Forum d'Okord

Hector Mayer

[1er tournoi de la Vicomtesse] La brouette Okordienne

La fête battait son plein dans les rues de la cité de Draknorr.
Le Polémarque K-Lean avait voulu rassembler un grand nombre de seigneurs de la Confrérie des Marchands pour une série de tournois en l'honneur de la Vicomtesse Echo.
Ce premier tournoi était un vrai succès, douze Thanes venant de l'ensemble de la Province se réunirent afin de se mesurer les uns les autres.
Pour la première fois, de mémoire d'Estybriliens et d'Okordiens, quatre champions furent nommés ex aequo à l'issue des épreuves.
Chaque tournoyeur étant accompagné de sa caravane d'escortes, de serviteurs et d'admirateurs enthousiastes, la population de Draknorr avait plus que doublé.
La joie, les danses et les chants envahirent toutes les ruelles de la ville, du marché à la place d'arme, du centre administratif aux faubourgs.
Le Polémarque avait voulu faire de ce tournoi une grande fête afin de contraster la difficile situation géo-politique du monde actuel.
Après tout, jugeait-il, quoi de mieux qu'une petite escarmouche suivit du partage d'un verre pour rassembler les cœurs ?!

La taverne de la "Brouette Okordienne" ne dérogeait pas à cette liesse populaire. Le tenancier, heureux dans les premières heures de voir sa clientèle grossir ainsi, semblait maintenant au bout de sa vie...
Chaque coin de la grande salle était bondé de joyeux troublions alcoolisés à un niveau très avancé. On pouvait apercevoir par ici et par là de multiples armoiries, l'ensemble des seigneurs étaient ici représentés.
Parfois, une empoignade un peu trop viril finissait par la mise à la porte de l'établissement. Mais globalement, l'ambiance était bon enfant.
Quelques musiciens s'étaient placés sous un écoinçon afin de jouer un air rythmé, de circonstance, se mêlant au brouhaha ambiant : https://www.youtube.com/watch?v=wW4sBlfDvOE
Calvoc, jeux de cartes, danses, gourgandines, on fêtait le rassemblement pour certains, la victoire pour d'autres. Bref, on fêtait !

Quelques soldats portant les armes du Comte Mayer se mirent debout, levant leurs verres.
A pleine voix, les gais lurons entamèrent une chansonnette au rythme de la musique :
   Du Gundor not'Comte te salue,
   Bien dru tu l'as dans ton cul !
   Le Val est toujours l'vainqueur,
   Dans l'tournoi y en ont tous peur !
   Not' champion les met tous par terre,
   Il fait même vibrer toutes vos mères !

Le Polémarque K-lean et son combattant Sparr Hoff pénétrèrent dans la taverne juste avant que les hommes du Comte Mayer ne terminent leur hommage particulier.
Certains s'arrêtèrent de fanfaronner à son passage, surpris de voir une telle personnalité dans un bas établissement de la sorte. Ils s'approchèrent d'un groupe d'hommes, visiblement des proches et s'asseyant avec eux, K-lean réclama un verre de calvok. Après tout, pour quelles raisons un souverain ne pourrait pas trinquer avec les autres dans de pareilles circonstances ?

Le Baron Eskiath, Chef des Do'anraviirs, partageait une pinte d'une boisson fermentée avec ses hommes. Les forestiers avaient peu l'habitude de ces fêtes et de tout ce monde. Néanmoins, ils répondaient avec joies aux toasts de leurs voisins.
Aodalf Eskiath regardait son heaume fendu, ce tournoi lui avait laissé une belle cicatrice sur le crâne et la perte de son casque. Le seigneur, peu habitué aux arts de la guerre, avait vendu chèrement sa peau.
Avec seulement deux victoires, il était le moins bien classé des participants. Comme l'exige la coutume des Clans Do'anraviirs, il avait été saluer chaque combattant et leurs suites, sans oublier de rendre hommage à la coqueluche du tournoi, la Vicomtesse Echo.

