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#1 2016-05-31 19:46:28

Vashem Greznik

Le pélerinage à Wielkomiasty

Vashem Greznik regarda les chariots d'or s'ébranler.
Une belle somme en vérité. De quoi ne pas paraître ridicule aux yeux du clergé Osterlichois.
La journée s'annonçait bien.
Le soleil venait de se lever sur un ciel d'une pureté azuréenne. L'air était léger et une très légère brise soufflait du sud.
La forteresse de Senneville s'éveillait doucement.
Les mille bruits des ouvriers travaillant sur le chantier du Katadra commençait à emplir l'espace sonore.
Une belle journée en vérité. Vashem était de bonne humeur.
On ne dira jamais assez à quel point il est important de commencer un pèlerinage  dans de bonnes conditions. Cela ne veut pas dire qu'il fera beau tout le temps, mais que Podeszwa approuve la démarche et salue les pèlerins à sa manière.

Le Diacon de Kobolsk était accompagné de ses trois disciples. Grishka, le plus vieux, il avait onze ans, surveillait Igor et Ivan qui n'avaient que huit et neuf ans.
Quand il aperçut le Comte Enguerrand, il fût surpris de l'enfant qui l'accompagnait.
C'est mon fils, Charles! Lui apprit le comte. J'ai pensé qu'il serait bon qu'il fit le pèlerinage avec nous et qu'il bénéficia de votre enseignement durant le trajet. après tout, d'une certaine façon, c'est grâce à lui si je marche aujourd’hui dans la voie du Zwiastun.

- Mais certainement, c'est une excellent idée! Lui répondit le Diacon d'un air radieux.
Quel age a-t-il?

- Sept ans, bientôt huit dans deux mois!

-C'est parfait! Parfait...Absolument parfait!...l'âge idéal pour s'initier aux plaisirs de la contemplation.

La main osseuse du Diacon alla caresser la jolie tête blonde du jeune Charles qui ne put refréner un petit mouvement de recul face à ce vieux monsieur au curieux sourire.
Voici Grishka, Ivan et Igor. Ils seront d'excellent camarades pour toi, mon petit Charles. Podeszwa aime les enfants. C'est la continuation, la poursuite de son oeuvre, l'harmonie en marche... sans les enfants, il n'y aurait plus de monde.

Puis s'adressant au comte: Les autres ne vont pas tarder. Je vous avoue que je ne sais pas encore combien nous serons, mais j'espère que le nombre sera conséquent. Il est plus agréable de marcher en groupe nombreux. Cela permet d'échanger avec beaucoup d'esprits divers et ainsi cultiver sa connaissance du monde. Cela peut parfois aussi décourager les bandits, ce qui n'est pas négligeable non plus.

Dernière modification par Vashem Greznik (2016-05-31 20:03:39)

#2 2016-05-31 21:32:13

Zalfos

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Il arriva quelques minutes après l'aube. Tout arranger pour pouvoir partir en Österlich n'avait pas été une mince affaire, mais Galvard Zalfos, comte de son état, était plutôt certain de ses choix en matière de gouvernance. Il avait laissé l'archipel à un conseiller compétent, et cela aurait à suffire jusqu'à son retour.
Le comte n'avait pris avec lui que l'escorte minimale, d'une dizaine de Strolatz (bien entendu ravis de pouvoir participer à un tel pèlerinage). L'aîné de ses petits-fils avait bien formulé le souhait de participer, mais il avait jugé plus sage de le laisser à Harshaw. Les tempêtes du détroit se faisaient capricieuses par moment. Là... le grand ciel bleu augurait cependant une bonne journée pour la navigation.
- J'ai fait apprêter les navires, Frère Greznik. Les huit plus gros de la flotte, comme vous aviez spécifié que nous transporterions les chariots. Ils sont à quai non loin de Tournefort, et devraient nous permettre de traverser sans encombre. J'ai aussi retiré les pavillons, comme vous me l'aviez demandé.
Un coup d’œil au chantier du Katadra lui apprit que les ouvriers et les architectes ne chômaient guère. Le bâtiment avançait à pas de géants. Le comte n'avait pas beaucoup l'occasion de passer par Senneville, mais l'endroit lui était agréable. Comme le mentionnait parfois son Ojciek : "il est des places où l'on peut percevoir la bienveillance de Podeszwa." Senneville devait être l'une d'entre elles.
- J'avais quelques remords à quitter la frontière, mentionna t-il au Frère Enguerrand qui avait visiblement pris le parti d'amener sa marmaille avec lui. Mais je pense que le voyage vaut bien quelques soucis de voisinage à mon retour. Je pense qu'ils ne vont pas s'entretuer en mon absence... je l'espère. Enfin... si Österlich attaque, nous devrions au moins en être les premiers informés.

#3 2016-05-31 22:42:31

Rohan_Jezequel
Inscription : 2016-01-26
Messages : 69

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

goyasanisidro-copie-1.jpg
Et la donzelle dansait, dansait pour les pouilleux !
Si bien qu'un soir de mai, elle vit un pernicieux !
Qui soulevant ses braies, lui montra sa grosse...

