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#1 2016-08-18 20:18:16

Sanglant Von Festung

Cycle Fanatique

HRP : Ces post ne font qu'exhiber mon personnage pour le faire avancer vers la Géhenne, dans laquelle je continuerai la narration RP

1ère publication :

Les armées de la maison Von Festung font leur baptême du feu durant la guerre des Violets, en prenant un Fort du Gundor. An 7 de l'ère 16

La marche du Fort vers la porte des ténèbres

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Elle était magnifique.

Mais en plus d’être une créature d’Yggnir, c’était une servante de Sassinaï. Il n’avait pas le droit d’y goûter. Gerhard « Sanglant » Von Festung inhala une pleine bouffée des vapeurs rouges qu’émanait le feu d’herbe-douce, puis il posa une nouvelle fois son regard sur le visage de la prêtresse de Sassinaï. La jeune femme était nue, penchée cuisses contre lui, qui était allongé, et tenait le crâne rasé de l’ancien huskarl entre ses mains douces et roses. Ses longues tresses couleur platine tombaient sur les lèvres de Von Festung et c’est d’elles qu’émanait un parfum délicieux. Uniquement couverte d’onguents et de sang, la peau de la jeune femme luisait quand elle était caressée par la lumière des flammes rouges.

Elle lui fit boire un bol de sang et d’épices « qui ouvrent l’âme », des plantes valésiannes appelées Canne à Bisse. Aussitôt qu’il ingéra la décoction, il fut projeté dans un douloureux sursaut à travers la pièce enfumée et traversa le plafond à toute vitesse, ensuite il continua sa course délirante dans le ciel noir où il nageait dans la gélatine sanglante des nuages. Là, deux immenses torches de magma s’allumèrent dans l’obscurité de la nuit, et dans chacune des bulles de sang qui en pétillait, on pouvait distinguer des milliers de cadavres et de crânes broyés qui éclataient ; c’étaient les yeux de Sassinaï qui perçaient l’obscurité.  Le souffle vermeil venant des deux yeux s’insinua dans sa tête, et Gerhard hurla de toutes ses forces quand il entendit tonner en lui :
-    OUVRE…MOI…LA PORTE !
Il se réveilla couvert de sueur face à la prêtresse. Ils n’avaient évidement durant l’hallucination, ni lui ni la fille, jamais bougé de la pièce, ce qui représentait plusieurs heures de songes cauchemardesques.
-    Nous avons enfin réussi maître, déclara la prêtresse, votre effort spirituel fut si grand que votre esprit s’est enfin arraché à la prison de chaire qu’est votre corps.
-    J’ai vu…, bredouilla Gerhard ahuri, J’ai vu des choses…
-    Que vous a-t-elle dit ? La Divinité du Sang a-t-elle parlé ?
Appréciant les formes de la servante du Sang d’un regard soudainement apaisé, apaisé par la compréhension de simples mots impliquant beaucoup, et par un éclair de lucidité, il répondit doucement :
-    « Ouvre-moi la porte ! »

Il alla au Sanctuaire Des Forts avec ses veines, traversant tout Okord, et dévora le cœur du Fort avec avidité, se fortifia du sang de Sassinaï en assimilant une force nouvelle, en compagnie de la petite Gabrielle Spleen, d’Andior et de Luscan, valeureux Forts qui avaient survécu au massacre rituel.

L’occasion de grimper parmi les Forts, il l’eut enfin, lorsque le pire félon du Royaume se mit à découvert, le Merkor, 2ème phase du printemps de l’An 8 de l’ère 16. Von Festung envoya ses Veines, des cavaleries sanglantes armées d’os humains peints en rouge sur Zeon, un fief du Félon Dexia, un hérétique gangréné par la honte. Accomplissant les obscurs desseins de ses maîtres –et par cette occasion les malveillantes intentions de ces derniers- il captura le félon et le jeta dans des cachots puants dans une bataille sommaire où sa cavalerie écrasa par surprise la sienne et attira l’attention des seigneurs voisins.

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Sanglant et son suzerain, le marquis Mazër De Karan, reçurent des émissaires du Vicomte Galdor, des hommes bien habillés, de dentelles blanches et fines et de chausses roses. Face à eux, la peau d’ours lestée  de vertèbres de Von Festung créait un étrange contraste. Les négociations se passèrent de la façon suivante : Galdor, protecteur de Dexia et menaçant d’une offensive les fiefs du Sanglant, exigea avec insistance des dédommagements de 200 000 pièces d’or, ce à quoi De Karan, habillé d’or et de satin, répondit fermement qu’il en donnerait …400 000 ! Sanglant s’étouffa avec sa cervoise au moment où il entendit cela ! Mazër était-il fou ? Il avait pourtant l’air si confiant, d’une froideur et d’une patience effrayante… Les Karans avaient toujours été des hommes inquiétants, couverts d’or, qui échappaient à cette loi sociale, moteur du monde : l’or est un moyen d’échange car il est rare.

Ce prétexte permit enfin au triomphant Von Festung d’intégrer la caste des forts, car après avoir capturé Dexia, Sanglant avait réuni les circonstances favorisant la conversion du Félon guérit de sa honte, et de son suzerain Galdor au culte d’Yggnir. Il se délectait allègrement des soutiens de l’autorité religieuse, quand Aäkran Peau-de-Serpent déclarait au sanctuaire : « Le Frère Sanglant a agi noblement. Dexia était un félon impie, la pire espèce pour nous les Forts. Désormais il n’est plus que Félon, car Sanglant le Fort lui a ouvert la voie. Nous trinquerons ce soir en buvant le sang de ses guerriers morts noblement ! » Peut-être deviendrait-il le prochain Tokva Sanctifié ?

La première étape de son plan était achevée, et bientôt le courroux d’Azureï pourrait s’abattre sur les infidèles. Peu après sa libération négociée, le félon Dexia mourut de façon bien étrange.

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-10-30 09:40:53)

#2 2016-08-18 20:21:32

Sanglant Von Festung

Re : Cycle Fanatique

Et Sanglant Von Festung se prélassait sur ses lauriers. Il écrasa une énième révolte d’esclaves qui grondait sur ses terres, ne perdant qu’une garnison de lanciers, et rassura ses marchands : leurs investissements dans sa Baronnie Karanienne étaient en sécurité. Le commerce pouvait continuer.

Pour se réapprovisionner, il pilla des campements barbares venus de Deomul.
-    Ces sauvages n’ont pas à s’installer en Okord. Ils feront de bons esclaves, et puis profitons un peu de la baisse de la taxe sur la peau, nos affaires doivent se fructifier.
Les entités militaires et commerciales fusionnaient en une hypocrite et écœurante institution de traite humaine. Tout le monde y trouvait son compte, des bourgeois propriétaires de mines des falaises abruptes de Grünerhering, à la petite noblesse esclavagiste terrée derrière les remparts sales de Riese Und Eisen.  Mais c’était là la culture Kül qui s’exprimait. Les mœurs ne changeraient pas de son vivant.

Et puis, il y avait eu ce Baron, là. Sorry, tel était son nom. Il était un peu trop courageux, pas assez faible. Gerhard « Sanglant » Von Festung l’avait bien provoqué par jeu, et seulement par jeu, en écorchant son nom ;  « Sorry, son nom l’excuse. Oups, sorry d’avoir fait cette blague ». Un conflit absurde se profilait, source encore une fois de puissance et de sang…
Comment aurait-on pu prévoir qu’un petit baron puisse être aussi rancunier pour un simple jeu de mot ? Après qu’une expédition de Sorry ait rasé et pillé sans prévenir le domaine de Riese Und Eisen, Sanglant répliqua en capturant son adversaire, rasant et pillant à son tour l’un de ses fiefs, le Dorma, 14ème phase de l’été de l’an VIII de l’aire 16. D’autres embuscades tendues sur ses terres permirent de décimer une partie de son armée.

