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#1 2015-04-02 23:26:38

Lhassa

La disparition du Vicomte Monstro

Vicomte Monstro 

  Je me trouvais dans la Grande Salle de mon château de Zouzouland, assis seul près de l'âtre, comme j'en avais pris l'habitude.

  La tristesse et de sombres pensées m'avaient envahi après le décès du regretté Prince Morgan, qui avait eu un règne si court et qui avait été fauché dans la force de l'âge par ses opposants. Une ou deux semaines plus tard, j'ai eu l'honneur de rencontrer la fille du Grand Duc du Nord. J'ai tout de suite eu de l'admiration pour cette jeune demoiselle. Elle était si noble dans sa douleur et si courageuse dans son deuil, que j'ai eu immédiatement envie de la soutenir. Les armées de son père ayant été terrassées, je lui ai proposé de mettre mes troupes à son service. Certains en Okord voulaient l'obliger à épouser tel ou tel seigneur, en vue de la soumettre, de prendre son or ainsi que les terres de feu son père. Il fallait protéger cette jeune fille contre les rapaces et les charognards trop nombreux en ce royaume...
  La volonté de ne pas se soumettre de l'héritière du Prince Morgan, me donnait de l'énergie. Du coup, ma santé s'était améliorée, même si je continuais à souffrir de la maladie.

  Dans mon fauteuil, au coin du feu, je réfléchissais aux conseils que j'avais prodigués à la jeune Duchesse. Je lui avais conseillé de quitter Okord, de partir par la mer, ou de prendre la route à cheval. Elle avait acquiescé. Mais, elle n'avait dévoilé ses plans à personne.
  Il y a quelques jours, on m'a dit qu'elle n'habitait plus au Mesnil-Saint-Denis, où elle avait passé une partie de son enfance. Personne ne savait où elle était allée...

  Les yeux clos, les bras posés sur les accoudoirs, j'entendais le crépitement du feu et je sentais l'air frais du dehors me caresser la joue.
  Soudain, j'ai entendu des bruits de pas. Quelqu'un est entré dans la salle. Une servante, une carafe et un verre à la main. Je lui ai dit d'un ton énervé :
  "J'ai demandé à ne pas être dérangé !"

  A ce moment-là, elle a posé ce qu'elle tenait et il y a eu une sorte d'éclair aveuglant. Quand, mes yeux ont pu voir à nouveau, Lhassa, mon épouse, se tenait devant moi. J'ai laissé échapper un cri d'horreur. Elle s'est mise à rire :
  "Criez tant que vous voulez, mon ami, personne ne viendra ! Vous ne serez pas dérangé, conformément à votre souhait..."

  Ma main s'est posée sur mon épée, que je gardais à ma ceinture. J'ai bondi de mon siège en dégainant la lame de son fourreau. La Vicomtesse Lhassa a fait un geste en ma direction. Contre ma volonté, je me suis retrouvé immobile. L'angoisse m'étouffait. Ma femme s'est approchée de moi.

  "Mon cher, vous vous demandez surement comment j'ai pu entrer dans ce château, dont vous m'avez interdit l'accès... Hé bien ! Je me suis grimée en domestique. Là, vous vous questionnez sur cette capacité nouvelle à me faire passer pour une servante. Vous souvenez-vous du grimoire d'Yselda ? Oui, sans doute... Je l'ai étudié car il renfermait les secrets de la reine barbare. Les secrets de la magie d'illusion. Oh ! J'ai dû endurer bien des souffrances et frôler la mort, lors des premiers rituels, afin d'entrer en contact avec des mages capables de me transmettre leurs connaissances."

  Elle a fait quelques pas dans la pièce. Elle portait une longue robe très simple nouée à la taille, qui lui dégageait les épaules et une partie de la gorge. Cette tenue me faisait penser une robe de chambre. Je ne l'avais jamais vu avec un tel vêtement.
  Elle a repris, en me fixant avec un étrange regard :
  "Dans l'univers où je suis allée, j'ai donc rencontré une... personne... en particulier. Un être singulier qui possède un savoir immense. Toutefois... en échange de ce savoir, je devais lui fournir quelqu'un. Pas seulement une âme. Mais aussi l'enveloppe charnelle qui accompagne cet esprit. Et, c'est LA que vous intervenez ! Bien sûr, c'est tout naturellement que j'ai pensé à vous, Vicomte Monstro..."

