La cage dorée.

De Karan · 2016-01-18 19:38:45

-Monseigneur, Sa Majesté arrivera sous peu. La suite royale a été aperçue à moins d'une lieue des remparts.

Le Marquis de Karan repoussa sa chaise et se dirigea vers le grand miroir de son bureau. Il passa une main distraite dans sa chevelure tout en jugeant sa tenue. Fidèle Lys Noir, Mazër arborait une magnifique soie sombre, seulement illuminée ça et là, de délicats fils d'or. Peut-être aurait-il dû penser à se raser ? Le Marquis chassa rapidement cette idée : il aurait parut encore plus jeune... Il vérifia les lames qui pendaient à sa ceinture, puis ajouta un rubis à sa main. Là, c'était parfait.

Un ordre et l'intendant sortit à sa suite. Le jeune seigneur dévala rapidement les marches menant au grand hall du palais. Les membres du "Poing de Bélial" qui ne s'étaient pas joints à l'expédition attendaient déjà. Mais, Fuxi et Ysun ayant été mandatés pour une autre mission, seule la belle -mais néanmoins redoutable- Ištar se campait sur ses deux jambes...

-Je pense que c'est une erreur.
Le Marquis leva les yeux au ciel.
-Nous en avons déjà parlé. Il ne s'agit pas d'un voleur de porc sur le marché. Il s'agit du Roi. Capitulation ou pas nous le recevrons avec les honneurs. Ce sera mon dernier mot, Ištar.
La guerrière rousse sera les dents, puis baissa la tête.

Nefret, capitale du Pays de Karan, siège de la Banque du Royaume d'Okord, probablement l'une des villes les plus riches de cette région. La citée entière était en émoi, du Grand Palais jusqu'aux faubourgs les pétales de Lys pleuvaient du ciel. L'odeur se mariait merveilleusement bien avec les grands pots d'épices ouverts sur les étals des marchés.

Le Marquis descendit jusqu'à la herse juché sur un somptueux cheval blanc. Il était évidemment suivi d'hommes d'armes, mais pas seulement. Le groupe comprenait aussi les grands notables de Nefret, à commencer par les représentants des guildes d'esclaves et les grands tenanciers des maisons closes, et d'autres maîtres de mines qui attendaient impatiemment de rencontrer les bourgeois et seigneurs de la suite royale.

-Le Roi ! Cria une vigie du haut des remparts. Le Roi arrive !

Jacquouille · 2016-01-19 12:49:37

Le Roi arrivait, seulement accompagné de deux chevaliers. Inutile de plus, il savait que la région était totalement sous contrôle de son futur hôte.
Durant les dernières heures de son voyage, il découvrit cette région dont lui avait parlé à maintes reprises ses espions. Ceux-ci s'était surtout intéressés à l'aspect militaires des choses, le roi eu donc le privilège de découvrir cette citée de Nefret que le Roi qualifia de "Sombre beauté".

Arrivé à 100 pas des premières murailles, il donna son arc, son carquois ainsi que sa dague au chevalier à sa droite. Aucun des 3 ne disait un mot jusqu'au pied de la muraille...
... Le Roi s'exprima à haute voix:
Comme promis, me voici

Cela était le prix à payer pour avoir perdu cette guerre mais aussi pour que ses amis captifs puissent être libérés. Sa seule crainte était les menaces proférés par le Marquis De Karan à son encontre mais le Seigneur Antoine s'engagea à ce que aucune torture ou aucun sévice ne soit pratiqué.

De Karan · 2016-01-21 00:36:03

-Majesté... Vous n'avez pas à marcher. Mazër sauta de son cheval et héla sa suite, suffisamment fort pour qu'on l'entende. Qu'on m'amène une autre monture : je donne la mienne au Roi !

Le jeune seigneur tira la bride du cheval blanc. Il mit genou en terre et fit la courte échelle. Vaincu ou non, c'était un honneur rare que de pouvoir toucher un Roi.