- C'est bon ! Allez vous en ou je vous découpe tous !

Gauthier, arriva en trombe arme à la main afin de disperser le petit groupe de vas-nu-pied qui s'était amasser devant la fille du Vicomte Jezequel.

- Gauthier ! Ces petites gens me chantaient une chanson. Pourquoi les as tu chasser ?!
- Rentrons à Castelwallon Madame, vous n'êtes pas prête à affronter l'extérieur. Ces gens ne sont pas vos amis ni même des troubadours comme votre père en fait venir au château. Ce sont des malandrins, des tires-laines, qui vivent dans la rue, dans les tavernes, prêts à couper une gorge ou amuser la galerie pourvu qu'une bourse leur tombe dans la main. Le monde est peuplé d'opportunistes, Madame.
- Des opportunistes me dis-tu, de ton genre alors ?

Alienor se détourna alors de son garde du corps afin de continuer sa route vers la place qui donnait sur le chantier du Katadra.

La jeune fille de 15 ans avait abandonné ses habituelles tenues de dame de la cour pour des vêtements plus discret et plus adaptés à un long voyage. Son escorte se constituait que de deux hommes, le Capitaine Gauthier et un serviteur bêta étonnement massif qui portait un gros sac.

Arrivant sur la place, elle ne put s'empêcher de se mettre à courir...

- Gauthier, regarde, ce doit être lui !

Les deux hommes la suivirent à grandes enjambées.
Elle s'approcha alors du frère Greznik et plia un genou.

- Frère Greznik, c'est un honneur pour moi de vous rencontrer. Je suis Alienor Jezequel, fille aînée du Vicomte Rohan Jezequel. Je souhaite vous accompagner vers la lumière de Podeszwa. Nous avons 400 Strolatz au Clôs de Senneville, ils sont à votre disposition.

Dernière modification par Rohan_Jezequel (2016-05-31 22:44:46)


Baron Rohan Jezequel, Enquêteur Royal, Embassadeur de la Tour et Représentant au GCO.
Alienor Jezequel, Fille ainée de Rohan Jezequel
Gauthier de Castelwallon, Mercenaire, Marchand et Capitaine de cavalerie
Frère Nikhbad Ceapraz, ancien Golovine de Streztz en Österlicht, Chargé du culte

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#4 2016-05-31 23:42:39

Vashem Greznik

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Vashem Greznik apposa sa main sur la tête de la jeune fille.

Que Podeszwa vous bénisse soeur Aliénor Jézequel. La jeunesse est l'avenir de l'église. Votre père a bien fait de vous laisser faire ce pèlerinage.
Pour ce qui est des soldats, je crois que le comte Piland a déjà prévu un petit détachement qui doit nous précéder et ouvrir la route pour s'assurer qu'elle est libre. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'emporter une armée avec nous.
Nous ne partons pas en guerre et nous ne voulons pas affoler les villages que nous traverserons par un déploiement de forces hors de propos.
Podeszwa veille sur ses adeptes, ne vous inquiétez pas soeur Alienor.

Il se retourna vers le comte Zalfos.

Vous avez fort bien fait, frère Zalfos. La discrétion est notre meilleure alliée. Tant que personne ne soupçonne l'existence du trésor que nous envoyons vers l'Osterlich, il ne risque rien.

Dernière modification par Vashem Greznik (2016-05-31 23:47:59)

#5 2016-06-01 00:07:14

Enguerrand

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Le comte de la Mortquitue saluait chaque nouvel arrivant.
Il avait revêtu une robe de bure au dessus de chausses en peau de buffle et d'un juste-au-corps de cuir bouilli pour sacrifier au rituel des pénitents, mais on voyait malgré tout dépasser ses bottes de cuir noir. Il avait aussi emporté une épée et deux poignards soigneusement dissimulés dans le bats de la mule qui portait leur ravitaillement.
Certes Podeszwa  les protégeait mais rien n'interdisait de lui donner un coup de pouce au besoin.
Quand le comte Zalfos le prit à témoin pour lui confier ses remords, il était déjà au courant de la situation.

Certes, frère Zalfos, il n'est jamais bon de quitter ses terres trop longtemps. Okord est un volcan qui peut se réveiller à tout instant. Je suis tenu informé des évènements depuis mon fief d'Himelsdorf et j'ai déjà reporté un pèlerinage que j'avais promis à Podeszwa depuis la guérison de mon fils pour ces raisons. Mais celui-ci revêt une importance capitale pour notre église. Je me devais d'en être, quitte à laisser mes capitaines gérer la crise à ma place si elle survient.

#6 2016-06-18 16:02:27

piland

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Du haut de son balcon, le Comte Piland observait les préparatifs du pèlerinage pour Wielkomiasty.

