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#1 2019-07-02 23:37:25

Eudes de la Noue

En quête du Frère Quint

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La fière citadelle de la Malnouë, située au coeur des Terres des Marées Populaires



Sa décision avait certainement été considérée comme précipitée, déraisonnable, excessive… en somme folle, par nombre de gens de sa maisonnée. Peu avaient osé s’élever ouvertement contre les préparatifs de Foulques, le voyant regagner une lueur dans le regard depuis bien longtemps disparue. Seul son fils, l’actuel Marquis de La Nouë, avait clairement tenté de l’en dissuader.

« Vous n’êtes point encore remis, père, et vous voici déjà vouloir repartir sur les routes ? Vous étiez moribond il y a peu, rongé par les poisons tant physiques que spirituels. Pensez-vous tout ceci raisonnable ? N’avez-vous de plus point passé l’âge de parcourir ainsi les routes seul tel un chevalier errant ? »

Foulques avait alors arboré un léger sourire, teinté d’une étonnante tristesse. Son regard, lui, brillait d’une détermination farouche, longtemps disparue de ses prunelles d’acier. Appuyé entre les créneaux des murs par deux fois rasés et rebâtis de la Malnouë, le Sans Epée avait plongé son regard dans les eaux en perpétuelle mouvance du fleuve, semblant y puiser une sérénité infinie, avant de répondre au jeune Eudes de La Nouë :

« Fils, le Cygne Noir n’est pas encore prêt à pousser son Chant, en ceci tu peux te rassurer. Et si tel était le cas je n’aurais rien à y redire, tant je suis rassuré de la façon dont tu as pu prendre en mains la maisonnée, et agir avec Honneur et Justice, selon les principes Neir’a’than. C’est pourquoi je peux quitter en toute quiétude nos terres pour vaquer aux seules priorités qui m’incombent encore. Rassure-toi cependant, je ne serai pas seul au cours de mes pérégrinations, mon vieux frère d’armes Nicolas des Armoises sera du voyage. Il saura probablement temporiser mes ardeurs excessives ! »

A la mention du seigneur d’Elléborée, les yeux du jeune marquis s’illuminèrent d’une vive flamme, témoignant de l’intérêt brûlant qu’il avait toujours porté au Premier Frère Chevalier des Sans Epée. Les balades des Sans Epée avaient bercé l’enfance du jeune okordien, qui n’avait jamais manqué solliciter son père pour en apprendre plus, mémorisant les bribes d’histoires lâchées par un père admiré mais trop souvent absent lors des soirées d’hiver passées au pied du foyer de la Malnouë en temps de paix. Convaincre le Marquis après une entrevue avec le Comte des Armoises avait ensuite été un jeu d’enfant - non pas que le père eut attendu l’approbation de son fils, mais il préférait éviter de créer d’inutiles tensions au sein de la demeure familiale.

***



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« Et bien mon frère, tu fatigues ? »

La question de Nicolas ramena brutalement le chevalier au Cygne Noir à la réalité, qui secoua la tête par la dénégative, replongeant quelques instants dans ses pensées avant de formuler sa réponse Si la première partie du voyage de la Malnouë à Malcoste avait été fluviale, ne mettant finalement à l’épreuve que l’équilibre et les tripes de l’ancien seigneur de maisonnée, les deux chevaliers avaient d’emblée décidé d’éviter autant que possible le Grand Canal au vu des tensions actuelles avec les états avoisinants, raison pour laquelle leurs montures avaient été du voyage et avaient débarqué en même temps que leurs cavaliers pour la suite du périple.

Foulques de La Nouë n’avait pour autant pas été épargné par la première partie « aisée » du voyage. N’ayant jamais eu le pied marin, le chevalier avait béni par milles fois le père Eléaste et sa décoction de gingembre, qui lui avaient permis de tenir entre les trop rares escales organisées en Ergos puis en Praesidium, pour un voyage qui n’en aurait somme toute pas nécessité habituellement. Décoction à laquelle Foulques avait  dû par accoutumance ajouter à chaque fois un extrait de pavot. S’il tentait depuis de longs mois désormais de se sevrer de l’addictive plante, réduisant progressivement avec l’aide d’Eléaste les doses ingérées quotidiennement, les symptômes du manque se faisaient vite sentir lorsque le neir’a’than tardait trop à boire la trompeuse décoction. Dans le même temps, les nuits suivant une diminution étaient emplies de cauchemars et tourments en tout genre pour l’ancien Templier, qui ne cédait cependant pas, s’appuyant sur ses convictions humaines et religieuses pour passer le cap.