Le Baron Du Guesclin bienheureux de ce tournois attrapa la serveuse par le bras et lui dit en offrant à la jeune dame une bourse de piécettes « Reste près de moi ma jolie, j'aimerais ne pas manquer de vin, aussitôt ma coupe sera vide, aussitôt tu la rempliras ».
Plus tard, plein d'Ivresse, Du Guesclin commença à chanter avec ses chevaliers qui répétaient derrière lui
   Maaaadeleine a les g'noux cagneux
   Les g'noux cagneux
   Les mollets ronds
   Les mollets ronds
   Et les pieds de cochon
(tous ensemble) Pieds de cochon marie madeleine les pieds de cochon marie madelon

   Maaaadeleine a les cuisses graisseuses
   Les cuisses graisseuses
   Les g'noux cagneux
   Les g'noux cagneux
   Les mollets ronds
   Les mollets ronds
   Et les pieds de cochon
(tous ensemble) Pieds de cochon marie madeleine les pieds de cochon marie madelon

Faisant ainsi jusqu'à remonter chaque parties du corps de la pauvre Marie Madeleine.

Les joues rougies par la boisson, le Baron Freemind lui aussi savourait l'ambiance joviale qui régnait dans l'auberge. Les tournois organisé par le Polémarque étaient toujours une occasion de plus pour festoyer avec ses hommes mais aussi avec tout les membres de la confrérie. Bien qu'il aimait particulièrement les duels, il préférait de loin les festivités qui s'ensuivent. Il avait demandé à ce que l'on amène un tronc à coté de sa table, quelques clous et un marteau. Comme le veut la coutume, le dernier joueur à planter son clou dans le tronc se doit de payer une tournée à chaque joueur, le baron d'humeur généreuse alla plus loin et dit d'une voix forte entre deux chansons :
    Chers amis, si je perds cette partie, l'aubergiste vous servira à tous un verre gracieusement offert par mes soins.
Et il en fut ainsi...

Waltz scrutait cette ombre qui lui renvoyait, du fond de son verre, ce regard effrayé. Ah ben merde, c'était lui-même. Il était dans un coin de la taverne, arrosé par la joie et l'ivresse des autres sans vraiment y prendre part. Quand il releva la tête en direction de ses compagnons d'armes, il oublia un instant les terribles applaudissements qui frappaient dans son crâne depuis que Wilbert de Hohenzollern l'avait privé de Gotthold. Waltz était maintenant borgne, le bras gauche sérieusement amoché et la tronche striées de croutes brutales qui donnaient au tout une géométrie particulière. En crevant son œil d'un coup d'épée, Wilbert l'avait privé de la moindre victoire en tournoi : les seigneurs Hector Mayer, Arnalkolo, Bertrand du Guesclin et Issen Vactenn lui étaient fatalement passés devant puisqu'eux bénéficiaient de deux yeux et de deux bras valides. Mais voir ses amis s'amuser le submergea d'une inavouable empathie. Il oublia Wilbert, de même que l'immonde divinité du Rien, et puis tout le reste. Aodalf Eskiath en particulier, suscitait chez son suzerain une fierté quasi paternelle. Il y avait également la dame Echo, grâce à qui ce tournoi avait été possible. Waltz ressentait pour elle de la gratitude, et puis 'fallait dire qu'elle était pas mal aussi. Waltz termina son verre d'une rasade et une alternative s'offrit à lui : tout abandonner. Les massacres, la guerre, le pouvoir de KXMNXT. Il pourrait s'investir pleinement dans des relations humaines saines basées sur l'entraide et la joie avec ses frères d'armes. Cela aurait pu en être ainsi. Oui. Mais les applaudissements se firent plus intenses à cet instant précis, et le pouvoir que Waltz avait pourtant voulu avec tant d'acharnement se manifesta enfin, par des chuchotements au cœur de son intuition. Des voix qui lui dirent de se bouger le cul et de fuir, loin d'ici, et de ne pas venir au prochain tournoi. Il avait perdu face à la fatalité. Aussi, tristement, distribuant une dernière tape amicale sur l'épaule
de chacun de ses proches (et un regard complaisant à l'égard d'une serveuse qui était déjà "occupée" par l'ivresse du baron Bertrand), le borgne s'avança vers la sortie sans mot dire. Il jeta un dernier regard au Polémarque K-lean. Quelle personnalité incroyable. D'où venait cette force et ce courage de rester pacifiste et humain dans les pires moments ? Waltz quitta l'endroit.

En cette belle soirée d'insouciance, la «Brouette Okordienne» vécu sa plus folle fête. En une soirée, on y vendu l'équivalent d'une année de boissons. On dit même que ce jour là, le seul vrai vainqueur du tournoi fut le propriétaire des lieux...

Cette désinvolture fut épique. Tous étaient si loin d'imaginer ce qui allait se passer au second tournoi...