Tous les invités, adeptes de Podeszwa, étaient arrivés la veille..
Le Katadra d'Okord avait fait son effet. Les bâtisseurs okordiens et osterlichois avaient œuvré pour ériger un monument digne du Dieu unique créateur de toute chose. Il ressemblait davantage à un dodécaèdre qu’a un Katadra classique. La construction de pierre, de bois et de vitraux surplombée d'un dôme dorée, permettait le passage de la lumière en son centre. A n'en pas douter, le Katadra serait le phare de Podeszwa. Le seul lieu d'Okord vers lequel chaque frère et sœur pourrait se tourner en cas de doute ou de prière et dont la lumière éclairerait aussi bien de jour que de nuit.
La forteresse avait, elle aussi, fait son effet. Les invités furent surpris de constater que les logements, salles d'armes, magasins, écuries et réserves en tout genre, étaient creusés dans la roche. La forteresse était troglodytique et occupait la totalité de la montagne.

En bas, tous préparaient l’extraordinaire caravane de 600 chars pour le transport de vivres et d’or. Les invités, malgré la soirée de fête qui s'était achevée au petit matin et le manque de sommeil, étaient présent pour donner les ordres afin que l'heure de départ soit respectée.

Toujours en haut de son balcon, le comte avait donné l'ordre d'ajouter les couleurs de Podeszwa. Le départ serait imminent et il attendait l'hommage de son fils Magnus pour qu'il soit officiel.
Il se retourna quand il entendit la voix de son fils
- Père?
- Oui mon fils, tu es prêt pour le départ?
- Oui Père, il me semble que tout est en ordre. Nos cavaliers sont déjà en selle et n'attendent que le signal de départ.
- Tu feras bien attention à toi. Ce pèlerinage ne sera pas forcément des vacances. Tu y découvriras une autre culture, d'autres paysages, la traversée du canal pour l'Osterlich. Tu y verras peut être du sang, conntaitras la peur, le courage, la camaraderie mais Podeszwa veillera toujours sur toi, j'en suis certain.
Je regrette qu'Hucholoup ne t'en ai pas parlé plus sur cette contrée de l'Est. Et je sais qu'à ton retour, tu ne seras plus un enfant mais un homme dans la lumière de Podeszwa.

Le père s'approcha de son fils et le serra dans ses bras. Il le serra fort contre lui pendant de longues minutes. L'évènement était d'autant plus rare, qu'il était tout à fait possible qu'il puisse ne plus jamais revoir son fils....

Dernière modification par piland (2016-06-18 17:45:31)

#7 2016-06-18 17:41:37

Vashem Greznik

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Frères et soeurs, il semble que le moment soit venu de partir.  Comme dit le proverbe, quand on a une longue route, il n'est pas nécessaire d'aller vite mais il faut partir tôt. Sans vouloir vous commander, il est inutile de s'alourdir avec de trop nombreuses provisions. Nous espérons faire halte chez nos frères adeptes en cours de route. par contre l'eau est importante et deux gourdes sont un minimum.
Il faut aussi un bon bâton et de solides cothurnes. Un vêtement ample et sobre, sans ostentation, mais pratique pour la longue marche qui nous attend.
Enfin un manteau de laine épais avec une large capuche en cas de pluie et parce que les nuits sont encore fraîches.
Si vous avez des questions, c'est le moment. mais vous aurez aussi tout le temps de me questionner durant le voyage sur la relique que nous allons chercher.

Le Diacon de kobolsk inspecta un à un les visages des adeptes qui s'étaient regroupés autour de lui. Puis comme personne ne semblait faire la moindre objection ni n'avait de question, il donna le premier coup de bâton sur le pavé et s'engagea sur la route qui sortait de la forteresse, suivi par ses jeunes impétrants. Son pas était étonnement alerte pour ce vieillard sec de 74 ans.

L'important c'est de prendre un rythme et de s'y tenir.  Pas la peine de courir, nous ne sommes pas pressés. Ceux qui vivent dans la lumière de Podeszwa sont assurés de la vie éternelle. J'ai déjà pas mal vécu, moi-même, alors je peux vous assurer que l'éternité, c'est vraiment très long.

Au sortir d'une poterne, le groupe déboucha sur un panorama de collines verdoyantes. Le Diacon s'arrêta et pointa son bâton dans la direction de l'horizon.

N'oubliez pas de contempler le paysage. C'est un des aspects le plus importants du pèlerinage, hormis le fait qu'il nous ramène, par l'effort, à notre condition d'humbles humains.  La beauté de la nature et sa perfection doit nous atteindre au plus profond, même si nous croyons connaître ces paysages par coeur.....Il y a toujours quelque chose à voir et à comprendre, même dans les scènes les plus triviales.

#8 2016-06-19 13:57:07

piland

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Hucholoup s'approcha du Comte Piland.

- Comte, ne soyez pas inquiet. Magnus est entre les mains de Frère Vashem et sous la protection de Podeszwa.
- Vous n'avez quand même pas oublié que vous avez failli mourir en Österlich, lors de l'expédition?
- Non Comte. Je n'ai pas oublié que ce sont les moines de Podeszwa qui m'ont sauvé la vie.

Piland regardait la caravane se mette en branle.

