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Chapitre zéro : Lettre d’un père à son fils.
Mon cher fils.
Il est d’usage, avant de commencer toute histoire, d’employer cette formule ancestrale : « Il était une fois ». Donc, ... Hum, où en étais-je ? Ah, oui ! Au commencement, donc.
Il était une fois, loin dans les terres inconnues au sud d’Okord, une contrée de merveilles où la vie était douce et paisible. Ce pays féérique, où chacun vivait paisiblement, se nommait Ashan. Le territoire était régi sous l’autorité d’une dynastie de rois sages et bienveillants qui n’avaient pour seule ambition que le bonheur et l’amour du peuple. Durant de nombreux siècles, les Ashaniens prospérèrent et édifièrent de nombreuses cités où l’art et les courbes de la nature, dont ils s’en inspirèrent, élevèrent les bâtiments en tant que prouesses artistiques et techniques. Je me souviens des grandes fontaines d’argent où l’eau se paraient de toutes les couleurs de la création. Des longues rues commerçantes et les étals des marchands regorgeant d’épices, de denrées exotiques et de senteurs qui éveillaient les sens. De nos maisons aux toits pentus et écarlates et de nos grands jardins où se côtoyaient fleurs délicates et arbres millénaires.
Oui, il faisait bon vivre dans ce pays merveilleux et emplis de magie. Mais hélas, tout bonheur à, tôt ou tard son revers. Il est difficile, pour moi, de revenir sur cet épisode épouvantable. Mon âme et mon corps ne se remettront jamais de ce dont ils furent témoins ces jours-là. Cependant, il est primordial que tu connaisses la vérité sur ce qui s’est produit.
A l’aube de mon dix-huitième anniversaire, et de mon couronnement, un mal étrange et mortel s’empara de nous. La maladie toucha la majorité de la population, ne faisant aucune distinction de l’âge, du sexe et des castes. Elle se répandit tel le feu embrasant une trainée de poudre sur l’ensemble de nos cités. Nos espoirs quant à trouver un traitement efficace face à cette épidémie furent réduits à néant. Notre incompréhension et notre terreur était totale. Dans ces heures sombres, je me devais de réagir. C’est pourquoi je pris la décision de quitter notre terre ancestrale avec celles et ceux qui développèrent une résistance à cette terrible maladie. Les survivants, dont j’en était le guide, quittèrent leur foyer et partirent sur la route de l’exil.
Nous errâmes des années durant. Parcourant des lieues et des lieues sans nous retourner. De nombreux exilés, des amis proches et fidèles, périrent d’épuisement. Cependant, nous gardâmes espoir de trouver, un jour, une terre où nous pourrions nous y installer et y vivre paisiblement. Cette quête prit fin le jour où nous pénétrâmes les terres de l’Empire d’Okord.
A l’heure où j’écris ces mots, je suis un vieillard sur le point de rejoindre ses ancêtres. Je suis persuadé que ta douce et tendre mère m’attend avec impatience de l’autre côté du voile blanc. Je dois l’avouer, j’ai cruellement envie de la rejoindre. Mais je rassemble mes dernières forces afin de te donner mes ultimes conseils pour l’avenir. Guide le peuple avec courage et sagesse. Donne-lui ton amour et veille bien à sa sécurité en toute circonstance. Soit droit et fier et ne prends jamais tes décisions sous le joug de ta colère. Il t’appartient, désormais, de bâtir un nouveau royaume, un nouveau foyer pour tes sujets. Je place ma confiance et le destin de nos gens sur tes épaules.
Puisse les ancêtres te guider à travers les nombreuses épreuves qui se mettront sur ton chemin.
Ton vieux père qui t’a tendrement aimé.
Zhang Tao, dernier de la lignée Shen.
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