battez-vous côte-à-côte, votre armée sera plus forte,
Vous devez avancer pour un futur glorieux !
Battez-vous côte-à-côte, nous aurons cette province,
Pour ce royaume et pour tous nos futurs princes.
Leurs forces sont brisés, nos guerriers ont tenu bon,
Nos cavaliers sortent, leurs archers sont tués !
Les derniers ankiros face à nos chevaliers !
La bataille est finie, voici leur reddition !
Criez ! Criez ! Nous sommes victorieux !
Criez ! Criez ! Pour un futur glorieux !
OKORD ! OKORD ! OKORD !
OKORD ! OKORD ! OKORD !
Denryl se tenait devant plus de 8000 corps recouvert d’un linge azur, ceux des archers et arbalétriers de Cylariel qui avaient donné leur vie pour leur assurer la victoire. S'ils avaient fui, ils auraient sauvé leur vie et la bataille aurait été perdue. Mais face à la mort, ils avaient tenu leur position, et continué à tirer alors même que les déomuliens massacraient leurs rangs, protégeant de leur vie leur seigneur et roi, qui s'était joint à eux dans la victoire ou la mort.
Cinq-cent-quinze. C'était le nombre d'arbalétriers qui avaient réchappé du combat à ses côtés, et qui par leur courage sans faille venaient de s'illustrer comme des vétérans de Cylariel, les vétérans de la bataille de l'Ost du Roi. Pour les morts, seul resterait l'honneur d'avoir servi Okord et de rejoindre l'armée divine. Quant aux vivants, d'autres combats viendraient.
Denryl se retourna, impérieux. Son devoir était accompli, et la victoire de son ost écrasante. Il était maintenant temps de s'assurer que Déomul tienne parole.
Dernière modification par Altéria (2024-12-08 03:14:17)
Maison Altéria, Dames et Seigneurs de Cylariel et de Massoala
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Les oiseaux pépiaient. Rossignols et tarins des aulnes se cherchaient partenaire, prêts à tout pour se perpétuer. Contrairement aux corbeaux qui arrivaient de toutes parts, les petites engeances chantantes et insoucieuses ne prêtaient aucune attention à ce qu'il s'était passé sur la terre des bipèdes. Pour leurs grands frères en robe noire, en revanche, c'était la saison de l'aubaine. Les humains s'étaient éventrés les uns les autres partout dans la région. Ici aussi, des milliers de repas chauds gisaient, hagards ou déjà morts. Ils étaient même étiquetés : on avait planté des bouts de branche avec des plumes dedans pour mieux les repérer.
Un homme brun dans la force de l'âge chevauchait au pas parmi les morts, un instrument à cordes accroché à sa selle. Il portait la livrée d'azur et d'or comme on traîne un boulet. Son service auprès du chef Sköll lui avait rendu ses joues creuses d'antan, son teint hâlé trahissait son origine du Sud, et l'air de mépris qui se dessinait sur sa face en disait long sur la hauteur de sa naissance. Quelques chevaux boiteux broutaient sur son chemin. Certains traînaient encore un maître mort accroché à l'étrier. Luis, le conteur, ne leur prêtait pas grande attention.
Il passa sans rien dire au large des compagnies d'arbalétriers qui détendaient leurs armes dans une ambiance de fête. Il accorda un long regard pensif à la colline trempée de sang qui s'étendait devant eux. Sans un mot, il fit obliquer sa monture par là. C'était un cimetière de chevaliers. Des tabards déchirés d'Okord ou de Déomul, méconnaissables, s'empilaient au sol les uns sur les autres. Quelques gémissements appelaient à l'aide par-ci par-là. Des écuyers soutenaient leurs maîtres souffrants vers un endroit plus sûr. Des ankiros morts se faisaient déshabiller. Des ankiros encore vivants se faisaient donner la miséricorde ou traiter en captifs. Et partout, des empennages, des carreaux et encore des carreaux. La fine fleur de deux royaumes s'était annulée ici, au rythme des arbalètes qui claquent.
Luis observa un moment la scène. Son cheval soufflait fort, perturbé par l'odeur de la mort. Il chassait les mouches et les taons et frappait du sabot, devenant plus nerveux à chaque seconde. Le conteur demeurait en selle, jouant avec ses rênes, abîmé dans ses songes. Des tueries, il en avait déjà vu des semblables. Il avait même été à l'origine d'un bon nombre. Cette tuerie-ci était différente.
Elle n'avait rien de notable par sa taille (médiocre) ni par son déroulé (annoncé) mais Luis ne pouvait se défaire d'une sensation étrange. Quelque chose n'allait pas. C'était peut-être le fait que cette bataille ne soit qu'un petit morceau d'un étrange jeu de quilles stratégique. Ou peut-être était-ce l'état des différentes troupes : en haut de la colline, des soudards armés de machines, intacts ; ici, la noblesse morte. Et là-bas, le camp déomulien -désert- était mis à sac par des guerriers barbus peints à la guède. Ce n'était pas un plaisant ordre des choses.
Gros Gigot, le destrier de Sköll, souffla bruyamment à côté de lui.
« Alors, saltimbanque, t'es dans la lune ? Tu as ce que je t'ai demandé ? »
Luis jeta un regard en coin au cheval du chef. Gros Gigot ne méritait pas son nom. C'était un animal de grande race, fougueux comme un tonnerre. Il passait son temps à tenter de chasser l'ignoble rustre qui le montait, et Sköll raffermissait sa prise à chaque essai, toujours aussi moqueur, impossible à désarçonner. Luis compatissait.
« Il n'y a pas grand-chose à dire sur cette bataille, chef. Vous étiez plus nombreux dès le départ, et vous n'avez pas laissé d'occasion à l'ennemi. Les déomuliens n'ont rien pu faire. »
Sköll renifla. Il était tout de suite plus sérieux quand on ne lui ramenait pas ce qu'il voulait.
