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Ce RP introduit un nouveau personnage qui prendra progressivement de l'importance dans l'histoire du Clan du Hibou :
Ezri, la nièce de Cornélia, âgée de 11 ans au début du récit.
Bonne lecture à tous :-)
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"Ezri !... EZRI !... Mais où est-elle encore passée ?"
Cornélia commençait à perdre patience. Depuis quelques temps, sa nièce Ezri l'accompagnait parfois à la chasse dans la forêt. Mais la fillette était très indisicplinée. Elle lui faussait compagnie à la moindre occasion, et de plus en plus longtemps. Enfin, après plusieurs minutes, une voix se fit entendre derrière la chasseresse.
"Voilà, je suis là ! Ce n'est pas la peine de crier ! Tu as fait fuir une grive que je m'apprêtais à tirer avec mon lance-pierres...
- Il faudra te dire combien de fois de ne pas t'éloigner sans prévenir ? Je te cherche depuis une heure !
- Pfff... Fallait pas m'apprendre à m'orienter en forêt, si tu voulais que je reste cramponnée à tes chausses... Et puis qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive, ici ?
- Tu te crois à l'abri de tout avec un lance-pierres ? Dis-moi un peu, qu'est-ce que tu feras si tu te retrouves nez à nez avec un ours ? Ou avec des bandits de grand chemin ?
- Ben c'est facile, je grimperai dans un arbre. Personne n'est plus rapide que moi."
La petite avait réponse à tout. C'en était exaspérant, à force. Cornélia poussa un soupir résigné avant de reprendre :
"Bon, on rentre au village.
- Déjà ? Mais...
- Mais quoi ? Tu as quelque chose d'urgent à faire dans cette forêt ?"
Ezri baissa la tête avant de répondre :
"Non.
- Très bien ! Alors on rentre."
Cornélia saisit sa nièce par le bras et se mit en route pour rejoindre la rive du lac où leur barque les attendait(*). La fillette la suivit en traînant les pieds, non sans avoir jeté un coup d'oeil furtif derrière elle, comme pour tenter d'apercevoir quelque chose au loin, dans les fourrés...
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(*) ndr : Cornélia réside à l'Antre du Lac, village situé sur une île au milieu d'un lac à la frontière sud de Sudord, qu'elle a fondé à son retour d'une mission d'exploration en Österlich (les premières aventures de Cornélia sont racontées ici).
Dernière modification par Elverid (2017-01-30 16:23:45)
Cela faisait maintenant trois jours qu'elles n'étaient pas retournées en forêt. Ezri avait réclamé, pourtant. Mais sa tante Cornélia avait toujours prétexté quelque affaire urgente à régler. Des affaires de bourgmestre...
Ezri s'impatientait, donc. Cela faisait trois jours, trois longs jours qu'elle ne l'avait pas revue. Il fallait qu'elle y retourne. Qu'elle sache enfin qui était l'étrange habitante des bois qu'elle avait épiée et suivie de loin à plusieurs reprises. Une créature bipède à peu près de la même taille qu'elle, vêtue de haillons et de peaux de bêtes, qui chassait le petit gibier avec une sagaie et disparaissait dans les fourrés au moindre bruit suspect. Ezri était de plus en plus certaine que cette créature était humaine, mais elle n'avait jamais réussi à l'approcher d'assez près pour vérifier. Il fallait qu'elle sache...
Elle décida de retourner à la charge. Elle trouva sa tante devant la salle commune, en train de discuter avec un des paysans en charge des rizières situées au nord-ouest du village.
"Cornélia ! Quand-est-ce qu'on retournera en forêt ?
- Tu n'as toujours pas appris à dire bonjour ? Et puis tu vois bien que je suis occupée.
- Mais ça fait déjà trois jours ! Tu ne restes jamais aussi longtemps sans aller chasser, d'habitude.
- En ce moment, j'ai des choses plus importantes à faire.
- Lesquelles ?
- Cela ne te concerne pas... Bon, si tu veux tout savoir, j'ai dit à ta mère que tu passais ton temps à filer toute seule on ne sait où, et elle ne veut plus que tu m'accompagnes à la chasse."
Ezri ne répondit pas et courut bouder dans un coin. Elle fulminait. Ces adultes étaient d'un ennui, à la couver comme ça !... Il fallait pourtant qu'elle y retourne...
Elle eut soudain une idée : elle irait seule. Cela ne devait pas être si compliqué de manoeuvrer une barque. Elle l'avait vu faire des dizaines de fois. Mais pour l'instant, la matinée était déjà bien avançée et il ne fallait pas qu'on s'aperçoive trop vite de son escapade. Elle partirait donc aussitôt après le déjeuner...
Dernière modification par Elverid (2017-01-31 18:18:35)
Enfin, elle y était. Arriver sans être vue jusqu'à la jetée où étaient amarrées les barques avait été facile. Mais ensuite... La traversée du lac avait été aussi éprouvante qu'interminable. Ces maudites rames semblaient pourtant si légères quand c'était Cornélia qui les maniait... Puis aussitôt la rive atteinte, malgré la fatigue, elle avait bondi sur la terre ferme et couru vers la forêt.