- C'est de la folie de laisser cette caravane partir avec si peu de protection.
- Ne vous inquiété pas. J'ai fais le nécessaire pour leur protection. J'ai vu aussi avec Dame Noorunissa Inaya. Elle a mis en place son service de renseignement. Ils devraient être tranquilles, au moins jusqu’aux bateaux affrétés par Frère Zalfos. Seule Podeszwa les protègera lors de la traversé du canal. Et puis....

Piland se tourna vers son ami et s'aperçût que celui-ci avait un drôle de rictus.

- Et puis....?
- Et puis, il n'a certes pas d'épée mais il n'est pas non plus sans arme.

Hucholoup sourit et montra le modèle d'un petit glaive à peine plus gros qu'un poignard. Les deux hommes éclatèrent de rire.

Hucholoup ajouta:

- Et puis on ne peut pas laisser la fille de frère Rohan sans protection terrestre.

En bas les chariots se déplacèrent sous les exclamations de la foule et des ouvriers. Un chant se fit entendre du Katadra, il s'agissait d'un concerto pour deux voix https://www.youtube.com/watch?v=kQsGNQl5Peo/ , qu'il avait spécialement fait venir pour le départ.

- QUE PODESZWA SOIT LOUE ET VOUS PROTEGE TOUT AU LONG DE VOTRE VOYAGE!!!!!!!!

Dernière modification par piland (2016-06-19 14:03:46)

#9 2016-06-20 09:05:10

Zyakan

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Le Katadra était vraiment très impressionnant. Une structure aussi énorme que la forteresse de feu le roi Molag, mais qui paraissait mille fois plus harmonieuse que ses dimensions ne le laissaient supposer. Les bâtisseurs savaient y faire.

Le regard du comte Zyakan redescendit sur sa fille. Carmen, bientôt vingt ans, sublime comme sa mère à son âge, -paix à son âme- tous les jeunes hommes de Solède à ses pieds, et elle était là, assise par terre à jurer comme une poissonnière au beau milieu de la foule de pèlerins qui les contournait pour passer. Si Rafael, qui tenait la bride de la mule, à côté du comte, parvenait à garder son sérieux, derrière elle, Diego se retenait à grand-peine de ne pas partir en fou rire.

« Vous croyez vraiment que c'est Podeszwa qui a mis ce foutu caillou dans ma botte, père ? -Diego, je t'entends !
-
Si c'est lui, au moins le créateur de toutes choses a de l'humour, rétorqua Zyakan amusé. Allez, dépêche-toi un peu. Je vais finir par croire que tu n'as pas vraiment envie de le faire, ce pèlerinage. »

Tu parles qu'elle avait envie. Un vrai festival. Elle n'arrêtait pas. Depuis qu'ils étaient partis de La Guarida, c'était à peine si elle avait passé une heure sans se plaindre de tout ce qui lui passait à portée. Sa mère toute crachée, avec en plus le zeste de mauvaise foi dont il avait lui-même dû la faire hériter. Si elle n'avait pas été sa fille, elle aurait eu une voie toute tracée parmi les bateleurs de foire, elle atteignait des niveaux comiques assez élevés à force de surenchère.

Enfin, elle se releva. Puis s'épousseta. Puis reprit son bâton de marche des mains de Diego en le sommant d'arrêter tout de suite de rire. Ce qui n'eut évidemment pas du tout l'effet souhaité. Et ils purent finalement reprendre la marche, au rythme du flot qui avançait toujours inlassablement depuis tout à l'heure. C'était vrai, ils étaient fort nombreux. Quelques milliers, au moins, à vue de nez. Beaucoup de serfs de ses fiefs avaient d'ailleurs voulu participer aussi, et s'étaient joints à eux. Il leur avait enjoint de ne pas les attendre : ici il n'était plus comte, mais frère comme eux tous.

Dernière modification par Zyakan (2017-02-17 01:43:15)

#10 2016-06-20 22:22:41

Rohan_Jezequel
Inscription : 2016-01-26
Messages : 69

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Une fois sortie de la forteresse, Alienor mis son manteau de laine. Elle avait du mal à dissimuler son enthousiasme d'adolescente qui, pour la première fois, avait l'autorisation de "voir" le monde, qui plus est, en la présence de l'homme qu'évoquait sans cesse le frère Ceapraz. Elle se retourna vers son gros compagnon qui commençait à sortir de la poterne.
- Non, reste là, ne sort pas au dehors. J'irai seule avec Gauthier.

Le porteur bredouilla
- Au dehors ?!
- Oui. Au dehors. d'un air agacée, elle continua...Ne viens pas au dehors. Reste là.
- Au dehors...

Il fit alors demi tour pour disparaître dans les entrailles de la muraille. Gauthier observa la scène sans rien dire avant de parler à l'homme qui marchait à ses côtés.
- Dis moi l'ami, rassure moi, je ne suis pas le seul à porter du métal, n'est ce pas ?

hrp : Gauthier parle au premier venu...


