Vous n'êtes pas identifié(e).

#1 2017-11-25 09:09:54

Elmut
Inscription : 2017-11-13
Messages : 39

Pasquin vaut mieux que deux tue-l'aura

Songeur, devant la fenêtre de la grande salle Elmut regardait le jour lentement décliner. Au bas, dans l’étroite cour aux pavés boueux, s’enchevêtrait en trajectoires croisées, des hommes en arme aux pas lourds, le dernier tombereau de pierres destinées aux remparts et les bêtes harassées que l’on retrait aux écuries. Un peu plus loin, par-dessus les remparts, s’alignaient des pâtures et des petites parcelles fraîchement labourées. Le ciel, froid et humide, plaquait sur la campagne un long voile que tissaient les fumées en s’échappant des modestes chaumières. Au-delà encore, on distinguait à peine des feuillages clairsemés ors et sienne, l’automne tirait ses derniers feux.
Le regard du baron se serait perdu plus loin encore mais on frappa à la porte :

-    Entrez, entrez messieurs, je vous attendais. Asseyez-vous et commençons sans attendre, le repas va nous être servi bientôt et j’ai voulu qu’on vous gâte pour vous donner l’envie de revenir au plus vite.

Deux hommes entrèrent d’un pas leste et déterminé, ils posèrent sur le coffre leurs pelisses à capuche alourdies par la bruine et s’installèrent à la table, la mine grave.

-    Allons mes amis, nous en avons déjà débattu, ne soyez pas si résignés. Notre petit fief prospère, c’est certain, mais nous devons rester humbles quant à nos forces. Les équilibres du royaume changent et notre suzeraine Kania est en train de perdre son protecteur. Ses atermoiements à rompre les liens qui l’engagent envers la polémarque ne valent rien de bon.  Nos terres glaiseuses et notre province reculée qui n’intéressaient personne sont sillonnées depuis peu par des cavaliers venus de je ne sais où. Ils sont les éclaireurs de puissantes armées et nous ne pourrons plus longtemps assurer seuls notre sécurité.

Un des deux hommes interrompit le baron :

-    Mais Elmut, pourquoi alors telle folie que de donner vos fabliaux à lire aux troubadours de passage ?  Est-ce vouloir rester tranquille que de railler le polémarque ? Ne croyez vous pas notre entreprise assez périlleuse sans cela ?

Le baron mima un hochement de tête grave avant de reprendre, tonitruant:

-     Hildebert, si je ne connaissais ton discernement, je partirai demain à ta place. Que sont ces craintes de pucelle ? Crois tu que celui ou celle que nous cherchons va s’émouvoir pour si peu?   Si tel est le cas mon ami, ces rimes qui t’auront précédés t’auront rendu grands services et simplifié le travail. Nous avons besoin d’un protecteur puissant à la tête bien faite. Votre mission est de le trouver, pas de nous vendre au premier demeuré dont le seul mérite est d’avoir acquis par la cuisse un titre dont il n’est pas digne. Parlez aux serfs en chemin, faites boire des soldats, fuyez la province si leur suzerain adore trop les dieux ou cherche à venger trop d’ancêtres. On fait dire aux morts et aux dieux ce que l’on veut pour justifier tous ses forfaits. Mais, si après cela la réputation tient, demandez entretien, et, si l’on vous l’accorde Hildebert… Si l’on vous l’accorde, et qu’on vous parle de mes insignifiantes rimes, vous pourrez reprendre cet air contrit pour vous faire plaindre et par l’occasion trier le vrai du faux.

Le baron se tourna vers l’autre homme :

-    Et vous Raoul, vous m’avez compris?
-    Moi, Messire j’ai faim

Dernière modification par Elmut (2017-11-25 17:37:58)


Que Lussuria vous patafiole de ses grâces célestes.

Bien à vous,
Elmut

Hors ligne

#2 2017-11-27 13:45:34

K-lean
Inscription : 2017-08-01
Messages : 1 653

Re : Pasquin vaut mieux que deux tue-l'aura

"Hildebert, c'est bien cela votre nom ?"

