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#26 2018-11-05 09:46:03

Eugénée Anet

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

L’homme en armure attendit patiemment la fin de la présentation. En entendant le nom de ser Roddrick, et voyant le bras de l’interprète désigner un des cavaliers, il se souleva légèrement de sa selle et fit un salut appuyé de la tête, au chef de l’expédition.
Je m’appelle Estéban de la Malda et je suis le condottière de sa seigneurie le Comte Arturo  de Colimera. Vous êtes sur ses terres depuis votre descente du col d’Altaielo. Les étrangers sont toujours les bienvenus en ses domaines. Le comte m’a chargé de vous saluer de sa part et de vous faire bon accueil.  Il vous prie de bien vouloir accepter son hospitalité.
Les hommes de la troupes se détendirent quand Euserb leur traduisit les propos du condottière. Le pays était finalement accueillant et les craintes qui leur avaient fait présager le pire s’évanouirent.
Messire Condottière, je vous remercie de ces paroles courtoises. L’hospitalité Gundorienne n’est pas un vain mot et je me félicite d’être venu céans visiter des gens aussi plaisants. C’est avec grand plaisir que nous acceptons l’invitation de votre suzerain, le Comte de Coliméra.
Le condottière salua les propos de se Roddrick et invita la troupe à le suivre.
Ses cavaliers se fendirent en deux pour laisser passer la troupe et se reformèrent de chaque côté en les encadrant, tandis que le condottière, tournant bride se laissa rattraper par Euserb et ser Roddrick qui était venu se porter à sa hauteur. La troupe ainsi grossie chevaucha pendant quelque temps jusqu’à la base du piton rocheux qui s’avançait en coupant la vallée. De grandes écuries avaient été aménagées sous un surplomb de la roche et ils durent abandonner leurs montures pour continuer à pied. Ils furent également priés de laisser leurs armes qui ne leurs seraient d’aucune utilité et les gêneraient grandement dans l’ascension qui les attendait. En effet, après une poterne taillée dans la roche et protégée par une herse, ils traversèrent un tunnel qui grimpait et finirent par déboucher au grand jour, de l’autre côté du rocher. L’escalier continuait son ascension vers la citadelle en longeant le bord de la falaise, dominant le passage rétréci de la rivière. Il était protégé par un muret crénelé percé de meurtrières.
Ser Roddirck s’aperçut que la falaise qui lui faisait face de l’autre côté de la gorge était pourvu d’un système de défense analogue de telle sorte qu’une armée s’engageant dans ce défilé se trouvait potentiellement sous le tir d’archer postés de part et d’autre.
Après une l’ascension exténuante d’un nombre de marches tels que les hommes ne les comptaient plus, ils arrivèrent au bas des tours qu’ils avaient vu dominer le site, à leur arrivée. Une nouvelle herse se leva devant eux et ils pénétrèrent un lieu assez austère.
Le comte n’est pas très porté sur la décoration Fit remarquer ser Roddick.
Ceci n’est pas une des multiples résidences du comte ! Répondit le condottière. C’est une forteresse qui défend le seul passage vers la vallée. Le col d’Altaielo est difficile à franchir pour une armée, mais la passe de la clue du Diable est un verrou bien plus sûr. Quiconque s’aventure dans le passage sans y être invité, n’en ressort pas vivant.
- Et le comte est venu ici pour nous accueillir ?
- Comme je vous l’ai dit, je suis là pour vous accueillir en son nom, mais le comte ne met jamais les pieds ici. Comme vous pouvez le voir, il s’agit d’une citadelle militaire et non d’un palais. Mais ne craignez rien, malgré la simplicité de ses aménagements, elle est agréable. Je vais vous montrer la salle que nous vous avons destinée, vous aurez une vue imprenable sur la vallée.

Ils pénétrèrent dans une vaste pièce aux murs blanchis à la chaux et percée de trois hautes ouvertures qui donnaient effectivement sur un panorama grandiose. Elles étaient protégées par des grilles de fer.
Quand Le condottière referma la porte sur eux en leur disant qu’il reviendrait les voir très vite, ils s’aperçurent que la pièce n’avait aucune autre issue.

