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#1 2015-11-26 23:54:43

Ixarys

Chroniques des Marches de l'Est

- Pitié, pitié Monsire !
Une hache sépara la tête de l'homme au sol.
- C'était le dernier...
Le guerrier qui avait parlé était un massif homme du Nord à la longue barbe brune, Forln Tveld.
Il possèdait une hache à une main ainsi qu'un bouclier de bois de chêne cerclé de fer.
- Le dernier de ce campement, fit Logan Grel, un homme sec, musclé et au visage impassible, qui pouvait devenir franchement austère durant ses mauvais jours.
C'était le lieutenant du Vicomte Ixarys, celui qui accomplissait la basse besogne dans son territoire, comme actuellement celle d'éliminer les brigands en Marches de l'Est, qu'ils infestaient tels la vermine.
Le Vicomte avait ordonné de n'avoir aucune pitié envers ces pillards, à l'exception d'un seul homme, qu'ils exigeaient de dénoncer un campement, avant de le libérer pour colporter la nouvelle d'une élimination supplémentaire.
Il semblait aujourd'hui qu'il n'y avait pas de survivants.
Néanmoins, Siegfrid, un imposant soldat maniant un marteau à deux mains, se pencha sur l'un des corps des bandits.
-  Nan, celui-là est encore vivant. J'ai pas dû frapper assez fort avec mon marteau.
- Bien, répondit Logan. On le prend avec nous.


- Où est le campement de Cressios ?
- J'vous dit que j'en sais rien !
- Mon cul que tu en sais rien, rétorqua Logan, le regard glacial. Je sais que ton chef était un proche de Cressios. Il savait où est son campement, donc toi aussi.
- Mais bordel, faudra que je vous le dise combien de fois ! Ça fait...
- Coupez-lui un doigt, ça lui reviendra plus facilement.
- Quoi ?! Nan mais vous pouvez pas ! Lâch...
Un poing ganté dans son visage mit fin à son indignation.
- Arrêtez ! Arrêtez.
Le brigand reprit sa respiration.
- Cressios se trouve pas très loin de Val Amer, planqué dans la forêt, à l'ouest.
- Bien. Je vais tenir ma parole et te renvoyer libre et vivant.
Mais n'essaye même pas de prévenir Cressios avant que nous n'arrivions, puisque nous ne te relâcherons qu'après notre départ. Si jamais tu vois un autre de tes chefs, dit-lui... Dit-lui...
Logan hésita et réfléchit, avant de hausser les épaules.
- Oh, et puis merde, dit-lui ça.
Il frappa le pillard, qui tomba au sol, inconscient.

#2 2015-11-29 02:27:07

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

Avant de quitter le fort, on fit amener le prisonnier.
Un homme aux allures de meurtrier le mena jusque devant Logan.
- Eh bien, tu vas pouvoir regoûter à la liberté, dit celui-ci.
- Merci seigneur, gargouilla le pillard, les larmes aux yeux.
Le Garde Pourpre à l'air patibulaire défit les liens de l'homme avec sa dague.
Avant de la planter entre les reins du prisonnier.
- Puisque tu es libre, tu es désormais sous la juridiction des Marches de l'Est et du Royaume d'Okord. Tu es un bandit, et la sentence est la mort, énuméra Djoll, commandant en second des Gardes Pourpres, celui tenant la dague.
- Vous aviez promis, murmura le bandit à genoux, dans un souffle rauque.
- C'est vrai, répondit Logan. Mais pas lui, fit-il en pointant son menton vers Djoll.
Le brigand s'effondra face contre terre.


- Tu peux me filer un peu d'eau, Ralf ?
Le dénommé Ralf lui tendit sa gourde, que Polm saisit en marmonnant un remerciement.
Il but goulûment l'eau, si fort qu'il n'entendit pas le léger sifflement à sa droite.
- Ça vaut pas de la bière, mais on fait avec, hein ?
Comme il restait le bras tendu, gourde à la main vers Ralf sans que celui-ci ne la reprit, Polm tourna la tête vers sa direction.
Pour découvrir le brigand la gorge tranchée, les yeux regardant sans voir les étoiles.
- Que... balbutia-t-il, avant qu'une pointe d'épée ne dépasse de sa poitrine.
Il observa la lame sans comprendre, avant de basculer sur le côté, sans vie.

Logan Grel se retourna, tandis qu'il entendait un pas lourd, celui d'un homme le faisant volontairement, afin d'indiquer sa présence alors qu'il aurait pu ne pas la montrer.
- Sentinelles ?
- Mortes, répondit Bren, l'éclaireur le plus discret des Marches de l'Est.
Il avait une barbe taillée courte, des cheveux négligés et une balafre le long de sa joue gauche, souvenir d'une rixte de taverne.
- Parfait. Va prévenir les groupes de Forln et Djoll. L'attaque sera lancée d'ici dix minutes.
Bren hocha la tête et disparut dans les broussailles.

Logan releva subitement la tête. Ce n'était plus qu'une question de secondes.
L'un de ses hommes leva une torche, et l'agita en direction des deux autres groupes, qui répondirent de la même façon.
Subitement toutes les torches se baissèrent.
Une trompe fit réveilla brusquement les bandits ayant trouvé refuge dans ce renfoncement rocheux, devenu un piège mortel une fois découvert.
Deux autres trompes se joignirent à la première, achevant de jeter un vent de panique parmi les hors-la-loi. Pourtant, la compagnie de Logan n'avait que 40 hommes, là où les brigands étaient environ 70.

Forln commença à frapper du plat sa hache contre son bouclier, rapidement imité par ses hommes, puis par le groupe de Djol, et finalement de Logan.
Il remplit ses poumons d'air avant de hurler :
- Pour les Marches !
Ses hommes crièrent également, tout en dévalant la pente.

Logan frappa d'estoc le premier maraudeur qu'il croisa, un jeune homme se relevant, jetant un œil ahuri au chaos autour de lui.
L'épée traversa aisément la fourrure du garçon, enfonça sa chair et transperça sa poitrine avant de ressortir par l'autre côté.
Il gémit tandis que Logan retirait sa lame, avant de s'effondrer, les bras en croix.
Le lieutenant continua à courir à travers le campement, clouant au sol de son arme des brigands tentant de se relever.

Les différents groupes avaient traversés tel une lame de fond le campement, fauchant tout adversaire se trouvant sur leurs chemins, jusqu'à faire leur jonction.
Désormais, les survivants fuyaient désespérément, déjà pilonnés sous des tirs d'arcs et d'arbalètes. Les carreaux de Gren touchaient toujours.
Bientôt, il n'y eut plus d'ennemis sur qui frapper ou tirer.

Le camp était désormais silencieux.
La compagnie fouillait les cadavres, retrouvait ceux d'amis, les pleuraient avant des les brûler.
Logan, Bren et Forln, eux, cherchaient plutôt le chef des brigands, Cressios. Ils n'avaient pas trouvé son cadavre, aussi se résilièrent-ils à aller dans sa tente.
Dans la tente, ils le trouvèrent, à moitié étendu sur une table, sur le ventre, une dague, plantée dans sa nuque et la table l'empêchant de tomber.
Assis sur un lit, une très belle femme, de taille moyenne, les cheveux noirs longs et fins, propres au Peuple d'Osterlicht, et aux traits délicats observait le cadavre d'un air détaché.
Elle releva les yeux vers eux à leur entrée.
Logan s'autorisa un sourire.
Il avait retrouvé la Vicomtesse Alissia Ixarys, la femme de son seigneur.

#3 2015-12-01 00:03:53

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

La Vicomtesse et le Vicomte Ixarys s'étaient rencontrés lors de la Première Guerre d'Osterlicht, lorsque les troupes conjointes du Seigneur Ixarys et de son suzerain feu le Seigneur Le Rige avaient débarqués sur la plage de l'actuelle province de Marais des Brûmes.
Alissia était la fille d'un artisan vivant dans un village côtier, proche de leur lieu de débarquement.
Elle avait été forcé de servir de guide à ces envahisseurs.
Au début, elle les guida de mauvaise grâce, les faisant prendre de larges détours ou les menant dans la mauvaise direction. Puis, au file des discussions avec le Seigneur Oméril Ixarys, ils tombèrent progressivement amoureux l'un de l'autre.
Oméril, afin de ne pas forcer Alissia à choisir entre son amour et sa loyauté envers son territoire la renvoya dans son village, sous la protection d'une garde conséquente, tandis qu'il continuait la pacification de la future province des Marches de l'Extrême Est.
Une fois de retour en Okord, il l'épousa, provoquant une tôlée chez les seigneurs locaux mineurs des Marches de l'Est. Un seigneur épousant une roturière, osterlichtoise, de surcroît, n'est pas digne d'un noble okordien.
Et pourtant, ce fût ce mariage qui empêcha le peuple Osterlichtois de se révolter après la conquête.

La Vicomtesse fut capturé sur la route menant au port de La Grande Rive, du côté Okordien, afin de voir ses parents, restés en Osterlicht.
C'étaient des bandits, menés par un certain Cressios, qui avaient pris par surprise le convoi, gardé par rien de moins que 50 chevaliers.
L'embuscade avait été préparé avec une telle minutie que l'attaque décima la garde d'Alissia, mettant en moins de 20 secondes la moitié hors de combat sous une pluie de flèches.
De farouches affrontements eurent lieus, se soldant finalement par la fuite des brigands, mais la Vicomtesse avait disparu.

À la nouvelle de la disparition de sa femme, Oméril Ixarys fut d'abord pris par l'inquiétude, puis par la colère. Aussi, il ordonna à 300 de ses hommes, mené par Logan, son bras droit, d'exterminer tous les campements d'hors-la-loi.
Le lieutenant s'occupa de sa tâche méticuleusement, détachant en nombreux groupes ses hommes, espionnant avant de prendre aux pièges chaque meneur.
Dans sa fureur, le Vicomte n'avait autorisé aucune pitié envers ces soudards.
Ainsi, ils l'avaient finalement retrouvée, en bonne santé. Cressios voulait la rançonner, aussi avait-il été très stricte sur le fait de ne "pas abîmer la marchandise".

