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Ô toi, ma défunte mère, je m'adresse à toi dans cet écrit, toi qui ne m'a jamais dit quelle était ma terre, toi qui ne m'a jamais dit quel était mon sang.
Cela fait plusieurs années que j'ai entamé la recherche de mes parents. Non sans difficulté, j'ai découvert, dans les quelques biens que tu m'as offert avant de partir, les correspondances que tu entretinsses avec mon père.
Je ne puis dire pourquoi, mais le Destin m'a donné l'occasion de devenir le vassal du Duc Brezekiel. Grâce à lui, j'en appris plus sur mon passé. Mon père ne serait pas mort au combat comme tu me l'as dit il y a fort longtemps, mais il se serait enfui du jour au lendemain, ne laissant aucun indice de son départ.
Je prie chaque jour les Dieux afin d'en apprendre plus sur cette lignée qu'est mienne, mais je ne renierai jamais ce pourquoi je suis devenu Seigneur. Je n'ai jamais hérité d'une quelconque fortune, jamais hérité d'une quelconque terre, mes actions en temps de guerre ont juste été récompensées, et c'est pour cela que le nom que j'utilise restera le nom de mon village natal, Hohenzollern.
Des ruines. Il ne restait plus rien de ce lieu. Qu'était-il autrefois ? Beaucoup devaient le savoir, mais pas lui. Il s'aventura dans les vestiges de ce qui fut il y a bien longtemps un grand donjon. Dans ces ruines, il ne cherchait nulle fortune.
- Merde... Ce lieu est vraiment hors d'état... Vous cinq, gardez l'entrée, et les deux autres, avec moi.
On est jamais trop prudent, c'est ce qu'il devait penser. Presque une ère entière s'est passée depuis que ce lieu a été abandonné, mais il suffirait qu'une seule âme perdue se soit logée dans ces décombres, et cela pourrait réduire ses recherches à néant.
Retournant les gravas, relevant des meubles à moitié brûlés, il tomba enfin sur ce qu'il cherchait.
- C'est bon, prenez-en au maximum.
Les soldats se regardaient, la stupéfaction se lisait sur leurs visages. Pourquoi vouloir prendre des livres ? Et surtout, par quel miracle des Dieux les livres n'avaient pas brûlés alors que ce fut le cas pour les étagères et autres meubles en bois ?
- Dépêchez-vous ! Vous pensez que nous sommes venus ici pour rêvasser ?! Je ne vous demande pas de réfléchir, mais d'obéir, alors ramassez-moi ces vielleries, où je vous fais exécuter !
Une fois le maximum de livres récupérés, bien qu'ils n'étaient pas tous en très bon état, ils repartirent pour près de 3 jours de routes, si ce n'est plus.
***
[Lettre de Wilbert à Brezekiel]
Mon cher Suzerain,
Je vous remercie de m'avoir indiqué l'emplacement de cette éventuelle ruine. J'ai parcouru terres et mers afin d'y parvenir, mais le résultat en vaut la peine.
Je vous l'ai déjà dit, je me suis toujours interrogé sur ma lignée, mes origines, mon ascendance. Ces recueils que j'ai trouvé m'ont aidé à récolter quelques bribes du passé. Je connais désormais mes racines géographiques, et surtout des noms. Et ces noms, j'ai pu en avoir quelques échos.
Je ne vous remercierais jamais assez pour cette aide que vous m'apportez.
Amicalement,
Wilbert de Hohenzollern.
Baron,
Vous ne me connaissez pas, et je ne connais que votre nom, mais je suis votre alliée.
Je ne puis dire en détail ce qui me pousse à vous écrire aujourd'hui. J'espère être entrée en contact avec vous avant lui en tout cas.
Je vous prie de me faire confiance, et de me rejoindre dans les ruines que vous avez fouillé il y a quelques temps. Je sais que c'est à des centaines de lieus de votre fief, mais il est impératif que je vous parle dans les plus brefs délais.
Croyez-moi sur parole, je suis votre amie.
Sincèrement,
E.
- E... Il n'y avait pourtant aucun prénom en E dans les livres que j'ai lu. Qui est-elle...
Wilbert était pensif. Tout d'abord, qui était cette inconnue, puis, comment a-t-elle su que Wilbert avait fouillé ces ruines il y a peu de temps ? Ce n'était même pas le plus important, il songeait surtout à l'identité du "lui". De qui parlait-elle par ce "lui" ?
A peine la nuit fût-elle passée que Wilbert prit la route en direction de ces ruines. Toute son armée l'accompagna pour ce voyage, il ne sait pas à qui il aura affaire après tout.
Wilbert et son armée avait établi un campement temporaire aux abords des ruines. Enfin, un campement temporaire assez luxueux pour que Wilbert ait sa propre tente gardée par au moins 10 fantassins à l'affût du moindre mouvement. Après tout, cela faisait déjà 2 jours qu'ils attendaient l'inconnue en E, comme désignée par Wilbert.
Ce jour-là, il n'a pas attendu l'aube pour qu'une silhouette féminine fasse son apparition au campement. Couverte d'un long et sombre drapé, elle chuchota aux gardes un simple "n'ayez crainte", et ils la laissèrent passer.
- Qui êtes-vous ?! Pourquoi les gardes vous ont-ils laissé entrer ?!
- Je suis celle que vous attendiez Wilbert. Elle souleva la capuche qui couvrait son visage pour laisser apparaître un visage doux, beau, mais ferme, le visage d'une belle guerrière.
- Comment puis-je en être sûr ? Dites-moi quelque chose que seul vous et moi pouvons savoir !
- Il n'y a rien que je puisse vous dire à ce sujet, car vous ne savez pas ce que moi je sais. J'ai connu, du moins j'ai pu croiser quelques fois, votre père. Je connais vos plus proches parents. Mais je ne puis vous en parler plus ici. Je vous laisse cette missive que je préférais vous remettre en main propre, il y a des noms, je sais que vous en cherchez. Le premier nom de la liste ne devrait rien vous dire, mais surtout, ne l'aidez pas, jamais, sous aucun prétexte. Si jamais il entre en contact avec vous, venez ici, déposez une missive dans les gravas des ruines, près de l'entrée, mais surtout ne lui répondez pas.
La mystérieuse inconnue l'abandonna donc, sans poser de questions, et Wilbert, troublé, ne la rattrapa même pas pour lui poser quelques questions.
L'Armée de Wilbert reprit donc la route pour Steinburg.
Des jours plus tard, après être rentré, Wilbert lisait frénétiquement les noms de cette liste, tenta de trouver des références à ces noms dans les ouvrages qu'il avait récupéré dans les ruines. La plupart y figuraient, sauf ce nom. Le premier nom de cette liste. Comme un fantôme, un homme qui tente d'effacer toute trace de son passé, certainement pour éviter d'être retrouvé. Tout était confus dans l'esprit de Wilbert, mais une chose est sûre, pour qu'un homme essaye de couvrir ses traces afin de ne pas être retrouvé, ses desseins ne doivent certainement pas être objectivement bon.
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