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- Sire ! Sire ! On vient de m'annoncer l'arrivée d'une centaine de chevaliers !
- Des chevaliers aux Rivins ?! Et alors ? Quels sont leurs armoiries ?
- Attendez, Sire, c'est ça le plus surprenant ! Ils sont Okordiens !
- Les armoiries, Jehan, quel seigneur ?!
- Je ne sais pas Sire… eu… de pourpre plain à un foudre, Sire, je dirais la Vicomtesse Malicia.
Euserb prit son intendant par les épaules,
- Malicia est déjà là !? Dis à Hermione de les laisser entrer.
- Mais Sire, la ville est bouclée depuis plusieurs jours, rien ne sort ni ne rentre, les habitants sont fous de rage et là vous me demandez de laisser une centaine de chevaliers Okordiens…
- Laisse moi faire, Jehan, l’interrompit Euserb, je sais pourquoi elle est venue !
- Sire Euserb Mayer, il est de mon devoir de vous prévenir qu'à son retour, votre père risque de ne pas…
- Fais ce que je te dis, Jehan. Mon père parti au Gundor, je suis le seul seigneur du Val Oriental et des Rivins.
- Comme il vous plaira, Sire.
L'intendant pris la porte, la mine déconfite.
Derrière lui, Euserb était satisfait d’avoir enfin réussi à attirer l’oeil sur lui. Pas simple d'être introverti dans une fratrie de neuf frères… Son père, le Légat d’Estybril, Ser Roddrick Mayer ne lui avait jamais réellement porté d'attention, il tenait là sa vengeance. Et ça, d'un coup d'œil en partant sur le petit sourire d'Euserb, l’intendant l’avait bien compris.
Euserb s'avança sur le balcon et scruta attentivement l’horizon vers l’est, vers les hauteurs qui dominaient le bourg. C'est de là-bas que viendrait sa postérité !
Ser Roddrick Mayer, en bon marchand de la confrérie, a fondé un réseau de comptoirs commerciaux nommés Val… quelque chose... afin d’assurer ses services de négoce à travers tout le territoire d’Okord et d’Estybril. Dans cette région de la Frontière d’Estybril, il avait donc construit le Val Oriental, sorte de place fortifiée flanquée d’entrepôts et de quelques bâtiments d’habitation. C'est à côté de ce comptoir que fut édifié au fil du temps la ville des Rivins. D’un simple camp de voyageurs, à l'origine, au bourg qu'il est devenu aujourd'hui, la ville avait énormément changée comme c'est souvent le cas pour les villes nouvelles s’implantant à côté de carrefours commerciaux. On y trouvait désormais tous les commerces et services d'une grande ville de province. Elle possède cependant une particularité, c'est qu'elle est située sur un vaste ensemble de ruines, le terme de rivin dans le vieux dialecte de cette région signifiant ruine.
La grand place était peu fréquentée en cette matinée. Quelques badauds déambulaient deci delà à la recherche de denrées à acheter ou en promenade matinale. Bref un matin calme, comme d’habitude ici.
Un grondement se fit entendre, rythmé, profond, qu'on pouvait sentir dans les pavés qui recouvraient le sol. Un bruit de souffle accompagna ce vrombissement, rythmé lui aussi. Les gens commencèrent à quitter la place, emmenant à la hâte charrettes et enfants.
Des fenêtres qui donnaient sur l'esplanade apparurent des dizaines d’yeux, intrigués par le bruit grandissant. Les portes s’entrebaillèrent les unes après les autres.
Euserb se dépêcha de descendre sur le parvis de son palais puis il rejoignit la place accompagné de quatre gardes. Une compagnie d’une vingtaine de soldats arriva à son tour et s'installa près de lui.
Un grand nombre de chevaliers débarquèrent alors sur la place en formant des cercles. Ils s'arrêtèrent finalement en lignes autour d'un carrosse, lui aussi à l'arrêt. La respiration des montures et leurs sabots cessèrent alors leur concerto, glissant la ville dans un silence quasi-religieux.
Alors que ses gardes dissimulaient à peine leur stress, Euserb s'approcha du carrosse en surveillant les chevaliers du coin de l'oeil.
Dernière modification par HernfeltMayer (2018-10-22 07:48:39)
Le messager avait été clair. Tous les signes étaient la ... il était la !
Et pourtant Malicia ne pouvait y croire. Elle qui avait voué toute sa vie aux Dieux. Botia, Goben, Daeth, ... tous les Dieux avaient un rôle important dans ce bas monde. Et le principal était de sauver les âmes des peuples qui vivent sur ces terres et qui ont foi en eux.
Il fallait en avoir le cœur net. Aussitôt elle avait fait appeler la Garde des Dieux et son carrosse.
L'escouade se mis en route sur le champs, direction le bourg des Rivins et l'Estybril en pleine nuit.
La petite troupe avança toute la nuit pour arriver dans l'obscurité sur le lieu indiqué par le messager.
Le carrosse passa les portes du petit fief et fini par s’arrêter.
Malicia avisa son hôte et lui chuchotta sans même se présenter :
- Amenez moi prestement sur le lieu, Messire !
- Vous m'en expliquerez un peu plus en chemin.
Elle le pris par le bras et lui donna une impulsion qui ne laissait guère le choix à son hôte.
Dernière modification par Malicia (2018-10-24 18:45:07)
Euserb fut surpris du comportement de la Vicomtesse. Mais après tout, si elle était prête à traverser une partie d’Okord en pleine nuit aussi précipitamment, c’est qu’elle devait porter un intérêt tout particulier à ce qu’il s'apprêtait à lui monter.