« Il va falloir que tu trouves quelque chose. La moitié de mon armée est rentrée au camp sans pouvoir toucher à un cheveu d'un luméodien.
-Ça doit être décevant pour eux.
-Ouais. Et ça le sera encore plus si tu te magnes pas à trouver quelque chose d'épique. »
Sköll n'avait même pas besoin d'articuler la menace qui suivait, tant elle était naturelle. Des guerriers frustrés, ça passe les nerfs sur ce qu'ils ont à portée, y compris la petite famille d'un scalde captif. Luis devait se résigner à baratiner en vers pour plaire à des brutes, encore. Mais Sköll avait mis son gros doigt sur ce qui le chiffonnait depuis tout à l'heure.
« Pourquoi avoir accepté de réduire vos effectifs ? De la part de barbares de Träkbäläard, ça me surprend, surtout après tout le mal que vous vous êtes donné pour faire un héros d'un éclaireur raté.
-Här ! »
Luis fit faire un écart à son cheval par réflexe. Ce petit rire, il avait déjà vu le chef l'avoir avant de prendre un gars dans ses bras, et aussi avant d'en tabasser un autre jusqu'à ce qu'on ne le reconnaisse plus. Mais Sköll ne faisait pas mine d'être violent. Il prit le temps de vérifier que personne ne pouvait les entendre, avant de répondre, à voix basse :
« Le chef d'Autriche a l'air d'avoir un plan. Pour l'instant, je le suis comme un bon toutou, sans poser de question. Je compte bien en profiter un maximum. »
Il ajouta, toujours sotto voce, avec un petit regard en coin de ses yeux luisants :
« J'aime bien les gens qui ont des plans. Ma femme aussi en fait beaucoup. »
Luis inclina la tête, intrigué. Si cette allusion lui était destinée, il ne la comprenait pas. Peut-être Sköll profitait-il juste d'être avec quelqu'un qui ne répéterait pas ses confidences. Lassé d'être ici, Sköll fit volter Gros Gigot, violemment. La demi-tonne de muscles hargneux aurait pu envoyer voler le hongre de Luis d'un coup de sabot. Depuis sa hauteur, Sköll dominait le conteur d'une tête, et les crins de cheval qui pendaient de son casque de chef strolatz -trophée- accentuaient la menace. Il braqua ses petits yeux féroces dans ceux de Luis et dit :
« T'as pas ta langue dans ta poche, saltimbanque. J'aime bien. C'est pour ça que tu es encore en vie, malgré que tu pètes plus haut que ton cul. Mais t'avise pas de parler de ce que tu sais sur Beau Toff, ou de me manquer de respect devant qui que ce soit. Je serais obligé de te tuer et j'aime pas gâcher les talents. »
Dernière modification par Skoll (2024-12-08 19:13:16)
Sköll, fils de Kåtgram, petit-fils de Mūrj
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La Maison Norbury avait envoyée un contingent militaire rejoindre l'ost du Roi Denryl Alteria. Gontran, capitaine de Norbury, était chargé de diriger les opérations pour la Norbury. Le Roi avait ordonné à Gontran et ses hommes de garder le camp et de servir d'arrière garde. Gontran pu observer la bataille entre Deomul et le Roi d'Okord. Ce dernier était accompagné sur le champ de bataille par les Barons Oros Boros et Sir Ker. Quand l'armée de Deomul fût encerclée et largement décimée, le Roi fit donner l'arrière garde. Gontran donna l'ordre à ses troupes de charger ce qu'il restait des légions de Deomul.
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La bataille commençait. Les armées se mettent en place et avancent leurs premiers pions.
La capitaine des blés dorés était perplexe. Pourquoi avançaient ils si peu d'hommes en première ligne? Bien sur, de leur côté, tout était prêt.
Un centre fiable et versatile composé de cavaliers et de chevaliers. Juste derrière eux, les archers répartis en trois groupes, celui du nord et du sud étaient de taille équivalente. Celui du centre regroupaient le reste soit deux cent âmes.
Afin de protéger les flans et les arbalétriers, deux groupes de chevaliers furent détaché. Celui du nord comptait six cent âmes et avaient plus pour but de contourner l'ennemis que de protéger la faible piétaille.
En troisième ligne, le campement, prêt à faire surgir les renforts et combler les trous.
Le premier heurt eu lieu avec les cavaliers lors de leur sortie. Arrivant au galop pour se positionner en bouclier des archers, ils tombèrent sur une partie de la cavalerie déomulienne. Les ennemis furent vaillant et emportèrent un tiers de plus dans la tombe.
Alors que les combats commençaient, que les esprits s'échauffaient déjà, un blason apparut à l'arrière du campement et se dirigeait vers ce dernier. La dame Gène Andro venait en visite.
Bonjour Capitaine, je viens discuter avec notre ennemi.
Mais...Ma Dame, nous avons l'avantage, nos hommes sont prêts à donner leur vie! et il nous faut gagner en expérience...
Je sais tout cela. Vous ne m'apprenez rien. Je ne compte pas vous empêcher de vous battre mais nous allons plutôt profiter d'une opportunité de gagner sur tous les tableaux
Ainsi, la petite délégation continua, armé d'un drapeau blanc, d'avancer vers le camp de Déomul.
Les discussions furent animées et difficile mais Gène tient le cap de ses objectifs.
Pendant que les personnes importantes parlent, la bataille faisait toujours rage. La première ligne composée d'Ankiros de chevaliers et de cavaliers étaient presque à portée d'archers. Mais il ne fallait pas commettre l'erreur d'exposer la leur. Toute l'armée recula en ordre. La première ligne ennemie quand à elle avança juste assez pour permettre aux archers de décocher leurs traits alors que les archers ennemis avaient reculés. Ce fut un massacre dans les lignes ennemies et les Ankiros, menace inconnue, furent visé et tombèrent les premiers.
