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#1 2016-11-25 15:50:19

Safet Plizir

Safet Plizir...

Safet Plizir contemplait ses fiefs...de petits hameaux où une tour et de faibles murailles s'élevaient au dessus d'habitations en toit de chaume.

"Tout ça pour ça"... la pensée avait été fugace mais elle le tourmentait...

Le long voyage avait été épuisant,la Mer déchainée, les plaines infinies, les montagnes escarpées et enneigées avaient succédé aux déserts les plus arides.
Les embuscades de peuplades jusque là inconnues, les rapines, les désertions, les morts aux combat et de maladies avaient décimé la troupe de Safet Plizir.
Ses compagnons de route avaient rassemblé autour de lui ce qui restait de sa troupe et de sa suite.

Le Pays était hostile, la Langue n'était pas celle apprise auprès de ses précepteurs, le Froid qui glace les os, la Pluie qui trempe tout: le Climat était une abomination, une punition de Dieu pour ces Mécréants...

Le Départ avait été cependant la seule solution, les conseillers de son père l'avaient prévenu une fois sa mort connue ils ne pourraient le défendre contre la férocité de ses frères.
Ces derniers avaient rassemblé aux portes du Sultanat une armée de mercenaires prête à venir le massacrer.

Les préparatifs avaient été rapides: armes, bagages, amis fidèles, harem, médecins, astronomes, tout et tous avaient formé une caravane hétéroclite.
Ils avaient quitté le Palais et la Ville de nuit, ils avaient embarqué dans le Port le plus proche, à une journée de marche.

Safet avait des amis fidèles parmi les armateurs de son ancien royaume mais une grande partie du trésor avait été engloutie pour assurer cette fuite discrète qui leur avait évité une mort horrible.

Les vaisseaux avaient filé plein Est, vers ce Pays de Cocagne dont Safet avait été bercé toute son enfance:
Les chevaliers bardés de fer montés sur des Monstres eux aussi recouverts de métal, les charges qui faisaient trembler le sol et glaçaient d'Effroi le plus valeureux des Seldjoukides avaient peuplé ses songes.
La Terre de son Ancêtre venu en Orient pour une croisade était différente de celle des contes et légendes de son enfance.

La réalité pour l'instant était tout autre, il n'avait rencontré pour l'instant que de l'hostilité vis à vis de lui et ses compagnons.
Leurs manières orientales, leur accent, leurs armures, leurs armes courbées n'avaient déclenché que quolibets, insultes et rixes.
Ils crurent longtemps que "Infidèles" était le mot utilisé pour "étranger".

Dernière modification par Safet Plizir (2017-01-07 11:27:55)

#2 2016-11-28 19:30:10

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

A l'aube une petite troupe s'était approchée de l'Alhambra, deux charriots, quelques cavaliers avec à leur tête un Chevalier à l'armure scintillante.
Ils se postèrent ostensiblement à une centaine de pieds du Camp et installèrent une grande tente.
Safet  prévenu par sa Garde, s'habilla rapidement, pris son cheval préféré: un Bai Arabe, plus fait pour la parade que pour la guerre et accompagné par 6 de ses compagnons en armes il s'avança en direction du campement.

Le chevalier vint a sa rencontre à pied, une fois descendu de son destrier Safet le salua et lui demanda à qui il avait affaire.

"Je suis l'envoyé de mon Seigneur le Prince Godefroy, veuillez accepter mon invitation sous ma tente."

Safet le suivi et prit place sur un des deux sièges installés là. La tente était de belle facture et d'un luxe discret mais présent.

"Mon Seigneur veut savoir quelles sont les raisons de votre présence sur ses terres et de quels droits vous vous êtes attribué ce fief ? seule sa curiosité face à vos accoutrements et manières vous a sauvé d'une fin rapide et définitive."

#3 2016-11-29 00:19:30

Godefroy

Re : Safet Plizir...

Lorsqu'un coursier vint prévenir les conseillers qu'un nouveau camps fut installé sur les terre, ces derniers haussèrent les épaules et non sans dépit ordonnèrent un espionnage en règle de ce camps barbare. "rien de plus que quelques déserteurs d'un seigneur en ruine".

Quelques jours plus tard, les conseilers furent à nouveau dérangé par le coursier mais celui ci avait eu du mal à expliquer ce que les espions avaient vus. Les mots se mélangeais mais certains revenaient souvent "étrange", "différent", "nouveau", ce qui bien sur attira l'attention du maitre espion.


