Vous n'êtes pas identifié(e).
Constantine entra dans la petite salle de la taverne en grommelant puis il ôta son épais caban mouillé.
Il aperçu sans difficultés que son interlocuteur l'attendais dans un coin de la pièce. Il faut avouer qu'un Marquis et sa suite d'hommes de main font tâches au milieu d'un boui-boui pareil. Il s'avança vers eux.
Auberge de l'Ogre Rouge, Cité de Kharé.
Marquis, vous avez l'art de me surprendre dans le choix de vos lieux de rencontre... l'Ogre Rouge... Tout de même...
Hector éclata de rires, visiblement le tenancier servait un vin sombre, aigre et très alcoolisé, à l'image de tout son établissement.
Assis toi Constantine. Mon ami Constantine ! Tu m'as l'air trempé ! Tu n'aurais pas fait un tour trop prêt des chantiers des quais ?! Ne me dis pas que tu as glissé dans l'eau !
Le maître Marchand était au service des Mayer depuis maintenant plus de 20 ans. Il avait su suivre avec brio les préceptes d'anciens marins reconvertis à la marine marchande à l'époque de Roddrick Mayer et aux débuts de la Province d'Estybril. Il avait ensuite suivit son bout de chemin jusqu'à devenir aujourd'hui un des maîtres d'oeuvre du rayonnement commercial en devenir de la cité de Kharé. Il était maintenant connu localement comme le chef d'orchestre de tout ce qui s'achète ou se vend dans la cité... surtout de ce qui se vendait d'ailleurs.
C'est qu'il pleut énormément... Mais Marquis, j'insiste, vous ne devriez pas fréquenter ce genre de maison, il en va peut être de votre sécurité et... de votre prestige...
Agacé par le discours de son ami, Hector coupa court à la discussion afin d'en venir au sujet qui l’intéressait.
Constantine, je tenais à te remercier personnellement, tu es simplement le meilleur !
Cette fille que tu m'a amené... hmmm... j'ai encore les embruns de son parfum dans mon nez... Une beauté pure... Un souvenir exquis !
Constantine afficha un grand sourire, il savait si bien que pour attiser les puissants et les riches personnages d'Okord, il suffisait de nourrir leurs désirs les plus bestiaux, la haine, la vengeance, le sexe...
Vous m'avez demandé la puterelle la plus chère du royaume, je vous l'ai trouvé.
Hector repris une gorgée...
Je vous ai effectivement demandé la favorite la plus chère achetée par le trésor impérial... et j'ai été servit... Merci mon ami !
Le Marchand commanda un verre, à son tour, à la serveuse miteuse qui s'était approchée de la tablée.
Ses doigts boudinés, sa dégoûtante silhouette tassée et son visage disgracieux avaient réussi en un instant à casser dans son esprit la belle image de la puterelle dépeinte par Hector.
Constantine, Maître marchand, Cité de Kharé.
Racontez moi ! Sire.
Ah... par quoi commencer...
As-tu déjà perdu pied en plongeant tes yeux dans ceux d'une belle demoiselle ?
T'es tu déjà perdu dans tes pensées à l'idée qu'elle devienne tienne ?
Constantine pris une grande inspiration...
Oui Sire...
C'est que tu es faible, Constantine.
Je fais toujours attention à ne pas me laisser dominer par des sentiments mielleux, même si la femme semble parfaite.
Là ce n'était pas le cas, de toute manière.
Cette coureuse de rempart, aussi belle, coûteuse et recherchée soit elle, reste une coureuse de rempart. Son sort était déjà perdu d'avance. Elle serait morte sous les coups d'un boursemolle vexé de ne pas aller au bout de sa besogne ou d'une maladie sale et honteuse qu'elle aurait collecté de par son activité.
Non, Constantine, elle n'avait pas d'avenir, crois moi.
Constantine resta interloqué...
Vous parlez d'elle au passé, Sire...
Ecoute, mon ami. Tu m'as apporté une beauté hors pair, la peau nacrée, le parfum léger, une chevelure d’ébène brillante...
Et ce corps.... ce corps mon ami...
Hector, passablement éméché se mordait goulûment les lèvres afin d'appuyer sa description, mettant mal à l'aise son interlocuteur... ainsi que la dizaine de paires d'yeux qui les observaient...
