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Certaines voix se sont élevées, avec plus ou moins de timidité, pour dénoncer une nouvelle tentative de putsch des Valyriens. Ils auraient été contaminés par ma prétendue soif de vengeance et auraient accepté de me suivre dans ma quête de puissance.
Il est vrai que j’aurais toutes les raisons du monde d’en vouloir à Eugenie Morgan. Beaucoup l’ont oublié mais, lorsque je suis devenu roi d’Okord (et je parle bien de moi, pas de Rhaegar), je me suis engagé à négocier avec l’Empereur afin de réhabiliter notre Royaume. Dans le même temps, j’avais également engagé de profondes réformes des institutions politiques d’Okord. Alors que l’heure était à l’union, les troupes araldiennes, guidées par Eugenie Morgan, m’ont attaqué et capturé sans déclaration préalable. Et sans raison, si ce n’est l’ambition personnelle d’Eugenie Morgan. Sitôt au pouvoir, elle s’est empressée de poursuivre l’œuvre de Rhaegar en reconnaissant la souveraineté de l’Empire sur Okord.
Mais c’est oublier la force de caractère des Loups et mon attachement au Royaume d’Okord. La force de caractère des Loups, d’abord : vous pensez vraiment que ces vieux seigneurs se laisseraient entraîner dans un conflit qu’ils n’ont pas librement choisi ? C’est mal connaître le vieux Foxhound. Mon attachement au Royaume d’Okord, ensuite : contrairement à mon père, j’aime ces terres, ce peuple et ses valeurs. Je suis okordien.
Ce sont cette force de caractère de la Compagnie et notre amour pour Okord qui nous amènent aujourd’hui à nous révolter contre Abrasil. Pas de vulgaires ambitions personnelles. Des ambitions pour quoi, d’ailleurs ? Nous sommes la chaîne vassalique la plus puissante d’Okord et le trône ne nous intéresse pas. Non, seule notre aspiration à une reconnaissance du Royaume d’Okord inspire cette révolte. Et si le chemin de la reconnaissance passe par la chute du Duché d’Arald, qui est le premier soutien de l’Empire en terres okordiennes, alors qu’ils tombent.
Mais pour que cette renaissance soit possible, l’intégralité des seigneurs d’Okord doivent être unis. Les querelles personnelles doivent être mises de côté. C’est pourquoi, au nom de cette quête vers la Liberté, je tends la main aux Araldiens. Qu’ils brisent leurs chaînes et rejettent l’autorité de leur maître, et nous les considérerons comme des alliés. Qu’ils s’émancipent de Torkson l’arrogant, et, ensemble, nous unirons notre force pour reconstruire notre ROYAUME. Qu’ils se joignent à notre lutte et nous ne tenterons pas de renverser leur chef (comme je viens de le préciser, le trône ne nous intéresse pas). Voici bien la preuve de notre bonne foi.
S'il était possible de vous faire confiance Dragan je prendrai volontiers cette main tendue, non pas pour livrer la guerre et le malheur à Okord mais pour aller au-devant de l'Empereur travailler avec lui et notre gouvernement au développement d'Okord et à sa grandeur. Car vous ne le voyez pas mais notre Gouvernement travaille déjà et les premiers fruits vont bientôt arriver.
Mais hélas, comment faire confiance à une famille où la manipulation est semble-t-il coutumière ? Après votre Père voici que vous vous êtes ridiculisé dans vos mensonges maladroits.
Vous m'attaquer parce que je regroupe quelques troupes en prévision d'une attaque potentielle de vos vassaux qui se regroupent à mes frontières. Vous trouvez un prétexte pour prétendre que cela n'avait rien d'un attaque contre moi et du coup vous attaquez "préventivement" ?
Et l'instant d'après ce prétexte se transformerait en rébellion soudaine ? Chacun peut voir clairement vos mensonges maintenant, la rébellion était bien préméditée et l'agresseur c'est bien vous. D'ailleurs les faits parlent d'eux-même : ai-je mené la moindre attaque ? Non.
Par contre vous avez bien attaqué mon fief Rohir.
Donc voilà, nous ne pouvons avoir confiance en vous Prince du mensonge. J'appelle les fidèles à Okord à résister aux rebelles qui ne vont attirer sur nous que malheur !
Eugénie Morgan
Le chevaucheur achevait bruyamment sa soupe, installé près de la grande cheminée du manoir fortifié. On lui apporta du pain, et un serviteur relança la flambée.