Ce n'était donc pas un camps barbare mais un petit village? Bien, bien bien, apprenez en plus ordonna le maitre espion au coursier.

Ce ne fut que de long jour plus tard qu'enfin la nouvelle parvint que des étrangers au royaume s'était installé sur les terres d'un seigneur disparu.


Les conseillers firent un choix assez simple en fait.

"Envoyez donc un cadeau de bienvenue à ces jeunes arrivés, et faites les venir au chateau pour discuter. Nous sommes des gens civilisés, si ils viennent du Gundor, nous les écartèleront mais si ce n'est pas le cas, il n'y a aucune raison de ne pas les écouter avant de les trucider, nous sommes civilisé tout de même".

Il ne restait plus qu'à attendre leur venue. Les temps et les moeurs s'était durcie dernièrement, un peu trop peut être...

#4 2016-12-05 13:42:00

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Plus l'escorte de Safet Plizir s'approchait du Château du Prince Godefroy plus il leur apparaissait comme impressionnant: Murailles immenses, Donjons crevant le ciel, douves profondes...un fort sentiment de puissance se dégageait de la Forteresse.

L'entrevu avec l'envoyé du Prince avait été cordiale mais Safet avait bien compris que son avenir dans ce royaume allait se jouer dans les heures prochaines.

Une fois le pont levis franchi, ils découvrirent une basse cour immense, de nombreux bâtiments occupés par une foule affairée et de nombreux gens d'Armes.

Ils franchirent plusieurs éléments défensifs pour aboutir au Donjon principal, sa taille imposante lui permettait d'accueillir une salle d'arme digne des plus grands palais de l'Orient.
La décoration était riche: la beauté des tentures rivalisait avec celle des candélabres, les trophées de chasse et de guerre tapissaient les murs de la salle.
La garde du Prince présente en armure scintillantes ne laissait guère d'illusion en cas de conflit, les hommes de Safet seraient massacrés en un signe du Prince.

Un trône se trouvait sur une estrade, là aussi tentures et tapis magnifiaient l'ensemble.
Entouré par ses conseillers, le Prince debout s'avança vers Safet :

#5 2016-12-21 15:17:06

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

La rencontre fut brève, Safet avait bien compris le message:

Seule la curiosité du Prince avait permis à Safet de ne pas connaitre un sort funeste et seules de futures victoires militaires de la petite troupe d'Orientaux pourraient permettre son installation durable sur les Terres du Prince.

#6 2016-12-26 13:27:28

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Les victoires ne se firent pas attendre...comme souvent tout commença par un malentendu.

Un des hommes de Safet peu coutumier de la géographie et des us de la région se perdit sur les terres d'un Baron vindicatif, ce premier incident fut suivi par des rixes puis des escarmouches autour de plusieurs Fiefs.

Le trouble de voisinage se transforma en drame quand le Baron prétexta un espionnage qui n'avait pas eu lieu pour lancer une armée sur un des fiefs de Safet.
Non content de piller il massacra l'ensemble de la population...Safet accouru sur place, ne pu que constater l'ampleur et l'horreur de ce crime de guerre:
Hommes, femmes et enfants étripés, pendus, égorgés ...le carnage était sans nom.

Safet convoqua ses fidèles lieutenants, la discussion fut brève: chacun avait un ami, une cousine, un frère, un proche parmi les victimes, cette ignominie ne pouvait rester sans réponse.
Une fois les corps mis en terre, le fief fut transformé en nécropole et abandonné.

Désormais la Vengeance pouvait s'exercer:

Les troupes de Safet surprirent les défenseurs au petit matin, une fois les murailles prises et la garnison passait par les armes, il restait à régler le sort de la population réfugiée dans l'église.
Safet fit bloquer toutes les issues et il fut le premier à allumer le brasier, les cris d'effroi et de douleur venus de l'intérieur de l’Église ne réussirent pas à lui inspirer de la pitié.

Désormais tous savaient que sa détermination était sans faille et que toute agression contre son peuple serait sévèrement punie.

Les combats continuèrent, les pillages réussis suivaient les assauts repoussés, les troupes du Baron ennemi allaient de défaites et déroutes:
La cavalerie de Safet surprit une armée pendant un siège et la tailla en pièces.

Le moral était désormais au beau fixe.

