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#1 2016-09-11 00:00:30

De Karan
Inscription : 2014-09-14
Messages : 798

La nuit marchait avec lui.

HRP-Topic décrivant l'enterrement de Mazër.
Libre à vous d'être de ceux qui le haïssent ou qui le regrettent.
Je précise que les saloperies de Bélial/Mazër, sans être de notoriété publique, sont de l'ordre du connu.
Ceux de la Plume Noire étant les mieux informés.-HRP

Thème

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La Mâchoire Grise. Un mont esseulé entre Ahlaksik et Siyah. Un bout de pierre abandonnée, même de la nature. Délaissée par la fraîcheur protectrice des côtes, rejetée par les neiges immaculées du Nord, la Mâchoire Grise n'était qu'un bout de terre grignotée par le lichen. Théâtre de nombreux récits, fantasmés ou non, la montagne avait toujours eu une piètre réputation auprès des locaux.

Les druides partageaient cet avis sur la question.

Raison pour laquelle il avait été décidé que la Mâchoire serait l'ultime demeure de Mazër Tanios Samarya de Karan. La Murène. Le Lys Noir. Le traître à son Roi. Et désormais l'Impie.

Pas de caveau en marbre blanc. Pas de cimetière noyé sous les fleurs sauvages. Pas de cérémonie pompeuse rassemblant une foule de curieux. Juste des druides et quelques seigneurs, soucieux de s'assurer que l'être immonde gagne une nuit sans lune. Loin ils avaient creusé sous la terre. Brisant le roc de leurs pioches, noyant le minerai sous les eaux. Toujours plus bas. Toujours plus sombre.

Seuls les druides avaient eu la permission s'approcher du corps. Aucun ne raconta ce qu'il vit à Karst, ni dans quel état se trouvait le cadavre. Ils l'emmaillotèrent dans plusieurs draps de lins baignés d'huile. Puis ils enferrèrent la dépouille dans une lourde chaine parcourue de runes étranges.

Là où menait l'escalier glacé. Là où même les torches projetaient une lueur insoutenable. Là où aucun bruit ne parvenait. C'est là qu'ils le jetèrent. Dans un sarcophage creusé dans la roche. Pour ne plus jamais parler de lui.

Dernière modification par De Karan (2016-09-25 20:04:09)


Seigneur de Ténare ; Marquis de Falcastre
Maître du Palais ; Gardien du Trésor Royal
Chevalier au Léopard ; Chevalier de l'Ordre des Fondateurs royaux

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#2 2016-09-11 09:23:11

Sanglant Von Festung

Re : La nuit marchait avec lui.

- Ils l'enterrent !
Silence.
- Messire Sanglant ? Ils l'enterrent !
Silence.
- Messire ? Ne voudriez-vous pas rendre hommage à votre suzerain ?
Silence. Aucune réponse.
L'intendant resta collé derrière la porte du bureau de Gerhard « Sanglant » Von Festung, attendant un signe de vie avec un désespoir croissant et une impatience frétillante.
La lame d'une hache lancée depuis l'intérieur traversa la porte dans une pluie de copeaux de bois. Elle resta coincée dedans, dépassant le bois raffiné acheté avec l'argent de l'esclavage. L'intendant resta immobile. Normal. Cela voulait dire « Non ». Et puis, il ne voulait pas périr comme le dernier intendant. Ça pardonne pas, un javelot dans l'oeil. Alors il n'insista plus.

Sanglant était accroupi sous son bureau tel un enfant, tenant la tête de Torgrim « Sorry » dans une main, et le pouce du Félon Dexia dans une autre. C'était une cachette rassurante. Elle lui rappelait ses victoires.
Il n'irait pas dans ce lieu maudit. Ce qu'on enterrait, c'était un corps, et rien d'autre. Ce qu'on avait étouffé, c'était un esprit, et beaucoup plus.