A présent, depuis près de deux heures, Ezri avançait lentement et silencieusement entre les broussailles, à l'écoute du moindre bruit et observant partout autour d'elle. Mais la mystérieuse créature demeurait introuvable. Elle se trouvait pourtant à l'endroit même où elle l'avait aperçue la dernière fois. Elle en était certaine.
Ezri s'enfonça encore plus profondément dans le sous-bois, jusqu'à arriver dans une zone où l'épaisseur des fourrés rendait toute progression difficile. A ce moment, la fillette se souvint qu'elle n'avait jamais vu Cornélia se diriger vers cette partie de la forêt... sans doute parce qu'une végétation aussi dense rendait le terrain peu propice à la chasse...
Soudain, un léger bruissement la tira de sa réflexion. Quelque chose se déplaçait au milieu des fougères... quelque chose de rapide... Ezri se retrouva plaquée au sol, face contre terre, avant d'avoir pu comprendre d'où venait l'attaque.
"Qu'est-ce que tu viens chercher dans ma forêt ?"
Bien qu'un peu étourdie, Ezri parvint à tourner la tête et put apercevoir du coin de l'oeil un visage sale, une chevelure hirsute, et deux yeux qui lançaient des éclairs.
"Ta forêt ? Pour autant que je sache, c'est la forêt de tout le monde."
La créature sembla peu apprécier cette réponse. Elle saisit Ezri par l'épaule, la retourna brutalement sur le dos, s'assit à califourchon sur elle pour l'immobiliser et lui appuya un poignard en os sur la gorge.
"Personne ne vient jamais par ici. Alors je m'y suis installée. Donc c'est MA forêt. Et toi... ce n'est pas la première fois que tu viens rôder par ici. Qu'est-ce que tu cherches ?
- Toi."
La créature parut soudain étonnée, presque décontenancée. Ezri prit quelques secondes pour mieux la regarder. C'était bien un être humain, une fille, qui devait avoir à peu près le même âge qu'elle. Brusquement, l'inconnue se ressaisit et reprit d'un ton agressif :
"Et qu'est-ce que tu me veux ?
- Te connaître.
- Quoi ? C'est tout ?... Je ne te crois pas ! Les autres doivent être cachés quelque part, en attendant que tu les appelles !
- Quels autres ?
- Les adultes qui sont avec toi d'habitude ! Ce sont eux qui veulent me trouver !
- Non, ils ne savent même pas que tu es là. Je n'ai parlé de toi à personne. Et aujourd'hui, je suis venue seule. Personne n'avait le temps de m'emmener en forêt et je ne pouvais plus attendre.
- Attendre quoi ?
- De pouvoir te chercher à nouveau. Depuis la première fois que je t'ai vue, je veux savoir qui tu es."
Les deux fillettes se dévisagèrent quelques instants. Ni l'une ni l'autre ne semblaient plus savoir quoi dire. Puis Ezri reprit l'intiative.
"Je m'appelle Ezri. Je suis du Clan du Hibou. Et toi ?
- Syrrn. Fille du chef huskarl Wardulf."
Syrrn relâcha sa prise et rangea son poignard, et Ezri put enfin se redresser. Elles étaient à presént assises face à face.
"Tu vis seule ? Comment tu t'es retrouvée ici ?
- Depuis la prise de Senneville et la destruction du Katadra du faux dieu mangeur d'or, des bandes de strolatz fanatiques poursuivent les fidèles d'Yggnir à travers tout le royaume d'Okord. Une nuit, ces lâches ont attaqué notre campement. Ils ont tué tous les adultes et emmené les enfants comme esclaves. Mais moi, j'ai réussi à m'échapper. Et quand je serai assez forte, je les retrouverai tous et je me vengerai !"
Son récit terminé, Syrrn se dressa d'un bond sur ses pieds et fixa Ezri droit dans les yeux.
"Mais en attendant, personne ne doit savoir que j'ai survécu. Ne me trahis pas, ou sinon... Je te retrouverai et je te tuerai aussi !"
Ezri eut un petit sourire. Elle se leva à son tour.
"Tu ne me fais pas peur. Mais je sais garder un secret."
La journée était bien avancée. Les deux fillettes avaient bavardé ensemble tout l'après midi, et Syrrn, une fois sa méfiance apaisée, avait fait visiter son "domaine" à sa nouvelle amie : une cabane sommairement construite dans l'épaisse frondaison d'un chêne séculaire, à proximité d'une source.
Enfin, Ezri remarqua l'heure tardive.
"Ah, zut ! Regarde le soleil ! Il va faire nuit dans moins de deux heures...
- Et alors ?
- Alors c'est presque l'heure du dîner, chez moi. Ma mère est sûrement déjà en train de me chercher partout. Et avec le temps qu'il va me falloir pour retraverser le lac...
- Et elle est capable de venir te chercher jusqu'ici ?
- Ma mère, non, mais ma tante Cornélia... Elle va tout de suite deviner où je suis passée. Enfin, à peu près. Je ferais mieux de retourner très vite là où j'ai l'habitude d'aller avec elle.