Des Armoises observa ces hommes, songea à leurs vies difficiles, au devenir de leur familles.
Il retint un soupir.
Dans sa main gauche, le baron serrait le rouleau adressé par Dragan de Valyria aux seigneurs d'Okord.
Dans la droite, le parchemin de la Polémarque, invitant à le combattre.
Les hommes de sa petite Maison accepteraient son choix, quel qu'il fût, tout comme il composerait avec celui de son suzerain.
C'était une longue chaîne d'hommes, de désirs, d'ambitions - et parfois de principes - qui menait au chaos de la guerre civile, la pire forme de conflit qui fût, jetant les uns contre les autres amis, cousins, voisins...
Combattre l'empire.
Dragan s'engageait dans une lutte qu'il avait toujours espérée.
Un combat qu'il s'était efforcé de mener, humblement, à son échelle, en essayant - vainement - de contacter l'Académie (qu'on disait rétive à la domination abrasilienne) ou en renonçant aux honneurs d'un tournoi grandiose, certes, mais aux couleurs de l'Empire (Recevoir l'"hospitalité impériale", au coeur d'Okord !)
Le baron s'efforça d'oublier l'outrage, d'oublier aussi l'arrogance écoeurante des marionnettes de Torkson. Il éprouvait une aversion particulière pour le sinistre Prévôt des marchands, qui construisait par l'usure et le négoce une nouvelle forme de noblesse. Une "noblesse" d'écus, de robes, de calculs qui ne tarderait pas à lorgner sur les biens des Maisons forgées par l'épée.
Main gauche, main droite...
Dragan...Eugénie...
Bien sûr, il pouvait comprendre le dessein d'Eugénie Morgan. Garantir la prospérité et la tranquillité d'Okord en plaçant le royaume sous la protection de Torkson.
Un "protecteur".
Okord était-elle une catin ?
Des Armoises observa les deux parchemins. Se représenta les deux chemins.
Il ne pourrait jamais respecter l'autorité de Torkson pour une raison toute personnelle.
Cet homme se déclarait Empereur non pas de droit divin, mais divin. Empereur-divin !
"Il n'existe qu'un seul Dieu, despote hérétique gonflé de vanité" murmura-t-il en s'approchant du foyer.
Sa main gauche tenait encore un velin.
La main droite était vide, et le feu dévorait les paroles d'Eugénie.
Dernière modification par Des Armoises (2017-10-26 21:32:25)
Imperturbable, Dragan avait écouté les invectives des seigneurs qui se succédaient à la tribune du haut conseil. Ses détracteurs habituels avaient rivalisé de véhémence. Quand vint enfin son tour, il se redressa en applaudissant, un sourire triste aux lèvres.
"Mes chers amis, je dois admettre que je suis impressionné. VOUS m’impressionnez. Ce front commun qui se forme à chaque fois qu’un Valyrien bouge un orteil pourrait aisément soulever des montagnes. Ou des empires - à bon entendeur. En temps normal, j'aurais pris le temps de répondre à chacune des attaques mais l'heure n'est pas aux joutes verbales.
Je ne vous demande pas de me suivre moi. Je ne suis pas le leader de cette rébellion, car rébellion organisée il n'y a pas. La résistance est individuelle. Chacun d'entre vous peut se rebeller contre l'Empire sans, pour autant, prendre les armes ou faire semblant de m'apprécier. Allez-vous réellement faire primer la haine que vous me vouez sur votre attachement au royaume d'Okord ?
Lorsque mon père a prôné la soumission à Abrasil - après, rappelons-le, avoir avoir fait face à la révolte générale d'une partie de la noblesse okordienne... -, vous vous êtes spontanément soulevés contre l'envahisseur étranger. Le mouvement de résistance était alors mené par Eugenie Morgan. Mais sitôt les Valyriens renvoyés sur leurs terres, votre ardeur s'est éteinte et vous avez applaudit votre nouvelle souveraine parce qu'elle avait fait le choix de... se soumettre à Torkson. C'est incompréhensible.
Aujourd'hui, la première chaîne vassalique du royaume propose de mettre ses forces à votre disposition afin que nous puissions, ensemble, reconquérir notre liberté. Mieux encore, nous avons tendu notre main à Arald, malgré leur vaine tentative de nous décimer - parce que, oui, la guerre avait déjà implicitement été déclarée par les fourbes mouvements de Morgan lorsque j'ai mené notre première attaque, mais vous faites semblant de ne pas le comprendre. Nous avons même accepté de lui laisser le trône, alors que nos forces sont infiniment supérieures à ce que les Araldiens sont capables d'aligner. Ce n'était pas pour rattraper un "putsch raté" (je le dis et le redis, le trône ne m'intéresse plus) mais seulement parce qu'il nous paraît idiot de gâcher nos forces avant les véritables batailles qui s'annoncent.