A la fin de cette discussion, elle se munit d'une pièce en or qu'elle tendit au lieutenant Déomulien en face d'elle.
Je choisis le côté pile et je vous laisse l'honneur de la lancer.
La province, après âpres discussions, fut vendue simplement à un simple lancer de pièce en or... Le lieutenant, sur de sa chance, lança la pièce en l'air et tous la regardèrent tomber.
Bien, maintenant que nous avons gagné, il est temps pour vos hommes d'aller rejoindre un autre front.
Ainsi la victoire fut faite. Les armées de Déomul se retirèrent en bon ordre et l'armée des blés d'or se regroupa sauf un détachement de cavaliers désigné pour détruire le campement adverse une fois celui-ci complètement évacué.
Ainsi s'acheva la bataille sur une victoire Okordienne.
La discussion et son contenu ne peuvent encore vous êtes comptée. Soyez patient et vous verrez. Merci d'avoir lu.
Dernière modification par Kuïla (2024-12-08 18:54:36)
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"Le prestige, l'honneur, la gloire ça dégueule de toutes les chansons, les récits, les légendes. Dès que le premier cador se fout sur la gueule avec un autre gus il y a tout un tas de pisse froid pour s'en gargariser. D'en faire des caisses et d'en écrire plus de feuillet qu'un incontinent en aurait besoin pour se torcher. Sur la crasse et le sang. L'horreur et la mort. La trouille et l'odeur des centaines de boyaux qui se vident sur eux il y a quelques asticots pour en faire des récits. Sans qu'on sache vraiment si c'est pour nous dégoutter de la faire ou si c'est par désir glauque devant les fondements qui se vident.
Peut être un peu les deux. Et même que des fois c'est les mêmes qui écrivent ces deux histoires. Selon qui en leur tient le crachoir ou l'écritoire.
Des caisses et des caisses. Et à nous autres ça nous en touchent une sans chatouiller l'autre. Moi j'aimerais bien lire un jour un truc. Enfin lire, j'dis lire mais j'ai pas toute ma grammaire. C'est pas une saine activité la lecture quand on pratique mon métier. Au moins entendre les racontars d'un bonhomme qui a le cran de dire qu'à la filoche les trois quart du temps on s'emmerde sec, on a le gosier sec comme un jour sans flotte et qu'on donnerai sa mère contre une flasque de calvok. Et tout ça pendant que des richou font les matador sur le dos d'une bestiole qui a autant envie que nous d'être là.
Donc on en était là. À se faire suer la nouille sous notre salade. Le cricq de l'espinglette dans la paluche et le pavoi plus lourd qu'un gros sur une donzelle.
Ça tournait et ça commençait à s'avoiner sec pour les premières lignes. Qui étaient clairement pas aussi loin qu'on aurait aimé. Faut dire que ça devait pas causer le même patoi de notre côté pour qu'on arrive pas à s'entendre entre copain du même bord. Devant moi le capitaine il tirait une gueule. Ça faisait une paire d'heure qu'il avait rejoint le rang et on sentait qu'il brûlait d'envie d'aller de mettre avec les chevaliers mais ces cons là en étaient encore à s'équiper au camp. C'est long et chiant une cotte de maille à mettre avec toutes les pièces d'armure qu'ils aiment avoir pour se lustrer la nouille et avoir l'impression d'être différent de nous autres les troupiers.
On avait commencé à sentir que ça allait se jouer là. Avec les cadors d'en face. Des espèces de Golgoth avec une gueule de sale type. À moitié débile pour avoir envie de courir aussi vite au devant du carnage.
Sacré tranche de rire qu'on allait se mettre. Rien de plus désagréable que d'être au centre quand t'as pas confiance dans les ailes.
Je sais pas si c'est la présence du Capitaine avec nous mais on attirait sur notre tronches toutes les flèches de ces bâtards d'en face avaient en réserve. Des vilaines flèches. Une vilaine guerre et toujours personne pour apporter un coup à boire.
Et j'ai entendu la clameur. Les grands chargeaient. Direct sur notre mouille. Après rideau. Je me souviens d'avoir tiré à m'en faire péter les phalanges sur l'espinglette. Avec les dents j'aurais bandé la machine si ça les avaient ralenti. Ils nous ont roulé dessus. Fin du spectacle, merci de rien oublier sous votre fauteuil et soufflé la lumière avant de quitter la salle.
La suite c'est les copains à l'infirmerie qui me l'ont raconté.
Quand les gaillards ont embarqué le capitaine ça l'a fait virer du vert au rouge direct. Il a insulté tout la clique, des choses pas très courtoise sur le passe temps de leur mère avec d'illustres inconnus à des tarifs fort peu onéreux. Les matadors monté se sont plus senti pisser et on chargé tout ce qui bougeaient pas loin. Les archers pas bégueule ont voulu montrer qu'ils en avaient dans le flutiau et s'y sont mis derechef. Y'a que les cavaliers qui ont été malin. Ils se sont fait la malle dard dard et sont repartis fissa à la maison porté la nouvelle.
Les autres chefs ont rendu les armes et y'a quelques gus qui sont rentrés à la maison. Pas loin d'un milliers de chevaliers. Avec un truc au cœur. Un truc sombre. Un truc qui fait que je suis pas mécontent d'avoir perdu une paluche. Ok pour la pignolle c'est moins commode mais déjà y'a toujours des rombières courtoise avec les vétérans des compagnies radieuse et deuxio vu la trogne du capitaine en rentrant de captivité va pas falloir longtemps pour que le couvert sois servi."
Récit anonyme recueilli dans les maisons de soin de Nortmannie.