-    Vous vouliez savoir de quel bois je me chauffe ?, lui demanda-t-il.
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Des batailles sans gloire, où l’on tombait comme un torrent sur l’ennemi surpris, où des ailes de régiment désorganisées étaient chirurgicalement découpées par des guerriers rouges, et où le reste des hommes fuyaient en éructant des hurlements de peur… Le prisonnier Sorry fut très bien traité, on ne le jeta pas aux geôles et après avoir mangé comme un pacha des mets fins, il dormit dans de confortables appartements. Après quoi il fut libéré sans rançon, et rentra chez lui avec de beaux habits et un goût amer de défaite. Sorry refusa avec humilité les dédommagements, Gerhard y vit une marque de force.

Complimenté comme un valeureux guerrier, Sanglant se fortifia encore de l’essence des vaincus. Bien-sûr, il n’arrivait pas à la cheville des autres seigneurs d’Okord de sa trempe. Il n’était toujours pas assez fort.
-    Mais c’est pas mal pour un ancien huskarl sans arbre généalogique noble, répétait-il souvent.

Il était de plus en plus fort, chaque bataille le rapprochait de la Porte. Depuis son adoubement, sa propriété et son influence croissaient sans s’arrêter. Passé Vicomte, il fréquenta ses prêtresses de plus en plus régulièrement. Elles s’allongeaient sur lui, rentrait dans son esprit, et c’est ensembles qu’ils découvraient les volontés secrètes des Sept Compagnons. Elles attirèrent son attention sur le Grand Jarl Herbert de Vaucanson, un obscur personnage qui l’intrigua profondément.
-    Intéressant ce Grand Jarl, vraiment, très intéressant…


/Hrp
voilà l'histoire est influencée par le point de vue du personnage, en réalité dans tous les conflits présentés, il n'y avait pas de camp plus glorieux, légitime ou crédible que l'autre.

Événements suivants dans la chronologie :

- Rhaegar de Valyria prend le contrôle de la secte d'Azureï : la toute jeune maison de Valyria prend son envol avec l'appui de cette dernière. An 8 de l'ère 16

- Gerhard Von Festung et Herbert de Vaucansson manigancent leur prise de puissance à partir d'incantations mystérieuses : ils veulent ouvrir la Géhenne. Intrigue de fond se déroulant sur une longue période : An 8 de l'ère 16 - An 2 de l'ère 17

- Il reçoit finalement la tête du baron Sorry, à son retour de l'humiliante défaite de Karst contre la confrérie de la Plume. An 9 de l'ère 16

- Mazër de Karan, suzerain de la maison Von Festung et Comte du Pays de Karan, meurt après le sac de Karst d'un tir d'arbalète dans des circonstances mystérieuses. An 9 de l'ère 16

- L'enquête lancée par le seigneur Zyakan du Cygne avec l'aval du Roi, sur la question Karanienne, voit Herbert de Vaucansson et Gerhard Von Festung étouffer les informations. An 9 de l'ère 16

- En compagnie de la jeune Aedeline, Gerhard participe à une chasse durant le pèlerinage sur le tombeau de Gweddnidrup. An 12 de l'ère 16

- Gerhard Von Festung participe au sac et à la destruction du Katadra sacré Podeswite niché au cœur de la forteresse Troglodyte de Senneville. 1ère année de l'ère 17

- Disparition de Gerhard au terme de la quête de la Géhenne.

***

- Efisc le Sanguineux, nouveau gérant de la maison Von Festung, négocie la libération de l'allié Sarksa Nek'sen. 2ème année de l'ère 17

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-11-12 14:46:25)

#3 2017-03-04 00:44:57

Efisc Le Sanguineux

Re : Cycle Fanatique

[Continuation du RP personnel pour ne pas multiplier les Topics]

Le Testament

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Un parchemin est posé sur le bureau.

- C’est quoi cette merde ?

La question n’attendait pas vraiment de réponse. Ou plutôt si, elle en attendait une avec une concision urgente. Enfin, c’était plutôt une antiphrase, sorte de constatation ironique.

En fait le second était occupé à calculer l’étendue du désastre, se préoccupant avec une concentration si poignante qu’il suait du front, et on l’aurait volontiers pris en pitié s’il n’avait pas été un ignoble bâtard. Cueilli dans les bras tremblants de sa mourante de mère après qu’elle eut été violée par les premiers Samariens venus coloniser Kül, aux seins ouverts et à la trachée fendue, après qu’on ait gardé cet orphelin dont on avait incendié le village, on en fit, à l’égale des Veines, un cavalier redoutable. Donc le voilà. Dans l’éclatante cascade de lumière qui jaillissait par les vitraux du donjon de château Wolke. Devant Efisc, son seigneur. Et là, il a un gros problème.

- Je répète, crache Efisc dans une barbe taillée à la hache, c’est quoi cette merde ?

- C’est. Le second vomit littéralement le reste de sa phrase.
Le testament de Gerhard Von Festung.


Silence.

Il baisse les yeux.

- Qui l’a trouvé ?, demande alors Efisc calmement.

- Un comptable des Familles de Grünerhering qui fait aussi notaire. Il rassemblait à Festunberg des papiers sur l’enquête de Karan, des paperasses, rien d’intéressant. Et puis…
C’est comme une enclume qui tombe sur le dos d’Efisc quand le second lui révèle la réalité du cauchemar.
Et puis il est tombé sur ça.

- Il y a des copies ?, s’empresse Efisc, soudainement réveillé par cette claque.

- Evidement qu’il y a des copies, maître. Je les ai toutes rassemblées dans votre coffre personnel.
On a tué le notaire, et tout porte à croire que personne d’autre n’était au courant. Néanmoins, il est possible qu’il y en ait partout ailleurs. Puis il cessa de parler, lisant un mélange glaçant d’angoisse et de haine dans le regard d’Efisc. Il ne reprit qu’après avoir tellement jaugé la situation qu’il était sûr de ne pas mettre sa vie en danger. Il en a certainement laissé à la tribune du Royaume. Il avait là un coffre assez fameux pour son inviolabilité. Pour vous dire, des espions de feu le GrandJarl auraient échoué à l’ouvrir, mais ce ne sont que des rumeurs.

- Je vais immédiatement à la tribune du royaume. Reste ici et tache de ne pas répandre le secret.

Efisc s’en alla donc à cheval, avec quelques gardes Veines. Cet aiguillon de chevaux Karaniens perçant les plaines boisées, traversant les bourgades sous la pluie, traversant la Torva, finit par arriver au bout de 5 jours à la Tribune. Une fois à destination, Efisc fut obligé, comme le veut la règle, de se désarmer avant d’entrer, ses hommes attendaient dehors dans la boue. Ce qui contrastait avec son visage fatigué et sa barbe de cavalier, c’était les beaux vêtements de noble que la tradition lui fit enfiler pour être présentable. Il traversa les couloirs de pierre dont il prenait l’habitude, levant parfois la tête vers les voûtes de grès desquelles se déroulait la peinture sèche, signe d’une structure vieillissante. Il arriva enfin dans le vieil entrepôt pour les invités.

Une fois face au célèbre coffre, il dégaina une clef. Le coffre la recracha.

- Ouvre-toi saloperie de nom des couilles d’Yggnir !, s’exclama Efisc. Puis il tendit l’oreille.

Il entendit des pas, là où il n’aurait pas dû en entendre. Aussitôt, il sauta discrètement dans les rideaux décrépis qui tombaient du plafond, n’ayant aucune arme pour se défendre. Il vit par l’un des trous du rideau, deux silhouettes à capuchon s’avancer devant le coffre : ce qui le confirmait dans la conviction terrifiante que d’autres étaient au courant. Se penchant sur l’objet de toutes les convoitises, ils laissèrent une grosse clef d’or en forme de langue pulpeuse dessus.

- Laissons la clef ici pour les autres, on revient avec le sac,murmura l'une des silhouettes.

Puis les silhouettes partirent. Efisc bondit hors des rideaux sur la clef. Il se précipita pour ouvrir le coffre. Il inséra la langue d’or dans ce que, il venait de s’en apercevoir, semblait être un sexe féminin en cuivre.