Et surtout, Constantine... surtout... quelle joie de posséder avec tant d'entrain un corps adoré du vieux De Karan ! Lui qui vole sans honte, aux yeux de tous et sans la moindre gêne le trésor de l'état ! Quelle jouissance !
Constantine écarquilla grand les yeux...
De Karan ?!
Oui,lui rétorqua Hector, Aldegrin De Karan. Je t'avais demandé de m'amener la favorite de De Karan... Il n'y a que lui pour dépenser le trésor impérial ainsi ! Je voulais le posséder à son tour, lui voler son jouet favori !
Constantine essuya son front, il sentit son cœur battre la chamade. La conversation, si légère, semblait prendre désormais un chemin dont il ne saurait trouver un échappatoire valable...
Constantine... Cette ribaude était bien la favorite de De Karan... n'est ce pas ?
Sire, vous m'aviez parlé du trésor impérial... pas de...
Hector se leva violemment, renversant son verre au passage.
De qui cette fille était la favorite, bougre d'idiot ?!
Constantine mit son visage entre ses mains.
K...
D'un geste brusque, un des hommes accompagnants le Marquis planta une dague dans la table, à quelques pouces du marchand.
Mais... sire... je la payerai... elle ne dira rien... ces filles font n'importe quoi pour quelques piécettes supplémentaires...
Tu ne comprends pas, sottard que tu es. Cette fille doit désormais être loin. Et crois moi, elle ne doit pas avoir un bon souvenir de la région. Quand j'en ai eu fini avec elle, j'ai laissé quelques amis faire comme bon leur semblait avec elle... et ce qui est bon pour eux, ne devait pas l'être pour elle, crois moi !
Un des homme s'approcha du Marquis.
Partons d'ici Sire. Il y a des oreilles et des yeux que nous devrions éviter en pareils circonstances.
Le petit groupe quitta la taverne, laissant Constantine effondré, presque moribond seul à sa table.
Dernière modification par HernfeltMayer (2019-04-18 23:32:35)
Partagé.
Le désir sombre de venger les actes abominables menés à l'encontre d'une de ses favorites.
L'apaisement au souvenir du clan Mayer qui avait toujours été un modèle de chevalerie.
Partagé.
Laisser penser que Taas Trof pouvait être mené ou influencé par des filles de joies, même ses plus régulières ?
Laisser penser qu'on pouvait l'attaquer ainsi sans réponse, sans punition ?
Taas Trof était partagé par les tumultes d'émotions qui l'avaient envahi depuis la nouvelle reçue plusieurs jours plus tôt.
Un bruit nous rapporte que la fille recherchée a été retrouvée par un de nos marchands en provenance de la cité portuaire de Kharé.
Elle errait presque nue près des Docks.
Elle a visiblement été violentée, très violentée.
Elle ne parle plus et semble ailleurs.Elle n'a dit qu'un mot. "Mayer"
Elle si belle, si pleine de vie.
Elle qui avait su lui faire oublier absolument tout le poids de ses responsabilités, de son rang.
Elle qui avait su lui faire oublier Elise...
Alda ... avant
Elle qu'il avait dû rapatrier de force en Oseberg.
Elle qui désormais restait enfermée dans une chambre isolé du soleil et de tous.
Elle qui n'acceptait que la présence de Kalie, silencieuse.
Elle qui refusait même de voir l'Empereur.
Alda ... après
Lui, en personne et depuis trois soirs au coucher du soleil, écumait les différentes auberges et lieux de débauches de Kharé pour mener sa propre enquête.
Accompagné une nouvelle fois de Kara Té et Konsti Péh, les deux gardes les plus sombres de sa garde rapprochée, ils entraient dans l'Auberge de l'Ogre Rouge.
Taas Trof mène son enquête personnellement, en toute discrétion
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Les bruits de fonds des lieux de débauches, ceux des discussions, des chuchotements, des complaintes et autres colportages... sont d'un enseignement redoutable à qui sait les écouter.
Un Marquis dans un coupe-jarret ? Un notable magouilleur pleurnichant sur sa table ?
Mais comment être certain que les «on-dit» de cette population alcoolisée d'ouvriers portuaire n'avaient pas été transformés cents fois avant d'arriver à leurs oreilles.