Oméril été occupé à lire une lettre provenant de Rivedorée, lorsqu'il entendit des bruits de pas lui faisant relever la tête.
Il était un peu plus petit que la moyenne, les cheveux bruns coupés courts, des yeux de la même couleur ainsi qu'une mince cicatrice courant discrètement du bas de son oreille droite à son menton sur son visage austère.
Il se leva, un large sourire aux lèvres lorsqu'Alissia entra, suivit de Logan.
Ils se prirent dans les bras, restant plusieurs minutes serrés l'un contre l'autre.
Logan resta calmement à côté de l'entrée, détournant les yeux devant cette démonstration d'affection.
Le Vicomte et la Vicomtesse se séparèrent.
- Va, Alissia, j'ai à discuter avec Logan. Le pauvre se tortille de mal-être !
Elle eût un sourire aimable et sortit de la pièce.
Oméril perdit son sourire dès la sortie de sa femme. Il pivota sur lui-même et regarda par-dessus le balcon de son bureau, observant l'agitation quotidienne du Col Ordikoire.
- Les hommes que je t'ai donner pour ta mission, ils te font désormais confiance. Bren, Forln, Djol... Ce sont tes lieutenants, maintenant. Tu as fais preuve d'une gestion de tout ceci qui m'a assez impressionné, je dois l'avouer.
Logan accusa le coup. Le Vicomte était une personne extrêmement avare en compliments.
- J'ai réfléchi à tout cela, continua Oméril. Tu seras mon Maréchal. Et tu dirigeras ma garde d'élite, la Garde Pourpre. Tu es libre de choisir qui tu le souhaites.
Un silence s'installa, tandis qu'un Logan estomaqué accusait le coup de toutes ces informations.
- Seigneur, je... Je suis honoré, balbutia-t-il.
- Va maintenant. Tu as à faire.
Logan hocha la tête et se dirigea vers l'entrée.
- Une dernière chose, Logan.
Celui-ci s'arrêta. Le Vicomte regardait toujours dehors.
- Tu as toute ma confiance. Ne me trahis pas. Ne me trahis pas.
Logan se redressa imperceptiblement.
- Jamais, Monseigneur. Jamais.
Il sortit.

#4 2015-12-01 20:17:57

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

- Qu'est ce que c'est que ÇA !? cria le seigneur Oméril en brandissant le parchemin.
Le messager se tortillait sur place, mal à l'aise. Le Vicomte était d'un tempérament calme, et personne ne voulait être la victime d'une colère d'un seigneur.
- Zayid ?! ZAYID ! Cet immonde fils de truie, dans les Marches, en train de rassembler une armée de barbares ? Vous vous foutez de moi !
Dire que le Vicomte était en colère aurait été un euphémisme. Le voir crier ainsi, hurler des injures n'était vraiment pas dans ses habitudes.
Le messager était devenu pâle comme un linge, le pauvre encaissant des remontrances injustifiés, cible de la colère et de la panique d'Oméril.
Celui-ci s'en rendit compte et se calma immédiatement.
- Enfin... Vous n'êtes qu'un messager après tout
L'homme soupira de soulagement, le salua avant de sortir de la pièce.
Le Vicomte se tourna vers la fenêtre de son bureau, réflechissant aux conséquences de cette annonce, avant de subitement se diriger vers ses gardes devant sa porte.
- Amenez-moi Logan, annonça-t-il dans un grondement.

Le commandant des Gardes Pourpres salua de la tête son seigneur avant de s'installer en face de lui.
Oméril commença à parler directement, sans tourner autour du pot.
- Zayid est revenu.
Un long silence.
- Il est revenu, avec 5 000 hommes et se dirige vers le territoire de la ville d'Osterlicht.
Silence.
- Je vais t'envoyer là-bas avec 800 hommes, je ne pourrais pas t'en fournir plus.
- Seigneur ! Je...
- Tais-toi. Tu iras, et tu défendras la cité. Je ne peux pas aller à ta place. Un seigneur de l'est est encore affaibli par le poison suite à sa tentative d'assassinat. C'est clair ?
Logan hocha la tête.
- Alors va, seigneur commandant Logan. Et puisses-tu revenir victorieux, finit Oméril d'un air mélancolique.


Logan s'accrocha à la rembarde du bateau. Il n'avait jamais aimé la mer. Et pourtant, il fallait bien pour traverser le Grand Canal...
Forln, au contraire, était dans son élèment, et lança un sourire radieux en s'adressant à son commandant.
- Eh bien, ça ne vous réussit pas à vous, les bateaux.
- Oui, répondit Logan, s'efforçant de ne pas vomir en sortant ce mot.
Il détourna l'attention de son estomac pour observer les autres bateaux.
Il y en avait tout juste pour prendre 200 hommes sur les 800 fournit par Oméril Ixarys. Il faudrait donc du temps pour tous les débarquer, du temps que Logan n'avait pas. Ses hommes arriveraient donc au compte-goutte, certains trop tard pour faire quoi que ce soit.
Tout cela allait très mal se passer, Logan le sentait dans ses tripes.


Le gouverneur de la ville, Aylren Yartil, accueillit la troupe de Logan, un sourire soulagé aux lèvres.
Le sourire perdit légèrement de son éclat en voyant le petit groupe de Gardes Pourpres, des hommes valeureux, il n'en doutait pas, mais pas assez, malheureusement, si les rumeurs étaient vrais.
- Bienvenue à Laestroit, seigneur Logan !
- Je vous en remercie, seigneur Yartil. J'aurais aimé vous revoir en des circonstances moins graves.
- De même, je le crains. Suivez-moi, il est urgent que vous prenez les choses en mains.
Logan suivit le gouverneur jusqu'à son château, où l'attendait une délégation de capitaines et commandants.
- Seigneur Logan, je vous présente le capitaine Gler, officier des Gardes de la ville, le capitaine Heiler, de la garnison de l'armée régulière, le capitaine Faerlon, commandant en chef des divers compagnies de mercenaires dont j'ai pris la liberté de payer, et enfin, le capitaine Arlecker, des milices urbaines de la ville. Je vous ferais un récapitulatif des troupes plus tard.
Les officiers concernaient saluèrent Logan à tour de rôle.
Aylren pointa du doigt la carte de la ville.
- Voici la carte détaillé des défenses de la ville. Vous pouvez voir que celle-ci est intégralement entourée de murailles, pour la plupart à des endroits solide. Malgré tout, il y a précisément deux lieus où la muraille est fragile : la portion gauche de la Grande Porte de l'ouest, donnant sur le quartier des artisans, et toute la muraille du Nord-Est, bâti sur une colline avec une base friable, fragilisant les fondations des murs. Nous avons également une muraille intérieure, autour du château, au Sud-Est.
- Je vous remercie de ce briefing, répondit Logan. Je vais réfléchir à tout cela. Faîtes-moi parvenir au plus vite un rapport sur nos forces.

Une fois arrivé dans les appartements prêtés par le seigneur Yartil, Logan vit un parchemin sur la table, avec le sceau de la famille du seigneur local.
Il l'ouvrit et lu d'une traite.

Seigneur Logan,

Comme promis, voici un récapitulatif des forces de la ville :

- Gardes de la ville, commandé par le capitaine Gler, 800 hommes. Armement standard : armure de mailles, bouclier, lance et épée.
- Armée régulière, commandé par le capitaine Heiler, 400 hommes. Armement variable, mais de qualité.
- Ordre de la Lance de Lumière, commandé par Sir Fenyx, 150 hommes. Chevaliers, cavalerie lourde, avec armement de choc.
- Compagnies mercenaires, dirigé par le capitaine Faerlon, 450 hommes. Équipement très divers.
- Ordre de l'Épée de Podeswa, sous les ordres de Sœur Erlya, 50 femmes. Équipement d'infanterie lourde, et talents guerriers reconnus.
- Gardes commerciaux du Seigneur Cobalt, dirigé par le lieutenant Corbec, 150 hommes. Armement de qualité.
- Gardes commerciaux du Seigneur Strategio, sous les ordres du sergent Lijah, 50 hommes. Armement de qualité.
- Garde personnelle de la Maison Yartil, sous l'égide du lieutenant Bhermar, 50 hommes. Entraînés par les meilleurs duellistes d'Okord et équipés par mes soins.
- Gardes Pourpres, commandés par vous-même, 50 hommes. Équipement très larges, mais de bonne qualité.
- Troupes régulières en soutien, apportées par vos soins, 150 hommes. Armement mixte : Armure de mailles et / ou de plaques, bouclier, épée, arc et flèches.

Voilà qui clos ce rapport, avec un total d'un peu plus de 2 400 défenseurs, pour les 5 000 ou 6 000 de Zayid

Seigneur Aylren Yartil

Logan releva la tête lorsque quelqu'un toqua à la porte.
C'était le capitaine Gler, venu pour un examen plus poussé sur la géographie de Laestroit.
- Regardez, commença-t-il. Nous allons partir du château, au Sud-Est. Vous pouvez déjà remarquer que derrière le château, une montagne se dresse. Zayid ne pourra pas passer par là, la montée serait trop rude pour ses hommes. Maintenant, continuons : le long du côté Est de la ville, nous trouvons les quartiers d'habitations des ouvriers et artisans. Les maisons les plus proches du château étant les plus prestigieuses. Au Sud, on trouve les entrepôts de produits finis et de nourriture. À l'Ouest s'étend la zone de production de la ville : forges, armureries, artisans. Au Nord et Nord-Ouest sont plutôt situés les terrains d'entraînement des militaires. Enfin, le centre est concentré dans le domaine marchand. Le centre proche du château accueillent les casernes, mais le reste est divisé entre résidences de marchands, maisons closes, marchés et boutiques. Pour finir, voici où sont situés les trois portes de la ville : au milieu de la muraille de l'Ouest, nous avons la Porte du Couchant. Au milieu de la muraille Nord est situé la Porte de la Lune. Enfin, au Nord-Est, côté muraille Est se trouve la Porte du Levant. Chaque porte est gardé en permanence par 100 gardes et 50 troupes régulières. La Porte Blanche, elle, compte plutôt 100 soldats réguliers et 25 gardes du seigneur Yartil. Le reste des gardes patrouillent dans la ville, parfois avec des soldats réguliers, mais ceux-ci restent généralement dans leur caserne à s'entraîner.
Logan hocha la tête, absorbant les informations.