- Quel vicieux ce vieux fou de Gerhard.

Le coffre s’ouvrit dans un claquement rappelant un cri de plaisir. Un nuage de poussière souleva chez Efisc une quinte de toux terrible, qui résonna si fort qu’il crut être repéré.

Le fond du coffre était tapissé de parchemins tressés en tiges de toutes sortes, d’un papier fragile et jaunis. Il trouva un exemplaire original de la Charte des Barons des Treize Cités, texte établi après le passage des strolatz de Zyakan et la prise de Mezar par Zadams, un étendard d’Yggnir décrépit et quelques notes de rhétorique. Et là il le vit : la cause de son voyage, le testament de Gerhard Von Festung. Pourquoi vouloir le garder secret, le détruire ? Parce qu’en réalité, Efisc a été élu par les officiers du vicomté, et non pas choisi par Gerhard, la légende du conte des frères ennemis, qui à l’égal de la légende de Karan l’infâme, se traîne parmi la populace.

Undyne de Poissonville a écrit :

Alors que l'armée de Sanglant, ayant battu la campagne toute la nuit, entra dans la cité après avoir eu finalement plusieurs heures de retard à cause d'un étrange séisme, il ne restait plus que des corps calcinés et de la cendre qui tombait telle de la neige. Tout ce qui avait un jour vécu dans un rayon de plusieurs kilomètres était désormais transformé et une sorte d'argile puante et noirâtre ; tout avait succombé à un incendie gigantesque, et partout l'on devinait des sortes de roches fumantes en forme de tuyaux sanguins qui durcissaient.
Se questionnant sur ce qui a pu bien se produire, ils prêtèrent oreille et attention à la rumeur qui agitait toute la population avoisinante : la montagne de la Pointe de Sel aurait craché des cendres et du fer de forgeron, ainsi qu'une quantité formidable de souffre. Ce que la populace ne savait pas, c'est que tout s'expliquait parce que l'un des volcans de la Torva serait entré en éruption, ce qui semblait se vérifier sur place, parmi les corps fondus, parfois avec la pierre.
Impossible de trouver Herbert ou Sanglant, ou même de reconnaître quiconque d'ailleurs (/hrp: permet d'expliquer d'un point de vue réaliste ce qu'il s'est passé pour ceux qui sont antimagie, en lien avec les changements topographiques de Gweddnidrup).

Or, la décision du vicomte prédécesseur passe avant toute autre initiative.
Le problème c’est donc l’illégitimité de la gouvernance de Efisc. La seule solution pour garder le pouvoir est évidente.

***

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- Vous aviez des soucis avec un voisin ?, demanda la comtesse Setsuko Usagi, qui caressait un lapin, sorte d'animal immonde que detestait Efisc.

- On peut dire ça…répondit la baronne Manon


Une ombre paraît à la tribune Royale : c’est Efisc. Il semble pressé. Il jette un regard plein de suspicion à Manon et à Setsuko Usagi, puis il disparaît avec une pile de papiers sous le bras en ignorant tout le monde, visiblement très pressé. Derrière sa fuite tombent d’autres parchemins

- Bonsoir tout le monde ! clame Elverid. Le sourire éclatant de la matriarche du clan du Hibou entrant dans la pièce par la grande porte ne rassure pas Efisc, qui manque de la bousculer.

- Messire Efisc, vous avez perdu quelque chose…

Il voit dans le cloître que forment les couloirs, une multitude de capuchons discrets se rassembler. Merde, il faut fuir là, clairement. Il passe complètement au-dessus d’Elverid, courant presque dans sa robe.

- Maudite chouette.Marmonne-t-il dans sa barbe

- Messire Efisc, l'emblème de mon clan est un hibou.soupira Elverid Et achetez-vous un cartable, ça vous évitera de semer vos parchemins partout.


Il déboula en courant de l’édifice en pierre taillée, puis il se prit les pieds dans la robe tandis qu’on lui proposait ses armes, et finit le menton dans la boue. Il hurla à ses gardes : tandis qu’il peinait avec ses papiers les capuchons l’encerclaient. Soudain ses cavaliers éclatèrent le regroupement à coups de sabots, et Efisc fut tiré hors de la boue par les bras puissants des Veiniers.
C’est au grand galop que lui et ses hommes jaillirent hors du domaine de la tribune.

- J’ai pu garder le testament de Von Festung, mais j’ai malheureusement laissé dans la boue tous ses autres secrets.

Il observa les trous aigus qui lacéraient sa robe. Des coups de couteaux avaient dû être tirés, mais par chance ils ne l’avaient pas blessé.

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-10-29 22:15:57)

#4 2017-04-02 10:14:26

Hans Von Festung

Re : Cycle Fanatique

La fin d'une Ère

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<- Podeswa est lumière.

Son amour pour nous n’a d’égal que son infinie sagesse. La contemplation de son œuvre et de la perfection qu’elle renferme n’est pas accessible à tous. Certains voient dans ce monde l’injustice, la haine, la corruption et l’hérésie. Ces personnes ne comprennent pas que ces forces mauvaises sont la deuxième face d’une même médaille ; celle de l’harmonie entre le bien et le mal.
Au-delà de cette harmonie, le dieu unique créateur de toute chose et concepteur de la perfection nous a aussi offert l’harmonie d’un monde qui serait pur sans les hommes pour le souiller. Nous nous devons donc, en créatures humbles, de ne faire que passer ce monde au travers de nous-même par la contemplation, afin de n’en pas souiller l’essence et d’en transmettre la pureté. Afin d’en saisir les miettes de vérité que nous a laissé le Parfait.>

Hans resta muet face au prêtre. Il n’avait pas le droit de le regarder dans les yeux, aussi restait-il la tête baissée. Parlant maintenant un osterlichois littéraire et soutenu, il demanda au prêtre avec une grande politesse, s’il était autorisé à se rhabiller.

Le prêtre refusa :

<- Ne te laisse pas envahir par la pudeur. La vérité se présente sans artifices, tu ne dois te cacher que des démons de Ciemnota, l’avatar du mal.>

Le prêtre observa le squelette du jeune homme au travers de sa peau : son rachitisme était tel qu’on l’aurait cru encore enfant, s’il n’avait pas cette profusion de poils crasseux et cette barbe sale tombant sur son torse. Des chaînes de fer et de bronze pendaient des quatre membres de Hans et étaient reliées aux arcs en berceau de la geôle. Les barreaux rouges d’une rouille sale qui filtraient l’air humide du cachot laissèrent quelque fois passer des filets de lumière venant de l’extérieur.

<- J’ai lu les vers du Podreznik et je les ai compris. Le Zwiastun m’a appris à vivre, souffla Hans.
Piekno, Popranokz et Melodia : les trois chapitres du Podreznik véritable sont inscrits en moi à jamais.>

<- Le 4ème chapitre que ceux de la capitale nomment Pokusa, est faux comme je te l’ai appris,nota le prêtre avec gentillesse. Mais penses-tu avoir compris l’harmonie prônée par le prophète ?>

<-Quand on savoure la beauté d'un paysage, la délicatesse d'une fleur, le chant mélodieux d'un rossignol, quand on s'imprègne de cette perfection au point de communier avec elle, alors on ressent au plus profond de son âme une ivresse…>

<- …Comparable à ce que ressent l'esprit à l'odeur enivrante de l'être aimé,compléta, stupéfait, le prêtre. Aussitôt, il saisit une grosse clef de bronze dans ses petits gants de soie blanche.
Continue dans cette voie. En cinq ans de pain sec et de potée, tu as atteint une docilité et une humilité incroyable. Bientôt tu seras libre.>

La cellule sombre semblait une grande toile d’araignée en chaînes de metal. Mais qui était l’araignée, qui était l’insecte piégé ?