Il se remémora distinctement et très douloureusement le carreau d'arbalète dans la poitrine de Mazër. Chaque image de cette scène surréaliste et absurde s'imprima dans son crâne comme on applique un fer rouge sur un bœuf agonisant. Des lambeaux tristes de sa mémoire s'emmêlèrent entre eux. Devenait-il fou ? Certain diront qu'une corneille était morte. Pour lui, c'était plutôt un Dragon qui s'était éteint. Il s'identifiait à l'immonde crevure, au diplomate aguerri, au chef de guerre avide de tout, au dévoreur d'or insatiable. Au dragon. À la murène, au traitre...Au lys noir. Et c'est à ce moment que la vérité qu'il s'était lâchement caché apparu devant ses yeux. Karan DEVAIT mourir. Ce n'était plus possible autrement. Ça aurait pu être n'importe qui d'autre que Herbert. " Moi par exemple..."

Mais ce n'était pas Herbert qui l'avait tué, oh non, pas du tout. L'orgueil du maître de Nefret et de Karst avait fait le travail à merveille. Le dragon est un monstre fascinant. Relevant la tête, Sanglant fut traversé par une folle angoisse.
- Je ferai égorger toutes mes prêtresses de Sassinaï rien que pour votre hommage, souffla-t-il quand son visage fut fendu par un sourire inhumain.

#3 2016-09-11 14:52:50

Eleanor

Re : La nuit marchait avec lui.

La Comtesse était venue, portant une cape à capuche qui lui couvrait la tête, accompagnée de quelques hommes sûrs. Elle tenait à la main un étui de cuir cerclé de fer qui contenait un parchemin. Les renforts de métal suffisaient à peine à résister à la pression que sa main faisait sur l'objet. Les jointures de ses mains blanchissaient sous l'effort, mais elle ne semblait pas s'en soucier, les yeux braqués sur le travail des druides.

Elle avait envoyé certains de ses hommes se mêler aux ribauds qui accompagnaient les armes de la Plume et profiter des troubles après les combats pour tenter de s'emparer de quelque ouvrage, pour tenter d'en apprendre un peu sur cette lignée et ses secrets. Ils avaient ramené des récits davantage que des réponses, et ces récits avaient été aussitôt couchés sur le papier. Quelques parchemins griffonnés de signes étranges avaient été également pris, mais sans en connaître le sens ils étaient de bien peu d'intérêt. Les espions n'avaient surtout rien appris qui pourraient combler la soif de réponses de la comtesse. Encore aurait-il fallu qu'elle ait pu exprimer clairement des questions...

Elle se tenait à distance, suffisamment pour pouvoir voir le corps sans être cependant trop exposée. Mais le corps, emmailloté qu'il était dans des draps, aurait pu appartenir à n'importe quel serf sacrifié pour l'occasion. Les bruits courraient en effet que la maison de Karan, tant au temps de Bélial qu'à celui de Mazër, pratiquait des sacrifices humains et tuait autant pour son plaisir, pour favoriser ses manigances politiques que dans des cérémonies obscures que même les serviteurs d'Yggnir n'auraient pas tolérées...

Il flottait dans l'air comme une odeur étrange. C'était la toute fin de Saedor, cette phase lunaire où le dernier croissant de la lune jette encore sur la terre ses pâles lueurs. Mais en cette nuit le pâle croissant ne s'était pas montré, et l'air lourd de l'été et la noirceur de la nuit n'étaient dérangés que par quelques torches, qui peinaient à élargir le cercle de lumière dans la lande désolée. Aux odeurs des chaudes nuits d'été s'ajoutaient les senteurs douces de plantes aromatiques amenées par les druides et pour certaines d'entre elles mêlées au corps emmailloté. Mais les unes comme les autres couvraient mal l'odeur âcre de la mort, une odeur de putréfaction, comme celle d'un animal mort laissé trop longtemps exposé au soleil. Les torches faisaient parfois jaillir de la chaîne qui entourait le corps des éclairs de lumière, et le balancement de ceux qui le portaient l'animait comme d'une vie propre.