- Pense à effacer tes traces comme je t'ai montré."
Ezri acquiesca d'un signe de tête, cueillit des feuilles de fougère et les attacha au bout d'une branche, avant de se mettre en route en traînant derrière elle son balai improvisé.
Une demi-heure de course silencieuse dans les sous-bois suffit à la fillette pour rejoindre le terrain de chasse habituel de son clan. Elle jeta son balai de fougères au milieu des broussailles puis reprit sa route vers le lac à une allure plus lente. Tout en marchant, elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait raconter une fois rentrée chez elle. Quand soudain...
"Je t'ai enfin retrouvée, sale petite diablesse !"
Ezri se retourna sur l'intrus qui venait de l'empoigner brutalement par le bras. Un strolatz. Plongée dans ses pensées, elle ne l'avait pas entendu s'approcher et s'était bêtement laissé surprendre.
Les minutes qui suivirent lui semblèrent interminables. Malgré sa résistance, l'homme la traîna derrière lui jusqu'à son cheval et prit une cordelette accrochée à la selle. Il s'apprêtait à la lui enrouler autour des poignets lorsqu'une voix se fit entendre derrière lui.
"Lâchez ma nièce immédiatement !"
Le strolatz tressaillit, se retourna et, sans lâcher Ezri, tira son épée. Mais la jeune femme qui l'avait interpellé le tenait en joue avec son arc.
"Elle n'était donc pas la seule à avoir survécu ? Viens la chercher, sale sauvage d'Yggnir !
- Quoi ?"
Cornélia et le strolatz se toisèrent quelques instants. L'homme paraissait très jeune. Presque un adolescent. Il ne devait pas avoir beaucoup combattu. Il n'avait même probablement jamais vu un huskarl de près. Il finit par reprendre :
"Osez-vous prétendre que vous n'êtes pas des sauvages d'Yggnir ?
- Hé bien quoi, gamin, tu n'as pas encore appris à reconnaître un blason ? Regarde le mien. Je suis du Clan du Hibou."
Le jeune strolatz s'avança de quelques pas vers Cornélia pour mieux voir le blason sur son pourpoint. Constatant son erreur, il s'efforça cependant de garder une contenance.
"Je viens de rejoindre un escadron qui traque les mécréants d'Yggnir depuis la chute de Senneville. Mon père et mes frères sont morts en défendant le Katadra. Et celle-ci... elle faisait partie d'un groupe de ces sauvages qu'on a exterminé il y a deux lunes, mais elle a réussi à s'enfuir.
- Je te répète que c'est ma nièce.
- Pourquoi vous me racontez ça ? Vous voulez la garder pour vous ? Vous espérez peut-être en tirer une prime ?"
Décidément, ce jouvenceau qui jouait au soldat était complètement obtus. Et pas très observateur. Il fallait vraiment tout lui expliquer.
"Ecoute, gamin...
- Arrêtez de m'appeler comme ça ! J'ai presque dix-sept ans !"
- ...depuis combien de temps celle que tu cherches est-elle censée se cacher dans cette forêt, déjà ? Deux lunes, tu disais ?"
Le garçon acquiesca.
"Et tu penses qu'après tout ce temps, elle aurait encore les cheveux peignés et des vêtements propres ?"
Le jeune strolatz, décontenancé, examina plus attentivement Ezri et, rougissant de honte, se décida enfin à la lâcher. La fillette le regarda droit dans les yeux et lui décocha un bon coup de pied dans le tibia avant de courir vers sa tante. Cette dernière eut un sourire amusé et baissa finalement son arc.
"Un dernier détail : tu es ici sur les terres de la Confrérie du Cygne. Les persécutions pour motif de religion y sont interdites. Je te conseille donc d'aller chasser le huskarl ailleurs que dans cette forêt."
Cornélia et Ezri s'éloignèrent, laissant dernière elle le jeune homme un peu hébété. Après une dizaine de minutes, la tante engagea la conversation.
"Tu comprends maintenant pourquoi tu ne dois pas aller en forêt toute seule ? Ta petite escapade aurait pu mal tourner.
- Pffff... on ne croise tout de même pas des strolatz complètement idiots toutes les cinq minutes...
- Je ne parle pas seulement de ça. Tu n'as même pas eu l'idée d'amarrer ta barque après avoir traversé le lac. Je l'ai retrouvée qui dérivait à vingt toises de la berge. Même sans faire de mauvaise rencontre, tu n'aurais pas pu revenir au village...
Mais au moins, je suppose que tu auras beaucoup de choses à raconter sur ta petite escapade...
- Non, je me suis juste promenée..."
Cette réponse évasive confirma un peu plus les soupçons de Cornélia : sa nièce devait avoir une raison très précise de vouloir retourner dans cette forêt. Une raison qu'elle tenait à garder secrète. Peut-être que cela avait à voir avec la jeune adepte d'Yggnir que ce ridicule apprenti-strolatz recherchait...