Hans se souvint des derniers mots de son père à son égard, avant de débuter un long voyage vers l’Osterlich, de s’y perdre et de se faire capturer, de pourrir cinq longues années dans les tréfonds moisis d’une geôle du clergé Podeswanien…

Sanglant Von Festung a écrit :

Toi Eva, qui est jeune et jolie, tu te marieras avec mon Vassal Ramsay, pas de discussion. Toi Hans, qui es gros, efféminé et qui joue encore aux jouets, tu iras à Nefret et intégreras le corps expéditionnaire de De Karan, pour apprendre le combat, ça te forgera.

<- Tu m’écoutes ?,répéta le prêtre, si tu t’améliores encore sur le chemin de la vérité tu seras libre ! Libre ! L…

Le prêtre tombe sur ses genoux dans un cri de douleur cinglant. Un os de poulet minuscule est planté sous sa pomme d’Adam. Colorant sa robe de la gorge jusqu’aux cuisses, une tache vermeille glisse entre les fils du tissus blanc.

<- Merci pour la clef, pria poliment Hans. Il s’agenouilla au niveau du prêtre qui se vidait sur les dalles suantes du cachot, suffoquant des plaintes inaudibles. C’est incroyable que vous brassiez autant d’argent et vous masturbiez intellectuellement avec une telle conviction, que vous ayez autant de pouvoir, sans être capable de contrôler quelque chose d’aussi simple que la viande de ma potée. Il écrasa son écuelle sale sur le visage ensanglanté du prêtre Podeswanien. Cinq années de cette merde. Mais hier soir, une cuisse de poulet moisie dans ma potée. Mon évasion ne dépendait pas seulement d’un os finement aiguisé ou d’une carotide visible.

Le prêtre ne bougea plus. Une flaque noire ondulait sous son corps.
Elle dépendait aussi de votre crédulité.


Délivré, Hans, nu, se précipita hors de la prison dont il était le seul pensionnaire. Il récupéra sa cape trouée, puis aperçut la jument du prêtre à l’extérieur, gardée par un strolatz à pied.
Lorsque le strolatz l’entrevit bondir hors de la prison, qui n’était en fait qu’une sorte de tour de pierre élevée sur une colline, ce dernier fit jaillir l’épée avec son bras puissant, prêt au combat pour intercepter Hans.

Alors Hans s’écria dans un osterlichois absolument parfait, croisant les bras sur sa poitrine et le menton vers les cieux :

<-Créateur ! Accorde moi lors de ce combat le courage d’ôter la vie, et la miséricorde à l’adversaire, lui aussi issu de l’harmonie universelle de ton œuvre !>

Comme foudroyé par un réflexe, le strolatz planta son épée dans la terre froide et se mit à prier dans un murmure continu. Puis au bout de quarante seconde, son appel d’avant-combat terminé, il se redressa. Cependant, il n’entendait plus qu’un bruit de sabot qui s’éloignait, et voyait au loin le cul tout blanc de Hans disparaitre en chevauchant la jument du prêtre. Plein Ouest

Vers Okord.


***


Un comptoir commercial d’Okord, sorte de camp de bois taillé dans les forêts géantes du Nord-Est d’Osterlich, bravait les glaces, attendant le printemps. Cette sorte de grosse bâtisse militaire, couverte de givre, était comme une grosse poule emmitouflée dans une armoire de bûche face à l’automne mourant. Les occupants furent réveillés. Quelqu’un voulait entrer.

- Les gars !, s’exclama un garde du haut de la palissade de la cabane, dans un Okordien qui rappelait l’Osterord, y’a comme un fou tout nu sur un ch’val, avec une cape, qui veut rentrer ! Il dit qu’il a très faim ! Et c’est l’un d’chez nouz’autres !

- Dites à vos amis d’abaisser ce pont-levis !,hurla Hans, attendant de l’autre côté du fossé sur la jument.

Dites-leur que Hans Von Festung a une putain de faim de loup !

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-10-29 21:38:27)

#5 2017-04-02 10:23:54

Hans Von Festung

Re : Cycle Fanatique

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L’horizon étala sa mousse pulpeuse le long des montagnes. Les Monts Acérés déroulaient leur collerette blanche au travers des nuages. Un filet de soleil frappa ce tableau : le crépuscule, morne, achevait doucement de voiler le ciel d’une robe rosâtre. Les meilleurs yeux purent apercevoir, dans l’Est lointain, les remparts de Karst fendre la brume et la neige. Du reste, la Mâchoire Grise et la Chaîne de Pierre, bien que l’on devinât seulement la seconde, apparaissaient au Sud telles des mirages. La Mâchoire Grise ? Silhouette. Ombre imprécise.

Fantôme.


Le Second d’Efisc, perché en haut du mince beffroi de Grünerhering, lapait sa terre nourricière d’un ultime regard, comme s’il dévorait le plus d’image possible. Comme s’il pouvait en agripper au moins quelques-unes, et les emmener avec lui dans le tombeau. Le Pays de Karan, sous son rideau de fin d’hiver. Sa terre nourricière, malgré les idoles tombantes dans les flammes, malgré les coups de poignards dans le dos, et malgré l’omniprésence du mensonge. Le soleil se coucha. Il descendit les marches, pris de sa dernière mélancolie.


Il savait qu’en bas de l’escalier l’attendaient les hommes du revenant : Hans Von Festung. Jugé pour avoir aidé Efisc à conserver son pouvoir, il ne verrait surement pas la 1ère phase du printemps.


Alors qu’il poursuivait sa descente, un souvenir clama :

Les Karaniens ? Les Karans ?  Bélial ? Mazër ?
La Honte du Nord.
Leurs crimes contre Okord sont si nombreux, que chaque habitant du Pays de Karan mérite la pendaison.
Sans parler de la Magie Noire pratiquée là-bas.

Un autre, sinistre, grinça :

Inactif?
Je n'attends qu’un ost pour fondre sur Arald!
M'ordonner de vous donner la possibilité de vous fournir en ressources?
Dites-moi "Seigneur"...
N'ai-je pas déjà pourvu à vos efforts de troupes, de bonnes grâces!? Ai-je questionné à ce sujet? Non.
Je l'ai fait parce que je le pouvais.

Reformulez-moi votre demande avec moins d'agressivité, et je pourrais envisager de vous servir...pour la cause.

Une énième voix résonna alors qu’il s’enfonçait toujours plus profondément dans l’obscurité :

Il me semblait vous avoir entendu demander clémence, prétextant que vous ne défendrez pas les provinces conquises par Arald. Vos actions montrent que vous préférez une autre voie. Fort bien.

Je vous prie de bien vouloir noter que votre courageux suzerain a déserté le champ de bataille, attendant sûrement des jours meilleurs.

Quittez donc son service, vous savez encore mieux que moi qui il est et ce dont il est capable.


Vendor, 31e phase de l'hiver de l'an III de l'ère 17


Un vent chargé des sels de la mer de la Torva, qui auparavant avait frappé la mer de la nuit, furieuse, qui avait été écrasé entre les falaises abruptes et les montagnes, et adouci par les flocons tombant des étoiles, ce dernier soupir, héritage complet de l’ère 16, se déposa, calme, sur le visage du Second. Il ferma les yeux.

Il revit les messagers annoncer successivement les échecs militaires, les captures. Puis sa mort, à lui, LE coupable.
Efisc de Festunberg, appelé par ses contremaître et esclavagistes « Le Sanguineux » s’est pris une lance dans la gorge au cours d’une embuscade tendue par le vicomte Merlin aux alentours de Grünerhering. On n’en saurait jamais plus.
Il se souvint des marées de boue infernales qui avaient rendu l’automne horrible pour leurs armées, les famines aussi. C’étaient sept mille personnes qui moururent à Festunberg, mille au Fort des Affamés. Il se souvint des rues, sales, couvertes de vétérans manchots, hérissés de bubons, de moignons purulents à la place des membres, incapables, incontinents, handicapés, seuls reliquats tremblants des Veines. Qu’avait fait cette armée, sinon occuper trois fois le fameux fort, capturer Karpolf et Aleyn Reis ? Du reste, que des déroutes ou des défaites humiliantes.


Et maintenant, tout était fini pour lui.

