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Sévère était étourdi par ses pensées, regardant défiler les paysages qu’il avait déjà moultes fois contempler. Le cliquetis de la marche des hommes armées était hypnotisant…, presque apaisant.. Et la monotonie du voyage offrit l’occasion au nouveau Marquis de baisser sa garde quelques instants.
Son regard parcourut la chaîne de montagnes lui faisant face, par de là une grande plaine. Ce paysage.. “Tu es toujours aussi beau, même après tant d’années à te voir”, pensa t il.
Une douce mélancolie envahit Sévère, qui laissa alors ses pensées voguer au gré des souvenirs de sa jeunesse, qui lui semblait lointaine maintenant.
Au loin on pouvait distinguer le mont Hira, domaine de sa famille depuis moultes générations. Avec la capitale Cuxac, au pied de la montagne. En suivant le relief du regard, il devina Couzon-Lès-Monts : le quartier résidentiel qui surplombe la capitale, ou les riches marchands et notables avaient élus domicile.
Il n’appréciait pas particulièrement ce nid d’espion.
Il soupira un moment, puis son oeil monta un peu plus sur la montagne, suivant toujours les courbes du relief.
Avec la lueur du soleil levant, il pouvait distinguer le reflet du granit blanc de la cité. Sa cité. Son rêve.. son chef d'oeuvre .. Ensérune.
Saccagé, volé, pillé par le vil templier Hagen de Myzar.
A ces pensées, un rictus lui traversa le visage et une colère noire lui envahi un instant les tripes.
Il avait laissé les commandes à son second fils : Otto.
Le fils avait montré un sens inné pour la gestion, mais il était encore jeune, et immature. Peut être avait il fait une erreur en lui confiant la régence des lieux.
Un reniflement ostensible et un mouvement de main aérien chassa rapidement ses mauvaises pensées.
**Les hommes aux côtés du Marquis avait l’habitude de le voir gesticuler ainsi seul, perdu dans ses pensées. Aussi, personne ne prêta attention au seigneur lorsque celui ci chassa un moustique invisible devant son visage.
Tous avait le regard las, le pas lourd. Certes la paix avait été signé, mais les batailles furent sanglantes et les morts nombreux. La défaite .. cuisante. Tous pensaient anxieusement à leurs familles restées au pays, à leurs enfants où à leurs parents.
A la droite du marquis se tenait Raoul, le capitaine émérite de la garde personnel de l’ancien comté, devenu Maréchal de l’armée provincial à l’adoubement du comte en marquis.
La guerre ne semblait pas l’avoir attristé. Et la vision de la cité lui décocha un sourire; il se tourna vers son jeune lieutenant, Yvan. Il le héla, et lui tapa sur l’épaule
Alors Yvan ! Qu’est ce tu vas faire avec ton solde ? Le donner aux bonnes oeuvres du 11ème ?”, A ces mots le capitaine ne put retenir un rire franc, qui ne manqua pas de contaminer ses camarades proches; qui se mirent à s’esclaffer tous ensemble. Leurs faisant oublier quelques instants les affres de la guerre et la longue marche de retour.
Je me suis fait avoir ! Vous allez m’en parler longtemps ?!, s’insurgea le jeune homme.
Je vais en donner une partie à ma mère, et le reste je ne sais pas encore...
Allons, jeune ! On sait tous que tu as tes habitudes dans le 3ème. Tout le monde a entendu parler de ton histoire avec la vieille Regina ! Et on sais aussi qu’elle est pas gratuite !, les rires éclatèrent de plus belles, et le lieutenant s’empourpra
Son capitaine lui ébouriffa la tête joyeusement “on te charrie, jeune ! Profite tu as raison. Regarde le vieux Blythe : il a pas profité et maintenant c’est trop tard !”
Après un geste obscène au niveau de l’entre jambe pour mimer la situation du vieux Blythe, Raoul regarda un instant ses hommes. La blague s’étendait dans la colonne, et on pouvait entendre les rires s'étaler de plus en plus.
Mais le maréchal fut obligés de constater que tous était marqué par les combats.