La comtesse frémit. L'étrangeté suintait de la scène, mais ce n'était pas la peur qui faisait trembler son bras. Les lignes du parchemin qu'elle serrait dans son poing défilèrent devant ses yeux. Elle les connaissaient si bien, pour les avoir parcouru de nombreuses fois en méditant sa vengeance. Bélial de Karan avait en effet pris soin de faire décrire longuement le calvaire qu'avait subit son père le comte Hugues, détaillant minutieusement les os brisés, les membres découpés, et les divers sévices qui étaient censés le faire parler. Ce même parchemin louait la bravoure de son père, mais pour mieux souligner combien il était illusoire à quiconque se retrouverait dans la même situation d'espérer tenir sans quémander la mort en livrant tous les secrets ou avouant des actes qu'ils n'auraient pas commis. Le poste de chancelier que le sénéchal Pons avait obtenu pour sa famille en remplacement de Bélial n'avait pas suffit à apaiser sa rancœur, d'autant plus que le chancelier avait utilisé ce pouvoir pour augmenter sa tutelle sur la comtesse et lui interdire de libérer son courroux. Et la mort de Bélial elle-même n'avait fait que reporter la rancœur d'Eleanor sur l'héritier des Karan. Celui-ci avait en outre poursuivi les actes de son grand-oncle avec la même cruauté et les mêmes manipulations, confirmant qu'il devait assumer le poids des meurtres de son aïeul, comme elle devait assumer le poids de la douleur des actes subis par son père.

Des larmes de dépit et de rage coulèrent le long de ses joues. Son père ne serait pas vengé. Il était temps qu'elle tourne la page. Il était temps qu'elle s'émancipe de la tutelle du sénéchal Pons le sévère, chancelier du royaume. Il était temps qu'à son tour elle prenne son envol. Elle se dit qu'elle devait quitter cette scène, que sa présence en ces lieux n'avait aucun sens.

Mais elle ne put détourner la tête de la macabre cérémonie, et ses jambes semblaient clouées sur le sol. Alors qu'elle tentait d'écarter la fureur de sa déception, une espèce de certitude s'insinua dans son esprit. Le comte de Karan n'était pas mort. Il avait encore trouvé une manigance ultime. Sa lignée ne pouvait pas s'être éteinte ainsi. Il reviendrait, lui ou l'un des siens auquel il aurait transmis sa soif insatiable de pouvoir. Et alors elle tiendrait sa vengeance.


HRP : j'espère que ce n'est pas un départ définitif du joueur, et qu'on verra en ces lieux encore ses récits...Si c'est le cas, je pourrai regretter de n'avoir pas eu davantage le temps de croiser la plume avec lui...Les récits de Karan auront été quoi qu'il en soit mes meilleurs moments RP sur Okord. En espérant qu'un jour un autre personnage en prenne le relais !

#4 2016-09-13 17:52:02

Jeyangel

Re : La nuit marchait avec lui.

La Mâchoire...

Le lieu était bien choisi. Même du ciel, il convenait parfaitement au personnage.

Parce que la sécheresse et l’inintérêt étaient tout ce qu'il méritait, pour certains.

Mais pour Jeyangel, ce lieu était surtout un hommage - et donc une ironie bien sentie pour ceux qui pensaient le contraire - à Mazër De Karan.
Car tels étaient l'homme, et ses ascendants: rudes, solides, souvent cruels, mais toujours sous évalués.

Les légendes de ce lieux étaient fondées, pour la plupart. Il le sentait, et le voyait.
Les âmes des victimes erraient à la recherche d'un but qu'elles n'atteindraient probablement jamais.
Et les corps de certaines avaient été relevés, à en juger par l'aura nécromante qui s'en dégageait.

Une parfaite "pâture" pour sa monture.

Il se posa donc sur un sol terreux et desséché, sous lequel étaient ensevelis moult squelettes. Leur âmes, à défaut de trouver la paix, allaient bientôt cesser d'errer.

Tandis que Dac'el Kin commençait à absorber les esprits, il se dirigea vers "la sépulture": un trou creusé dans la roche, par des druides si peureux qu'ils souhaitaient l'envoyer dans les entrailles du Monde.

Il sourit à cette pensée.
S'ils savaient que l'homme qu'ils enterraient descendait d'une "famille" issue de ces même entrailles, s'y seraient-ils pris autrement? Il ne le saurait jamais.

Il s'approcha, donc, et aperçu quelques seigneurs.
Mais n'y prêta pas grande attention.

Seule Eleanor De Roncevaux attira son regard.
Quel qu'avait pu être son lien avec De Karan, il n'était de toute évidence pas amical.