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Deux personnes, le visage dissimulé derrière un épais tissus drapé, rentrèrent dans l'auberge sans un bruit. La salle était déserte, ce qui est compréhensible à cette heure de l'après-midi. Cela faisait bien deux heures que le dernier client avait quitté les lieux. Les tables restaient ainsi, dans un désordre organisé, à peine nettoyées entre deux services.
C'est ici ? Demanda l'un des nouveaux venus d'une voix féminine.
En guise de réponse, l'autre émit un petit mugissement rauque.
Un troisième individu entra à son tour. Il ferma la porte délicatement derrière lui et se posta devant avant d'ajouter : oui, l'Ogre Rouge.
Sans se découvrir, les deux premiers se dirigérent vers le bar. Derrière ce dernier, un petit homme trapu s'affairait à essuyer des gobelets sales... avec un linge encore plus sale.
La grosse serveuse les intercepta dans l'allée menant au comptoir après avoir pratiqué un slalom entre les tables, avec talent.
Alors les drôles, on veut pas être reconnus ?
Qu'est ce que je vous sert à cet heure ci ? C'est à boire ou à manger qu'il vous faut ?
Ni l'un ni l'autre, répondit la femme, on cherche des informations.
La grosse recula en grognant. Son visage plissé laissa apparaître un profond sentiment de dégoût.
On a pas de ça ici, on veut pas d'ennuis.
Sortez s'il vous plaît.
Combien les informations ? lança la femme en faisant sauter dans sa main une petite bourse de cuir dans laquelle s'entrechoquaient des pièces.
Alors que le troisième personnage semblait rester stoïque, immobile et raid comme un piquet devant la porte, le second s'approcha de nouveau du bar jusqu'à s'y accouder.
Combien les informations ? redemanda la femme avec insistance
Les trois compères devenaient de plus en plus menaçant et ça, la serveuse l'avait bien sentit. Elle reculait de plus en plus vers le fond de la salle en les observant. Le tenancier, lui, avait cessé son ouvrage. Il regardait avec envie la bourse de cuir danser dans les mains de la femme.
Une pièce, pour commencer ? Lança la femme en piochant un okors dans la bourse pour ensuite l'envoyer à son compagnon accoudé au bar.
Ce dernier l'attrapa au vol de sa main droite.
Il se pencha alors sur le comptoir et saisit la tignasse grasse du barman de la main gauche avant de lui coller de force le visage sur le plateau en bois.
Ce dernier cria en se débattant, mais visiblement, son assaillant possédait une poigne hors du commun.
L'homme, toujours masqué, enfonça alors la pièce dans le gosier de sa victime dans un bruit mélangé de cri étouffé et de réflexe de déglutition.
La serveuse, maintenant dos au mur, était horrifiée par la scène. Incapable de réagir.
Une deuxième ? demanda la femme en en piochant une autre.
Non !!! Cria la serveuse
Que voulez vous ?!
Comment tu t'appelle ?
...je... Marguareta madame....
Des têtes vont tomber, Marguareta. Mais comme les gens pour qui nous bossons ne veulent pas se tromper... nous aimerions que tu nous confirme quelque chose. Tu es d'accord Marguareta ?
... oui... je... mais mon mari... la serveuse était tremblante, elle ne pouvait s'empêcher de jeter des regards vers le bar sur lequel le tenancier était toujours maintenu de force, en pleurs.
Tout va bien Marguareta, regarde moi Marguareta. On nous a dit que des gens étaient venus l'autre soir dans ton établissement. Des gens bien habillés, pas comme d'habitude.
Tu m'écoute Marguareta ?
... oui... je... Constantine ?
Oui ! Oui, c'est ça Marguareta, continu Marguareta. Constantine et qui ?
...le... le... le Marquis ?
Bien Marguareta, bien. Le Marquis Hector Mayer. C'est bien ça ?
... s'il vous plaît...je vous en prie...
Non Marguareta, ne joue pas à ça.
De quoi parlaient-ils, Marguareta ?
...on veut pas d'ennuis... s'il vous plaît...
Dans un soupir non dissimulé, la femme envoya la seconde pièce qui fut à son tour avalée de force. La serveuse s'effondra en larmes.
Marguareta ! Réponds moi s'il te plaît, tu me coûte cher là !
...d'une ribaude... d'une... ribaude...
La femme dodelina de la tête, la serveuse venait de faire mouche.
Continue Marguareta, c'est bien.
...elle... elle s'est faites... la pauvre...
