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#1 2024-11-04 22:56:59

Randar de Larnillis
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Quand la brise souffle, les étendards se gonflent

Notre récit débute dans les ténèbres d'une chambre à coucher, où l'horrible tintamarre du dormeur effrayait jusqu'à la plus intrépide des souris. A travers les rideaux, on percevait la chiche lueur du soleil levant. Appuyé par l'écho propre à une pièce austère, l'assourdissant grincement du sommier empêchait le murmure de la brise de bercer les rêves du marquis Randar de Larnillis. Car pour cet homme, peu importait davantage qu'une reposante nuit de sommeil tout au long de laquelle il se plongeait dans la plus merveilleuse félicité.

- Messire ! Messire !

- Les Sept m’en soient témoins, un jour, ta tête finira au bout d’une pique si tu continues à me réveiller toutes les nuits pour des broutilles ! Je t’ai déjà dit d’aller voir Merrilin !

- Mais… Messire

- Géorgeain, tu commences à me titiller les capillaires. Chaque fois c’est pareil. « Un éclaireur est rentré ! Un crime a eu lieu ! On a retrouvé un renard blessé ! » Mais je m’en tamponne le coquillard ! Je te l’ai répété cent fois ! Pour ces questions là, tu t’adresses à …

- Sauf votre respect, seigneur, un éclaireur a surpris une armée marcher vers l’île.

Le silence s’imposa dans la chambre de Randar. Dans la demi-pénombre de l'aube encore balbutiante, on pouvait voir défiler sur son visage toutes sortes d'émotions : la surprise, suivie d’une certaine incrédulité, puis de la méfiance. Mais on ne pouvait surtout rater sa longue chevelure emmêlée qui lui faisait l’effet d’une crinière hirsute, et qui valait au seigneur le surnom parmi ses hommes, du lion endormi.

- Dis m’en plus, ordonna-t-il en se redressant sur les draps. Et sois précis.

Le page s’agita, mal à l’aise. Il essayait d’ignorer la douleur de sa mâchoire, crispée alors qu'il évitait de se gausser de l’allure du marquis.

- Au moins un millier d’hommes marchent à travers le continent. Ils devraient arriver entre les domaines de sa Sainteté et de notre bon roi.

- Par la jambe manquante de mon paternel, tu me racontes que dans la seule zone que nos alliés ne couvrent pas, une armée marche vers nous ? Qu’est-ce qui te dit qu’ils ne viennent pas pour le roi Denryl ou pour sa Sainteté d’ailleurs ? Et à qui appartient cette fichue armée ?

- Eh bien, l’éclaireur a entendu des chants de guerre. Enfin, plutôt des railleries à vrai dire.

- Des railleries ?

- Oui, selon lesquelles… Enfin c’est assez clair qu’ils viennent pour nous.

- Géorgeain, quelles railleries ? insista Randar avec un ton menaçant.

- Eh bien… Ils viendraient s’oublier sur le chêne qui d’écarlate virerait à l’or. Et puis ils donneraient une bonne leçon, pour, je cite, ne pas se sentir pisser dans la salle du trône. Vous savez, brûler leur duché, tout ça tout ça.

- …

Seul face au silence lourd du marquis, le domestique ne savait où se placer. Mais, connaissant son seigneur, il imaginait la colère qui bouillait dans la tête de Randar. Alors, c’est avec une voix de fausset qu’il demanda :

- Messire ?

- Géorgeain.

- Oui, mon seigneur ?

- C’est l’armée de Painel, n’est-ce pas ?

- L’éclaireur a reconnu les couleurs de la Nortmannie, mon seigneur.

- Eh bien, on va l’accueillir en grandes pompes. Par là où il passe, aucune forteresse ne défend le territoire. Il devrait pouvoir accéder directement à Fedenrir.

- Messire, une dernière chose ?

- Je t’écoute.

- Eh bien… D’autres éclaireurs ont parlé d’une armée en chemin pour rejoindre celle de la Nortmannie.