Baron Rohan Jezequel, Enquêteur Royal, Embassadeur de la Tour et Représentant au GCO.
Alienor Jezequel, Fille ainée de Rohan Jezequel
Gauthier de Castelwallon, Mercenaire, Marchand et Capitaine de cavalerie
Frère Nikhbad Ceapraz, ancien Golovine de Streztz en Österlicht, Chargé du culte

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#11 2016-06-22 11:52:12

Enguerrand

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

  Le marquis de la Mortquitue tiqua un peu de s'entendre appeler "l'ami". Ce mot sonnait fort désagréablement à son oreille. Évidemment, avec une robe de bure dissimulant son surcot de cuir et l'absence totale d'armoiries, il était naturel qu'on le prenne pour le premier venu, cependant il imaginait qu'un oeil avisé pouvait déceler, au-delà de l'accoutrement, la noblesse et la prestance de son interlocuteur et en déduire qu'il n'avait pas affaire à un gueux.. Qu'on l'appella frère était une chose, mais "l'ami" avait un accent de familiarité qui l'offusquait.
L'interpelleur était armé en guerre et l'on pouvait deviner à certaines effluves qu'il ne devait pas souvent quitter sa cote de maille. Il s'agissait probablement d'un militaire de carrière; de ces chevaliers, fils cadets de hobereau, voir même fils de paysans, qui ne connaissent que la vie de caserne.
Il commençait à suer à grosses gouttes sous son heaume, malgré la visière haute.

Enguerrand chercha un moyen de lui faire savoir, par sa réponse, qu'il n'était pas son ami sans se montrer arrogant. Quand on s'habille de bure pour marcher sur les routes poussiéreuses, à la recherche de Podeszwa et de sa rédemption, il est ridicule de faire valoir un titre de noblesse. Il pensa à ce que répondrait Vashem Greznik et dut s'avouer qu'il était bien loin d'arriver à l'esprit du maître.
Il décida finalement qu'il n'avait pas entendu le fâcheux mot et se contenta de faire une réponse de premier venu, au soldat.

J'ai bien peur, frère, qu'hélas vous n'ayez raison. On vous aura mal informé. Nous ne partons pas en croisade contre l'Osterlich. Il s'agit d'un pèlerinage et nous nous sommes tous équipés pour une très longue marche, enfin je présume.... Non pas que nous devions nous promener nus et sans armes; j'ai, pour ma part, pris quelques précautions de ce côté là, mais de là à les porter sur le dos.....
Si vous n'êtes pas adepte vous-même, vous n'êtes pas tenu de marcher et vous pouvez nous suivre à cheval. Dans le cas contraire, je vous conseille de vous alléger.

#12 2016-06-25 12:56:10

Chrysaor

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Le vicomte posa sa main sur le créneau rugueux de la muraille qui ceignait sa capitale. Tant de travail, tant de semaines avaient passées pour ériger un fief digne de ce nom afin d'accueillir son peuple. Il jeta un regard en arrière et parcourut les bourgs et la multitude de d'âmes qui parcouraient les rues de sa cité en pleine effervescence. Il ne put que ressentir une étrange fierté qui prit possession de son coeur en un battement. Aujourd'hui, les maçons poseraient les dernières pierres de la muraille, terminant cette muraille qui entourait désormais Fort-Azur en un cercle proche de la perfection. Il sourit vaguement à cette idée avant de tourner son regard sur le fleuve qui grondait déjà depuis le milieu de la matinée. Les vagues puissantes s'écrasaient au bas de la falaise, aux pieds de la muraille. Qu'il se sentait si petit devant la puissance des éléments. Qu'il se sentait si petit dans ce monde si vaste. Cela le laissa songeur pendant plusieurs minutes, son regard s'égarant dans cette contemplation dont il ne se lassait jamais. Mais elle ne fut que de courte durée puisqu'il fut bientôt interrompu par un messager qui apporta de toute évidence un message provenant du pigeonnier.

- Monseigneur, un message du comte de la Mortquitue.

D'un geste de la tête, il se saisit du petit rouleau de parchemin et en lut le contenu, fronçant les sourcils au premier abord avant d'écarquiller les yeux quelques secondes plus tard.

- Qu'on fasse préparer mon destrier et mon escorte, nous allons devoir parcourir quelques lieues à l'Ouest... A la première Katadra d'Okord !

Son sourire s'élargit alors que le messager inclina respectueusement le haut de son buste.  Son regard se posa à nouveau sur le Grand Canal qui s'étendait à perte de vue. Voilà que sa journée venait de s'illuminer subitement...


---------------------------------


C'est le vicomte Chrysaor en personne qui se trouvait parmi les différents pèlerins aux pieds du glorieux fief de Senneville. Pour l'occasion, il portait une tunique brune simple en cuir confectionnée tout spécialement pour le voyage et surtout très confortable. Tout autour de lui, il pouvait voir des visages familiers, des éminents vassaux de la Tour. Voilà qu'il se sentait rassuré de n'être pas seul bien que ses relations avec eux s'étaient limitées jusqu'à présent qu'à des échanges sur des champs de bataille. Le désormais frère Chrysaor regarda la petite file de pèlerins se mettre en branle. Le pèlerinage commençait.