Les Loups se battront jusqu'à leur perte pour le Royaume d'Okord. Nous refusons d'être les laquais dociles d'un empereur lointain et mégalomane, qui croit pouvoir acheter notre adhésion et notre dignité en organisant un tournoi misérable.
Le Dragon lui avait remis deux parchemins scellés: l'un sentant le soufre, l'autre la rosé du matin.
Dragan de Valyria et Eugenie Morgan, la Polémarque, se livraient une joute par messages, afin de ralier le plus de seigneurs à sa cause.
L'enjeu? Okord, évidemment!
Même s'il ne se l'avouait pas, Dragan voulait le trône, et Eugénie...aurait dû écouter les conseils des vieux seigneurs.
Ascelin lui avait fait la leçon, Jeyangel lui avait prédit gloire...et lutte. Mais également qu'elle n'était qu'une fleur délicate au milieu des ronces robustes!
Donc, Dragan appelait à "une rebellion sans combat", et Eugénie, en bon Araldienne, à "repousser la menace".
Ürtis se demandait de plus en plus ce que son seigneur pouvait trouver à cette enfant couronnée. Elle possédait le caractère de son père, et les caprices d'une enfant; malgré qu'elle ait grandi...
Jeyangel l'avait chargé d'envoyer quelques messages, afin d'éclaircir certains points, et de se faire sa propre opinion.
Le Commandant savait que son seigneur était dans une position délicate: jamais ne ploie genou, mais fidèle à Arald. Il ne pouvait satisfaire les deux...
Ürtis devait décider...
Dernière modification par Jeyangel (2017-10-27 12:26:30)
Un émissaire se présenta au Haut Conseil, délégué sur place par la Compagnie des Loups.
Les seigneurs de la Compagnie des Loups prennent acte de la réponse négative adressée à leur proposition par les seigneurs d'Arald. Nul ne pourra leur reprocher d'avoir tenté de négocier une solution pacifique et de créer l'union sacrée. Ce sera donc la guerre.
Dernière modification par Rhaegar (2017-10-27 13:51:08)
L'appel au soulèvement ne rencontra pas le succès escompté. Cela ne le surprenait qu'à moitié. Les Okordiens, dans leur majorité, étaient davantage doués pour les commérages en tribune royale que pour l'action. Et pourquoi abandonneraient-ils le confort de leurs beaux châteaux pour mener des campagnes militaires éprouvantes et coûteuses ? Ils se fichaient bien d'être libres, ou, en tout cas, se satisfaisaient de l'autonomie qui leur était souverainement accordée par Son impériale grandeur. Même ceux d'entre eux qui se livraient régulièrement à des critiques de l'Empire étaient demeurés passifs, souvent par couardise. L'inexorable déclin d'un peuple autrefois si fier. Mais les Loups, eux, étaient profondément attachés à cette liberté. Vivre libres ou tomber.
La salle du conseil de Nesras était bondée. L'intégralité des seigneurs composant la Compagnie étaient réunis autour de la grande table, sur laquelle une grande carte de la région avait été déroulée. Nul ne trônait en bout de table : la confrérie était davantage une grande famille qu'un ordre hiérarchisé. Des frères et des sœurs de meute qui se préparaient à livrer une bataille importante.
Le Prince Dragan se redressa afin de prendre la parole.
"Mes chers amis, nous sommes à un tournant de cette guerre. Les seigneurs d'Arald sont de formidables adversaires mais, amputés d'un de leurs chefs et dépassés par la puissance de nos armées coalisées, ils sont désorganisés et mis en déroute.
L'armée du polémarque d'Abrasil est toutefois demeurée intacte et la mobilité de sa cavalerie complique notre traque. Cette nuit, guidés par la Lune et par l'appel de la liberté, nous marcherons sur Aeglos. Le lieutenant de Torkson et ses vingt-cinq mille cavaliers n'y seront pas, et là réside justement tout l'intérêt de cette opération : affaiblie par l'absence de son commandant, l'armée de Morgan n'en sera que plus vulnérable. A portée de crocs.