#7 2016-12-28 13:07:58

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Le Baron ennemi avait jeté ses dernières forces dans la bataille, mais le pillage de sa "capitale" et la mise à bas de ses remparts fut le coup fatal.
Il rassembla ses derniers fidèles et quitta le Royaume définitivement par une nuit sans lune.

La victoire était totale, le premier ennemi de Safet Plizir avait été vaincu.
Les clameurs de la population envahirent les ruelles des fiefs de Safet, les célébrations pourraient commencer après l'hommage rendu aux morts .
Un banquet fut organisé dans chaque fief, guerriers et paysans assis ensemble à la même table.

Safet savait cependant que rien n'était gagné et que cette guerre n'était que la première.

Un messager fut envoyé au Prince Godefroy pour lui annoncer la nouvelle.

#8 2017-01-11 01:19:05

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Les succès de cette première campagne étaient un peu montés à la tête de Safet et de ses lieutenants...
Ils voyaient désormais les choses en grand, un nouvel adversaire avait été choisi, un fief d'un ennemi du Coq.

Ce fief était isolé et empiétait sur les terres de Safet, les espions avaient été efficaces, leurs rapports étaient précis.
Un fief avec une garnison affaiblie par l'oisiveté et une confiance mal placée dans ses murailles.

L'armée fut vite rassemblée, les armes de sièges avaient été construite dans la hâte mais tous pensaient qu'elles étaient de bonne facture.
Le siège fut rapide, les murailles furent vite mises à bas et la garnison passée par le fil des sabres.
La population fut épargnée et le butin important fut chargé dans les charrettes.
Une campagne rondement menée.

La troupe venue récupérer le reste du butin fut mise en pièce par une armée de secours du Suzerain...il fallait se contenter du premier pillage et rester prudent désormais...

Un seigneur puissant était intervenu pour contrer une action de Safet, ce dernier sourit...désormais il existait dans le Royaume d'Okord.

#9 2017-02-10 01:03:38

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Le nombre de fiefs augmentait, les guerriers orientaux pourfendaient les camps hostiles dans les Provinces du Coq.
Les rares incursions en territoire ennemi n'étaient pour l'instant que des escarmouches.
Safet était satisfait, il servait avec persévérance et application son Prince.
Une messager porteur d'une missive arriva dans le fief principal, il se présenta dans la salle du principal donjon.
Le regard de Safet s'illumina à sa vue:

"Soit le bienvenu parmi nous, je devine que tu as fait un long voyage..."
"Qu'on apporte de l'eau et des fruits à notre frère!"

Les armoiries sur l'armure du messager ne laissaient aucun doute, c'était le messager d'un seigneur ami venant du lointain Orient.

La missive était claire, l'un des fils de ce riche seigneur venait tenter l'aventure au Royaume d'Okord, il serait accompagné d'une suite réduite à quelques guerriers.
Le seigneur le confiait aux bons soins de Safet Plizir.
Heureux de la confiance mise en lui Safet fit préparer un terrain favorable à l'installation d'un fief pour le nouvel arrivant.
La joie au cœur, Safet supervisa les travaux et s’apprêta à accueillir son hôte.

#10 2017-03-12 12:18:14

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Les guerres de la Ligue du Coq avaient aguerri les guerriers venus de l'Orient.
Les batailles rangées, les embuscades et les sièges avaient été le quotidien des Troupes de Safet.
Une Paix précaire avait été signée, mais Safet décida de revenir aux fondamentaux de sa tactique guerrière: la Razzia.

A peine rentrées dans la Capitale, les troupes furent remises en ordre de bataille.
Lancées dans la plaine, les guerriers s’abattirent sur la forteresse par surprise, les défenseurs furent facilement vaincus et quelle ne fut pas la surprise de découvrir le Seigneur de ces lieux: le Vicomte Gauvin, entouré de sa garde personnelle dans le donjon principal.
Après les politesses d'usage le Vicomte fut convié à rejoindre un chariot pour le voyage retour.
Il fut bien traité et accueilli dans une des chambres de la Forteresse de Safet.

Une fois de retour, Safet fut convaincu que cette razzia allait peut-être avoir de sinistres conséquences pour les siens.

#11 2017-03-15 15:16:35

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Les sacs d'Or avaient été déposés sous les murailles, la somme était conforme aux us et coutumes du Royaume mais quelle impolitesse de la part des "payeurs"... pas un messager... pas un parchemin!