Un autre cheval, brun celui-ci et légèrement plus petit que le précédent, fut avancé jusqu'à Mazër. Une fois hissé, le Marquis talonna sa monture et la cohorte repartit en direction du palais.

-Conformément à l'accord de paix ratifié entre nos deux factions, vous logerez au palais dans la grande suite des maîtres. La nourriture, les vêtements, les toilettes... Tout bien que vous jugerez bon d'obtenir vous sera fourni et payé sur mes deniers. Vous serez libre de circuler où vous le souhaiterez. Vous pourrez également avoir le droit à deux promenades, une le matin et une le soir dont je vous laisserai libre d'estimer la durée. Si tout se passe bien, votre garde ne pourra s'approcher à moins de trente pieds de vous ; elle veillera à ce que vous respectiez votre détention mais également à votre sécurité. Enfin, il va sans dire que vous serez libre d'envoyer d'entretenir une correspondance.

Ratifier cet accord avait été déplaisant. Mazër sentait en lui une haine farouche contre le Coq, contre le Roi... Mais il savait qu'on ne pouvait pas mépriser la couronne et en même temps chercher à s'en emparer. Autant brûler fiefs et titres.

Sur le chemin du retour, Mazër de Karan expliqua avec précision le nom de chaque quartiers dans lesquels ils passaient, ainsi que leur fonctionnement. Évidemment, il ne s'agissait pas des rues pauvres, mais bien des centres économiques de la citée. Tel le Passage des Soies avec ses bordels luxueux, ou la Place des Fers où se déroulaient les ventes d'esclaves. Mais l'atout de Nefret c'était évidemment cet immense bâtiment de marbre blanc et rose importé, juché sur une hauteur aux pieds du palais : la Banque du Royaume d'Okord. De son temps, Bélial avait lui-même alloué une garnison entière à la garde de l'édifice.

-Bienvenue à Nefret, Votre Grâce !

Jacquouille · 2016-01-21 15:24:44

Le roi suivit calmement la visite de son hôte. Malgré les circonstances, cela représentait une occasion unique de voir la citée de Nefret.

- Marquis... Je vois que votre image n'est pas usurpée: Prostitution, Esclavage... Mais je me demande si cela est une façade, un simple moyen de faire de l'argent ou une réelle passion pour vous. S'il s'agit du dernier cas, je vous plains. Il y a tant de chose à trouver dans le bonheur des gens.
Votre capitale a une réelle beauté mais ces choses là me laissent un gout amer.

- Quant à ça, en désignant la banque d'Okord ... c'est impressionnant! Le roi ne cachait nullement son admiration. C'est vraiment du beau travail. Je vois que le Lys ne sait pas construire que des murailles.

Un messager du roi était rentré dans la citée. Après avoir déposé son arme et avoir été fouillé, il put remettre deux plis au Roi.
- Celui-ci, tendant un parchemin qui portait les signes du roi, je sais de quoi il s'agit: mon rapport quotidien. Sauf qu'aujourd'hui est un jour particulier. Et à ce propos, j'aurai besoin de m'installer pour écrire une lettre. Sa dernière lettre en tant que Roi d'Okord.
J'ouvrirai celle-ci après. D'ailleurs vous savez peut-être de quoi il s'agit? Le roi montrait l'écusson de la fleur de Lys qui était présent sur la lettre.

De Karan · 2016-01-21 17:01:00

-Je crains de le savoir... Répondit Mazër de Karan en voyant un autre messager s'approcher. Ce n'était pas tant le message qu'il tenait dans sa main que l'épée reposant sous son coude qui le fit blêmir. Antoine de Samarie est mort.

Il avait dit cela doucement, simplement. Pourtant son visage s'était décomposé. Ce n'était pas Mazër qui venait d'apprendre cette terrible nouvelle, mais un autre. Un précepteur. Un père de substitution. La suite des notables karaniens murmurait avec frénésie, certains quittaient même le cortège. Comme toujours à l'annonce du décès des puissants, les rivières d'or devaient continuer à couler.