La chasse est ouverte."
L'immense ost prit la route alors que la nuit était déjà bien avancée et, débarrassé de la lenteur des chars, des trébuchets et des balistes, atteignit Aeglos à l'aube sans avoir été repéré. Les Araldiens combattirent avec courage et ne déméritèrent pas, mais ils n'eurent aucune chance. Soixante mille fantassins, quatre mille arbalétriers, dix mille lanciers et quinze mille archers furent anéantis, et six mille engins de siège détruits.
(HRP : je n'ai pas le temps de vous pondre un joli récit mais j'essaie toujours de retranscrire les principaux événements afin d'en garder une trace écrite pour en faire ultérieurement un historique exhaustif.)
Dernière modification par Rhaegar (2017-10-29 11:30:53)
Merlin redoutait l'arrivée des messagers, pas une bonne nouvelle...
Peu à peu Arald pliait, les Loups avaient bien préparé leur coup chaque attaque se soldait par une victoire. Seule bonne nouvelle La Polémarque leur échappait mais pour combien de temps encore.
Quand au reste d'Okord pas une voix ne se faisait entendre, la rébellion à l'Empire les laissait de marbre peu prenait part en faveur des belligérants préférant être témoins plutôt qu'acteurs...
Dernière modification par Merlin (2017-10-29 12:26:24)
Le Vicomte avait été fort occupé. Entre les affaires de le Croix d'Azur et les vassaux qu'il couvait, il avait été assez limité sur le plan politique du royaume, cependant, il savait que de choses graves se tramaient.
Les de Valyria, cette famille n'avait toujours apporté que la misère et la ruine en Okord. Dragan se voulait le libérateur d'Okord, il disait vouloir défaire tout ce que son père avait fait. Tout seul, Galdor se demandait si Dragan allait redonner la province que Rhaegar avait volé à Kifu, cette pensée lui arrachait un sourire, un court instant d'insouciance.
Le sceau vint frapper la cire chaude, la lettre était scellé, Galdor la donna à un messager qui s’élançait déjà à la rencontre de la Polémarque. Aujourd'hui, le Vicomte rentrait en guerre, pas pour la Polémarque, il se moquait de la Polémarque. Non, il rentrait en guerre pour Okord, si Okord voulait la liberté, ce n'est pas la Polémarque qu'il faut viser. Mais comme toujours, Dragan inventait une excuse, et un cause pour servir son intérêt personnel et sa soif de gloire.
[HRP: Mes vassaux ne participent pas à cette guerre, je serais le seul, ils ne sont donc pas à prendre en tant que cible.]
->Galdor : Fondateur de la Camorrie (disparu)
- >Kratas Tori: Premier et seul prince de Camorrie, jusqu'à la dissolution de la principauté (Exilé quelque part en Okord)
->Lilwenn Tori : Duchesse de Camorrie, première femme à diriger la Camorrie. (Actuel)
Personnage annexe : -> Intendant Randolph. Dirige la Camorrie en absence de Kratas, jusqu'à l'arrivée de Lilwenn
Hors ligne
Le parchemin pendait au bout de ma main, seulement retenu par un coin coincé entre deux doigts. Assis dans la salle à manger d'Ebbenburg, les yeux dans le vague, j'envisageais les possibilités.
Ce Dragan de Valyria était bien difficile à cerner. J'avais eu vent des exploits de son père. Des siens aussi.
Les arguments qu'il avançait dans sa missive étaient bien légers. Ils ne faisaient que peu de sens, ou du moins pas le sens que leur auteur prétendait. Chaque action et chaque parole ne semblait répondre qu'au besoin immédiat. Tel l'animal sauvage qui ne se met en chasse que lorsque la faim se fait sentir.
La seule chose certaine était qu'il était un guerrier exceptionnel et que ses frères d'armes ne se verraient jamais trahis. Les loups étaient des combattants impressionnants et cela tenait pour beaucoup de leur loyauté entre eux. En revanche ceux qui ne faisaient pas parti de leur meute, comme ils se plaisaient à l'appeler, n'avaient pas les mêmes certitudes.
Comment croire à cet amour d'Okord, clamé pour justifier cette guerre ?
Je n'éprouve moi-même aucun attachement particulier à cette province. Ce ne sont pas mes origines, je n'y ai ni souvenirs d'enfance, ni parent même lointain. Mais quel but aurait un tel affrontement ? Défier Abrasil alors que nous prêtions serment hier seulement ?