Le visage du seigneur des Rivins se ferma alors même qu'il emmenait la Dame dans les ruelles de la ville. Et si tout cela signifiait que sa découverte était vraiment importante ? Et si, en cherchant à attirer l'attention sur lui, le jeune Euserb avait allumé une mèche qu'il ne pouvait pas contrôler… Jehan avait peut être raison, pensa t-il.
Une petite escorte de gardes d’Estybril et de chevaliers d’Okord les entouraient comme ils le pouvaient tant les boyaux qu'ils empruntaient étaient étroits. Le bruit retentissant des armures et des bottes des chevaliers annonçaient à chaque coin de rue leur arrivée. Ils ne croisèrent aucun villageois, trop occupés à fuir où se cacher des imposants “gardes des Dieux” venus d’Okord.
- Vicomtesse, je tiens à m'excuser mais le lieu n’est accessible que par un sentier qui débute au bout de ces ruelles. Nous devrons ensuite grimper un peu en remontant la rivière. Le seul accès que nous avons trouvé pour l'instant se situe dans d’anciens vestiges adossées à une cascade.
Après avoir tourné à gauche puis à droite puis encore à gauche, le petit groupe atteignit un lavoir donnant sur une petite rivière. Un chemin longeait cette dernière. Ils prirent alors cette direction, sans même un mot.
Quelques centaines de mètres plus loin, alors que le terrain s’annonçait de plus en plus escarpé, le groupe s'arrêta à la demande du seigneur des lieux.
- Voyez là-haut Madame, dit-il en montrant du doigt l’endroit, cet endroit est connu des anciens comme un lieu proscrit. Personne n’en approche, c’est ce qui m’a donné envie d’aller voir, dit-il sourire au lèvres, J’ai fait nettoyer l’endroit par mes gens car on ne voyait même plus les ruines. La nature avait repris ses droits. Avez-vous déjà connaissance d’un pareil édifice, si c’est vraiment ce que l’on croit ?
La réponse se fit en un long soupir.
- Non ...
- Non rien de tel n'existe ...
- Enfin rien de tel n'existe ailleurs ...
Malicia eu alors un grand soupir, presque un râle.
- S'il s'agit de ce dont je crains, rien de tel ne devrait exister ...
Malicia se retourna vers sa Garde.
- Chevaliers, restez ici avec vos montures. Prenez vos rations et nourrissez les chevaux.
- Et surtout soyez sur vos gardes !
- Si vous percevez le moindre danger, ne cherchez pas à discuter. Attaquez sans sommation.
Puis elle fixa l'objectif, tout la haut.
- Messire Euserb, vous auriez du écouter vos aïeux et ne jamais aller la-haut !
- Mais comme vous y êtes allé, nous devons y retourner.
- Accompagnez moi, je dois savoir s'il s'agit de ce dont je crains.
Malicia pris une torche et commença l'ascension en marchant lentement. Son grand âge lui disait de ne pas escalader, mais il n'était pas temps de se plaindre des souffrances futures.
Son pied glissa dès le premier pas, mais elle continua avec détermination.
Dernière modification par Malicia (2018-10-24 21:53:17)
Euserb suivait de près la Vicomtesse, un pas devant l'autre avec difficultés dans l'enchevêtrement des pierres, de racines et de la mousse glissante qui les recouvrait.
Il ne restait plus que trois accompagnateurs avec eux, tous les trois portants de lourds cordages et besaces.
- Attendez, Madame, ... ce que vous voyez ... au dessus, ce n'est qu'une ... décoration .. Le plus important ... est la dessous ! il lui etait visiblement difficile de parler en évoluant ainsi, mais il continua, ces hommes vont ... nous équiper d'échelles de cordes ... pour descendre.
Il s'arrêta soudainement,
- Vicomtesse Malicia... Vous pensez vraiment que quelque chose vit là dessous, enfin je veux dire... il s'approcha tout prêt de la vieille dame et chuchota afin de ne pas alerter les accompagnateurs, ce n'est qu'une nécropole, un dépôt de cadavres... Non ?
Alors qu'Euserb finissait à peine sa phrase, le premier des hommes atteignit les ruines et, en y jetant un œil, cria :
- Sire... C'est... Ouahouh...c'est grand... vous êtes certain de...
- As tu assez de longueur, Joshua ? répondit énergiquement Euserb
L'autre acquiesça d'un coup de tête, il dissimulait très mal sa mine déconfite.
Il se tenait au dessus d'eux entre les vestiges d'anciens murs, au bord d'un trou béant d'une dizaine de mètres de diamètre.
Malicia arriva à son tour près de l'énorme trou. Elle reprit son souffle; l'ascension avait été rude pour ses vieux os.
Elle passa la main sous sa cape pour vérifier que sa sarbacane était toujours la. Elle ne l'avait pas perdue.
Puis elle regarda le gouffre à ses pieds. Il avait l'air sans fin ! Les cordages seraient-ils assez long ? Joshua avait l'air de dire que oui, mais elle en doutait un peu.
Elle chuchota alors à Euserb :
- C'est certainement une nécropole oui.
- Et il y a donc des cadavres ... et il y en aura surement d'autres encore.
- Soyons extrêmement prudents messire Euserb.
Elle se regonfla à bloc et repris à voix haute
- Et que diantre, nous n'allons pas coucher ici !
- Faites le nécessaire pour que l'on descende rapidement.
- Et que l'un des accompagnateurs reste ici pour nous garantir la remontée !
- Allez, on y va !