Safet prit ombrage de cet état de fait, les Seigneurs d'Okord le méprisaient toujours apparemment. Il saurait les faire changer d'avis.

Mais que devait-il faire du Pauvre Gauvin? les conversations qu'il avait tenté d'avoir avec lui avaient montré que le pauvre homme n'avait plus toute sa tête, son discours était incohérent:
"On me vole mon Or! mes fiefs!! mes gens! tout le monde veut me voler...vous! eux! nous! non!! MON OR!!"

Safet le renvoya dans une charrette vers son Fief principal à l'aube...quelle ne fût pas sa surprise d'apprendre que le soir même des éclaireurs l'avaient vu mener une troupe nombreuse, en armure de Croisé...

Il pensa alors que Royaume marchait sur la tête: les Déments allaient aux Croisades, les Suzerains payaient les rançons en catimini à la nuit tombée...et les Coqs avaient des dents...

#12 2017-03-19 20:31:31

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Les reconnaissances avaient été fructueuses: des fiefs proches, des troupes assoupies et se pensant à l'abri de faibles murailles.
Le seigneur des lieux semblait en villégiature dans un fort peu défendu, avec des troupes parties en manœuvre ou en vacance.

La Razzia fut vite organisée, le Fief fut encerclé, les quelques défenseurs passés par les armes une fois les murailles réduites en miette.
Une fois de plus le seigneur fut réveillé par les clameurs, une armure vite enfilée et les sabres l'entouraient déjà.
Le Seigneur Léon fut rapidement dirigé vers le chariot destiné aux prisonniers.

Il s’avéra être un invité des plus convenable, cependant la réponse à la demande de rançon se fit quelque peu attendre ce qui incita Safet à déclencher une nouvelle razzia sur un de ses fiefs...le résultat fut plus que convaincant et le Baron Léon fut libéré à titre gracieux, Safet ne voulant pas envenimer les choses.

#13 2017-04-08 19:46:25

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Le Duel avait été lancé, les émissaires de la Comtesse avaient à peine quitté les murs du Fief de Safet que les hostilités faisaient déjà rage.
La Guerre en Okord était un jeu de chat et de souris.
Safet avait la nette impression d'être la souris, les missions d'espionnage se succédaient les unes aux autres, les messages reçus étaient confus et incomplés.

L'armée fut divisée, quelques razzias furent victorieuses d'autres se brisèrent sur des murailles imprenables. Safet et sa garde étaient obligés de bouger sans cesse pour échapper aux embuscades et autres sièges.
Le manque d'engins de guerre se fit vite sentir au sein de l'armée de Safet, cherchant la décision car la guerre d'usure n'était pas sa tactique, Safet positionna sa cavalerie en embuscade espérant détruire la majeure partie de l'armée d'Aedeline.
La bataille finale eut lieu en deux parties, la première tourna à l'avantage de Safet, l'infanterie d'Aedeline fut taillée en pièces mais ce n'était que l'avant garde d'une armée en ordre de bataille.
Les charges de cavalerie se brisèrent sur les lignes de lanciers, les archers achevèrent ce qui restait des fiers destriers .
Safet échappa à la capture et se réfugia dans sa Capitale où l'attendait son infanterie et le reste de son armée. Safet savait qu'aller plus loin impliquerait des sacrifices inutiles et sa capacité de projection sans cavalerie était réduite.
Fort à propos des émissaires de la Comtesse s'avancèrent dans la plaine, ils étaient porteurs d'un message proposant la Paix en échange de la reconnaissance par Safet de sa défaite dans le Duel.
Safet savait qu'il devait épargner ses forces pour continuer à exister militairement dans le Royaume.

Ce premier duel lui avait beaucoup appris sur la Guerre en Okord et perdre contre un adversaire qui vous est supérieur en nombre et en expérience n'est pas infamant.
Une invitation accompagnait le message,
Safet l'accepta.