Ce Dragan ne cesse de parler de liberté et d'indépendance. Je ne peux que me questionner sur les raisons réelles de cette rébellion quand il m'est impossible de constater la réalité de ses doléances. L'empereur Torkson a exempté la province de tout impôt, n'a pris aucun otage, et n'impose ou n'interdit aucune pratique. Tout cela contre la simple assurance qu'Okord jouerait le rôle de bouclier contre la Horde et non celui d'un ennemi supplémentaire.
Car c'est bien de cela qu'il s'agissait. Torkson n'avait que faire d'Okord, ce royaume inoffensif miné par les querelles internes. Il n'y avait rien dans cette province qu'il ne possédait déjà.
S'il était venu y placer ses pions, c'est que son empire gigantesque faisait face à des menaces de toute part. Okord devait protéger l'est d'Abrasil. Bien sûr, la Horde passerait. Mais elle serait ralentie, fatiguée, elle aurait des pertes.
Si les seigneurs d'Okord n'étaient doués que pour une chose c'était bien la guerre. Même en infériorité criante ils étaient toujours coriaces. C'était tout ce qui comptait. Un empereur tel que Torkson utilise tous les moyens possibles pour arriver à ses fins, même ceux qui peuvent paraître insignifiants.
De ce fait, déstabiliser Okord permettait d'affaiblir Abrasil, dans une certaine mesure. Dragan n'était pas la tête mais le bras, même s'il n'en avait pas conscience. Je n'avais aucune idée de qui était derrière tout cela. Je ne connaissais pas tous les ennemis d'Abrasil, ni toutes les tractations et négociations qui pouvaient être impactées par de telles manœuvres. Je n'aurais jamais pu répondre à cette question, et la réponse ne m'importait guère de toute façon.
Dans tout cela, mon intérêt était de repousser la Horde du Khan, et se trouvait donc du côté d'Abrasil. Pour le moment.
Je me levais, et sans un regard de plus jetais le bout de papier dans les flammes. J'appelais un messager.
« Je veux que tu portes un message à Eugénie Morgan, lui expliquais-je. Pas de pigeon pour celui-ci. Écris que nous nous tenons prêt à agir.
Oui, je sais, nous nous tenons toujours prêt, fis-je en voyant l'incompréhension se dessiner sur son visage. Rappelle simplement à la polémarque que je ne brise pas mes serments et qu'elle n'a qu'à donner l'ordre et nous nous mettrons en marche. Quand tu auras fini, reviens me voir pour que je scelle la lettre. Tu pars demain à l'aube, avec assez de vivre pour plusieurs jours car tu devras la chercher, je ne sais pas où elle se trouve. »
Il hocha la tête et disparu par la porte menant au scriptorium.
Dernière modification par Rode (2017-10-29 17:32:11)
"Dragan doit être devenu fou. Les loups aussi."
Elverid rejeta sur la table la missive qu'elle venait de lire. Un appel à la rébellion ouverte, au moment où Okord était enfin débarrassé des armées d'occupation de l'empire, c'était tout simplement absurde. Bien sûr qu'il fallait reconquérir la liberté, mais il y avait d'autres moyens qu'une guerre lancée à l'aveugle. Plus longs, moins glorieux, moins épiques, certes. Mais beaucoup moins destructeurs, aussi, et avec une meilleure chance de succès.
La matriarche se saisit d'un parchemin et commença à écrire.
Prince Dragan de Valyria,
Je souhaite autant que vous qu'Okord retrouve son statut de royaume et une vraie liberté. Cependant, je me dois de vous inciter à examiner notre situation avec davantage de pragmatisme.
Votre entrée en rébellion a déjà provoqué la fuite du prévot Bonh vers Abrasil. Il m'est impossible de vous dire si l'Empereur va laisser Eugénie Morgan se débrouiller pour prouver sa valeur, ou envoyer des troupes pour lui prêter main forte, ou encore intervenir plus tard si vous parvenez à la défaire. Cependant, si vous voulez vous emparer du trône et entraîner tout Okord dans vos choix, il est de votre devoir de réfléchir à toutes les conséquences possibles.
Nous n'avons pas suffisamment d'informations sur l'armée impériale, son effectif, son armement, ses techniques de combats, pour élaborer une stratégie efficace. A l'inverse, plusieurs garnisons d'occupation abrasiennes ont déjà sillonné Okord de long en large, reconnu le terrain, probablement dressé des cartes, et évalué nos forces. L'Empereur est même au courant de l'existence de l'Académie, alors que j'avais tout fait pour la garder secrète.