Le Vicomte K-lean se faisait aider à enlever son manteau de laine.
Il rentrait à peine de son voyage au campement du Khan Nyrth et il restait encore quelques traces blanches de neige dans la fourrure.

"Venez manger à ma table, vous me semblez un peu trop sec pour affronter ces contrées avec votre petite escorte.
Et moi, les voyages, ça me donne faim !"
Le seigneur aux deux haches viking, toujours portées à sa ceinture, se tourna vers un serviteur et ordonna de faire diner aussi l'escorte de leur visiteur.
Il s'asseya seul d'un côté de la table et fit signe à Hildebert de s'assoir en face.
Une servante aux formes généreuses installa rapidement quelques couverts et rempli d'hydromel les chopes des deux hommes.
Le Vicomte ne prononça pas un mot et observa la servante jusqu'à ce qu'elle quitte la pièce avec son pichet vide.

"Ha... Cette jeune Franchilde... Si je n'avais pas promis à feu ses parents de la protéger... - Puis sortant de ses pensées -
Mais ce n'est pas ce qui vous intéresse aujourd'hui n'est ce pas ?
Allez ré expliquez moi, pourquoi avez vous demandé à me rencontrer ?"
Hildebert, prudemment, raconta le but de sa venue et présenta son seigneur Elmut en quelques mots.
Le Vicomte écouta patiemment tout en mangeant le plat que l'on venait de lui servir.

...

Hildebert avait terminé son récit, K-lean avait terminé son plat.
" Bien, je comprends.
Je crois avoir déjà entendu quelques vers de ce Elmut, il sait manier les mots et les rimes beaucoup mieux que la plupart des miens.
Nous avons un conteur qui aime à présenter les récits qu'il entend dans d'autres provinces, et les quelques vers de votre seigneur ont su amusé nos familles rassemblées pour l'occasion. Si ce n'est pas son épée, sa plume pourrait nous être d'une grande utilité !

En ce qui concerne votre quête, je vais être franc, vous trouverez toujours un suzerain plus méritant qu'un autre.
Vous pourriez marcher et parcourir toutes les provinces d'Okord que vous ne sauriez plus vers qui vous tourner.
Je crois que votre seigneur Elmut devrait surtout chercher une faction, plus qu'un suzerain.
Surtout s'il ne sait pas encore clairement quelle voie et quelle destinée il souhaite accomplir. "

Le silence s'installa entre les deux hommes tandis que K-lean finissait sa chope d'une traite et se reservait.
Hildebert mangeait doucement, faisant attention à respecter les codes de bonnes maisons.
Pourtant en face de lui le Vicomte K-lean ne prêtait aucunement attention à ces règles qui lui semblaient inutiles.

" Je fais partie des Templiers - repris le Viking aux deux haches.
Je pourrais prendre le temps d'expliquer concrètement à votre seigneur Elmut comment nous fonctionnons, comment nous voyons les choses.
Ce qu'il faut retenir c'est que nous sommes plutôt une famille qu'une réelle faction. Nous n'avons pas un chef qui dirige tout d'une main de fer.
Nous avons plusieurs membres dans ce que nous nommons le Haut Conseil des Templiers pour prendre les décisions les plus importantes.
Mais nous invitons très régulièrement toute la famille à donner son opinion avant de trancher certaines décisions.
Tenez par exemple, un de nos jeunes comte à souhaiter voir ailleurs quelques temps ..."
Le Vicomte K-lean parla longuement pour décrire sa faction. Il l'a décrivit avec passion, se levant parfois pour imiter le seigneur Zadams guidant ses troupes, agitant ses mains devant sa poitrine à l'évocation d'Alania qu'il surnommait "Pouet Pouet", changeant de voix et adoptant un étrange accent quand il parlait de l'ambassadeur Hagen de Myzar, mimant des gestes de bagarre lorsqu'il décrivit Antijaky...
Hildebert écoutait patiemment, termina son repas et se fit resservir quelques chopes avant que le Vicomte se rassit enfin à sa place, presque essoufflé et les yeux étincelants.

"Voilà, c'est ça les Templiers."
K-lean regarda fixement Hildebert, attendant une réaction.


Lignée des Trofs, et autres successeurs

Hors ligne

Pied de page des forums

Propulsé par FluxBB