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#1 2019-07-19 19:45:24

Charles de La Pétaudière

Attaque de Luskan

Après un voyage finalement assez bref, Le vicomte Charles de la Pétaudière, descendit de cheval. Sitôt à terre, Il massa ses reins douloureux. Le Vicomte n'était pas bon cavalier et rechignait à cet exercice, c'est la raison pour laquelle, il fatiguait vite, mais il tenait à accompagner son armée en opération. Sa complexion fragile et sa petite taille ne faisaient pas de lui un guerrier redoutable, mais il était l'élu. Podeszwa le protégeait. Il en était persuadé. Sa victoire contre l'ost de Lukwu l'avait confirmé dans cette idée. Son armée aussi croyait à cette divine protection, c'est pourquoi il se devait d'être là. Sa seule présence donnait à ses hommes un sentiment d’invulnérabilité qui leur permettait d'affronter tous les dangers. Et même s'ils se faisaient tuer, leur assurance d'aller directement au paradis de Podeszwa leur ôtait toute appréhension.
Le gros de l'armée l'avait devancé et les tentes étaient déjà montées quand il se présenta avec son escorte. Il avait pris soin de se faire accompagner par soixante de ses meilleurs chevaliers pour rejoindre le lieu de la future bataille. On n'est jamais trop prudent; les routes d'Okord ne sont pas sûres.
Satisfait des préparatifs, Charles s'arrêta à la contemplation de la forteresse qui étalait ses murs crénelés à un quart de lieue de là. Elle était très impressionnante; bien plus haute et fortifiée qu'aucun de ses fiefs. Même Nidaigle ressemblait à un pigeonnier en comparaison de cette construction. Charles se rassura en voyant les rangées de trébuchets qui parsemaient la plaine. Il se dirigea vers la plus grande des tentes, qu'on avait dressée à son intention et où ses capitaines l'attendaient.

Voilà une belle journée qui s'annonce, dit-il à ses capitaines en entrant. Avez-vous pris langue avec les défenseurs?

- Que nenni, monseigneur, lui répond Bertrand d'Aguilar. Nous l'avons tenté, mais la forteresse est vide. Nous ne contrôlons pas toutes les routes, et il se pourrait que des renforts l'investissent pendant la nuit, mais pour le moment, il n'y a pas la moindre trace d'une garnison.

- C'est ce que nous avait dit notre espion. Autrement dit, rien n'a bougé! Cela ne m'étonne qu'à moitié! Le baron n'a pas daigné répondre à ma missive. Elle était pourtant claire! Je suppose qu'il n'a pas pris mes menaces au sérieux, où bien son ost est occupé ailleurs. Nous allons donc raser cette monstruosité qui nuit à l'harmonie du paysage. Les paysans du coin auront assez de pierre pour bâtir des villages en dur. Vous pouvez commencer à leur envoyer nos salutations, Messire Bertrand.

- Il est tard, Monseigneur, et les hommes sont fatigués d'avoir poussé nos machines jusqu'ici. Je n'ai pas donné l'ordre de les disposer à portée de tir puisque la nuit nous empêcherait de constater les dégâts. Avec votre permission nous commencerons à les mettre en batterie demain dès l'aube. Le Donjon est un peu plus haut que ce que nous avait indiqué notre espion, mais nous avons compté large. Ce ne sont pas ces quelques pierres supplémentaires qui nous mettront en échec.

Charles eut une moue de déception. Il aurait aimé voir partir les premiers boulets en direction des murs ennemis. Mais il se rangea à la raison de son capitaine. S'il était l'élu, il ne contestait pas les avis de ceux qu'il estimait plus compétent que lui en matière de destruction de murs.

- Soit! La plaine est à nous nous allons diner en toute tranquillité sur les terres du baron Errthu puisqu'il nous y invite si complaisamment. Buvons à notre succès futur. Cette campagne sera courte.

#2 2019-07-20 11:40:55

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

Le lendemain matin, Charles se leva de bonne humeur. La nuit avait été calme et c'est le chant des oiseaux qui l'avait réveillé.
Quand il sortit de sa tente, il s'aperçut qu'en fait de chant des oiseaux,  l'environnement sonore étaient envahi par le grincement fluté des roues des engins de siège. Il avait du pleuvoir pendant la nuit et les hommes peinaient à les faire avancer.
Légèrement contrarié, il fit mander le sire d'Aguilar.

Alors? pas encore prêt?

Hélas Monseigneur, ces engins sont lourds. Mais je vous promets le feu d'artifice pour demain au plus tard.

