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Siège de l’Ordre des Gardiens du Sanctuaire
L’escalier qui menait à la salle des Gardiens était interminable. Il courait en spirale le long d'un des murs d’un grosse tour carrée en ne desservant aucun de ses étages. A croire que le comte de la Mortquitue voulait, par cet exercice, mettre à l’épreuve les membres de l’Ordre. Thorion, heureusement aidé par le plus costaud de ses serviteurs, arriva en haut de l'escalier devant la porte de la grande salle haletant et suant de tous les pores de sa peau. Il entra dans une pièce étrange. Elle était éclairée par une profusion de candélabres. Les murs étaient nus, le sol uniformément dallé de pierre noires et le plafond peint de motifs végétaux aux couleurs vives. Elle était meublée d’une grande table capable de recevoir au moins une douzaine d’invités, mais de seulement deux fauteuils. L’un d’eux était vide, mais on pouvait y lire, sur le haut du dossier, inscrit en lettres de bronze incrustées dans le bois, le nom de Sire Thorion. Assis dans l’autre se tenait Sire Charles de la Pétaudière.
Le serviteur referma la porte et laissa les deux Seigneurs en tête à tête.
« Cher Frère Charles, vous voulez me faire maigrir, vous ne vous y prendriez pas autrement. J'ai cru mourir. » La réflexion fit sourire le grand maître.
« Bonjour, frère Thorion, dit-il, un peu amusé. Je suis désolé de vous infliger pareille torture, mais je voulais que les réunions de l’Ordre se fassent dans le plus grand secret et j’ai horreur des cryptes. Cette pièce n’est accessible que par ce grand escalier et nous garantit la discrétion car nul ne peut entendre ce qui s’y dira. Mais dites-moi ce qui vous amène ?
- Mon frère, j'ai demandé une réunion de l'Ordre des Gardiens du Sanctuaire pour une unique raison : Restaurer l'ordre dans l'Empire. J'étais ces derniers jours en salle du trône, où j'ai assisté à une décadence sans nom. Et que dire de cette princesse Nesyan Valesni ! Une païenne, qui souhaite faire table rase de la monarchie actuelle. Régner sans s'occuper de ce que pense la noblesse. Hérésie ! J'ai appris en venant la disparition tragique du roi et l'arrivée de l'intendante Kalie En'té. Une païenne encore ... Que Podeszwa la foudroie ! Avec l'ancien roi, encore bon, un païen compréhensif, mais là, cher frère, nous ne savons pas où nous allons. La foi est clairement en danger, Nesyan Valesni la dépravée pourrait arriver au pouvoir. »
Le visage de Charles devint grave.
« La mort du roi annonce des temps troublés, c’est certain, mais la foi n’a pas grand-chose à craindre. Elle est si peu représentée que nul ne songe à s’en inquiéter. Auriez-vous des informations selon lesquelles, la princesse voudrait s’en prendre à nos églises ?"
Le baron, surpris par la question du grand maitre, chercha ses mots:
« S'en prendre à nos église ? Non elle n'oserait pas. Enfin pas directement. Mais sa conduite seule suffit à nuire à l'église, à Podeszwa. Par ses dépravations, par son acharnement à régner, elle met déjà en péril notre église, mon frère. Les incroyants sont nombreux, avec une telle reine jamais ils ne se convertiront."
Son visage accusa soudain la marque d’une grande tristesse.
« Je regarde autour de moi et je ne vois que vous mon frère, mon ami. Où sont les autres adeptes de Podeszwa ? Que fait l'église ? Ne devrait-elle pas avoir son mot à dire sur le futur suzerain. Ne devrait-elle pas s'assurer d'un minimum de clairvoyance ? De respect des traditions royale ? J'ai quitté un empire décadent pour me retrouver dans le même genre de trous puant ! Tudieu !»
Il Tape du poing sur la table. De grosse gouttes de sueur perlent sur son visage. Puis, se reprenant :
« Pardonnez-moi mon frère, je m'emporte. »
Charles restait calme. Les colères de frère Thorion étaient à son image : Excessive mais pas vraiment convaincantes.
« Vous n'avez pas à vous excusez, frère Thorion. Tout du moins pas à moi ! Podeszwa vous pardonne vos écarts de langage ! Cependant, je ne peux vous donner tort. Les membres de l'Eglise ne sont pas nombreux. Quant à l'ordre, voyez vous même cette salle vide ! »
Il fait un large geste du bras pour montrer le reste de la table.
« Il faut bien comprendre que notre religion vient d'Osterlich et qu'elle s'oppose aux anciens dieux qui sont les croyances les plus répandues sur ces terres. Imposer notre culte, ou ne serait-ce que demander à ce qu'il soit reconnu par la couronne, nous attireraient aussitôt les foudres de la majorité des seigneurs d'Okord.
Nous devons progresser, certes, mais nous ne pouvons le faire au grand jour et si cette furie de princesse s’empare du trône, nous devrons être encore plus discrets !
Charles trahit un certain scepticisme.
« Imposer notre culte, ou ne serait-ce que demander à ce qu'il soit reconnu par la couronne, nous attireraient aussitôt la vindicte de la majorité des seigneurs d'Okord. »
Le Baron, acquiesça, mais reprit l'air grave.
« Certes Frère Charles, imposer notre religion sur l'ensemble du royaume semble voué à l'échec. La décadence risque de perdurer.
Mais je refuse d'être soumis aux taxes d'une dépravée et de surcroit païenne. Nesyan Valesni a pris le contrôle illégitimement de la province de Westfalie où sont mes fiefs.
J'ai déjà convoqué mes bannerets, ils sont aussi outrés que moi.
Que me conseillez-vous cher frère ? »
Charles avança ses deux mains jointes devant lui, il réfléchit un instant, puis déclara.
« Je comprends votre refus de payer des taxes à une étrangère qui occupe vos terres en toute illégalité.
Mais cela sous-entend de prendre le contrôle de cette province. Cela veut dire attaquer la forteresse qui la commande. Hors, Nesyan Valesni est princesse.
Ses fiefs sont proches de cette forteresse et elle peut y amener rapidement des renforts. Certes, sa chaîne vassalique est faible et les raisons de s'en prendre à elle ne manquent pas, mais il s'agit quand même d'une aventure. »
Bien sûr, mon fief de Vertile est idéalement placé pour lancer une attaque, cependant, il serait sage d'évaluer les forces en présence. Notamment les fortifications de la forteresse et sa garnison.
De combien de troupes disposez-vous, Baron ?
Après plusieurs minutes de réflexions, Thorion répond enfin.
"Le gros de mes troupes est composé de guerriers Do'anraviirs, plusieurs milliers. Je peux aussi compter sur la compagnie de Mercenaires de Sire Dautal, mais ils sont un poil incontrôlable une fois lancé dans une bataille. Bien sûr, mes bannerets possèdent leurs propres hommes d'armes également. Je peux facilement lever 5 000 lances et une centaine de cavaliers mon frère.
Mes espions m'ont rapporté que les murs étaient fort épais messire. Il nous faudra moult engins de siège. Heureusement, j'en possède quelques-uns."
Sire Thorion regarde son compagnon, l'air un peu hésitant tout de même.
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