Efisc Le Sanguineux a écrit :

*Un gribouillis infecte mais qui a le mérite d'être soigné dans sa présentation, signe révélateur d'une administration aussi décadente que débordée, fut signalée parmi les missives nouvellement arrivée pour le vicomte Merlin*

"Efisc est mort. Le peu des hommes qu'il lui reste a fui en croisade. Avons déjà payé la rançon pour obtenir sa dépouille et l'enterrer.

Procédons à un bilan."

Le sceau de la guilde esclavagiste de Festunberg est apposé.

Nuit…
Le Second d’Efisc ouvrit les yeux. Le marchand et le soldat s’étaient avancés, sous la clarté de la lune, chacun avec un parchemin dans la main. Saedor arrivait, et allait sans doute ramener un printemps qu’il ne verrait pas. Les blés ondulaient lentement, le vent continuait.

- Pour fraude sur la succession et non-respect de la charte marchande, la Guilde vous condamne à mort, affirma le marchand.

- Pour atteinte à l’honneur chevaleresque, à la souveraineté du vicomté et pour vol de la solde, pour complicité de fraude testamentaire, les Veines vous condamnent à mort, proclama le soldat.


Le Second posa son regard à sa droite. C’était dur d’apercevoir ce qui l’environnait, parce qu’il avait son cou posé sur un tronc d’arbre et les mains liées dans le dos. Cependant, il discerna tout de même les deux serfs qui creusaient au pied d’un arbre. Lorsque l’un d’eux eût délaissé sa pelle, il saisit le corps emmailloté qui était attaché au cheval. Les deux serfs enfoncèrent ce gros corps, qui était celui d’Efisc, sous la craie et l’argile, sous les racines et l’humus.

Puis il tourna la tête. A gauche se trouvait un vieil âne, et un paysan qui creusait un nouveau trou. Mais pas de corps.
Pas encore.

Le délégué prit la parole :

- En tant que dépositaire de l’autorité seigneuriale de la maison Von Festung, j’assure mon approbation dans l’application de la peine.

Il y eut un silence. Tous s’échangèrent un même regard transpirant le sanglot nostalgique et la défaite.

- Vous êtes le dernier à être jugé selon le code de l’ère 16. Sitôt qu’on vous aura enseveli, je rentrerai dans ma ferme élever mon bétail, soupira le délégué en s’adressant au second d’Efisc.

- Moi je vais certainement quitter cette terre pour le Sudord, gémit le marchand. Partout, à cause de ce satané Acelin, l’esclavage est remplacé par le servage. Nos revenus sont condamnés eux aussi. Sans parler de la concurrence de la Confrérie des Marchands du Nord…

Haussant les épaules, le soldat, vieux et ridé, déclara :

- Les Veines vont être dissoutes. Ceux qui ne sont pas morts de faims, ceux qui n’ont pas été tués durant les combats contre Arald, ceux qui n’ont pas fui en croisade car ils étaient complices d’Efisc, tous ceux-là se meurent sans espoir. Il caressa sa longue barbe, de son seul bras valide : Alors, je pense que je vais jeter l’épée et m’éteindre en paix.

Puis, ironie absurde, tous les regards se tournèrent vers le Second, enchaîné et le cou sur le tronc d’arbre.

- Bhen, moi, je n’ai pas spécialement de perspectives d’avenir, je pense. Je vais juste me remémorer la vue depuis le Beffroi. C’est déjà pas mal.

Soudain l’un des paysans s’écria, dans le dialecte karanien, que la tombe de messire était avancée.
Alors on demanda sa dernière parole au second. Nerveux, il s’autorisa un sourire :

- Je m’en vais avant l’annexion totale : je ne verrai pas le Pays de Karan encore complètement soumis, au moins. Il étouffa sans doute un sanglot, car alors ses lèvres tremblèrent. Il releva la tête, les yeux en larmes . Je vous prépare la place.

Puis il se crispa, tétanisé, sentant la hache venir. Son cou apposé sur la bûche fut remué d’un ultime frisson, avant que par chance, un seul coup ne l’eut tranché.

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-10-29 22:20:20)

#6 2017-05-25 15:24:10

Hans Von Festung

Re : Cycle Fanatique

Dorma, 30e phase de l'hiver de l'an IV de l'ère 17

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Le lieutenant Nürtic, subordonné à Hans Von Festung s'arrêta devant l'immense mâchoire d'acier et de bois rouge qu'étais la Grand Porte du château Festunberg. Il retint sa respiration. Puis, appréhendant d'un regard terrifié cette massive bouche à avaler les serviteurs, il expira nerveusement. Le contexte politique ne se prête pas trop à l’indiscipline : il y a de cela quelques jours, le maître a échappé à une tentative d’assassinat. Ses vassaux se sont ligués contre lui pour scinder la province de Torva en plusieurs camps. En ce moment même, pense Nürtic, l’ost des loyalistes traque les traîtres. Il se remémore la missive révélatrice qui a déchiré le rideaux du complot…

Hans Von Festung a écrit :

A mes détracteurs, ces pourceaux, à mes médisant de traîtres.

A ceux qui complotent, et qui déjà mouillent leur slip, gémissant, en lisant ces lignes.
Oui je vous vois tous, car mon œil se porte partout où rampe la pute lâche.
Allez-y, je le sais ! Certains de mes vassaux ont émis l’idée de se retourner contre moi, MOI ! Hans Von Festung ! Mais êtes-vous lâches ou stupides ? Pensez-vous seulement pouvoir tenir une province sans mon aide face aux monstrueuses factions qui nous avoisinent ? Seriez-vous assez cons pour croire que le nombre prévaut sur l’influence et l’expérience ? Et quand bien même, par miracle, vous auriez réussi à ne pas vous faire royalement enculer le tréfonds de vos petits culs de lâches tremblants par mes troupes, ou décapiter par ceux d’entre vous qui me sont loyaux et font semblant de vous suivre (parce que oui héhéhé), quand bien même vous auriez survécu à tout ça…Où iriez-vous ? Vous serez taxés de 15% sur une province hostile, qui vous rejette et dont les vieux seigneurs ne penseraient qu’à vous couper les couilles.

Et toi Paulus, sale catin humide bouffeuse d’or ! Quand il faut nous fournir de la putain il y a du monde, mais fournir du résultat ? Tu as déjà engloutis en 5 jours plus de 130 000 pièces d’or et tu en veux encore, malgré tes défaites ? Je ne te donnerai pas un écu de bronze tant que je n’aurai pas vu disparaître tous les camps hostiles de l’île.

Bienvenue dans le Pays de Karan bande de fils à putain, les barbus rudes et les nobles froids du Nord-Est. Si vous voulez de l’assistanat passif, fuyez dans les provinces des mouilleuses du Sudord. Je serai intraitable avec les rebelles. L’empalement de la barbe jusqu’au cul est une histoire de culture Karanienne, et pour les petits poltrons qui douteraient de mon assiduité à suivre les traditions, je leur recommande de demander à mes vaincus, ou d’observer ce que les scribes de mon suzerain écrivent sur les habitudes Karaniennes.

Bon j’espère avoir redressé les caleçons des incroyables bâtards que j’ai fait venir sur mon île et qui refusent encore d’obéir à des ordres aussi simples que de défoncer des barbares incapables. Nous avons des objectifs et une discipline à maintenir. Les faibles qui ne pourront pas s’y tenir, je ne les raterai pas s’ils sont suicidaires et ont la prodigieuse bêtise de se trouver sur mon chemin.

Je m’adresse à présent aux plus pragmatiques (et oserai-je le dire ?) à ceux que la sélection naturelle a choisi pour être les moins abrutis : respecter les valeurs militaires en me restant fidèle paye.
Dans le cas contraire, cela SE paye.

A bon entendeur,
Hans Von Festung.

Derrière la porte, son maître. Il vient le voir pour l'informer à propos d'une révolte paysanne. Rien de plus. Aucune raison de s'angoisser, il fait bien son travail, il est loyal. Hardi le feu et l'acier, comme disent les Huskarls d'ici.
Il ose.
Nürtic déploie son long bras. Son poing se ferme, il va frapper la porte, il se rapproche du bois rouge-sang. Goutte de sueur.

