Vous n'êtes pas identifié(e).
La lumière dorée des chandelles dansait sur les murs de pierre brute de la salle du conseil, adjacente au Grand Katadra d'Hébron. Des tentures de velours pourpre aux armoiries des grandes maisons podeszwites habillaient les parois, ondulant doucement sous l'effet des courants d'air. L'immense table en chêne massif, patinée par les siècles, occupait majestueusement le centre de la pièce. Ses sculptures complexes racontaient l'histoire des podeszwites : leur ascension, leurs traditions, leur dévotion à la foi.
À l'extrémité de la longue table se dressait un fauteuil imposant. Il demeurait vide, attendant l'arrivée du mystérieux Wacław. La Siostry Vespasia occupait le premier siège sur le côté gauche de la table, signifiant clairement qu'elle siégeait ici non pas en tant que maîtresse d'Hébron, mais comme représentante d'une maison podeszwite parmi les autres.
Les seigneurs prenaient place autour de la table - un assemblage hétéroclite de personnalités diverses, reflet de la richesse et de la variété des maisons podeszwites. Leurs conversations s'éteignaient progressivement alors que tous s'installaient, laissant place à une atmosphère d'attente solennelle. Dans la cheminée monumentale, un feu ronronnait doucement, sa chaleur tempérant l'atmosphère de cette soirée printanière.
Une fois le silence établi, Vespasia se leva lentement. Sa silhouette élancée se découpait dans la lumière vacillante.
Mes chers frères et sœurs, commença-t-elle, sa voix claire résonnant dans la pièce, l'idée que je souhaite partager avec vous ce soir n'est pas nouvelle. Plusieurs de nos grandes maisons la nourrissent depuis des années. Il est temps pour les podeszwites de se doter d'un ordre de chevaliers-prêtres, à l'image des strolatz d'Osterlicht.
Elle fit une pause, laissant ses mots imprégner l'assemblée. Trop longtemps, nos détracteurs n'ont voulu voir en nous que notre richesse, nous accusant d'être guidés uniquement par l'appât du gain. Il est temps de montrer au monde que notre foi guide chacune de nos actions. Un ordre de paladins podeszwites serait le symbole vivant de notre engagement spirituel, une force divine inspirant respect et, oui, crainte à ceux qui nous méprisent. Les osterlichois eux-mêmes devront reconnaître notre valeur.
Vespasia contourna lentement la table, ses pas mesurés ponctuant ses paroles. Cependant, ce qui m'amène à convoquer cette réunion ce soir va au-delà de ces considérations. Un homme est arrivé à Hébron il y a quelques semaines. Il se présente sous le nom de Wacław Kowalczyk, et affirme être un ancien strolatz.
Elle marqua une pause. Je partage les doutes que cette affirmation ne manquera pas de soulever parmi vous. Nous savons tous qu'on ne quitte pas l'ordre des strolatz. Je crains soit une forme de folie qui pourrait nous attirer des ennuis avec Osterlicht, soit un imposteur habile. Pourtant... Elle marqua une pause significative. Pourtant, ses actions dans notre cité ces dernières semaines sont remarquables.
Elle énuméra alors les faits : la réparation désintéressée des stalles du Grand Katadra, son intervention mesurée mais ferme auprès de jeunes nobles trop arrogants, son mentorat auprès d'un jeune forgeron, son aide aux travaux des champs. Il se présente comme le 'Corbeau de l'Est', un ancien maître d'armes de la sixième compagnie des Strolatz de Czarna Wieża. Son apparence correspond à son histoire : grand, marqué par les ans et les combats, une prestance indéniable malgré une légère claudication.
Vespasia revint à sa place, posant ses mains sur le dossier de son siège. Il s'est proposé comme l'un des instructeurs pour nos futures académies. Car oui, mes frères et sœurs, c'est bien d'un réseau d'écoles dont nous parlons. Chaque maison podeszwite qui le souhaite pourrait établir son propre centre de formation, avec ses instructeurs okordiens. Wacław Kowalczyk ne serait qu'un enseignant parmi d'autres, si tant est que nous décidions de lui faire confiance. Et bien que mes doutes persistent à son sujet, je ne peux ignorer l'impact qu'il a eu sur notre communauté. C'est pourquoi je souhaite que vous le rencontriez, que vous jugiez par vous-mêmes de sa valeur et de sa sincérité.
La lumière des chandelles vacilla, alors que Vespasia se rasseyait, laissant la parole à l'assemblée.
Les seigneurs Podeszwites intéressés peuvent participer. Vos personnages sont déjà entrés et installés.
Dernière modification par HernfeltMayer (2025-02-26 23:29:41)
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Ils étaient venu depuis la Basse Léopardie à une demie douzaine d'hommes.
Indéniablement Nortmannais dans la race leur allure rablée, les pommettes marquées, le teint virant facilement à l'écarlate et le cheveux clair. Leur capitaine étonnait parmi eux, aussi grand qu'ils étaient courts. Aussi frêle qu'ils étaient fort. Brun de crin et une carnation diaphane.
Toute cette vaillante compagnie avait fait la route depuis Granville, en grand équipage. Sur le haubert de mailles étincelantes le manteau d'armes était cousu de Sinople aux entrelacs végétaux. L'écu portait qui l'épine, qui l'arbre, qui la fleur.
À l'entrée de la salle du conseil Sage de Sinople avait quitté ses gens et avait pris place. Saluant avec chaleur ses co-religionnaires qu'il connaissait tous fort bien et revoyait avec plaisir. Sa récente captivité et les épreuves semblaient avoir forgé en son regard un acier neuf que l'on n'était pas habitué à voir chez cet homme usuellement doux, courtois et poète.
Durant la présentation il avait eu quelques absences, fidèle à son habitude de toujours avoir l'air de ne pas y toucher mais son regard ne cillait point au vague.
"Que le corbeau du Grand Est soit là, la chose martiale et militaire se doit de reprendre quelques lettres de noblesse au sein de la congrégation de la Foi. Nous disposons d'une expérience militaire que peu de maisons possède et il n'y aura que les Trof pour aligner plus de bataille que nous au sein de l'ordre. C'est pourquoi nous serions honorés de dispenser leçons de mouvements militaires et conseil de campagne. Notre force étant grande dans les mouvements de cavalerie.
Et il faudra entendre le corbeau du Grand est."
Sage a accompagné son propos fait d'une voix douce de gestes aérien de ses longs doigts. Comme jouant quelques musiques que seul ses oreilles entendent.