#27 2018-11-05 15:20:40

Euserb Mayer

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

Roddrick s'approcha de la plus grande des ouvertures. Il se tenait droit comme un i, les mains dans le dos.
- La passe de la clue du Diable, quel nom prometteur. dit-il calmement
- Ils se protègent des montagnards où de leurs amis de Perdiglas, il faut les comprendre. lui répondit Thybald, l'interprète

- Et des barbares d'Okord ! lança Euserb, le mercenaire
Contrairement à ses camarades, ce dernier n'était pas en admiration devant le spectacle grandiose de la vallée que la forteresse surplombait.
Il était accroupi devant la porte à essayer de voir si celle-ci était vérouillée et s'il pouvait entendre quelque chose au travers.

Roddrick remarqua son étrange conduite du coin de l’œil.
Il compris très vite que son compagnon de toujours, celui qu'il considérait comme son gardien, avait encore une fois flairé un mauvais coup. Il pris alors la parole afin d'essayer de cacher les bruits de fouille de son acolyte.
- Messieurs, vous ais-je déjà raconté l'histoire des "croustillants" ?
Tous furent surpris, mais tout ouïe. Fréquemment, les deux "vieux" du groupe s’arrêtaient pour narrer leurs aventures de routards.
Ce n'était pas toujours intéressant mais très souvent distrayant.
- Il y a de cela très longtemps, vers les marches des fournaises, un groupes d'hommes furent recrutés par un seigneur local dont je ne me souviens plus le nom. L'histoire ne dit pas combien de pièces d'or on leur avait promis ni avec quels subterfuges on les avaient persuadés mais ce que je peux vous dire c'est que la négociation fut très arrosée et festive. Les Seigneurs Okordiens étant tout autant avides de richesse qu'enclins à la pleutrerie, le seigneur en question, leur avait donné pour mission d'aller récupérer auprès de riches communautés les impôts qu'elles lui devaient. Du moins, ça c'était son point de vu à lui, pas celui des communautés, mais j'y reviendrai. Les joyeux drilles, à peine remis de leur folle soirée partirent alors de village en village percevoir la patente tant attendue .

Le Légat jeta un coup d’œil furtif au mercenaire qui avait désormais l'oreille collée à la porte.
-  En fin d'après-midi, ils avaient déjà réussit à récupérer quasiment l'ensemble des "Dons", car oui, c'est comme ça qu'on nommait l'impôt à l'époque. L'ensemble des dons, excepté celui de la communauté des moulins Saint Ghez'dal. C'était un ensemble de cahutes d'artisans, principalement des meuniers assez bien organisés d'ailleurs, qui exploitaient des moulins comme son nom l'indique. Ils accueillirent à bras ouverts les "croustillants", comme ils les surnommèrent, en les emmenant dans un de leur grand moulin. Un très bel ouvrage dont on leur fit la visite avec un vin local. Au bout d'un moment, ils prirent conscience qu'ils étaient seul dans ce moulin. La seule sortie, la porte par lequel ils étaient entrés, était fermée de l'extérieur.

Waldo et les autres commencèrent à regarder autour d'eux d'un air suspicieux.
Thybald s'approcha d'une des grilles pour l'inspecter.
Roddrick continua :
- J'ai omis de vous dire qu'ils n'ont compris cela que lorsque des flammes apparurent sous la porte. De l'extérieur, leurs bienveillants amis meuniers libérèrent les pales du mécanisme. Les engrenages se mirent en marche. Mes amis, avez vous déjà jeté de la farine sur des flammes ?... Boom, le nuage s'enflamme, avec vous au milieu.

Ils redoublèrent leurs efforts d'analyse de la salle dans laquelle ils se trouvaient.
Thybald s'arrêta, puis, en tant que voix de la raison autoproclamé comme il le faisait toujours, dit à ses camarades :
- Ou bien ils sont très craintifs et attendent des ordres du Comte pour nous laisser le rencontrer ! Vous avez entendu ce qu'il a dit, s'ils ont construits tout ça ce n'est pas pour laisser passer les premiers inconnus qui s'annoncent nobles. Rappelons nous de l'histoire de Louis de Carovar. les regards pointèrent vers le jeune interprète... puis ils reprirent leurs recherches, peu convaincus.