Elle fulminait tant de rage et de rancœur, qu'elle irradiait d'une sombre et dense aura obscure.
Quel potentiel gâché! Posséder une telle puissance et l'ignorer...
Avec une telle haine, elle aurait pu anéantir une armée...si elle avait su s'en servir.

Il lui fut tentant de s'en repaître, mais il n'était pas venu pour ça.
Non, il était venu pour le Dragon de Sang. Pour...lui garantir que, d'une façon ou d'une autre, il possédait toujours un lien avec ce monde.

Il resta en retrait de la Comtesse, mais également à bonne distance du sarcophage.
D'une, parce que le druides avaient interdit à quiconque de s'approcher.
Et il comptait respecter cela. Du moins, tant qu'ils seraient présents...

D'autre part, parce que la première raison lui semblait bien étrange, et que s'il les approchait, il risquait de tous leur faire rejoindre celui qu'ils enterraient.

"Hum, qui sait si Mazër ne considérerait pas leur sacrifice comme une sorte de banquet d'adieu...?"

Il sourit pour la deuxième fois.

N’empêchait qu'il était étrange que les druides aient exigés d'être seuls avec un corps, dont ils détestaient de toute évidence le propriétaire.

Ils n'ignoraient probablement pas que le Baron était mage. Peut-être savaient-ils même qu'il était présent...s'ils étaient vraiment Druides.
Mais si tel était le cas, il ne voulait pas utiliser de magie ici, pour ne pas les provoquer.

Il allait donc attendre.
Il quitta donc le tombeau, rejoignit son Dragon, et reparti vers Dra'celes.

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(HRP: Suite dans "Récits du Royaume".)

Dernière modification par Jeyangel (2016-09-17 11:50:56)

#5 2016-09-14 19:30:14

Plok

Re : La nuit marchait avec lui.

Plok s'avanca ...

On la vit tomber à genoux, certain l'approche, on recule, elle pleure, elle est triste ...

De Karan l'avait recueillit, éduqué, fait grandir, c'était un père, un père aimant bien que parfois stricte ...

Elle pleure, c'est plus difficile que de ne se souvenir de rien.

Elle pleure, car elle vient de perdre un être cher, et le temps semble être figé ... elle pleure et s'enrage, jurant de retrouver l'ordure qui à fait ça, et lui faire subir la pire des abominations !

Elle pleure ... et elle ne sais que dire, alors dans le silence, elle se retire doucement.

#6 2016-09-14 19:50:00

Spleen
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Messages : 902

Re : La nuit marchait avec lui.

La jeune Marquise s'avança, le visage recouvert d'un crêpon noir à travers lequel on discernait juste ses deux grands yeux bleus.
Elle posa simplement sa main blanche sur la pierre, et frissonna à son contact.


Spleen le Bâtard, descendant illégitime du Mercenaire et d'une gueuse.

Hors ligne

#7 2016-09-14 19:54:57

Nyrth

Re : La nuit marchait avec lui.

Le Khan Nyrth avais entendu qu'une cérémonie pour le chef des dragons auraient lieux, en tant qu'alliée dans une guerre majeur, ce fut normal de voir pendant la cérémonie une petite troupe de cavaliers qui était mené par le Khan, des chevaux noir, brun, blanc s'avancé vers le défunt.

Il ne descendit aucunement de son cheval, cheval dont Chacha lui avais donné à la mort de son père Gengis, il monté sans selle comme tout les cavaliers avec lui, ils étaient armée de lance, d'arc, d'épée mais aucunement d'armure lourde ou de bouclier. Après un long moment, la troupe repartie, sans rien dire, sans rien mettre sur la tombe, sans un mot, la troupe disparu à l'horizon.

#8 2016-09-15 22:08:06

gron

Re : La nuit marchait avec lui.

-Quel gâchis...

L'intendant Léon venait de livrer son courrier à Sa Seigneurie et la lettre apposée du sceau du Dragon semblait la déranger...

-Un problème Messire?

-Tenez Léon, lisez cette effroyable nouvelle...

Après avoir parcouru le message, l'intendant ne pût qu’acquiescer

-Il est toujours triste, en effet, d'apprendre la disparition de l'héritier d'une ancienne et puissante maison... Connaissiez vous personnellement le Seigneur De Karan?

