Quand la vertue se fane sous la croisée de l'amour et de la vengeance

Amaury de Gavere · 2024-05-22 11:26:56

À Monseigneur Bohémont de Painel,
Que la présente missive vous trouve en bonne santé. C'est d'un cœur lourd que je vous adresse ces mots, car un grave affront a été commis envers ma famille.
Ma fille unique, la douce Ysabeau, s'est vue ensorcelée par d'obscures manigances, n'ayant d'autre but que de ternir l'honneur de mon lignage.
Par je ne sais quelle magie noire ou malédiction jetée, ses sentiments se sont égarés vers l'un de vos capitaines, trahissant ainsi les vœux qui lui étaient promis de rejoindre les Siostry.
Vous trouverez ci-joint la phalange que le dénommé Jolicoeur a dû abandonner aux mains des gardes l'ayant surpris sur le fait. Cela vous permettra d'identifier aisément l'individu en question.
Cette insulte ne saurait demeurer impunie. Je réclame donc réparation par le fer et le sang, seuls à même de laver cette ignominie. Que votre capitaine et ses hommes descendent sur le pré pour croiser le fer avec moi et restituer ainsi l'intégrité bafouée de ma lignée.
À défaut d'obtenir satisfaction, je me verrai contraint de régler cette affaire par d'autres moyens, au risque d'en appeler aux armes entre nos deux maisons.
Je demeure dans l'espoir d'un règlement rapide de ce déplorable événement.
Mes salutations les plus déférentes,
Pomocnik Amaury De Gavere

Dernière modification par HernfeltMayer (2024-05-22 11:34:49)

Bohémont de Painel · 2024-05-22 15:47:59

Sieur de Gavere,
Vos mots sont bien lourds, manigances, malédiction et magie noire. Votre fille a comme tout jeune gens de bons lignages et par les soins que votre éducation lui a donné manifestement des goûts fort à propos puisque le capitaine n'est autre que le beau Sage de Sinople, si il en est un qui fait tourner les têtes et les cœurs c'est bien ce drôle. C'est en plus un fidèle du Dieu Unique venu en notre compagnie nous parler de poésie et des beautés du monde. Un damoiseau qui n'a point la jambe légère mais le bras sûr et prompt à défendre l'honneur où qu'il se trouve.
Il viendra donc en l'endroit de votre convenance défendre son parti et son propos. Accompagné d'une suite de gens de Nortmannie en armes.
Le fer et le sang apaiseront je l'espère ces vilains tourments.
Bohémont de Painel, Comte de Nortmannie.

Amaury de Gavere · 2024-05-23 10:44:05

Comte de Painel,
Je retrouverai donc Sage de Sinople en lisière de votre forêt (87x130).
Qu'il soit dit.
Mes salutations,
Pomocnik Amaury De Gavere

Dernière modification par HernfeltMayer (2024-05-23 10:53:48)

Sage de Sinople · 2024-05-23 15:01:44

Les troupes de Nortmannie connaissaient bien la forêt dans laquelle ils entraient. A sa frontière ouest le camp du Sieur de Gavere avait été dressé. Le Bois-Landelles tel qu'ils nommaient cette forêt était domaine de chasse et de joute. Des clairières de charbonniers étaient la seule activité des serfs du Mesnil-Aux-Loup proche. Au sud la haute silhouette de la Forteresse de Nortmannie se dressait et plus loin la cité fortifié d'Hocquigny.

Pour l'heure Sage de Sinople conduisait neuf cent hommes qui pour l'occasion portaient ses couleurs. Ainsi c'est une longue file d'arbalétriers, de cavalier, de lanciers, de chevaliers et d'archers qui tout en devisant gaiement marchaient parmi les hautes futaies, des hêtres chênes et des quelques ifs.

Le chevalier vert allait tête nue, ses doigts s'égarant distraitement sur les cordes du luth entre ses mains. Le reste de sa vêture était d'un autre fer puisqu'il portait sous sa cotte d'arme un lourd haubert aux mailles étincelantes, à son cotés pendaient une forte épée et son écuyers portait ses lances. Dans son dos son écu encore houssé dans son étui.

Il était de ceux qui vont à la guerre comme l'on va danser. Et derrière lui les regards des hommes étincelaient car si certains inspirent par leur propre bravoure, les charmes de Sinople étaient telles que tous cherchaient à lui plaire et tout ces rustres gaillards avaient l'œil humide quand il grattait son luth mais le bras sûr lorsqu'il faudrait jouer des coudes et du reste dans la mêlée.