- Vous n'apportez rien ?

Avant même qu'il ait seulement pu frapper à la porte, il se retourna vers la provenance de cette petite voix aigüe.

- Je me présente, déclare l'espèce de pomme-de-terre humaine enrobée dans de la soie fine, qui vient de parler. Je suis Foutrecuisse de Rudeguidon. Fournisseur officiel de Festunberg en filles de charmes. La chose affiche un rictus interrogateur : Et vous, qui êtes-vous pour penser venir ici sans rien apporter ?

- Je suis Nürtic de la Plaine du Dragon, lieutenant de ce fief pour la maison du maître Hans Von Festung, débita alors Nürtic anxieux, pressé par une urgence soudaine quoi qu’absurde. Excusez-moi, je ne comprends pas ce que je suis censé apporter.

- De la bouffe !, clama Foutrecuisse (quel nom ridicule) au travers d'un sourire désaprobateur de maître d'école. Qu'auriez-vous voulu que cela eût été d'autre ?
Bon, lâche le bonhomme, puisque vous n'avez pas le cœur d'oser frapper à la porte du maître, je l'ouvre pour vous !

Aussitôt, Foutrecuisse de Rudeguidon écrasa ses petites mains potelées sur la porte puis poussa dessus sans délicatesse. Nürtic fut foudroyé par un frisson :
- Non attendez !

Les dents du donjon s'ouvrirent devant lui, tandis que Foutrecuisse disparaissais dans l'ombre, ricannant : aussitôt les superbes armoiries de fer du château de Festunberg s'imposèrent aux yeux de Nürtic. Poussé par ses jambes grelottantes, ses pas le contraignirent vers l'avant ; il entra. L'atmosphère était suffocante, transpirante d'une sueur rosâtre.
Tapies tels des grenouilles ruisselantes dans l'ombre humide, des femmes obèses et nues, partout étalées, se faisaient sucer les mamelons par des barbus déshabillés. Nürtic marcha dans une flaque de vin – à moins que cela fût autre chose – et il lui sembla alors se noyer dans un marécage de luxure étouffant. Il se reprit, et leva les yeux dans l'espoir de trouver Hans Von Festung dans cette orgie immense.

Deux billes scintillantes percèrent brièvement la brume de la salle.
Ses yeux.

- Qui es-tu ?

Nürtic s’inclina, tremblant.
- Je suis votre Lieutenant en le fief de la Plaine du Dragon. Nürtic de la Plaine du Dragon. Je faisais partie de la gouvernance de la maison de Vaucansson avant que la plaine de soit offerte par celle-ci à votre père. Il déglutit, fronçant des sourcils déterminés.

- J’ai faim. Un clair de lune éphémère, s’échappant des rideaux fermés, fit luire une montagne d’assiettes en argent, de batterie de cuisine et de marmites aux pieds – à peine visibles, dans cette pénombre - de Hans, toutes recouvertes d’une crasse de festin terminé, mais complètement vides. Que m’as-tu apporté ?

- Messire mon maître, je viens vous informer d’une révolte paysanne dans notre Plaine. Les serfs jettent leurs paniers dans les ruisseaux et refusent de faucher les blés., balbutia le lieutenant.

- Que m’as-tu apporté ?

- Ils s’en prennent aux baillis dès qu’il s’agit de leur faire payer amande !, gémit-il.

- Que m’as-tu apporté ?

Gradation. La prochaine sera son arrêt de mort. Une seconde. Nürtic réfléchit. Ah, bonne idée :
- Maître, je n’ai pu – hélas ! - prendre que mes beaux habits pour me présenter à vous. C’est que la populace a empêché toute production de nourriture ! Je crains que sans régler ce problème, vous ne pourrez plus manger, mon seigneur.

Dans le mille, voilà un argument de choc. Alors, Hans se leva et sortit de l’ombre, et pour la première fois Nürtic le vit. Le voile sombre découdra un visage osseux, une nuque régulière taillée comme des créneaux de forteresse, un torse d’enfant malnutri. Et toujours ces yeux carnassiers qui ne vous veulent aucun mal, ces billes noires d’un lézard sans conscience ni malveillance – mais qui vous boufferai volontiers la gueule.

- Je vais faire envoyer une garde. Pour régler le problème. Et toi. Pour ton incompétence qui a permis cette révolte. Tu seras pendu. Une fille aux proportions normales, quoiqu’elle apparût avec une poitrine anormalement opulente, fit boire une coupe de vin à Hans qui venait de finir sa phrase.
Mais Nürtic n’est pas un abruti qui se laissera pendre comme ça : à vrai dire, malgré sa peur du maître de Torva, il avait déjà prévu ce reproche. Avant qu’Hans n’appelle ses hommes pour l’enfermer, il sort son arme.
D’un geste sec, il tend sa main droite devant le maître.

- Tenez, bafouille Nürtic, tendant une sorte de gros pain sucré avec des raisins incrustés.

- CROUNCH. Nürtic retira sa main de très peu avant que le squelettique Hans Von Festung n’engloutisse la pâtisserie d’un claquement de dents. Par les couilles d’Yggnir, c’est bon ! Qu’est-ce que c’est ?

- Le pain, la farine, le miel, le raisin. Tout ce qui a permis de cuisiner cela ne vient pas de nos terres. Et cette nourriture étrangère, qui se conserve sur de longues distances, s’est faite prépondérante sur les marchés les moins chers. Nürtic conserve le suspense. Elle vient de Valyria. Leur récoltes d’il y a un an ont été exportées à travers tout le Nord. Déjà que la confrérie des Marchands nous a assimilé, on reçoit maintenant de la nourriture indirectement de Valyria. Les marchands à qui on la paye l’ont eue d’autres venus de Valyria. En voyant cette nourriture très peu chère, sans même comprendre d’où elle venait, les serfs de la Plaine se sont soulevés, plein d’indignation, et demandent de travailler moins. La révolte a été accentuée par la fronde de vos vassaux menée par Lord Paulus : cela a galvanisé le peuple. Ce n’est donc pas le fruit de mon incompétence.
Nürtic souffle. Voilà, il vient de sauver son cou. Hans reste muet, sans pour autant paraître surpris.

- Allez, file.

En se retournant vers la sortie, le lieutenant se fait bousculer par un solide plastron de fer : c’est un chevalier lourd, tout frappé d’acier et de fer, et entre ses articulations mécaniques croupit une boue de champ de bataille. La bête grise reflétant la pâleur lunaire de cette fin de nuit, n’enleva pas même son imposant casque.

- Le Bourreau des traîtres Duscia d’Epérvine m’envoie vous avertir que l'ost du seigneur Peste est victorieux !

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Les seigneurs Froderin et Nicolai ont fuit le Pays de Karan au Sud de la Preskill, sur les terres du Marquis Sametue qui les protège. L’espèce de marmite qui servait de casque au chevalier fit résonner une voix pleine d’allégresse. C’était une bataille avec très peu d’effectifs, mais si vous l’aviez vue… Il soupire. On n’a rien laissé. Le plus haut chêne qu’on ait trouvé s’occupe de faire balancer Paulus au bout d’une corde. Et tous ses fiefs ont été expulsés de Torva puis démantelés.

- Bien. Hans finit sa coupe. Sans doute voit-il dans le noirâtre de son vin le sang nouveau de ses vassaux venu revigorer le Pays de Karan. Mais ce sang a dû être purifié afin d’en retrancher le corrompu, l’infidèle. L’impur.
Voilà un problème de réglé.

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-11-25 10:41:38)

#8 2017-11-01 19:14:35

Hans Von Festung

Re : Cycle Fanatique

Jidor, 26e phase de l'hiver de l'an X de l'ère 17
Frontière Est d’Okord

Le fœtus rosâtre fut pris d’un dernier stimulus nerveux quand la terre absorba le liquide amniotique qui se déversait du ventre ouvert. La femme ne tomba pas par terre puisque la lance qui la maintenait par-dessous les clavicules s’était plantée dans la porte qui, elle aussi, prenait progressivement le feu de l’incendie du reste de la chaumière. A ses pieds mourrait l’ultime cri d’agonie d’un vieillard.