Mazër saisit la lettre cachetée, ainsi que Mordante, l'épée des ducs de Samarie. Il ne sut comment, mais il se retrouva assis sur les marches du palais, la tête basse. Inquiète, Ištar posa une main sur son épaule.

-Vous allez être conduit à vos appartements, Votre Majesté... Repris laconiquement Mazër en trouvant la force de se relever. Comme je vous l'ai dit : demandez ce que vous souhaitez aux gens de maison et cela vous sera apporté. Permettez-moi de me retirer... Nous nous reverrons ce soir au diner.

Le nouveau Duc s'éloigna à petits pas, le dos courbé, entouré des siens.

***

Les serviteurs du palais se divisaient en deux catégories, les hommes libres et les esclaves. Les premiers étaient peu nombreux, dédiés aux tâches d'importance telle que l'intendance ou la répartition des autres gens de maison. Les seconds en revanche restaient les plus reconnaissables. Ils portaient le même vêtement : un ensemble de lin blanc de haute qualité qu'ils arrangeaient en une sorte de grande toile ou de simples paires de braies. Tous arboraient un fin collier de plomb autour du cou et une marque au fer sur une épaule qui restait nue. Chacune représentait l'initiale d'une région où l'esclave avait été capturé ; le "Ö" osterlichois revenait le plus souvent.

Cinq jeunes servantes avaient été assignées aux appartement du Roi. Jeunes certes, mais visiblement nourries et en bonne santé. Leurs longs cheveux bruns étaient noués en une longue natte qui tombait dans leur dos. Elles semblaient nerveuses et baissaient obséquieusement la tête. Un "Ö" se lisait sur leur épaule droite.

Jacquouille · 2016-01-22 01:07:48

Le coup était dur. Malgré que le seigneur Antoine de Samarie était un adversaire historique de la maison Jacquouille, il restait l'un, si ce n'est le plus grand serviteur et défenseur du royaume. En somme, un homme d'honneur.
Les deux hommes étaient abasourdis par la nouvelle. Le Marquis fut le premier à sortir de son silence et pris congés du Roi qui acquiesça de la tête.

Arrivé à ses appartements, il s'installa au magnifique bureau de bois présent dans la pièce principale. Son messager était également là. Le roi sortit alors un parchemin et le transmit au messager.
- Voici mon dernier message en tant que roi.
- Vous ne souhaitez pas le relire mon roi.
- Cela n'est pas nécessaire.

Le roi prit un parchemin sur le bureau et écrivit avec une plume d'or quelques mots. Il donna à son messager ce parchemin ainsi que la lettre au sceau du Lys qu'il n'avait pas ouverte.

*****************************

Après avoir demandé à être seul, il méditait dans un fauteuil rouge sang, la vue perdue dans la vallée de Nefret. A quoi pouvait-il bien penser? A la mort du Seigneur Antoine? A la perte de son trône? A la guerre récemment perdue? Certainement un peu de tout ça... Les choses semblaient évoluées rapidement. Trop? Peut-être... mais cela ne devait pas servir d'excuse. S'adapter ou Mourir, telle est la loi de la nature. Ce cinglant constat le ramena à la réalité... la nuit était tombée.

De Karan · 2016-01-22 01:54:16

Le plateau explosa sur le sol en mille morceaux, projetant des bouts de verre et d'argent. Une pluie d'étincelle sur les tapis somptueux. La jeune servante couina à la vue du désastre qu'elle avait provoqué.

-Oh ! Non ! Se lamenta-t-elle, se jetant aux pieds de Jacquouille pour ramasser les éclats avec les doigts. Je suis désolée, Votre Grâce... Tellement désolée... Promettez-moi de ne pas le dire au Seigneur Karan...

