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Bienvenue dans la discussion sur la Religion de Père.
Écrits et Textes Sacrés
La religion de Père sera progressivement structurée autour de textes sacrés, rédigés et revus par la communauté des croyants. Parmi ces textes, nous trouverons :
La Genèse : Un récit fondateur décrivant les origines mythiques de Père et les premiers enseignements.
Les Enseignements : Une collection de préceptes, de maximes et de réflexions attribuées à Père, destinées à guider les adeptes dans leur vie quotidienne.
Le Livre Perdu : Un manuscrit ancien, récemment découvert, offrant de nouvelles perspectives et révélations sur la vie et les actions de Père.
Écrits des Disciples : Témoignages et interprétations des premiers adeptes de Père, fournissant un contexte historique et spirituel à la religion.
Implication de la Communauté
La participation active de la communauté est essentielle pour la croissance et l'épanouissement de la religion de Père.
Les adeptes sont encouragés à :
Contribuer à l'élaboration des textes sacrés par leurs propres écrits, réflexions et expériences spirituelles.
Participer à des discussions et débats sur les principes et les pratiques religieuses, afin de favoriser une compréhension commune et une cohésion de la foi.
Organiser et prendre part à des cérémonies, rituels et célébrations, reflétant la diversité et l'unité de la communauté.
Engager des actions caritatives et communautaires, incarnant les valeurs de compassion et de solidarité prônées par la religion de Père.
Bref, cette discussion sera au fur et à mesure alimenté par des écrits sur la religion de Père.
La liste des participants ayant écrit au moins 1 texte :
- Skoll
- Aokairu
Dernière modification par Aokairu (2024-09-25 18:22:36)
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Premier texte
La Genèse
Père vécut et mourut il y a trois fois trente ans, au bord du monde.
Son corps de mortel est tombé en poussière, son nom de mortel est tombé dans l'oubli, mais son Esprit Éternel vit à jamais en chacun de nous.
Père naquit parmi les plus humbles, dénué de fortune, entouré d'ignorants. Ceux autour de Lui vénéraient la force et nourrissaient leur violence. Père était d'une nature simple et bonne. Pour cela, Il était mis au ban, brimé, haï et méprisé.
Père souffrit de longues années sous les coups, sans secours ni merci, jusqu'à ce que la Résolution lui vienne.
Un soir, alors qu'il s'était isolé pour pleurer et pour panser ses plaies cent fois rouvertes, une voix venue des tréfonds de son âme lui fit entendre la Vérité : s'il restait à subir les coups, rien ne changerait. Il ne gagnerait la paix qu'en anéantissant ses tortionnaires.
Ce soir-là, tout changea.
Le jour, il subissait la haine. La nuit, il préparait sa vengeance.
Le jour, la douleur de Son corps affermissait son âme. La nuit, la rigueur de Son âme endurcissait son corps.
De jour en jour, de nuit en nuit, de saison en saison, il bâtissait en Lui-même son Temple. Ses os étaient ses pierres. Sa Foi était ses vitraux. Son sommeil même était le ciment de Sa résolution.
Un an après avoir reçu la Révélation, Il fut prêt.
Il les tua tous.
Jusqu'aux femmes et aux enfants, nul ne lui échappa. Il égorgea, il noya, il éventra.
Quand il eut fini, seul parmi les morts, Père profita enfin de la paix. Mais celle-ci avait un goût amer.
Libéré du joug, libéré de la haine, Père vivait désormais sans but. N'ayant jamais vécu, il ne connaissait rien. Il s'en alla alors et disparut dans le monde. Père avait l’œil avivé par Sa liberté nouvelle, et le corps allégé par sa Libération. Dépouillé de sa violence, Père n'avait plus dans ses bagages qu'une soif intense de connaissance.
Le Soleil se proposa pour être son maître. Père accepta. Il suivit le soleil dans sa course du matin au soir, avant de se rendre compte qu'ainsi il revenait chaque soir sur les pas qu'il avait creusés le matin. Déçu, il quitta le soleil, et parcourut le monde de gauche à droite et de haut en bas. Il traversa les landes infinies et les déserts de sable, gravit les montagnes les plus hautes et s'enfonça au cœur des marais impénétrables.
Au long de toute une vie, Il rencontra tant de gens que le monde entier connaissait son visage. Il parlait à chacun dans sa langue, et appelait chacun par son nom. Il apprit tant de choses que les rois de tous les pays s'enquéraient de son avis, et que les sages et les ermites courbaient de respect leurs vieux dos devant Lui. Et puis Il traversa des guerres. Il vit des hommes se battre à mort. Ces hommes, Père savait leurs prénoms. Il connaissait leurs mères, il avait béni leurs fils et embrassé leurs filles.