« Je vais bien, Nicolas, juste un peu étourdi par la journée bien avancée. »

Juché sur le dos d’un jeune et vif étalon issu d’une lignée amoureusement élevée par le maître palefrenier de la Malnouë, croisement raffiné entre les rapides coursiers de Morneplaine, taillés pour la vitesse, et les robustes montures des contreforts du Serpent. Cette lignée avait fortement gagné en renommée avec la première Course de Vendavel. Fils de la même mère, la malnommée Lunatique, le jeune étalon portait le magnifique nom d’Idolâtre de l’Orée. Il avait avalé les lieues sans broncher lorsque les deux Sans Epée avaient comme prévu longé les Contreforts de la Chaîne du Serpent, puis traversé dans sa longueur la Luscanie. Ils avaient cependant dû faire un détour non négligeable pour rester à distance de Nid-de-Griffon, et éviter les groupes de déserteurs en maraude qui ne manquaient actuellement pas dans les environs. Alertés lors d’une halte dans un village pour abreuver leurs chevaux et soulager le dos du neir’a’than, Foulques et Nicolas avaient repoussé une petite bande en plein pillage, les éparpillant en comptant sur la puissance de leurs destriers face à des piétons surpris dans leurs basses besognes. Un combat plus physique, une mêlée, auraient été au dessus des forces du Chevalier au Fléau, qui profita cependant des brèves charges d’Idolâtre pour faire tournoyer à nouveau ce Fléau depuis longtemps endormi.

La traversée de la Doune avait été bien plus paisible, la province ayant été plus épargnée et ayant pleinement profité d’un développement économique fulgurant avec la multiplication des échanges fluviaux. L’arrivée à Port Teithýþ avait cependant laissé Foulques échapper un bref soupir de soulagement à l’idée d’étendre ses muscles endoloris. Pour à nouveau anticiper la traversée du fleuve en poursuivant le jeûn débuté la veille, profitant de l’abondant trafic fluvial généré par le développement récent de Port Teithýþ afin de rejoindre promptement le Clos aux Rives Pourpres du Vicomte Chralgwegae et poursuivre leur voyage. Chaque étape de ce long périple semblait puiser dans les forces du Cygne Noir, son visage se faisait à nouveau plus creux, ses traits plus tirés, son teint plus livide, contrastant toujours plus avec son éternelle livrée pourpre. Seul son regard ne faiblissait pas. Il avait conservé son éclat d’acier qui lui restait tout aussi vif qu’au premier jour sur le pont du boutre Le Juste Bras Armé, qui était parti de la Malnouë. Ce regard profond, pénétrant, démontrait de la puissance de la volonté renouvelée du Chevalier au Fléau, alors que celui-ci trouvait aux côtés de son Frère Sans Epée les principes fondateurs de son être, à chaque journée qui passait, à chaque conversation… à chaque souffle.

Bientôt Hautesrives s’était détachée à l’horizon, fière cité fluviale du seigneur de Lamétoile située en Hamju, et marquant la dernière étape de leur périple avant d’embarquer pour les rives du Sudord. Les intempéries avaient malmené l’ancien Marquis, le gîte de leur embarcation lui ayant été particulièrement défavorable, malgré les préparatifs adéquats. Le trajet restant s’était révélé heureusement fort bref, mais c’est donc avec soulagement que le chevalier avait approché les remparts d’Extrion et laissé le soin à son compagnon de voyage de les annoncer de sa désormais bien connue voix de stentor, alors même qu’il se redonnait contenance.

« Nous, Nicolas des Armoises et Foulques de la Nouë, Chevaliers Sans Epée, prions le comte Alceste d'Extrion de bien vouloir nous recevoir en ses murs ! Nous en appelons aux antiques lois de l'hospitalité ! »

Ils étaient arrivés chez Alceste.

Dernière modification par Foulques de La Noue (2019-07-04 23:39:10)

#2 2019-07-04 23:13:40

Des Armoises

Re : En quête du Frère Quint

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"Nous étions jeunes et larges d'épaules..."

Tirer de ses sacoches un fromage de chèvre, une cruche de vin et du bon lard fumé.
Faire d'une selle un trône, et guider de ses cuisses un prince-destrier.
Renaître par la quête à la simplicité.
Souffrance et liberté. Servir et chevaucher.
Redevenir un chevalier.
Se sentir fort, assez. Pouvoir combattre encore.
Défendre une jolie veuve, et faire un peu de bien.
Et puis surtout...
Avoir un bon copain.