- Hein ? L’autrichien n’oserait pas quand même ! Pas maintenant qu’il est connétable, eh puis il a fort à faire avec les barbares de l’ouest !

- La source est moins sure d’elle, mais elle pense avoir vu une plume et une chouette sur les armoiries.

- Alario ? Oh, ça pour une surprise, je pensais que se planquer constituait ses seules connaissances militaires. Bon… Cela dit, à deux forces contre nous, on va se prendre une dérouillée. Surtout que Painel… Bhen il m’a botté le train à deux reprises, quand même. On ne va pas déranger sa Sainteté pour ça. Le roi a fort à faire avec son duel contre l’illuminé… Ulfarks est bien trop loin. Il n’arriverait pas à temps. Quant à Eldric Athernor… Ca pourrait le faire. Il pourrait nous rejoindre juste pour le début du combat. Et puis, entre braves croyants d’Yggnir, on ne se connait pas encore assez. Une bonne bataille, pour briser la glace c’est parfait.

- C’est une… une façon de voir les choses, j’imagine.

- Géorgeain. Dépèches un messager à ce bon marquis Athernor. Dis lui que nous allons former le premier Ost des Sept. J’imagine qu’il ne refusera pas une invitation à se payer une bonne tranche de rire sur le champ de bataille, et d’honorer Yggnir. Fais vite, et fais en sorte qu’il réponde au plus vite. Evidemment, agrémente l’invitation de mes hommages et tout le tralala. Va ! Et qu'on ne me réveille plus !

Le page s’inclina et tourna les talons avec célérité. Il était transporté par la joie de servir seigneur dans un moment si crucial pour l’avenir de la marche de Fedenrir. Mais on pouvait également lire le dépit dans ses yeux, car après réflexion, il avait fort à faire, et se coucher était hors de question… Le marquis, lui, s’allongea à nouveau, et après force réflexion, commença doucement à se laisser gagner par le sommeil. Un agréable cocon de bien-être l'enveloppa, et il se laissa lentement voguer dans des rêves voluptueux.

- Mon seigneur !

- … QUOI ENCORE ?

- Une missive du roi ! Une invitation à rejoindre le Conseil royal.

Randar soupira en marmonnant : « On devrait interdire aux coursiers de voyager la nuit… ».


Famille de Larnillis, maîtres de la marche de Fedenrir, fidèles d'Yggnir au nom de Sassinaï, suivants de la tokva Léonore Xlatinir et vassaux du seigneur Denryl Altéria.

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#2 2024-11-06 21:21:31

Mérovée de Vaux
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Re : Quand la brise souffle, les étendards se gonflent

"Les vivres !!?"


Le cri résonna longuement dans le camp de toile des troupes de Nortmannie. Ils s'étaient déployé sur la plaine devant Fedenrir et les combats commençaient à devenir sérieux devant les murs. L'on s'etripait déjà gaiement depuis plusieurs jours.

Le garde en faction devant le pavillon du jeune marquis y entra, prudent.

- Seigneur ?

- Les vivres ! On est parti sans ! On a tout oublié à Granville ! On va mourir de faim avant trois jours ! Nous sommes perdu !

- Sauf votre respect Seigneur, l'intendance marche à plein règime. Le capitaine de Sinople conformément à ce que vous avez mis en ordre envoi régulièrement du ravitaillement. Nous avons des belles côtes de veau, de la crème, des champignons. Des tubercules et même de la Teurgoule. Votre préférée celle à la cannelle.

Le jeune homme retombe sur le lit soulagé. Le garde après avoir salué fait demi tour.

Retournant à l'extérieur un archer s'approche.

- Encore un cauchemar ?

- Pour sûr, le petit depuis le sac de Granville il est pas bien. Là il a rêvé qu'on avait rien à becter.