Jacquou s'approcha de Roddrick.
- Et ça a fini comment ?
- Tous morts, les croustillants, les meuniers, tous. lui répondit-il
- Tous sauf deux ! murmura Euserb, toujours collé à la porte

Dernière modification par HernfeltMayer (2018-11-05 22:10:50)

#28 2018-11-07 11:50:00

Eugénée Anet

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

Au bout d'une petite heure, la lourde porte cloutée s'ouvrit de nouveau. Esteban de la Malda entra aussitôt suivi par un cortège de soldats porteurs de bottes de paille. Le condottière avait enlevé son armure et revêtu son pourpoint le plus fastueux pour faire honneur à ses hôtes. Il montrait toujours une visage affable et expliqua:

Voici de la paille fraîche et quelques couvertures qui permettront de vous installer confortablement pour la nuit. La forteresse n'a pas les commodités d'un château princier, mais nous autres militaires sommes habitués à vivre à la dure. Vous avez sans doute inspecté la salle et découvert les poulaines qui se cachent dans ce réduit. Nous vous apporterons de quoi vous restaurer quand la cuisine aura préparé le fricot de la garnison.

Il s'adressa ensuite à ser Roddick.

J'invite votre seigneurie, à me suivre, avec votre interprète, pour me faire l'honneur de ma table. Le menu des officiers n'est pas très différent de celui de la troupe, mais au moins mangeons nous dans de la vaisselle d'étain.

Le légat échangea un regard avec ses compagnons de voyage. Ils comprendraient bien qu'il ne servait à rien de désobliger leur hôte avec un refus, même s'ils trouvaient son hospitalité un peu trop militaire à leur goût.

Messire Condottière, je vous remercie de votre invitation...

Il désigna le vieux mercenaire.

Ce chevalier étant issu de vieille noblesse, voyez-vous un inconvénient à ce qu'il m'accompagne aussi?

Mais certainement! Répliqua le condottière.

Les trois hommes quittèrent la pièce pour suivre le condottière à travers d'étroits couloirs, escortés par une poignée de soldats en arme. Après un dédale d'escaliers et d'autres couloirs, ils débouchèrent dans une vaste salle aux murs décorés d'écus multicolores, ou trônait une grande table entourée de chaises à large dossier. Les voutes étaient décorées de motifs chatoyants, peint à même l'enduit. Le plancher de chêne ajoutait à la préciosité de l'endroit.

Notre seul luxe! Dit le condottière à ses invités alors qu'ils pénétraient dans la salle. Le menu ne sera pas, hélas, à la hauteur du décor.

Quatre autres invités attendaient déjà dans la salle en discutant joyeusement. Ils s’arrêtèrent et firent un salut très militaire quand leur chef entra.

Mes lieutenants! Ajouta le condottière. et il fit de brèves présentations. Les hommes saluèrent de manière un peu rigide. Les visages étaient fermés.

Nous n'avons pas l'habitude de recevoir des invités de marque! S'excusa leur hôte. Surtout en cette saison et le col d'Altaielo qu'il est si difficile de franchir. J'espère néanmoins que nous briserons la glace. Il serait dommage de ne pas profiter de votre séjour ici, pour ne pas approfondir nos connaissance des uns et des autres.

- Nous n'avons pas l'intention d'abuser de votre hospitalité trop longtemps, Messire condottière. répondit ser Roddrick. Dès demain nous reprendrons la route, si vous le voulez bien.

Esteban de la Malda, envisagea son invité quelques instants sans rien dire. Il ne se départit pas de son sourire avenant que soulignait sa fine moustache.

Ser Roddrick, finit-il par dire, j'ai bien peur qu'il ne vous la faille accepter encore quelque temps. Pour votre sécurité, nous ne pouvons vous laisser repartir seuls. S'il vous arrivait malheur en chemin, nous en serions fâchés et je suppose qu'il en serait de même pour les princes qui vous envoient.
J'ai envoyé un courrier à la duchesse prévenant de votre arrivée sur nos terres.
J'attends la réponse de notre souveraine. Je ne doute pas que votre ambassade soit acceptée, même si elle n'a pas fait l'objet d'une demande formelle, mais je conçois que le courrier passe mal entre le Gundor et les territoires du Sud, sachant le chaos qui y règne. Dans ce cas, nous devrons attendre l'escorte que la duchesse enverra ici afin de vous guider à elle sans encombre. D'ici là, bien entendu, je ferai tout mon possible pour que votre séjour soit agréable.