Duc de Nortmannie, Seigneur de l'Ouest
"Ce qu'avons, Gardons ! "
Hors ligne
Mordread était arrivé après une longue route. La première chose qu'il avait fait était d'aller se recueillir en la Katadra de Hebron et prier Podezwa.
Il avait fait le tour de la ville discrètement encapuchonné de la taverne au champs de culture.
Il avait observé le Strolatz écouté ses discours sa façon d'être et il était étonné de voir un guerrier de la fois aussi cultivé aussi calme et sûre de lui.
La grande question était : " pourquoi avait il quitté son contingent pour se rendre en Okord."
Selon lui il était guidé par Podeszwa soit tout dans son attitude le prouvait, mais il restait une chose que Mordread voulait savoir.
Il rejoint ses pairs au côtés de la Siostry Vespasia qu'il manqua pas de bien saluer.
Et attendit patiemment que ce soit disant maître Strolatz se présente.
Regardant les vitraux de la Katadra il vit une vive lumière éclairer une des fenêtres celle au Sud comme un signe de l'Unique qui lui rappela les terres du Sudor qu'il avait cédées à Osterlich.
"Il est temps oui de nous montrer la véritable nature de notre invité." dit il tout bas.
Il me rappel tant ce que m'avait raconté mon mentor : la vrai voie de Podezswa celle qui va au delà de la contemplation et de l'or; celle qui vient du coeur et de l'esprit , celle qui vient de la voie du guerrier illuminé : compassion, force et maîtrise de soit. La véritable voie que nous Podeszwistes pensons comme une hérésie et qui pourrait être pourtant finalement la véritable voie celle que l'unique attend."
Mordead avait hâte de rencontrer l'Osterlichois
Dernière modification par kyle91 (2025-02-23 02:42:53)
Si on peut tuer par amour, alors on peut sauver une vie par haine.
Hors ligne
Rose Marie von Festung et Ansberg Hoff avaient fait le déplacement , accompagné d’une légère garde affectée pour l’occasion de soldats les plus pieux, de ceux qui voulaient voir le corbeau de l’Est comme celui qui leur apprendrait l’art Strolatz.
Rose Marie s’exprima
« Débutons, Siostry Vespasia. Je n’ai pas l’art militaire d’Ansberg pour juger de la capacité du dit Corbeau de l’Est à l’apprentissage de Strolatz Okordien. Pour cela Ansberg m’accompagne.
Mais vous savez que j’aime lire et qu’Osterlich a peu de secrets pour moi du fait de ces lectures, au détail près de la véracité de ces écrits. »
Ansberg aquiesca silencieusement.
Lignée des Trofs, et autres successeurs
Hors ligne
La Siostry Vespasia a accueilli à bras ouverts le jeune seigneur de La Nouë à son arrivée, et pour ceci il lui en être extrêmement reconnaissant. Pouvoir restaurer les terres de ses ancêtres avec la tranquillité d’esprit de l’impétrant guidé par un Gorny a vraiment été une bénédiction pour Donatien, qui rend grâce à l’Unique quotidiennement depuis son arrivée en Okord.
Pourtant, pour la première fois, le jeune baron doute. Il doute du bien fondé de l’idée de son suzeraine, ou tout du moins des moyens qu’elle compte mettre en œuvre. Il doute de la sincérité de ce strolatz défroqué. Il doute de son propre jugement, également, car remettre en question une Siostry, quelle idée ? Les quelques échanges qu’il a pu avoir avec le vieil homme sur ses terres l’ont pour autant troublé, et sa visite au sein de ma Katadra d’Oseberg, si elle l’a rasséréné un peu, n’a pas éteint toutes ses interrogations, voire en a créé plus qu’il a partagées avec un frère.
C’est pourquoi l’osterlichois d’adoption est arrivé bien avant la date du rendez-vous convenu. Envoyant un valet prévenir Dame Vespasia, La Nouë s’est dirigé vers la Katadra de la Lumière Eternelle, comme elle le lui avait déjà proposé. En quête de réponses, Donatien s’est plongé dans un jeûn ascétique plusieurs jours durant, vêtu d’une simple tunique de lin, priant sur les bancs de la katadra à longueur de journée avant de se retirer dans les quartiers visiteurs attribués par la marquise, se contentant au grand dam de son escorte d’une paillasse simple, au détriment du confortable lit qui lui avait été attribué.
Le jour du rendez-vous, Donatien s’est néanmoins habillé avec une tenue plus en accord avec son rang, arborant les couleurs de sa maison. C’est l’esprit légèrement embrumé, dans un état second où quelques maux bénins se mêlent à la félicité douce procurée par le jeûn prolongé que le jeune podeszwite se rend sur les lieux de la réunion. Discret, il s’incline devant sa suzeraine, puis devant le Premier Gorny et toute personne de plus haut rang que lui en cette assemblée, presque sans mot dire. L’esprit affûté, il s’est résolu à écouter les propos de ce krzywoprzysięstwo, de ce parjure strolatz, ou de cet imposteur, pour démêler le vrai du faux sans se laisser emporter par ses propos.
Hors ligne
Après que les voix des seigneurs se furent éteintes, que les doutes comme les espoirs eurent été exprimés dans la pénombre dorée de la salle, Vespasia se leva à nouveau. Les flammes des chandelles dansèrent sur son visage, sculptant ses traits patriciens d'ombres mouvantes.
Je tiens à clarifier un point essentiel, déclara-t-elle d'une voix mesurée où perçait une nuance d'insistance. Ce Strolatz que vous rencontrerez bientôt n'est pas la pierre angulaire de notre entreprise. Il n'est qu'un rouage possible dans le grand mécanisme que nous envisageons d'ériger ensemble. Les académies de paladins d'Okord ne dépendent pas de sa présence ou de son absence.
Ses doigts effleurèrent le bois patiné de la table tandis qu'elle cherchait ses mots. Les armoiries des maisons podeszwites semblaient l'observer depuis les tentures pourpres, témoins silencieux de ce moment charnière.
Nous devons considérer la structure globale de ces écoles, les principes fondamentaux qui les animeront, et la façon dont chaque maison pourra y apporter sa propre couleu...
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Le grincement des gonds interrompit net les paroles de Vespasia. La lourde porte de chêne s'ouvrit d'un mouvement ample, presque théâtral, révélant une silhouette imposante découpée contre la lueur des torches du corridor.