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Les portes de Falaises étaient grandes ouvertes pour accueillir la délégation du Vicomte Safet Plizir. La comtesse Aedeline, grande et musclée, une chevelure rousse attachée serrée, un visage plutôt banal, s’avance visiblement mal à l’aise dans la robe verte qu’elle porte pour accueillir son invité.
Les nuits et les derniers jours avaient été rudes, les visages étaient marqués dans la délégation de Safet, lui même arborait une barbe en bataille et seuls ses habits d’apparat lui rendaient un peu de prestige.
La jeune femme s’approche et tends une main pour aider à descendre tout en accueillant :
“Bienvenue Vicomte, j’espère que la route c’est bien passée? J’ai fait préparer vos quartiers voulez vous que je vous y conduise? Vos hommes pourront se reposer dans les baraquements intérieurs”
-Le voyage s’est bien déroulé, malgré le poids de notre défaite. Merci en tout cas pour votre invitation et pour votre accueil Comtesse, mes hommes et moi-même acceptons votre hospitalité avec gratitude et honneur.”
Elle conduit son invité vers le bâtiment principal de la forteresse, une construction sur deux étages, ils traversent les couloirs éclairés, des bruits d’activité intense émanent des cuisines et de la grande salle, ils empruntent un escalier et entrent dans une chambre de belle proportion, parquet en bois, lit richement gravé, un tapis de fourrure de chaque côté et des tentures recouvrent les murs. Sur une petite table de l’eau dans un plat, lui même sur un lit de charbons. “Voilà de quoi vous rafraîchir, si vous avez besoin de quoi que ce soit n’hésitez pas, mes gens vous serviront.
- Merci, je vais faire mes ablutions et prier . A quelle heure est prévu le dîner?” 
- D’ici deux heures environ, quelqu’un viendra vous prévenir”

moyen-age-banquet-Medieval.jpg


Deux heures plus tard un page frappa à la porte en vue d’informer Safet qu’il pouvait se rendre dans la grande salle. Deux longues tables occupent chaque côté, dominés par une table en travers formant un “U” où siégeait la maîtresse des lieux avec une place à sa droite manifestement réservée pour son hôte. Les tables regorgent de victuaille en tout genre, faisan rôti, cochon grillé, côtes de boeufs et poissons en sauce accompagnés de toutes les garnitures possible, même certains plat orientaux tel des couscous et tajine sont présents.
Safet s’avança accompagné par ses suivants; ils s’installèrent aux places libres.
Safet prit place auprès de son hôtesse.
“Vos cuisiniers ont fait merveille Comtesse mais les miens et moi-même nous nous abstiendrons des mets à base de cochon, nos croyances nous interdisent cette viande.
Que de faste pour accueillir un vaincu, c’est dans les habitudes de ce Royaume?”
.
- Pas toujours, cela dépends de mon estime de mes invités, mais vu vos actions et votre détermination je vous vois comme mes camarades de la caste des Forts d’Ygnnir, vous eussé je capturé vous auriez été traité ici comme vous l’êtes maintenant, en revanche j’ai eu un seigneur entre mes mains pendant de nombreux mois qui n’a connu que des voyages dans une boite sordide avec pour seule compagnie certains de mes soudards les plus rustres. En revanche vous dites ne pas consommer de porc, je suis curieuse, vu vos manière inhabituelles, on vous dit venir de l’orient, qu’est-ce qui vous amène en Okord?

-J’ai fui ma chère terre natale pour échapper à une mort certaine, dans mon pays être le fils cadet du souverain défunt n’est pas gage de longévité.La fraternité, au contraire de la cupidité et de la trahison, n’étant pas la plus grande qualité de mes frères de sang.
Pourquoi le Royaume d’Okord?
Ma mère est descendante d’un croisé venu de vos contrées lointaines et froides, c’est donc logiquement que je suis venu chercher gloire et fortune dans le Royaume de mes lointains ancêtres.
Malgré le climat, la langue et des coutumes qui parfois me sidèrent, j’ai trouvé un lieu où m’établir et prospérer.
J’ai reçu un soutien sans faille de mon suzerain le bienaimé Prince et futur Roi Godefroy, après une première entrevue étrange, il a accepté de me donner des terres, des villages et de l’Or pour le servir et combattre ses ennemis.

- Je ne connais que peu le prince Godefroy, mais s’il devient roi je m’évertuerai à le remplacer. Je comprends cependant votre reconnaissance envers celui qui vous a recueilli mais maintenant que vous êtes bien établi vous pourriez lui rendre ses dons et regagner votre liberté. J’ai moi même été anoblie par un seigneur local et je suis aujourd’hui son égale, je suis même plus titrée à vrai dire, je lui suis toujours reconnaissante mais je ne suis plus à ses ordres.