Duc de Nortmannie, Seigneur de l'Ouest
"Ce qu'avons, Gardons ! "
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Sous un soleil de plomb, les bourrasques balayaient les plaines vertes qui séparaient les deux armées, et faisait ployer toute la végétation. De chaque côté, les soldats s’avançaient en ligne régulière. Le souffle aérien mordait le cliquetis des armures, qui paraissait presque inaudible.
Juché sur un hongre blanc, le marquis Randar de Larnillis observait le déplacement des troupes avec attention. L’heure était enfin venue. Il avait attendu l’arrivée des renforts ennemis avant de lancer les troupes au combat. Bien qu’il n’aimât guère l’idée de livrer un duel équitable en contexte de conquête, il avait accepté malgré lui ce plan dans la tente de commandement. Il l’avait juré devant son roi, devant Yggnir. Le seigneur écarlate empruntant le chemin de l’honneur, il n’avait donc qu’une parole : il n’aurait pu combattre une armée plus faible que la sienne. Voici là un ennemi qu’il ne connaissait que de nom, qu’il n’avait jamais affronté. Si Yggnir marchait à ses côtés, alors il triompherait. Dans le cas contraire…
- Seigneur de Larnillis ! Seigneur de Larnillis !
- Oui, Géorgeain ?
Le page se plia en deux pour reprendre son souffle.
- Calme toi, Géorgeain. Que t’arrive-t-il ?
- Seigneur marquis, je voulais juste vous voir avant la bataille. Pour…
Randar arqua un sourcil en demandant :
- Pour quoi ? Parle voyons.
- Pour vous dire que… Il ne fait aucun doute que vous Lui rendrez hommage lors de ce combat. Vous nous couvrirez d’honneur !
Un silence pesant suivit cette déclaration. Le page, embarrassé, virait tout entier au rouge. Puis le marquis éclata de rire.
- Géorgeain, tu es vraiment unique en ton genre. Ta sollicitude me va droit au cœur. Tu n’as aucune formation militaire, n’a aucune connaissance en tactique et aucun charisme pour commander des troupes. Pourtant, très étonnement, si je venais à tomber, sans nul doute tu serais mon successeur. Je t’ai emmené dans toutes mes campagnes, aussi bien les victoires que les défaites. Bon, surtout les défaites, je le reconnais. Et je n’ai rien à t’enseigner que tu n’as vu. Après cette bataille, je te trouverai un bon précepteur qui t’apprendra les bases. Cela fait trois ans que tu me sers fidèlement. Il est tant que tes efforts paient.
Hébété, le page balbutia quelques mots qui lui restèrent bloqués dans la gorge. Randar se retourna vers le champ de bataille, et vit un nuage de poussière au lointain.
- Tiens, ils se mettent en branle. Sûrement ces… churros ? oui c’est ça. Je vais te laisser, Géorgeain. C’est l’heure de tailler dans le lard de ces enfants de bouc. Reste en vie, et rendons honneur à Yggnir !
D’un coup de talons, Randar se détourna et partit au trot vers une section d’arbalétriers. Géorgeain le regarda s’éloigner, l’armure étincelant sous le soleil, alors que les sabots du hongre s’imprimaient sur l’herbe verte.
*
Géorgeain se laissa tomber sur ses genoux et vomit ses tripes sur la terre rouge de sang et fumante. Partout autour, les soldats couraient de toute part en désordre et en meuglant des directives. Des volutes de fumée masquaient le soleil, et le camp tout entier semblait perdu dans la pénombre. L’odeur de viscères qui avait atteint le nez du page semblait omniprésente. Impossible de faire un pas sans trébucher sur un cadavre.
La peur. La peur s’était saisie de lui et ne le quittait plus depuis déjà de longues heures. Ils avaient déplacé le camp jusqu’aux abords de la forteresse Déomulienne, et depuis déjà trop longtemps, ils déplaçaient les armes et les vivres par-dessus leurs camarades tombés au combat. Plusieurs fois, le page avait glissé sur des mares vermeilles, et des quintes de toux le prenaient régulièrement, à cause de l’odeur acre de la fumée tout autour.
– Allez, toi ! Relève toi ! Si tu t’arrêtes, tu meurs !
Géorgeain regarda le soldat tout hébété alors qu’il le relevait par l’épaule sans se soucier de sa tenue souillée de toute part. Partout aux abords du camp en mouvement, l’infanterie bloquait les guerriers ennemis tout en subissant des tirs constants des arbalétriers ennemis. Régulièrement, des formations de chevaliers, jadis à l’armure brillante et immaculée, désormais couverts de sang et de tripes, passaient des groupes de Déomuliens au fil de l’épée.
Le page tremblait de tous ses membres, mais il récupéra les stocks de carreaux qu’il tenait et repartit en courant vers la compagnie d’arbalétriers qui attendaient le moment opportun pour sortir. C’est alors qu’il le vit. Toujours juché sur son hongre au poil devenu pourpre, brandissant sa lance et exhortant une compagnie de lanciers. La fumée se dévoila autour de cet homme à la longue chevelure, et le soleil réparrarut pour le baigner de lumière.
- Nos braves cavaliers ont péri pour nous laisser la voie libre vers le camp ! C’est le moment, mes braves ! Au nom de sa Majesté Denryl Altéria, nous allons prendre cette forteresse d’un seul coup ! Que le chêne écarlate fonde sur ces petites pucelles comme un oiseau de proie ! Yggnir et Sassinai en soient témoins, sus aux churros !
Pris d’un seul élan, l’unité entière de lanciers se mit à courir en poussant des rugissements à s’en casser la voix. Ils suivaient leur seigneur, le marquis Randar de Larnillis, qui chargeait une cohorte de chevaliers. Derrière se profilaient les ankiros, plus menaçants que jamais dans cette atmosphère macabre qui paraissait leur seoir à merveille. Et, à l’arrière, les portes de la forteresse : une ultime charge pour la gloire du royaume.