Les murmures s'éteignirent comme une chandelle soufflée par le vent. Dans le silence soudain, seul le bruit des pas claudicants du nouveau venu résonnait, cadence irrégulière qui marquait étrangement les esprits. Le son des éperons sur la pierre créait une ponctuation métallique qui rythmait sa progression vers l'assemblée.
Chaque seigneur scruta avec une avidité non dissimulée cet homme dont on avait tant parlé. Ils observèrent sa démarche asymétrique mais assurée, son armure de plates noire aux gravures complexes, son maintien qui trahissait des années de commandement. La balafre qui barrait sa joue gauche paraissait plus profonde dans la semi-pénombre, et ses yeux gris acier reflétaient la lueur des flammes comme deux miroirs d'hiver.
D'un mouvement fluide qui contrastait avec sa claudication, Wacław Kowalczyk mit genou à terre devant l'assemblée. Sa voix, profonde et empreinte d'un fort accent, emplit la salle de syllabes étrangères qui roulaient comme des galets dans un torrent de montagne.
Niech Podeszwa zmiłuje się nad nami wszystkimi. Przychodzę, by służyć jego chwale na ziemiach Okordu, jeśli znajdziecie mnie godnym tego zaszczytu.
Il leva les yeux, parcourant l'assemblée du regard, avant d'ajouter en langue commune : Que Podeszwa nous fasse miséricorde à tous. Je viens servir sa gloire sur les terres d'Okord, si vous me jugez digne de cet honneur.
Il se releva avec une grâce qui démentait sa jambe blessée et prit place dans le fauteuil qui l'attendait. Son regard acéré se posa sur chacun des invités, comme s'il cherchait à lire au plus profond de leurs âmes, s'attardant juste assez longtemps pour créer un sentiment d'intimité déstabilisant, avant de passer au suivant.
À l'autre bout de la table, Vespasia, figée dans une stupeur mal dissimulée, échangea un regard courroucé avec son capitaine, Amaury de Gavere, posté près de la porte. Les signes discrets mais nerveux qu'elle lui adressait trahissaient sa contrariété – l'entrée du Strolatz était prématurée, orchestrée par l'homme lui-même plutôt que par son protocole soigneusement planifié.
Wacław rompit alors à nouveau le silence, sa voix résonnant dans la salle comme le grondement lointain du tonnerre.
Nobles seigneurs de Podeszwa, laissez-moi vous conter mon périple, commença-t-il, ses mains calleuses, mains de guerrier et d'artisan, posées à plat sur la table. Je fus Strolatz de la sixième compagnie de Czarna Wieża pendant vingt-trois ans. J'ai combattu les ennemis d'Osterlicht et protégé ses frontières. Mais le Tout-Puissant m'a montré une voie différente...
Ses paroles tissaient une toile complexe où s'entremêlaient son histoire personnelle et la vision d'un ordre de paladins qui ferait la fierté des podeszwites. Il évoquait avec précision les structures possibles des académies, les méthodes d'entraînement, la discipline spirituelle nécessaire, parlant comme un homme qui avait longuement médité ces questions, comme si chaque détail de ce grand projet avait déjà pris forme dans son esprit.
Dernière modification par HernfeltMayer (2025-02-23 22:58:14)
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Depuis le début de l’assemblée, Thibaud d’Attignat était resté silencieux. Il avait écouté avec attention, laissant chacun exposer ses idées, pesant chaque mot sans interrompre. Il redressa légèrement la tête et prit enfin la parole, son ton posé et réfléchi.
- J’entends vos arguments, et je reconnais la noblesse de vos intentions. Vous souhaitez fonder un ordre voué à la protection, à la défense de nos valeurs et de notre foi. Vous évoquez l’importance de l’organisation, de l’entraînement, de la discipline, et en théorie, tout cela est solide. Mais permettez-moi de soulever une question qui me préoccupe profondément.
Il marqua une brève pause, s’assurant que son propos soit bien reçu.
- Une force armée, aussi bien entraînée et administrée soit-elle, ne sera reconnue comme telle qu’à l’épreuve du combat. Vous espérez que l’Ordre des Strolatz devienne un symbole de protection, une présence dissuasive. Mais une menace ne dissuade que lorsqu’elle a prouvé sa puissance. Autrement dit, pour que cet ordre soit pris au sérieux, il devra inévitablement faire ses preuves…
Son regard se posa sur l’assemblée avec une lueur de bienveillance.
- Et c’est là ma crainte. Ces terres ont connu déjà tant de conflits, tant de guerres menées au nom de la protection, de la justice, voire de la paix. Mais chaque institution guerrière, même fondée avec les meilleures intentions, finit par être entraînée dans la spirale du combat. Non pas parce qu’elle le désire, mais parce qu’elle en a besoin pour exister.
Il inspira légèrement, puis reprit d’un ton plus doux :
- Je ne remets pas en cause votre engagement ni la justesse de vos idéaux. Mais avant d’ajouter un nouvel ordre à notre histoire, avant de fonder une institution qui aura ses devoirs, ses responsabilités et, tôt ou tard, ses batailles… Je vous invite à vous demander si c’est vraiment ce dont nous avons besoin. La paix se construit-elle par de nouvelles lames ?
Il se tut, non pas pour imposer un silence lourd, mais pour laisser à chacun le temps de réfléchir à ses paroles.
Hors ligne
Wacław redressa son buste déjà droit. "Postawa", murmura-t-il pour lui-même. La lumière des chandelles joua sur les cicatrices de son visage, faisant danser les ombres sur sa balafre. Ses yeux gris acier, jusqu'alors scrutateurs, s'adoucirent légèrement tandis qu'un sourire à peine esquissé se dessinait sous sa barbe taillée en pointe.
Mon seigneur, commença-t-il de sa voix profonde, chaque mot pesé avec la précision d'un mistrz miecza - un maître d'armes, votre sagesse fait honneur à votre rang. La question de la violence et de la paix est en effet au cœur même de la vocation que vous devez envisager.
Il leva sa main droite, marquée de cals, vers la lumière, l'observant.
J'ai passé vingt-trois années de ma vie à porter l'épée des Strolatz. Chaque cicatrice sur mon corps est une leçon, chaque bataille un enseignement. Et savez-vous quelle fut la plus grande révélation de toutes ces années, ce que nous appelons objawienie ?
Sa main retomba doucement sur la table tandis que son regard balayait l'assemblée.
La plus grande force d'un guerrier n'est pas sa capacité à donner la mort, mais son aptitude à préserver la vie. Les Strolatz ne sont pas craints parce qu'ils excellent au combat - bien que ce soit le cas. Ils sont respectés parce que leur seule présence suffit souvent à éviter que le sang ne coule.