Par qui, Marguareta ? Par qui ?
...le... loup...
Quoi ? Répète ! Je n'ai pas compris !
Hector Mayer, dit soudainement l'homme resté prêt de la porte, le loup.
Et ben voilà Marguerita. Ce n'était pas si compliqué, non ?
Le barman fut relâché de son étreinte, il bascula à la renverse et s'écroula derrière le comptoir. Sa femme accouru à ses côtés.
Les deux hommes quittèrent l'auberge.
Au moment de quitter à son tour la salle, la femme se retourna et lança, hilare, Le plus dur reste à venir, Marguerita ! Il va te falloir garder un œil sur sa croupe ! C'est qu'il chie de l'or désormais ton homme !
Dernière modification par HernfeltMayer (2019-04-22 01:05:05)
Les trois compères sortirent dans la grande rue et se faufilèrent rapidement parmi les passants pour s'engouffrer dans une fine ruelle.
A pas rapides, celui qui se tenait auprès de la porte, ouvre cette fois-ci la marche. Rapide mais silencieuse.
Le grand muet refermait la marche, se retournant régulièrement pour surveiller leurs arrières.
Ils arrivèrent au croisement de deux ruelles étroites mais longues.
Personne dans ces allées, ils pouvaient discuter librement.
Kara Té pris la parole la première :
Nous avons donc confirmation, c'est bien Hector Mayer qui a ... qui a défiguré Alda. C'est bien Constantine qui l'avait recrutée.
- Alors on continue comme prévu :
Toi Kara tu vas retourne avec les gardes en Prellborg, tu fais équiper quelques sièges du feu grégeois et tu les renvoies ici brûler ce port de merde.
Assures toi d'être discrète, que personne ne puisse remonter jusqu'à l'armée impériale.
Toi Konsty, tu files cette nuit chez ce Constantine. Tu as carte blanche... femme enfant domestique... brûle tout.
Les deux gardes acquiescèrent. Konsty parti immédiatement mais Kara attendit quelques secondes pour demander :
Et vous maître ? Ce n'est pas prudent de rester seul ici.
- Ne t'en fais pas pour moi. Là où je vais je dois y aller seul de toute façon.
- Bien maître. Où nous revoit-on ?
L'homme haussa les épaules.
On verra.
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Le lendemain soir, au crépuscule, tandis qu'un petit groupe armé quittait Prellborg, une ombre se faufilait dans les bureaux administratifs de la forteresse de Numénor...
Dernière modification par K-lean (2019-04-26 15:28:39)
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Bureaux administratifs de Numénor
Les administrés s'exclamaient encore au rez de chaussée du bâtiment, malgré l'heure tardive.
Leurs habitudes festives, bien plus que la charge de leur besogne, les amenaient à rester diner sur place aux frais du contribuable.
Les dérives de la noblesse, l'appât de la richesse facile, la bêtise de l'intellectuel supérieur.
Taas Trof progressait à pas feutrés parmi le dédale des pièces.
L'accumulation des couches administratives était un labyrinthe dans lequel il ne m'était jamais les pieds.
Mais cette fois-ci, il fallait y mettre les mains et farfouillé parmi ces tiroirs et ces armoires pour y trouver ce titre.
Ce titre de propriété, ce morceau de papier ridicule et tellement simple à falsifier pour en changer le propriétaire d'un lieu...
Après plus d'une heure de recherche, Taas commençait à se demander s'il n'aurait pas plus vite fait de venir mettre le feu à toute la province.
Mais il était du genre têtu.
Il avait décidé de dépouiller Hector Mayer, il le dépouillerait de toutes ses possessions, une à une, sans même avoir à lever son armée...
Quelle folle idée se disait il maintenant.
Mais alors qu'il ouvrait un nouveau tiroir, il constata qu'il regorgeait de tous les titres de propriété de la provinces.
Il fouilla méticuleusement entre toutes les fiches jusqu'à découvrir le trésor rechercher.
Te voilà...
Taas replaça tous les documents dans le tiroir, à l'exception du titre tant recherché.
Il l'enroula et le disposa dans sa veste puis retourna d'où il venait : dans les ombres de la lune et des ruelles.
Il récupéra sa monture et retourna à son fief le plus proche de Numénor, Zharalnuk.