#29 2018-11-12 16:21:34

Hector Mayer

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

- J'y compte bien, Messire Condottière, J'y compte bien.

Tous s'installèrent à table, des plats furent amenés et chacun commença à manger en discutant tout bas avec ses voisins. Le calme régnait dans la pièce, un calme pesant, limite... militaire.

Thybald, l'interprète, se pencha vers le Légat pour lui chuchoter quelques chose discrètement.
-Sire. Les deux croustillants. C'était vous et Euserb ?
L'autre fit la moue, ce n'était ni le lieu, ni le temps d'évoquer cette question, mais il répondit quand même au questionnement de son jeune ami :
- A ton avis ?
- Ben je pense que oui, que vous vous êtes échappés du moulin et que vous vous êtes vengés sur les meuniers, c'est ça ?

Après un bref soupire, Roddrick lui murmura :
- Raconte tes exploits et tu passeras pour un arrogant, ou pire, un affabulateur. Raconte une histoire sans faire de détail, et laisse faire l'imagination de ton public. Et là, tu susciteras l'interrogation puis l'admiration. Les gens aiment s'inventer des héros.
Thybald se redressa d'un seul coup.
-Quoi ?!
Euserb, de l'autre côté, n'avait rien manqué à cet échange sous camouflet. Il se permit alors de faire les gros yeux à l'interprète pour lui rappeler... de la fermer, puis il lui dit doucement en afficheant un grand sourire:
- Nous étions trop saouls pour arriver à l'heure, Thybald. Témoins de la scène, nous avons juste été chercher la garde. Les meuniers ont été pendus pour atteinte à l'intégrité physique de préposés au trésor du seigneur... Mais ça, garde le pour toi !

Ser Roddrick pris la parole après s'être éclaircie la voix.
- Dîtes moi, Esteban de la Malda, aurons nous la joie de rencontrer monsieur le Comte avant que l'escorte de la duchesse n'arrive ? J'aimerais beaucoup rencontrer l'homme qui règne sur cette magnifique oeuvre architecturale défensive qu'est cette forteresse.

Dernière modification par HernfeltMayer (2018-11-12 16:21:58)

#30 2018-11-15 11:15:20

Eugénée Anet

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

Hélas, non, Ser Roddrick!
Comme j'ai déjà eu l'honneur de vous le dire, le comte ne vient jamais ici sauf si je lui en fais le demande expresse. Quand, par exemple, une armée ennemie se présente devant la citadelle.
J'ai envoyé un coursier pour le prévenir de votre passage, mais je sais pertinemment qu'il ne viendra pas. Il serait malvenu que le comte ait un entretien particulier avec vous avant la duchesse. C'est une question de préséance. On ne visite pas les écuries avant d'aller voir le châtelain.
Pour ce qui est de celui qui règne sur la forteresse, vous l'avez devant vous. Mais ne comptez pas que je vous fasse les honneurs de la place. Nous réservons les surprises pour les visiteurs ayant de mauvaises intentions. Il serait dommage que leur plaisir de les découvrir par eux-même, soit gâché par des indiscrétions. 
Échangeons plutôt sur des sujets plus légers. Parlons gastronomie, parlons femmes, parlons chevaux.
Que chassez-vous dans vos contrées?

La discussion vira donc vers les différentes techniques cynégétiques et l'on parla de la chasse au pieu, des grands gibiers, des différentes races de chiens et leurs spécialités.

Nous pourrions organiser une chasse demain, si cela vous dit!
Avez-vous déjà pratiqué la chasse au Dahu? Peut-être n'y a-t-il pas ce genre d'animal dans vos régions.

- Ce nom ne me dit rien, effectivement! Répliqua ser Roddrick. Mais peut-être s'agit-il d'une appellation locale d'une espèce plus connue.

- Rien ne ressemble à un Dahu, je peux vous l'assurer et je ne lui connais pas d'autre appellation. Ils vivent essentiellement dans les hautes montagnes, mais, à cette saison, ils descendent un peu, à cause de la neige. Si vous n'avez jamais assisté à une chasse au Dahu, c'est une occasion à ne pas manquer! C'est une chasse très particulière!