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- Ils ont pas perdu leur temps dites-donc, de vrais rats qui courent à l’or. Les longs cheveux noirs ondulés de Hans flottaient dans les braises étouffantes, avec cette sensualité presque féminine qu’ont les beaux cheveux mouvants. La cendre, océan de carbone tourmenté de courants sombres, tapissait un ciel apocalyptique. Hans n’avait jamais coiffé cet héritage de sa mère Samarienne. Perte de temps se disait-il.

- Abominable… Des larmes gonflaient les yeux de Nürtic de la Plaine du Dragon. Il suffoquait dans l’air ambiant. Ses yeux piquaient, mais il ne sanglotait pas pour cette raison. Comment peut-on faire ça à des roturiers sans menace ? Ils… Ils ne font rien de mal ! Nürtic essuya ses joues. Même pour voler leurs richesses ! On n’est pas obligé d’en arriver là, alors pourquoi ?

Le convoi de Hans passait incognito au milieu de l’anarchie ambiante : phalanges mercenaires, bandits de grand chemin, armées privées et même régulières s’entrecroisaient perpétuellement dans un remue-ménage chaotique. Labourant la terre d’un tapis cadavérique de serfs Carovariens. Au milieu de cela, l’armée noble Von Festung, faisant comme les autres en autorisant ses gens à, disons, passer par les bourgades pour s'approvisionner personnellement, n’avait dépassé la frontière officielle du royaume - ou plutôt de la province - d’Okord que depuis quelques heures. Nürtic et Hans, chevauchant chacun un vigoureux destrier de charge, trottaient en avant.

Et assistaient aux réjouissances.

- Ce ne sont pas juste leurs richesses qui les animent. Pas seulement ça en fait, précisa Hans. Vois-tu, ces troupeaux d’ânes sont suffisamment abrutis par les juridictions qui les bornent d’habitude dans n’importe quelle organisation sociale qui se veut viable, pour qu’à la première occasion le meurtre et l’appât défoncent leur petite coquille de crâne, ressurgissent et les bestialisent. C’est presque naturel. Il haussa les épaules, nonchalant. Ce n’est pas spécifique à Okord. C’est spécifique à l’Homme. Puis il se pris soudain à sourire dans sa barbe pointue, goguenard. Pas seulement à l’homme finalement. Il désignait deux femmes en armure qui s’évertuaient à séparer le corps et la tête, pourtant si longtemps unis, d’un garde de Carovar.


Saedor, 28ème phase de l’hiver de l’an X de l’ère 17
Pays de Carovar

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- C’est ici [9x154] ? Hans déroula la carte en peau de chèvre, parchemin puant sur lequel était gravé le pays de Carovar assez fidèlement, quoique grossièrement. Sept tonnes de craie, de calcaire et d’ardoise le survolèrent aussitôt. Un souffle violent accompagna son impacte contre les murs de la Forteresse de Carovar. En réponse, le vent porta sur les premières lignes scintillantes de casques à pointe des trombes noires de flèches et de javelots. Merde, ‘faudrait penser à se mettre à l’abris là. Bon. Casque. Il tendit la main vers la droite sans même tourner la tête. Nürtic déposa dans cette dernière un casque d’acier très finement ouvragé ; lequel fut vissé sur le reste de son armure  et coiffait un tas de plates de fer et d’articulation fort gracieux. On l’aida à grimper sur son canasson car il tombait au moins trois fois à chaque montée. Au loin, couverts de flèches et suppurants, ses milliers de fantassins, abandonnant lance et bouclier aux chutes d’huile bouillante, hurlaient de douleurs en s’écroulant contre les murailles.

Ce tableau merveilleux arracha une larme à Hans : « CIEMNOTA » se gravait en lettres de sang dans le ciel incendié. Il baissa les yeux : quelques milliers de chevaliers, cuirasse scintillante en cette fin d’après-midi sèche, chargeaient en sa direction. Comme il en avait l’habitude, il ferma la visière de son casque, non pas avec son gantelet mais avec la pointe-même de l’épée. Alors que, rocher sur lequel s’écrase un courant impétueux de lames grises, il ouvrait les intestins d’un cheval en pleine course, des idées très claires vinrent lui frapper l’esprit. Alors que la nuit tombait, et que le clair de Lune verrait l’assaut contre les murailles Carovariennes, il se souvint de la succession des manœuvres diplomatiques nécessaires afin d'y aboutir…


Comment tout cela avait-il commencé ?

Trois ans plus tôt, Jidor 27 – VII de l’ère 17
Ruines  de l’ancien Palais de Nefret

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- Deux millions dans ce cas, assena le représentant des Von Festung.

- Cela me convient parfaitement, répondit l’ambassadeur.
On fit venir les meilleurs tonneaux de vin, on dressa une table dans les ruines, puis on se quitta en grande pompe après un repas copieux.

- Voilà une chose de faite, salua Hans qui avait observé la vente depuis l’ombre. Aishi Usagi d’Epervine, de la maison vassale des Von Festung, avait déjà capturé deux provinces (dont l’une accueillait l’abbatiale Eleanor de Podeswa, jusqu’à ce que son saccage honore Yggnir) pour les vendre respectivement à sa tante la marquise Setsuko Usagi et au nouveau Prince de Valyria Zheogar. Et ce jour-là c’était encore une province de l’Ouest vendue à sa majesté de Valyria, pile le jour de sa prise histoire de ne pas faire refroidir les choses. La Polémarque Eugénie Morgan râla un peu : on ne vend pas aux ennemis, toutefois renforcer le duché d’Arald de nouvelles provinces était aussi avantageux. C’était par ailleurs se construire des frontières cohérentes avec un Zheogar sympathique, et profiter des négociations entre ce dernier qui avait conquis une province d’Arald et Morgan pour se faire un peu d’argent. Hans se servit une nouvelle coupe de vin.

- Undyne de Poissonville, notre nouvelle maîtresse du Pays de Karan, est une visionnaire, un stratège de génie. Cela sonnait presque ironnique, et pourtant…
Quelle jouissance la première fois qu’on a quitté le Pays de Karan pour foutre les pieds dans l’Est sec et, détruisant ce foutu Ordre podeswite des Gardiens du Sanctuaire, de voir simultanément au Nord, à Mirhin, se dresser l’étendard d’Undyne dans l’aube lointaine, - il se donna des élans poétiques devant Nürtic qui repliait les cartes après la vente – sur la forteresse vaincue d’Enguerrand, et au Sud mes propres armes sur Hansplatz ! S’approprier l’Ouest Okordien avant l’Ouest étranger des Carovar : une visionnaire cette Undyne. Elle savait que l’empire de Deomul saisirait toute occasion pour rapprocher ses frontières de celles de son antagoniste, l’empire d’Abrasil. Théodophane de Déomul ne laissait même pas le choix au prudent Torkson pour lequel la paix importait : il suffisait de créer une zone de non droit, d’absence de juridiction. Découvrir de sa tutelle la zone révoltée du rebelle Louis de Carovar et envoyer l’émissaire Norbert de Vaugrehaude en Estybril pour appâter l’Okordien n’était pas seulement pratique. Une lueur de respect, presque d’admiration, donna à son œil un aspect de puits sans fond.

Une bouilloire prête à déborder, allégorie étrange et délicieusement inquiétante, lui apparue aussitôt.

J’aimerai tant rencontrer ce Théodophane.

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-11-26 00:09:24)

#9 2017-11-26 00:03:48

Hans Von Festung

Re : Cycle Fanatique

Ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=vqXwzUW_fhM
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Credits de l’image.