-Kewa? Nous parlions de la perte de toutes ses vierges voyons! Essayez de suivre un minimum s'il vous plaît! Et pour quelles sottises? L'immortalité?!!! Pensez vous que Nous soyons immortel Léon?

-Il m'est d'avis que Sa Magnificence nous enterrera tous. Néanmoins, nul ne peut résister à l'appel des Anciens Dieux...

-Exactement! Il arrivera malheureusement un jour où La Tour Rose sera en berne et pourtant, Elle en aura vu du sang de vierge... Quelle idée... Il aurait du Nous questionner, Nous aurions pu le guider...

Connaissez vous le maître espion Borr (*)? Il Nous disait justement que "la véritable immortalité, c'est quand les gens se souviennent de vous"... De Karan aura peut être réussi son pari finalement?

Quand à le connaître... Son défunt oncle et lui possédaient le don de parole, ils étaient de très grands orateurs et savaient jouer des ombres afin d'arriver à leurs fins. Dommage que cela finisse de cette façon...

Avons nous des agents infiltrés au Nord Est afin d'enquêter? L'assassinat n'est jamais une chose innocente, peut être se trame t'il quelque chose là-bas...

Arald, le Cygne, la Nouvelle Valyria et ses étranges idées... Trouvez ceux qui agissent dans l'ombre s'il vous plaît...

Alors que l'intendant quittait la pièce chargé d'une nouvelle mission, le seigneur ne pût s'empêcher de murmurer pour lui-même en se servant un verre :

-Dommage l'ami! Visiblement, une arbalète qui se décharge est plus forte qu'une vierge...

Sur ce très fin trait d'esprit, il but, avec le sourire, son breuvage et attendit, en fermant les yeux, que la tristesse le gagne

(* : La Geste Du Sixième Royaume, Adrien Tomas)

Dernière modification par gron (2016-09-15 22:16:02)

#9 2016-09-16 18:58:18

Houbiffi

Re : La nuit marchait avec lui.

Houbiffi, qui ne rate jamais une occasion d'en apprendre plus sur ses confrères du royaume d'Okord, arriva au pied de la montagne. Il avait en vue, à quelques centaines de mètres, l'entrée du couloir sombre. Il scruta l'horizon. Quelques personnes s'affairaient ça et là, mais elles étaient aussi nombreuses que les végétaux dans cette plaine désertique. Soudain, il sursauta et demanda aux deux cavaliers, qui lui servaient d'escorte :
- Un poisson! Amenez moi un poisson!
Après un petit moment pour réaliser, l'un des cavaliers répondit :
- Mais Sire... Dans ces terres désolées ? La côte la plus proche est si loin, et nous n'avons pas croisé une goutte d'eau depuis des heures...
- Je n'en ai que faire. Trouvez moi un poisson, un œuf, ou quelque chose d'équivalent pourvu que cela pue!

Le seigneur n'était pas connu pour être particulièrement irrespectueux. Les cavaliers se demandèrent bien ce qu'il tramait, et accédèrent à sa requête.

Maintenant qu'il était seul, il avança un peu plus vers le caveau. C'était moche, il fallait le dire, le caveau n'avait rien de somptueux, les coups de pioches lézardaient les murs humides. La mousse, le lichen et les champignons jonchaient le sol et le plafond. Houbiffi gratta quelques mots sur du papiers, descendit de son cheval et se mit en tête d'explorer le tombeau.
Le sol était glissant, et la lumière du soleil, qui était pourtant assez haut, n'éclairait déjà plus au-delà de quelques pas. Un coup de vent le fit chanceler et il tourna instamment les talons. Une demeure austère pour un seigneur...
- Messire, nous revoilà !
Les cavaliers étaient revenus, et ils apportaient, cachés dans un drap, des œufs d'oiseaux, cassés et moisis.
Le visage d'Houbiffi s'éclaira alors, et il leur rendit le drap.
- Laissez moi quelques secondes...
Il s'approcha du tombeau et posa la pointe de son épée sur un morceau de pierre qui trônait près de l'entrée. Il se mit à taper sur le pommeau afin de la graver. Une fois son travail achevé, il fit un pas en arrière et admira son "oeuvre".
- Ça fera l'affaire...
Un cygne, ou du moins une forme plus ou moins en adéquation avec l'idée qu'on avait de l'animal, était gravé sur une surface assez plate de la pierre.
Houbiffi en savait peu sur le seigneur. Le peu qui était arrivé à ses oreilles le dépeignait comme un malpropre, mais de sa propre expérience le Dragon avait été un allié de valeur lors de l'affrontement contre la Plume. Et de toute façon, on ne pouvait rendre le tombeau plus effrayant que ça.