Et sinon, qu'y a-t-il de nouveau? Une armée ennemie serait-elle venu dans la nuit occuper ce tas de pierres.

Non, Monseigneur. Nous avons dépêché des espions dans tous les domaines du baron. Il n'y a que des murs vides. Pas la moindre trace de soldat d'ici jusqu'aux confins de l'Osterord. Par contre nous avons débusqué le Baron Errthu.

Aaaah! Parfait! Où est-il?

A Kelvins'Cain, Monseigneur. C'est une forteresse plantée sur un îlot rocheux, non loin de Terreneuve. Il y est seul, sans aucun soldat pour le protéger.

Très bien! Dès que nous en aurons fini ici, nous partirons à Terreneuve et irons trouver ce rat dans sa cachette.

Le capitaine tousse légèrement pour s'éclaircir la gorge.

C'est qu'il y a un problème, Monseigneur. Notre espion nous a rapporté des informations assez précises sur cette forteresse. Non seulement elle est bâtie sur une montagne, mais on y compte pas moins de 8000 donjons, plus de deux fois autant de tours et je ne vous parle pas des murs. Ils dépasseraient les nuages.

Ah!..... C'est fâcheux. Combien faudrait-il de trébuchets pour venir à bout de cette forteresse?

Eh bien avec notre arsenal actuel, on ne ferait qu'égratigner les murs. Il nous en faudrait cinq fois plus au minimum. En fait nous n'aurions pas assez de place sur tous vos fiefs pour stocker le matériel nécessaire à une telle expédition.

Charles se renfrogna. D'un geste de la main, il congédia son capitaine pour ruminer seul sa déception.

#3 2019-07-21 19:26:40

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

Le lendemain, il fût réveillé par le fracas des boulets s'écrasant sur les murs.  Les soldats en charge des trébuchets avaient prévu une dizaine de projectiles par engin, mais il s'avéra bien vite que cela ne suffisait pas. Au bout d'une heure de pilonnage, il fallut s'arrêter faute de munition. Comme il n'y avait personne pour défendre la forteresse, les hommes allèrent chercher ceux qu'ils avaient envoyés et qui n'étaient pas trop abimés. Une fois les chariots de retour, les tirs recommencèrent. Mais l'usage intensif qu'ils faisaient de leur engin fatiguait les axes, les poulies, et les cordages. Les flèches elles-mêmes, qui ployaient à chaque tir, étaient soumises à de fortes pressions. Uns à uns, les trébuchets cassèrent. Les balistes n'étaient pas en meilleure forme et nombre d'entre-elles ne furent rapidement plus capables d'envoyer le moindre projectile.
Cependant la pluie de boulets faisait son office. Au début, on ne voyait pas grand chose et l'attaque semblait n'avoir aucun effet, mais les murs, les tours et le donjon commencèrent à s'effondrer par pans entiers. Ce qui semblait intact l'instant d'avant s’effondrait brutalement sous l'impact du boulet de trop.
A la nuit tombée il ne restait plus pierre sur pierre des murs et des tours. Seul un moignon de donjon continuait à narguer les attaquants. Ils décidèrent le lâcher l'affaire pour aller se coucher non sans avoir fait une fois de plus, le plein de munitions, en les récupérant sur les tas de gravats.
Tous les béliers étaient détruits, ensevelis sous les décombres des murs qu'ils avaient fait s’effondrer, la moitié des balistes étaient hors d'usage et il ne restait que 820 trébuchets sur les 8235 engagés.

C'en sera finit demain? S'inquiéta Charles auprès de son Capitaine.

- En principe oui! Les derniers pans du donjons seront à terre et nos cavaliers investiront ce champ de ruine pour marquer notre victoire.

- Et s'il reste encore quelques pierres debout?

- La prudence nous commande de continuer à bombarder jusqu'à destruction totale avant d'y envoyer nos hommes. Nous risquerions des pertes stupides à ne pas le faire.

- Soit, faisons cela, après tout nous ne sommes pas pris par le temps. J'ai envoyé une missive à nos fiefs pour qu'ils se mettent à reconstruire des engins. Après tout, ces pertes étaient prévisibles, n'est-ce pas d'Aguilar?

- Oui, Monseigneur, quoique je n'avais pas prévu une telle usure du matériel. Mais je pense que nous n'aurons pas besoin d'engins supplémentaires, ce qui nous reste est amplement suffisant.