Il se pencha légèrement en avant, sa voix prenant des inflexions plus graves.
Un ordre de paladins podeszwites ne devrait pas être une force de guerre, mais une force d'équilibre. Ses membres ne devraient pas être formés uniquement au maniement des armes, mais à la compréhension profonde de ce que signifie protéger. La paix, mon seigneur, ne se construit pas avec des lames, vous avez raison. Elle se bâtit sur des fondations plus profondes : la justice, la compassion, la sagesse.
Sa main gauche effleura machinalement le médaillon podeszwite à son cou.
Le Tout-Puissant nous enseigne que la vraie force réside dans la retenue. Un paladin bien formé devrait être capable de désamorcer un conflit par sa présence, sa parole, sa compréhension des hommes. Et si - que le Wszechmogący nous en préserve - le combat devient inévitable, il doit savoir que chaque goutte de sang versé est une défaite, même dans la victoire.
Il se redressa, et la flamme d'une chandelle proche fit briller les gravures complexes de son armure noire.
Les académies que vous souhaitez créer ne devraient pas former des guerriers assoiffés de gloire, mais des gardiens de la paix. Des hommes et des femmes capables de comprendre que la plus grande victoire est celle qui s'obtient sans dégainer l'épée. Et si leur réputation doit se construire, qu'elle se bâtisse sur leur capacité à maintenir la paix plutôt que sur leur aptitude à faire la guerre.
Sa voix s'adoucit, prenant des accents presque paternels.
Car voyez-vous, la vraie force d'un ordre tel que celui que vous envisagez ne résidera pas dans sa capacité à inspirer la crainte, mais dans son pouvoir à susciter l'espoir. Non pas uniquement dans sa puissance martiale, mais aussi dans sa droiture morale.
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Après l'intervention du Strolatz, Mordread se leva et fit claquer ses main quatre fois avant de s'adresser à Waclaw en OSterlichois.
"I tak mówił mądry wojownik. Kierowany świętym światłem, przynosi nam dobre słowo i pokazuje nam drogę." (Et c'est ainsi que parla le sage guerrier de la fois. Guidé par la sainte lumière, il nous apporte la bonne parole et nous montre la voie.)
Puis restant debout se rapprocha de lui suffisamment pour plonger son regard dans le sien.
Les yeux noir d"obsidienne du 1er Gorny restèrent ouverts sans cligner durant 10 bonnes minutes qui parurent une éternité pour l'assemblée qui ne savait pas trop ce qui allait se passer.
Mordread finit par fermer mes yeux un court instant puis les rouvrit. Il fit un sourire et reprit sa place.
"Noble maître Strolatz votre fois en l'unique est incontestable et je sens que dans votre cœur et votre esprit la volonté de nous montrer une autre voie que le simple combat.
Oui la réputation des saints guerriers est telle que le fait de savoir qu'un seul d'entre eux se rend en Okord fait trembler tout le royaume.
Pourtant voyez vous sans vous manquer de respect au contraire, je n'ai pas peur de vous. Comme je n'ai jamais eu peur d'aucun guerrier de la fois car nous suivons le même chemin éclairé par la sainte lumière.
Autre fois nous avions créé un ordre de Podeszwa en Okord qui consistait à créer une armée capable de se déployer dans tous le royaume pour défendre les lieux saints et nos fidèles.
Lorsque nous en avions informé le Roi Baldir, nous n'urent aucune réponse de sa part. Tout comme lorsque nous fumes attaqués de toutes part par une coalition Saxonne et que nos lieux saints furent détruits. Baldir n'envoya que 500 arbalétriers, même pas un seul Strolatz.
Et lorsque le généralissime Vonstuffen arriva en Okord pour récupérer les anciens territoires perdu d'Osterlich, j'ai refusé de combattre des frères en lui cédant mes terres du Sudor qui revenaient de droit à l'OSterlich et pourtant j'ai dû le combattre avec la coalition des seigneurs d'Okord lorsqu'il voulu détruire le royaume.
Et plus récemment lorsqu'il revint cette fois ci parlant de paix , je lui fit bon accueille.
La confiance se gagne par des actes et pas par des mots. Jusqu'à présent je ne connais pas d'Osterlichois qui m'ai prouvé ses bonnes intentions.
Voyez vous maitre d'arme, malgré toute votre bonne volonté à nous montrer votre fois, il reste tout de même une question qui mérite une réponse plus détaillée.
Pourquoi avez vous quitté votre contingent et êtes vous venu nous trouver ? "
Mordead attendit la réponse.
Dernière modification par kyle91 (2025-02-24 23:05:21)
Si on peut tuer par amour, alors on peut sauver une vie par haine.
Hors ligne
Dans un mouvement délibéré, Wacław pencha la tête avec déférence face aux paroles du Gorny. L'échange silencieux des regards avait chargé l'atmosphère d'une tension presque palpable. Quand Mordread eut fini de parler, le vieux guerrier ferma brièvement les yeux, comme pour puiser dans quelque réservoir intérieur de force.
Lorsqu'il les rouvrit, son regard gris acier semblait avoir perdu un peu de son éclat martial, laissant transparaître une vulnérabilité qu'il n'avait pas montrée jusqu'alors.
Czcigodny Gorny, commença-t-il avec respect, votre question est légitime. Votre méfiance l'est tout autant.
Ses doigts effleurèrent inconsciemment la cicatrice qui barrait son visage, comme si elle était le témoin silencieux d'une histoire plus profonde.
Je ne suis plus Strolatz, dit-il simplement, la voix légèrement rauque. Je ne suis plus osterlichois dans mon cœur, bien que ma langue et mon sang le demeurent. L'armure que je porte n'est qu'une coquille, un souvenir d'une vie que j'ai laissée derrière moi.
Il inspira profondément avant de poursuivre, ses mains maintenant posées à plat sur la table.
Durant mes dernières années de service, j'ai vécu près d'une petite communauté de moines podeszwites, au sud d'Osterlicht, près des steppes. Ces hommes et ces femmes vivaient simplement, cultivant la terre aux côtés des serfs, partageant leur pain et leurs prières. Ils étaient parmi les très rares à embrasser délibérément la pauvreté des plus humbles, tandis que tant de prélats vivaient dans l'opulence dans le reste du pays. Leur richesse n'était pas matérielle, mais spirituelle - leur foi et leur dévouement aux plus démunis.
Sa voix s'adoucit, presque inaudible.