Et dire qu'il n'avait appris qu'il y a quelques jours que l'église d'Okord s'était récemment formée. Il semblait de plus en plus s'être fermé au monde à force de donner toutes ses forces à bâtir de nouvelles villes et à protéger son peuple. Maintenant qu'il avait été promu vicomte cela n'était plus possible. Il soupira vaguement puis vérifia une dernière fois l'harnachement de son cheval, resserrant le lien de cuir qui maintenait son épée en or sur la selle du cheval. Qui sait ce qu'ils rencontreraient durant ce voyage. Mieux valait il prendre ses précautions. Puis son regard se plissa aux assauts d'un rayon de soleil et il sourit. Au moins, Podeszwa était à leurs côtés. Le vicomte lança un dernier coup d'oeil à l'édifice spectaculaire que représentait la Katadra puis emboîta le pas à la file et se mélangea aux frères de Podeszwa, tenant son cheval par la bride son autre main agrippée à un bâton de chêne fabriqué lors d'un voyage il y a bien longtemps. Puisse Podeszwa les guider durant ce long voyage.

#13 2016-06-28 15:03:28

Rohan_Jezequel
Inscription : 2016-01-26
Messages : 69

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Gauthier regarda longuement son voisin avant de jeter un coup d’œil au groupe de pèlerins qui l'entouraient.
- Certe. Il est vrai que... Le Vicomte est taquin... Il ne m'avait pas prévenu que...
Il commença à défaire les liens qui tenait les plaques de son plastron entre elles, puis il jeta le tout sur le bord du sentier. Quelques dizaine de mètres plus loin, il ôta son casque et le jeta à son tour. Il ne lui restait donc que son vêtement de cuir et sa lourde cape de laine.
- Merci... frère.

A ce moment, Alienor jailli entre deux pèlerins pour s'approcher des deux hommes.
- Et bien Gauthier, je vois que tu as enfin compris dans quelle histoire tu as été embarqué.
Elle jeta alors un coup d’œil au voisin de Gauthier avant de le saluer en accompagnant par un geste de la tête.
- Frère Enguerrand, c'est un grand honneur de marcher à vos côtés.
Sans attendre de réponse, elle couru rattraper la tête du convoi. Gauthier jeta encore un regard vers Enguerrand, surpris d'apprendre qu'il venait de tutoyer un Marquis comme il l'aurait fait avec un vulgaire lad.
- Je...
Il se tut alors, gêné, et regarda droit devant lui.

Alienor rejoignit le Frère Greznik et ses jeunes disciples.
- Frère ! J'ai tant de question à vous poser ! On dit que la vallée du Zwiastun est magnifique et qu'elle est la plus belle création de Podeszwa.


Baron Rohan Jezequel, Enquêteur Royal, Embassadeur de la Tour et Représentant au GCO.
Alienor Jezequel, Fille ainée de Rohan Jezequel
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#14 2016-06-29 09:16:59

Vashem Greznik

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Vashem Greznik entendit qu’on courait derrière lui. Il se retourna et vit arriver Alienor. L’adolescente tenait ses jupes dans ses mains pour plus de commodité et laissait voir ses chevilles en toute innocence. Sa jeunesse et sa spontanéité faisaient plaisir à voir. Elle était un peu essoufflée en arrivant à sa hauteur, mais cela ne l’empêcha pas de commencer à le questionner.

La vallée du Zwiastun est une merveille. Quiconque la voit ne peut être que transporté et son âme emplie tout soudain de grâce.  Mais ce n’est assurément pas la plus belle création de Podeszwa. Sa plus belle création, c’est vous, jeune fille, et vous, mes chérubins qui m’entourez. Tout le génie du créateur, la quintessence de sa création, c’est d’avoir mis dans nos cœurs la possibilité d’accéder à lui à travers elle. Ce don qui existe chez tous les enfants et qu’ils perdent l’âge venant, faute de l’avoir entretenu, est la clé qui ouvre la porte de la conscience du monde, de sa réalité tangible et intangible. Les enfants, comme toi, jeune Aliénor, ne voient pas qu’avec les yeux, mais avec toute la fraîcheur de leurs jeunes âmes. C’est cette pureté et cette innocence, qu’il faut préserver en nous comme un trésor en s’exerçant à la contemplation…J’allais dire en s’abimant en elle. S’abimer dans le sens de se fondre, de faire corps, de devenir, soi-même, à la fois le spectateur du paysage et le paysage lui-même.
La vallée du Zwiastun, par sa grande beauté, est un moyen plus facile, plus évident, d’entr’apercevoir Podeszwa. C’est pourquoi tant de croyants font ce pèlerinage. Mais il faut ensuite s’exercer à le découvrir et à l’admirer même dans des endroits plus grossiers, plus sauvages, plus vulgaires. L’harmonie ne se résume pas seulement à la beauté. Si tel était le cas la vie serait bien lassante et la création bien fade.

Vashem Greznik s’arrêta pour ramasser un caillou.