Dernière modification par Elverid (2017-02-26 00:50:56)
Les jours passaient et Ezri rongeait son frein. Depuis son escapade, sa mère et sa tante la surveillaient plus étroitement, lui donnant sans cesse de menues courses à faire. Elle ne pouvait plus s'aventurer une heure hors du village sans éveiller les soupçons. Il fallait pourtant qu'elle trouve le moyen de rejoindre Syrrn, de la prévenir qu'un strolatz la recherchait toujours. Et sans trahir son secret.
Cornélia, de son côté, avait bien remarqué que sa nièce était d'humeur de plus en plus sombre, comme rongée par une inquétude qu'elle s'obstinait à taire. Il devait y avoir quelque chose de spécial dans cette forêt... quelque chose ou quelqu'un qui avait motivé sa fugue. La même personne que recherchait ce tout jeune strolatz, sans doute.
Il y avait bien une solution pour connaître le fin mot de cette histoire : feindre de relâcher la surveillance, laisser Ezri jouer les filles de l'air à nouveau et la pister sans qu'elle le sache... Mais la mère de la petite ne serait sûrement pas d'accord.
Finalement, une occasion se présenta. Un navire marchand devait acheminer une partie des dernières récoltes de riz vers le Pic du Hibou. Cornélia avait autorisé sa nièce à l'accompagner pour voir les paysans charger les sacs de grain sur l'embarcation qui devrait ensuite traverser le lac, puis remonter la rivière jusqu'à la capitale du Clan.
Ezri songea immédiatement qu'il serait plus commode de voyager sur ce grand bateau que de manoeuvrer une barque. Encore fallait-il parvenir à tromper la vigilance de sa tante pour pouvoir monter à bord. Et descendre au bon endroit.
Une fois les derniers sacs posés dans les cales, le capitaine du bateau vint saluer Cornélia avant le départ.
"Bon, ben voilà, Dame Bourgmestre, on est prêts à partir. On fait aussi une escale par Helgen avant de remonter vers le grand canal. On doit charger une centaine de sacs de blé, là-bas."
En entendant cela, Ezri n'eut pas une hésitation. Il fallait qu'elle monte à bord. Elle descendrait à Helgen et, de là, elle n'aurait aucun mal à rejoindre la forêt. Si seulement ces maudits adultes pouvaient ne pas faire attention à elle, juste quelques secondes...
La fillette reculait sans faire de bruit, un pas après l'autre, de façon à sortir progressivement du champ visuel de sa tante. Enfin, lorsque Cornélia dut relâcher un peu son attention le temps de contrôler et signer le registre que lui tendait le capitaine, la fillette en profita pour se faufiler derrière les derniers marins qui embarquaient, et parvint à se glisser à bord sans être vue.
La traversée jusqu'à Helgen n'avait pas été très longue, et les hommes d'équipage, peu nombreux, avaient eu beaucoup trop à faire pour remarquer la présence à bord d'une fillette dissimulée au milieu des piles de cordage.
Dès que le navire eut été amarré au port et la passerelle mise en place, l'agitation des marins descendant à terre commença. Ezri attendit le bon moment pour descendre sans être vue et, cherchant son chemin, elle se retrouva bientôt dans le labyrinthe des ruelles de la ville.
C'était la première fois qu'elle voyait une autre cité que celle fondée par sa tante, et elle n'avait pas prévu qu'il fût si difficile de s'y diriger. A l'Antre du Lac, on pouvait apercevoir de n'importe où le sommet d'une tour du mur d'enceinte. Mais à Helgen, les rues étaient plus sinueuses, plus étroites, et les bâtiments plus hauts. Les étals de boutiquiers empiétaient çà et là sur les voies de circulation où la foule des habitants se pressait dans une joyeuse cohue.
Ezri erra tout d'abord pendant près d'une demi-heure en regardant partout autour d'elle, au milieu de passants qui ne la remarquaient pas. Enfin, elle se décida à entrer dans une boutique. Il y serait peut-être plus facile d'aborder quelqu'un pour demander son chemin. Elle poussa une porte au hasard et se retrouva dans une salle encombrée de tables, de chaises... et de soldats plus ou moins avinés. Une taverne.
Tous les regards se braquèrent sur la fillette, qui, après avoir marqué un temps d'arrêt, s'avança crânement vers le comptoir situé au fond de la pièce. Un huskarl la saisit par le bras quand elle passa à sa hauteur.
"Dis-donc, petite, tu ne devrais pas être en train de filer la laine ou un truc de ce genre, plutôt que de traîner dans les gargotes ?
- Je suis une chasseresse du Clan du Hibou, pas une bergère ! Dites-moi plutôt par où passer pour sortir de cette ville. Je dois aller en forêt.
- Une chasseresse ! Voyez-vous ça !"
Le huskarl se pencha en arrière dans un grand éclat de rire. Ezri, qu'il tenait toujours, remarqua que sa chaise reposait sur les deux pieds arrière, en équilibre instable. Elle poussa le soldat aussi fort qu'elle pouvait et il se retrouva les quatre fers en l'air, entraînant la fillette dans sa chute avant de la lâcher.