Il retourna auprès de ses deux sujets, et se saisit du drap. L'odeur lui provoqua un haut-le-cœur, mais il continua sa besogne.
Il avait les yeux rivés aux loin, sur une silhouette en habits amples qui s'affairait pas loin d'un cheval et qui, après l'avoir attaché, s'engouffra dans le tombeau. Le seigneur rassembla ses forces et couru le plus vite possible vers la monture. Après s'être assuré, d'après ses armoiries, qu'il s'agissait bien de la personne à laquelle il pensait, il renversa le contenu du draps dans un de ses bagages. Il fit du mieux qu'il pût pour que le contenu se retrouvât au fond, et, sur le chemin du retour, s'essuya les mains, fier du travail accompli. Il n'avait pas oublié de signer son méfait. Sur le dragon blanc qui décorait le cheval, se trouvait désormais un cygne dessiné au charbon de bois accompagné d'un "H.".
"Qui fait le malin, tombe dans le ravin". Elle aura une belle surprise lorsqu'elle s'en rendra compte.

Il remonta sur son cheval, et repartit vers des contrées plus accueillantes.

HRP: Voilà un bon gros pavé RP ! Mon second. J'espère que vous appréciez ! Si il y a un soucis avec le contexte RP, suffit de me MP, je corrige/supprime. Je suis ouvert à tous les commentaires, car j'aimerais bien étoffer le RP de mon perso mais je ne veux pas faire d'erreurs.
J'ai mis les dialogues en italique, parce que même si les codes conseillent de faire l'inverse, vous auriez du lire tout le pavé avec la tête penchée wink
Je songe à illustrer le texte pour la prochaine fois !
Quand au personnage féminin mystère qui est mentionné... Vous pouvez deviner qui c'est wink

Dernière modification par Houbiffi (2016-09-16 22:03:25)

#10 2016-09-17 13:39:51

Seb

Re : La nuit marchait avec lui.

Trois chevaliers arrivèrent par le Sud de la chaîne de montagne, frontière naturelle entre la province de Kül et celle de Cùrue Dragancia. Le duc Seb, armure scintillante et blason bien en vue, accompagné de deux chevaliers en armure  recouverte  d’une toge noire dont la capuche couvrait le visage.

Plus à l’est Siyah, appelée la trouée DeKaran, avec encore un peu plus à l’est la colline où étaient  passées sans se faire voir les troupes du duc lors de la deuxième capture de DeKaran à Netfret. Plus à l’ouest, Ahlaksik, majestueuse tellement le terrain était fertile, entourée de collines par l’est, l’ouest et le sud avec une vue dégagée au Nord sur Kül. A part quelques espions, les troupes du duc n’étaient jamais rentrées dans Ahlaksik, elle regorgeait  pourtant de richesse. Plus à l’ouest, invisible, Cair Cilbur, les Portes de la Preskill Gundor, fief où l’ost de la Princesse Ayla était venue capturer DeKaran après l’attaque manquée sur Mahoudo.

Les trois chevaliers grimpèrent la Mâchoire Grise. L’affluence était grande, de nombreuses personnes arrivaient et repartaient de la colline, le regard noir des badauds qui reconnaissaient le blason rendait l’atmosphère lourde. Les deux chevaliers découvrirent leur épée, mirent la main sur le fourreau et suivirent le duc qui ne ralentit pas.  Arrivés près du tombeau,  Seb mit pied à terre. Il attendit son tour puis se dirigea vers la dernière demeure de DeKaran.  Il s’arrêta à l’entrée du puits glacial qui lui servait de tombeau, regarda vers le nord et contempla la province de Kül avec au loin le minuscule point que représentait la haute montagne où étaient situées les ruines de Karst.

