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#1 2025-10-25 23:02:31

Tally l'Eustache
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Messages : 35

La Bataille de Maumarais

Le jeune Donatien de la Nouë l’avait cherché. Evidemment. Il avait attisé la flamme, soufflé sur des braises sans doute encore plus ardentes qu’il ne l’eût cru. Provoquer l’Ogre d’Autriche en salle du trône, c’était osé. Néanmoins les agissements du Lys dans son ensemble, et de l’Autriche en particulier, lui avaient paru excessifs, inacceptables même, et il n’avait un instant envisagé de les passer sous silence.

Finalement, c’était peut-être à la manière okordienne la plus simple qui soit de régler ce différend. La plus âpre aussi, lorsqu’elle est découverte bien tard. Mais au moins l’Autriche avait eu la délicatesse de prévenir, une fois aux portes de la citadelle. Ah ! Tally pestait lorsqu’il reçut la missive, et la fit décacheter avec hâte en présence de l’épouse et des enfants du jeune seigneur, absent puisqu’il s’était rendu à la Cour Royale ces derniers temps pour dénoncer des agissements qu’il trouvait inacceptable. On avait donc dû l’entendre, manifestement. Et l’on avait répondu.
L’Eustache jura violemment, laissant un regard outré passer dans les yeux de la Dame des lieux alors même que sa descendance était présente, sans en faire cas.

« Et bien, s’il nous envoie un mercenaire « peu recommandable », nous lui rendrons la politesse avec le mordant de l’acier. Tout en lui rappelant que si les Maleterres sont inhospitalières et peu propices à la récolte, ses habitants ont grandi avec l’habitude de repas chiches, et d’un effort quotidien. »

L’Eustache se tourna vers sa suzeraine.

« Nous bouterons l’Autrichien hors de vos terres, Ma Dame. Je vais aller réunir une force suffisante pour aller à la rencontre de l’adversaire avant qu’ils n’atteignent les murs, au-delà d’Altevigne. Priez pour la bonne fortune de nos hommes. Chwala Podeszwa. »

*****

La maîtresse des Maleterres entreprit de répondre à la missive du seigneur d’Autriche, en l’absence de Donatien. Inspirant profondément, alors qu’elle se remémorait le départ de Tally l’Eustache avec un bataillon d’hommes, elle trempa la plume dans l’encrier et rédigea une brève missive.

« Archiduc,
Je vous sais gré de ne prendre nul ombrage des propos tenus par mon époux en salle du trône. Beaucoup moins d’envoyer un soudard parcourir nos terres, alors même que les agissements du Lys, de ce qu’on m’a rapporté, semblent plus qu’excessifs en tout point dernièrement.

Je vous remercie néanmoins d’apporter crédit aux dits propos de mon mari Donatien. Et espère sincèrement que votre loup vous reviendra en docile agneau, une fois éduqué à la manière des Marais.
Puissent les Anciens Dieux se pencher sur ce conflit. Rituath juger de quel côté penche la raison, et Seir’a’Neir armé le bras du Juste. An’ challar ciaben voc’h !

Eliane d’Ornecime, Comtesse des Maleterres»

Dernière modification par Lanoue (Hier 14:13:27)

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#2 Hier 20:03:28

Rainer Le Dévoyé
Inscription : 2024-08-05
Messages : 356

Re : La Bataille de Maumarais

Véritable tornade d'acier, la lame de Rainer tournoyait autour de lui. Elle s'abattait avant même qu'on la perçoive, condamnant ceux qu'elle effleurait. Il s'amusait parfois, face à une proie lente, à viser l'abdomen plutôt que le cœur ou la gorge ; les râles de l'agonie décuplaient alors sa force et son ivresse.

Ce n'était pas par sadisme. Mais tout cela - les tournoiements frénétiques, les hurlements des mourants, la couleur vive du sang qui jaillissait - lui rappelait qu'il était, lui, en vie. C'est dans ces moments qu'il se sentait le plus vivant.

Sous son commandement, les légions autrichiennes avaient méthodiquement conquis le terrain. La fureur de Rainer avait contaminé ses hommes ; là où il passait, les Aigles suivaient dans un vol impitoyable. Le fracas des armes résonnait encore dans la plaine tandis que l'Eustache consolidait ses lignes défensives près du campement. Le militaire des Maleterres se battit avec honneur, mais après quinze heures d'âpres combats, ses rangs se brisèrent devant l'implacable marée autrichienne.

Le silence se fit sur le champ de bataille. Toute vie sembla quitter Rainer. Sa mission était remplie, la victoire acquise, mais un vide familier s'installait déjà en lui. Il ne vivait que pour ces instants d'intensité - guerre, aventure, plaisir charnel. Le reste n'était qu'attente, dans l'espérance permanente du prochain frisson qui le rappellerait à l'existence.

Son allure sinistre contrastait avec l'euphorie des soldats autrichiens. Il progressa en ignorant les félicitations jetées sur son passage et se dirigea vers le campement défait, suivi d'un diplomate mandaté par la duchesse Hélène. À Vienne, on ne laissait jamais Rainer sans surveillance.


Ferdinand
Seigneur d'Autriche

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