#5 2015-12-02 20:23:48

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

Le premier jour de siège commença par le bombardement depuis la forêt d'une centaine de cadavres de paysans travaillant dans les champs près des villages non loin de la ville.
Les cadavres éclatèrent un peu partout en ville, causant une prodigieuse panique parmi les badauds dans les rues, panique dont les gardes eurent bien du mal à maîtriser, étant eux-mêmes démoralisés par cette pluie de corps.
On ordonna immédiatement d'enterrer les cadavres en les déplaçant avec précaution.

Environ vingt minutes plus tard, les troupes de Zayid sortirent de la forêt, au nord-ouest de Laestroit, dévoilant une masse considérable de troupes hétéroclites : des milliers de barbares, de brigands, d'exilés et autres rejets de la société, des centaines de cavaliers, plusieurs dizaines de catapultes, de trébuchets et plusieurs béliers. Et enfin, la garde personnelle de Zayid, une cinquantaine de Strolatz, terrible cavalerie lourde, parodie des chevaliers d'Okord, engoncés dans des armures noires, avec des casques grimaçants. Ils étaient endurcis par les deux guerres d'Osterlich et par les aventures de leur chef, et étaient plus menaçants que les Strolatz comme ceux qu'avait rencontré la délégation okordienne en Gundor, et curieusement plus impressionants par leur silence et leur immobilité par rapport au reste de la horde.
Laestroit riposta et envoyant plusieurs tonnes de pierre depuis les catapultes et des carreaux d'une taille démesurée avec les balistes, dévastant les rangs ennemis.
L'armée ennemie se replia sous le couvert de la végétation.
Ainsi se finit le premier jour de siège.

Logan se réveilla brusquement, en pleine nuit.
Un chuchotement lointain, mais insistant lui avait fait quitté son rêve.
Il avait, une fois de plus, rêvé de la destruction de son village par les Strolatz lors de la première guerre d'Osterlich, lui privant de ses parents, de ses frères et sœurs et de sa fiancée, à ses 19 ans.
Seul le hasard l'avait sauvé de la mort, lui et son frère Gwendal, puisqu'ils étaient partis avec leur cousin dans un autre village.
Ils avaient vu le village de Fornaï pillé, et les Strolatz empiler les corps, puis les brûler.
Ils étaient tombés dans les bras de l'armée du Vicomte Ixarys, et avaient fait vœu de vengeance en s'engeant au côté de l'armée Okordienne.
Mais Gwendal était mort dans ses bras durant le massacre de Laestroit, alors très faible face à Zayid, puisque n'ayant quasiment aucune troupe.
Alors pourquoi l'observait-il, juste à côté de lui ?
Gwendal le regardait, s'appuyant sur le pommeau d'une épée.
- Gwendal, dit sobrement Logan.
- Logan, répondit son frère, un grand sourire aux lèvres.
Il déposa son épée contre le mur.
- Que... Fais-tu ici ?
Gwendal sourit, d'un sourire tendre à un frère.
- J'avais juste envie de voir mon frère, c'est tout.
Il fit une pause, et regarda dans le vide.
- Les prochaines semaines vont être dures. Dès demain. Ergh'Zal, Logan.
- Quoi ? Tu peux répéter, Gwen ?
Gwendal avait disparu.


Logan se réveilla tôt le matin, par les murmures, mais en douceur cette fois.
Il se leva, se rappelant sa discussion avec son frère, et se persuada qu'il n'avait fait qu'un rêve.
Il quitta son lit. Et se figea.
L'épée de Gwendal était posé contre le mur.
Sur la lame était gravé : Ergh'Zal.

Il sortit comme une furie de sa chambre, faisant sursauter ses gardes postés de part et d'autre de sa porte.
- Avec moi, ordonna-t-il sèchement.
Il traversa le château jusqu'au Quartier Général de la ville, où il entra brusquement à l'intérieur. Le seigneur Aylren Yartil le dévisagea curieusement, tandis que toutes les discussions étaient interrompues par son arrivée.
- Nous allons nous faire attaquer, prononça sans amorce Logan.
- Et qu'est ce qui vous fait dire cela ? demanda le seigneur Yartil, l'air confus.
Logan observa bizarrement le seigneur de la ville.
- Un très vieil ami.
- Non, retorqua Aylren, en secouant la tête. Nous avons guetté toute la nuit et ce matin, tout est calme.
Le reste de l'état-major hocha la tête aux paroles du seigneur Yartil, et reprirent leurs discussions.
Toujours ce bruit insistant, celui
des chuchotements des morts
du vent soufflant sur toute la ville depuis cette nuit.

Quelques dizaines de minutes plus tard, un messager, essouflé, arriva.
- Attaque... Porte de la Lune... capitaine Heiler engagé le combat... 250 soldats et... 100 gardes à la porte.

#6 2015-12-03 19:38:47

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

- Tenez la porte ! Bloquez-moi ces connards ! Allez ! s'époumona le capitaine Heiler, des troupes régulières
De violents combats avaient commencés autour de la Porte de la Lune depuis plusieurs dizaines de minutes déjà, et plus d'une centaine de ses hommes étaient morts.
- Les archers ! Mais qu'est ce qu'ils foutent !
Il jura lorsque un carreau d'arbalète passa un peu trop près de sa tête, et vit un groupe de soldats se faire broyer sous le poids de plusieurs tonnes de pierre projetées depuis une catapulte.
Il se jeta dans la mêlée, tailladant, paradant, feintant une horde d'envahisseurs, les gardes de la porte et l'infanterie régulière tentant de contenir la marée adverse.
Il recula afin de voir la situation d'ensemble.
Le flanc droit tenait remarquablement bien, ses troupes maintenants à l'écart leurs adversaires à l'aide d'une formation de lanciers.
Le flanc gauche était plus en difficulté, toujours plus d'hommes se jetant des deux côtés dans la bataille.
La situation du front central, elle, était critique.
La ligne de ses hommes était au point de rupture.
Ils reculaient, et la Porte était sur le point de tomber à son premier combat, pensa amèrement Heiler.
- Avec moi ! hurla-t-il à une trentaine d'hommes ayant reculé afin de reprendre leur souffle.
Heiler s'ébroua. Il avait un sacré mal de crâne, dû à
des chuchotements des morts
tout ce vacarme autour de lui.

Pendant plus d'une demi-heure, des combats farouches eurent lieu, jusqu'à l'arrivée de renforts, mené par le capitaine mercenaire Faerlon.
Heiler reprit le contrôle de lui même, les morts jonchant partout le sol autour de la Porte de la Lune.
Pendant une demi-heure, ça n'avait plus été qu'une série d'attaques, parades, contre-attaques et coups fourbes pour survivre.
Et par Podeswa, il s'en était plutôt bien sorti, avec une estafilade au torse.
Il se présenta au seigneur Yartil et au Commandant Logan, fit un salut militaire fatigué et prit la parole.
- La Porte à tenu messeigneurs. Mais au prix d'environ 150 des notres, au jugé.
Logan hocha la tête.
- Faîtes-moi un rapport complet sur nos pertes. Et allez vous reposez je vous prie, vous avez une mine de déterré.
- Bien d'accord avec vous, sir Logan.
Heiler s'en fut d'un pas traînant, les survivants de sa troupe derrière lui.

Les deux jours suivants, les assiégeants pilonnèrent toute la façade nord de Laestroit, à tel point que Logan se demanda comment leurs adversaire pouvaient bien trouver toute cette pierre et comment la transporter.
La semaine suivante, des escarmouches en grand nombre se firent, des groupes de barbares audacieux tentant des embuscades dans les ruines du mur Nord.
Ces attaques mirent à rude épreuve les nerfs des défenseurs, et malgré un roulement des troupes régulièrement, la fatigue se faisait ressentir.
Le onzième jour, un nouveau bombardement frappa la ville, lorsqu'en même temps, l'armée de Zayid déferla depuis le nord sur Laestroit.

Une fois de plus, le capitaine Heiler se retrouva en première ligne.
Il se rua vers l'affrontement, son lieutenant, le sergent Galamon et cinq autres soldats derrière lui.
Heiler esquiva un coup de hache en diagonale d'un barbare avant de planter son épée dans le ventre de son adversaire.
Il se fraya un chemin sanglant dans les rangs ennemis, ralliant les groupes d'assiégés pris au dépourvu par l'ampleur de l'attaque.
La ligne de bataille se raffermit du côté des défenseurs autour de Heiler.
Mais si la ligne tenait ici, à différents points du mur, ses hommes étaient submergés.
Heiler entendait
des chuchotements des morts, froids et lugubres
les râles d'agonie des mourrants.
S'ils restaient, un massacre des deux côtés arrivera.
Et la ville n'avait pas assez d'hommes pour se permettre cela.
Il se tourna vers Galamon.
- Sonnez la retraite.
- Je... Capitaine ? demanda Galamon, médusé.
- Sonnez la retraite Galamon, nous ne tiendrons pas ici.

#7 2015-12-04 18:38:16

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

Logan se pencha sur son papier, et railla ou griffona les chiffres, avant de les remplacer.

