Le sursaut

Bedwyr · 2024-07-02 14:33:49

L'interminable colonne s'arrêta brusquement.

" - Que se passe-t-il, encore ? grommela le Duc.
- C'est un trébuchet, messire, répondit un sergent revenant de l'avant. Il a versé sur la chaussée et bloque les troupes ; il est en train d'être dégagé.
- Quand je pense au prix qu'ils m'ont coûté ! Escrocs de balistères !
- Vous ne semblez guère porter cette corporation dans votre cœur, releva son écuyer.
- Cette corporation ne prospère qu'à cause d'une guilde encore plus méprisable : celle des maîtres d'œuvre de fortifications ! Et je ne parle pas de ceux qui ont recours à leurs services...
- Pourquoi ne pas avoir choisi un lieu moins... fortifié ?
- Un ennemi bien pire que Grinzuson ou même Baldir menace Okord. L'Oisiveté, la Mollesse, tous le cortège des dieux mous et de leurs adeptes. Yggnir réclame un sacrifice et ne se satisfera pas du sang de quelques miliciens d'un petit vicomte.
- De mon point de vue, je dirais plutôt que l'Harmonie est un juste équilibre entre Ordre et Chaos. Le Royaume est en train de sombrer dans... l'Ordre.
- J'ai déjà entendu cette idée dans la bouche de ton père, nota Bedwyr en souriant. Et vous cher marquis, qu'en pensez-vous ?"

Bohémont de Painel · 2024-07-02 16:22:23

"Que plutôt mourir que de sombrer dans la désolation de l'ennui.

Le Royaume nous craint plus que les quelques ennemis à nos portes qui n'ont pas levé un orteil depuis plusieurs mois.

Les nuées se sont amoncelé dans le ciel et il est temps que l'orage éclate.

Une nouvelle ère doit s'amorcer sans quoi nous finirons tous seigneur paysan."

Derrière le marquis mêlé aux troupe à la chouette venaient les hommes de Nortmannie.

Bedwyr · 2024-07-03 11:42:26

La fin du périple s'était déroulée sans encombre. Le seigneur Astaffort, craignant visiblement l'affrontement, avait fait réhausser les murailles de ses fiefs à la hâte, mais insuffisamment toutefois au regard des armes de siège approvisionnées par les assaillants.
Le Duc et le Marquis avaient fait établir leur camp à l'ouest du fief de Port Laramine.

" - Les troupes adverses sont plus nombreuses que les rapports de mes espions ne le laissaient supposer. Environ 50.000 hommes, dont des chevaliers pour moitié.
On dit qu'un orage sera d'autant plus violent qu'aucun n'a éclaté dernièrement... je pense que le tonnerre va gronder fort !"

Bohémont de Painel · 2024-07-03 16:05:36

Le marquis de Painel observait les premières troupes se déployer sur le champ. La brèche que les trébuchets avaient faites étaient larges et béantes. Sur le reste des moellons gisant bientôt on s'entretuerait joliment.

"Ils faudra peut être apprendre à compter à vos espions. Ca va être une sacré danse qu'on va s'offrir là."

Des estafettes s'en allait rappeler du renfort et la cavalerie se mettait en place.

Un lourd bataillon d'arbaletriers derrière leur pavoi scandait la marche.

Bedwyr · 2024-07-04 10:48:06

" - Je dois reconnaître que mes espions n'ont jamais été fortiches, mais en l'occurrence, il me semble qu'ils ne sont pas à blâmer... "

Bedwyr désigna à Bohémont les troupes qui se déployaient au sud du fort :

" - Regardez ces vexilles de lion surmonté d'une chouette... ce ne sont pas les armes du seigneur Francis !"

Bohémont de Painel · 2024-07-04 20:41:48

"Effectivement il semblerait que la vieille maison d'Amara soit de la fête.

Voici qui est surprenant. Nous étions initialement soutenu par les Happ.

Au moins nous ne sommes pas venu pour rien et avant l'issue j'espère conduire quelques charges !"

Bedwyr · 2024-07-06 11:49:36

" - Et bien, il n'en tient qu'à vous cher marquis ! Comme j'ai coutume de le dire : montrons aujourd'hui notre valeur, car peut-être n'aurons-nous plus la possibilité de le faire demain !"

Bedwyr donna l'accolade au seigneur Bohémont, ajusta son heaume et porta machinalement sa main gauche sur le pommeau de Koutohabeur.

" - Écuyer, mon pavoi !"

Bedwyr · 2024-07-07 21:48:22

Protégés par leur lourd bouclier, les arbalétriers menés par le Duc en personne progressaient lentement mais avec détermination sous les traits adverses.

L'odeur du champ de bataille, le bruit, le tremblement du sol foulé par ce qui devait bien représenter la moitié des armées du Royaume, exerçaient sur Bedwyr une véritable fascination. Assurément Yggnir serait satisfait de l'offrande qu'il lui offrait et il se voyait déjà se battre aux côtés des Sept dans la Grande Armée.

" - Messire ! Messire ! Prenez garde ! Il faut reculer !"