En cas d'affrontement avec Abrasil, ce sont eux qui auront l'avantage.Ne confondez pas courage et inconscience. Une guerre ouverte n'est pas la solution. Mais il y en a d'autres.
Tout d'abord, il faut absolument que nous en apprenions le plus possible sur l'Empire, ses lois, ses coutumes, son histoire. L'ouverture de routes commerciales pourra constituer une première étape à l'établissement d'échanges culturels qui nous donneront accès aux informations qui nous manquent, et qui nous permettront également de diffuser nos propres idées et coutumes :
Supposez par exemple que des érudits abrasiens visitent les cités du Clan du Hibou. Lorsqu'ils verront que je ne suis ni crainte, ni vénérée comme une déesse, mais que personne ne complote contre moi pour autant ; que la fonction de matriarche ne s'hérite pas, ne se prend pas par la force, mais est confiée à celle qui, parmi les érudites, montre les meilleures aptitudes à gouverner ; que ce sont les dirigeants qui veillent à l'intérêt du clan, et non le clan qui sert les intérêts des dirigeants ; enfin, que tous les membres du clan peuvent s'exprimer librement en ma présence... certains d'entre eux commenceront forcément à porter un regard critique sur la manière dont est exercé le pouvoir chez eux.Mon intention n'est pas de me soumettre à l'Empire comme un mouton, pour reprendre les termes de certaines rumeurs, mais de regagner notre liberté, pas après pas, en faisant évoluer les choses de l'intérieur.
Pour Okord,
Elverid
Dernière modification par Elverid (2017-10-30 00:01:47)
Matriarche du Clan du Hibou,
Il est évident que la lutte ne se fera pas par les armes. Vous remarquerez justement que nous n'avons pas déclaré la guerre à l'Empire d'Abrasil (même si, j'en conviens, certaines de nos déclarations sont peut-être un peu ambiguës). Toutefois, le recours aux voies alternatives - négociation avec les royaumes voisins, notamment - suppose que le leader du royaume ait l'ambition et le projet, sur le long terme, de rendre à Okord son statut de royaume indépendant. Ce n'est pas le cas du polémarque actuel, qui est un agent impérial à la botte de l'Empereur, plus zélé encore que ne l'était mon père.
Nous considérons par ailleurs que le polémarque n'a pas la carrure d'un souverain. Quel est son bilan, après quatre années de règne ? Des complots permanents (rappelons qu'elle avait fourbement tenté de profiter du conflit Loups/Templiers pour préparer une agression...), quelques chevauchées nocturnes endiablées avec ses principaux serviteurs et la désignation de "gouverneurs" aux prérogatives peu précises.
Pour ces deux raisons - le choix d'une posture de soumission totale à l'égard de l'Empire et un bilan catastrophique -, nous estimons cette rébellion légitime.
J'aimerais, pour terminer, apporter deux précisions.
D'une part, je tiens à rappeler que nous avons adressé, à deux occasions, des propositions officielles de paix et d'union avec le Duché d'Arald. Nous aurions pu ouvrir un débat sur la question de nos rapports avec l'Empire et trouver ensemble un terrain d'entente. En tant que première chaîne vassalique d'Okord, les Loups n'avaient-ils pas le droit d'être entendus sur des questions aussi fondamentales ? Mais le polémarque a refusé, en nous insultant au passage.
D'autre part, sauf erreur de ma part, le trône d'Okord n'est pas la propriété exclusive du Duché d'Arald. Ceux d'entre nous qui sont en désaccord avec la politique menée par le souverain sont en droit de rejeter son autorité ; c'est en tout cas ce qui se fait depuis que ce royaume existe, et cela ne semblait pas vous offusquer avant aujourd'hui.
Les Loups combattront donc jusqu'à la destitution de Morgan et la désignation d'un souverain qui fera la promesse de réformer nos institutions et de tout mettre en oeuvre pour rendre à Okord le statut qui devrait être le sien. Comme vous vous en doutez et sans aucune hypocrisie, je me considère comme un candidat potentiel - comme tous les princes, par définition - mais nous apporterons notre soutien à tout polémarque qui remplirait les deux critères que nous venons de citer, peu importe la chaîne vassalique à laquelle il appartient.
Pour Okord,
Prince Dragan
Loup de Valyria
Dernière modification par Rhaegar (2017-10-30 00:53:42)
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