Voyez cette pierre du chemin. Elle n’a rien d’extraordinaire, ni par sa couleur, ni par sa forme. Il y en a des milliers comme elle sur cette route. Pourtant c’est un miracle de la création de Podeszwa qui a autant d’importance que s’il s’agissait d’un diamant.
Il est facile de s’émouvoir de la perfection d’une pierre précieuse, comme d’une vallée admirable. Mais on accède réellement à Podeszwa quand on arrive à s’émouvoir de ses créations les plus triviales, car, alors, on peut commencer à saisir l’Harmonie du monde et la toute-puissance de son créateur.

Dernière modification par Vashem Greznik (2016-06-29 09:17:50)

#15 2016-06-29 19:11:35

Melian

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Melian, le fils du chevalier du même nom, était jeune! Il avait neuf ans à peine. Son père, avait pu ériger un fief dans les terres d'Okord grâce à un héritage et y avait envoyé son fils sous la tutelle de son plus fidèle ami. Il avait poussé l'enfant à effectuer le pèlerinage jusqu'à Wielkomiasty, mais Melian ne se sentait pas de la faire seul. Il avait demandé au fils du Prince Arcadio , le Vicomte Chacha de l'accompagner, car il était son voisin sur les terres du Nord et son ami. En plus, il était à peine plus âgé. Ils n'avaient que 5 ans de différence.

Allez, Chacha! S'il te plaît je dois y aller à ce pèlerinage, c'est un vœu de mon père.
- Hé bien, vas-z-y Qu'est ce qui te retiens?
- Je vais pas y aller tout seul quand même! Si je me perds là bas, les gens me prendront pour un orphelin et ils m’enlèveront. Ils me vendront comme esclave et ma vie sera perdue, mes terres ravagées par le premier venu et ...
- Oh LA FERME ! C'est bon! Je vais t'accompagner! Mais ne t'avise même pas d'ouvrir ton clapet jusqu'à ce qu'on ait rejoins les autres.

Finalement les deux jeunes partirent à cheval accompagnés par le Vicomte et ses Strolatz

J'ai fais une bonne action, le Vicomte n'allait pas venir, grâce à moi, il va nous rejoindre!  Certes , je lui ai un peu forcé la main , mais , le résultat est là! Pensait Melian

Ils rattrapèrent les autres après une chevauchée longue et épuisante.

Je laisse le Vicomte derrière et vais rejoindre la tête du cortège , je suis presque sûr d'y trouver le Frère Vashem Dit Mélian à Chacha.
Et, en effet,  il le trouva en compagnie d'une jeune fille.
Il passa de l'autre côté pour se mettre à sa gauche .

Bonjour Frère Vashem! C'est un honneur de faire ce pèlerinage en votre compagnie , et je vous confie une chose j'ai un peu forcé la main à mon ami Chacha pour qu'il nous rejoigne. En tout cas, je suis bien content d'être avec vous en ce moment!

#16 2016-07-24 17:19:23

Durandal

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Après deux jours de mer et trois de chevauchée, Durandal voyait enfin la forteresse de Senneville. Suivi d'une belle escorte de strolatz afin d'escorter le pèlerinage, il s’approchât des gardes à l'entrée du mur d'enceinte :

-Hola mes braves! Je suis le Vicomte Durandal, humble serviteur de Podeszwa! Je viens répondre à l'appel au pèlerinage du Diakon Vashem Greznik!  Savez-vous ou je puis le trouver ?

-Il est parti avec d'autres Seigneurs voilà une semaine, droit vers l'Est mon Seigneur.

-Bien je vous remercie! Nous nous remettons en route aussitôt! En avant !

Il fallut quatre jours et demi à Durandal et sa troupe de strolatz pour rattraper les seigneurs adeptes en habits de pèlerinage, il alla saluer le Diakon et ses frères et soeurs pèlerins.

Bonjour mes frères ! Navré pour le retard, que Podeszwa nous protège pour ce pèlerinage ! J'ai avec moi quelques centaines de Strolatz pour aider à l'escorte de votre trésor.

Vashem Greznik salua le nouveau venu.
- Bonjour, frère Durandal! Heureux que vous ayez réussi à vous libérer pour nous accompagner. Comme vous le voyez, nous sommes à pied. Vos Strolatz sont inutiles! Le trésor est déjà bien escorté et il est parti devant. A cette heure, il doit être rendu sur la côte.

Dernière modification par Durandal (2016-08-03 11:01:29)

#17 2016-08-02 16:37:22

cody

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Deux voyageurs marchaient sur un petit sentier suivis par un âne gris transportant quelques bagages.

Le plus jeune des deux hommes demanda à l’autre de voir la carte.
L’autre qui se nommait Anderson lui donna en lui expliquant leur localisation ainsi que leur destination.
Selon les informations recueillies, la troupe recherchée était partie quelques jours plus tôt. Leur but étant de la rejoindre pour ensuite continuer le chemin du pélerinnage avec eux.

Ils devraient être proches. C’est pourquoi ils se dirigèrent vers une colline haute afin d’observer les alentours.