J'y ai trouvé une lumière que je n'avais pas connue auparavant. Une façon de servir qui ne passait pas uniquement par l'épée.
Puis son regard se durcit soudain, une ombre passant sur son visage.
Quant à la raison précise de mon départ... Il s'interrompit, le poing serré. Je vous demande la grâce de respecter mon silence sur ce point. Sachez seulement qu'une tragédie a scellé mon destin, et que mes vœux de Strolatz sont devenus incompatibles avec ce que le Tout-Puissant exigeait de moi.
Wacław se redressa, et dans ce mouvement, sa prestance de maître d'armes revint.
Je ne suis pas venu ici en tant qu'émissaire d'Osterlicht, ni pour vous espionner ou vous trahir. Je suis venu comme un homme brisé cherchant à se reconstruire en servant une cause en laquelle il croit. Je suis venu offrir mon savoir, mon expérience, et le reste de mes jours à votre service – non pas comme un Strolatz, mais comme un simple pèlerin qui a trouvé sa voie.
Puis, dans un geste surprenant, il défit l'attache de son épée et la posa sur la table.
Si ma présence suscite tant de méfiance qu'elle nuit à votre noble projet, je partirai dès ce soir. Mais si vous m'accordez votre confiance, je vous jure sur ce que j'ai de plus sacré – ma foi en Podeszwa – que vous ne le regretterez pas.
Il baissa légèrement la tête, dans une posture qui n'était ni de la soumission ni du défi, mais plutôt une acceptation sereine de ce qui allait suivre.
Je suis désormais à votre disposition, entièrement. Mon passé appartient à Osterlicht, mais mon avenir, si vous l'acceptez, appartient à Okord.
Dernière modification par HernfeltMayer (2025-02-25 00:37:21)
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Mordread écouta et observa attentivement la réaction de Waclaw.
Il se tourna vers Vespasia et s'adressa à elle à voix basse.
"Chère sœur pour ma part cet homme me parait honnête. Il a l'assurance et la force d'un guerrier tout en aillant la fois et l'humilité. La compassion, malgré un lourd passé qui a fait de lui ce qu'il est. Il a traversé les épreuves qui lui ont montré la lumière de la vérité. Celle de l'origine du culte de Podeszwa. Celle que tout Podezswistes devraient suivre.
Je ne sais pas ce que l'en pense l'assemblée et vous même, mais pour moi il semble digne de confiance.
Nous nous devons de l'accueillir comme un frère qui vient nous rejoindre et participer à notre projet commun."
Puis il s'adressa de nouveau au maître d'arme : " Chwala podeszwa, Je ne vous ferai pas l'affront de vous demander plus d'explication, mon frère. Pour ma part vous m'avez convaincu et j'aimerai vous souhaiter la bienvenue en notre communauté. Je laisse maintenant la parole aux autres membres de cette assemblée."
Si on peut tuer par amour, alors on peut sauver une vie par haine.
Hors ligne
Waclaw inclina profondément la tête, dans un geste qui mêlait respect et gratitude.
Dziękuję, Czcigodny Gorny, dit-il, sa voix habituellement ferme légèrement altérée par l'émotion. Votre accueil me touche plus que vous ne pouvez l'imaginer.
D'un geste lent et mesuré, il reprit son épée sur la table, mais au lieu de la rattacher à sa ceinture, il la garda posée sur ses genoux, comme un symbole de son nouvel engagement.
Dans ma langue natale, nous avons un dicton : 'Nowy początek jest darem od Wszechmogącego' - Un nouveau départ est un don du Tout-Puissant. Je ne cherche pas à effacer mon passé, mais à bâtir un avenir qui lui donne un sens.
Son regard balaya l'assemblée, s'attardant sur chaque visage, acceptant d'être jugé par ceux qu'il espérait servir. Sa voix reprit son assurance habituelle, mais conservait une chaleur nouvelle.
Je ne promets pas de miracles, seulement un dévouement sans faille. Je mettrai au service de votre cause tout ce que j'ai appris, mais aussi tout ce que j'ai désappris. Car parfois, oublier certaines façons de faire est aussi important qu'en acquérir de nouvelles.
Un mince sourire éclaira brièvement son visage austère, adoucissant pour un instant les traits sculptés par les épreuves.
Si l'assemblée m'accorde sa confiance, je m'engage à honorer chaque jour cette seconde chance que vous m'offrez. Chwała Podeszwa.
Le vieux guerrier se tut alors, attendant patiemment la suite des délibérations, son épée toujours posée en travers de ses genoux - non plus comme une arme, mais comme un témoignage de sa transformation.
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Resté jusque là muet tout au long de la conversation, pesant les différents arguments, cherchant à sonder les intentions du prêtre-guerrier défroqué, le jeune baron d’origine osterlichoise a un hoquet de surprise lorsqu’il entend le Premier Gorny encenser le dénommé Waclaw après un si bref échange. Ainsi donc pour tous l’affaire est entendue, l’homme est un sain, animé d’intentions nobles, sans aucune arrière-pensée ? Donatien se racle la gorge avant de prendre la parole, certes impressionné par l’assemblée au sein de laquelle il se tient, mais incapable de se contenir plus longtemps.
«Si vous me permettez, nobles dames et seigneurs, je souhaiterais intervenir. Intervenir pour vous faire part de mon grand étonnement, voire ma consternation, sur la tournure que prend aussi aisément cette conversation. Sommes-nous des païens, attirés par l’appât du gain avant toute chose, et l’attrait d’une telle académie, pour ainsi passer sous silence les points capitaux que notre « ami » ici présent ne cherche même pas à adresser, mais à passer sous silence ? La Foi est-elle donc à ce point secondaire pour vous tous, que vous ayiez déjà enfilé vos œillères, le regard fixé sur la carotte ? Niech Podeszwa nas strzeże przed popadnięciem w dekadencję! -Que Podeszwa nous garde de sombrer dans la décadence!- »
La ferveur se fait entendre dans la voix de La Nouë à mesure qu’il parle, ajoutant un trémolo dans sa voix, alors qu’il finit cette dernière phrase presque avec fureur, ponctuant celle-ci d’un signe de l’Unique, avant de reprendre de plus belle, pour ne pas laisser le temps d’être interrompu par ce prêtre qu’il voit d’un mauvais œil actuellement. Il jette un regard circulaire à l’assemblée alors qu’il reprend, tout autant pour toiser ses interlocuteurs que pour prendre note de ceux qui auront imité son signe. Il se tourne vers le Premier Gorny Mordread pour planter son regard d’acier dans le sien.