Des Armoises caressa l'encolure de Pixie, et sourit.
Son dos rompu par la route demandait grâce, mais son humeur heureuse n'était pas altérée.
Foulques le rattrapait.
Le comte se retourna, et posa un regard franchement admiratif sur son Frère épuisé.
Pâle, la mâchoire crispée, le regard fiévreux et fixé sur un lieu que lui seul voyait, le Chevalier au Fléau présentait un visage propre à faire paniquer toute sa Maisonnée.
La dernière décoction commençait à dater...

Le Premier Frère laissa le vaillant Malnouë gagner sur lui, et désigna une forme, dans le lointain.
Foulques n'eut pas la force de formuler la question, et interrogea Nicolas du regard.
Ce dernier hocha la tête en souriant :
- "Extrion !"

----------------------------

L'antique forteresse d'Extrion, adossée aux hauteurs rocailleuses qui l'avaient engendrée pierre à pierre, se dressait solidement sur le revers bossu d'une colline pour veiller, patiente et attentive, sur la plaine fertile qui déployait ses labours jusqu'aux genêts qui défendaient les douves en tirailleurs.
Foulques et Nicolas s'approchèrent de la forteresse alcestienne en traversant, par un large chemin blanc,  un véritable damier de cultures.
Vergers, céréales, vignes et oliveraies : le plateau était d'or et de sinople.

Deux hautes tours rondes garnies d' échauguettes et coiffées en poivrières dominaient les défenses et flanquaient l'imposant mur méridional qui gardait la grand-porte et son pont-levis.
Quoiqu'il fût abaissé, embrassant le pontelet de pierre jeté par-dessus l'eau placide du fossé, laissant libre passage jusqu'à l'entrée, les chevaliers sans épée choisirent - par courtoisie - de ne pas s'engager d'emblée sur la passerelle.
Le comte de Vallombreuse se tourna vers le Cygne Noir :
- "Je te remercie, Foulques, de m'avoir suivi, supporté et épaulé jusqu'ici.
Le moment est venu de rencontrer le seigneur d'Extrion.
Sur terre, sur mer, et bien des lieues, j'ai eu l'occasion de t'en faire l'éloge, répétant le bien que je pensais de l'homme.
Au point d'en faire une Espérance.
Alceste peut-il prétendre - sans être bien né - au titre de Sans-Epée ?
Il a fait sa demande. Il est temps de juger.
Si tu l'écartes, Frère, j'accepterai ton choix. Je me fie à ton coeur, car je le sais bien droit.
Mais vois, sur le rempart, ces gardes qui s'agitent. Je vais sonner du cor, pour dire notre visite."

Tandis que, longue et lugubre, la voix d'airain s'élançait vers les murs en survolant les vignes en faisiaient l'assaut, et comme il écartait de sa bouche l'antique instrument d'ivoire, Des Armoises songea :
- Alceste, nous voilà. Puissions-nous à la nuit compter un nouveau Frère...

Puis il cria :
- "Nous, Nicolas des Armoises et Foulques de la Nouë, Chevaliers Sans Epée, prions le comte Alceste d'Extrion de bien vouloir nous recevoir en ses murs ! Nous en appelons aux antiques lois de l'hospitalité !"

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Dernière modification par Des Armoises (2019-07-10 13:49:58)

#3 2019-07-08 06:57:13

alceste

Re : En quête du Frère Quint

Alceste n’avait pas donné réception depuis le Banquet du Closier. Débauche de porcelets gras et de frêles ortolans, débauche de coussins de soie brodés et de tables aux pieds sculptés, débauche de serviteurs affairés aux plus vils caprices des hôtes, débauche de tonnelets et de flacons des vins les plus aromatiques, débauche tout court…