Au loin, l’ont pu voir un rassemblement. L’un des hommes déclara qu’il s’agissait du pèlerinage mené par le Diacon de kobolsk par le manque de bannières et soldats.

Arrivés à la hauteur de la troupe, le plus jeune s’avança en s’introduisant :

Salutation mes frères. Je vous rejoins enfin.
Je suis cody, et voici mon fidèle compagnon Anderson avec Bella son ânesse.


Sur ce, les deux hommes continuèrent à marcher, mais à partir de maintenant, en compagnie de leurs frères et sœurs.

Dernière modification par cody (2016-08-02 16:39:13)

#18 2016-08-03 11:22:52

Durandal

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

Durandal en entendant cette ultime révélation allait de déconvenue en déconvenue, il porta son regard sur le soleil qui brillait au dessus du cortège et profita de la brise qui caressait doucement son visage, puis, au bout d'un certains temps il regardât le Diacon :

- Bien, je m'incline mes strolatz partiront donc devant avec mon cheval ils nous attendront au bout de nôtre pèlerinage.

Les strolatz de Durandal étaient à peine partis que deux voyageurs se présentèrent au cortège, le plus jeune était du nom de Cody et le second s'appelait Anderson quand à son ânesse, elle s'appelait Bella...

Dernière modification par Durandal (2016-08-03 11:23:31)

#19 2016-08-10 10:29:39

Enguerrand

Re : Le pélerinage à Wielkomiasty

La côte enfin!
Le marquis de la Mortquitue avait beau être endurant, cette marche l'avait épuisé. Une petite croisière, si tant est que le temps soit beau et la mer plate, serait un bon intermède dans cette interminable marche.
Il ne pouvait qu'être en admiration devant le Diakon Vashem Greznik qui, malgré son age avancé, marchait du même pas allègre, avec lequel il avait entamé le pèlerinage, comme si ces longues journées n'avaient pas entamé une once de son énergie.
Les enfants, quant à eux, bénéficiaient d'un régime de faveur puisqu'ils étaient autorisés à monter dans un des chariots quand ils étaient trop fatigués. Privilège dont ils ne voulaient pas abuser au début, essayant de se montrer à la hauteur de leurs ainés, mais qu'ils finirent par utiliser de manière intensive quand la monotonie du voyage entama leur curiosité. Ils préféraient se retrouver ensemble dans le chariot pour jouer aux osselets, au quendiraton et à la main chaude.
Ils n'en descendaient qu'au moment des haltes pour écouter le frère Vashem se lançer dans un de ses sermons, dont il avait le secret.
Ces haltes étaient le prétexte pour, d'après les dires du maître, s'alourdir l'estomac et s’alléger la tête; ou le contraire selon les circonstances.
Dans un rituel immuable, le Diakon ouvrait le second livre du Podreznik et en lisait un passage qu'il commentait ensuite longuement.
Enguerrand avait lu le Podreznik! Il avait même fait l'effort d'apprendre à lire pour cela, lui qui avait toujours fui ses précepteurs, leur préférant l'entrainement à l'épée et à la masse d'arme. Mais il y avait lire et lire.
Dans la bouche du Diakon le texte prenait une toute autre dimension et révélait sa profondeur. Les phrases les plus anodines cachaient des trésors qu'il fallait décrypter et Enguerrand mesurait l'abime qui le séparait encore de la connaissance aux éclairs de compréhension qui jaillissaient dans son esprit à la suite des explications du maître.
La vision qu'il avait de Podeszwa était encore floue, mais aussi étriquée. Il était comme un paysan n'ayant jamais quitté son petit village et qui découvrait une grande ville. Un territoire si vaste et rempli de tant de merveilles qu'une vie entière ne semblait pas suffisante pour tout voir.

Et puis il fallait se remettre en route et se vider la tête en mettant un pied devant l'autre et en s'abrutissant devant un paysage qui ne changeait presque jamais.
Pourtant, bien qu'il ne comprit pas l'intérêt de l'exercice, un changement imperceptible se faisait en lui. Le monde restait le monde mais la façon de le voir changeait et ce changement de perspective induisait des bouleversements qui l'étonnaient. Ce qu'il avait toujours tenu pour des fondements inaltérables, s’effritait. Ce qu'il lui avait paru primordial devenait secondaire.
Podeszwa lui révélait un monde tel qu'il ne l'avait jamais imaginé, bien loin de la représentation qu'il s'en était faite depuis l'enfance. Dans ce monde, la fortune et la puissance n'étaient plus des buts mais seulement des moyens.

Alors qu'il contemplait enfin le trait bleu qui soulignait l'horizon, les frères et soeurs le rejoignaient et s’arrêtaient, à leur tour, devant le spectacle, autant pour s'imprégner de la beauté de la création que pour ce réjouir de ce que la mer signifiait la fin provisoire de la torture de leurs pieds.
Comme dans toute communauté traversant les mêmes épreuves, un même sentiment parcourait les adeptes.

J'espère que les bateaux seront confortables! Murmura Enguerrand.

J'ai envie de passer la traversée les pieds dans une bassine d'eau chaude!

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