« Même vous, Premier Gorny, ne voyez pas le problème qui me saute aux yeux en cet instant ? Alors laissez-moi l’énoncer à voix haute pour vous tous : ten człowiek jest złowrogim, poszukiwanym heretykiem! - l'homme est un sinistre hérétique recherché!- Voilà, c’est dit, en voyez-vous les implications désormais? Toute la partie qu’il entend passer sous silence, est pourtant cruciale, car pourrait causer notre perte à tous! A moins que ce ne fût ceci que vous vouliez? Une guerre ouverte avec Osterlich et Baldir? Si tel est le cas je souhaiterais en être informé dès à présent, car je n’entendrais pas rester une seconde de plus si tel était votre projet! Szaleństwo jest złym doradcą, podobnie jak pycha. - la folie est mauvaise conseillère, l'orgueil également. »
L’osterlichois d’adoption se tourne alors vers le strolatz défroqué, avant de poursuivre.
« Un strolatz voue sa vie à l’Unique et à l’Ordre. Sans Ordre, plus de vie. C’est pourtant un principe qui vous a mû pendant des décennies, à ce que vous dites, mais vous le balayez aussi aisément ? Et vous entendriez ainsi obtenir notre confiance ?? Krzywoprzysięstwu ufa tylko szaleniec - Au parjure seul le fou donne sa confiance- , puisque vous êtes friants des proverbes osterlichois. Qu’est-ce qui nous assurerait que vous ne trahissiez pas cette assemblée au premier problème? Vous nous vendez une compréhension pointue et sincère de l’Unique, alors même que vous avez rompu un serment prêté sous Sa Lumière. N’avez-vous pas une once de décence pour envisager rougir de nous présenter un tableau aussi parcellaire? Alors même que le simple fait d’avoir posé un pied en Okord et obtenu l’hospitalité en nos terres est un affront fait à la face même de Baldir XXXIV! Et vous nous indiquez ne plus vous sentir osterlichois, mais entendons-nous bien: ce n’est pas comme si vous aviez eu le choix! »
Il termine sur quelques mots en direction de sa suzeraine et hôtesse du jour, la Siostry Vespasia.
« Et vous, ma dame, qui m'avez ouvert les bras lors de mon retour en Okord. N'avez-vous vraiment vu aucune de ces problématiques s'élever? Pensiez-vous à ce point avoir trouvé le maître d'armes parfait?»
Et c’est essoufflé mais presque en transe courroucée que Donatien termine ce long discours, cherchant des yeux du soutien parmi les nobles seigneurs et dames ici présents. Ils ne peuvent tout de même pas tous être à ce point crédules, aveugles ou impies pour ne pas ressentir une once de la défiance qui le tiraille lui en cet instant, tout de même ?
Dernière modification par Lanoue (2025-02-26 13:01:51)
Hors ligne
La Siostry Vespasia se leva lentement, le visage empreint de gravité. La chandelle la plus proche vacilla, projetant des ombres mouvantes sur son visage aux traits fins mais fermes. Elle porta instinctivement la main au médaillon podeszwite qui ornait son cou.
Seigneur de La Nouë, je vous remercie pour cette intervention nécessaire, commença-t-elle, sa voix claire résonnant dans la salle soudain silencieuse. Vous mettez des mots sur les préoccupations qui, en effet, n'ont cessé de me troubler depuis ma première rencontre avec notre... invité.
Elle fit quelques pas vers le centre de la pièce, son regard alternant entre Wacław et Donatien.
Car voilà bien le nœud du problème que nous ne pouvons ignorer. Si je suis la première à reconnaître les qualités et l'impact positif que le maître Kowalczyk a eu sur notre cité, je ne peux faire abstraction des implications diplomatiques de sa présence parmi nous.
La Siostry se tourna alors pleinement vers le vieux guerrier, le fixant avec une intensité nouvelle.
Maître Wacław, votre réticence à aborder votre départ d'Osterlicht est compréhensible d'un point de vue personnel, mais inacceptable dans le contexte qui nous occupe. Êtes-vous recherché par les autorités de votre pays natal ? Êtes-vous considéré comme un paria ? Un parjure ? Car si tel est le cas, votre présence au sein de notre projet pourrait être interprétée comme une provocation directe envers Baldir et son royaume.
Elle marqua une pause délibérée, sa voix prenant une inflexion plus grave.
Que se passerait-il, maître Wacław, si j'envoyais demain un messager à la cour d'Osterlicht pour m'enquérir de votre situation ? La réponse que je recevrais serait-elle de nature à compromettre la paix fragile entre nos deux royaumes ?
Le silence qui suivit était presque palpable, chargé d'expectative.
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Wacław demeura parfaitement immobile face à cette confrontation directe. Seul un léger resserrement de ses doigts autour de la garde de l'épée posée sur ses genoux trahissait une tension intérieure. Son visage balafré resta de marbre, ses yeux gris acier reflétant la flamme des chandelles sans révéler la moindre émotion.
Après un moment qui parut interminable, il inclina légèrement la tête en signe de respect.
Noble Siostry, honorable seigneur de La Nouë, vos inquiétudes sont légitimes, commença-t-il, sa voix posée et mesurée. Et je comprends la difficulté dans laquelle mon silence vous place.
Il prit une profonde inspiration avant de poursuivre.
Je ne puis, ni ne veux révéler les circonstances précises de mon départ. Non par insolence ou manque de respect envers cette assemblée, mais parce que certaines blessures ne cicatrisent jamais vraiment.
Il posa doucement son épée sur la table, comme pour souligner ses propos.
Ce que je puis vous dire, cependant, c'est que voilà plus de deux années que je parcours les terres au-delà des frontières d'Osterlicht. Deux années durant lesquelles j'ai travaillé de mes mains, prié dans l'ombre, et cherché ma voie. Jamais durant ce temps je n'ai été inquiété par des émissaires de Baldir ou par d'autres Strolatz.
Son regard se fit plus intense, sa voix plus profonde.
Quant à savoir ce qui vous serait répondu si vous interrogiez Osterlicht à mon sujet... Je pense sincèrement que ma disparition a été un soulagement plutôt qu'une offense. Il y a des départs qui arrangent toutes les parties, des silences qui valent mieux que des explications.
Il se redressa légèrement, retrouvant cette posture de postawa si caractéristique.
