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#1 2024-11-01 18:52:56

Ferdinand d’Autriche
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Vie et péchés de Rainer, condottiere dévoyé

Vie et péchés de Rainer Le Dévoyé - Présentation générale du personnage

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Âgé d'une quarantaine d'années, Rainer est le fils du seigneur condottiere Wolfgang, qui connut une certaine réussite à l'apogée de sa vie en conquérant pour le compte de riches maisons des territoires instables à l'ouest de la république de Valésiane. Une soixantaine d'années avant nos jours, le père de Rainer se lia d'amitié avec un puissant seigneur originaire du Royaume d'Okord et qui s'était exilé à Roméllo, capitale de Valésiane devenue cité d'accueil d'exilés politiques, de mercenaires dissolus et d'originaux politiques en tous genres.

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À la mort de son père, Rainer fut accueilli par l'Okordien, lequel fit compléter son éducation et sa formation par des précepteurs qui l'avaient suivi dans son exil. Devenu comme son père un seigneur mercenaire, Rainer mène depuis lors une compagnie de soldats dont la taille varie au gré des événements politiques susceptibles de lui fournir des clients, et exécute pour le compte de son mentor des missions diverses qui le font vagabonder dans la région, souvent à cheval et toujours l'épée tâchée de sang.

Au grand dam de son maître, Rainer a embrassé dès la fin de l'adolescence une vie dissolue ; ce grand athée considère avec cynisme les différentes formes de spiritualité, notamment celles ayant une nature religieuse. Sa conduite est principalement guidée par son souhait de servir loyalement son mentor, une recherche véritablement insatiable de récréations - qu'elles soient militaires ou charnelles - et une quête de richesses, qu'elles prennent la forme de métal jaune ou de titres.

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Ces titres, il les accumule non pas pour en tirer une reconnaissance sociale ou politique, mais pour alimenter l'un de ses loisirs privilégiés : moquer, à chaque fois que s'en présente l'opportunité, ceux qu'il appelle "les nobles des Cours". Parmi tous ses titres, il affectionne tout particulièrement celui qu'il s'est auto-attribué avec ironie et qu'il fait régulièrement répandre parmi les populations paysannes, dans les régions qu'il écume : Rainer, l'Ennemi du Seigneur, de la Compassion et de la Miséricorde.

Quoique sa conception de la morale soit pour le moins minimaliste, Rainer ne tire nul plaisir de la mort d'autrui ; et, s'il accepte sans scrupules de mener ses compagnies militaires contre des cités qu'il fait sombrer dans le chaos, c'est toujours dans le but d'obtenir des contreparties matérielles.

Dernière modification par Ferdinand (2024-11-01 22:32:21)


Ferdinand
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#2 2024-11-01 18:54:15

Ferdinand d’Autriche
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Re : Vie et péchés de Rainer, condottiere dévoyé

Convocation

Les premiers rayons du soleil, qui s’éveillait à la suite de l’aube, interrompirent le rêve délicieux qui avait enveloppé son esprit et le réveillèrent doucement. Ou peut-être est-ce dû aux maux de tête qui l’avaient pris brutalement, et qui venaient sanctionner impitoyablement cette dernière nuit d’ivresse et de débauche.

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Encore une. Pour sa défense, une vingtaine de lunes avaient passé depuis son dernier contrat, comme toujours couronné de succès, sans que ne lui soit proposée une affaire qui soit digne de sa féroce énergie – et sans qu’il ne soit contacté par celui qu’il considérait tout à la fois comme son père adoptif, mentor et seul maître en cette vie.

Pour sûr, il n’était pas du genre à occuper son temps libre par de la méditation, des retraites studieuses ou des prières.

Un sourire ironique aux lèvres en imaginant sa vieille carcasse de pêcheur athée en prosternation, il sortit du lit sans égard pour le sommeil des deux femmes qui l’avaient accompagné la veille dans cette taverne pitoyable ; et après avoir rapidement revêtu sa tunique légère puis ceint son épée, il abandonna négligemment une bourse d’or sur la table de chevet à titre de rémunération et quitta la chambre.

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Les rues de Roméllo, la bouillante capitale de la République de Valésiane, étaient encore désertes. Sans y penser, presque comme une marionnette guidée par une main invisible, il prit le chemin de la Vieille-ville et, après avoir parcouru les quelques ruelles qui le séparaient de sa destination, s’arrêta devant Lupus, la gigantesque statue représentant un loup noir dont les crocs visibles semblaient vous avertir – ou vous menacer. 

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Rainer ignorait tout de ce monument, qui avait été érigé bien des années avant même sa naissance, mais il avait rencontré Lupus une nuit qui le trouva bien trop saoul pour guider ses jambes ; et il avait été à ce point impressionné et inspiré par la féroce figure animale, qu’il revenait désormais à intervalle régulier, à chaque fois presque inconsciemment.