Ezri se releva d'un bond et fixa d'un air narquois le huskarl qui se redressait péniblement, rouge de honte et de colère, sous les quolibets de ses compagnons d'armes.
"Alors, vous me montrez le chemin vers la forêt, ou vous êtes trop saoul pour vous en souvenir ?
- Fiche le camp, sale petite peste ! Ou je te bouffe avec de la salade !
- Je ne suis pas sale. Et pas si petite que ça."
Le huskarl resta sans voix. Décidément, cette gamine avait un aplomb rare. Finalement, il se calma et se décida à l'aider à trouver son chemin.
"Je n'ai jamais vu un oisillon comme toi ! Tu es forte pour ton âge, ça me plaît. Suis-moi."
Ezri accompagna le huskarl au-dehors. Il l'emmena quelques ruelles plus loin, sur une avenue un peu plus large que les autres, puis lui montra du doigt une tour au toit de tuiles rouges.
"Tu vois, le bâtiment, là-bas ? C'est le beffroi vers la route du nord. Un peu plus loin, tout droit, il y a la porte nord du mur d'enceinte. Tu pourras sortir de la ville par là.
- Merci Messire ! Si je repasse par ici, je vous apporterai du gibier... et de la salade."
Ezri partit en courant dans la direction indiquée par le soldat. Ce dernier la suivit des yeux quelques instants, amusé, avant de rebrousser chemin pour retourner à la taverne.
Dernière modification par Elverid (2017-05-01 23:07:42)
En sortant de la ville, Ezri avait aperçu la forêt au loin et s'était élancée sur le sentier. Mais la distance s'était révélée plus grande qu'elle ne l'avait cru tout d'abord, et sa course jusqu'à l'orée du bois lui avait paru interminable. A présent, elle cheminait lentement et silencieusement au milieu des arbres et des fourrés, regardant partout autour d'elle. Elle ne voulait pas se laisser à nouveau surprendre par ce crétin d'apprenti strolatz s'il rôdait encore dans les parages...
Le chemin par où Ezri avait atteint la forêt n'était pas celui qu'elle avait l'habitude d'emprunter avec sa tante, et elle dût marcher de longues heures avant de rejoindre les lieux de chasse qu'elle connaissait bien. Sans hésitation, elle se dirigea vers le domaine de Syrrn, toujours en prenant garde de n'être pas suivie. En chemin, elle s'arrêta pour se fabriquer un nouveau balai de fougère, et reprit son chemin en effaçant ses traces.
Enfin, elle trouva son amie en train de faire cuire un perdreau au pied de l'arbre où était installée sa cabane.
"Ezri ! Je commençais à croire que tu ne viendrais plus...
- Pffff... C'est à cause de ma mère et de ma tante. Elle ne me lâchent plus d'une semelle depuis la dernière fois. Mais il fallait que je revienne te voir. L'autre jour, quand je rentrais chez moi, un strolatz m'est tombé dessus... Je crois qu'il te cherchait, et depuis pas mal de temps...
- Un grand dadais à peine plus épais qu'une branche de noisetier, avec un air niais et une cuirasse trop grande pour lui ? Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il rôde dans les bois... Ne t'inquiète pas, un ahuri pareil ne risque pas de me trouver ! Tu lui as dit quelque chose ?
- Non. En fait, cet imbécile m'a prise pour toi. Tu aurais dû voir sa tête quand ma tante est arrivée et qu'il a compris sa bêtise !
- J'ai vu. Je vous observais de loin... Elle me plait bien, ta tante. Vous êtes des fidèles d'Yggnir ?
- Non. Ni Yggnir, ni Podes-truc. Ma mère m'emmène de temps en temps voir un druide qui raconte de vieilles légendes sur les esprits de la forêt... Pour moi, ce sont juste de belles histoires.
- Ah, oui, je me souviens, maintenant : le Clan du Hibou. Mon père m'en avait parlé, une fois. Un peuple de femmes qui n'ont pas de religion.
- En gros, c'est ça. On n'a pas de religion officielle, et on les tolère toutes."
Ezri eut soudain une idée... elle réfléchit quelques instants, puis se décida à en faire part à son amie.
"Et si tu venais t'installer chez nous ? Il y a plusieurs familles adeptes d'Yggnir à l'Antre du Lac. L'une d'elles pourrait t'adopter. Et tu ne serais plus obligée de vivre seule dans la forêt en te cachant de tout le monde...
- L'Antre du Lac ? C'est quoi, ça ?
- La ville du Clan du Hibou où j'habite. C'est ma tante qui l'a fait construire, sur une île au milieu d'un lac. On y vit bien... et l'autre idiot de strolatz ne pensera jamais à aller te chercher là-bas.
- Ce serait plus confortable, sans doute... Mais ici, je suis libre. Je n'ai de comptes à rendre à personne. Pas comme toi."
Cette remarque de Syrrn rappela à Ezri ce qui l'attendrait encore après cette nouvelle fugue : les remontrances de sa mère qui lui répéterait des heures durant combien elle avait été inquiète. Elle laissa échapper un soupir avant de répondre :
"Oui, les adultes sont ennuyeux parfois... mais ça ne te manque pas, de ne plus avoir tes parents ?