La jeune fille sanglota et, ayant ramassé ce qu'elle pouvait, recula vers la porte. Celle-ci s'ouvrit et la jeune fille en bouscula une autre, perdant tout ce qu'elle venait de ramasser. Les larmes dévalèrent ses joues et elle se précipita dans les bras de sa camarade.

Une autre esclave s'avança, craintivement. Elle essayait de fixer Jacquouille dans les yeux, sans pour autant y arriver.

-Mon Maître vous fait dire qu'un festin a été organisé en votre honneur. Il souhaiterait partager avec vous des informations importantes concernant la Confrérie de la Plume Noire.... et la Ligue du Coq.

Incapable de tenir plus longtemps, le regard de la jeune fille fuit vers le sol. Les trois autres tentaient de réconforter la dernière.

Jacquouille · 2016-01-22 15:45:42

Le plateau explosa sur le sol en mille morceaux. La jeune femme tremblait de tout son corps à cause d'une simple erreur. La peur ne menait donc pas à la rigueur et à l'excellence, bien au contraire. Pour le, désormais, Prince Jacquouille, rien ne valait le respect mutuel pour construire un homme.
- Ce n'est pas gr... il s'arrêta quand elle fouda en larme.
Quel gâchis! Enfin... Chacun est libre de s'occuper de son domaine comme il le souhaite.

Une autre servante lui annonça:
- Mon Maître vous fait dire qu'un festin a été organisé en votre honneur. Il souhaiterait partager avec vous des informations importantes concernant la Confrérie de la Plume Noire.... et la Ligue du Coq.
- Très bien. Laissez moi quelques instants, je dois me préparer.

Une fois les servantes sorties des appartements, Jaquouille se déshabilla et enfila une tunique noire qui portait un renard doré sur chaque épaule. Le reste de sa tenue était assortie.
Vestimentairement, il était prêt mais ce n'était pas le plus important. Face à quelqu'un de la maison De Karan, il fallait toujours s'attendre à prendre des "coups" dans les dialogues qui pouvaient s'avérer conflictuel. Et vu les thèmes que le Marquis souhaitent aborder, cela ne devrait pas manquer. Jacquouille prit donc le soin de se concentrer afin de se remémorer les points clés de sa vision pour le futur. Il se levât et se dirigea vers la porte...
- Il est temps de voir ce que nous a préparé notre hôte

Dernière modification par Jacquouille (2016-01-22 15:46:16)

De Karan · 2016-01-25 17:44:04

-Ayla est montée sur le trône.

Tout comme Karst, Nefret avait été bâti à même la montagne. D'aucun pensait que le palais avait été ingénieusement construit au sommet : c'était la montagne. Creusée, ciselée, décorée et polie. Mais c'était bel et bien la montagne. Le moindre mur, la moindre colonne. La gigantesque salle de réception restait le chef d’œuvre des bâtisseurs karaniens. Une coupole de 144 pieds de large, haute du double. L'édifice était soutenu par un astucieux système d'arcs et de colonnades, mariant les teintes grises et claires de la roche.

Au bout de la longue table sur laquelle croulaient les gigots de chèvres et les pâtés de cerfs, Mazër de Karan se trouvait confortablement assis dans un large fauteuil recouvert de cuir fin. Il se leva à l'arrivée de Jacquouille, qui restait un Prince du royaume.

-Ayla est montée sur trône. Répéta Mazër, faisant à nouveau résonner sa voix sur les hauts murs de la salle. J'ignore encore tous les détails... Elle a pu retourner les Grands Seigneurs, ayant pris peur depuis votre emprisonnement. Ou peut-être a-t-elle réussi à acheter les hauts officiers. Il se rassit et, d'un claquement de doigt, ordonna qu'on serve le vin. Quoi qu'il en soit, elle s'est faite sacrée Reine et a convié tous les seigneurs à un somptueux tournoi pour légitimer sa position. Il est évidemment que je vais adapter votre incarcération pour vous permettre d'y assister, Votre Altesse.

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