#31 2018-11-15 15:57:24

Hector Mayer

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

- Très bien, Messire Condottière, pourquoi pas. J'ai dans mon équipe de très bons chasseurs.

Roddrick jeta un regard au mercenaire Euserb, but une gorgée de son verre puis continua.
- Voyez-vous, Esteban de la Malda, je règne moi aussi sur une citadelle haut perchée sur une chaîne montagneuse, entre autres. J'ai d'ailleurs récemment investi une fortune indécente à la rendre plus forte qu'elle ne l'a jamais été. Certes, elle n'est pas aussi rutilante que la votre, mais j'en suis fier.

Il regarda à nouveau son comparse, avec un léger sourire, que l'autre lui renvoya.
- Dans nos montagnes, nous avons aussi un animal un peu particulier. On l'appelle le daïri. Si l'animal est cousin du votre, j'accepte volontiers de venir chasser avec vous. Mais veuillez accepter nos traditions de chasse...

Euserb pris la parole.
- Oui, Condottière, nous pourrions frapper les arbres pour l'apeurer pendant que vous attendriez plus loin en tenant un grand sac pour l'attraper. Attention, l'animal est vicieux. Il a un excellent odorat ! Il vous faudra vous déchausser et vous tenir dans une flaque d'eau, près à bondir.
Le vieux mercenaire éclata de rires.

Roddrick reprit alors, sourire aux lèvres.
- Non, Esteban, nous n'irons pas chasser le Dahu avec vous. Comme vous le constatez, nous ne sommes pas les ignares bourgeois que vous imaginez.

Il se saisit alors de son verre et porta un toast au "Dahu !"

Dernière modification par HernfeltMayer (2018-11-15 17:50:38)

#32 2018-11-16 11:41:43

Eugénée Anet

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

Euserb et Thybald se joignirent à ser Roddrick pour trinquer en rigolant, mais les autres convives restèrent de marbre. Le visage du condottière, qui affichait jusque-là un sourire avenant, se ferma.

Messire, mon offre était sincère. Il semble que vous l'ayez prise pour un traquenard,et vous m'en voyez navré, mais ce n'est pas une raison pour insulter son hôte sous son toit. Vous oubliez un peu vite votre situation. Je n'imaginais rien à votre sujet, Messire. Vous vous prétendiez porteur d'une ambassade et je vous ai cru sur parole comme il se doit quand on a affaire à un gentilhomme. Mais je dois constater que vous n'avez aucune des qualités d'un diplomate.
Puisque vous refusez notre hospitalité et nous prêtez je ne sais quelle mauvaise intention à votre égard, nous n'avons plus rien à nous dire.

Le condottière se leva, suivi dans un même élan par tous ses lieutenants. Il fit un geste en direction du planton qui gardait la porte. Un groupe de soldat pénétra la pièce.

Ces gens vont vous raccompagner dans vos quartiers d'où vous ne sortirez que lorsque la réponse de la duchesse sera là.

#33 2018-11-16 16:25:18

Hector Mayer

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

- Bien, Condottière, vous avez donc l'humour sélectif, dans votre tour d'argent.
Le seigneur de Grunstieg, lui, n'était pas si soupe au lait.

Euserb se saisit d'un des couteaux disposés sur la table.
- Non. lui dit alors sèchement Roddrick
- Esteban de la Malda et moi sommes des gens civilisés, nous allons reprendre une conversation saine autour d'un repas sain. Si le coeur vous en dit toujours, je vous accompagnerai personnellement à cette partie de chasse.

Le mercenaire déposa l'objet en grinçant des dents. Thybald, quant à lui, ce faisait tout petit caché derrière lui.

- Condottière, si je n'ai les qualités d'un diplomate, sachez que vos méthodes sont un affront à la bienséance et au respect que notre mission envers votre duchesse nous donne droit. Vous me parlez d'hospitalité alors que mes hommes sont actuellement cloîtrés dans un tas de paille, et vous me proposez maintenant la détention...