- Sachez chère Comtesse que la parole donnée dans le Pays d’où je viens est plus précieuse que la vie, il est inconcevable pour moi de la renier.
C’est surement une des perversions qui me choque le plus sous ces latitudes.
Plutôt mourir dans l’honneur que vivre dans la trahison.”

- Je ne parle pas de reniez votre parole, vous lui serez toujours redevable moralement, mais vous pouvez aussi être son égal, il n’y a de mon point de vue aucune trahison tant que vos choix sont acceptés par votre suzerain.

- Je n’ai pas votre ambition Comtesse, les habitants d’Okord n'accepteraient d’ailleurs jamais un Souverain né dans un autre pays. Je cherche l’honneur et la prospérité, devenir l’un des plus proches conseillers de mon suzerain, le Poste de Connétable me conviendrait.
C’est ce qui met Okord à feu et à sang: les ambitions démesurées...dans un Royaume il ne peut y avoir qu’un seul Roi.

- Et dans un tel royaume vous n’avez pas le droit de vivre! Nous sommes ambitieux mais cela nous forge aussi pour la guerre, chaque agression des pays voisins a été repoussé avec efficacité. Quand à avoir un souverain d’origine étrangère je doute que nous y voyons grand mal, vous représentez le parangon de la chevalerie en Okord, vous capturez les faibles et faites croitres vos domaines, vos gens doivent vous adorez et les seigneurs vous respectent.

-La flatterie est-elle l’arme des femmes de ce Royaume ?
Vous m’avez prouvé sur les champs de bataille par le Fer et le Sang que vous m’étiez supérieure dans l’Art de la Guerre vous l’êtes aussi dans l’Art du Verbe apparement.
C’est une chose étrange pour un homme tel que moi venu de contrée où le rôle des femmes se cantonne au mieux dans le conseil et l’intimité d’une alcôve et au pire dans les cuisines d’un palais.

- Si c’était là mon arme aurais-je pu vous battre militairement? Mais bien des femmes sont traités comme vous le décrivez en nos terres, pourtant si la compétence est là je ne vois pas pourquoi une femme ne ferait pas aussi bien qu’un homme. Nous sommes peut être peu nombreuses de ma trempe mais pas inexistantes. Okord a eu une reine et les duchesses Eugénie Morgan ou Carmen de Guarida n’ont rien à envier à leurs confrères. Mais pour en revenir à la flatterie ce n’est pas du tout mon habitude, je dis ce que je pense ou je me tais.

“J’accepte donc vos compliments qui m’honorent.”



Le lendemain matin un page vint frapper délicatement à la porte de Safet Plizir pour lui dire que son hôte l’invitait à faire le tour de son domaine avec elle.


La nuit avait été courte, les ablutions, toilette et prières faites, Safet enfila sa tenue de chasse, il déjeuna rapidement de quelques fruits secs et de pain non levé, une longue journée l’attendait.
Finalement la défaite passait mieux face à cette hôtesse étrange, dont la détermination dans le regard augurait d’une longue relation entre eux, elle serait faite surement encore de batailles, de rencontres mais aussi de respect voir d’affection.
Le Sort et la Chevalerie les avaient mis dans un camp différent mais leurs routes se croiseraient encore souvent.

Aedeline attendait son invité dans une tenue plus adaptée à son tempérament, un pantalon et une tunique courte, avec une veste de cuir rembourré par dessus, sa seule excentricité étant la bordure de fourrure rousse sur sa tunique.

“Bonjour, avez vous pu vous reposer suffisamment? Mes gens sont passés tôt mais je préfère faire ce tour de bonne heure.
-Bonjour Comtesse, j’ai l’habitude de me lever avant l’aube, j’ai la responsabilité des miens, de ceux qui m’ont été fidèles et qui m’ont suivi dans cette aventure en Okord.
Être Seigneur m’impose une discipline et une hygiène de vie drastique.
Je crois voir à votre allure et à votre dynamisme  que vous vous astreignez la même rigueur.

-Probablement, mais c’est aussi nécessaire pour mon style de commandement. A chacune de mes batailles j’ai été en première ligne, si je n’avais pas cette exigence envers moi même je ne pourrai pas me battre de cette façon et exalter mes hommes. J’ai pour principe de ne rien demander que je ne ferais moi même.”
Elle fait signe de la suivre, devant le bâtiment attendent les chevaux, celui d’Aedeline a son renard lové autour du pommeau de sa selle.
Le pur sang de Safet ne faisait pas pâle figure face aux chevaux d’Orkord, moins massif mais rapide il avait fier allure.
La sellerie tape à l’oeil typique de son lointain pays brillait sous les premiers rayons du soleil, Safet invita Aedeline a le précéder.
La jeune femme grimpe en souplesse sur son cheval et fait marcher son cheval en direction de la route prévue.