- En même temps ça va pas tarder parceque les copains de Beaguild là, ils sont venu les mains quasi vide et ils bouffent à l'oeil dans nos claquos et notre bonne crème. J'aimerais bien qu'il soit aussi solidaire sur le boire et le manger qu'on l'a été quand ils nous ont chargé de dos au début du combat parce qu'ils avaient mal compris un ordre.

- C'est pas faux. J'ai cru que le marquis allait virer rouge écarlate.

- en même temps il a les cheveux pour que ça lui aille le rougeaud.

- On rigole mais si la baston prend pas une meilleure tournure elle va virer au blanc sa tignasse au môme.

Depuis le pavillon retentit la voix du jeune Mérovée.

"soldat vous savez que question isolation phonique la toile de tente on a vu mieux. J'entends. Alors bouclez là et faites dire au seigneur Alario qu'on attend son ravitaillement avant demain."

-  Bien seigneur, pardon seigneur. On fait ça.


Duc de Nortmannie, Seigneur de l'Ouest

"Ce qu'avons, Gardons ! "

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#3 2024-11-19 00:20:35

Randar de Larnillis
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Re : Quand la brise souffle, les étendards se gonflent

« Et alors, emportés par une charge emplie d’ardeur, les chevaliers Nortmanniens parcoururent le champ de bataille à toute allure sur leurs fiers destriers. Il semblait qu’une paire d’ailes avait poussé à ces montures qui fonçaient vers la ligne de défense avec force célérité. Ils atteignirent les troupes jointes des Athernor et de Larnillis, accueillis par des piques acérées et une résistance acharnée. Et tandis qu’ils tentaient de passer outre les forces défensives, une pluie de flèches masqua le ciel et devint le cruel bras de leur infortune, et ainsi scella leur destin.

Quant à la partie Nord du champ de bataille, devant la porte de Fedenrir la vaillante, les troupes du seigneur Alario faisaient face aux soldats du Diamant. Mais, au beau milieu de leur avancée décisive, la charge héroïque des Nortmanniens émut leur cœur. Ils mirent pied à terre au beau milieu du combat plutôt que de poursuivre leur chemin vers la ligne fragilisée, et contemplèrent la magnifique et tragique cavalcade de leurs alliés dont les fiers étendards viraient à un rouge vermeil. Furent-ils plus impressionnés par les cris de guerre, lancés depuis même la pointe des lances ennemies, ou par leur élan qui jamais ne faiblit avant l'embrassade des ténèbres ? Ou peut-être qu’à cette place de choix où ils ne pouvaient manquer une miette de ce sordide spectacle, ils virent le Père du Chaos en personne arpenter le champ de bataille et se repaître de cette gloire récoltée.

Quelle que fût la vérité à ce sujet, ils finirent balayés également, massacrés par les piques de nos courageux lanciers, et aucun d’en réchappa. »


18e-XI-24


Randar posa sa plume et souffla doucement sur ces dernières lignes avec une moue satisfaite. Il trempa la pointe dans l’encre et se pencha de nouveau sur son ouvrage.

-    Messire ! Messire !

-    Que t’arrive-t-il, Géorgeain ? Et on ne t’a jamais appris à frapper avant d’entrer ?

-    C’est que, mon seigneur, vous n’avez pas de porte à proprement parler.

-    Cesse de me répondre, insolent. Alors, que veux-tu ?

Le page se fendit dans sa plus belle révérence – il fallait reconnaître ses progrès en la matière – et fit son rapport.

-    Dame Merrilin m’envoie vous transmettre ses vœux. Comme convenu, elle fait route vers le conseil royal en votre nom, le temps que vous… régliez vos affaires.

-    Parfait, parfait. Attend, elle a vraiment parlé de « mes affaires » ?

-    Disons que… En des termes très similaires, oui.

Le marquis soupira. Si sa sœur excellait tant dans les affaires diplomatiques que dans la gestion de leur domaine, elle n’y connaissait vraiment rien à rien aux choses de la guerre.

