Vous n'êtes pas identifié(e).
Pages : 1
C'était un soir d'été de l'an VI de l'ère 18, à la Citadelle de Praven.
Houbi était assis sur un fauteuil d'une salle sombre, éclairée par une torche, qui a du mal à trouver sa place sur les murs, chargés de papiers. Depuis cette salle, aménagée pour les besoins de la guerre, il recevait et commandait les ordres et les rapports d'espionnage. Ces derniers recouvraient les murs, la table lorsqu'ils étaient particulièrement intéressants, et le sol quand ils étaient périmés. C'était un cycle, en quelque sorte, et le sol était chargé.
Houbi fronçait les sourcils, en regardant et relisant un rapport en particulier, sur la table. La mention "Présent" le hantait, placée à coté du nom d'un Marquis ennemi. La carte posée à coté recevait aussi son lot d'attention.
La stratégie était claire dans son esprit, mais l'inconnu restait grand. Et si des mouvements de troupes venaient à falsifier le rapport ? Et si le plan n'était pas si "bien pensé" ? Et si un casus belli venait à être reçu par la mauvaise personne ?
Le fief en question avait des remparts. Des fortifications. C'était un mur de lui-même, à se demander comment certains vivaient dedans, tellement le rapport était élogieux à leur propos. Mais ce n'était pas un pillage qui trottait dans la tête du chef de guerre.
Et depuis sa pièce de la Citadelle de Praven, il ordonna une embuscade nocturne.
---
Alors, depuis un fief éloigné sur le continent principal, trois cent cavaliers sautèrent sur leurs montures et partirent pour la gigantesque forteresse, suivis de quelques transporteurs, pour les vivres.
---
Il n'y eut pas une seule missive qui partit de la tour cette nuit-là, mais des dizaines. Non plus des ordres d'embuscade, ni de pillage. Elles étaient dirigées aux seigneurs d'Arald, dont il requérait l'aide.
Le Comte Thibaut ne perdit pas une minute à répondre à l'appel du jeune seigneur des Marécages, et un fantassin quitta en pleine nuit une forteresse quelconque, avec pour destination le fief ciblé, ne sachant pas ce qu'il ferait une fois arrivé. Sûrement tenter d'esquiver quelques flèches, avant d'y finir sa vie.
Mais c'est le départ de ce fantassin qui signa alors le début du mécanisme.
---
Dans l'esprit du chef de guerre de Praven, tout était parfaitement huilé, malgré la part de doute. Le fantassin serait vu par une forteresse du chef de la faction ennemie, engagée dans la guerre, et le titulaire de la fameuse forteresse sur-fortifiée en serait notifié au plus vite. Parce que c'est les bannières du Comte Thibaut qui flottent au-dessus du pauvre bougre suicidaire, c'est tout à fait crédible d'envisager un pillage: le Comte en a les moyens, plus qu'Houbi en tous cas. De plus, la lenteur du fantassin peut tout à fait mimer celle de machines de siège: parfait pour menacer réellement la forteresse.
Ainsi, cette menace arrivant lentement vers la place forte, le seigneur des lieux aurait vite fait de prendre la poudre d'escampette. Droit dans l'embuscade, qui elle, était partie d'un fief excentré et était arrivée sur les lieux dans la nuit noire, invisible donc, depuis belle lurette.
Tout était si parfait dans l'esprit du jeune stratège. Encore mieux: tout arriva comme prévu.
---
Le Marquis ennemi fut surpris à la sortie de sa forteresse, accompagné par cinq archers. Ces derniers eurent juste le temps de décocher quelques flèches à un cheval de la horde, qu'ils finirent chacun empalé sur une lance. Le Marquis fut escorté jusqu'à un fief de l'autre coté du canal, où il attendit patiemment que la rançon soit livrée, et fut libéré quelques jours plus tard.
Arald célébra comme il se doit la capture, une partie de la rançon alla alors au Comte Thibaut pour son aide, ainsi qu'aux familles respectives du fantassin et du cavalier morts dans l'opération, qui furent glorifiés.
Dernière modification par Houbi (2018-06-15 01:59:09)
Pages : 1