*
Ils étaient tous exténués. La course effrénée n’avait cessé depuis le début des affrontements, et la voici qui se poursuivait jusque dans la fuite. Cinq-cent rescapés : voilà qui constituait les maigres restes de la glorieuse armée menée par le Seigneur Randar de Larnillis. Cinq-cent hommes qui couraient à toutes jambes pour sauver leur vie.
Aucune émotion ne traversait le visage de Géorgeain qui courait machinalement. Il avait vu son seigneur triompher des chevaliers, puis des ankiros ennemis, avant de se faire engloutir par les lanciers devant les portes de la forteresse.
On avait sonné la retraite au moment même où on le vit tomber, au grand désespoir du page. La victoire était si proche ; les arbalétriers se préparaient à fondre sur les derniers soldats Déomuliens, moins nombreux. Mais la disparition du marquis a précipité tout le camp dans la panique. Sur la compagnie d’arbalétriers, seuls un quart avait survécu au massacre qui suivit la débandade du camp. Ils étaient venus se couvrir d’honneur pour la gloire du royaume, mais ils n’avaient récolté que l’opprobre d’avoir fui en abandonnant lâchement leur seigneur et leurs camarades.
La vision du marquis auréolé de la seule lumière traversant la fumée, qui chargeait les lignes ennemies ne quittait pas l’esprit de Géorgeain. Son seigneur, lui, avait pu partir dans la gloire. Il avait su galvaniser les troupes au moment décisif de la bataille. Yggnir avait-il chevauché avec lui lors de ses derniers instants ? Le page l’espérait de tout cœur. Mais ils devaient se hâter de rejoindre le campement général. Le combat avait duré. Bien plus longtemps que les estimations du marquis. Les autres armées avaient-elles triomphé de leurs affrontements ? Il fallait le savoir à tout prix.
Plongé dans ces pensées, avec un visage inexpressif, il poursuivit sa course au milieu d’une troupe en déroute, en serrant dans sa main l’étendard du chêne écarlate.
Le calme pesant du champ de bataille fut brisé par l’arrivée d’un émissaire. Drapé d’un manteau sobre et tenant un drapeau blanc, il avançait d’un pas mesuré, accompagné d’un officier en armure. Tous deux progressaient à travers les lignes adverses, leurs regards scrutant les rangs des soldats. Lorsqu’ils s’arrêtèrent à bonne distance des officiers valdéens, l’émissaire s’inclina légèrement avant de prendre la parole d’une voix posée.
— Bonjour, duelliste. Vous semblez avoir mobilisé une force conséquente. Notre chef de guerre vous a adressé une offre claire : réduire l’étendue de vos forces militaires afin d’éviter une escalade. Avez-vous accepté cette proposition ?
Le silence qui suivit était presque solennel, jusqu’à ce qu’un bruit de pas maladroits attire l’attention. Frère Bob, vêtu d’une robe bien trop longue pour sa silhouette, apparut dans le champ de vision. Il avançait en titubant, s’appuyant sur un bâton qui ressemblait davantage à une branche ramassée qu’à un sceptre digne d’un négociateur. Son regard oscillait entre l’étonnement et une concentration mal assurée.
Lorsqu’il prit la parole, sa voix s’éleva avec une étrange autorité mêlée d’un enthousiasme presque enfantin.
— Ah, messires ! Quelle joie de vous voir porter ce noble drapeau blanc, symbole universel de la paix ! Cela me rappelle une histoire fascinante : figurez-vous que mon père, à l’âge vénérable de six mois, m’a enseigné une vérité profonde. Une grande vérité ! Il faut faire attention, car une oie blanche peut finir en ragoût si l’on n’y prend garde ! Une leçon précieuse, n’est-ce pas ?
Il marqua une pause, observant les deux hommes qui semblaient partagés entre la confusion et une tentative de rester professionnels.
— Mais revenons à notre proposition… ou était-ce une question ? Bref, je ne sais plus ce que je vous ai demandé… ah oui! Réduire nos forces ! Une demande intéressante. Mais voyez-vous, mon bon père disait toujours : "Quand un boucher propose une moitié de jambon pour le prix d’un cochon entier, c’est qu’il veut garder l’autre moitié pour lui."
Frère Bob leva son bâton dans un geste dramatique pour appuyer son propos, avant de continuer sur un ton passionné :
— Réduire nos forces, c’est comme demander à une rivière de couler moins fort. Elle peut essayer, bien sûr, mais alors elle risque de devenir un marécage. Et croyez-moi, messires, un marécage est le pire endroit pour perdre une chaussure. Vous voyez où je veux en venir ?
Il tourna un instant la tête vers ses propres troupes, comme s’il s’attendait à une approbation. Puis, sans leur laisser le temps de répondre, il se retourna vers les émissaires.
— Réduire nos forces serait aussi étrange que de venir à un banquet avec une assiette vide ! Pourquoi ferions-nous cela ? Hein, pourquoi ?
Essoufflé par sa propre tirade, Frère Bob s’avança légèrement, tendant une main ouverte dans un geste aussi solennel qu’absurde.
— Alors, messires, que dites-vous, vous me suivez ?
Le silence retomba, ponctué par quelques toussotements étouffés dans les rangs. Frère Bob, le visage illuminé par un large sourire, semblait convaincu que son discours avait éclairé les esprits. L’émissaire, quant à lui, resta un instant figé, ses traits exprimant un mélange de perplexité et de désarroi. Il ouvrit la bouche comme pour répondre, mais aucun mot ne franchit ses lèvres. L'officier à ses côtés se racla la gorge, visiblement mal à l’aise.
Après un long moment, l’émissaire échangea un regard rapide avec l’officier, qui haussa imperceptiblement les épaules. Finalement, sans un mot, les deux hommes firent demi-tour, reprenant le chemin par lequel ils étaient venus.