Dernière modification par Malicia (2018-10-25 19:21:24)
Alors qu'Euserb et Malicia observaient attentivement le fond du gouffre, les trois autres travaillèrent à la confection d'un semblant d'echelle de cordes, très longue, qu'ils accrochèrent à deux impressionnants arbres qui prenaient racines directement dans les ruines.
Une fois jetée dans le trou, l'un des accompagnateurs, apparemment le plus expérimenté dans le domaine pris la parole.
- Bien, Madame, Messire, je vais descendre en premier et j'essaierai un fois en bas d'accrocher cette satanée corde pour qu'elle ne parte pas dans tous les sens afin que vous puissiez descendre à votre tour.
Il se mit alors au bord du trou et commença la descente.
Une bonne soixantaine de mètres plus bas, il s'atela à attacher l'échelle comme prévus.
Euserb descendit à son tour, suivi de Malicia, non sans difficultés, et enfin du troisième accompagnateur.
Ce dernier alluma des torches qu'il distribua à chacun des "explorateurs".
Ils y étaient.
- C'est un aven, une cavité naturelle, mais ça... Ça, ce n'est pas naturel Messire. dit l'un des hommes
Un enorme visage avait été taillé dans la paroi de la grotte. La statue, surplombant ainsi le fond de la caverne, surveillait d'un regard sévère le centre de la zone.
Le sol avait été pavé en formant un cercle.
De nombreuses chaînes pendaient sur les côtés, directement accrochées dans la roche.
Des tunnels partaient dans toutes les directions.
Euserb ne cacha pas son étonnement et son enthousiasme, il ne pu s'empêcher de s'éloigner un peu, cherchant à observer à la torche les inscriptions qui étaient gravées un peu partout. Mais il n'y comprenait rien.
Malicia tentait d'éclairer l'aven avec sa torche.
Elle vit elle aussi l'énorme statue et ne mit pas longtemps à le reconnaître.
- C'est le gardien !
- Seir'a Neir !
- Alors il y a bien une ou plusieurs personnes qui ont fini leurs jours ici.
- Cette statue est la pour garder un prisonnier ... et avertir les intrus ...
Elle marmonna une prière rapide à la gloire du dieu de la justice.
Puis se mit tout de suite en tête de toujours laisser quelqu'un devant elle et derrière aussi. Son instinct lui disait que l'exploration s'annonçait plus compliquée que prévue.
Plusieurs chemins se proposaient à la petite troupe.
- Bien par où commenç ...
Un cris lugubre lui coupa la parole et lui donna un énorme frisson. Cela venait de la haut.
- RRRRRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!!
Qu'était il arrivé à l'accompagnateur resté à la surface ?
Dernière modification par Malicia (2018-10-28 08:11:46)
Tous les regards se tournèrent vers l'entrée de l'aven. Déchirant le silence de la nécropole, le cri fut aussi bref que soudain. Durant quelques secondes interminables, personne n'osa bouger ou prendre la parole.
- Joshua ! cria Euserb, Que se passe t-il ?!
Aucune réponse ne parvint. Les regards se croisèrent alors dans l'incompréhension la plus totale.
- Joshua !
Quelque chose bougea brusquement dans la lumière que formait le trou de la grotte à la surface.
En quelques secondes, Malicia, Euserb et leur escorte compris ce qu'il se passait. Un des accompagnateurs se jeta sur la Vicomtesse pour l'écarter du centre de la cavité. Au moment de l'impact, Euserb n'eut le courage de regarder. Le corps de Joshua venait de faire une chute d'une soixantaine de mètres avant de s'écraser lourdement sur le sol.
Le spectacle qui s'offrait à eux était terrible. Le corps avait pris tellement de vitesse en tombant que les chairs n'avaient pas résisté à l'impact. Le sang coulait à flot transformant ainsi dramatiquement le cercle pavé du fond de la grotte.
Euserb n'osa une fois de plus regarder la dépouille du pauvre bougre. Son regard portait sur Seir'a Neir. La statue, dans son immuable immobilité, semblait se délecter de la scène.
- C'est bien Joshua. dit l'un des hommes qui reconnu les vêtements de son ami. Il a du se pencher comme un c...
Un bruit de claquement l'interrompit, il eu à peine le temps de s'écarter que l'epais cordage tomba à son tour.
Dernière modification par HernfeltMayer (2018-10-29 08:42:45)
Tous comprirent le tragique de la situation. Ils étaient faits comme des rats.
Euserb s'approcha de la Vicomtesse.
- Vicomtesse, tout va bien ?!
Malicia marquait le coup. Visiblement abasourdie par la scène qu'elle venait de vivre.
Elle savait pourtant que le culte qui hantait ces lieux ne pouvait apporter que mort et désolation.
Après quelques instants à regarder dans le vide, elle se ressaisit enfin.
- Messire Euserb, nous devons sortir d'ici au plus vite ! Mais nous ne pouvons remonter, en tout cas pas sans cordage amarré en haut. Connaissez vous le lieu ? Vous m'avez dit être déjà venu.
- Nous n'étions descendu qu'une seule fois, Madame, descendu et remonté aussitôt. répondit-il, hébeté.
A côté de lui, l'un des deux accompagnateur acquiesca d'un mouvement de la tête. L'autre, lui, restait prostré dans un recoin de rochers. Le visage dans les mains, il ne cessait de pleurer en implorant les dieux et en répétant qu'il voulait revoir ses enfants.
- Allons allons, reprenez vous. lui dit énergiquement Malicia Botia veille sur nous. Vous les reverrez vos enfants ... si nous trouvons une sortie.
