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#1 2015-07-02 20:43:08

Bélial
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Exécution du Duc Godefroi d'Osterlich.

La foule s'était rassemblée sur la grand place, devant le palais du Roi Zedicus d'Antioche, neuvième souverain du Royaume d'Okord. Une estrade en bois de chêne avait été construite, suffisamment large pour supporter le poids d'un lourd chevalet en plomb. L'instrument était le produit d'une commande expresse, d’ordinaire l’écartèlement se déroulait dans un champ où les membres du condamné étaient arrachés par quatre chevaux. Mais la Chancellerie avait tenu à ce que l'exécution ait lieu dans la capitale, aux yeux du peuple comme aux yeux de la noblesse. La Chancellerie avait également insisté pour que la peine fut celle d'ordinaire réservée aux traîtres et aux régicides. Oui, la Chancellerie avait insisté sur beaucoup de choses dans cette affaire...

Le bourreau fut le premier à se montrer. Il n'était pas encore quatre heures de l'après midi qu'il huilait déjà les rouages de sa terrible machine. Il vérifia également les cordages et la barre de pression. L'intendance royale disposa ensuite le trône et les larges sièges réservés aux princes, aux grands conseillers et au chancelier. La foule commença alors à s'agglutiner autour de la garde royale, disposée à une distance de dix pieds de l'estrade. Déjà, on délaissait les tonnelles et les bordels pour jeter un regard curieux sur le terrible engrenage qui mettrait péniblement à mort celui que les gueux appelaient "l'osterlichois."

Les premiers personnages importants du royaume apparurent au moment où le soleil commença à décliner. Ceux qui avaient pu lire les affiches placardées à la hâte savaient que l'arrivée du condamné était imminente. Les plus impatients entamaient un morceau de charcuterie pour passer le temps, d'autres buvaient joyeusement.

La petite clochette de l’attelage de la prison royale rétablit immédiatement le calme. Signe de mauvais présage, la cage hissée sur un chariot et son cheval noir n'étaient guère appréciés du peuple. La garde forma une ligne et força la foule à se diviser en deux parties, ménageant ainsi un passage pour le cocher. Ce qui n'empêcha pas les cris et les injures.

-Crapule !
-Chien d'Osterlich !
-Coupez-lui la bite !

Malgré les légumes pourris qui s'écrasaient sur les barreaux et les seins flasques des prostituées hors d'age qui s'agitaient dans la foule, Godefroi d'Osterlich restait digne. Il semblait être de ces hommes dont même les circonstances les plus terribles ne pouvaient le priver de ce port atelier, malgré les estafilades sur son visage, malgré sa bure grise de prisonnier, malgré ses épaules déformées par l'estrapade. Cet homme roux d'age mur, gardait ses yeux azuréens résolument fixés devant lui.

Le cocher s'arrêta face à l'estrade, le bourreau descendit et ouvrit la porte de la cage. Il agrippa sans ménagement les mains liées du condamné et le traina, lui arrachant quelques grimaces. Le Comte Bélial, Chancelier du Royaume, se leva ; il tenait dans sa main un rouleau de parchemin qu'il décacheta. Puis, toisant le Duc d'un œil mauvais, il le lui tendit.

-Ce sont vos aveux, dit sèchement Bélial. Lisez-les à voie haute, que tout le monde les entende.
Les mains du Duc se posèrent sur la feuille en tremblant, pas de peur, mais de douleur.
-Je n'y vois plus bien, Chancelier, se plaignit alors le Duc dans un okordien dénué de toute trace d'accent. J'ai pleuré pour le pardon de mes péchés. Pourriez-vous les lire à haute voix ?
-Pourquoi ? Intervint le bourreau. Vous vous souvenez sûrement de ce que vous avez avoué ?
-Légalement, sa requête est valide, murmura un jeune officier de la Chancellerie à l'oreille du Comte.
Bélial soupira, regardant tour à tour la foule et le condamné. Il s'empara finalement du parchemin.

-J'ai trahi le nom des dieux. Je suis malveillant, je suis un pécheur, condamné à passer l'éternité dans l'état d'ordure des abysses...
Le Chancelier s'arrêta immédiatement, reportant ses yeux sur le Duc, ils s'étaient réduits à deux fentes très minces. Godefroi d'Osterlich souriait de toutes ses dents, à dire vrai c'était même un beau sourire qui n'avait pas sa place en un tel lieu. Le sourire d'un enfant qui fait une farce délicieuse.
-Je voulais juste vous l'entendre dire, Chancelier.
Bélial l'agrippa par l'avant bras avec vigueur.
-Durant nos échanges vous m'avez demandé qui j'aimais, murmura-t-il à l'oreille du condamné, d'un ton acide. Les dieux, le pouvoir ou bien moi-même ? Comment d'après vous puis-je aimer Podeszwa, si toutefois il existe, alors qu'il vous a abandonné ?
-Et vous ? Vous abandonneriez le pouvoir ?

Le Comte Bélial recula, c'était lui qui souriait à présent. Il fit un petit geste de la main avant de se regagner sa place. Le bourreau se saisit du condamné et lui arracha sa bure. La nudité du Duc fut accueillie par de grands cris par la foule, qui nota là le signe du début des festivités.

Le Duc fut plaqué sur le chevalet, les bras levés au dessus de la tête. Ses poignets et ses chevilles furent entravés par les cordes. Le bourreau posa ses énormes mains sur le manche de la machine et procéda à une série de petits coup rapides qui tournèrent les roues du chevalet et resserrèrent leur mortelle étreinte sur Godefroi d'Osterlich. Le bourreau tourna alors sa tête capuchonné vers le Chancelier, celui-ci opina.

On effectua un grand mouvement avec le manche et de terribles hurlements s'élevèrent dans le ciel de la capitale.

Dernière modification par Bélial (2015-07-02 20:44:53)


Seigneur de Ténare ; Marquis de Falcastre
Maître du Palais ; Gardien du Trésor Royal
Chevalier au Léopard ; Chevalier de l'Ordre des Fondateurs royaux

Hors ligne

#2 2015-07-04 00:13:28

Ultan

Re : Exécution du Duc Godefroi d'Osterlich.

Ultan ne s'était point rendu à l'exécution... A ceux qui lui demandaient pourquoi, il répondit...

Je n'approuve point cette exécution cruelle et inutile...

Certes, les gens d'Osterlich sont nos ennemis, certes ils sont cruels.

Mais nous, sommes censés estre plus civilisés qu'eux, et avec cette exécution, nous montrons que nous sommes aussi barbares et sauvages qu'eux.

Les combattre certes, je le puis, quand à les exécuter comme des bestes, j'estime qu'Okord mérite mieux.

D'autant que cette exécution ne servira en rien la mise en place d'une paix future, bien au contraire.

Non décidément, à part pour tenter de faire oublier au Peuple et aux Seigneurs d'Okord, tous les manquements du traistre Zedicus, il n'y a rien qui justifie cette exécution.

Je prierai pour cet homme Godefroi, qui s'est battu pour une mauvaise cause, mais avec courage et dignité et qui est mort de mesme.

Dernière modification par Ultan (2015-07-04 00:15:34)

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