-    Défendre notre fief, notre nom – notre honneur même ! – puis mener une expédition punitive jusqu’aux portes de la Nortmannie, voici ce qu’elle appelle « mes affaires » Pff… Père avait raison, la guerre, c’est vraiment pas pour les sensibles. Quoi qu’il en soit, tu viendras avec nous.

-    Pardon, mon seigneur ?!

-    Tu as très bien entendu, Géorgeain. Il me faut du personnel pour la contacter en cas d’urgence. Surtout que la situation est assez… tendue, de ce que j’ai compris. L’autre zouave a tellement manigancé qu’elle a exacerbé les conflits avec trois nations en même temps. Je ne sais pas ce qu’a prévu le roi en la matière – et puis de toute façon j’y comprends rien – mais le royaume commence à avoir le feu aux miches.

-    Si mon seigneur l’ordonne…

-    Oui, tout à fait. Laisse moi terminer mon écrit, maintenant.

-    Oui, mon seigneur.

Sur ces mots, le page se signa puis disparut par l’encadrement. Le marquis demeura immobile pendant un long instant, afin de se concentrer de nouveau sur ce récit qui deviendra son chef d’œuvre. Il n’avait jamais brillé par sa plume jusqu’ici, et on ne l’avait toujours considéré uniquement que pour son charisme, sa chevelure et ses talents martiaux.

La Bataille de Fedenrir. Cet écrit deviendrait son chef d’œuvre, et sera lu dans les décennies à venir ! Après tout, n’est-il pas plus fine plume que celle du témoin ? Existe-t-il meilleur historien que celui qui a lui-même pris les armes ? L’imagination d’un chroniqueur peut-elle réellement dépasser le souvenir d’un soldat ?

La voici qui revenait : l’inspiration. Elle s’engouffra dans l’esprit de ce nouvel érudit telle une tempête s’abat sur une île solitaire qui ne vit qu’au gré des vents. Elle lui apporta une lumière telle que la plus ardente foi paraîtrait comme une chiche lueur. Et alors, guidée par cette soudaine épiphanie, la main du marquis s’empara de la plume, et traça résolument les lettres suivantes sur le papier.

« Moi-même, dans mon armure rutilante aux couleurs écarlate et dorée, arrivai au beau milieu de nos quatre cents chevaliers, prêts à en découdre. Je ne sais encore aujourd’hui lesquels des cavaliers ou des montures trépignaient le plus d’impatience. Il ne fallut que quelques instants pour que je sonnasse la charge, et que les plaines de Fedenrir ne tremblassent à nouveau. Je brandis fièrement ma lance en me rapprochant des impies, et d’un large… »

-    Mon seigneur ! Mon seigneur !

-    Mais frappe à la porte, au nom du Sanglant !

-    Mais, messire, vous n’avez toujours pas de… Daignez pardonner mon insolence, mon seigneur. Il s’agit du marquis Athernor. Il vient d’arriver avec ses armées.

Randar regarda ces dernières lignes avec regret en sentant l’épiphanie le quitter aussi brusquement qu’elle s’était imposée à lui, et soupira.

-    Bien… Fais lui savoir que je l’attends dans la salle de réception, et qu’on prépare nos troupes. Nous partons demain à l’aube pour la Nortmannie.

L’heure n’était pas encore venue pour Randar de Larnillis de briller par sa plume.


Famille de Larnillis, maîtres de la marche de Fedenrir, fidèles d'Yggnir au nom de Sassinaï, suivants de la tokva Léonore Xlatinir et vassaux du seigneur Denryl Altéria.

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#4 2024-11-19 12:23:25

Sage de Sinople
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Re : Quand la brise souffle, les étendards se gonflent

Toute la ville grouillait littéralement d'hommes de troupes à l'allure fort peu commune aux traditions de Nortmannie. Allant d'échoppes de bières et calvok en armurerie des hommes à demi nus au visage peint. Des entrelacs tatoué sur le corps. Le ventre proéminent et toute une variation de moustaches, barbes et chevelure fort sauvage pour les troupes locales qui cohabitaient non sans heurts avec les invités.