« On peut dire que je les aurais foulé les terres de cette province pour vous traquer, cher ennemi de longue date. Vous avez toujours été là pour nous mettre des bâtons dans les roues, à engager vos armées contre nous et nous discréditer sur la tribune, on ne peut pas vous reprocher vos convictions, vous les avez tenues jusqu’au bout. Par vos actes, vous avez aussi augmenté la notoriété de ma faction la Plume Noire, je ne vous remercierai jamais assez pour cela. »

Le duc sortit de sa besace une dague, celle avec laquelle Ayla avait failli couper les couilles de DeKaran et la jeta dans le tombeau. 
Puis, il remonta sur son cheval qui se dirigea vers le sud d’un trot léger, les deux chevaliers le suivirent.

Dernière modification par Seb (2016-09-17 13:45:08)

#11 2016-09-25 20:08:11

De Karan
Inscription : 2014-09-14
Messages : 798

Re : La nuit marchait avec lui.

Deux mois.

Deux mois depuis qu'il était mort.

Que la pierre froide l'avait englouti.

Dorma et sa nuit sans lune. Là où régnaient les ténèbres, chevauchait un cavalier solitaire. Arc-bouté sur sa monture, Kerberos resserra les pans de sa cape d'une main tremblante. Les rameaux fouettaient sans relâche ses épaules, mais il ne les sentait plus... Il ne ressentait plus rien depuis longtemps.

L'orée du bois s'ouvrit sur le sentier, dévoilant la Mâchoire Grise, ainsi qu'une frêle silhouette campée au beau milieu. Kerberos tira sur les rennes aussi fort qu'il le put. La pauvre bête gémit, le mord au fond des babines.

-Toi...

Un souffle, c'était désormais le seul effort qu'il pouvait se permettre. Le colosse se laissa glisser de sa selle, puis s'affala dans les feuilles mortes.

-La Vieille ! Dit-il d'une voix plaintive. Aide-moi.
-Que se passe-t-il, puissant serviteur de Karan ? Elle souriait. On est patraque ?
Il rampait à ses pieds.
-Tout s'est effondré. Fini. Nous n'étions pas là, mais nous l'avons senti mourir. J'ai vu le jeune Brahm cracher du sang jusqu'à en crever. Pareil pour les autres. Certains ont réussi à fuir. D'autres ont été repris. Les hommes du Marquis Zyakan nous traquent. Istar a été débusquée dans le couvent podeszwanien où elle agonisait.
La Vieille ne prêta pas attention au visage couvert de sueur, ni à la main agrippée à sa tunique.
-Mais toi. Tu es encore en vie. Elle semblait presque surprise.
-A peine. Je rends tout ce que j'avale. Je conchie sur moi. Je grelotte ou je brûle. Mon corps tout entier est assailli et ne connaît nul répit.
-Tu meurs. Décréta la vieille. Tout comme ton maître est désormais mort et enterré. Néanmoins, tu fais preuve d'une étonnante résistance. Tu l'as côtoyé suffisamment longtemps pour que l'Obscurité t’accueille en son sein.
Les énormes doigts se crispèrent sur l'étoffe.
-Épargne-moi un pareil destin ! Tu as sauvegardé son esprit. Préserve ma chair !
Elle baissa la tête, plongeant son regard au fond du sien.
-Mais pourquoi donc ? Mourir n'est pas la fin, juste un mauvais moment à passer. Tu en reviendras, tout comme ton maître. Alors, tout s’effondrera. Les petits barons qui se sont partagés son domaine trembleront en entendant son nom. Ses vieux ennemis redouteront ses prodiges et ses maléfices. Le Royaume d'Okord rencontrera le mal, le vrai. Celui qui n'a cure de l'or, celui qui ne fait aucune distinction entre les serfs et les seigneurs, les mauvaises gens et les preux chevaliers. Si tu savais ce que je sais, serviteur de Karan, tu irais danser nu sur la plage.

La Vieille s'écarta. La main tendue de Kerberos demeura désespérément vide.

-Je ne veux pas mourir...
-Personne ne le veux.

Le colosse parvint à s'adosser contre un arbre. La Vieille s'en était allée.

Le vent soufflait toujours depuis la Mâchoire Grise.

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