- Si, parfois... Surtout les nuits de pleine lune. Ma mère m'emmenait souvent observer les animaux nocturnes... Elle connaissait toutes leurs habitudes...
- Cela devait être passionnant... Elle n'était pas un peu du Clan du Hibou, ta mère ?"
Cornélia n'avait pas mis longtemps à remarquer l'absence de sa nièce, ni à deviner qu'elle avait dû embarquer à bord du navire marchand pour rejoindre la forêt depuis Helgen. Aussitôt, elle avait sauté dans une barque et traversé le lac en direction de la cité orcanienne. Elle marchait à présent dans les mêmes ruelles qu'avait arpentées sa nièce quelques heures auparavant, demandant aux boutiquiers postés à leurs étals s'ils avaient aperçu une fillette d'une dizaine d'années, aux cheveux noirs, se promenant seule. Absorbée par ses recherches, elle passa juste à côté d'un groupe de huskarls sans même les remarquer. L'un d'entre eux, lorsqu'il l'entendit interroger un énième marchand, la dévisagea quelques instants, détaillant les traits de son visage et le blason sur sa cuirasse, puis se décida à l'aborder.
"La petite que vous cherchez, elle est à peu près haute comme ça, et effrontée en diable ?"
Cornélia, étonnée, se retourna brusquement sur l'homme. Elle le toisa quelques secondes avant de répondre.
"Voilà une description qui pourrait s'appliquer à ma nièce, en effet. Vous l'avez vue ?
- Héhé... Elle a pu passer inaperçue dans la rue, mais pas dans la taverne où je prenais une pinte avec mon escadron. Ce n'était pas vraiment le genre de client qu'on y voit tous les jours...
- Oui, bon... Elle est toujours avec vous ?
- Ah non... Elle a dit qu'elle était chasseresse et qu'elle devait aller dans les bois. Elle avait l'air de bien savoir ce qu'elle voulait. Je lui ai indiqué la route du nord. Ensuite elle a filé comme une aronde."
La jeune femme dut se retenir pour ne pas rouer de coups ce soudard assez crétin pour laisser une fillette s'aventurer seule sur les routes. Elle respira profondément avant de poursuivre :
"C'était il y a combien de temps ?
- Presque deux heures... Vous voulez qu'on vous aide à la retrouver, avec mes gars ? C'est que les bois ne sont pas très sûrs après la tombée de la nuit..."
- C'est maintenant qu'il y pense..." grommela Cornélia tout en s'éloignant. Elle prit tout de même le temps de se retourner pour lui répondre :
"Je vais me débrouiller. J'ai une idée assez précise de l'endroit où elle a pu aller."
* * *
Plus habituée à s'orienter dans les bois et n'ayant pas à se dissimuler, Cornélia rejoignit le domaine de chasse plus vite que ne l'avait fait sa nièce. Elle trouva assez rapidement les traces de pas laissées par Ezri et les suivit sur plusieurs dizaines de coudées... jusqu'à ce que la piste s'interrompe brutalement. La jeune femme examina plus attentivement le sol. Il n'y avait aucune trace de lutte, ni rien qui pût indiquer la présence de quelqu'un d'autre ou d'un animal. Elle resta pensive quelques instants.
"Voilà qui est curieux, pensa-t-elle. Ce n'est pas avec moi qu'elle a appris à effacer ses traces de cette façon."
Elle se trouvait à quelques toises de la limite du domaine de chasse. Ce qui restait de la piste semblait pointer vers une zone de la forêt où les broussailles étaient très denses.
"Qu'est-ce qu'elle peut bien chercher par là ?"
Cornélia allait se remettre en marche lorsqu'elle entendit un cheval renâcler au loin sur sa gauche. Elle alla y voir de plus près, et découvrit après une dizaine de minutes de marche un homme recroquevillé au sol et agité de convulsions à quelques pas de ce qui devait être sa monture. Elle reconut immédiatement le jeune apprenti-strolatz qu'elle avait surpris quelques semaines plus tôt aux prises avec sa nièce.
Le garçon semblait très mal en point, le teint rouge et les pupilles dilatées. En s'approchant, la jeune femme évita de justesse de mettre le pied dans une flaque de bouillie peu engageante. Elle s'accroupit sur le malade et le secoua doucement.
"Gamin ! Tu m'entends ?... Qu'est-ce que tu as fabriqué pour te mettre dans un état pareil ?"
Le jeune apprenti soldat, tout en continuant à se tordre de douleur, la regarda un instant du coin de l'oeil. Il finit par réussir à articuler quelques paroles :
"Comprends pas... Juste... mangé quelques myrtilles...
- Des myrtilles cueillies dans les bois ? Où exactement ?
- Par là-bas... quelques toises"
Cornélia avança à grands pas dans la direction pointée par le strolatz... et trouva un buisson de belladone. Elle revint vers le malade en grommelant.