“Vous ne lésinez pas sur la qualité, quelles sont les représentations sur votre selle?”
-C’est de l’argent venu des mines de mon Pays, il est forgé puis ciselé par les meilleurs artisans de la Capitale et il décrit la légende ancienne de la création du Royaume par un jeune guerrier et une femme étrangère.”
Aedeline fait sortir l’équipage de l’enceinte de la forteresse et commence à couper à travers la forêt alentours
“Une histoire mettant en scène une femme? Quel rôle a t elle, surtout vu le dédain avec lequel elles semblent traités chez vous?
-C’est une ancienne légende, la femme étrangère n’est autre que la forme terrestre que prend le Dieu Éléphant, celui qui vous pouvez retrouver sur mes armoiries.
Elle est la conseillère principale et l’amante du jeune guerrier.
Lors de la bataille finale elle prend la forme d’un éléphant et chevauchée par le Guerrier, ils écrasent leurs ennemis et unifient le Royaume.”
-Je me demande quel en est la morale, mais il est probable que l’histoire raconte quelque chose dont je n’ai pas l’habitude”
Ce faisant ils arrivent auprès d’un bâtiment entouré de quelques enclos et plusieurs mottes de terre de quelque mètres de diamètre. Aedeline s’adresse au responsable des lieux :
“Avons nous eu les portées ?
- On a eu six blanc m’dame et la rousse est en train de mettre bas
-Excellente portée” En s’adressant à son invité : “Voulez vous voir de jeunes renardeaux immaculés ?”
“Cet animal ne m’est pas familier, la curiosité est un de mes défauts, j’accepte donc votre proposition.”
Aedeline conduit Safet auprès d’une motte en faisant le moins de bruit possible, puis ouvre une petite trappe à glissière, on peut voir six petits les yeux clos et leur génitrice allongée sur le flanc, elle chuchote :
“Ils sont aveugles pendant quelques jours et restent dans ces terriers jusqu’à ce qu’ils puissent se débrouiller, cela dure entre un et deux mois. Après nous les transférons dans des parcs plus grands.
-Et à quoi vous servent ces créatures? on m’a dit que leur vie est faite de rapines et de glènes égorgées.”
Dans la plupart des cas ils sont en effet considérés nuisibles, cependant ceci est un élevage, mais du fait des risques qu’ils engendrent nous n’avons que peu de cheptel alentours. L’animal a mauvaise réputation mais ce sont des créatures très intelligentes, dans leur état sauvage il est difficile de les surprendre et cela inspire de nombreuses histoires. L’une raconte comment un renard par la flatterie vole un fromage à un corbeau, une autre raconte comment un renard fait le mort, les marchands le ramassent et il repart avec une bonne part de leur poisson. En armoirie la connotation est plus noble mais présente le même trait d’intelligence, il représente le discernement. Pour leur utilité il s’agit de la suite de la visite”
Ils retournent aux chevaux et la jeune femme désigne le renard enroulé sur sa selle:
“Cela fait six ans qu’il m’accompagne, c’est un âge vénérable pour ces animaux.
-Six années de fidélité ça ne doit pas être un mâle!” s’esclaffa Safet
“Une question me taraude depuis mon arrivée, il y a t il eu un Comte pour que vous soyez devenue Comtesse?.”
-Non, je suis la fille d’un petit chevalier qui s’est fait occire par la premier seigneur venant réclamer des terres, puis ma hardiesse a poussé le Vicomte Karl Franz à me confier un lopin de terre à administrer en son absence, mes résultats l’ont suffisamment surpris, il a donc décidé de me donner un titre et une terre à mon nom. Il a vu mon potentiel et me brider eût été moins profitable que de me savoir redevable. Quand aux renards si pendant leur première saison il peuvent s’accoupler avec quelques partenaires quand vient le temps ils n’en ont qu’une seule et si elle décède ils ne la remplacent pas.
Pendant ce discours le groupe se déplace vers une autre partie du domaine, en arrivant de nombreuses fourrures blanches, noires ou rousses sont en train de sécher à l’extérieur.
Aedeline descend de sa monture et l’intendant lui tends immédiatement les livres de compte.
“Je dois vous laisser une minute, voulez vous observer sans moi un instant?
-Je comprends les affaires financières d’un fief sont choses secrètes...quand j’ai vu de mes remparts apparaître vos trébuchets, je me suis dit voilà une femme qui a le sens de la gestion, de la guerre et des affaires.
La fourrure est une découverte pour moi elle, n’avait aucune utilité sous les latitudes de ma jeunesse. Mais ici où règne le froid et cette étrange chose qu’est la neige je comprend son importance et le commerce qui en est fait.”
“La fourrure est bien plus que cela, mais j’y reviens sous peu.”
Aedeline rentre dans le bâtiment et on peut clairement entendre de l'extérieur que quelqu’un passe un mauvais moment, pas d’éclats de voix mais une dureté de ton qui s’échappe. Elle ressort souriante et invite l’oriental à rentrer