- Ce n'est pas pour finir le travail ici, que j'ai donné cet ordre, mais pour le poursuivre ailleurs. Si ce baron laisse ses fiefs sans protection eh bien nous les raserons les uns après les autres, à moins qu'il ne demande merci et qu'il cesse sa stupide rébellion contre le trône.

#4 2019-07-23 19:32:39

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

-Comment ça prisonnier?

- Oui, Monseigneur vous êtes notre prisonnier. Vos trébuchets sont tous démolis et notre donjon est encore débout. Comme vous les accompagniez, vous êtes notre prisonnier.

- Mais qui êtes-vous?

- Nous sommes les âmes des fortifications. C'est nous qui sabotons vos machines de guerre. Et bien que vous soyez très éloignés de nos murs, bien plus que votre cavalerie qui attend sagement, parce que vous étiez juché sur vos engins pour les rendre plus efficaces, nous vous avons happé et transporté ici-même dans ce cachot, heureusement à l'abri des pierres que vous n'allez pas tarder à nous envoyer.

- Prisonnier d'âmes errantes! On aura tout vu! Que Podeszwa me foudroie si je comprends un traitre mot de cette histoire.

- Non pas errantes, puisque nous sommes attachées à ces pierres que vous détruisez consciencieusement. Et à notre suzerain le marquis Errthu. Il vous suffit de payer rançon pour qu'on vous libère.

- Payer rançon alors que mes trébuchets vont finir le travail sous peu et que mes preux chevaliers me délivreront? Vous rêvez! Soit, puisque me voilà prisonnier, j'attendrai. Mais ce crétin d'Aguilar va m'entendre. Je n'ai pas besoin d'armes supplémentaires qu'il disait! ce qui nous reste est suffisant, qu'il disait! Comme suffisant on ne fait pas mieux que ce capitaine rempli de lui-même comme une baudruche est remplie d'air. Faites-moi penser de le dégrader et de l'envoyer en première ligne avec la piétaille à la prochaine bataille.

Puis, constatant qu'il était seul et parlait à des murs, Charles arrêta de tourner comme un lion en cage et s’assit dans la paille, qui, bon point pour les âmes du château, n'était pas humide. Il finit par s'allonger et puisqu'il n'y avait rien à faire d'autre, il remit son âme entre les mains de Podeszwa et s'endormit.

#5 2019-07-24 22:12:36

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

Quand la dernière pierre de le forteresse de Luskan tomba, les chevaliers envahirent les décombres à la recherche de leur suzerain, le comte de la Mortquitue. Malheureusement, il ne virent rien qui ressemblât à un cachot ou à l'entrée d"un souterrain.
En désespoir de cause, ils décidèrent de s'en retourner.
Ils entassèrent le produit de leur pillage sur les chariots et prirent la route de Valfleuri.
Le chevalier d'Aguilar, en l'absence de son chef, ne savait pas trop quoi faire. Il décida de disperser les troupes pour éviter une famine et envoya les trébuchets à Vertile. Il envoya aussi des émissaires dans tous les fiefs, au cas où le comte Charles se serait réincarné loin du champ de bataille.
Il faut dire qu'il s'était évanoui dans la nature de la plus curieuse des manières. Alors qu'il exhortait ses trébuchets, passant de l'un à l'autre et aidant même à placer les boulets dans la ganse de cuir, il s'évapora subitement. Cela correspondait à la destruction du dernier élément du groupe de trébuchets qu'il avait rejoint pour en améliorer l'efficacité. Une telle disparition ne pouvait être que le fait d'un sort magique provenant du donjon de Luskan, et, partant de là, il n'était pas impensable d'imaginer qu'un sort de même nature l'avait projeté bien plus loin, quand le dernier moellon de la maudite construction avait été mis à bas.

A deux cents lieues de là, Charles de la Pétaudière s'éveilla. Il était couché dans un lit confortable, installé au milieu d'une pièce ronde, éclairée par deux fenestrons et décoré de tentures représentant des scènes de chasse. Un bon feu crépitait dans la grande cheminée et diffusait une douce chaleur. Il se leva, intrigué, et alla ouvrir le battant tendu de vélin huilé qui fermait la fenêtre de droite pour contempler le paysage.
De l'eau! Voilà ce qu'il vit. De l'eau partout. Il était sur une île.
Il s'approcha de la seule porte de la pièce. Elle n'était pas verrouillée. Il l'ouvrit et, avisant un garde qui portait la tunique blanche décorée du P rouge des gardiens du sanctuaire, il lui demanda ou il se trouvait.
L'homme rectifia sa position et répondit sur un ton très militaire:
Vous êtes dans le Château de Vertile, Monseigneur!