Le légat se rassit alors, reprenant une gorgée de vin.
- Soyons sérieux, Esteban, n'entachons pas là les prémices d'une entente cordiale entre le Grand Duché du Gundor et l'Empire d'Abrasil et sa province orientale d'Estybril. Sans vouloir vous froisser, ce genre d'envolées viriles me fait trop penser aux comportements barbares de certains Okordiens. C'est ce genre de comportements que nous cherchons à éviter en ouvrant des voies diplomatiques et cordiales avec nos voisins.

#34 2018-11-16 19:38:01

Eugénée Anet

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

En voyant le mercenaire s'emparer d'un couteau, les soldats mirent la main sur le manche de leurs épées.

Vous faites bien de calmer votre ami, Ser! dit le condottière. Son geste est aussi dangereux que stupide. Quant au respect du à votre mission permettez-moi de le mettre de côté n'étant pas certain du véritable contenu de celle-ci.
Il ne m'appartient pas, au reste, de le savoir. Notre duchesse, seule, décidera si vous êtes une mission diplomatique, des espions venus en reconnaissance, ou des mercenaires assassins missionnés par Perdiglas. Jusqu'à preuve du contraire, vous êtes entrés dans le duché sans invitation et n'avez fourni aucune preuve de vos titres et qualités.
Mes méthodes sont celles d'un soldat gardant le duché contre les intrusions venant du Sud. Nous autres Gundoriens, avons été payés pour savoir à quel point nous devons nous méfier de tout ce qui vient de cette région-là. Certes, votre troupe est trop faible pour représenter une menace pour le territoire et vous prétendez appartenir à l'empire d'Abrasil. Je me garderai bien de prétendre que c'est faux, comme je ne l'affirmerai pas davantage. C'est la raison pour laquelle vous êtes encore en vie et quoi que vous en pensiez, bien traités. La pièce que vous occupez est une des plus agréables du château et vous êtes mieux lotis que nombre de ses habitants. C'est par simple mesure de précaution que vous êtes "cloitrés", comme vous dites.
Veuillez suivre mes soldats qui vont vous raccompagner à vos appartements. Ne les obligez pas à venir vous sortir de votre siège.
Pour ce qui est de la chasse, n'en parlons plus, Ser! Mais si j'ai un conseil à vous donner, la prochaine fois que l'on vous invite, évitez d'humilier votre hôte. 

#35 2018-11-16 22:34:55

Hector Mayer

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

Les trois compères suivirent les soldats jusqu'à leur "palace", sans dire un mot.
En voyant leurs têtes, les autres ne demandèrent rien. Visiblement, cela ne s'était pas bien passé...

Durant leur repas écourté, un frichti avait été amené au reste de l'équipe. Ces derniers avaient profité du temps pour préparer les couches de paille.

- Sire, demanda Thybald. Pourquoi n'avez vous pas parlé des lettres de marques que nous transportons ?
- Je n'ai pas à me justifier à un condottiere.
- Et pourquoi ne pas lui avoir dit pour la guerre des violets ?
renchérit Euserb
- Mauvaise idée d'évoquer cet épisode... Bref... Attendons un peu, attendons que la duchesse réagisse.

#36 2018-11-17 20:33:07

Eugénée Anet

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

Esteban de la Malda faisait sa tournée d'inspection, quand le cavalier qu'il avait envoyé à la capitale se présenta à la forteresse. L'homme avait chevauché deux jours et deux nuits pour rapporter la réponse de la duchesse Roxane.
En décachetant le courrier, il demanda:

Et l'escorte que j'avais demandé pour conduire la délégation d'Estybril à la capitale?

- Je n'ai vu aucun préparatif, Messire condottière. Je suis reparti le lendemain de mon arrivée avec cette missive et l'on ne m'en a pas dit plus.

Esteban déplia le document et lut:

Au commandant de la forteresse de la clue du Diable, le seigneur Esteban de la Malda,

Messire, vous avez fait part à la duchesse Roxanne de l'arrivée d'une délégation venue du Sud. D'après vos dires il s'agit d'une ambassade de la province Abrasilienne d'Estybril. Vous avez bien fait de nous prévenir et d'attendre nos instructions. Il se trouve que pour des raisons politiques liées à la proximité de l'empire de Déomul, la duchesse m'a fait part de son souhait que cette délégation ne parvienne pas jusqu'à la capitale. Il est, par ailleurs évident que nous ne souhaitons pas non plus qu'elle reparte avec le sentiment d'avoir été refoulée et qu'elle s'en plaigne auprès de son gouverneur. L'idéal serait qu'elle n'ait jamais existé. Je vous laisse le soin de régler ce problème de la façon que vous jugerez la meilleure. Je suis persuadé que vous serez à la hauteur de la confiance que la duchesse met en vous. Quant à moi, je sais récompenser les serviteurs zélés.

