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#1 2025-11-01 17:31:13

Guy Dusel
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La Mission Royale

Guy quitta le château, songeur et pressé si pressé qu’il ne remarqua même pas son jeune serviteur peinant à le suivre. Aux portes, il salua machinalement les gardes et rejoignit son escorte.
Les nouvelles de la mission royale avaient été plus rapides que lui : tout était déjà prêt. Les tentes, les provisions, même les jeux de voyage étaient chargés, et la petite compagnie n’attendait plus que son seigneur.

Guy s’arrêta un instant pour les observer. Ses hommes, en armure, portaient haut les armoiries des Dusel qui flottaient dans le vent. Son serviteur, haletant, lui tendit les rênes de sa monture. D’un geste automatique, Guy enfourcha son cheval, redressa sa posture et ordonna le départ. Le groupe s’ébranla, puis prit le galop.

Ce ne fut qu’à quelques lieues du domaine royal que le seigneur d’Oléa, sorti de ses réflexions, leva les yeux vers le ciel et poussa un profond soupir. À ses côtés, un cavalier accéléra pour le rejoindre. Arrivé à sa hauteur, il leva la visière de son heaume : c’était le capitaine Baudric.

Baudric était un homme trapu, aux épaules puissantes et au regard vif. Sa tête chauve, souvent dissimulée sous son casque, brillait sous le soleil. Sa barbe blanche et sa moustache soigneusement entretenue lui donnaient un air à la fois sévère et noble. Ses sourcils broussailleux accentuaient l’autorité d’un visage tanné par des années de campagne contre les bandits d’Osterlich. Petit mais solide comme un roc, il gardait la vigueur d’un homme forgé par le fer et la discipline. Quand il parla, sa voix grave résonna avec cette fermeté naturelle des soldats, même adoucie par le respect qu’il portait à son seigneur.

- Seigneur Guy, vous ne semblez pas joyeux que le roi vous ait confié une mission aussi prestigieuse. C’est pourtant la consécration d’années de travail. Vous devriez être fier.
- Maître Baudric, c’est justement ce qui m’inquiète…

Baudric resta un instant silencieux, surpris. En tant que capitaine, il avait toujours observé la cour sans vraiment la comprendre. Pour lui, la guerre se résumait à des ordres clairs : lever les hommes, déloger les bandits, calmer les bourgeois trop ambitieux. Tout le reste - intrigues, alliances, méfiances - lui échappait.

- Pourquoi, reprit Guy, le roi ordonnerait-il à un simple baron de prendre les armes contre l’ancien souverain, prétendument pour le sauver de sa suite ? Et pourquoi agir avec un duc qu’il vient tout juste de critiquer ?
- Vous pensez qu’il vous tend un piège ?

Guy prit quelques secondes avant de répondre :

- Non… je pense qu’il nous teste. Oléa a toujours vécu dans l’ombre du domaine des Trofs. Notre essor récent doit inquiéter. Le roi veut savoir où va notre loyauté : vers ses rivaux ou vers lui. Quoi qu’il en soit, nous devons collaborer avec le duc de Vaux et tenter de ramener le jeune Moravyn. Hâtons-nous.

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Sur ces mots, Guy accéléra l’allure. La compagnie suivit sans un mot, soulevant derrière elle un long nuage de poussière.

Quelques jours après leur arrivée à Oléa, Guy, Baudric et l’intendant s’étaient réunis dans la grande salle. L’intendant dressait l’inventaire des vivres et des armes. La discussion, d’abord posée, dégénéra bientôt en querelle animée sur la quantité de saucisses et de poisson séché à prévoir. C’est à ce moment qu’un messager fit irruption, essoufflé, un pli à la main.

Baudric lut le message, et son visage se crispa à mesure que ses yeux parcouraient les lignes. D’un geste brusque, il jeta le parchemin sur la table en grondant :
- Les sales couards !

Guy le ramassa et lut à son tour, d’un ton calme.

- Il semblerait que le duc soit déjà à quelques jours de Verdelaine. Il n’a pas attendu nos renforts pour attaquer.
- Il mériterait qu’on le laisse s’écraser sur les murs de la forteresse ! pesta Baudric.
- Maître Baudric, modérez-vous, répondit Guy froidement. Vous êtes capitaine de la garde d’Oléa et mon second à la tête de l’armée. Vos paroles engagent nos armoiries.

Le vieil homme se tassa sous la réprimande. Guy continua :

- S’il n’est qu’à quelques jours de notre cible, nous devons partir immédiatement pour espérer le rejoindre avant la fin des combats.
Il balaya rapidement les rapports devant lui.
- Nous n’avons pas le temps de tout mobiliser. Je prendrai les cavaliers, les chevaliers et nos archers. Le reste suivra plus tard, faute de navires.

Il se tourna vers son capitaine.

- Et vous, Baudric, pour avoir insulté le seigneur de Vaux, vous resterez ici avec les troupes restantes. Gardez Oléa en sécurité. Prévenez les hommes : nous partons sur-le-champ.


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