Chemin faisant toujours gaiement le ban s'amena en avance à la lisière, seuls quelques chars installaient le campement adverse. Sans qu'il eut besoin de dire quoi que ce soit les valets et écuyers se mirent également à monter le camp. Au plus près. Et l'armée de Nortmannie comme un seul homme se rangea derrière son commandant.

Qui s'agenouilla dans l'herbe encore humide de rosée et ayant confié son luth à son écuyer sorti sa lame nue. Ses lèvres murmuraient quelques prières dont certaines stances étaient peu orthodoxe puisqu'enrichi de sa propre poésie.

L'heure de tirer le fer viendrait bien assez tôt.

Plus loin au sud, à la Lucerne, forte cité des Nortmannais, le Conseil s'était réuni. Un homme n'y appartenant pas était debout. Sa main était bandé et le bandage était rougi au niveau d'une phalange. Le seigneur des lieux, Roscelin poussa une bourse dans sa direction.

"La Nortmannie vous doit une phalange, merci maître espion de votre participation."

Puis alors que l'homme tournait les talons, Le valaisien qui avait négligemment passé sa jambe par dessus l'accoudoir claqua sa langue et se servit un verre de vin.

"Un duel fort peu cher payé comparé aux bénéfices qu'il va nous apporter."

Amaury de Gavere · 2024-05-23 16:32:02

Le Bois-Landelles, mon seigneur. Les mécréants ont dressé leurs tentes de l'autre côté. Je dirais un peu moins d'un millier d'hommes.
Et le terrain ?
Plutôt souple. Mais je vous conseillerais de mener le combat le plus loin possible de la chênaie.
Bien, allons-y.

Amaury de Gavere fit un geste de la main pour signifier à sa compagnie qu'ils allaient entrer en lice, ce qui les fit se mettre en route sans sourciller. Le cliquetis des armures et des pièces d'armes s'ajouta au roulement sourd de la marche des chevaux et des hommes, mettant un terme au murmure coutumier de la forêt fait de branches craquantes, de bruissements de feuilles et des cris de ses habitants.

La file de soldats longea paisiblement la lisière du bois avant de se placer à bonne distance, à vue des adversaires du jour venus de Nortmannie.
Un silence de mort s'installa alors, le calme précédant la tempête, la respiration précédant l'ouverture de la symphonie.

L'air était chargé de l'odeur âcre de la sueur et de la crainte des humbles paysans-soldats peu accoutumés aux affres de la guerre.
Seuls les plus aguerris chevaliers, rompus aux rudes batailles, demeuraient stoïques sous leurs lourdes armures de fer, l'âme imprégnée des valeurs chevaleresques de courage et d'honneur.
Le souffle du vent dans les branches touffues de la chênaie voisine paraissait soudain d'un calme irréel avant le fracas assourdissant des lances s'entrechoquant et le cliquetis mortifère des épées s'abattant sur les heaumes.

L'heure était venue.

Amaury de Gavere · 2024-05-24 11:03:44

Le tonnerre des sabots de la cavalerie judéenne résonna à travers la plaine verdoyantes, telle une symphonie guerrière. Les étendards claquaient fièrement au vent, portés par les hérauts vêtus de leurs tuniques écarlates et dorées, signalant aux vaillants soldats les manœuvres à entamer.

Soudain, un messager couvert de poussière surgit au galop, les traits tirés par l'urgence de sa course. Il descendit de sa monture d'un bond, s'inclina devant Amaury de Gavère, seigneur des armées, et lui tendit une missive frappée du sceau de la Siostry Vespasia.