— Eh bien ! s’exclama Frère Bob en se tournant vers les troupes derrière lui. Vous voyez, mes amis ? Il n’y a rien qu’un discours inspiré ne puisse résoudre. Mon père me l’a toujours dit : "Les mots, mon garçon, les mots sont comme des graines. Plante-les bien, et ils pousseront." Une leçon qu’ils n’oublieront pas de sitôt, n’est-ce pas ?
Les soldats échangèrent des regards incrédules, certains masquant un sourire amusé. Frère Bob, quant à lui, fit volte-face, se dirigeant d’un pas résolu vers les lignes arrière, son bâton traçant des cercles sur le sol poussiéreux.
Il fit une pause et releva la tête avec un large sourire... En effet, son bâton venait de finir de tracer un cercle parfait. Et c'est sans attendre plus longtemps, qu'il prit le premier cheval disponible et s’élança vers ses hommes. Bob était perché maladroitement sur son destrier, qui paraissait plus contrarié qu’héroïque. Drapé dans une cape trop large flottant au vent comme une bannière improvisée, il tenait haut son bâton d’autorité.
Un sourire rayonnant illuminait son visage alors qu’il s’arrêtait devant son escadron de mille cavalier, observant chaque homme avec un mélange de fierté et d’inspiration divine.
— Braves cavaliers! Cavaliers d’Okord, fidèles défenseurs de la lumière, protecteur de mon Père et vos Pères ! Et... euh... de tout ce qui est important ! Vous avez devant vous Frère Bob, stratège émérite, philosophe de guerre et, bien sûr, expert en... choses diverses!
Un murmure traversa les rangs impeccables. Certains cavaliers échangèrent des regards pleins d’interrogation, tandis que d’autres, visiblement moins enclins à la discipline, dissimulaient un sourire amusé.
— C’est une blague, murmura un jeune soldat à son voisin.
— Je ne crois pas, répondit l’autre, retenant un éclat de rire.
Bob, peu sensible au manque d’enthousiasme palpable, éperonna doucement sa monture pour se rapprocher, redressant son bâton comme un sceptre royal.
— Aujourd’hui, poursuivit-il, je prends personnellement le commandement de cet escadron! Oui, cet escadron ! Des âmes valeureuses, des cœurs battants à l’unisson, des esprits prêts à embrasser le génie de ma stratégie! Cavaliers! Mon père me disait toujours : "Bob, si tu veux confondre tes ennemis, fais-leur croire que tu es fou." Et, mes amis, si nous devons nous assurer qu’ils y croient, alors montrons-leur à quel point nous sommes... génialement imprévisibles!
Il marqua une pause, essaye de remettre sa monture face à ses troupes.
— Voici mon plan ! Nous allons galoper en cercles autour de leur campement. Oui, des cercles ! Parfaits, grandioses, hypnotiques! Nous tournons, tournons, jusqu’à ce que leurs têtes tournent avec nous!
Un rire nerveux éclata parmi les officiers. L’un d’eux, plus audacieux, s’avança pour protester.
— Frère Bob, avec tout le respect que je vous dois, est-ce... une réelle tactique?
Bob le fixa, l’air profondément offusqué.
— Mon père me disait aussi : "Si tu veux révolutionner l’art de la guerre, commence par ignorer ceux qui ne voient pas plus loin que leurs bottes!"
Le silence retomba, cette fois chargé d’une sorte d’incrédulité collective. Pourtant, Bob ne s’arrêta pas là.
— Cavaliers, en selle! C’est une attaque circulaire que nous allons mener! Un chef-d’œuvre stratégique dont vos enfants parleront!
Les cavaliers, pris entre l’obéissance militaire et la confusion, commencèrent à se préparer. Certains ajustaient leurs selles en se lançant des regards sceptiques, d’autres murmuraient entre eux, hésitant à prendre tout cela au sérieux. Mais lorsque Bob éperonna maladroitement son cheval pour initier le mouvement, une sorte d’élan collectif se mit en marche.
Alors, sous le regard médusé des officiers et des soldats ennemis observant depuis leur campement voisin, les troupes d’Okord commencèrent à tracer d’étranges cercles dans la poussière. Ce chaos organisé, mêlant rire et discipline bancale, provoqua l’effet escompté.
Depuis une colline voisine, les généraux adverses observaient la scène, éberlués.
— Que font-ils? demanda l’un d’eux, l’air déconcerté.
— Une sorte de danse rituelle ? répondit un officier avec hésitation.
— Ou un piège, murmura un autre, méfiant.
Le camp ennemi, désormais en proie à la confusion, perdit toute coordination. Archers et fantassins regardaient, bouche bée, l’étrange spectacle des cavaliers tournoyant inlassablement.
La suite provient d'un parchemin écrit par un scribe annoté de la mention : Mémoire de Soren, bataille de Valdor
La bataille s’engagea alors que nos lignes tenaient ferme. Les archers de Valdor, comme toujours, frappaient avec une précision mortelle, fauchant rangs après rangs dans l’armée de Deomul. Mais leur masse demeurait imposante, presque écrasante, et bientôt, leurs renforts commencèrent à enfoncer nos ailes. Mes propres troupes fléchissaient sous la pression, et je craignais que la ligne ne cède avant que Bob n’atteigne sa cible.
Puis, au loin, je distinguai une première ombre se déplaçant sur le flanc ennemi, rapide comme le vent. Les cavaliers de Bob surgirent soudainement, formant une vague implacable de métal et de destruction. Leur assaut, d’une précision que je n’aurais jamais attendue, déferla sur les arrières ennemis, semant la panique parmi les rangs désorganisés.
Un cri guttural résonna, suivi par des clameurs :
— Pour Bob ! Pour Okord !