#6 2019-07-25 10:03:48

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

Décidément, les voies de Podeszwa sont impénétrables, se dit le comte. Il fit mander le commandeur de la place de Vertile pour s'informer des derniers évènements.

- Vos armes ont triomphé à Luskan, Monseigneur. Un messager envoyé par le chevalier d'Aguilar m'en a averti. Il vous a perdu et vous cherche un peu partout. Je lui ai fait part de votre présence ici. D'autre part un fort contingent de trébuchet fait route vers nous, mais je n'ai aucune nouvelle du reste de l'armée....
Et puis j'ai reçu d'autres missives provenant de différents seigneurs et du roi en personne, qui vous sont destinées

Tout en décachetant les courriers, Charles se confia à son commandeur.

- Le chevalier d'Aguilar est un crétin. Il n'est pas foutu de compter, je l'ai démis de ses fonctions de capitaine de mes armées. 

- Ah! Je n'en ai rien su! Sinon, vous pensez bien que...

-C'est très récent! En fait je viens de le décider! C'est vous Gontrand, qui le remplacerez.

- Moi, Monseigneur? C'est me faire beaucoup d'honneur! Je ne sais si j'en suis digne!

- Vous l'êtes puisque, j'en ai décidé ainsi!

- Dans ce cas, je m'incline et vous remercie de cette promotion! Quels sont vos ordres?

Charles de la Pétaudière ne répondit pas tout de suite. Il semblait absorbé par la lecture de la missive royale, mais n'avait pas perdu le fil de ses idées pour autant.

- Tout d'abord, vous ferez venir l'ost céans. On nous envoie des réserves pour tenir un siège.

- Nous sommes attaqués?

- Non! C'est nous qui attaquons; les forteresses de Mael Morgan. Faites venir tous les engins de siège, la piétaille et quelques cavaliers. D'après les rapports que m'envoie le roi, ces places sont mal défendues. Nous les prendront facilement.

- Mais, Monseigneur, nous n'avons pas légitimité à prendre de nouvelles provinces.

- La légitimité, Gontrand, c'est Podeszwa qui la donne. D'ailleurs Morgan n'est pas plus légitime que nous.

- Bien, Monseigneur, il sera fait selon vos ordres.

Alors qu'il allait se retirer, Charles ajouta.

- Quand Aguilar sera là, vous lui expliquerez la situation. Il vous remettra ses insignes de commandement. Inutile que je le vois!.... Ah, et vous l'incorporerez dans un bataillon de lanciers. Je l'aurais bien mis à la tête de fantassins, mais nous n'en avons pas. Des lanciers donc.... Un petit bataillon qui fera office d'appât pour les archers d'en face et que vous enverrez en première ligne. Je veux qu'il redore son blason par une mort glorieuse! Vous m'avez compris?

- Parfaitement, Monseigneur!

- C'est bien! Je compte sur vous Gontrand, ne me décevez pas!

Le commandeur déglutit.

- Je m'y emploierai de mon mieux, Monseigneur!

Et il sortit précipitamment, comme s'il était poursuivi par une meute de loups.

#7 2019-07-26 23:22:33

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

L’armée arriva à Vertile.  Enfin des bribes d’armée. Essentiellement les engins de siège. La piétaille avait reçu des ordres contradictoires émanant de deux chefs si bien que les hommes ne savaient plus vraiment où aller. Quant à la cavalerie elle restait cantonnée dans les anciennes provinces d’Helgor et de Quintras.
Mais les vivres étaient arrivées et Charles décida qu’il était temps de passer à l’offensive. Il prit une partie des troupes qui étaient arrivées et marcha en direction de Fort-Blanc. L’autre contingent devait, lui, attaquer Fort-pélican, avec à sa tête le nouveau capitaine en chef, Gontrand de Vertile.
Faire traverser le grand canal aux engins de siège ne fût pas une mince affaire. Il fallut les embarquer sur des chalands et attendre que le vent soit favorable. On pouvait d’ailleurs se demander comment une horde de cavaliers des steppes pouvait traverser ce bras de mer, tant la logistique maritime posait problème.
Arrivé de l’autre côté le comte s’attendait à voir les tours de Fort-Blanc, mais il ne vit rien. On lui assura que le fort n’était pas visible de la cote mais qu’il serait en vue avant la nuit.
Le soir venu, le fort n’était toujours pas là.