Seigneur Logan,

Comme promis, voici un récapitulatif des forces de la ville :

- Gardes de la ville, commandé par le capitaine Gler, 800 650 hommes. Armement standard : armure de mailles, bouclier, lance et épée.
- Armée régulière, commandé par le capitaine Heiler, 400 300 hommes. Armement variable, mais de qualité.
- Ordre de la Lance de Lumière, commandé par Sir Fenyx, 150 130 hommes. Chevaliers, cavalerie lourde, avec armement de choc.
- Compagnies mercenaires, dirigé par le capitaine Faerlon, 450 300 hommes. Équipement très divers.
- Ordre de l'Épée de Podeswa, sous les ordres de Sœur Erlya, 50 40 femmes. Équipement d'infanterie lourde, et talents guerriers reconnus.
- Gardes commerciaux du Seigneur Fornox, commandé par le capitaine Nedrick, 100 70 hommes. Armement de qualité.
- Gardes commerciaux du Seigneur Cobalt, dirigé par le lieutenant Corbec, 150 110 hommes. Armement de qualité.
- Gardes commerciaux du Seigneur Strategio, sous les ordres du sergent Lijah Nalheim, 50 20 hommes. Armement de qualité.
- Garde personnelle de la Maison Yartil, sous l'égide du lieutenant Bhermar, 50 hommes. Entraînés par les meilleurs duellistes d'Okord et équipés par mes soins.
- Gardes Pourpres, commandés par vous-même, 50 45 hommes. Équipement très larges, mais de bonne qualité.
- Troupes régulières en soutien, apportées par vos soins, 150 120 hommes. Armement mixte : Armure de mailles et / ou de plaques, bouclier, épée, arc et flèches.

Voilà qui clos ce rapport, avec un total d'un peu plus de 2 400  1 935 défenseurs, pour les 5 000 ou 6 000 4 600 de Zayid.

Seigneur Aylren Yartil

Logan soupira, referma le papier et posa les yeux sur son épée, gravée aux marques "Ergh'Zal".
Il n'avait toujours aucune idée de sa signification.
Il entendit alors les bruits de l'assaut au mur nord.
Il regarda son parchemin, et soupira une nouvelle fois. Il allait devoir remettre à jour sa fiche d'ici le soir.

Heiler continua à courir, direction plein sud.
Il avait réussi à retrouver le capitaine Gler, chef des gardes de la ville, et c'était donc accompagné de lui et de Galamon qu'ils continuaient à se diriger vers le château.
- Comment est la situation au nord ? demanda Gler.
- Horrible, ils sont beaucoup trop nombreux ! cria Heiler, se penchant instinctivement lorsque un rocher passa au-dessus d'eux avant de s'écraser sur une maison, la dévastant.
Gler hocha la tête et continua à courir.
Un pavé se cogna contre le pied de Heiler, qui s'étala de tout son long sur la voie.
Gler, Galamon et quelques autres soldats s'arrêtèrent de courir et pivotèrent dans sa direction.
Heiler se releva progressivement.
- Une bête chute, je vais b...
Tout se passa au ralenti. Le rocher projeté par un trébuchet adverse s'écrasa sur le groupe de militaires, déformant atrocement leurs visages, avant qu'ils n'éclatent comme des fruits mûrs, à l'exception de celle de Galamon, qui fut projetée dans les airs.
Les corps continuèrent à s'affaisser sous le poids du roc, ployant sous sa masse. Le temps reprit brutalement son cours.
Heiler fut projeté sur le dos par l'impact, lacéré par des esquilles d'os, des échardes de roches, propulsées par l'explosion du projectile lorsqu'il s'écrasa, et aspergé par des litres de sang frais provenant de ses compagnons.
Avant de tomber inconscient quelques secondes suite à un cognement entre sa tête et un pavé, Heiler vit le crâne décapité de Galamon tournoyer au-dessus de son champ de vision.
Quelque chose se brisa en lui.
Galamon. Il ne le connaissait pas tellement avant le siège.
Il avait appris à l'apprécier pour ses talents de gestionnaire et d'administrateur, et sans doute le plus important, un don remarquable pour la tactique.
Heiler s'était juré à faire un rapport sur Galamon dans l'optique d'une promotion pour ce lieutenant.
Et que dire de Gler ? Au fil des années, une amitié solide était née entre les deux commandants, tout deux ayant un goût prononcé pour les plaisirs simples de la vie, et appréciés par leurs soldats pour leur dimension humaines à la chaîne de commandement. Ce qui ne les empêchait pas d'avoir du courage à revendre sur me champ de bataille.
Tout cela disparut en moins d'une seconde, par un foutu rocher, un bête trébuchet et ses chiens d'artilleurs aux commandes.
Et il les entendait maintenant, les chuchotements des morts.
Il les voyait, dans la bordure de son champ de vision.
Ils se jouaient de lui.
Cette ville voulait sa peau, mais ne l'aurait pas avant de les avoir venger.
Pas avant d'avoir venger Galamon et Gler, dont leurs fantômes tournoyaient désormais avec les autres.

#8 2015-12-05 11:10:57

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

De la bataille de Laestroit, ce que qualifieront les historiens plus tard comme "La charge de Heiler" est la légende la plus célèbre, la plus populaire et la plus épique des Marches de l'Est, véritable symbole de la vaillance Okordienne face à l'envahisseur.

Tous les débuts des différentes variantes de cette histoire s'accordent à dire que le capitaine Heiler, chef de l'armée régulière de Laestroit lors du siège, créa sa légende après la mort aussi brutale que subite de ses compagnons, notamment le lieutenant Galamon et le capitaine Gler.
Les témoins disent l'avoir vu se relever doucement, comme après un réveil, faisant fi des lacérations provoquées par les éclats du projectile.
Il observa le rocher, les flaques de sang autour, avant de porter son regard vers la tête arrachée de son lieutenant.
D'après ces sources, le capitaine aurait dégainer patiemment son épée, avant de marcher d'un pas résolu et implacable vers le Nord.
Les soldats qui le croisèrent le long du chemin le suivirent, ne désirant pas ce couvrir de honte alors que leur capitaine marchait vers l'ennemi.
Les sources divergent, mais la majorité s'accordent sur le fait qu'Heiler, appuyé par les gardes, soldats réguliers ou même civils ayant pris des armes, perça la vague barbare, droit vers Zayid et ses Strolatz.
Les envahisseurs, surpris par la soudaine riposte des défenseurs, furent pris de court et se firent donc repousser de l'intérieur de Laestroit.

Heiler se baissa avant de machinalement trancher le bras du Strolatz, le sectionnant au niveau de la jointure du coude.
L'ennemi étouffa un hurlement et s'effondra en avant.
Le capitaine s'élança vers le second Strolatz, et le prit de flanc, le tuant sur le coup. Plus que deux gardes du corps. Il apercevait Zayid...

La fin est le passage le plus disputée de cette histoire.
La plupart se finissent par sa mort peu après avoir tué Zayid, suite à ses blessures.
D'autres prétendent qu'il disparût après la bataille, pour rôder dans les bois, chassant les bandits comme du gibier.
Certains, enfin, les plus rares, tirées des bouches mêmes des soldats présents dans la bataille de Laestroit, racontent que le capitaine aurait hurlé à la face de Zayid toute sa haine, selon certains des insultes, pour d'autres le nom de Galamon et de Gler, avant de le décapiter, puis de se faire transpercer de part en part par les Strolatz survivants.

Quoi qu'il en soit, la charge de Heiler changea radicalement le cours du siège de Laestroit.
En effet, la résistance des assiégés, puis la mort de Zayid et la confusion qui s'ensuivit fournit de précieuses minutes à la force armée du Vicomte Ixarys, dirigé par le lieutenant Djoll, celle-là même que Logan avait décidé de ne pas attendre avant de partir pour Laestroit.
Les troupes de Djoll prirent donc à revers les barbares par surprise, eux qui étaient déjà au bord de la débacle après la mort de leur chef.

Sans le sacrifice de Heiler et de centaines d'autres, cette armée ne serait jamais arrivée à temps, ni dans ces conditions.

La Charge de Heiler, ou comment changer une défaite en victoire.


Timidement, un jeune soldat de la garde sortit la tête de l'encadrement d'une porte d'une maison en ruine.
Il n'y avait plus que quelques bruits de combats, des poches de résistances de barbares pris au piège.
Il vit le seigneur commandant Logan observer tout autour de lui, la Garde Pourpre attendant religieusement derrière lui.
- C'est vrai ? On a gagné ? demanda le garde, la voix enrouée.
- Oui. Oui, répondit Logan à voix basse.
Il continua de regarder autour de lui, les maisons en ruine.
Les cadavres, certains noircies, dévorés par le feu, d'autres recroquevillés, étendues sur le dos, sur le ventre, dans les positions grotesques de la mort. Les murailles éventrées. Même le château des Yaril, bien qu'intact, avait été frappé par un rocher sur l'une de ses tours, laissant un trou béant.
Les colonnes de fumées montant des incendies, voir de bûchers funéraires précoces.
Une pointe de douleur et de nostalgie le perça, lorsqu'il pensa à son petit village d'Osterlich, rasé dans les flammes. Un prix bien sanglant pour se retrouver élevé au rang de seigneur commandant d'un vicomte.
- Oui, dit-il, lentement, comme choisissant et pesant ses mots. Je suppose qu'on a gagné.

#9 2015-12-06 11:15:40

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

Épilogue :

Le Vicomte Oméril Ixarys avait tenu à venir.
À voir de ses yeux les ravages de Zayid, et non à travers un rapport, une feuille de papier et un petit mot de l'intendant accompagné d'un regard attristé de celui-ci.
Il avait mis trois jours de voyage, avait sûrement vomi plusieurs fois durant la traversée du Grand Canal, et souffert d'un manque de sommeil pour arriver au plus tôt.
Oméril détestait savoir que des hommes mourraient en son nom, pour lui et sa Maison. Hélas, c'était le prix de la noblesse.

- Bonsoir Logan.
- Bonsoir Seigneur. Vous avez fait vite.
- Et ma santé en paye le prix. Vous vouliez me montrer quelque chose ?
- Oui Seigneur. Suivez-moi.