Le temps passé avait enfoui sa haine dans les tréfonds de son esprit jusqu'à ce qu'il l'oublie. La vision de ces hommes s'entretuant le fit entrer dans un désespoir fou. Criant, les yeux baignés de larmes, Père s'interposa. Les guerriers le connaissaient tous, ils s'arrêtèrent à son ordre. Père leur demanda pourquoi ils se tuaient. Les hommes répondirent : « Pour nos rois ! »
Père alla rencontrer les rois, pour les convaincre de cesser la guerre. Les rois le reçurent avec respect et le laissèrent parler, mais ils ne voulurent rien savoir. Alors, Père alla rencontrer les dieux.
Les dieux avaient entendu parler de Lui. Ils Le reçurent chacun à leur tour. Père passa une deuxième vie d'homme à les visiter, un à un, à s'entretenir avec eux et à tenter d'obtenir gain de cause. Chacun à leur tour, les dieux l'écoutèrent parler et répondirent à ses questions. Mais quand Père leur demanda de faire cesser la guerre des rois, tous les dieux refusèrent.
Père était désespéré.
Il entendait, dans le monde des mortels, les cris et les atrocités de la guerre. La mémoire lui revenait du massacre qu'il avait lui-même commis. La vie qu'Il avait passée à marcher et à découvrir le monde Lui avait permis de l'oublier jusqu'ici. Le souvenir de ce jour lui était douloureux, mais il lui montrait également la voie. Si les dieux n'étaient d'aucune aide aux mortels, alors il fallait tuer les dieux.
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Second texte
Commentaire de la Genèse
Commentaire sur « La Genèse de Père » et les croyances y afférentes
Par Yvain Ivihivainqui, historien, chroniqueur, théologien et astrologue.
Le fâcheux culte de "Père", discrètement apparu il y a quelques années dans notre royaume, représente, une fois n'est pas coutume, un sujet d'accord pour les clergés des trois religions établies en Okord. Les druides, les grozny, et les tokva y voient un danger, et pour cause : les adeptes de ce dieu nouveau ne jurent que par la destruction des autres religions.
Un Podeswite considèrera les "faux dieux" avec mépris ; un Yggnirien traitera de faibles les adeptes des religions pacifiques ; le commun des mortels, comme moi, lèvera un sourcil devant les odes et les cantiques voués à ces divinités étrangères et plutôt rocambolesques. Mais un adepte de ce "Père" verra tout simplement dans les autres croyants des infidèles à convertir ou à abattre. Avouez qu'il y a là de quoi frissonner.
Fort heureusement, cette religion ne constitue pour le moment rien de plus qu'une secte parmi d'autres en Okord. On recense à ce jour aussi peu d'adeptes de Père que de Caddyro ou que du Pommier Saxon. Le caractère extrême de ce dieu unique (souhaitant, doit-on le rappeler, l'annihilation de toute religion) semble être nuancé dans l'exercice du culte. Les paroles liturgiques - ce que l'on en connaît, du moins - sont également moins remplies de zèle que l'on aurait pu croire. Sans doute s'agit-il là d'une ruse de son clergé pour grandir dans l'ombre en attendant le moment propice. J'invite tout un chacun à rester vigilant. Rituath sait que les idées nouvelles peuvent bien vite faire tourner la tête du peuple, surtout quand ces idées sont maniées par des seigneurs ambitieux et sans scrupules.
L'extrait que vous avez pu lire, intitulé « La Genèse de Père », est tiré d'un ouvrage de Hans Güdenair, prêtre de cette étrange religion. Il prétend reprendre et compiler l'ensemble des traditions orales entourant le personnage mythique que les adeptes nomment "Père". Ce texte semble avoir été repris par le clergé de Père. Selon des sources bien informées, il serait cité régulièrement dans les cérémonies du culte et serait notamment utilisé par les missionnaires de Père. L'exemplaire présent dans la bibliothèque de Château Ygör est malheureusement en mauvais état : des pages ont été arrachées, ce qui explique le caractère abrupt et (semble-t-il) incomplet de la fin de cette genèse.
On notera d'emblée le caractère très récent de cette religion. Père est considéré comme ayant arpenté ce monde « il y a trois fois trente ans », soit sept ères et demie. Cela nous amène quelques années avant la création du royaume d'Okord par Enigral, sans que l'on sache bien s'il s'agit là d'une date de naissance ou de mort. Père aurait donc vécu dans une époque chaotique, faisant suite aux déferlements barbares du Khanat d'Ytësen. Peut-être même aurait-il connu, avant cela, les derniers temps de l'Empire d'Ohm.
À mon grand regret, je dois reconnaître que l'existence de ce Père en tant qu'être humain est difficilement contestable. Plusieurs témoins et chroniqueurs contemporains de cette époque semblent en effet l'avoir rencontré. Selon leurs dires, il se serait agi d'un ermite, d'un vagabond.
L'homme aurait été connu pour « sa grande sagesse et son érudition », selon Marc-Aurèle le Jeune.