La Vicomtesse examina la salle et les tunnels qui partaient dans trois directions différentes. Les trois passages se ressemblaient, aucune indication de sortie ou de corridor principal qui pourrait les y amener. Tous étaient maçonnés autour de cavités naturelles. A ne pas douté que l'ensemble de la nécropole était basé sur un réseau de grottes naturelles.
- Messire Euserb, avez vous exploré l'un de ses tunnels ?
Euserb répondit d'un hochement de la tête.
- Mais les anciens devaient bien avoir un autre passage pour entrer. A moins que nous fassions un feu pour alerter vos gardes par une colonne de fumée...
Il chercha autour de lui s'il était possible d'envisager cette possibilité.
Mais rien ne brûle ici. reprit-il A part... ce pauvre bougre et sa corde...
- Pour mourir asphyxié ! grogna l'accompagnateur qui avait apparemment repris ses esprits et arrêté de geindre.
- Au pire, les gardes okordiens ne nous voyant revenir vont bien se poser des questions ! reprit-il
Le groupe alluma les torches qu'ils avaient emmenés. Il était temps de partir, rester là ne menait à rien de toute manière.
- Par où allons nous commencer ?
Soudainement, un bruit de craquement les alerta en provenance d'un des passages.
- Vous avez entendu ?
- Ça venait de par là !
Et bien allons voir ! Tout ce qui bouge peut nous amener à la sortie. lança la Vicomtesse, qui s'effaça alors en laissant passer l'escorte devant.
En connaissance de cause, elle s'était promis d'éviter au maximum les comportements téméraires ici, il n'y aurait aucun honneur à mourir dans les fins fond d'une nécropole.
- Quand nous serons sortis nous reviendrons nous occuper de la dépouille du pauvre Joshua. dit-elle, pour les rassurer, après tout il n'est jamais simple d'abandonné comme ça un ami, surtout étalé ainsi sur le sol...
Ils pénétrèrent ainsi dans le passage qui partait vers le nord, en direction de la montagne.
Le puits de lumière de l'aven donnait assez de lumière pour entrevoir les premiers mètres du tunnel, mais très rapidement, les torches devenaient indispensables.
Une nuée de chauve souris répondit à leur présence par une envolée soudaine qui leur passa juste au dessus de la tête.
Euserb dégaina son épée, surpris. La nuée partis en direction de l'aven dans un bruit de battements d'ailes.
- Il est là votre bruit ! dit l'un des hommes
La grotte présentait sur tout un côté une succession d'alcôves de différentes tailles. Certains étaient chargés de ce qui ressemblait à des cercueils en bois en très mauvais état alors que dans d'autres n'étaient entreposés que des ossements.
Le couloir était sans fin, avec toujours les mêmes renfoncements et niches bâtis sur un seul côté.
Ils progressaient de plus en plus lentement, désormais uniquement à la lumière de la torche.
- Eh ! Y a quelqu'un ? cria Euserb
- pas de réponse -
Un nouveau bruit, venant de l’obscurité, au fond, se fit entendre. Un bruit sourd comme la chute d'un corps.
La Vicomtesse recula derrière Euserb et les deux escortes.
- Allons voir ! leur dit-elle
Elle arracha un morceau de son vêtement, puis le déposa au sol pour marquer le trajet.
Il est bien possible, pensa t-elle, que ces tunnels ne soient qu'un vaste labyrinthe.
Il arrivèrent finalement dans une pièce plus grande d'où partait une autre sortie. Le mur qui leur faisait face était constitué de crânes empilés les uns sur les autres.
Au centre de la salle trônait un cercueil de pierre gravé d'une roue et de chaines.
Une stèle, qu'inspecta Malicia, décrivait dans un vieux language la mise "sous la montagne" d'un félon "chef de guerre" qui, ayant pris les armes contre son suzerain, avait été sacrifié pour "le Grand Homme Noir" avec toute l'armée qu'il avait levé.
Une gravure plus importante entourée d'une chaîne indiquait :
Frère un jour
Ennemi de toujours
A jamais sous la terre
Enfermé dans la pierre
Toi et ton armée
A jamais oubliés
Subitement, une ombre bougea dans un coin non éclairé pour s’éclipser vers l'autre sortie.
Un des accompagnateurs jeta par réflexe sa torche sur l'ombre.
L'ombre trébucha et tomba lourdement sur le sol.
Dernière modification par HernfeltMayer (2018-10-31 22:32:54)
- Aie, ça brûle ! Aaaah les démons sont venus me dévorer ! cria l’ombre en se roulant par terre pour éteindre son manteau noire à capuchon qui avait commencé à prendre feu.
Voyant qu’il ne s’agissait que d’un homme et non d’un spectre, les deux accompagnateurs se jetèrent sur lui. L’un d’eux ôta sa veste et frappa frénétiquement dessus afin de l'aider à arrêter les flammes. L’autre avait sorti son arme et se tenait prêt à intervenir.
Euserb pointa à son tour son épée vers l'étranger, pendant que Malicia, discrètement, se tenait en retrait sarbacane à la main.
- Allez vous en démons, retournez dans vos tombes ! Sei'ra neir ! dwechim elp ! cria encore l’homme au sol
Les flammes éteintes, on retourna l’individu et on lui ôta son manteau, trop abîmé par le début d'incendie, pour mieux le voir.
Le petit homme trapu portait une longue chevelure brune, presque aussi longue et sale que sa barbe. Son visage, fermé et ridé, était recouvert de ces tatouages tribales qu’on peut trouver dans les peuplades de montagnards vivants reculés ou en Träkbäläard. Nus pieds, il était vêtu de vieilles fourrures très abîmées.