Les deux hommes marchèrent dans la nuit, au milieu des ruines de Laestroit désertes.
Ils arrivèrent devant un cimetière. Ils s'arrêtèrent devant cinq tombes mises à l'écart, côte à côte.
- Les Gardes Pourpres tués lors du siège. Je supposais que vous souhaitiez les voir.
Oméril hocha la tête.
Malgré le nombre croissant de Gardes Pourpres au sein de son armée, le Vicomte tenait à mettre un nom sur chacun des visages. Et leur histoire. Oméril avait une mémoire véritablement impressionante.
- Sergent Talom. Mort au 8e jour lors d'escarmouches contre l'ennemi.
- Vieux renard, ils ont fini par avoir ta peau, murmura Oméril.
- Soldat Chelet. Mort au 8e jour durant un affrontement contre une troupe barbare.
- Il a eu un sacré destin, le jeune villageois...
- Soldat Loiera. Mort au 10e jour lors du bombardement de la ville.
- Un bon élément. Il aurait pu monter loin dans la hiérarchie.
- Soldat Sipio. Mort au 11e jour, contre les Strolatz.
- Fils d'une famille bourgeoise, mort dans la boue d'une cité à l'agonie.
- Soldat Neldrom. Mort au 11e jour, face à Zayid.
- Vraiment ? Il se débrouillait très bien avec sa hallebarde...

Ils continuèrent vers une tombe plus imposante.

- Le Capitaine Heiler. C'est donc lui qui a remporté la bataille à lui tout seul ?
- Oui, répondit Logan. Je ne sais pas ce qui lui a traversé la tête, mais sans ça... Laestroit serait aux mains de Zayid, et nous ne nous parlerons pas à l'heure qu'il est.
- J'ai crû comprendre que des rumeurs sur Heiler commençait à courir dans les Marches. Il a le bon ciment pour construire des légendes. Vous ne trouvez pas ?
- J'y ai pensé également.
- Alors voilà la récompense posthume du Capitaine Heiler. Vainqueur du siège de Laestroit.
Un silence s'installa, tout deux observant la tombe, la boule au ventre, pensant aux morts du siège.
Oméril brisa le silence.
- Et donc... Votre épée, celle que vous avez récupéré avant le début du siège. Vous savez ce que signifie ce qui est gravé dessus, "Ergh'Zal" ?
- C'est de l'ancien Österlichois.
Logan dégaina son épée, pour mieux admirer les reflets de la lumière lunaire sur les lettres gravées sur la lame.
- "N'oublies pas".


Et voilà qui clos la "première partie" des Chroniques des Marches de l'Est.
Il va désormais y avoir un assez grand temps de latence jusqu'à la sortie de la seconde partie (que j'écris intégralement avant de le sortir).
En espèrant que cela vous ai plût, malgré les fautes d'orthographe, de grammaire et de conjugaison !

#10 2016-03-03 23:44:44

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

- Eh bien... Je pensais ne jamais avoir à dire ça, mais je suis content de vous revoir Djoll.

L'intéressé accepta le compliment de la part du Vicomte d'un hochement de tête.
Sa fuite avec le baron local du Sud-Est s'était mal terminée, et Tarik lui avait donné la demande d'une rançon avec une mine déconfite.
Il y avait eût de nombreux miracles malgré les lourdes pertes subies lords des expéditions.
Siegfrid, qui était arrivé en premier pour annoncer la mort de Bren et Forln, et celle probable du reste de l'expédition Est.
Au final, Nessa avait mené la trentaine de survivants de retour à chez eux, et les deux vétérans étaient revenus des portes de la mort.
Ils avaient même retrouvés Djoll, Vipus et le reste de sa bande fait prisonnière.
Tout les leaders étaient revenus, plus ou moins en bonne santé.

Et maintenant toute cette cacophonie entre les religions, et un conflit qui s'annonçait...
Ses hommes avaient besoin de se reposer, et il comptait bien le leur offrir.
Les lieutenants des Gardes Pourpres étaient donc tous au repos, à l'exception de Logan, qui semblait partout, sur tout les créneaux, sur tout les sujets sensibles et toutes les revendications dans les Marches, tandis que son seigneur était aux prises avec les saxons sur ces histoires d'installations.
Enfin, cette dernière affaire semblée sur la bonne voie pour se clore, que demander de plus qu'une pause ?

#11 2016-03-04 07:57:05

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

- Voï shet', magir ! Sherelaz kar ordarat shet' !
- Voï shet' magir !
- Voï shet' magir ! Erdalak irapio shet' kazal kar !
- VOÏ SHET' MAGIR !
- Gzaraz ketear liar, voï shet' Laedan Rex !
- VOÏ SHET' LAEDAN REX !

Le Cartifex continua à abreuver de son langage guttural le peuple fanatique devant l'estrade.
À sa droite, Laedan Rex, immobile, hocha la tête, provoquant un hurlement de joie dans la foule en délire.
Il eut un petit sourire, avant de prendre la parole.

- Voï shet' sherelaz ! entonna-t-il d'une voix retentissante dans la petite place. Je suis ravi d'être arrivé chez vous, en Okord, pour apporter la parole du Magir !
- Voï shet' magir ! répondit mécaniquement la foule.
- Vos maîtres débauchés, ceux qui se font appeler nobles et seigneurs d'Okord, règnent sur vous depuis trop longtemps ! Au nom de quoi ? De leur sang et de leur naissance ? C'est nous, le peuple, qui sommes maîtres de nos destins ! Voï, sherelaz ! Nous, le peuple !
- Voï, sherelaz ! hurla docilement la foule.

Laedan Rex s'autorisa un moment d'auto-satisfaction.
Ces paysans okordiens étaient de vrais pantins, propres à suivre n'importe quel beau parleur.


- Et donc, Logan... Qu'est-ce que font vos Gardes actuellement ?
- Eh bien, Seigneur... Nous... À vrai dire, c'est plus une idée de Forln, soutenu par un grand nombre de Gardes Pourpres, qui voulaient essayer... répondit timidement Logan au Vicomte Oméril Ixarys
- Mmmhh... Je me demande bien ce qu'ils essayent. Parce que ce que je vois, c'est trente soldats d'élite gesticuler comme des bouffons de foire.
- Ils viennent de commencer...
- Bon, crachez le morceau Logan, quelle est cette idée de génie ?
- Forln à entendu parler de techniques de combat, venant de la République de Valésiane, et de Galdor. Comment appelle-t-il cela déjà... ? Arts martiaux, oui, c'est cela. Et donc, il s'est informé sur ces arts martiaux. Il a apprit que celui de Valésiane, appelé le Gwatt, était une technique afin de maîtriser son adversaire sans le blesser, et celle de Galdor, le Jweï, était quant à elle dans le but de tuer son adversaire. Et tout cela qu'avec les mains.
- Qu'avec les mains ? Étonnant.
- Oui, j'ai eût la même réaction. Forln a mis une jolie somme avec d'autres Gardes pour payer les services d'un maître de l'un et l'autre art martial, afin de les apprendre aux Gardes Pourpres.
- Une initiative très intéressante. J'essayerais d'assister à l'un de ces cours si j'ai le temps.
- Vous serez toujours bien accueilli, Seigneur.

Le Vicomte s'en alla après un hochement de tête, laissant les Gardes Pourpres faire de grands moulinets de bras, suivants les conseils des maîtres d'arts martiaux devant eux.

#12 2016-03-09 07:50:59

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

- Seigneur, nous avons des rapports inquiétants provenant de nos territoires en Osterlicht, fit Lasdral, général des troupes régulières du Vicomte, planté au milieu de la salle de travail de celui-ci.
- Quoi donc ? demanda Oméril, tout en s'effondrant dans son fauteuil.
- C'est... Encore incertain. D'après nos sources, un mouvement appelé "Voï, sherelaz", dont nous ignorons encore sa signification, se créer en Osterlich. Il rencontre... Beaucoup de succès auprès de la populace.
- Et que prône ce mouvement ?
- Là encore, nous n'en savons rien.

Un silence gênant s'installa dans la pièce.

- Hum, c'est assez vague, brisa Oméril Ixarys. Gardez cela à l'œil et prévenez moi si vous avez du nouveau.
- Bien sûr, Seigneur.

Lasdral quitta la salle.
Le Vicomte soupira, avant de se pencher sur les parchemins étalés sur son bureau.

- Mon pauvre Logan, je vais encore avoir besoin de toi... pensa tout haut Oméril.


- Entre, le Kelear t'attend, dit le garde, arborant un bouclier au blason d'une étoile blanche sur fond noir.
- Merci Kalkasar. Puisse le Magir guider tes pas, fit l'homme encapuchonné en entrant dans la tente.
- Voï shet' Magir, récita le gardien.

- Ah, te revoilà enfin !
- Pardonnez-moi, Kelear, j'ai été retardé par une patrouille de soldats. Heureusement non lié à notre affaire, s'empressa d'expliquer l'homme.
- Bien. Alors, parle !
- Oui Kelear. D'après mes contacts, notre groupe s'agrandit de jour en jour, et des membres de plus en plus importants de leur échelle sociale nous rejoignent !
- Plus nous sommes nombreux, plus nous augmentons le risque d'être découverts...
- Surtout pas Kelear ! Chaque chef de cellule locale ne connaît que les membres de son groupe, et son supérieur que par un surnom. S'il est capturé, il est impossible qu'il remonte jusqu'à nous !
- Je le sais, fit Laedan Rex d'un ton méprisant. Je parle de membres recrutés à la hâte qui pourraient en dire trop aux mauvaises personnes.
- Je... Nous veillons à ce que cela ne se produise pas.
- Dans votre intérêt, oui.
- B-bien sûr, Kelear, balbutia l'espion.
- Alors allez-y, le congédia Laedan.

Le petit homme quitta la tente d'un pas rapide, presque en courant, murmurant hâtivement une prière au Magir, sous le regard mauvais du Kelear.

#13 2016-03-11 07:43:35

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

Dans le décor hivernal d'Arcalion, le matin, si tôt qu'il y fait encore nuit et que les gens sont tous endormis, exceptés certains gardes.
Trois hommes, à cheval et encapuchonnés sous plusieurs couches de fourrures troublent la quiétude des lieux.