Des vagues tiédies par un soleil fondant caressaient en rythme ses talons. Enfoncé dans un sable blanc, il scrutait l’infini. Devant lui, un astre orange fusionnait avec une mer d’huile dorée, éparpillant dans le ciel un crépuscule rose. Mais derrière lui…


Derrière lui gémit une Samarienne aux cheveux bouclés, couleur encre. De sa cuisse, un barbu immense nommé Gerhard extrait un petit garçon qui pousse ses premiers cris.

Derrière lui, le petit, marchant à peine, frappe avec une épée en bois contre des gaillards gigantesques tailladés de cicatrices, qui rient de bon cœur. Des gaillards de Torva. Et puis, plus loin, des huskarls couverts de sang, chantant hymnes et laudations envers Yggnir.
Yggnir… Ils se trompaient.

Un Rhaegar s’empare d’une secte pour achever la mourante maison Fornox. Azureï.
Derrière encore, un Enguerrand clame, sous les yeux de l’adolescent et de son père qu’il accompagnait, simples spectateurs de la tribune :

- Cher vicomte, quand trente-quatre mille chevaliers s’en prennent à quatre mille, où sont les lâches ? Qui sont ces soi-disant forts qui ne se sentent de se battre qu’à vingt contre un ?

Et un Spleen de répondre :
- Les mêmes qui combattaient à un contre dix, il y a quelque jours encore, sans que vous vous en offusquâtes.

La politique… Ils se trompaient.

Toujours plus loin, un Bürlocks couvert de suie déclare :
- J’ai demandé à des Mages Noirs Saxons de faire des rituels sataniques, invoquer les forces du Mal pour défendre le Fort. Pas sûr que ça marche mais ça a un certain style.

- Oui ! Oui ! Magie noire, magie noire !, s’enthousiasme un Antikas Karsain. Allez, les braves chevaliers flambant ! « Reconquisez » la Saxe ! Délogez le mal de son antre !

Superstitions et Dieux anciens. Ils se trompaient.
Le gamin est envoyé loin, dans des forêts froides et humides où, avec le corps expéditionnaire, il attrape des esclaves et se bat contre des barons österlichois. Le gamin, capturé.
Pendant ce temps-là, un bal de couronnes scintillantes. On jure :

- Dans les royaumes voisins, on nomme Okord « la pute aux rois volages ». Une ballade en Déomul conterait avec moquerie le ballet des souverains de ces derniers jours…

- Les royaumes voisins sont des crocodiles, affirment d’autres. Ils ont de grandes gueules et des petits bras. A chaque fois qu’il y a eu confrontation, ils sont repartis en morceaux. Nous n’avons rien à leur prouver.

Et puis aussi, une course à travers Okord entre Yggnir et Podeswa. Podeswa ? Oui, eux aussi. Ils se trompaient.
Un Mazër chute, emporté par un carreau d’arbalète. Senneville fumante, Efisc riant aux éclats. Gweddnidrup.
Un volcan immense vomissant sur son père et sur un Vaucansson un nuage d’amnésie. De mystère. D’oubli. Oubli… La mâchoire grise, corneille sommeillante. Une croix Araldienne flotte sur le Pays. Le gamin revient.
Des empires fatigués qui, patriarches suffoquant, giflent une dernière fois leur lignée. Tant qu’ils le peuvent encore.

Du sang de vassal dilué dans mon vin.
Okord.


C’est à ce moment-là qu’il survint. Le pincement. Il arrache les racines de sa santé mentale. Et alors, les épées qui s’entrecroisent, les villages en flammes et les pendus ballotés par le vent ne semblent plus que de faux souvenirs.

Hans se souvint qu’il n’était pas sur une plage de sable fin, mais qu’il rêvait, assis dans la solitude de son étude de Festunberg. Il pleut dehors. Le pincement se fait plus vif, alors… Alors il vous regarde.

Oui.
Vous.
Il soupçonne votre existence. Vous hantez ses cauchemars.

- Tu es Ciemnota, murmura-t-il dans le vide.

Vous êtes Ciemnota. Ou plutôt vous en êtes la déclinaison : une conscience joueuse créatrice de réalité. De sens.

- Je suis Hans Von Festung.

Il est une conceptualisation de personnalité très primitive, que vous animez dans votre imaginaire. Vous et toutes les autres déclinaisons de Ciemnota qui lisent ses aventures sur un écran. Vous l’appelez « personnage ». Dès que vous cessez de l’animer par combinaison, il n’existe pas. Dès que vous recommencer à le lire, il existe.

Il regarde ses mains crispées. Il est sûr d’être. Il observe le tissu méticuleux des veines qui gonflent sa peau, la sensation d’humidité chaude légèrement agréable. Le poids du siège sur son dos, sa langue dans sa bouche, la lumière frappant ses yeux depuis les vitraux, le souvenir de sa mère, du pommeau de l’épée qu’il utilise pour se battre, des flammes de charnier qui montent, montent et lèchent sournoisement des cieux, voile du rire ignoble de Dieux sadiques.

- Elles t’amusent mes histoires ?, frissonne-t-il. Puis, il fronce les sourcils. Non, ça ne peut pas être réel… Je dois sortir de cette boucle infernale qui me donne l’impression d’avoir toujours été la marionnette d’un fou. Je dois achever ma quête.
Je dois sortir du rêve. J’existe, j’en suis sûr.

Il se lève et quitte son bureau. Il emporte avec lui ses doutes et l’angoisse d’exister.
C’était la dernière fois qu’il s’y asseyait.


***

Eric clique sur une autre page. Il lit rarement les RP des autres, mais ce soir il avait trouvé ridicule la façon avec laquelle l’un des joueurs avait « brisé le 18ème mur » comme il le pensait lui-même. L’ordi indique une heure assez déraisonnable, mais bon. Okord est un excellent passe-temps. Alors qu’il entreprenait de fermer son ordi, un sentiment bizarre naquit. Ho, trois fois rien. Mais un pincement survint. Au creux douillet de sa conscience.



Et il regarda dans le vide, avec une certaine angoisse,

comme pour vous y chercher.


Fin du Cycle Fanatique

#10 2018-01-01 23:31:01

Rudeguidon Defoutrecuisse

Re : Cycle Fanatique

I) Hans capture Eugénie Morgan et la brûle sur le bûcher. 26ème ère de l’an XI de l’ère 17

II) Il fuit ensuite en Österlich pour enfin accomplir sa quête. An XII de l’ère 17

III) Il laisse une lettre derrière lui.

IV) Rudeguidon de Foutrecuisse et Nürtic de la Plaine du Dragon finissent par appliquer les directives de Hans : le petit peuple migre chez les seigneurs avoisinants, les fiefs sont laissés. L’un, appelé « le boiteux » pour les deux coups d’épée qu’il a reçu à chaque cuisse, et l’autre qui se présente toujours comme « vendeur de charmes », se quittent et disparaissent dans des directions opposées.


Epilogue

Un lierre patient enroulait ses racines autour de chaque pierre.
Festunberg abandonné devenait un marécage paisible d’où s’envolaient quelques hérons. Par endroit, des piliers massifs gravés d’armes effacées émergeaient des roseaux et rappelaient qu’il y avait eu, probablement peu de temps auparavant, un château imposant et une famille riche. Bien souvent, des pêcheurs se promenaient dans ce qui, racontait-on, fut des douves. Plus loin, au Nord, les paysans de la Plaine du Dragon pestaient quand ils devaient labourer en prenant garde aux résidus rocailleux d’une place forte, dont les contours muets saillaient tel un même fantôme de l’or des blés. Dans les montagnes de l’Ouest du Pays de Karan, c’est un beffroi  cyclopéen effondré le long du flanc de la pente gelée que les neiges laissaient deviner. Les arches rustiques, où l’on trouvait entre deux stalactites quelques armoiries sculptées, étaient devenues le repère pour l’hiver des bandits de grand chemin. L’amnésie de Château Wolke ne laissait, enfin, rien d’autre qu’une colline sauvage couverte de verdure. Peut-être y avait-il eu un fortin de ce côté.


Du reste, on n’entendit plus parler des Von Festung.


Thème de la maison

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2018-01-01 23:33:13)

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