Nombreux étaient ceux qui boitaient, grimaçaient à chacun de leurs pas... Ils avaient besoin de repos, de se détendre.**
La journée de marche se passa sans heurts, jusqu’en fin d’après-midi…
-Maitre, maitre !
Sévère sorti de sa torpeur et se tourna vers son écuyer, Qid, un homme, ou plutôt un nain, dont le corps d’enfant tranchait avec les marques qui couvraient son visage. Il pointait un doigt potelé en direction de l’ouest, vers le soleil couchant.
-Hmmm, que vois tu, Qid ?
-Un cavalier en approche de l’ouest. Seul et à vive allure ! Peut être est ce un espion des ces chiens de templiers ?, supputa le nain en montrant son poing fermé. On devrait l’écorché sans préavis !
Le marquis du plisser l'oeil afin de distinguer une silhouette, au loin, pas plus gros qu’une fourmi.
-Envoie un éclaireur à sa rencontre.
-Vous devriez en mandater deux, si le bougre se débat
-Je pensais plutôt à une rencontre formelle, Qid. Nous ne sommes plus en guerre, soupira le Marquis.
-Ah, oh.. le nain cacha à peine sa déception, se courba et recula d’un pas, comme vous le désirez maître.
Le nain hurla un ordre et un cavalier se détacha de la troupe, au galop, en direction de l’ouest.
Dernière modification par Carmas (2018-11-18 22:53:34)
**Bien des années plus tard, dans une petite ville du nord, la nuit tombait… **
Gaetan renifla bruyamment et cracha par terre.
" - Baaah ! Tu es dégueulasse ! On est à l’intérieur !
- Ho sa va hein ! C’est même pas chez nous, fait pas ta mijoré !
- Fait moins de bruit, idiot !"
Tilga ne masqua pas son dégoût et tourna la tête pour se remettre à l’ouvrage. La serrure était complexe et elle avait du mal à en venir à bout.
"Dépêche toi !, la pressa Gaëtan, "Le proprio’ va bientôt arriver..
Je sais je sais !", maugréa Tilga entre ses dents
*Bon sang, jura t elle intérieurement. Pourquoi ne s’ouvre t elle pas ?” A peine le temps de finir sa pensé, qu’un petit “clic” vient fendre de silence de la nuit.
Elle se tourna vers son comparse, un sourire satisfait sur le visage
"Facile.
C’est ça, ouai ! Allez dépêche toi prend le butin et on s’arrache."
Trop tard.
Un bruit de course se fit entendre dans l’escalier. Les deux se retournèrent d’un seul mouvement.
Claude surgit en haut de l’escalier. -On l'appelait ainsi, mais personne ne connaissait son vrai nom. En effet, il était muet et analphabète.-
" - Gmmhgnn, gnnnhhn !", essaya de dire le muet, ponctué de grand gestes.
Même inaudible, Claude n’avait pas besoin de mot pour leur faire comprendre le message.
Le propriétaire des lieux allait rentrer et il devait faire vite.
Tilga se tourna et chargea le butin dans sa besace : deux jolies bourses, une dague serti de joyaux, et quelques pierres précieuses.
Il y avait aussi un parchemin enroulé, assez volumineux. Tilga hésita un instant, mais comme il était dans ce coffre, ce papier devait avoir de la valeur, pensa t elle.
Elle l’enfoui rapidement dans sa veste et se redressa, prête à décamper.
Mais elle s'arrêta aussi vite qu’elle s’était levé…
Un hurlement se fit entendre.
Un petit homme grassouillet se tenait devant eux : le propriétaire !
Après un instant de flottement; le muet, prit de panique, émit un hurlement guttural et fonça sans sommations sur le pauvre homme.
Le choc fut si brutal que la victime fut projeté lourdement dans l’escalier.
Puis le dévala…
Le temps cessa de s'écrouler. Les secondes paraissent des heures.
Et c’est avec un bruit d’os cassé que le silence s’installa : signifiant la fin de la chute pour le malheureux.