Je n’en croyais pas mes yeux. Ce fou — ou plutôt cet homme étrange et terriblement dangereux — transformait une unité en chaos contrôlé. Les cavaliers frappaient avec une efficacité terrifiante, leurs lances perçant armures et boucliers, tandis que certains semblaient même utiliser leurs propres montures comme armes, renversant les ennemis sous leurs sabots. L’armée de Deomul commençait à reculer, terrifiée par cet assaut imprévisible.
Mais alors que la bataille touchait à sa fin et que la victoire semblait n’être qu’une question de temps, un silence étrange s’abattit sur le champ de bataille. Les tambours de guerre cessèrent, les cris s’éteignirent. Je descendis de ma monture et avançai, le cœur lourd, vers l’endroit où les cavaliers de Bob s’étaient battus.
Ce que je vis restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Des cadavres jonchaient le sol, certains mutilés à un point inimaginable. Une scène d’horreur, un carnage absolu. En haut d’une colline de corps entassés, Bob se tenait, son bâton ensanglanté dans une main, une épée dans l’autre. Autour de lui, quelques dizaines de cavaliers restants se relevaient, blessés mais encore en vie, criant des louanges à leur commandant. Pourtant, aucun d’eux n’osait s’approcher de lui.
Je m’avançai lentement, mon regard scrutant Bob, qui semblait à la fois triomphant et... changé. Il se tourna vers moi, son visage taché de sang, un sourire étrange aux lèvres.
— Alors, seigneur Erwan ! Vous voyez ? Mon plan était... rondement mené !
Il éclata de rire, d’un rire si absurde qu’il en devenait presque contagieux. Je ne pus m’empêcher de rire à mon tour, le soulagement et l’ironie de la situation prenant le dessus sur ma peur.
Mais en moi, une vérité s’imposa : derrière l’homme fou, il y avait un stratège dangereux, un guerrier implacable. Bob n’était pas seulement un original excentrique. C’était un survivant d’une autre nature, un être à la fois fascinant et effrayant.
Alors que les derniers rayons du soleil s’éteignaient, je murmurai pour moi-même :
— Et dire que je doutais de toi... Bob, tu es bien plus qu’un fou. Mais peut-être est-ce ça, le plus effrayant.
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Salle du trône alors que les Déomuliens viennent de reprendre deux provinces en se réclamant de la Loi d'Ohm, très anciennes loi respectées par la majorité des grandes nations du continent et qui dicte que toute province exempt d'âme vivante peut être réclamée comme sienne par un voisin afin qu'il s'y installe.
Le Roi et le Connétable réagissent avec stupeur aux événements liés à une Loi qu'il ne connaissaient pas.
C'est alors qu'un page tremblant entre suivi de la Siostry Vespasia.
"Oyez ! Oyez !"
La Siostry prend un siège en indiquant au page tremblotante d'avancer et de bien s'éclaircir la voix. Elle adopte un air sévère et semble soucieuse de la situation en cherchant du regard quelques seigneurs amis.
"La Siostry Vespasia, diplomate reconnue et voisine des provinces réclamée par Déomul désire porter à votre connaissance une déclaration du représentant du grand empire de Déomul à tous les seigneurs Okordiens !"
Le page se retourna, inquiet, regard auquel Vespasia répondit par un "Allez ! Vas y !!"
"Lettre cacheté d'Ardegon Epivítoras de Déomul.
Que tout Okord sache que je reviendrais.
Que votre royaume de menteurs sache que votre parole ne sera plus jamais écoutée.
Que votre royaume de pleutres sache qu’il ne sera pas question de duel lorsque je reviendrais.Lorsque la femme a la langue bien pendue nous a prévenu de votre invasion, vos menteurs de chefs de guerre m’ont fait croire qu’il n’en était rien.
Puis vos armées sont arrivées à nos frontières, la femme avait raison.
Votre chef de guerre parlait d’un demi million de guerrier, vous étiez à peine la moitié.
J’ai proposé de conquérir ensemble Trakbalaard, vos chefs de guerre l’ont refusé.
J’ai proposé six de mes provinces, l’appétit de vos chefs en demanda 15.
Je vous ai proposé des duels pour obtenir ces provinces, et vos chefs de guerre ont accepté les conditions.
Avant même ces duels, j’ai proposé à nos deux royaumes de penser aux vivants et de les libérer de ces combats.
J’ai promis à ceux qui me faisaient face d’envoyer les vivants de Deomul prendre une province de Trakbalaard pour la restituer à Okord.
Les duels se sont déroulés et mes lieutenants ont respecté la parole donnée.
Mes vivants ont porté l’assaut sur une province de Trakbalaard et l’avons conquise avant même la fin des duels.
J’ai été capturé dans la bataille qui m’opposait à l’ost de votre chef des armées. Mais je n’ai pas été libéré tout de suite par celui que vous appelez connétable. Celui là voulait que l’on signe sur le champ le traité et l’absence de représailles futures.
Ce n'était pas le moment de signer cela, un duel se déroulait encore.
Revenu parmi les miens, j’ai fais libérer les premières provinces pour que des okordiens puissent s’y installer. J’ai tenu ma parole !
J’ai envoyé des convois de nourriture vers mes hommes qui sécurisaient la dernière province, celle que mes hommes ont conquis pour vous ! Je respectais une fois encore ma parole !
Mais une partie de ces convois ont été attaqués en Okord et par des Okordiens aux couleurs pourpres ! Vos chefs de guerre ont été informés et des explications ont été demandées.
J’ai perdu des hommes dans cette province, des gens sont morts de faim à cause d’Okordiens, sans explications ! Des soldats sont morts hors des duels, hors des règles définies !Et puis un jour un émissaire de votre roy est venu jusqu’à moi.