"Un conseil, gamin : évite de cueillir des baies sauvages à l'avenir. Tu n'y connais vraiment rien. Heureusement pour toi que tu as vomi... Tu devrais t'en sortir."
Comme elle se relevait pour partir, le jeune homme la retint par le bras.
"Attendez...
- Je n'ai pas le temps de jouer les garde-malades. Ma nièce a encore fugué et je dois la retrouver avant la nuit."
Dernière modification par Elverid (2017-07-15 21:06:34)
Cornélia avançait rapidement au milieu des broussailles, à l'affut du moindre bruit. Enfin, elle crut percevoir au loin des voix qui se turent immédiatement quand elle se mit à courir dans leur direction.
En effet, à peu de distance de là, Syrrn venait d'interrompre Ezri en plein milieu d'une phrase.
"Chhhht ! Quelqu'un approche..."
Les deux fillettes grimpèrent silencieusement dans la cabane pour mieux apercevoir l'intrus... qui ne tarda pas à arriver.
"Oh, zut... c'est ma tante.
- Tu n'avais pas effacé tes traces ?
- Bien sûr que si... mais tu ne la connais pas. Elle voit tout. Je parie qu'elle va même remarquer ta cabane.
- Bon, on fait quoi, maintenant ? Tu la connais bien. C'est quoi, son point faible ?
- On ne va pas l'attaquer, quand-même...
- Pas pour la tuer, t'inquiète pas. Mais je ne peux pas me permettre qu'elle me trouve."
Cornélia s'approcha du grand chêne où se trouvait la cabane, et aperçut les traces du feu de camp que Syrrn avait éteint après son repas. Elle n'entendit pas les chuchotements des deux fillettes, couverts par le bruissement du feuillage, mais elle remarqua le sol tassé autour du tronc de l'arbre. Elle recula de quelques pas, regarda vers le haut... et au moment où elle apercevait la cabane, Syrrn sauta de son perchoir et s'abattit sur elle de tout son poids, la faisant chuter au sol. Bien qu'à moitié étourdie, la chasseresse, par réflexe, saisit son assaillante et parvint à la plaquer au sol.
"Arrêtez, toutes les deux !"
Ezri redescendit à son tour. Cornélia relâcha sa prise et se releva en prenant appui sur le tronc du chêne.
"Ezri... Tu peux m'expliquer ?
- Euuuh..."
Ezri, l'air hésitant, lança un bref regard à son amie avant de lever à nouveau les yeux vers sa tante.
"Je ne peux rien dire. J'ai promis.
- Oui, le secret que tu caches depuis des jours, c'est elle. J'ai bien compris, ça. Mais pour quelle raison doit-elle vivre seule dans cette forêt à son âge ? C'est elle que l'autre imbécile recherche ?
- C'est bon, Ezri... Mon père dirigeait une des compagnies de huskarls qui ont détruit Senneville. Et une nuit, il y a deux lunes, ils ont tous été massacrés par des strolatz. Je me cache ici en attendant d'être assez forte pour venger ma famille.
- Et avec qui tu t'entraînes au combat ? Les arbres ou le petit gibier ?
- Quoi ?
- Ce que je veux te faire comprendre, c'est que tu n'arriveras à rien si tu restes seule. Tu auras besoin d'apprendre le maniement des armes, et ça n'est possible qu'en s'entraînant avec un maître.
- Je vois où vous voulez en venir. Vous voudriez que je vous suive dans votre... comment déjà ? Antre du Lac, c'est ça ?
- Tu aurais une vie plus agréable qu'ici."
La fillette se détourna quelques instants pour réfléchir, visiblement troublée. Enfin, sa mine s'assombrit un peu plus, et elle avança à nouveau vers Cornélia.
"Avec Ezri et maintenant vous, ça commence à faire beaucoup de monde qui connaît ma cachette. Quand j'ai vu que je pouvais me jouer aussi facilement de ce strolatz, j'ai pensé que j'y arriverais avec tout le monde... Mais en fait, c'est juste parce que lui, c'est un idiot.
- Alors tu viens avec nous ?
- Oui. Juste le temps de rassembler mes affaires. Ce ne sera pas long."
Dernière modification par Elverid (2017-08-26 22:51:58)
Le crépuscule allait bientôt tomber. Syrrn, Ezri et Cornélia venaient d'entamer leur marche à travers la forêt. Il faudrait sans doute passer la nuit à Helgen avant de reprendre la barque pour retourner à l'Antre du Lac.
"Tu es sûre qu'on ne peut pas rentrer ce soir ? Ma mère va s'inquiéter, non ?
- Tu aurais pu y penser avant. Mais non, on ne peut pas naviguer de nuit sur le lac. On n'y verrait rien et on ne pourrait pas se diriger. On risquerait d'accoster en plein milieu des marécages et d'être obligées d'y passer la nuit au milieu des moustiques. Inutile de s'imposer ça si on peut faire autrement.
- Je ne suis jamais allée à Helgen. C'est une grande ville ?
- Plus grande que notre village. C'est un fief de la maison Hallgeirr.
- HALTE ! Arrêtez-vous !"