Les trois voleurs se regardèrent… et le silence devint tout à coup oppressant.
"Partons !", souffla Gaëtan qui s'engouffrait déjà dans l’escalier.
Les deux ne se firent pas prier pour le suivre et tout trois dévalèrent les marches, sautant par dessus le corps du pauvre homme; dont les spasmes parcourait le corps, avant de s’enfuir dans la rue.
Tilga avait le souffle court en arrivant au bout de la rue. Elle et ses comparses ralentirent le pas en arrivant sur l’avenue principale de la petit ville de “La Paillousse”.
L’automne était déjà bien entamé, et les quelques arbres présent n’avait plus de feuille. Un vent cinglant rafraichissait grandement l'atmosphère. Et les pauvres habits de laines laissait le vent froid courir sur la peau de la voleuse.
Mais elle ne remarqua même pas. Trop occupé à regarder par dessus son épaule, en tentant vainement de garder une allure normale, de ne pas partir en courant.
*Il était mort*, pensa t elle...
Un hurlement de femme retentit derrière eux.
Elle jura pour elle même et accéléra le pas, gardant la tête basse.
Gaetan s’arrêta net. On entendait des bruit de course : une patrouille !
A peine le temps de penser qu’ils se jetaient déjà en avant, tournant dans la première ruelle sombre. Ils se blottirent dans un recoin sombre, et retinrent leurs respiration. Les quelques seconds leurs parurent à nouveau durée une éternité..
Un groupes de gardes passa en courant devant eux. Sans les voir. Tout trois ne purent s'empêcher de lâcher un “ouf” de soulagement.
Gaetan vérifia que les gardes étaient bien parti, et fit signe à ses amis de la suivre.
Ils durent se mettre à l’abri par deux fois encore avant de trouver l’entrée des égouts.
Un fois à l’intérieur, Tilga déposa sa besace et alluma une bougie.
Dans le silence, elle pouvait entendre les gardes qui couraient dans les rues et hurler des ordres. La panique s’installa : Un tel déploiement de force pour une simple meurtre ? Certes le crime était grave, mais presque quotidien dans cette ville pauvre. C’était la première fois qu’elle voyait autant de gardes déployés en même temps, et si rapidement..
Elle secoua la tête et repris ses esprits.
Elle regarda ses amis. Le muet s’était accroupi dans un coin et faisait des mouvement de balancier avec son corps.
Gaetan quant à lui s'était déjà charger de vider la besace.. Le butin était tout de même conséquent.
"Regardez ça, on est riche ! On va rester cacher ici jusqu'à demain et après on se barre dans le Sud !"
Pendant que Gaëtan comptait le butin, Tilga prit le parchemin. Elle n'avait jamais vu un tel papier, rien que ça devait couter deux ou trois larcins !
En regardant le sceau, elle reconnu celui de la maison des Septim. Elle hésita à le briser, puis se ravisa et rangea discrètement le précieux parchemin dans son pourpoint.
Les heures passèrent.. Puis la nuit..
Au petit jour, tout les trois entreprirent de quitter la ville, mais la garde était toujours sur le pied de guerre.
Il durent usé de tout leur ruse afin de partir hors des murs de la ville.
Sans chevaux, ils continuèrent à pied... Pendant plusieurs jours...
Fatigué et nerveux, le groupe arriva face à une bâtisse. Un brouhaha émanait de l’intérieur.
Tilga retient Gaëtan par la manche, alors que celui ci s’avançait vers l'établissement.
"Je le sens pas, ce coin. Il y a des Lions dorés à l'intérieur.." dit elle en indiquant les chevaux aux couleurs des Lions, attachés dehors.
"J'en est marre de dormir dehors !, asséna Gaëtan, ..et une bonne pinte de calvok nous fera du bien ! Pas vrai, Claude ?"
Le muet haussa les épaules. Tilga soupira et Gaëtan sourit.
"Tu vois il est d'accord ! Allez, entrons."
A peine eu t il fini ces mots, Gaëtan poussait déjà la porte de la Taverne des Bons Rieurs.
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