Et son annonce était une provocation de plus ! Quand j’attendais que ces crimes soient punis, quand j’attendais une explication, votre roy m’a informé que désormais mes convois et mes hommes ne seraient plus autorisés à franchir les nouvelles frontières ! Des frontières que vous avez pu établir parce que j’avais respecté ma parole !Alors Okordiens, vos chefs de guerre ne m’insulteront plus.
Je ne signerais aucun traité d’aucune sorte avec votre peuple sans paroles.
Aujourd’hui j’ai repris deux de vos provinces en respectant la loi d’Ohm.
Roy d’Okord, vous voulez que nos voies d’approvisionnement ne transitent plus par Okord ? J’accepte ! Une fois tout Okord rayé de la carte par Deomul, mes convois ne passeront plus en Okord !Aujourd’hui mes hommes ont repris deux provinces selon la loi d’Ohm, sans combattre.
Demain, dans un mois, dans un an, ils reviendront et ils reprendront d’autres provinces, selon la loi d’Ohm ou selon la loi du plus fort.--
Ardegon Epivitoras
Général des armées et champion de Déomul
--
Fier, Fort, Vainqueur"
Dernière modification par HernfeltMayer (2024-12-11 21:54:11)
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
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Seigneurs d’Okord,
Lorsque j’ai accepté de prendre la charge de connétable, je ne l’ai pas fait dans le but de remporter un concours de popularité. Je n’ignorais pas que la pratique du pouvoir pourrait m’amener à prendre des décisions qui seraient impopulaires – et je l’acceptais, conscient que le droit de chacun d’exprimer son sentiment sur les décisions prises était le signe d’une monarchie vivante.
En revanche, je ne peux tolérer que l’on remette en cause la droite de Son Altesse et la mienne. J’entends colporter des mensonges éhontés que je ne saurais ignorer. J’entends proférer des accusations fantasques que je ne pourrais tolérer. Je vois fuser des menaces que je ne saurais accepter.
Certains, par incompréhension ou par malhonnêteté intellectuelle, refont l’Histoire. On nous reproche de ne pas avoir associé les maisons d’Okord aux décisions. C’est tout à fait inexact. Un grand débat avait été initié en salle du trône, dès après ma première entrevue avec le chef mercenaire, afin de présenter la stratégie qui me semblait la plus appropriée.
Les Okordiens disposèrent du temps et de l’espace nécessaires pour exprimer leurs positions. Certains le firent. D’autres s’abstinrent. D’autres encore s’empressèrent de partager ces plans, en les tronquant, à des puissances étrangères. Mais il y eut débat.
Il y eut ensuite une entrevue avec un représentant de Déomul, rendu suspicieux par certaines rumeurs colportées par une ancienne Okordienne. Au cours de cette entrevue, le roi a suggéré aux Déomuliens la conclusion d’une alliance contre les mercenaires. Le détail de l’entretien est disponible, et je peux en citer un extrait : « Träkbäläard nous a en effet fait part de sa volonté de porter la guerre sur vos terres. Et nous avons bien l'intention de former une coalition pour étendre nos terres. Mais pas avec les barbares de Träkbäläard dont la parole n'a aucune valeur. »
S’en est suivie une période de flottement, je dirais même de torpeur générale. Déomul n’a pas répondu à cette invitation, tandis que les Okordiens s’impatientaient ou se rendormaient. C’est dans ce contexte qu’il fut nécessaire de prendre une décision : laisser Okord sombrer de nouveau dans une torpeur générale qui finirait par la mener vers l’extinction ou saisir l’opportunité politique de conquérir de nouvelles terres pour nos jeunes seigneurs.
Il fut donc nécessaire de trancher en tenant compte des avis qui furent exprimés lors de la première consultation. Nous l’avons fait, car les dirigeants ne peuvent s’autoriser la passivité confortable qui fut celle de beaucoup ; ils doivent régner, et régner signifie faire des choix, régner signifie ouvrir des portes et en fermer d’autres.
Nous avons tranché, et avons décrété la mobilisation générale. Dans sa bonne foi, le roi a consulté les commandants de l’armée okordienne lors d’une consultation officielle permettant à chacun de voter. Dans leur quasi unanimité, les Okordiens ont approuvé les plans qui leur étaient proposés.
Voici donc pour la gouvernance tyrannique, arbitraire et solitaire décrite ce jour en salle du trône.
Certains, par opportunisme ou par ingratitude, se retournent maintenant contre ceux qu’ils avaient accepté de suivre en connaissance de cause. Ils osent même les accuser de trahison sur la base de propos tenus par un général ayant manifestement, depuis le départ, nourri le projet de trahir la parole qui avait été donnée.
J’assume toutes les décisions qui ont été prises, et je les assume même à titre personnel. Nul reproche ne saurait valablement être dirigé contre les décisions, les choix ou le positionnement du roi. Je fus à l’initiative de la stratégie et j’en assurai l’exécution ; j’en assume donc la responsabilité pleine et entière.
Pour le reste, j’invite à chacun à conserver son sang-froid. Le Royaume d’Okord a conquis de nouvelles terres, qui sont d’ores et déjà colonisées par des Okordiens. Je nous en félicite. Les récriminations des Déomuliens ne doivent pas être relativisées, mais elles ne sauraient non plus être dramatisées ; leur général, que je connais désormais bien, est familier des rapports de force et des grandes déclarations belliqueuses.
Pour faire la lumière sur les intentions réelles de Déomul, nous envoyons une délégation d’ambassadeurs, représentative des rapports de force en Okord. La princesse Von Festung, la marquise Vespasia, la comtesse Merrilin et le marquis de Sinople prendront attache avec le représentant déomulien et tenteront de nous éclairer sur les projets réels de nos voisins. Ils le feront au nom du pouvoir royal et en rendant compte de chacune des entrevues.
Ferdinand
Seigneur d'Autriche
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