Arturo Cagliostro, Comte de Colimera

Esteban froissa le document. Il détestait ce genre de mission, mais c'était un soldat. Il se mit à réfléchir.
Il prit enfin sa décision et se fit accompagner de trois de ses soldats pour entrer dans la pièce où ser Roddrick et ses hommes étaient retenus.

Ser, j'ai de bonnes nouvelles pour vous. Mon courrier est revenu de la capitale et votre ambassade est acceptée par la duchesse Roxanne. L'escorte qui vous accompagnera à la capitale arrive ce soir et vous repartirez avec, demain matin. Je peux donc vous traiter en ambassadeurs du grand empire d'Abrasil et pour ne pas vous laisser sur une mauvaise impression et me faire pardonner la rudesse de mon accueil, je vous réitère l'invitation à chasser le Dahu avec moi en toute camaraderie.

#37 2018-11-19 01:07:46

Hector Mayer

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

- Merci Condottière. dit Roddrick avec un sourire arrogant.
- Je n’en attendais pas moins de votre Duchesse. Hélas, je me dois de refuser votre invitation. Je ne souhaiterais pas vous froisser de nouveau par ma maladresse durant cette chasse. Je souhaite me reposer et rester auprès de mes fidèles compagnons jusqu’à notre départ.
Esteban fut saisit par la réponse du Légat. Il prit une profonde respiration, lui jeta un regard noir, puis il tourna les talons suivit par ses hommes. Euserb ne bougea pas d’un pouce durant toute l’intervention. Il poussa discrètement de son pied le couteau qu’il avait habillement subtilisé lors de leur départ de la salle de réception pour le cacher sous sa couche de paille. Il souffla lorsqu’ils quittèrent la pièce, il était persuadé, à leur arrivée, qu’ils avaient mis à jour son larcin.
La nuit tomba rapidement après le dîner et tous s’endormirent à la lueur de la pleine lune.
Tous sauf Roddrick qui restait là, debout, à observer l’extérieur en fumant sa pipe. Ce dernier étudiait l’architecture défensive mis en place, impressionnant d’ingéniosité. Comment pouvait-il adapter cette stratégie d’étranglement à sa forteresse de Burgenwald ? Difficile, la typologie du terrain s’y apprêtant très peu… dommage… pensait-il.
Soudainement une grosse main vint se mettre sur sa bouche. Son assaillant possédait une force bien supérieure à la sienne, il le maîtrisa facilement. Roddrick ne réussit ni à bouger ni à hurler. Il lui était impossible de se libérer de l’étreinte.
Une terrible douleur gagna son flanc. Roddrick émit un gémissement sourd alors que les gouttes rouges commencèrent à perler le long de sa jambe. La lame, froide, était rentrée comme dans du beurre. En frappant à cet endroit, l'assassin ne voulait pas tuer immédiatement...
- Pardonne-moi, Roddrick, pardonne-moi mon frère. Je n’ai pas le choix. Chuchota son agresseur tout prêt de son oreille
Il reconnut la voix de son compagnon de toujours.
- Ils tiennent ma petite. Excuse-moi. Je n’ai pas le choix. Ils m’ont dit que tu ne devais pas atteindre la Duchesse. J’ai essayé de t’empêcher de faire ce voyage mais tu ne m’as pas écouté, encore une fois... On se retrouve de l'autre côté, Roddrick.
Roddrick sentait sa vie partir, doucement les forces quittèrent son corps. Il s’effondra, maintenu par Euserb qui l’accompagna délicatement vers le sol. L’Archonte Légat d’Estybril n’était plus.
Le mercenaire essuya ses larmes puis assassinat un à un ses hommes, dans leur sommeil.
Alors que sa basse besogne arrivait à son terme et qu’il ne restait plus que l’interprète de vivant, Euserb s’aperçu que la pipe du Légat avait allumé en tombant des braises dans la paille étalée un peu partout. Le feu commençait à prendre et une fumée s’envolait désormais par la fenêtre tout en envahissant la pièce. Il eut à peine le temps de s’en apercevoir que Thybald se mit à tousser, ouvrant les yeux. Son visage se figea en une grimace d’horreur quand il vit la scène de massacre. Il poussa un cri glaçant alors qu’Euserb se jetait sur lui afin de le faire taire.
A cheval sur lui, le mercenaire mettait tout son poids à maintenir le jeune homme immobile.
Il porta son couteau au cou de ce dernier, comme il l’avait fait aux autres. Mais il ne put faire le dernier geste. Il était submergé par ses propres émotions, ses larmes tombaient sur le visage de sa victime.
Brusquement, on frappa violement à la porte.
Cette dernière vola en éclat alors que trois soldats alertés par la fumée et le cri pénétrèrent.
Euserb relâcha Thybald de son étreinte.
Les soldats dégainèrent leurs armes et tentèrent de faire lâcher le couteau au vieux mercenaire en le menaçant. Ce qu’il fit.
- Pardonne-moi Thybald. Dit-il. Je n’avais pas le choix, sinon ils auraient tué ma fille.
- Ils ?
demanda l’interprète en pleurs
- Je ne sais pas qui ils sont… Rentre au Val, Thybald. Et assure-toi qu’elle va bien. Je t’en supplie.