Mais s'il vous faut une garantie, en voici une : c'est la lumière du Tout-Puissant qui m'a guidé jusqu'à vous. Mettre en doute ma présence ici serait mettre en doute Sa volonté. J'ai suivi Son appel, comme je l'ai toujours fait, même lorsque cela signifiait renoncer à tout ce que je connaissais.
Un mince sourire apparut sur son visage austère.
Si ma présence devait attirer le moindre désagrément sur votre maison ou sur ce projet, je disparaîtrais aussi silencieusement que je suis apparu. Car contrairement à ce que suggère le seigneur de La Nouë, je n'ai pas trahi mes vœux envers l'Unique. J'ai simplement compris que Sa volonté pour moi dépassait les limites d'un ordre terrestre.
Il se tut alors.
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Rose Marie Von Festung et Ansberg Hoff écoutaient attentivement chacun.
Lorsque Waclaw se tue, Rose Marie observa une nouvelle fois les personnes autour de la table avant de faire part de son avis.
Mes amis, je comprends qu'il y ait des inquiétudes et de la méfiance envers une personne venue d'en dehors de nos frontières et dont nous ne connaissons pas le passé.
Cependant je suis surprise que l'on refuse les compétences d'une personne avec pour argument un risque politique étranger.
Nous avons eut suffisamment d'exemples récents ou Okord a été mis en danger par des familles bien Okordiennes depuis des décennies !
La princesse s'en amusa une seconde et le montra d'un petit sourire malicieux.
Quand certains déclarent la guerre à Deomul, quand d'autres divulguent des informations à ce même royaume, quand d'autres encore offrent leurs armées pour défendre des positions étrangères,... Okord n'a pas besoin des étrangers pour se mettre en difficulté. Alors excusez moi baron de la Nouë, mais cet argument ne vaut absolument rien dans la réalisation de notre quête.
Car c'est à mon sens uniquement de cela dont nous devons discuter. Cela fait des années voir des décennies que nous formons nos hommes, que nous perfectionnons notre art militaire et nos stratégies. Et pour autant chacun de nos voisins a su former d'autres bataillons, d'autres guerriers.
Je ne parle bien entendu pas des barbares d'Yggnir embauchés comme mercenaire, ceux là lancent les assauts et demandent ensuite les consignes.
Rose Marie plongea son regard dans les yeux de la Siostry Vespasia une fraction de seconde, pleine de conviction.
Nous avons depuis longtemps travaillé à former une élite protectrice mais nous n'y parvenons pas.
Mais nous avons besoin de ce dernier rempart que nos adversaires ne franchiront pas.
La princesse tourna la tête vers Waclaw et le pointa de sa main légère.
Cet homme là parle bien, il agit et il a déjà montré son influence dans cette cité. Imaginez un peu si nous permettons que son influence s'étende au delà de ces murs ? Imaginez ?
L'Unique nous a envoyé cet homme, je veux connaître le projet que l'Unique lui a confié.
Aussi je vous le demande, Wacław Kowalczyk Strolatz de la 6ème compagnie, êtes vous en mesure de former de nouveaux combattants parmi nos hommes ?
Que vous faut-il pour qu'Okord se dote de troupes particulières ?
La maison Trof mettra tout ce qu'il faut à votre disposition pour que le projet de l'Unique s'accomplisse entre vos mains.
Pouvez vous être le créateur des armées d'élites d'Okord ?
Dernière modification par K-lean (2025-02-26 19:57:14)
Lignée des Trofs, et autres successeurs
Hors ligne
De Sinople, avec l'habitude qu'imprime un usage rituel durant des décennies signe en miroir au geste propitiatoire du Baron.
Paupières mi closes, légèrement penché en arrière. Son pied bat une musique par intermittence. Sa maille en suivant ses mouvements produit des sons cristallins.
À la suite de la princesse sa voix s'élève. Légère et voilée. Loin du ton assuré du défroqué. Loin du vibrato du baron. Sa voix porte peut être quelques inflexions que l'on entends dans les phrases de la Siostry. Cette clarté vocal des chanteurs et de ceux qui n'exigent jamais le silence mais l'impose. Un silence tranquille, serein. Loin de celui menaçant du Strolatz.
"Bien des paroles ici sont exprimés par des cœurs purs et des âmes nobles. Mais seul le Faucon voit le champ de blé derrière la forêt quand le cerf ne voit que les futaies clairsemées. Je ne saurais le traduire mot à mot en langue de la Foi c'est un vieux présage d'une plus ancienne coutume encore des Baronnies de Braises.
Cela m'inspire que la parole pleine de force du Baron nous invite à la prudence. Une prudence qui est l'initiative même de la noble Siostry.
De part et d'autres la Foi et ses croyants sont sujets à dérisions lorsque ce n'est pas vilenie. Manque t-il à la Foi un glaive et un bouclier. L'on peut le penser. Mais il a manqué depuis plus longtemps une unité que je vois ici se dessiner avec une joie sincère.
Le corbeau de l'Est est il une étincelle délicate qui se muera en brasier ? Ou est il juste l'étincelle qui manquait à notre foi pour se réunir. Dans les deux cas, l'épreuve que Podeswa nous soumet est la même.
Que ferons nous ensemble ?
Je crois que pour ma part que je n'ai point attendu quelconque homme quelque soit sa qualité pour faire des soldats, du fief qui m'a été confié par mon bien aimé maître des hommes, preux et droit. Malgré quelques embûches.
Un nouvel homme frappe à notre huis. La belle affaire, il peut s'asseoir à la table des hôtes et remplir son auge. Observons. Patientons et laissons le temps faire son œuvre. C'est dans la contemplation et l'observation que l'œuvre de l'Unique souvent se perçoit le mieux."
Au fur et à mesure de son phrasé Sage s'est levé. Incapable semble t-il d'être immobile, son corps s'est laissé porté par son filet de voix chantant. Puis, oublieux de ses mouvements précèdent reprends place sur son siège. Retournant au silence comme si il n'en était jamais sorti
Dernière modification par nobrenn (2025-02-26 22:42:48)
Duc de Nortmannie, Seigneur de l'Ouest
"Ce qu'avons, Gardons ! "
Hors ligne
Wacław écoutait avec une attention respectueuse chaque intervention. Son regard, immobile, passait de la princesse au marquis avec une intensité sereine. Une fois les nobles intervenants revenus au silence, il laissa s'écouler quelques secondes, comme pour honorer leurs paroles de ce temps de réflexion qu'elles méritaient.