- T'es sûr que c'est là ? demande le premier, un petit au ventre bedonnant et nerveux sur son cheval.
- Mais oui, par le Magir, je te jure que c'est ici qu'on s'est donné le rendez-vous ! répond le second, plus svelte et plus fin que les deux autres.
- Silence, ordonne calmement le troisième.

On bruit retentit, et les trois hommes se raidirent sur leurs montures.
Un homme, emmitouflé, surgit d'une ruelle et se planta devant les cavaliers, qui portaient la main vers leurs armes.
L'homme leva la tête vers eux.

- C'est vous, les gars du Sherelaz machin ?

Ils hochèrent la tête et mirent pied à terre.
Le petit gros tendit son bras vers l'homme.

- Hrendel Grasol. Voï shet' Mag...

Logan dégaina son épée, et trancha le bras de Hrendel au niveau du coude.
Alors que celui-ci ouvrait la bouche pour hurler, Ergh'Zal s'enfonça dans son palais avant de sortir dans l'arrière de son crâne, mettant fin à ses souffrances.
Il bondit vers celui plus mince, et lui trancha proprement la gorge.
Tandis qu'il s'effondrait en arrière dans un gargouillis, le troisième dégaina son épée et tenta une attaque vers le Garde Pourpre.
Celui-ci para aisément ses attaques, et fit voler sa lame plusieurs mètres plus loin.
Désarmé, le Sherelaz reçut un coup de pommeau dans la tempe, et il tomba, assommé.

Logan rengaina Ergh'Zal, prit l'homme sur son épaule, ainsi que les trois chevaux par la bride.
Des montures supplémentaires sont toujours précieuses.


- Kelear, Kelear ! fit l'espion de Laedan Rex, en entrant précipitamment dans la tête de celui-ci
- Qu'y a-t-il ? soupira le Kelear.
- Le groupe de Hrendel n'est pas revenu à l'heure prévue. Nous sommes allé voir dans le village où ils avaient rendez-vous, et nous avons trouvé les cadavres de Hrendel et d'un autre. Le troisième a dû être capturé !

Laedan Rex siffla, une moue colérique sur son visage.

- Très bien. Le Magir a décidé d'accélérer les choses.

Il se releva.

- Alors nous allons devoir actionner le plan plus vite que prévu. Enfin, je ne me fais pas de soucis, nous nous sommes implantés partout, et nos agents sont dans toutes les rues.

Il regarda l'espion.

- Va prévenir mes lieutenants qu'il est temps de changer !
- Voï shet' Magir, Kelear et' Sherelaz, salua le petit homme.

#14 2016-03-13 11:38:34

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

- AVEC MOI !

Les soldats se regroupèrent, formant une ligne compacte dans la nuit sans lune.

- CHARGEZ ! hurla Logan.

Les militaires se déversèrent dans le campement de Voï Sherelaz.

- LE CHEF ! TROUVEZ-MOI LE CHEF !


Partout dans les rangées de tentes, des centaines de guerriers encerclés les suivants de Laedan Rex. Les femmes et les enfants étaient expulsés sans ménagement et les hommes exécutés sans autre forme de procès.
Des flammes se propageaient dans le camp, là où une torche était tombée sur le tissu d'une tente.
Et dans ce décor apocalyptique, le commandant des Gardes Pourpres courait comme un forcené, à la recherche du Kelear.

Il crût apercevoir une silhouette correspondant à la description donnée par l'homme qu'il avait capturé, et s'élança sa poursuite.
Au bout d'une dizaine de mètres, il trébucha sur un pilier de tente effondrée, et se retrouva nez dans la boue.
Lorsqu'il se releva, se fut pour faire face à un Sherelaz passablement furieux, baladant d'un air négligée la hache dans sa main.
Logan n'attendit pas une attaque de sa part et piqua immédiatement d'Ergh'Zal, qu'esquiva rapidement l'homme.
Celui-ci porta une contre-attaque en diagonale de sa hache à une main, qui fut parée par la lame du Garde Pourpre. Le manche en bois de l'arme rencontra l'acier de l'épée et fut tranchée net.
L'épéiste profita de l'opportunité et transperça le Sherelaz, mettant ainsi fin au combat.

Logan se redressa, s'apprêtant à reprendre sa marche.
Il se raidit alors brusquement.
Face à lui, dans une tente, une fille, sûrement celle de l'homme qu'il venait de tuer, tenait une arbalète chargée dans ses petites mains enfantines, qu'elle pointait vers lui.
La fillette n'avait probablement pas plus de sept ou huit ans.

- Tout doux, fillette, tout doux... souffla tranquillement Logan à son adresse, tout en s'approchant à pas de loup de la fille.

Les petits doigts potelés se crispèrent.
La gâchette recula en arrière.
La corde se détendit.
Et le carreau fila vers sa cible.

La fillette jeta l'arbalète et s'enfuya en courant.

#15 2016-03-18 00:59:58

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

Lorsqu'il se réveilla, ce fut sur un lit, dans une pièce ressemblant fort à l'intérieur d'une bâtisse paysanne.
Il tenta brièvement de se redresser sur les coudes, avant de retomber brusquement, foudroyé par la douleur provenant de là où se situait son diaphragme, là où le carreau l'avait atteint.
Logan souffla bruyamment pour expirer la douleur, les traits tordus par la souffrance.

Sa respiration saccadée avait attiré quelqu'un, qui était dans la maison.
Ce quelqu'un franchit le seuil de la pièce, et se révéla être...

- Laedan Rex, grogna Logan.
- En personne, répondit l'orateur d'un grand sourire.

Ce dernier pivota pour observer l'hôpital de fortune du commandant des Gardes Pourpres.

- Veuillez excusez, commandant, la grossièreté des lieux, fit Laedan d'un ton mordant d'ironie. En effet, votre expédition a ravagé le camp. Sans doute un de vos objectifs, avec ma capture, j'imagine ?
- Entre autre, siffla Logan en réaction.
- À votre avis, pourquoi ai-je pris la peine de vous sauver ?
- Parce que je suis un haut gradé qui a une grande valeur en tant qu'otage, et peut-être de rançon.

Le Kelear eut un petit rire, avant de reprendre.

- Voyons, ne soyez pas aussi pessimiste ! Non, vous êtes encore vivant parce que je veux vous éclairer, déclara-t-il d'un ton lourd de sous-entendus.
- Ah oui, fit Logan d'un ton flegmatique. Et par quel torche de sagesse et de raison comptez-vous "m'éclairer" ?
- En vous expliquant pourquoi nous sommes ici ! Pourquoi je me retrouve mener une guerre civile provoquée par l'aveuglement d'un seul homme ! Votre Vicomte !
- Pourtant, c'est vous qui êtes venu enflammer les foules ! aboia le blessé.
- Parce que vous êtes si obtu que vous avez besoin de moi pour vous ouvrir les yeux ! Par quel droit certains hommes en dirigent d'autres ? Sur quoi repose leur autorité ! Leur naissance !
- Certains hommes se montrent à la hauteur de leur privilège. D'autres non, et finissent destitués.
- Comme votre seigneur ?
- Non ! Les révoltés le font pour de bonnes raisons ! Vous, vous n'êtes qu'un... agitateur qui montent les fils contre leurs pères et font entretuer des familles entières !
- Toutes les révoltes se déroulent comme ça. À cause de l'incompétence d'une famille régnante, voir de celle d'une seule personne ! Tant de sang versé à cause d'un seul !
- Ça suffit, j'en ai assez d'entendre vos mensonges.

Logan se releva péniblement et commença à poser ses pieds sur le sol.
À peine quitta-t-il le lit qu'il s'effondra lamentablement sur le plancher, et deux Sherelaz surgirent pour le remettre sur le lit.

- Vous savez que vous n'êtes qu'un outil pour votre seigneur ? fit doucement Laedan.
- C'est faux ! J'ai de la valeur à ses yeux !
- Vous n'êtes qu'un de ses pions pour son ascension au pouvoir ! Hier baron, aujourd'hui vicomte, demain duc ! dit le Kelear d'un geste dédaigneux.
- Il n'est pas attiré par le pouvoir !
- Tout les hommes le sont, qu'ils l'admettent ou non. Imaginez l'aubaine de trouver un jeune homme en exil, et rempli de rancœur envers ses adversaires... Ce ne fut pas difficile pour Oméril de vous convaincre de rejoindre son armée, hein ?
- Ne prononcez pas son prénom, gronda Logan.
- Vous lui avez bien servi, vous avez fait le sale boulot à sa place... Et cerise sur le gâteau, il a fondé un corps de gardes, avec vous à sa tête pour vous garantir une loyauté totale, sussura Laedan.
- Il ne m'a pas... acheté, murmura-t-il.

Magré tout, Laedan remarqua bien qu'une brèche se formait dans le Garde Pourpre sur la défensive, aussi continua-t-il de pousser son offensive.

- Mais tu suis docilement ses ordres. Et qui récolte la gloire de tes actes ? Toi ou lui ?

Logan ne répondit pas, et Laedan décida de sortir de la pièce.

- Je te laisse méditer là-dessus, fit-il.

Il sourit en marchant vers la sortie.
La graine du doute était plantée.

#16 2016-03-19 13:10:21

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

- La situation dégénère partout... Lunarion est déjà passé de leur côté, Arcalion a été prise par la force, et nos contacts à Laestroit affirment avoir vu la tête de notre gouverneur, Aylren Yartil, décorer la pointe d'une pique. Le Fort du Soleil Sanglant est tombé après un combat entre loyalistes et sectaires, et ce sont ces derniers qui ont remportés la bataille. La région des Marches de l'Extrême Est est tombée aux mains des Sherelaz. L'organisation du Service Communautaire Osterlichois n'a rien pu faire. Ils sont trop nombreux, trop rapides et trop bien organisés. Il ne reste que Fort Drakel qui tient encore. Son isolement l'a sauvé, mais ne lui permet pas non plus d'agir.
- Toujours aucune nouvelle de Logan ? demanda gravement le Vicomte Ixarys à son maréchal Lasdral.
- Il a apparemment réussi à mettre en pagaille le campement de Laedan Rex, mais des renforts inattendus les ont pris de flanc.
- Alors tenez-moi au courant.
- La situation dans les Marches de l'Est reste encore stable. Val Amer est tenu d'une poigne de fer par la Maison Hailington. Le seigneur Harter réprime violemment tout mouvement de foule à Exortas, et, inutile de vous dire que Rivedorée et le Col Ordikoire sont dévoués à votre personne. Argoran est la seule ville au potentiel à risque.