- Calme toi Malandrin ! Quel est ton nom ?! Que fais tu ici ?! Tu nous surveillais ! Réponds où tu vas tâter de ma lame ! l'invectiva Euserb en le menaçant de sa lame
- Pour que vous puissiez me jeter une malédiction ? Jamais démons ! C'est mon devoir en tant que gardien de protéger ces lieux de vos vils intentions ! Vous aurez ma vie mais pas mon âme ni les secrets de ces lieux ! lui répondit le gardien, apparemment insensible à la menace
- Gardien ? S'étonna Euserb
- Bien sûr démon ! Croyez vous sérieusement que vous pouviez entrer dans ces lieux impunément ? Bien que je sois le dernier de ma tribu, il est de ma responsabilité de veiller à ce que le mal qui se tapis ici ne puisse jamais en sortir ! aboya t-il les yeux injectés
- Ecoute vieux fou, je suis le Comte Euserb Mayer, seigneur des Rivins et de tout ce que tu peux voir autour de toi ! le Comte haussa encore la voix Au nom du Grand Homme Noir ! Je t'ordonne de nous montrer par où es tu rentré dans son temple !
Les deux accompagnateurs regardèrent Euserb avec surprise tant le ton et les propos employés par leur seigneur les avaient étonnés.
Voyant que l'individu était maîtrisé, Malicia s'approcha pour intervenir :
- Parle gardien ! Parle ou alors ... je te ferai damner par Seir'a Neir. En tant que rectrice du Temple des Dieux, je peux solliciter n'importe quel Dieux et te faire infliger les pires tourments. Souhaites tu vraiment subir cela ? Peut être même pourrais tu subir le sort des félons ... lui dit-elle avec un calme à glacer le sang
- Aaaah Seir'a neir ! Voilà que les démons veulent me tourmenter à défaut de me maudire ! D'accord, je vais vous montrez la sortie, mais pitié pas de tourments ! lui répondit le vieil homme
Euserb tremblait, la main agrippée au pommeau de son épée. Il avait reculé suite à l'intervention de la vicomtesse. Il n'était visiblement plus dans son état normal.
- Tu es fourbe, vil serpent, je vais t'apprendre les tourments ! hurla t-il en approchant à nouveau du gardien et en lui enfonçant légèrement la pointe de son arme dans le torse. Ce dernier lâcha un cri de douleur.
Un des deux accompagnateurs repoussa le comte violemment :
- Sire ! Il a compris ! Il va nous emmener au dehors !
Euserb resta yeux ébaillis, soufflant d'une respiration lourde.
Une traces de sang apparut sur la fourrure de l’autre.
- Aaah, mais pourquoi ? dit alors le vieil homme en se tenant la poitrine Maudit démons ! J'ai bien dis que j'allais vous accompagner !
On aida alors l'homme à se relever. Ce dernier tremblait désormais de peur en regardant tour à tour chacune des personnes présentes. Il s'attarda sur Euserb et fronça les sourcils.
- Je vais passer devant, suivez moi et vous trouverez la sortie. leur dit-il en commençant à marcher
Les autres le suivirent sans broncher. De toute manière, il n’avaient pas d’autre choix que de le suivre, lui, le vieil Ermite miteux.
Ils remontèrent le couloir jusqu'à l’aven d'où ils venaient. Le corps de Joshua gisait toujours là, dans une mare de sang. Le gardien n’y jeta même pas un regard.
- Maere dod ohyd ir allanfa, Seir'a nir, Maere maent yn fy gorfodi wneud hynny, beth ddylwn i ei wneud ? murmura t-il dans un langage incompréhensible pour ceux qui ne parlait pas le vieil oklamienordien, ce qui était le cas des personnes qui le suivaient. Ces derniers mirent ça sur le compte de sa folie.
Il s’arrêta soudainement :
- Que dis tu ? reprit-il Mae yna drapiau yno ? Maere rhaid iddo farw, bien sûr, il en sera fait selon ta volonté !!
Malicia suivait le groupe, laissant juste un accompagnateur derrière elle. Elle observait le vieux fou et se disait qu'il y avait peut être autre chose que de la folie. Cela ne l'enchantait guère.
Pourvu qu'il nous guide bien à la sortie … bredouilla t-elle
Le groupe traversa un autre long couloir équipé d'alcôves plus ou moins remplies.
Plus long que le premier qu’ils avaient exploré, ce dernier était très différent car beaucoup plus façonné par l’homme. Le plafond cathédrale à même la roche était ici remplacé par un ouvrage maçonné à partir de pierres. Sur les blocs constituants les murs étaient gravés des signes, pictogrammes et autres formes circulaires. Malicia ne pu s'empêcher de s’attarder à en observer quelques-uns, pour une érudit comme elle, cette nécropole s'annonçait comme une mine d’informations incroyable. Les colonnes, soutenant différentes pièces architecturales, présentaient des moulures très travaillées.
À chaque ralentissement, le vieux gardien grognait, il ne voulait pas que l’on s’attarde.
Euserb, lui, observait les plafonds en marchant. Une myriade de chaînes pendaient de tous les côtés.
À quoi pouvaient-elles servir...