- Capitaine, l'auberge du Duc nous fait savoir qu'ils n'ont plus une goutte de bière dans leur cave.

- Qu'on leur en envoie, encore, ces gens ont au gosier une pente que pour rien au monde je ne ferai gravir à mon cheval. Je n'aurai jamais été aussi pressé que l'adversaire se pointe. On a des nouvelles ?

- L'armée cantonnée au Nord a vu les premiers éclaireurs. On a fait dégagé les routes. Ils devraient être là dans quelques heures.


~~~ A few moment later ~~~

Devant Granville les bannières du Chêne écarlate claquaient au vent de la Basse Léopardie, l'Aigle dorée sur fond pourpre de la Pointe aux diamant étaient à ses cotés.

Devant ses troupes réunis, le capitaine en selle le regard perdu au loin semblait distrait. A ses cotés, la lourde silhouette du mercenaire appelé pour l'occasion le faisait paraître encore plus chétifs malgré son armure.

Sur le près d'honneur Sage avait fait aligner ses régiments, arbalétriers de Valésia, Lancier de Vaux. Chevaliers Nortmannais et cavaliers de la Voltige. Moins d'un dixième de l'armée de Basse Léopardie, mais bien assez pour faire retentir dans les cieux la clameur de ses gens de guerre.

Sortant de sa rêverie, le capitaine se tourne vers son vis à vis.

"Il se dit, dans la troupe que le Seigneur Bedwyr n'a rien à vous envier coté embonpoint et pour quelques vétérans les marches militaires au coté du Roi Gros ont de quoi réchauffer leur cœur. Les superstitieux font déjà des gorges chaudes. "

Puis le poéte se dresse sur ses étriers et d'une voix forte harangue les milliers d'hommes.

Fils des clans ! Pour votre présence et le sang qui va couler. Merci. Pour le reste, que chacun soit à son ouvrage, il y a bien assez de bâtard en face pour que chacun reparte couvert de gloire !

Nortmannais ! L'on vous regarde ! Dans le royaume et au delà ! Faites passer le message en lettre de sang et d'honneur ! Que le duc vous entende par delà les montagnes !"


Duc de Nortmannie, Seigneur de l'Ouest

"Ce qu'avons, Gardons ! "

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#5 2024-11-20 04:32:44

Sköll
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Re : Quand la brise souffle, les étendards se gonflent

skzll_13.jpg
Sköll avait fait peau neuve.
Il avait rasé sa moustache et s'était paré d'un grand casque à pointe orné de crins de cheval. Ça avait été le casque d'un chef strolatz. Trophée de raid, provocation ouverte.

Il fit quelques mouvements d'épaule, juste pour le plaisir de sentir le poids de la maille. Ahhär ! Ça, c'était autre chose que de l'équipement de pillard !  Il se sentait bien dans ses nouveaux habits. Changement d'atmosphère, changement de goût. Sa nouvelle allure lui donnait des envies de bouffer le monde.

Il faillit perdre l'équilibre, et se rattrapa en jurant un bon coup.
Sköll n'était pas encore doué sur un cheval, mais il adorait ça. Le cheval ne pouvait pas en dire autant. Le destrier, un ombrageux en plus, faisait de son mieux pour éjecter son gros maître. Sköll n'en démordait pas, il lui fallait cette bête-là. C'était le meilleur bourrin à la ronde, un cher et un virtuose, un de race, élevé à côté des cuisines avec les coups de casserole dans les oreilles et les bêtes qu'on étripe sous ses naseaux. Un qui mordait et qui ruait. Ça leur faisait au moins ça en commun, Här Här Här ! Sköll commençait à trouver le coup de main après des dizaines d'heures à batailler avec le bestiau. Ça faisait deux jours que son canasson ne l'avait pas mis par terre. Il avait encore l'air bien ridicule quand Gros Gigot faisait des siennes et partait à cavaler autour en essayant tout ce qu'il pouvait pour le virer de son dos, mais il restait vissé dessus. (Gros Gigot, c'était le nom du cheval. Choisi par Sköll avec amour et un bon rire gras.) Pour le moment, Gros Gigot ne faisait qu'une bourrade de temps en temps, comme pour protester. Sköll sourit à pleine dents et tritura les oreilles du bourrin. Il lui chuchota :