Le Vicomte soupira.

- Faîtes de votre mieux Lasdral. Vous ne pourrez pas faire plus.

Le poids des années se faisait particulièrement sentir sur le Vicomte ces dernières heures. Il avait l'impression de se retrouver face à un vieillard dépassé par la situation actuelle.
On toqua à la porte, et Lasdral s'en alla ouvrir celle-ci.
C'était Djoll. Son visage était inexpressif, et il fixait d'un regard absent le Vicomte.
Les Gardes Pourpres derrière lui étaient blêmes.

- Seigneur... commença-t-il, le visage toujours dénué d'émotions et le ton monocorde. Nous n'avons pas retrouvé Logan.


- Allez-y ! Massacrez les serviteurs des élites dépravés de ces terres !

Les troupes aux côtés de Laedan Rex exultèrent en réponse à ses paroles.
Autour de lui, les membres du Voï Sherelaz, la plupart simples paysans armés d'outils, taillaient en pièce les défenseurs de Rivedorée.
Le Kelear baissa les yeux au sol, pour trouver un soldat, aux couleurs de la Maison Ixarys, ramper pitoyablement, blessé aux jambes. Il s'agenouilla près de lui.

- Qu'est-ce que ça fait de mourir pour un homme que tu n'as jamais vu, pour unique raison que son sang est plus noble que le tien  ?

Le jeune soldat lui lança un regard désabusé avant de lui cracher un glaviot de sang à la figure.
Laedan s'essuya d'un mouvement de main dédaigneux. Il se releva.

- Mauvaise réponse, dit-il en assénant un coup de botte dans le cou du soldat.

Il entendit un craquement, et eut un sourire mauvais avant de s'éloigner.
La révolte se passait extrêmement bien. Presque toute la province Osterlichoise était passée sous son contrôle. Ne restait que Fort Drakel, mais sa prise aurait été longue et coûteuse. Il l'avait remise à plus tard.
Ils avaient débarqués par milliers en territoire okordien, et s'étaient fait accueillir par une foule du bas-peuple en délire. Le problème d'approvisionnement s'était réglé de lui-même.
Si les autres groupes n'avaient pas subi d'embûches, ils devaient actuellement attaquer Exortas, Argoran et Val Amer.
Des rumeurs disaient qu'Argoran était déjà en proie à une bataille interne, le culte de Voï Sherelaz étant particulièrement présent dans cette ville.
Laedan ne put s'empêcher de grimacer en pensant à Val Amer. Nul doute que le siège serait long.
Val Amer est depuis toujours le terreau le plus fertile du domaine militaire du Vicomte.
La ville, doublée du stratège talentueux qu'est Flowen Hailington, ne se laissera pas prendre facilement. Il l'avait rapidement compris et avait écarté le groupe chargé du siège de cette ville de la suite de son plan.
Cette dite-suite était de regrouper toutes les armées des différents sièges au Col Ordikoire, pour en finir avec ce satané Oméril Ixarys, et toute sa clique.

Dernière modification par Ixarys (2016-03-19 13:12:02)

#17 2016-03-23 23:43:30

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

Elle se balançait de gauche, à droite, de droite à gauche, et tournait parfois sur elle-même. Elle était parfois sur le point de tomber, mais se redressait au dernier moment.
La tête de Tarkus, l'un des Gardes Pourpres mené par Logan, empalée sur une pique, était fièrement brandie par les Sherelaz.
Il connaissait désormais le destin de l'expédition punitive sur le campement de Laedan Rex, même s'il n'avait toujours aucune idée du sort de Logan. Probablement mort.
Il eut enfin assez de la regarder et retourna dans son bureau.

La ville avait été rapidement prise.
Les agents de la secte étaient partout, et avaient distillé les graines de la peur et de la trahison dans les cœurs des habitants.
Ses hommes étaient dépassés par les évènements, et les assiègeants réussirent à rentrer dans le centre urbain des Marches de l'Est.
Il ne lui restait plus qu'environ un millier de soldats, la plupart des Gardes Pourpres.
Les autres militaires avaient soit désertés, soit rejoint les Sherelaz, soit étaient morts sous les coups de ces derniers. Une petite partie s'était ralliée au Vicomte, loyale jusqu'au bout. Le dernier carré des fidèles.

Dans son bureau l'attendait sa famille.
Il s'agenouilla devant ses enfants.
- Caspar. Wildor. Lina. Nous ne nous reverrons plus jamais. Je vais rester, mais votre mère partira avec vous. Suivez bien les conseils d'Alissia. Adieu.

Il se releva, et fit face à Alissia.

- Je devrais rester aussi, murmura-t-elle.

Le Vicomte l'observa sans rien dire.

- Va loin. Au-delà des Royaumes Connus, et installez-vous. Et faîtes rejaillir et glorifier le nom des Ixarys. Que je ne meurs pas pour rien, finit-il, un sourire triste aux lèvres.

Alissia et les enfants, partirent du bureau, escortés.
Ne restaient plus que Djoll et Lasdral, qui avaient assistés à toute la scène.

- Lasdral, allez rassurer les hommes aux murailles. Djoll, restez, s'il vous plaît.

Il avait dit tout cela d'une voix douce, l'autorité n'était plus présente.
Lasdral quitta à son tour la salle.

- Djoll, vous partirez avec ma famille. Vous partirez avec une centaine de Gardes Pourpres, parmi les meilleurs restants. Lasdral fera une percée pour que vous puissiez quitter la ville. Mettez le cap au Sud, et faîtes étape chez l'un des seigneurs du Sudord pour vous approvisionner.

Il sortit un coffre d'une trappe située sous son bureau.

- La fortune personnelle des Ixarys. Il y en a bien pour 60 000 pièces d'or là-dedans. Ne la dépensez pas trop vite, vous en aurez besoin longtemps avant de terminer votre périple jusqu'à votre nouvelle terre.

Il ouvrit un tiroir de son bureau, et en sortie un parchemin.

- Et voici mon testament. Envoyez un messager à la capitale, que tous connaissent mes dernières paroles, une fois que vous serez sorti d'ici.

Un silence gêné s'installa entre les deux hommes.
Djoll prit la parole, mal à l'aise.

- C'est pas mon genre, et je pensais pas que j'allais le dire un jour, mais... Vous êtes peut-être quelqu'un de bien. Peut-être. Je veillerais sur vos gosses et votre femme.
- Mais vous êtes payé pour ça, plaisanta-t-il, un mince sourire aux lèvres.
- Bon, alors... Emportez-en le plus possible avec vous, seigneur.

Le Vicomte hocha la tête.
Le Garde Pourpre salua Oméril, et s'en alla, le testament dans la main, suivit par deux soldats portant difficilement le coffre.
Oméril Ixarys s'écroula dans son fauteuil, terrassé par ses émotions.
Le silence du bureau était troublé par les chants guerriers des Sherelaz, à peine atténués par la distance.

#18 2016-04-02 17:52:05

Ixarys

Re : Chroniques des Marches de l'Est

- À trois, ouvrez les portes ! Un ! Deux ! Trois ! CHARGEZ !

Les soldats aux couleurs du Vicomte déboulèrent depuis la porte des murailles intérieures dans la ville du Col Ordikoire.
Caspar Ixarys, du haut de ses 17 ans, serrait contre lui sa petite sœur Lina, terrifiée sur leur cheval.
Autour de lui, les combats s'engagés partout, le tout mené par Lasdral.
Djoll les dépassa et hurla de le suivre.
Il avait remarqué une ouverture vers une rue à gauche.
Une centaine de cavaliers s'engouffrèrent dans la ruelle, tuant les quelques adversaires se mettant aux travers de leur objectif.

La troupe de percée fut rapidement encerclée.
Lasdral remarqua que Djoll avait réussi à filer dans un passage, tandis qu'il se faisait transperçait de part en part par diverses armes, et que ses hommes mourraient autour de lui.
La diversion avait marché.
Il pouvait mourir l'esprit tranquille.



Hezn était resté en arrière, et n'avait pas participé à la "diversion".
Il avait dû fermer les portes, et observait désormais ses frères se faire tailler en pièces pour offrir l'opportunité à la famille du Vicomte de partir.
Hezn était assez jeune, seulement 25 ans, et pourtant assez talentueux pour faire partie des Gardes Pourpres.
Un excellent épéiste, qui avait récemment fait ses preuves. Pourtant, même s'ils gagnaient par miracle cette guerre civile, la victoire lui laisserait un goût amer dans la bouche.
Du mouvement à sa droite lui fit dégainer son épée, et il se tourna vers l'ombre s'approchant de lui.

- Seigneur commandant ! s'exclama Hezn, soulagé de reconnaître Logan.

Logan accueillit la remarque d'un hochement de tête.
Celui-ci n'avait pas l'air tout à fait en forme, mais assez pour tenir debout.
Il portait son armure ainsi qu'Ergh'Zal à sa ceinture, mais pas sa cape mauve caractèristique.

- Par tous les Dieux, nous vous croyions mort !
- Et pourtant, je suis là, fit Logan, avec un grand sourire, tout en posant son bras sur l'épaule d'Hezn.

Hezn porta son regard vers le bas des murailles, où se déroulait le combat.

- Il faut aller les secourir, seigneur.
- Cela vaut-il encore la peine de se battre ?
- Bien sûr seigneur ! Pour le Vicomte et pour les Marches !

Le sourire disparût du visage de Logan, et il retira sa main de l'épaule d'Hezn.

Celui-ci, le regard toujours porté vers le bas, ne vit pas Ergh'Zal se diriger vers sa tête.