Après une nuit inhabituellement reposante, puisque non accompagné, il fit recopier le titre de possession ... en remplaçant bien entendu le possesseur du titre par son nom.
Le document en poche, il retourna à Numénor, escorté par une petite garde d'une vingtaine de cavaliers.
Gardes ! Que me vaut la présence du fanion du Loup sur cette forteresse ?!
- Vous êtes en Numénor votre Altesse, forteresse Numénor, province d'Augrebanne, possession d'Hector Mayer.
- Que me chantez vous là ?! La forteresse a été déclarée vide de tout propriétaire, je porte donc sur moi le titre me reconnaissant comme protecteur et possesseur de ces terres. Vos administrateurs seraient donc si incompétents ?!
Les gars se regardèrent interloqués, l'un deux courra en hâte chercher leur capitaine.
Empereur Taas Trof, je... je ne comprends pas, nous sommes installés ici depuis...
- Cela suffit. Amenez moi à vos administrés sur le champ que nous reglions cette affaire immédiatement. J'ai d'autres choses à faire que de venir trainer mes bottes dans ces ruelles puantes !
La rumeur s'infiltra et envahi la cité plus rapidement que l'approche de l'Empereur et du capitaine du Loup.
Lorsque Taas Trof pénétra dans les bureaux administratifs, quelques énergumènes courraient dans les locaux.
L'un d'entre eux arriva essoufflé et s'agenouilla devant Taas Trof :
Votre Altesse... fff... fff... Je vous prie de nous excuser pour cette confusion... fff... fff... Nous allons immédiatement vous apporter le titre en notre possession.
- Seriez vous en train d'insinuer que l'Administration Impériale aurait manqué à sa tache et qu'elle aurait fait une erreur ?!
- Non... Non votre Altesse. Je... Mais nous sommes ici depuis fort longtemps, nous ...
- Cela ne justifie en rien votre présence. Soit nous avons là une erreur administrative il existe deux titre de propriété. Soit seul celui-ci est valable.
Taas Trof déroula son titre, le posa sur une petite table et s'installa sur un des fauteuils après avoir enlevé sa veste.
Allez me chercher ce titre, qu'on n'en finisse !
Plus d'une heure plus tard, les hommes se firent à la raison : ils ne parvenaient pas à mettre la main sur leur document.
Votre Altesse, je ne comprends pas, nous ...
- Vous n'avez pas de titre, c'est bien cela ?
- Nous ne parvenons pas à le retrouver.
- C'est la même chose, le seul titre valable est donc celui-ci.
Faites moi déguerpir les armées d'Hector Mayer, elles n'ont rien à faire ici.
Cette province est désormais appartenante à l'Empereur.
Les préparatifs fut brefs, les fanions et les baraques furent vidés des couleurs du Loup avant même la mi-journée, avant même que la garnison impériale n'investisse les lieux en début d'après midi.
Taas Trof avait perdu la joie de vivre d'Alda.
Hector Mayer avait perdu des terres.
Mais la balance n'était toujours pas à l'équilibre pour Taas Trof.
Il reprit une nouvelle fois sa monture et prit la direction du sud.
Nous sommes le Jidor, 25e phase de l'hiver de l'an IV de l'ère 19, et c'est la dernière fois que l'Empereur Taas Trof d'Okord a été vu.
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L'inertie, c'est important. se dit-il.
A la lumière d'une bougie, seul avec sa bouteille, Constantine rejouait dans sa tête le fil de sa journée.
Son entrevue avec Themurkhan lui avait semblé interminable.
Revoir les détails de l'avancement des travaux, sélectionner parmi les propositions d'Ayupov les futurs implantations des entrepôts, régler les questions diverses et variées d'une ville devenue chantier pharaonique... Il en avait plein le dos...
L'inertie, c'est important. se dit t-il à nouveau.
On lui avait même demander de valider un «nom» donné à un quai secondaire en chantier...
Qu'est ce que j'en ai à foutre. balbutia t-il.
Remarque, l'histoire était cocasse. Un certain Alphonse, capitaine d'une gabarre, avait plus tôt dans la journée mal négocié la trajectoire de son bateau à fond plat, alors plein de marchandises. Pris dans son élan le malheureux avait, d'après Themurkhan, pas assez anticipé l'inertie de l'embarcation et avait fini écrasé contre les échafaudages du dit quai en travaux... triste fin... qui aurait pu passer inaperçu si ce n'est qu'Alphonse était très apprécié de la communauté des quais. Il était un peu l'organisateur, l'animateur des soirées dans les tavernes des dockers. Alors soit, le quai une fois terminé ce nommera «Quai d'Alphonse», il faut parfois faire plaisir aux gens pour en garder le contrôle.