Dernière modification par HernfeltMayer (2018-11-19 01:21:12)

#38 2018-11-19 19:15:51

Eugénée Anet

Re : [Légat d'Estybril]La Dame du Gundor

Pendant que le premier soldat tenait en respect les deux Estybriliens, le second éteignait le feu naissant en piétinant la paille enflammée et le troisième filait prévenir le condottière.
La première réaction d'Esteban de la Malda, quand il arriva sur les lieux fût la consternation. il regardait tour à tour, les corps ensanglantés et les deux hommes en pleurs sans comprendre le moins du monde ce qui s'était passé.
Sa deuxième réaction fût le soulagement. Le travail était fait et il n'avait pas eu à se salir les mains.
Il regarda le mercenaire, que les vêtements maculés de sang, désignaient comme l'auteur de la tuerie.

C'est toi qui a fait ça? demanda-t-il.

Comme l'autre ne répondait pas, Esteban décida que cela n'avait aucune importance.

Contrairement à ce que tu peux penser, je ne suis pas fâché de ce tu as fait. Et pour te le prouver, je vais te récompenser.

Il fit signe à ses soldats, et pendant que quatre d'entre eux s'occupaient d'évacuer les corps, quatre autres poussaient les deux survivants à la suite du condottière. Ils traversèrent le bâtiment, grimpèrent un escalier et se retrouvèrent sur une terrasse ouverte sur le ciel étoilé. La lune était ronde, sa clarté inondait le paysage et l'on distinguait nettement les crêtes blanches des montagnes qui se profilaient au Sud. Estéban s'approcha des créneaux et fit signe aux deux hommes de le suivre. Il désigna un point à l'horizon.

Voyez cette tâche un peu plus blanche qui se détache du reste de la montagne? C'est le col d'Altaiélo d'où vous êtes venus. Eh bien je vais vous permettre de rentrer chez vous avec un prime disons de cent écus chacun. A condition, bien sûr, que vous gardiez votre langue sur les évènements qui se sont déroulés ici. Seriez-vous prêt à le jurer sur votre honneur?

Les deux hommes jurèrent.
Satisfait, Estéban fit signe à ses hommes et ces derniers, empoignant les deux Estybriliens, les précipitèrent par-dessus le rempart, dans un vide d'une centaine de mètres.
Les deux hommes crièrent en tombant et leur chute finit dans le choc mou de leur contact avec le sol.

Bien! L'affaire est réglée! Je suis sûr maintenant que vous ne parlerez pas!

Puis à ses hommes.

Préparez un bûcher. je veux qu'il ne reste rien de leurs corps!

Il retourna à ses quartiers, et, prenant un bout de parchemin, y inscrivit ces simples mots:

C'est fait!


FIN du RP

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