Le couloir s'enfonçait de plus en plus dans la montagne. Alors qu’ils descendaient une fois de plus quelques marches, Euserb les arrêta d’un cri. Il avança vers le vieux :
- Vil serpent ! Où nous emmènes tu ? Cela fait bien un millier de coudés qu’on descend et toujours rien ! lui dit-il avec insistance
Dernière modification par HernfeltMayer (2018-11-04 11:29:13)
Le gardien regarda furieusement Euserb puis il détourna les yeux et reprit sa route. Le groupe avança de nouveau à travers le dédale de tunnels.
Malgré son grand age, le gardien gardait un rythme très prononcé qu'il était difficile de suivre. Malicia, toujours sur ces gardes, traînait un peu et restait à l'arrière avec l'un des accompagnateurs.
Alors qu'ils franchissaient une nouvelle fois un passage étroit qui les obligeaient à marcher en file indienne, la Vicomtesse se pris le pied dans un cordon tendu à ras du sol. Elle perçu alors un mouvement dans l'ombre juste derrière elle comme un souffle, une présence, qui glissait sur ses pas, l'obligeant à faire un bond en avant.
L'homme qui la suivait de près, lui, n'eut pas le temps de réagir. Une épaisse pièce de bois s'abattit sur lui dans un épouvantable bruit d'os écrasés mêlé au bref cri que ce dernier avait pu sortir...
- Un piège ! Un piège ! hurla Malicia aussi surprise qu'apeurée.
Elle sentait les éclaboussures de sang du malheureux couler dans son dos alors que la massue continuait inexorablement son mouvement de balancier.
La victime, elle, gisait par terre à côté de sa torche, crachant les derniers sursauts de vie qui lui restait en une flaque de sang noirâtre. S'en était fini de lui.
Euserb emmena la dame à l'écart du corps afin de lui ôter cette horrible vue.
L'accompagnateur restant se saisit alors du gardien et lui hurla en le secouant :
- Le Sire a raison ! Amène nous à la sortie ! Je veux sortir d'ici ! Maintenant !
Non perturbé d'être remué ainsi, le vieux gardien afficha un rictus de satisfaction découvrant les quelques dents jaunâtres qu'il lui restait.
D'un coup d'épaule, il s'échappa de l'emprise et s'enfuit en ricanant. Sans réfléchir, Euserb abandonna Malicia pour poursuivre le fuyard.
Le bougre montra une surprenante aisance à courir dans les couloirs sans aucune lumière. Le Comte eu de grandes difficultés à rester sur ses pas.
Tel un lièvre, le vieux changeait de direction sans cesse, tournant à droite puis à gauche dans le labyrinthe de la nécropole.
- Ah ah, jamais tu ne m'attraperas démon, tu va te perdre dans ce dédale !
Au détour d'un croisement, le gardien disparu dans un petit passage creusé à même la paroi sur la gauche. Le Comte s'arrêta, essoufflé, pour observer le passage puis il y pénétra, torche en avant.
Le boyau s'enfonçait en zigzag dans la roche, obligeant Euserb à marcher à croupis sans possibilité de se retourner. Il s'enfonça ainsi sur trois bonnes centaines de pieds avant de déboucher dans une salle aux proportions dantesques.
Taillée dans la pierre, la pièce laissait les couleurs de la roche paraître dans leur plus bel éclat.
La lumière qui traversait une brèche par où on apercevait le mouvement perpétuel d'une cascade, dansait sur les murs au rythme de l'eau qui coulait dans un brouahaha assourdissant.
Euserb entra et aperçu immédiatement la statue qui lui faisait face, taillée elle aussi dans la pierre, à la mesure d'un géant. De forme humaine, on ne pouvait voir son visage encapuchonné dans une robe de bure.
Une impressionnante étoffe posée sur son dos cachait ce qui ressemblait à des ailes repliées, quelques plumes étaient d'ailleurs apparentes au bas du manteau. Sous d'épais gants, l'imposant personnage tenait une grande épée posée sur son socle.
L'immense statue, semblait planter son épée dans un sceau circulaire possédant des signes cabalistiques inconnus d'Euserb , comme si elle cherchait a le briser.
- ô maître, n'ai je pas fait tout ce que vous m'aviez demandez toutes ces années ? dit le vieillard à genoux au milieu de la salle, la tête baissé
- Pourquoi lui ?! Garde moi ! continua t-il Pourquoi maître, pourquoi ? Je vous ai toujours bien servi, les âmes que je vous ai amenée ne vous ont-elles pas satisfaites ?
Euserb jetta sa torche et avança vers le gardien épée à la main. Il aperçu, juste devant ce dernier, que le piédestal du monument possédait quelques marches éclairées menant à une entrée. Vu la richesse de cette construction, il venait sans aucun doute d'atteindre le cœur de la nécropole.
Le vieux se leva d'un seul coup en se retournant.
- Ah démon ! Tu n'entreras jamais dans la maison de Dantalion ! Le 71ème général de Virdurmar m'a choisi, moi ! Je sais que toi aussi tu entends sa voix mais je ne partagerai pas mon maître avec toi !
Il se jeta alors sur Euserb, le griffant au visage de ses ongles sales. Surpris, l'autre recula et chuta, perdant son épée dans le mouvement.
- Meurt Maere, Meurt !
Le vieux sorti de ses haillons un pieu sale, couleur de sang séché. Il essaya à plusieurs reprises de planter son adversaire sans succès grâce à la côte de maille qu'Euserb portait sous sa chemise.
Ce dernier se remis rapidement de sa surprise puis roua de coups la tête du vieillard fétide qui cracha au passage deux dents qui ne demandaient qu'à tomber depuis quelque années.
Les deux s'aggripèrent alors dans une étreinte mortelle, ils commencèrent à rouler sur eux même s'administrant coups sur coups, puis Euserb finit par avoir le dessus sur le vieux croulant.