La pièce est rempli d’étagères avec des produits finis,  toutes sortes de vêtements rehaussés de fourrure, des couvertures et tapis. Trois capes sont disposées sur une table, une blanche, une rousse et une noire.
“La fourrure est aussi une marque de richesse, s’il ne s’agissait que de tenir chaud la laine de vulgaires mouton suffirait, le contact est aussi doux que la soie et le prix exorbitant en font un luxe. Voyez vous quelque chose qui vous plaît?
-La Noire se mariera parfaitement avec le cuir d’éléphant emblème de ma Maison, le cuir de l’animal est tanné, il nous sert à la confection de diverses pièces de vêture et d’équipement. Ma garde rapprochée est équipée de casque et de bouclier en cuir d’éléphant, les vestiges d’un temps révolu. Je compte d’ailleurs développer le commerce avec ma terre natale.

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Elle prend la cape noire et la passe autour des épaules de l’homme devant elle, les yeux dans les yeux elle lui demande :
“Est ce tout ce qui vous plaît?
-Non mais je ne sais si c’est le moment et l’endroit .
Elle l’embrasse.
Il l’enlace...
Et quoi qu’il se passe, la journée repris son cours, tous surent que la chevauchée de la journée fut fantastique mais rien de plus ne transpira.


Le lendemain tous furent prêt pour le départ, Aedeline attendait dehors, sur le pas de son château comme si la veille n’avait pas eu lieu. Elle se devait de dire au revoir à son invité qui redeviendrait bien vite son rival.
Safet s'apprêta, il ajusta son habit de chasse et d’un pas décidé traversa la cour, il s’adressa à son hôtesse:
“Chère Comtesse je vous remercie pour votre accueil, ce séjour fut en tout point agréable et instructif. Nous nous retrouverons surement sur le champ de bataille mais sachez que vous avez gagné mon respect et bien plus...”
-Oui, nous croiserons surement le fer à nouveau, maintenant va, vite, mais sache que je ne te hais point”
Elle se retourne et rentre dans le bâtiment laissant l’équipage partir

Le voyage du retour fut étrange pour Safet, plusieurs sentiments se mélangeaient dans sa tête, décidément le Royaume d’Okord lui réservait toujours des surprises.

Dernière modification par Safet Plizir (2017-04-21 15:57:26)

#14 2017-04-22 10:42:37

Safet Plizir

Re : Safet Plizir...

Il fallait aller vite...le vassal de Safet allait avoir son baptême du Feu.
Les espions étaient formels, la garnison du Château était assoupie et la Baronne présente, il fallait juste mobiliser assez d'engins de siège pour faire tomber les murailles et le donjon principal.
L'Ost fut convoqué, les armures brillaient au soleil, les chevaux piaffaient, les roues des nouveaux trébuchets grinçaient sur les chemins pierreux. Les deux armées fraternisèrent et s'avancèrent vers le fief ennemi.

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L'approche fut plus discrète, les voies d'accès furent sécurisées par la cavalerie, les engins de siège furent installés juste avant la tombée de la nuit.
A l'aube les pierres et les béliers mirent à bas les murailles, les combats furent brefs: la garnison fut neutralisée et la Baronne capturée sans réelles difficultés.
Elle serait désormais captive dans les appartements réservés aux "hôtes" du Seigneur Safet Plizir.
Le butin fut partagé équitablement et les armées se séparèrent non sans se promettre de se retrouver bientôt.

Dernière modification par Safet Plizir (2017-04-22 10:46:06)

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