Depuis que les seigneurs Nicolas des Armoises et Foulques de la Nouë ont passé les Rives Pourpres, leur arrivée est annoncée. Pourtant, huit jours se sont écoulés sans que l’intendance ne reçoive la moindre directive.
Navet s’était aventuré à proposer une liste de festivités.
Elles étaient des plus solennelles : un douteux et obséquieux mélange où l’on montre l’ordre et la puissance de la lame dans de savantes cavalcades tandis que les marchand et les hommes de loi intronisent les voyageurs à toutes les confréries connues. Pour finir, les serviles prêtresses de Lussurie remettent aux étrangers la clef de leur cloître dans un ballet suggestif.
Alceste avait jeté un œil distrait au programme et Navet en avait déduit qu’il lui fallait revoir sa copie.
Les seigneurs n’étant plus qu’à quelques lieues, Navet s’était évertué à parer au plus pressé en engageant les préparatifs pour un accueil plus populaire : tonneaux en perce, course d’enfants à dos de sanglier et pour finir, les fameux combats mettant aux prises des espions capturés avec des ours d’Osterlich.
Il s’apprêtait à rendre compte de l’avancée des préparatifs lorsqu’il vît Alceste au milieu de la grande cour. Ses bras tournoyaient comme des moulinets, il houspillait vertement les hommes de peine pour que la place fût promptement débarrassée des bancs et tables de banquet, chassant lui-même les sangliers déjà harnachés vers les cours attenantes.
Navet descendit prudemment le tortueux escalier de pierre, pleinement conscient du danger des marches disjointes qui avaient déjà causé le trépas à de trop zélés serviteurs.
Lorsqu’il parvint devant Alceste, il s’attendait à ce que l’heure soit grave : Messires des Armoises et de la Nouë lui auraient-ils fait savoir qu’ils renonçaient à étudier sa prétention à rejoindre les Sans-Epée ?
Il fût surpris par une bonhommie et une sérénité qu’il ne lui avait pas connu depuis bien des lunes. Comme il ouvrait la bouche, Alceste lui intima d’un doux geste de ne rien lui demander et il comprît que l’urgence était à rendre à la Grande Cour sa droite et minérale austérité.
« Navet, nos hôtes ne sont plus très loin, je me retire pour me préparer à les accueillir moi-même. Fais dire qu’au son de leur cor, tout ce qu’Extrion compte de gens de la vigne se réunissent ici sans autre apparat que leurs chemises de lin et leurs braies de labeur. »
Il s’apprêtait à bredouiller sur les convenances mais une tape s’aplatît sur son omoplate. Le sourire de son maître et une douleur dans l’épaule le désarmèrent aussitôt.

« Nous, Nicolas des Armoises et Foulques de la Nouë, Chevaliers Sans Epée, prions le comte Alceste d'Extrion de bien vouloir nous recevoir en ses murs ! Nous en appelons aux antiques lois de l'hospitalité ! »

Le pont-levis était déjà baissé. Les Chevaliers Sans Epée avaient mis pied à terre pour entrer dans la Cour. Face à eux, une centaine d’hommes, femmes et enfants portaient les rudes toiles des paysans d’Extrion. Aux hommes les manches ajourées laissaient apparaître leurs peaux tannées, aux femmes les robes au genou montraient encore pour certaines la teinte bleutée de leurs pieds jusqu’au mollet, tout juste arrivées du fouloir.

Au milieu de la place, deux sévères tabourets, de l’eau dans une bassine en terre adressait aux murailles ses reflets mouvants.
Alceste sortît de la foule dans un clair costume pareil à ses gens, portant en chaque main un lumineux linge en métis. Navet blêmissait.

« Mes seigneurs, je viens vers vous tel qu’en moi-même : fils de serfs anobli par l’amour du vin. Je vous accueille avec l’humilité que l’on doit à vos grandes lignées mais aussi avec la confiance que l’on doit à des amis. Je gage que vous ne vous laissez pas abuser par le luxe tapageur d’un hobereau de province et que votre quête de la sincérité trouvera sens en cet accueil modeste mais honnête.» Des Armoises, le premier, avait ôté ses chausses et il prît place sur un tabouret, les pieds plongés au fond de la bassine. De la Nouë l’imitât tandis qu’Alceste s’agenouillait. Il lavât leurs pieds sans dire un mot puis les séchât avec délicatesse.
Quand il eût terminé, Des Armoises et De la Nouë étaient debouts, les pieds campés sur leurs carrés de toile. Alceste toujours à genoux était rayonnant, il leur tendît une outre du vin d’Extrion : « J’espère Seigneurs, que dans les prochains jours, nous boirons ensemble au même goulot ».