Il s'assit alors à califourchon sur lui en lui maintenant les bras.
- Tu as fais ton temps ! lui dit-il d'une voix rauque et caverneuse contrastant avec sa voix légère habituelle.
Le vieux, entendant Euserb parler ainsi, le fixa avec les yeux écarquillés en s'exclamant
- Non maître ! Pourquoi ?! Comment pourrais-je avoir fais mon temps?
- Tue le vieil homme et prends sa place. lui répondit Euserb avec la même voix gutturale.
Il se saisit alors du pieu et se mit à éviscérer l'homme qui hurla de douleur.
Le gardien mort, Euserb dans un état de transe suite à la bataille ramassa son arme. Il se redressa et regarda la statue avec fascination puis il s'avança vers elle.
Il poussa la lourde porte de la crypte nichant à la base de cette dernière.
- Entre et rencontre ton maître ! dit Euserb de son timbre guttural
Il pénétra ensuite dans la crypte avant de refermer la porte derrière lui.
Le silence revint dans la grande salle avec les clapotis de l'eau comme seul bruit de fond.
De la porte de la crypte émanait quelques échos de voix dont celle d'Euserb et celle de sa voix rauque.
... désormais toi et moi ne faisons qu'un accepte ce cadeau Euserb et ton destin, désormais tu ne sera plus Euserb Mayer, mais Tywwyl, le sombre, un nouveau nom pour ta nouvelle destinée...
... oui seigneur des seigneurs...
... le grand homme noir a de grands desseins pour toi, ensemble réjouissons nous du retour de la nuit et du chaos ! Tu feras tel que je te dirais !...
... jusqu'à la mort, maître...
Dernière modification par HernfeltMayer (2018-11-09 16:59:12)
Malicia et l'accompagnateur arrivèrent enfin dans la grande pièce.
Ils furent surpris par la statue monumentale. Cela dépassait l'entendement. Un monument aussi imposant niché au cœur de la montagne ?!
Elle reconnu là, encore une fois, une représentation du dieu totémique de justice Seir'a Neir gardant sous sa coupe le symbole d'un démon dont elle se rappelait malheureusement le pedigree.
Durant les premiers âges, une guerre opposa le perfide Virdurmar aux autres dieux. Ce dernier fit fondre, par vengeance, sur les hommes ce que l'on surnomme : le grand cataclysme. Certaines croyances estiment que ce cataclysme correspond à l'arrivée des 72 généraux de Virdurmar, bien décidés à mettre fin à l'ordre, ce concept si anti-naturel dans cet univers régit par le chaos. Après avoir massacré un nombre incroyable d'hommes, brûlé de nombreuses villes et villages, les démons furent enfin bannis. Dantalion est l'un d'entre eux, le démon au milles visages. Il lit dans le cœur des gens et les manipule à sa guise. Il est l'un des démons qui enseignent les arcanes interdites aux hommes. Il corrompt l'âme des faibles.
Elle analysa finalement la scène représentée et la symbolique forte qui se cachait derrière : Seir'a Neir reposait les deux pieds appuyés sur un tombeau portant la marque de Dantalion. Il semblait regarder avec détermination le passage vers cette crypte, au dessous de lui. Tout était placé ici pour humilier le démon, le surveiller, le briser et s'assurer qu'à jamais il soit enfoui sous terre.
Ils continuèrent d'avancer lorsque Malicia buta sur le vieux gardien qu'elle n'avait pas encore vu, dont le corps baignait dans l'hémoglobine.
Euserb apparu alors, recouvert de sang, marchant lentement vers eux les yeux vides et le teint blafard. Il referma derrière lui la porte de la crypte.
Lorsqu'elle l'aperçu, la Vicomtesse le mit en joue avec sa sarbacane. Elle ressentait quelque chose d'anormal en sa présence. Personne n'aurait du pénétrer ce tombeau. Personne n'aurait du s'exposer ainsi à des forces nous dépassant.
L'accompagnateur s'exclama en voyant Euserb :
- Sire ! Vous voilà enfin ! Vous lui avez réglé son compte à ce maraud ! Nous avons eu du mal à suivre votre piste jusqu'ici ! On a trouvé pleins de mécanismes de piège sur le chemin. Il n'avait pas prévu de nous faire sortir !
Malicia ne pu s'empêcher de garder en joue l'homme qui lui faisait désormais face. Dans un soupire exprimant son désarroi vis à vis de la situation, elle murmura calmement :
- Que c'est-il passé Euserb ? ... Et je ne parle pas du vieil homme... Que c'est-il passé, là dedans ?
L'accompagnateur cria d'un seul coup en apercevant le fond la pièce et la cascade. Il se mit à courir dans sa direction.
- Une sortie, Sire, une sortie !
Euserb d'un geste contrôlé lui trancha partiellement la gorge. Se saisissant le cou à deux mains, l'accompagnateur continua d'avancer quelques pas puis il s'écroula à genou.
Sous le regard impuissant de la Vicomtesse, horrifiée, le pauvre bougre se traîna encore sur quelques pieds avant de s'arrêter, mort.
Malicia compris que son intuition était fondée, qu'Euserb n'était plus vraiment lui. Elle sentait la noirceur de son âme, son regard sombre, son allure fantomatique.
Euserb, immobile, ne la lâchait pas des yeux.
- Euserb...
- Tywwyl, l'interrompit-il calmement
- Qui que tu sois... je suis une Filid Ollam, gardienne du temple des Dieux. Par Botia, Rituath et Virdurmar, tu ne peux lever la main sur moi, tu serais pourchassé par tous les disciples et les dieux anciens, Seir'a Neir m'en est témoin !