Cher Amaury,
C'est avec une âme accablée mais empreinte de sagesse que je vous écris ces quelques mots. Je comprends votre fureur devant l'affront que le Sir Sage de Sinople semble avoir fait à l'honneur de votre maison. Voir l'avenir tout tracé de votre fille remis en cause doit vous bouleverser.
Cependant, je vous exhorte à la clémence et à l'acceptation de la volonté du Créateur. Car n'oublions pas que c'est Podeszwa lui-même qui a dessiné le chemin de nos vies selon son plan parfait. S'il a choisi d'unir les cœurs de votre fille et de Sage, qui sommes-nous pour nous y opposer ? Même si cette union n'était que passagère, ce ne serait que la volonté du Tout-Puissant que nous devons accueillir avec humilité.
La voie de la violence ne mène qu'à plus de souffrance. Accueillez cette union comme un présent divin plutôt qu'une offense. Votre fille suivra le chemin que Podeszwa a tracé pour elle, qu'il soit différent de ce que vous aviez espéré n'enlève rien à sa valeur.
Faites preuve de cette grandeur d'âme qui vous caractérise. Pardonnez à Sage son égarement et permettez à ces deux âmes d'être unies comme le Créateur l'a voulu, qu'importe la durée. Vous épargnerez ainsi bien des vies et des souffrances inutiles.
Je conçois également que votre hargne combattante vous ait poussé à provoquer ce duel avec Sage. Bien que je désapprouve la violence, je consens à ce que ce duel ait lieu pour apaiser votre honneur bafoué. Mais je vous prie de faire vite et de ne pas poursuivre vos opposants.
Que la paix de Podeszwa règne dans votre cœur en ces temps troublés.
Votre dévouée,
Siostry Vespasia

Le regard d'Amaury se fit grave tandis qu'il brisait le cachet de cire écarlate. Ses yeux parcoururent les mots inscrits à l'encre noire, couleur du sang versé sur les champs de bataille. Puis, redressant sa stature altière, il prit une profonde inspiration, gonflant ses poumons de l'air chargé de l'odeur des terres labourées et de la fumée des campements. Son regard se perdit un instant au loin, par-delà les rangs de ses fiers guerriers, avant qu'il n'ordonne d'une voix de tonnerre aux hérauts de changer les ordres. L'heure était grave, et quelle que soit l'issue du combat à venir, ils devaient faire vite.

Sage de Sinople · 2024-05-24 13:16:35

De l'autre coté c'est tout d'abord par un juron d'un des sergents d'armes que la chose fût perçu.

"Par la putain maigre que font ces pintadons là !"

Puis l'armée entière frisonne d'anticipation du choc, loin des escarmouches nombreuses de petites escadres l'armée ennemi s'est scindée en deux lourd bataillons de chevalier. Couvrant près de trois cents archers assemblée.

Le capitaine de Sinople, ordonne ses troupes, lance les chiens de guerre, dénoue la bride des plus vifs pour parer aux troubles. La manœuvre parait folle mais qu'un seul faiblisse, qu'une brèche apparaisse et alors il sera trop tard.

Le choc se fait. La ligne ploie mais tient. Les combattants frappent durement. Les lanciers sont balayés comme un fêtu de paille. Les flèches nombreuses obscurcissent le ciel. Puis la poussière retombe. La place est presque dégagé. Les Nortmannais n'ont plus qu'à foncer sur les derniers archers. Un escadron de chevalerie a même réussi à se frayer un chemin. Parmi eux alors qu'ils reviennent la silhouette du capitaine ennemi, capturé. Mais dans les mouvement qui suivent Sinople perd de vue le sieur de Gavere, puis un coursier l'informe. L'homme a payé sa rançon dans la foulée, les chevaliers n'ont d'eu d'autres choix que de le relâcher.

L'or est une maigre compensation. Il aurait bien aimé s'entretenir avec le père de la belle.

Puis les derniers tirs s'arrêtent. Le champ de batailles est jonché de cadavres dont certains ont été disloqués par la violence des combat. Soudaine et sans retenue. Les régiments d'arbalétriers à pavois s'approchent du camp ennemi. Presque à tâtons, craignant un coup de Jarnac.

Mais rien ne vint. Le camp allait être pris. La victoire était acquise. Au prix amer de près 700 vies de Nortmannie dont la plupart chevaliers des bonnes familles du Comté.

Forum d'Okord

#1 2024-05-22 11:26:56

Quand la vertue se fane sous la croisée de l'amour et de la vengeance

#2 2024-05-22 15:47:59

Re : Quand la vertue se fane sous la croisée de l'amour et de la vengeance

#3 2024-05-23 10:44:05

Re : Quand la vertue se fane sous la croisée de l'amour et de la vengeance

#4 2024-05-23 15:01:44

Re : Quand la vertue se fane sous la croisée de l'amour et de la vengeance

#5 2024-05-23 16:32:02

Re : Quand la vertue se fane sous la croisée de l'amour et de la vengeance

#6 2024-05-24 11:03:44

Re : Quand la vertue se fane sous la croisée de l'amour et de la vengeance

#7 2024-05-24 13:16:35

Re : Quand la vertue se fane sous la croisée de l'amour et de la vengeance

Pied de page des forums