#4 2019-07-11 22:57:04

Des Armoises

Re : En quête du Frère Quint

Nicolas des Armoises, ayant franchi la grand-porte, eut quelque peine à dissimuler sa surprise en découvrant le singulier - et, pour être franc, parfaitement inattendu - comité d'accueil déployé par le seigneur Alceste dans la cour de sa forteresse.
Il contempla, légèrement incrédule, la centurie de paysans - un peu hagards, eux aussi - qui semblaient avoir été arraché à leurs sarments pour composer une improbable garde sans cimiers scintillants, sans plastrons ni hallebardes, mais bien pourvue d'enfants.
Ses yeux s'attardèrent sur les pieds, les chevilles bleutées de quelques jeunes-femmes à la tête baissée qui, non sans audace, observaient les visiteurs par-dessous leurs franges.
Elles étaient belles, ces filles d'Extrion. Vierges, peut-être, puisqu'on les chargeait du foulage.
Sans doute dansaient-elles, au rythme des tambourins, pour accomplir leur tâche rituelle.
Comme en Déomul.
Le soleil de leur jeunesse. Le sang vermeil du raisin.
L'esprit du Sans-Epée s'égara un instant et une vision - fugace - de Brunissende, empourprée du jus des grappes, tourbillonna un instant dans son esprit.
Il se reprit bien tôt, comme la troupe aux armures de lin se divisait en deux.
Un homme fendait leur humble flot.
Alceste. Le Requérant.

En le voyant vêtu tout comme l'étaient ses gens, son souffle se coupa.
Un comte, vêtu de lin grossier. Sans gants, sans ceinturon.
Il n'est...même pas botté...
Indignation ? Non.
Des Armoises était stupéfait.
Frappé par tant d'audace et tant de vérité.
Admiration.
Il croyait voir paraître le Fils même de Botia, ou bien alors, peut-être...un ange de Clova.
L'instant était parfait.
Noblesse des gestes plutôt que des atours.
- "Mes seigneurs, je viens vers vous tel qu’en moi-même...
Impact des paroles, martelant son coeur comme on frappe une quintaine.
"Humilité". "Amis". "Sincérité". "Modeste". "Honnête".
Et puis, le coup de grâce.

Lorsque le comte-vigneron s'agenouilla pour laver ses pieds, Des Armoises détourna le visage.
Foulques pourtant vit bien que les yeux de son Frère s'étaient emplis de larmes.

La candidat Alceste avait marqué des points.

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Vendangeurs d'Extrion

#5 2019-07-30 15:21:30

Eudes de la Noue

Re : En quête du Frère Quint

Certes le chevalier se retrouvait fourbu.
Honnie serait pourtant qui lui dirait, vilaine,
Emacié, hannannant, tenant selle avec peine,
« Vigueur, si un jour fût, vous est bien loin perdue ».

A l’aube d’un tournant, fort de Fraternité,
Le Cygne restait droit, sans une once de peur,
Et parcourait les Terr’ par son Frère épaulé.

Rien ne laissait prévoir quant à sa décision,
Inique ne serait, en cela était sûr,
Et pourtant aurait eu du mond’ toutes raisons.

Epistès d’Argynie, trouvère des Terres Kaljoran, extrait des Derniers Chants du Cygne Noir



L’accueil réservé aux deux Chevaliers Sans Epée prit nettement les deux hommes au dépourvu. Tant de simplicité, tant d’humilité, de genou ployé, de… mise à nu. Quittés les fastueux atours, le simple lin pour habit, un parmi tant d’autres, et pourtant si singulier. Car derrière tant de simplicité, se dessinaient les contours même de l’âme flamboyante du seigneur, cherchant à se fondre parmi les siens, il en ressortait de plus belle, adulé par les uns, respecté, apprécié.
La déférence innée de ses sujets ne pouvait faire illusion. Un parmi tant d’autres, oeuvrant à leurs ablutions. Non, décidément, cet homme était Bon.

Haussant tôt un sourcil aux dires du Comte Alceste, Foulques bientôt partit d’un rire tonitruant,  comme on ne l’avait entendu depuis bien longtemps, avant de délivrer quelques paroles lestes :

« Grande lignée me semble un peu exagéré. Mon père fût armé en plein champ de bataille. Par un seigneur mourant, aux béantes entrailles, n’importe qui aurait pu le lui contester.
A ceci tient vraiment l’honneur d’une lignée. »

Ne prononçant plus mot le temps des ablutions, chevalier au Fléau en pleine réflexion. Car le nom, si soudain, au lointain fait écho, aux récriminations de plus que niais badaud. Odemont l’intendant à son père en son temps avait fait le récit d’un étonnant larcin : disparition de ceps en leurs terres d’Altevigne, et manquant à l’appel larron qu’on croyait digne.

Gardant pour lui alors ces interrogations, le Cygne noir se lève, et d’un air entendu, d’un regard échangé à frère Nicolas, le voici retirant gantelets et pourpoint, se mettant au niveau de l’hôte d’Extrion.


« Envisageant lien de pleine fraternité, il paraitrait grossier de garder plus longtemps asymétrie d’atours qui serait vanité, marchons donc allégés de nos vestes céans ».

Dernière modification par Foulques de La Noue (2019-07-30 17:51:23)

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