Euserb la fixait toujours, sans sourciller.
Il pointa alors un doigt en direction de la statue puis il le posa sur sa propre bouche. Le message ne souffrait d'aucune ambiguïté, le secret devait rester entre elle et lui, à tout jamais.
La Vicomtesse fit un geste de la tête pour acquiescer.
Il lui montra alors la voie de la sortie en pointant son épée de l'autre main, vers la cascade.
- Viens avec moi, Euserb. chuchota elle en passant à côté de lui. Ne reste pas dans la demeure des morts.
Elle pensa à la suite. Elle avait désormais la responsabilité de gérer la situation... le faire assassiner... l'enfermer... elle ne le savait pas encore, mais pas ici, pas dans l'antre du mal, pas dans son royaume.
Le feu crépitait dans la cheminée.
Dos à la pièce, Euserb restait planté devant l'âtre, regardant les flammes danser, sans un mot, sans aucune expression sur le visage.
La Vicomtesse Malica entra dans le salon richement décoré.
Elle resta un moment à l'observer, pensive.
Lui comme elle avaient abandonné leurs vêtements crasseux pour des tenues plus dignes de leurs titres respectifs.
Celà faisait déjà deux jours qu'ils avaient quitté la nécropole. Récupérés par les gardes Okordiens restés sur le chemin, ils furent ramenés au palais des Rivins, sain et sauf... ou presque.
Malicia fut rapidement suivi par un jeune homme très élégant.
- Mes hommages, Vicomtesse, permettez moi de m'excuser pour l'attente. Je suis Hector Mayer, le frère d'Euserb, je représente mon père, le Comte Roddrick Mayer Légat d'Estybril, partit en voyage diplomatique.
- Bonjour Comte.
Malicia n'entra pas dans le jeu des courbettes de l'étiquette, son esprit était encore marqué par les événements.
Ils regardèrent ensemble Euserb qui, lui, ne bougeait toujours pas.
- Vous savez qui je suis ? Le sujet de ma présence ? Demanda Malicia
- Oui, Vicomtesse. Ce que je ne sais pas c'est ce qui s'est passé là-bas, ni ce qui a été fait à mon frère.
- Ne cherchez pas à le savoir, ce qui ce passe sous terre doit rester sous terre.. Et ce n'est pas la Vicomtesse de l'Empire d'Okord qui vous le conseille, c'est l'amie d'Euserb et la gardienne du temple des Dieux Anciens.
- Madame, non pas que je sois très proche de lui. Mais il ne parle presque plus et reste des heures le regard dans le vide sans bouger. Mon père rentrera un jour et me posera des questions.
Malicia réfléchit un instant puis elle répondit :
- Vous lui direz la vérité. Votre frère Euserb à décidé d'embrasser une nouvelle vie, il sera pris en charge par les druides au temple des Dieux.
- Bien. Dit-il sans grande conviction
Voyant le Comte peu convaincu, elle renchérit :
- Si je suis bien renseignée, votre père est de naissance roturière.
- Continuez, dit-il intrigué
- Avoir un fils de la caste sacerdotale des druides n'est pas négligeable pour gagner en reconnaissance.
Hector s'appuya à une fenêtre en soupirant, il continua :
- Si je comprends bien, vous l'emmenez et vous vous chargez de lui ? Quelle est la contrepartie ?
Malicia fronça les sourcils et d'une voix grave lui dit :
- Vous devez faire en sorte que personne n'entre dans la grotte. Vous devez reconstruire le bâtiment au dessus de l'aven tel qu'il devait l'être auparavant, bloquant le passage, avant d’être abandonné à l'état de ruine. Vous ne devez jamais rentrer dans ce lieu. Je pense même que cette nécropole a été oublié intentionnellement et doit l'être de nouveau.
- Il sera fait selon votre volonté, Vicomtesse.
- Bien, Comte. Envoyez moi votre frère dès que possible. Au revoir.
Elle se dirigea vers la sortie.
Hector interpella son frère :
- Euserb, la Vicomtesse nous quitte... Euserb ?!
Ce dernier resta figé face au feu, aucune réaction.
- Tywwyl !? dit alors Malicia
Euserb tourna la tête et fit un geste pour la saluer.
Surpris, Hector ouvrit grand les yeux sans comprendre.
- D'accord Vicomtesse, il vous rejoindra très vite...
—
Malicia quitta la demeure des Mayer en début de soirée. Elle monta dans son carrosse pour quitter ce cauchemar. Elle ne put s'empêcher au passage de regarder derrière elle, aux fenêtres du palais.
Tywwyl était là, dans la pénombre du salon, à la regarder partir.
Alors elle fit signe aux gardes de l'amener. Qu'il vienne avec elle sans plus attendre, de toute façon sa place n'était plus ici. Il serait bien mieux en étant entouré des druides du Temple sacré.
Et les terres d'Estybril et Okord ne s'en porteraient que bien mieux également ...
Ainsi disparu Tywwyl le sombre, au milieu des druides des Dieux anciens.
Un grand merci à Malicia, dans le rôle de la Vicomtesse du même nom, et à Grand jarl, dans le rôle du vieux gardien moisi, pour ce RP écrit à 6 mains.
PS : l'Office du tourisme des Rivins vous propose une multitude d'activités autour du site de la nécropole, accrobranche, escape game, sacrifices, visites, canioning, eviceration, etc... N'hesitez pas à les contacter.
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