« Ça commence à rentrer dans ta grosse tête de mule, qui c'est le chef. Hein, sac à viande ? »

Le gringalet en armure qui le payait -grassement- était perdu dans la contemplation de la vallée depuis si longtemps -et son vis-à-vis était tant occupé à savourer ses ambitions et à rester en selle- que quand il parla, Sköll mit un temps à réassembler sa phrase et à en isoler les tenants et aboutissants. Il n'y parvint pas tout à fait. Sage de Sinople avait la prose élégante. Rien, dans les mots qu'il employait, n'était fondamentalement étranger à l'oreille de Sköll (la langue, depuis le temps, il la parlait bien) ; mais la façon de les tourner, ces mots, en revanche... Incapable de dire s'il était en train de se faire flatter ou brocarder, Sköll se contenta de garder le silence avec une moue impassible.

Le temps d'un battement de ses petits yeux vivaces, il reconsidéra le choix de s'être rasé. Un chef de clan étranger qui reste insensible à un trait d'humour derrière sa moustache, c'est dans le personnage. Un seigneur digne de ce nom, ça raconte autre chose. La mue n'était pas complète encore. Son costume était bien, mais il avait encore du travail pour le porter correctement.

Dernière modification par Skoll (2024-11-22 14:20:01)


Sköll, fils de Kåtgram, petit-fils de Mūrj

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#6 2024-11-25 10:51:04

Sage de Sinople
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Re : Quand la brise souffle, les étendards se gonflent

Plusieurs heures que l'on s'étripait gaiement sur le champ de bataille. Les coups avaient été rudes.

Aux prémices Sage appuyé par les mercenaires avaient pris du champ, fais tourner cavalerie sur le près et accroché l'ennemi à maintes reprises sans qu'un réel avantage ne puisse se creuser, un peu plus de pertes du cotés des défenseurs mais un prise de terrain à leur avantage. Fidèle aux enseignements reçu du Seigneur Bedwyr les troupes de Nortmannie appliquaient l'adage qui vaut qu'en défense ce qui compte c'est l'attaque.

Sage avait fini par quitter le camp. Rejoignant au pas de courses un détachement d'arbalétriers. Sur eux, les traits avaient plu dru. L'archerie ennemi s'en était donné à cœur joie. Pendant que la chevalerie ennemi faisant encore ses préparatifs au camp adverse.

Un mouvement de troupes jeta le régiment d'arbalétrier à porté de voix de Sköll, ce dernier s'étant lui aussi glissé à cotés d'arbalétriers mais plus timoré ou plus adroit les avaient tenu loin de tout tirs ennemis.

"Sköll !" Sage criait par dessus le tumulte, l'on lui avait fait venir un cheval tout carapaçonné et les arbalétriers rentraient au camp.

"Le premier au camp paye sa tournée !"

Exalté par la bataille, Sage, son bouclier ayant supporté maintes flèches, son armure luisant dans la lumière vive. Le regard enfiévré des ardeurs de la bataille. Il galopait laissant flotter son étendard vers la chevalerie de Nortmannie qui marchant de leur pas tranquille faisait vibrer le sol.

Se levant sur ses étriers le capitaine de Nortmannie au mépris des tirs ennemis, bien moindres depuis quelques habiles charges et contre charges, désigna le camp adverse de la pointe de sa lame.

"Hardi gens de guerre ! Courez ! Taillez ! Mordez !"


Duc de Nortmannie, Seigneur de l'Ouest

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