Les Sherelaz  rentrèrent dans le château dès que la porte fut ouverte par Logan.
Le Vicomte se releva brusquement lorsque les premiers bruits de combat résonnèrent dans les couloirs.
Deux Sherelaz, paysans armés pour le premier d'une fourche, pour le second d'une hache de bûcheron, entrèrent dans son bureau.
Ils lui jetèrent un regard surpris avant d'attaquer en hurlant.
Oméril, malgré la soixantaine qui pesait sur lui, s'entraînait régulièrement et conservait ses réflexes.
Il esquiva la hache, para la fourche et coupa de son épée la hampe en bois de celle-ci.
Le paysan jeta son bâton désormais peu utile, et tourna les talons pour s'enfuir.
Il essaya, du moins, avant de se faire ouvrir la nuque par le Vicomte.
Le second recula précipitamment, mais se prit les pieds dans le cadavre de son confrère.
Il tomba en arrière. Lorsque s'approcha Oméril, il jeta son arme au sol et commença à le supplier de le laisser en vie.
Le Vicomte haïssait la trahison. Il exécuta le paysan, et se dirigea vers le couloir.
Trois Gardes Pourpres peinaient à affronter deux fois plus d'ennemis.
Oméril se jeta à son tour dans la bataille, et une fois l'affrontement terminé, six Sherelaz et un Garde Pourpre jonchés le sol du couloir.

D'autres adversaires, et d'autres Gardes Pourpres surgirent et se regroupèrent durant les minutes qui suivirent.
C'est fort d'une vingtaine de Gardes Pourpres que le Vicomte fut progressivement repoussé jusqu'à la salle de son bureau.
Tandis que ses hommes se préparaient à faire payer chèrement leur peau, la foule d'ennemis s'ouvrit pour laisser rentrer un personnage qui les prient totalement au dépourvu.
Logan entra d'un pas hâtif dans le bureau et lança un regard à la fois triste et rageur à Oméril.
Celui-ci comprit quasiment immédiatement le pourquoi de sa présence.
Les graines du doute avaient germées, et une splendide plante de trahison en était sortie.

- Sale traître ! grogna-t-il.
- Je pourrais vous tenir les mêmes propos, Vicomte, lui retorqua froidement Logan.

Il porta son regard aux Gardes Pourpres derrière leur seigneur.

- Mes frères ! Nous avons tous étés bernés ! Nous ne sommes qu'un outil bon a jeté une fois usé pour l'ascension de votre seigneur !

Les Gardes Pourpres ne purent s'empêcher des exclamations incrédules aux paroles de leur ancien commandant, et l'un d'eux prit la parole.

- Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous n'êtes pas Logan ! rugit un Garde du nom d'Hurdakos.

Et il se jeta sur les Sherelaz, rapidement suivit par ses confrères, donnant ainsi le coup d'envoi des hostilités, et le Vicomte, qui s'engagea dans un duel face à Logan.
Si Oméril Ixarys était un bon bretteur qui conservait ses réflexes de guerrier, Logan était un duelliste affûté, ajouté à son épée, Ergh'Zal, qui semblait presque posséder une vie propre et guider la lame vers les faiblesses de sa garde.
Tandis que le combat autour d'eux continuait, et que de plus en plus de corps des deux camps roulaient au sol, Logan désarma d'un geste presque méprisant Oméril, projetant son épée hors de sa main dans un cliquetis d'acier.
Il eût tôt fait d'exploiter cette occasion, et passa presque sans hésitation Ergh'Zal à travers le corps de son ancien seigneur.
Hurdakos finit submerger par plusieurs Sherelaz, et les deux derniers Gardes Pourpres furent acculés dans un coin de la pièce.
Le Vicomte s'effondra sur le dos, porta ses mains sur sa blessure au torse et murmura quelque chose. Logan s'agenouilla près de lui pour l'entendre.

- Quoi ?
- Je dis... que les dieux aient pitiés de toi. Laedan a fait de toi... un parjure...
- Laedan m'a ouvert les yeux.

Oméril eut un rire rendu douloureux par sa blessure, et cracha un peu de sang avant de reprendre.

- Sur quoi ? La... vérité ? J'ai placé toute ma confiance... en toi... Et voilà comment je suis récompensé, termina-t-il, amer.
- Vous avez acheté ma loyauté ?
- Non, je l'ai récompensé... Tu es devenu mon bras droit... Je t'ai offert un corps de... troupes d'élites directement à tes ordres... Tu étais devenu l'un de mes fils, un membre de la famille Ixarys.
- Non !

Logan se releva brusquement, les yeux écarquillés en observant le visage d'Oméril rendu écarlate par l'effort de parler.

- Je servais vos ambitions !
- Lequels ? Je n'ai jamais visé d'autre que de... garantir la stabilité dans mon territoire... Crois-tu vraiment que j'étais de taille à devenir quelqu'un de puissant dans Okord ?
- Mais c'est vous qui tiriez toute la gloire de mes actes !
- Oh pitié, entendre ça avant de mourir ! croassa le Vicomte. J'ai toujours mentionné ton nom, je n'ai jamais récolté... le fruit de tes efforts ! Laedan t'as déjà lavé tes souvenirs ?
- Je...
- Imbécile ! Les guerres, les défenses des sièges ! Laestroit ? La pacification de mes terres ? Tu étais mon second, en qui j'avais confiance ! Cela ne signifie... rien, pour toi ?

Logan fut frappé, comme physiquement par l'horreur des actes qu'il avait commis, manipulé par les mensonges de Laedan.
Il porta ses lèvres jusqu'à être collées à l'oreille du Vicomte.

- Seigneur... Laedan m'a manipulé... J'ai été trop faible. Je suis un parjure, et je ne peux être pardonné, mais laissez moi vous venger.

Il marqua une pause.

- J'aurais la peau de Laedan. Mourrez en paix, je m'occupe du sale boulot ici-bas.

Oméril ne répondit rien, et son regard se vitrifia.

Une brume noir entoura la champ de vision du Vicomte, jusqu'à ce qu'elle emplisse toute sa vue.
Logan se releva.

- Brûlez. Tout, ordonna-t-il sèchement à la dizaine de Sherelaz survivants de la bataille.



Laedan se retourna, un large sourire aux lèvres lorsque Logan ressurgit de l'intérieur du château jusqu'à la cour dans laquelle il attendait.

- Alors, Logan, accueillir le Kelear. Le Vicomte est-il mort ?
- Il est mort, répondit laconiquement le guerrier.
- Et comment s'est-elle déroulé ?
- Cela m'a ouvert les yeux, et m'a fait apprendre, continua Logan tandis qu'il s'approchait.
- Vraiment ? Et qu'à tu appris ?
- Que tout ce que vous m'avez dit se reposait sur des SECRETS ET DES MENSONGES ! hurla-t-il à la face de Laedan tout en dégainant Ergh'Zal.

Le chef rebelle sursauta aux paroles de Logan, qui attaqua avec une vivacité surnaturelle.
La lame perça la gorge du Kelear avant de ressortir proprement.
Sa victime s'effondra en gargouillant, tandis que l'ancien commandant des Gardes Pourpres s'avançait vers la sortie et que les Sherelaz restaient pétrifiés, sous le choc.
L'un d'eux n'eût pas la présence d'esprit de s'écarter du passage de Logan et eût le visage tranché en diagonale.
Un second se reprit et piqua de sa hallebarde.
Logan esquiva aisément le coup et décapita le Sherelaz au niveau de la nuque une fois que celui-ci l'eût dépassé.
À partir de cet instant, personne n'osa s'interposer, et Logan se fondit dans les ombres qu'éclairait à moitié les flammes du Col Ordikoire.


Caspar serrait toujours aussi fort Lina, tandis qu'Alissia faisait de même avec Wildor.
Il se retourna, jetant un dernier regard au château du Col Ordikoire, là où il avait grandi.
Il eut un pincement au cœur lorsqu'il vit les flammes lécher les fenêtres depuis l'intérieur, comme si l'enfer s'y déversait.




Épilogue :

Le siège de Val Amer prit fin le lendemain de la mort du Vicomte, mais la joie des Sherelaz fut de courte durée.
La mort de Laedan Rex mit fin au mouvement révolutionnaire, et tous les traîtres partirent en exil partout ailleurs d'Okord.
Les autres s'installèrent dans les provinces d'autres seigneurs, ou allèrent à Fort Drakel, seul territoire des Marches épargnés par la destruction.
Celle-ci deviendra peu de temps plus tard une ville franche, imprenable par sa situation géographique et ses murailles constamment améliorées et vérifiées.
La famille de la Vicomtesse Alissia, gouvernant la ville, attendra désespérément le retour de celle-ci.
Et personne ne revit Logan, traître et repenti.


[***]

- Mes félicitation seigneur ! Le mariage fut magnifique, et votre femme est splendide !
- Merci Logan, répondit Oméril avec un grand sourire. Malgré les pertes que nous avons subies, la guerre d'Osterlich ne s'est pas si mal terminé, avec une femme, une province et des hommes expérimentés !
- Effectivement, seigneur. J'ai d'ailleurs cette liste d'hommes s'étant démarqués durant la guerre à la main, la voici, dit Logan en tendant un parchemin.
- Bren... Forln... Siegfrid... Djoll... N'est-ce pas un ancien contrebandier ?
- Si... Mais c'est un farouche combattant.
- Mouais... Et comme se déroule l'assujettissement des derniers rebelles osterlichois ?
- Nous avons tué le dernier leader connu, Naldar. Mais son fils, un certain Laedan, est parvenu à s'échapper. Devons-nous le traquer et le retrouver ?
- Pas la peine. Il est encore jeune, il fera sa vie ailleurs.

Logan hocha machinalement la tête.

- Sans doute. Sur un autre thème, vous avez un problème à régler entre deux fermiers, le premier, Baël, accuse le second, Massil, d'avoir bougé une des pierres de balise pour augmenter la taille de son champ. Naturellement, Massil refuse tout en bloc. Le tribunal sera réuni pour... continua Logan tandis qu'ils avançaient dans le couloir.

[***]

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