-Alors ? Où est-il ce fort ? » S’énerva le comte.  « On me dit qu’il y a un fort ici et je ne vois rien !
- Je vous assure monseigneur qu’il y a un fort ici. Il est référencé sur la carte !
- Quelle carte ? Vous avez cette carte ? Je veux la voir !

Le capitaine en charge des engins de siège, en remplacement du chevalier d’Aguilar, hurla.

- Qu’on apporte la carte ! Monseigneur de la  Mortquitue veut la consulter.

On déplia le parchemin sur le plat d’un trébuchet et le comte, son capitaine et ses lieutenants, se penchèrent dessus.

- Voyez, Monseigneur ! Il est ici en 212x63. Sans doute possible c’est Fort Blanc.
- Et où sommes-nous actuellement ? Demanda Charles.
- Ici, Monseigneur! En 212x63 !
- Nous sommes donc à l’endroit où devrait s’élever un fort gouvernant une province ! Vous le voyez ce fort ? Regardez sous vos pieds des fois que vous marcheriez dessus !

Le capitaine et les lieutenants se regardèrent. Ce n’était pas le moment de faire un bon mot.  A la couleur qu’avait pris le visage de Charles de la Pétaudière, on sentait bien qu’il n’était pas content. Le commandant des arbalétrier avança une hypothèse.

- La carte est peut-être fausse.
- Ou alors c’est notre position qui n’est pas la bonne. » Imagina un autre lieutenant 
- J’ai une autre théorie ! » Dit Charles. «  Peut-être suis-je entouré d’incompétents qui ne savent pas où ils vont. Bien ! Nous sommes venus attaquer un fort, et il n’y a pas de fort ! Une suggestion ?
- Si on demandait aux villageois que nous pourrions rencontrer en continuant droit devant.
- Et vous leur demanderiez quoi ? Messire de Pissefontaine.
- Eh bien s’ils savent où se trouve ce fameux Fort-Blanc que nous devons attaquer. En admettant qu’il ne soit pas là où nous pensons qu’il est, ou bien si nous ne sommes pas nous-mêmes là où nous pensons être, peut-être peuvent-ils nous indiquer où nous sommes et la direction à prendre pour l’atteindre.
- Vous voulez que je m’abaisse à demander mon chemin à un gardien de chèvres.
- ça s’est déjà vu, Monseigneur !
- Peut-être pourrions-nous retourner à Vertile et s’enquérir d’une carte plus exacte ? » Se hasarda un troisième.
- Je pense que c’est ce que nous avons de mieux à faire!  Je ne vais pas perdre de temps à rechercher un fort fantôme qui n’est pas là où il doit être. C’est un coup à perdre tout notre ravitaillement, sans parler des barges qui ne nous attendrons pas éternellement !
Demi-tour ! Et trouvez-moi des explications convaincantes pour vos hommes ! Il s'agit d'un repli stratégique! Le premier qui se marre en passant devant moi, sera pendu et son chef de corps avec lui !

#8 2019-08-01 15:33:43

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

- Etes-vous sûr de vos cartes, Messire d'Aguilar?

- Absolument certain, Monseigneur! Cette fois-ci le doute n'est plus permis. La carte précédente avait été établie sur des indications datant de l'invasion de l'Osterord, en utilisant des cartes Osterlichoises, raison pour laquelle les positions étaient fausses, mais celle-ci est à jour. D'ailleurs elle a couté une petite fortune.

- Dans ce cas, nous repartons! Je ne vais pas me laisser aller au premier échec. Le roi me regarde, il n'est plus temps de le décevoir.

La carte était exact et l'armée commandée par Charles de la Pétaudière arriva enfin à Port Blanc.

- Alors? Qu'y a-t-il devant nous?

- Des murs, Monseigneur, et une poignée d'archer.

- Des murs! Des murs! Fichtre, je vais me reconvertir en carrier! Et une poignée d'archers dites-vous.

- 35 pour être exact, et 5 chars.

- Ah cà! On se moque de moi! Je viens pour me battre, moi, pas pour casser des pierres. Enfin! Tuez-moi ces archers et détruisez-moi ces murs.

- Pour les archers, ça ne sera pas possible, Monseigneur! Voyez! Ils sont là-bas en train de fuir avec les chars. On nous laisse la place vide encore une fois.

- Et dire qu'il va falloir quand même casser! C'est énervant. Il suffirait d'une échelle et on finirait bien par trouver un double des clés à l'intérieur.

- Souvenez-vous des âmes des pierres, Monseigneur! Il est plus prudent de casser!