  Lhassa a récité une formule magique en faisant des signes bizarres. J'ai ressenti comme un choc dans la poitrine.

  Je crois avoir perdu connaissance. Quand j'ai retrouvé mes esprits, j'étais dans un endroit affreux qui m'était totalement inconnu.

  J'ai totalement perdu la notion du temps. Ici, le rouge domine, du ciel jusqu'à la terre, en passant par les rares plantes. D'ailleurs, ces plantes sont très agressives : elles se penchent sur mon passage pour tenter de me piquer.
 
  En fait, je crois qu'ici tout est hostile. Je n'ai pas encore croisé beaucoup d'êtres vivants (peut-on vraiment vivre dans un lieu aussi inhospitalier ?). Les seuls que j'ai eu sur mon passage m'ont attaqué sans se poser de questions. Je n'avais jamais rencontré pareilles créatures : des sortes de gobelins très rapides, des lutin ailés lanceurs de feu et de grands animaux à écailles avec des griffes acérées. Il étaient trop forts pour moi. Dans ma fuite, j'ai laissé tomber mon épée. Cependant, je n'ose pas faire demi-tour pour aller la chercher.
 
  Maintenant, je n'ai pas d'autre choix que d'emprunter les quelques chemins arides sous peine de finir carbonisé dans la lave. Il fait une chaleur terrible. Comme si cela ne suffisait pas, un vent chaud souffle en permanence. Ma gorge me brûle.

  Tiens, j'aperçois là-bas deux tours noires, surmontées par des pointes, et reliées par une passerelle. J'accélère le pas. Ce n'est pas un mirage ! Je vais peut-être y trouver de l'eau...

  Je suis au pied de la première tour. J'ai un mauvais pressentiment. J'entre malgré tout. L'intérieur est vermillon, pour changer. J'évite les quelques pièges mortels et je parviens à me glisser dans un couloir. J'arrive dans une salle où gisent des corps brûlés. Je rampe sous un déluge de flammes. J'arrive dans un autre couloir. Je ne sais pas comment j'ai réussi à ne pas finir comme ces pauvres hommes. Je monte. Je me retrouve dans une vaste salle. Une cage se trouve au milieu. Un malheureux est prisonnier à l'intérieur. Je m'avance pour lui parler. Il me supplie de le libérer. Je cherche du regard et je vois un levier. Un cri. Je me retourne. Un monstre se jette sur moi. J'esquive et je me précipite sur le levier. Sous mes yeux, le sol s'ouvre, laissant apparaître une forêt de pieux ensanglantés, et le fond de la cage se dérobe sous les pieds de l'inconnu. Ce spectacle horrible me soulève le cœur. Mais je n'ai pas le temps de laisser parler mes émotions car l'un des monstres présents me fonce dessus et me renverse. Je parviens à me dégager et je cours comme un fou, en hurlant, jusqu'à ce que j'arrive devant une espèce de barbare au visage rouge et à l'armure noire. Il me parle d'une voix inhumaine, métallique. Il me dit qu'il est un drémora, que je suis en Oblivion, le monde de l'oubli, et qu'il va me mener à son maître, qu'il appelle un Daedra. Mais je ne comprends pas son nom.

  Je ne rêve pas. Ce cauchemar est bien réel. Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre...



  Dame Lhassa

  Qu'il est facile de manipuler le Sénéchal ! Il a annoncé la mort de mon époux, le Vicomte Monstro, avec ce qu'il faut d'émotion dans la voix pour être crédible. Personne n'a pu voir sa dépouille. Le cadavre d'un espion anonyme a fait l'affaire. Il fallait bien que les gardes ne portent pas un cercueil vide. Sinon, ils auraient posé des questions... L'enterrement s'est déroulé de nuit, en silence, dans l'intimité nécessaire au recueillement.

  J'avais promis une belle récompense au Sénéchal. Il a eu une mort sans douleur. Une mort digne de sa personne minable.

  Arald n'est plus. Cependant, quelques anciens seigneurs du Duché s'obstinent à vouloir maintenir Arald en vie. Peu importe, du moment qu'on me laisse gouverner en mes terres comme je le souhaite. Mes espions ont déjà mes opposants à l’œil...

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