Les trois marcheuses regardèrent dans la direction d'où provenait la voix et aperçurent dans la pénombre une silhouette frêle, appuyée contre un arbre. Cornélia s'avança vers l'intrus, qui dégaina son épée.
"Encore toi, gamin ? Tu te crois déjà en état de combattre avec ce que tu as mangé tout à l'heure ?
- Je vous ai déjà dit d'arrêter de m'appeler comme ça !"
Le jeune strolatz fit quelques pas en avant, d'une démarche légèrement titubante, tout en pointant son épée vers Syrrn.
"Cette petite sauvage, là... elle est à moi.
- Hors de question. Elle est sous la protection du Clan du Hibou. Et je te rappelle que sur les terres du Cygne, les...
- ... Persécutions religieuses sont interdites ? Foutaise !"
Le jeune garçon voulut se jeter sur Syrrn, mais, encore mal assuré sur ses jambes, trébucha et s'affaissa sur le sol. Pendant qu'il tentait vainement de se relever en s'appuyant sur son épée, Cornélia se plaça entre lui et les deux fillettes. Il leva vers elle un regard où la colère se mêlait au désarroi.
"Vous ne comprenez pas ! Quand on a attaqué son camp, j'ai été le seul avoir qu'elle s'étaient enfuie. Les autres ne m'ont pas cru. Et il m'ont ri au nez quand j'ai parlé de la rattraper. Si je ne la ramène pas, je continuerai à être la risée de toute ma compagnie. ça fait deux mois que ça dure...
- Change de compagnie, dans ce cas.
- Et pourquoi pas changer de ville, tant qu'on y est ? De maître ? Ce serait une désertion, ni plus ni moins ! Et de toute façon cette histoire me suivra partout...
- Bon, de toute façon, ça ne me concerne pas. Si tu nous cherches toujours quand ça ira mieux, on va à Helgen.
- Un repère de huskarls ? Vous croyez que ça m'empêchera de la retrouver ?"
L'apprenti-strolatz parvint finalement à se redresser sur ses pieds et voulut saisir Cornélia par l'épaule. A ce moment, un sifflement se fit entendre, puis le bruit sec d'une hache de combat se fichant dans un arbre. Une hache lancée par un huskarl, et qui venait de frôler le crâne du jeune homme.
"Hé, mais vous êtes le soldat de tout à l'heure à Helgen !
- Haha, revoilà le petit oisillon ! Et une deuxième !"
Piquée au vif, Syrrn s'avança en courant vers le huskarl, se planta devant lui et le regarda droit dans les yeux.
"Moi je ne suis pas un oisillon ! Je suis Syrrn, Fille de Wardulf !
- Wardulf ? Le Wardulf mort il y a deux lunaisons dans une attaque nocturne des bouffeurs d'or ?
- Oui. Et un jour, je le vengerai !"
Le huskarl donna une tape sur l'épaule de la fillette et se tourna vers Cornélia.
"Après votre départ, j'ai décidé avec mes gars de venir vous aider à retrouver la petite. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y en ait une autre, et qu'elle vienne de chez nous... Et ce grand flandrin-là, d'où il sort ?"
Le soldat fit signe à ses hommes de s'emparer du jeune strolatz, qui tenta vainement de se débattre.
Enfin, toute la compagnie escorta Cornélia et les deux fillettes jusqu'à Helgen.
* * *
Le lendemain matin, Cornélia et Ezri prirent le temps de saluer le huskarl avant de repartir pour l'Antre du lac. Syrrn se tenait fièrement près du soldat.
"Alors tu es sûre ? Tu ne viens pas avec nous ?
- Non, je préfère rester ici. Ce sera plus facile pour moi de devenir une guerrière. J'irai te voir souvent à l'Antre du Lac. Et tu viendras me voir aussi, n'est-ce pas ?"
Les deux fillettes se tournèrent vers Cornélia.
"Bien sûr, rien de s'oppose à ce que nous venions à Helgen de temps à autre. J'en profiterai pour établir des relations commerciales entre nos deux villes."
La jeune femme pointa du doigt le jeune strolatz solidement ficelé et encadré par les huskarls.
"Et celui-ci, que comptez-vous en faire ?
- Vous allez le manger ?
- Non, c'est un faible. Je m'en servirai comme pantin pour mes entraînements au combat."
Cette première aventure d'Ezri et Syrrn (qui a eu lieu au début de l'ère 17) se termine ici. Nous les retrouverons prochainement, avec quelques années de plus...
Epilogue
Durant les années qui suivirent, Ezri et Syrrn continuèrent à se voir régulièrement.
En grandissant, Ezri se prit d'intérêt pour les sciences et décida d'aller s'installer au Pic du Hibou pour édudier. Syrrn, quant à elle, suivit l'entraînement militaire des huskarls.
Lorsque la maison Hallgeirr s'effondra, Syrrn, au lieu de prendre part aux émeutes qui ravagèrent Helgen, décida d'organiser l'évacuation des civils vers l'Antre du Lac, puis rejoignit son amie au Pic du Hibou.
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