Ce qui fut dit fut fait. Quand le soleil se leva en ce Dorma, 29ème jour de l'hiver, il ne restait rien des fortifications.

- Nous pouvons repartir, Messire d'Aguilar. Rassemblez les hommes.

- Nous ne prenons pas possession de la citadelle, enfin de ce qu'il en reste? Après tout la province est nôtre. Il serait plus sage de commencer à relever les murs de ce Fort et de s'installer pour attendre une possible contre-attaque!

- Nous allons prendre posséssion du fort, Messire, mais rien ne presse! Avant toute chose, il nous faut retourner à Vertile.

- Mais puisque nous y sommes, autant le faire tout de suite! Pourquoi repartir?

- Parce que c'est comme ça voilà tout! - s'énerva Charles - Et arrêtez de discuter mes ordres, c'est énervant à la fin!

De retour à Vertile, quand Charles apprit que Fort-Blanc avait été reconquis par une groupe de cavaliers de Maël Morgan, il entra dans une rage folle. Il se mit a trépigner puis se roula par terre et hurlant. Ses capitaines, inquiets se demandaient s'il ne faisait pas une crise d'épilepsie.
La crise se tarit aussi vite qu'elle était survenue. Reprenant ses esprits, Charles se releva, s'épousseta et ordonna: " Nous repartons à Fort-Blanc! Il ne sera pas dit que je suis incapable de prendre cette forteresse! C'est une question d'honneur. Ou en est-on à Fort Pélican?

- Le Chevalier de Vertile a pris la forteresse, Monseigneur

- Ah Bien! Nous avons donc une nouvelle province!

- C'est à dire que.... Messire de Vertile est rentré lui aussi, ne laissant aucune garnison sur place. Du coup, un groupe de cavaliers de Maël Morgan a repris le forteresse. La province est toujours sienne.

- Quel crétin ce Vertile! Je ne suis entouré que d'incapables!  Qu'il reparte aussitôt! Et qu'il se fasse tuer si possible! Bon, alors, elle est prête à marcher cette armée?

- Monseigneur, à la vue des défenses, je suggère que nous n'emportions pas tous nos engins ni tous nos hommes.

- Vous avez raison d'Aguilar! Voyageons léger. Maël me fait l'affront de refuser le combat, je vais l'attaquer avec un quarteron de soldats munis de lance-pierre! ça lui fera les pieds! Le reste de l'armée reste ici. Si les hommes s'ennuient envoyez-les piller aux alentours. Mais on en touche pas aux églises de Podeszwa, est-ce clair.

- Très clair, Monseigneur!

- Alors en route!

#9 2019-08-03 17:06:37

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

La seconde campagne fût aussi brillante que la première. Les murs étaient moins hauts, mais il n'y avait toujours aucun défenseur. Pendant que les préposés au trébuchets s'activaient, les soldats sensés les protéger tapaient le carton  ou jouaient aux osselets.
Une fois la forteresse à terre, Charles voulût rester, mais c'est son armé qui ne le voulait plus. Il n'y avait rien à piller et les soldats commençaient à se plaindre. Il n'est jamais bon de se mettre son armée à dos. Charles opta prudemment pour le retour.
Comme la dernière fois, sitôt de retour à Vertile il apprenait que les cavaliers de Morgan avaient encore repris la forteresse.
Il resta zen, cependant.
C'est alors qu'il reçut un émissaire du roi. Ce dernier avait été informé de l'infortune du comte et lui suggérait une parade à la fourberie de Maël Morgan. Il suffisait de céder sa province pour se retrouver légitime à en capturer une autre.
Fort de ce nouvel espoir, il partit haranguer son armée. par précaution il choisit un escadron de bleusaille qui n'avaient jamais vu le feu. Ces jeunes recrues ne sachant pas ce qui les attendait seraient plus enthousiastes que les vétérans.

- Soldats! Cria-t-il. Podeszwa nous contemple, du haut de ces tours qui pourraient bien avoir 40 siècles. Marchons et qu'un sang impur rougisse le grand canal. De plus j'offre double solde pour la durée de la campagne!

La harangue avait porté, les soldats, pris d'une frénésie, se mirent à pousser les engins de siège.  Comme le Chevalier d'Aguilar s'était montré en dessous de tout, Charles l'avait congédié. Il avisa un des soldats et lui demanda.

- Qui est-tu?

- Mon nom est Gilles Demetz, Monseigneur, Je suis artilleur!

- Fort bien artilleur Demetz, te voilà Chef! C'est toi qui mènera l'assaut sur Fort Blanc!