L'inertie, c'est important, à la tienne Alphonse. Dit-il en vidant son verre.
L'homme, pensif, fut soudainement troublé dans sa réflexion.
Plusieurs explosions se firent entendre au loin.
Il se précipita à la fenêtre sans lâcher sa bouteille.
Au loin, de grandes explosions éclairaient la nuit. Constantine observa, circonspect, la danse des flammes. Visiblement, se dit-il, cela venait des bords du quartier EST. Une attaque sur le mur d'enceinte ?
Constantine se précipita à la porte de son bureau en récupérant le bougeoir au passage : Augustin ! Par Botia, où est ce con. Augustin ! Fais préparer mon cheval ! Aboya t-il
Il s'avança vers la balustrade donnant sur le grand escalier du hall d'entrée de son hôtel particulier et appela à nouveau «Augustin !».
Dans la peine-ombre du rez de chaussée, un jeune homme chichement vêtu arriva au bas des marches en se tenant la gorge des deux mains avant de s'écrouler en recouvrant le sol d'une marre de sang sombre.
Augustin ! S'écria Constantine dans un geste de dégoût.
Jeanne ! Va t'enfermer dans le grenier avec les enfants ! N'ouvre que si je te l'ordonne ! Kharé est attaquée ! Lança t-il en se retournant.
A peine avait-il fini sa phrase que son attention fut attirée par un bruit juste derrière lui, dans l'escalier.
Une ombre était en train d'arriver à son niveau.
Il jeta alors la bouteille vers l'intrus qui ne pu la détourner.
Cette dernière se brisa en atteignant le coude que l'homme avait opposé pour se protéger du flacon.
Konsty était maintenant recouvert d'alcool, Constantine était à sa portée.
Il poussa un cri avant d'abattre sur le marchand de Kharé un violent coup de gourdin.
Le choc fut terrible pour Constantine qui n'était pas un habitué des rixes et qui possédait une résistance aux coups très relative.
Il s'effondra par terre sans même émettre un son, assommé, avant de rouler jusqu'au bas du grand escalier.
Dans le mouvement de sa chute, et à l'insu de son plein grès, il jeta le chandelier qu'il avait dans la main.
En physique, l'inertie d'un corps, dans un référentiel galiléen (dit inertiel), est sa tendance à conserver sa vitesse : en l'absence d'influence extérieure, tout corps ponctuel perdure dans un mouvement rectiligne uniforme. L'inertie est aussi appelée principe d'inertie, ou loi d'inertie, et, depuis Newton, première loi de Newton.
Le chandelier continua un bref instant son mouvement uniforme dans les airs avant d'atteindre le sbire du roi K-tââs. Il s'embrasa instantanément. Sa dernière pensée, en voyant la flammèche s'approcher fut sans doute : "elle va s’éteindre, elle va s'éteindre" ou alors "l'inertie, c'est important."
Une vingtaine de minutes plus tard, Constantine se réveilla dans la rue porté par deux villageois.
Devant lui, sa grande bâtisse était en feu.
Il en était fini de sa prestigieuse maison de maître, de sa femme et de ses enfants.
Les habitants de Kharé étant, soit cachés, soit partis défendre ou du moins éteindre les incendies des remparts EST... personne ne vint sauver des flammes la "Villa Constantine".
Dernière modification par HernfeltMayer (2019-05-03 11:26:57)
Kara Té admirait les murs et les habitations en proie aux flammes.
Debout à l'orée du bois, elle vérifiait régulièrement les portes de la cité pour que l'équipe s'échappe avant l'arrivée d'une contre attaque.
Kara, nous arrivons au bout de nos munitions.
- Balancez tout et on se tire.
- Nous n'aurons pas de soutien pour prendre la forteresse ?
- La mission est de foutre le feu, pas d'en prendre possession. On tire et on se tire.
Quelques minutes plus tard, la petite troupe s'enfonçait dans les bois, abandonnant là les armes de siège et le feu dévorer les maisons de la cité.
Kara se retourna une dernière fois avant de franchir l'obscurité des arbres.