Plongé dans les méandres de son esprit encore fatigué, il n’entendit pas approcher l’homme qui le guettait depuis son arrivée et qui venait de poser une main sur son épaule.

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Maudissant sa propre imprudence, particulièrement fautive lorsqu’on avait embrassé la carrière qu’il avait fait sienne, Rainer se retourna et accueillit avec agacement l’importun.

« Si tu espères encore que cette main te rendra des services, ne la pose plus sur moi. Que veux-tu ? »

Bien qu’il ne sembla pas impressionné par l’hostilité manifeste de son interlocuteur, l’inconnu retira sa main et lui répondit sur un ton calme et neutre.

« Le maître vous attend. Dans une heure. »

Sans attendre de réponse, il se détourna tranquillement et reprit son chemin, tandis que Rainer s’engouffrait dans une ruelle parallèle afin de répondre à cette convocation.

Dernière modification par Ferdinand (2024-11-01 18:58:12)


Ferdinand
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#3 2024-11-05 01:04:19

Ferdinand d’Autriche
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Re : Vie et péchés de Rainer, condottiere dévoyé

La fin de l'aurore

Il ne l'aurait admis pour rien au monde, pas même à lui-même, mais Rainer était préoccupé. Il avait le sentiment que cette convocation différerait des précédentes ; son âme sauvage ressentait presque physiquement le caractère inédit de l'entretien à venir. Ce n'était naturellement pas la première fois qu'il était convoqué par son maître dans des circonstances comparables ; il advint même qu'il soit interrompu dans les pires moments par ses messagers, soit qu'il avait l'épée à la main pour exécuter quelque contrat, soit qu'il exécutait une autre forme de devoir en compagnie de femmes pour des besognes autrement plus plaisantes.

Mais cette fois, en ces premières heures d'une journée qui semblait pourtant si égales à toutes les précédentes, il avait la diffuse impression que se jouait son destin.

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En une quinzaine de minutes, qui lui permirent de jouer dans sa tête une infinité de scenarii, il arriva au portail de l'élégante bâtisse dans laquelle l'Exilé résidait depuis si longtemps. Sa résidence était tout à fait officielle et son occupant ne vivait pas en clandestin - d'ailleurs, il est vrai, nul n'était clandestin en Valésiane, république de la Liberté.

Deux légionnaires gardaient les portes - l'Exilé était libre, certes, mais pas imprudent - ; ils reconnurent Rainer et les lui ouvrirent, sans fouille ni interrogatoire.

"Fais le tour."

Rainer n'eut pas besoin de faire expliciter ces quelques mots laconiques, prononcés par l'un des gardes. Il hocha simplement la tête et, sans rejoindre la porte principale, contourna la grande maison afin de rejoindre le jardin dont la discrétion était garantie par les grands murets entourant la résidence.

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L'Exilé était là, assis à la table de jardin qui servait depuis tant d'années de support aux lettres, parchemins et livres, nombreux, qu'il avait entrepris de rédiger au cours de ses longues années de retraite. En l'observant vaquer à des occupations si studieuses, dans un cadre si paisible, nul n'aurait pu imaginer quel avait été le passé de cet homme.

Mais Rainer connaissait son histoire, Rainer connaissait son tempérament et Rainer savait quelle âme brûlante dissimulait cette carcasse déjà ancienne - aussi ressentait-il, comme toujours, une crainte révérencielle.

"Mes respects, maître. Vous m'avez fait demander.

- Approche, Rainer."

Le convoqué s'en voulut d'avoir salué avec une voix enrouée qui semblait tout dire de son appréhension ; il s'exécuta et prit place sur la chaise que désignait son interlocuteur.

"La vie d'un peuple est une alternance sans fin de chaos et d'harmonie. Un cercle ininterrompu. Le souverain qui le comprend l'accepte et, même, l'entretient. Sous l'empire du chaos, il se fait bâtisseur et, en donnant aux siens un espoir, devient leur guide. En temps de paix et de prospérité, il n'est pas dupe et n'ignore pas le poison destructeur qui se répand naturellement en chacun et qui finira par exploser ; il suscite le chaos qui en découle, lui offre un purgatoire et, ce faisant, replace le peuple sur le chemin de l'harmonie."

Surpris par ce propos pour le moins sibyllin et surtout inattendu, le seigneur mercenaire ne sut d'abord que répondre. Le vieil okordien sourit en découvrant son air déconfit.

"Il est temps, Rainer. Ces lieux, cette ville, ce quotidien ont été un tableau représentant l'aube de ta vie. Mais son aurore ne se fera pas ici."

Il apposa sa signature sur la lettre qu'il achevait avant l'arrivée de Rainer, puis apposa le sceau de sa maison. Ce faisant, il sembla que la destinée de Rainer venait de se décider.

"Nous nous reverrons. Mais lors de ces retrouvailles, je découvrirai un homme changé ; aussi dis-je adieu à celui que tu es aujourd'hui."


Ferdinand
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