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#1 2019-02-13 13:17:30

Argoune

Chroniques pêle-mêle d'une Swan

Mes yeux s’ouvrent et se referment. Impuissants. Incapables de rester ouvert trop longtemps. Mais à quoi bon les ouvrir, tout est flou.
La pénombre. Je ne discerne rien, seulement les bribes de lumières. La brise légère de la nuit s’était engouffrée dans la chambre de la Rousse, faisait danser les larges tentures de lin qui entouraient son lit, laissant pénétrer la faible lumière de la pleine lune.

Où suis-je ?

Je ne sens plus rien, en fait si, je sens tout ! Tout mon être me fait mal, mon corps se tort, mes organes se déforment, s’étirent, se rétractent. J’ai l’impression qu’on m’écartèle. Et ma tête, mes tempes bourdonnent comme lorsqu’on travaille un fer rouge sur l’enclume.

Et ce brouhaha qu’est-il ? Un ronflement ?
Ah oui, la vieille, ma protectrice, ma nourrice, celle que j’ai toujours connu, qui m'a nourrit, qui m'a toujours aimée, veillant comme un cerbère sur moi.
Ne voulez-vous pas me laisser souffrir en paix ? Ce bourdonnement me donne le tournis, la nausée même. Voilà que mon estomac recommence à se tordre.

Etais-ce le trop plein de Calvok de la veille ?  La discussion houleuse avec mon imbécile de frère ?
Si je sais, les deux…et ma décision. Décision lourde mais inévitable.

Soudain la porte s’ouvre laissant entrer une bouffée d’air frais. Je veux m’en emplir, j’aimerais oui, qu’est-ce que j’aimerai ! Mais je n’arrive pas mes poumons refusent de s’ouvrir. Je suffoque, pitié de l’air !

Le ronflement cesse, le cerbère veille.

Dans l’encadrement de la porte l’homme apparaît, torche à la main. Les flammes léchant le combustible, la lumière devient plus claire. C’était lui, l’imbécile.

La rousse écarta une longue mèche de cheveux qui lui caressait le visage et ouvrit les yeux.

Je m’en vais en Okord

Je ne peux pas répondre, ma bouche est sèche. Du sable, oui, comme si j’avais tout le sable du désert en moi.
Je me lève péniblement, laissez-moi quelques instants. Le drap glisse laissant a découvert ma peau, ma nudité.
J’attrape le broc, et je bois. Ah ! ça fait du bien cette fraîcheur. Le reste je le fait couler sur ma tête. Mes esprits, je dois retrouver mes esprits !

Le cerbère veille, me couvre d’un linceul, un linceul d’un blanc immaculé, suis-je déjà morte? Je regarde de nouveau l’homme. Cet imbécile.
Pourquoi ! Pourquoi es-tu revenu sur ça ! Je me mords la lèvre, un dernier sursaut ? un dernier raisonnement ? La douleur m’extirpe de cet état nauséabond. Les mots, oui les mots peuvent enfin sortir de ma bouche.

On en discuté hier soir, je te l’interdit. Comprends-tu ? C’est ma décision et je suis le chef de la maisonnée. Tu la respecte.

L’homme me toise, les flammes de la torche dansent.

Père n’aurait jamais dû te mettre à la tête de la maison ! C’est insensé de se ranger du coter de ce Baswen. Ton Roi, ton Suzerain ne valent rien face au royaume d’Okord !
Ils sont faibles, notre maison vaut mieux que cela. Et en plus j’ai appris que tu voulais te rapprocher de ce clan de barbares sortis de je ne sais pas où ?

Il rit, cet imbécile, il me provoque encore, il me tourmente depuis toujours. J’ai envie de le maudire, de le frapper, lui écraser la tête au sol jusqu’à ce que son raisonnement imbécile lui sorte des yeux.
Non, non je ne peux pas, il est de mon sang, je ne suis pas en état.

Père a respecté les coutumes de notre peuple, ce n’est pas plus compliqué que cela. Quant au Baswen et de mon Suzerain, c’est sous leur ombre que notre maison grandit. Notre lignée vient d’Estybril, nous sommes nés ainsi, nous y sommes loyal et nous y resterons. Seuls les Dieux pourront en décider autrement.
N’oublie pas non plus que nous étions également barbares en ces terres, il n’y a pas si longtemps et que si j’ai demandé cela aux Terresangs, c’est n’est pas par lubie.
Ressaisi toi, mon frère, reste à mes côtés pour le bien du peuple !

Voila j’ai tout sorti d’une traite, ma bouche, cette pâte immonde colle de nouveau à ma langue. Si seulement, si seulement il pouvait se raisonner.

Tu est folle ! Nous allons tout perdre à cause de toi ! C’est décidé je pars et je reviendrais prendre la place qui me revient. Je reviendrais avec une armée s’il le faut. Adieu !

Il tourne les tallons et ressort de la chambre emportant avec lui la lumière, me laissant de nouveau dans la pénombre.

La brise me rafraîchit, les teintures dansent, ma décision est ferme. Je regarde mon cerbère, ma nourrice. Un dernier regard, un signe de la main, elle s’exécute quittant à son tour la pièce me laissant seule.
Je vacille, mes jambes se dérobent, un dernier effort pour atteindre le lit afin de m’effondrer tel un épi de blé fauché à la moisson.
Je pense, ma mémoire repasse les événements de mon enfance, avec lui, je ne l’ai jamais aimé en fait. Pardon père, je lui pas dit un dernier adieu.

Le lendemain matin on découvrit un corps sans vie dans les douves du château, puant le mauvais Calvok. Un malheureux accident, une chute du mur et un cou brisé. L’alcool peut faire des ravages et faucher des vies, ce jour-là ce fut celui d’un jeune Swan.

#2 2019-02-17 17:44:24

Argoune

Re : Chroniques pêle-mêle d'une Swan

Elle attendait, attendait la réponse, un signe fugace, une interaction, un truc quoi.
Mais depuis la missive qu'elle envoya, rien.
La rousse soufflait, c'en était assez. LA suspicion était a son paroxysme.

Étais-ce une manigance pour m'attaquer par la suite?
Sans doute!

Préparait-il un coup fourré?
Pour sur!

Quelle était la meilleure réponse?
L'attaque! quand la diplomatie ne donne rien!

Cents pas et un...je fait signe d'appeler mes hommes, mes conseillers. En attendant j'observe et je scrute les rapports sur la grande carte en bois sculpté qui trône dans une des ailes du château.

Dame? vous nous avez fait appeler?

Je regarde mon capitaine, une dernière bonne nouvelle peut-être? je l’espère.

Avons nous eu réponse du baron Victor91000?

D'une réponse unanime et sans contour mon brave capitaine me répond.


Aucune ma Dame!

Diantre, fichtre, dois-je le faire?
oui!


Dans ce cas messieurs, hissez l’étendard!
Qu'on assemble nos armées!

L'ordre est donné, la procession, processionne, l'épée va rougir

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