Ignisfer joignit le geste à la parole, tirant le Duc de sa transe en même temps que vers l'arrière.

Devant eux était massée toute la chevalerie adverse. Un étendard à la chèvre indiquait la présence du Prince au milieu de ses hommes. L'adversaire était à portée de carreau, ce qui signifiait qu'eux-mêmes étaient à portée de charge ; bien inférieurs en nombre, Bedwyr scruta les environs mais ne vit nulle unité de lanciers en capacité de les soutenir.

A contre-cœur, il se laissa entraîner vers l'arrière par son écuyer. Mais à leur grande surprise, au lieu de charger, les troupes princières encaissèrent la pluie de traits puis reculèrent se mettre à l'abri derrière leurs lignes.

Au même instant, une clameur monta à sa droite : les chevaliers de la Comtesse Talera encerclaient la garde rapprochée du Marquis Bohémont.

Bedwyr se dégagea vigoureusement de l'étreinte d'Ignisfer :

" - Honte à moi si je me montre moins vaillant que mon courageux vassal ! hurla-t-il en rebroussant chemin.
- Messire, vous serez à la merci de votre adversaire !"

Bedwyr se retourna vers son écuyer :

" - D'aucuns t'appellent le fils du puceau et de la sorcière... et bien je pense que tu tiens plus du père !"

Puis il retourna prendre la tête de ses troupes.

Dernière modification par Bedwyr (2024-07-08 10:58:19)

Bohémont de Painel · 2024-07-08 09:57:51

La bataille était engagée depuis de longues heures. Les armées coalisées de la Chouette et du Léopard n'avait pas la partie facile.

Bohémont entouré de ses chevaliers regardait l'ennemi. La charge serait fatal aux chevaliers de Nortmannie. L'honneur ne transigeais pas avec la lâcheté et malgré les appels pressant de sa garde le jeune marquis ne cillait pas.

Au camp le sieur de Sinople et Roscelin étudiaient les mouvements de troupes et constataient qu'ailleurs les feux de la guerre s'allumaient. La manoeuvre de bousculer l'ordre qui régnait avait porté ses fruits.

Bedwyr · 2024-07-21 13:49:09

Ignisfer, piqué au vif, suivit Bedwyr sur ses talons.

" - Vous oubliez qui je suis, vous oubliez qui était mon père ! Vous me devez le respect !"

Bedwyr se retourna promptement et saisit le jeune homme par le col :

" - A voir ton comportement, je dirais que c'est toi qui a oublié qui était ton père ! Et qu'as-tu donc fait pour mériter mon respect, écuyer ? Tiens prends ça, hurla-t-il tout en plaquant Koutohabeur sur le torse d'Ignisfer, et va le chercher !"

Après une courte hésitation, le jeune homme s'empara de l'épée et prit la tête des arbalétriers, sous le regard approbateur du Duc.

Contre toute attente, le Roi Francis et ses chevaliers battirent en retraite, laissant libre l'accès à la ville. Aussitôt, Ignisfer s'engouffra dans la brèche ainsi formée. Afin de ne pas exposer le jeune homme, Bedwyr ordonna la charge générale, tandis que les troupes de Bohémont tenaient bon malgré la capture de leur chef.

Bientôt, un étendard à la chouette flottait en haut du donjon et Bedwyr vit apparaître Ignisfer, campé en haut des remparts, les poings sur les hanches en signe de défi.

Bedwyr · 2024-08-02 19:02:52

Bientôt une clameur monta parmi les soldats :

" - Hourra pour les seigneurs Bedwyr et Bohémont ! Hourra !"

Mais subitement, la voix forte de Robert résonna :

" - Vive le Roi Bedwyr ! Longue vue au Roi !"

Un léger flottement fut perceptible, avant qu'un à un les hommes ne se rallièrent au vieux chevalier. Bedwyr alors regarda autour de lui : en effet, après ce combat épique, cette victoire indiscutable, le pillage du fief et la fuite du Roi Francis, il ne pouvait en être autrement. Bedwyr était devenu Roi de la plus okordienne des façons, de celle qui faisait les gestes de l'histoire du royaume depuis son commencement.

Bedwyr pointa son épée vers le ciel et cria :

" - Gloire à Yggnir, et à tous ceux qui aujourd'hui encore l'ont honoré !
- Gloire à Yggnir ! Reprirent les hommes en chœur."

Ignisfer rejoignit son seigneur, lui tendant Koutohabeur.

" - Agenouille-toi, commanda Bedwyr."

Mais son écuyer hésita, le défiant du regard devant les hommes devenus muets.

" - A - ge - nou !"

Ignisfer s'exécuta finalement. Alors Bedwyr leva son épée au-dessus du jeune homme :

" - Moi, Bedwyr, Roi d'Okord, je te fais chevalier pour ton honneur et celui de ton lignage."

Il lui asséna trois coups du plat de l'épée sur les épaules et le crâne.

" - Relève-toi, Ignisfer de la Trimouille-Bonnefoy. Relève-toi et prends cette épée qui te revient. Prends-la et montre-t'en digne."

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