- ben...C'est à dire que...

- Tu auras quadruple solde pour cela!

- Je suis votre homme Monseigneur!

Et s'adressant aux autres.

- Poussez, bandes de larves! Je vais vous apprendre comment j'm'appelle!

Comme les troufions étaient au courant des exploits de l'artilleur Demetz, ils s'activèrent tout en surveillant leurs arrières.

Pour la troisième fois, les murs de Fort-Blanc tombèrent.  Il n'y avait ni cadavre à détrousser, ni nourriture, ni or, bien évidemment. les soldats étaient déçus. Mais Charles leur tint ce discours.

- Braves soldats, cette riche province est à nous. Je ne suis pas un ingrat et je sais que je vous la doit! En conséquence un dixième des revenus de cette provinces vous échoira, j'en fais serment!

La nouvelle fût accueillie par des vivats et des hourras. Les hommes, gonflés à bloc, repartirent confiants vers Vertile.

C'est pendant le retour que la nouvelle de la prise de Fort-pélican leur parvint.  Le Chevalier de Vertile était reparti, lui aussi avec de quoi faire tomber les quelques murs qui avaient été érigés en vitesse par les défenseurs araldiens.
Or, par une de ces ironies du sort, il advint que l'immunité tomba sur la province de Baie du Pélican. Quand les cavaliers de Maël Morgan se présentèrent devant Fort Blanc, ils le capturèrent et la province par la même occasion.

Arrivé à Vertile, Charles s'empressa de se cacher dans ses appartements privés, pour échapper à la vindicte de ses troupes excédées. Il attendit là le retour du seigneur de Vertile qui, lui, fût accueilli en héros.

Mortifié par ce coup du sort qui le rabaissait, Charles décida de se rattraper en choisissant une cible plus facile. Il jeta son dévolu sur un fief de Victor situé non loin de Vertile et s'empressa de réunir les armées, qu'il avait sur place, pour aller, en personne, se couvrir de gloire.
c'est ainsi que débuta le siège de Village Victor 13 Est.  Nommé ainsi parce que ce n'était pas grand, que ça appartenait au Vicomte Victor 91000ème du nom (Grande famille), que c'était son treizième fief, et qu'enfin, il était situé à l'Est, ce qui dénotait l'esprit pratique de son propriétaire.

#10 2019-08-04 15:57:46

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

Charles avait entendu parler de ce Victor 91000ème du nom, mais n’avait jamais eu de relation épistolaire avec lui. C’était un adepte des anciens dieux, autrement dit un apostat, un icônophile prêt à se prosterner devant n’importe quelle statuette en bois en psalmodiant des incantations ineptes du genre à faire tomber la pluie. Ce seul indice suffisait à le rendre odieux aux yeux du comte et propre à recevoir sa visite musclée. D’autre part, le fief n’avait pas l’air très défendu, ce qui était un bon point supplémentaire.
Il partit donc la fleur au fourreau, sûr de son fait et avec le sentiment d’écrire une page d’histoire.
Au début le siège se passa bien.  Mais le Vicomte Victor tenait à son fief et il y dépêcha des renforts en tel nombre que la petite armée du comte se trouva bientôt surclassée.
Qu’à cela ne tienne, Charles possédait des réserves. Il battit le rappel de quelques légions qui trainaient dans le coin et commença à déployer son armée en face de l’ennemi. Or tandis qu’il assiégeait, une missive du roi lui parvint. Elle détaillait par le menu les préparatifs belliqueux du sieur Bürlocks deuxième du nom, qui rassemblait force trébuchets dans son fief de Königsbourg.

Un comte de sa force ! Un adversaire à sa taille et qui plus est, disciple d’Yggnir. Le mal incarné en quelque sorte. L’effronté allait même jusqu’à se mêler à ses troupes. Charles ne fit ni une ni deux. Il ordonna à sa cavalerie de foncer à bride abattue vers ce repaire de démons.
Comme la cavalerie était composée d’éléments plus ou moins lourds, et qu’elle était éparpillée un peu partout entre les différentes commanderies, elle arriva par groupes sur les lieux de la bataille. Les premiers arrivés, une troupe de 700 Strolatzs se déploya dans la plaine.
Un émissaire de Bürlocks le second, leur fit parvenir le message suivant :

Au chevalier commandant la troupe qui ose camper devant nos murs : Vous avez vraiment choisi le mauvais moment pour mesurer votre dose d’inconscience ! Nous préparons un ost et avons d’autres chats à fouetter que de raccompagner une poignée de huskarl par la peau des fesses !  À plus tard peut être ?