Pyronèse de Sertouanne, quant à lui, nous dit que cet homme - qui déjà à l'époque n'était plus connu que par son surnom de Père - « [était] suivi en tous temps par une compagnie de disciples et d'apôtres qui s'enquéraient de son savoir. [Il avait] l'oreille des thanes et même de certains archontes, et [il était] le bienvenu dans toutes les cours où ses pas l'amenaient. » Il est à noter que ces deux descriptions proviennent de chroniqueurs très éloignés l'un de l'autre (Marc-Aurèle le Jeune a passé sa vie à la cour d'Olva, et Pyronèse, comme chacun sait, a voyagé à travers l'actuel Déomul et les royaumes du Nord). La genèse que nous avons sous les yeux ne ment donc pas en nous décrivant un grand voyageur.
Le déferlement de la Grande Horde ayant ravagé les bibliothèques, il nous est malheureusement impossible d'en savoir plus sur la vie de cet homme. Sa jeunesse, notamment, est obscure, tout autant que ses origines. Pour ainsi dire, on ignore tout de ce personnage : son lieu de naissance, sa famille, jusqu'à son nom. Hans Güdenair a donc toute latitude pour nous broder un conte ésotérique, où il nous montre vite l'extrême violence aux racines de ce culte. Si j'osais, je la résumerais par "tuez-les tous pour avoir la paix".
Cette fascination pour la violence sainte et pour la "Détermination" du guerrier semble être un élément majeur du culte de Père. L'idée que Père devienne son propre temple n'est pas une invention de Güdenair. Elle est tirée, mot pour mot, d'un des écrits de Père :
« Comme pierres, mes os.
Comme vitraux, ma foi.
Comme ciment, le sommeil. »
(Éveil, II, VIII, traduction par Werner de Solgadýs)
Dans la suite, Hans Güdenair dresse la légende du personnage de l'ermite brillant et assoiffé de savoir. Chose étrange, s'il ne se prive pas de vanter l'influence de Père, il ne fait aucune mention de la « compagnie de disciples et d'apôtres » décrite par Pyronèse. Sans doute est-ce là un choix délibéré afin de renforcer l'image solitaire de cet homme que l'on veut changer en un dieu. (Il faudra bien cela.)
Les choses deviennent plus étranges quand Père se trouve face à la guerre. Contrairement à l'exaltation de la cruauté qu'il nous a fournie plus tôt, Güdenair nous dresse le portrait d'un Père « désespéré » devant la violence des hommes. D'aucuns pourraient tenter de justifier ce revirement par la vie d'errance qu'a traversée Père entretemps, et par le recul qu'il a pu prendre sur ses actes (qui n'est nullement explicité dans le texte), ou bien sur le fait qu'il ait appris à connaître les hommes (ce qui me semble bancal : les hommes, femmes et enfants qu'il a massacrés au début de sa vie, Père les connaissait depuis toujours). Il est vrai que la fin de ce texte nous fait défaut.
Cependant, je ne peux m'empêcher de voir là-dedans une contradiction bien commode pour les tenants du culte de Père. La violence est légitime pour se libérer de l'oppression ; et au contraire, elle est inconcevable (« désespérante ») dans le cas, comme illustré ici, d'une querelle entre seigneurs. Ce sont là les éléments d'un discours des plus séditieux, menaçant les fondements mêmes de notre société. Je ne doute pas que les ministres du culte sauront très bien faire en sorte que leurs intérêts propres passent pour une lutte contre l'oppression, en accord avec les idées de Père. Dans le même temps, ils décriront leurs adversaires politiques comme "forçant le peuple à se battre" et le tour sera joué.
Viennent ensuite les dieux, et la démonstration de leur immobilisme, faisant de Père le seul à se battre pour la cause des hommes. Certes, cela peut sembler cousu de fil blanc. Néanmoins, je tiens à rappeler que ce texte s'adresse aux serfs, au bas-peuple, et que les gueux ne disposent pas de notre éducation pour démêler ce genre de discours. La promesse d'un demi-dieu (car c'est ce que Père semble être devenu) se battant pour leur cause peut être très attirante pour les petites gens. Nous aurions tort de sous-estimer cela.
La fin de ce texte est manquante. Peut-être y trouve-t-on un discours plus plausible quant à la violence. Toutefois, je doute que l'esprit diffère. Ce que nous avons sous les yeux est donc un outil de prosélytisme. Certes, de piètre facture, mais pouvant être redoutable s'il tombe dans l'oreille d'ouailles n'étant pas éduquées à découdre ces subtilités de bas étage.
Connaissant la façon qu'ont nos seigneurs de minimiser l'importance du fait religieux, je tiens à leur rappeler la façon dont les adeptes d'Yggnir ont ravagé le royaume il y a quelques années à peine. Par ailleurs, afin de vous représenter la puissance d'un prophète que l'on laisserait agir à sa guise, je citerais feu le seigneur K-Lean : Lors de son voyage vers Abrasil, son expédition a rencontré une horde de centaines de milliers de fanatiques, qui suivait les directives d'un prophète illuminé. Cette horde inquiétait très fortement l'empire d'Abrasil lui-même.
[Note à la marge : J'ignore en vérité s'il n'y aurait pas un rapport entre cette horde et la religion de Père. Soyons vigilants.]
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