Elle pensa à Konsty, espérant qu'il saurait mener sa mission a bien et qu'il saurait échapper à l'incendie.
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Deux jours plus tard, le doute n'était plus permis.
Ni Konsty ni Taas Trof n'avaient donné signe de vie.
Spaar Hoff allait annoncer la disparition de Taas Trof et les rumeurs annonçaient Constantine toujours vivant.
Le trouble se propageait parmi la garde impériale, les rumeurs se répandaient, les noms des favorites de Taas Trof commençaient à être propagé.
Certains avaient tôt fait d'établir un lien entre ce qui était arrivé à Alda, l'incendie de Kharé, la disparition de Taas Trof ... et accusaient déjà Hector Mayer.
Kara ne pouvait pas laisser de place au doute.
Elle devrait retourner à Kharé, retrouver Constantine pour terminer la mission mais surtout pour obtenir la vérité : Hector Mayer était il mêlé à la disparition du Roy ?
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Ne soit pas paranoïaque, Constantine !
Ils n'ont pas mis le feu à un quartier entier juste pour faire diversion... et pourquoi vouloir te cacher à Burgenwald ?!
Constantine jeta un regard noir à son ami. Il resta cependant muet.
Tu m'agace... part donc au Val Hernfelt Mayer pour te changer les idées. Tu ne fera pas revenir Jeanne, caché ici à te morfondre...
L'homme mis son lourd manteau et ouvrit la porte pour s'éclipser, abandonnant son ami à son sort. Il claqua la porte en sortant.
Constantine se leva pour s'approcher du foyer afin de réchauffer ses mains tremblantes alors qu'il entendit la porte s'ouvrir et se refermer bruyamment une nouvelle fois.
Laisse moi... j'ai besoin d'être seul. Dit-il en fixant les flammes.
Qui a regardé bruler l'autre en premier ? Votre femme ou vos enfants ? Annonça Kara
Constantine fit volte face en se jetant sur la table pour y saisir un couteau. Hélas pour lui, elle fut plus rapide.
Écoutez... j'ai de l'or... beaucoup d'or... je vous payerai le double... combien vous ont-ils payer ?
Les questions c'est moi ! Oú est mon collègue ? Répondit-elle
Votre... quoi ?!...
Constantine se mit à pleurer.
Il est mort ?
Le misérable hocha la tête de haut en bas.
Kara pris une masse accrochée à sa ceinture, et alors que Constantine tendait les mains en avant pour la supplier, elle lui en donna un grand coup. Sa main droite, qui reçu l'attaque, fit un grand bruit de craquement. L'homme était désormais au sol, pleurant en tenant sa main brisée.
Ok, Constantine. Ça c'était pour Konsty.
Maintenant répond à cette question : Ton seigneur, Mayer, est-il lié de près ou de loin à la disparition de K-tââs ?
Quoi ?... Non... il a donné ordre de ne pas répondre pour Numéror... de laisser... faire...
Kara s'avança et le frappa de nouveau.
Constantine hurla de douleur avant de répondre en sanglots : Je vous jure... il nous a demandé de ne pas répondre à la vengeance du roi...
Regarde toi... lacha Kara C'est ça le maître de Kharé ?
J'avoue tout ! Oui, j'ai fait une erreur avec la favorite du roy... oui, je suis un pleutre... oui, je détourne le trésor de la cité... oui, j'ai fréquenté des bordels où les filles ne devaient pas avoir plus de...
TCHAK !
Kara essuya le sang et la cervelle qui dégoulinait de sa masse puis elle la raccrocha à sa ceinture.
Merde, c'est Mayer qui devrait me payer pour l'avoir allégé de ce déchet !
Konsty mort, toujours sans nouvelles de Taas Trof , Kara retourna auprès de la garde personnelle de l'Empereur.
Après plusieurs jours sans nouvelles, la plupart des gardes retournèrent en Oseberg pour aller au service du Régent Sparr Hoff.
Kara Té, séparée de son compère Konsty Péh, vadrouilla au travers d'Okord durant plusieurs jours, plusieurs semaines, à la recherche de quiconque aurait des renseignements sur le roi... en vain.
De retour en Oseberg, elle s'arrangea avec Sparr Hoff pour être placée à la protection d'Alda.
Si Taas Trof était vivant, il reviendrait la voir.
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