Ce à quoi les Strolatz, qui ne maitrisait pas les subtilités de la langue Okordienne répondit :

Au seigneur commandant cette bande d’impies : Tous d'abord nous sommes des Strolatz, et deuxièmement nous ne sommes que l'avant-garde d’une puissante armée qui va vous botter le cul.

Or le Brave mercenaire Osterlichois avait mal compris les règles d’engagement en cours dans le royaume d’Okord. Alors qu’ils se croyaient hors d’atteinte des piétons d’en face, les strolatz furent exterminés par la règle du surnombre. En d’autres termes, voyant l’énormité de l’armée adverse, ils se suicidèrent en groupe pour ne pas tomber entre des mains de mécréants.
Or le reste de la cavalerie était arrivée et s’était confortablement installée dans les tentes ignorante du drame qui se jouait à quelques centaines de toises de là. Quand la bataille fût close, n’ayant pas vu l’ennemi, mais sachant l’affaire perdue, elle se démobilisa de son propre chef et s’égailla dans la nature.

#11 2019-08-06 17:35:49

Charles de La Pétaudière

Re : Attaque de Luskan

On la rechercha en vain. Elle avait bel et bien disparue !  Comment peut-on perdre quinze mille hommes ? C’est une question qu’il faudrait poser au prince de Soubise. Les mauvaises langues prétendent que le seigneur Bürlocks « le second » les aurait soudoyés pour qu’ils repartent chez eux. Toujours est-il que faute d’attaquant, il n’y avait plus d’attaque sur Königsbourg.

Quand Charles apprit la nouvelle, il fit une terrible crise, puis sombra dans une sorte de mélancolie maladive. Son dieu l’avait abandonné. Il n’y avait pas d’autre explication possible. Il s’abîma alors en prière dans la petite chapelle improvisée qu’il avait fait monter dans sa tente, jeûnant, se mortifiant et se fouettant à longueur de journées. Les résistances de Maël Morgan l’avaient agacé, celle de ce Victor le faisait douter du bienfondé de sa quête mais la perte de la totalité de sa cavalerie le plongeait dans des tourments sans fin, au point d’en perdre le dormir et le manger. Il ne voulait voir personne, mais rester en tête-à-tête avec Podeszwa.  Plus il restait seul et plus il se noyait dans des questions sans réponses. Comment se faisait-il que le Dieu créateur de toute chose punisse celui qu’il avait choisi ? Pourquoi l’élu devait-il souffrir ? Quelle faute avait-il commis ? Elles tournaient sans cesse dans sa tête au point de lui faire perdre la raison.

Au bout d’une semaine, un de ses capitaines, plus courageux que les autres ou encore plus affamé, osa troubler le recueillement de son seigneur.

- Monseigneur, nous n’avons plus de vivres, l’armée se meurt !

Dans sa retraite, Charles avait oublié de donner des ordres pour qu’on ravitaille le camp ! Or, sans ses ordres, personne ne prenait d’initiative. C’est le problème des potentats qui ne savent pas déléguer ! Charles étant l’élu, on ne pouvait rien faire sans qu’il n’ait, auparavant, donné son approbation.

Charles sortit de sa pieuse méditation et de sa tente pour découvrir le spectacle lamentable de soldats faméliques se trainant en râlant et crevant comme des bêtes par groupes entiers. Le temps que son cerveau mit à comprendre la situation et le temps qu’il fallût aux chariots de vivres pour arriver jusqu’au campement, quand les ordres furent enfin envoyés aux quatre coins des terres du comte de ravitailler l’armée, près de cinq mille hommes étaient morts de faim.
Cette épreuve supplémentaire eut un effet salutaire sur le comte.  Comme un second coup sur la tête guérit le premier qu’on a reçu, il retrouva ses esprits et fit preuve d’un grand sens de l’organisation en repliant les survivants et en faisant venir des troupes fraîches.

Fort heureusement, le vicomte Victor n’avait pas pris avantage de la situation. On recruta de nouveaux cavaliers dans toutes les commanderies, sans doute les mêmes qui avaient déserté plus tôt et qui, alléchés par la prime, reprenaient du service, et Charles repris l’initiative à Victor 13 Est. Dans le même temps, comme inspiré par Podeszwa en personne, il lança une expédition qui enleva la forteresse de Fort-Blanc, privant Maël Morgan d’une autre de ses provinces illégitimes.

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