Enfin, il se leva avec une grâce surprenante pour un homme de sa stature et de son âge. La lumière des chandelles fit briller les gravures de son armure noire tandis qu'il s'inclinait légèrement devant les deux seigneurs.
Mądre słowa od szlachetnych serc - De sages paroles de nobles cœurs, commença-t-il. Noble princesse, honorable marquis, vos visions se complètent comme les deux faces d'une même pièce. L'une regarde vers l'action, l'autre vers la contemplation. C'est précisément dans cet équilibre que réside la force.
Il fit quelques pas mesurés, la légère claudication de sa jambe droite à peine perceptible dans la fluidité de son mouvement.
Je dois cependant clarifier un point essentiel : je ne serais pas le créateur de cette armée d'élite dont vous parlez, Princesse. Un seul homme ne peut façonner une telle œuvre, pas plus qu'une seule étoile ne peut éclairer toute la nuit.
Ses mains calleuses dessinèrent un geste inclusif vers l'assemblée.
Ce que vous envisagez nécessitera bien plus que ma seule personne. Il vous faudra d'autres maîtres d'armes versés dans l'art du combat, mais aussi des Gorny pour guider l'âme de ces futurs chevaliers. Ce que j'offre n'est qu'une graine - ziarno - qui ne fleurira que si elle est plantée dans un sol fertile et soignée par de nombreuses mains.
Son regard se fit plus précis, presque technique.
Plusieurs lieux de formation devront être établis à travers le royaume. Chaque maison podeszwite désireuse d'accueillir l'un de ces sanctuaires devra comprendre qu'il ne s'agit pas simplement d'ériger des murs et des aires d'entraînement. L'essence même de ces lieux devra être imprégnée de spiritualité, le cérémonial religieux y tenant une place aussi importante que l'instruction martiale.
Il se tourna vers la Siostry Vespasia avec déférence.
Avant de me présenter devant vous, j'ai pris la liberté de visiter le chantier que la Siostry Vespasia a déjà mis en œuvre au Nord d'Hebron sur l'emplacement d'un ancien monastère. C'est exactement ce type d'installation - świątynia nauki, un temple du savoir - dont nous aurons besoin. Un lieu où la pierre et la prière s'élèvent ensemble vers le ciel.
Sa voix se fit plus profonde, presque chantante.
Car voyez-vous, la formation d'un paladin n'est pas celle d'un simple soldat. Elle est la forge d'une âme autant que d'un corps. Je ne serai pas le stwórca - le créateur - de votre armée d'élite, mais plutôt l'huile dans les rouages que vous, seigneurs Podeszwites d'Okord, choisirez de construire pour servir ce noble dessein. Pour la communauté podeszwite okordienne et pour l'Unique.
Il tourna son regard vers le marquis de Sinople, inclinant légèrement la tête.
Le seigneur de Sinople a exprimé avec une éloquence remarquable ce qui, à mon humble avis, sera la véritable réussite de cette entreprise : l'unité des podeszwites d'Okord. Cette unité est l'un des préceptes fondamentaux enseignés par le Gorny qui a guidé mes pas jusqu'à vous.
Wacław ferma brièvement les yeux, comme pour puiser dans sa mémoire, avant de réciter :
"Samotny podeszwita jest jak nieskazitelny kamień w nocy, ale razem są jak katadra wzniesiona ku światłu Wszechmogącego" - Seul, un podeszwite est une pierre immaculée dans la nuit ; ensemble, ils sont comme un katadra dressé vers la lumière du Tout-Puissant.
Il reprit sa place, le dos droit, les mains posées sur ses genoux.
Telle est ma conviction, et tel est mon engagement si vous m'accordez votre confiance.
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Un soupir de plus se fit entendre. Thibaud, mains jointes sur la table, fixait ses doigts emmêlés. Il se racla la gorge sachant que des regards allaient se braquer sur lui.
- QU'ENTENDS-JE ?! D’abord, je refuse d’être convaincu par un homme qui ne se dit plus Osterlichois de cœur ! J’ai déjà exposé mon point, et on l’a contourné. Cet ordre, qu’il soit guerrier ou sage, n’aura ni respect ni considération tant qu’il n’aura prouvé sa force ou sa sagesse. Ils auront beau porter le nom de Strolatz, aux yeux du monde, ce ne sera qu’un ordre de plus, un de ceux qu’on ignore ou qu’on écrase. Une souris parmi les chats belliqueux, proie facile, tentante.
Je vais être franc. L’ambiguïté autour du passé de Wacław demeure intacte. Sa réponse, bien ficelée, peut autant rassurer que semer le doute. Et ça, ça me dérange.
Pourquoi prendre le risque de froisser Osterlich sur un simple jet de dés ? Pourquoi ne joue t-il pas cartes sur table envers des gens de notre position ? Je ne veux pas faire confiance à quelqu'un qui nous accorde pas pleinement sa confiance. Le Très-Haut sait combien j’estime les Strolatz, mais ici, je n’en vois aucun !
Il balaya l’assemblée du regard, haussant les sourcils.
- Moi, qui ai quitté le Nord d’Osterlich il y a moins d’un an, je le dis : sans l’éminence et la sagesse des vrais Strolatz, nous n’offrons qu’une pâle copie.
Il se rassit brusquement, s’appuyant sur la table. Un craquement de genoux résonna.
- Et puis de toutes façons, le problème n'est pas là. Ouvrez les yeux. Beaucoup de seigneurs, et leurs peuples, se méfieront. S’opposeront. Cette... "armée sacrée", si on peut l’appeler ainsi, ne leur inspireront que méfiance. Si même certains d’entre nous hésitent, imaginez un seigneur étranger à notre foi ! Qui pourrait les raisonner ? Personne. Il croiront les leurs, et ils auront bien raison. Mettez-vous à leur place un instant, ne vous méfierez-vous dont pas ?
Nous allons simplement désunir d'avantage le royaume.
Que souhaitez-vous ? Installer la méfiance à ceux qui vivent qu'à 1 lieue de chez nous et possiblement ceux à 1 000 ? Navré chers amis, je ne souhaite pas me froisser avec vous, mais je dois m'opposer à cette idée.
Hors ligne
Mordread secoua la tête doucement et se leva de nouveau. Cette fois ci il ne s'adressa pas au maitre d'arme, mais à l'un de ses pairs.
D'une voix calme.
"Cher frère Thibaud je comprend tout à fait ce que vous pouvez ressentir et votre discours tient debout.
Notre but n'est pas de devenir des Strolatz, non , non laissons cela à l'OSterlich, mais de créer une unité cohérente capable de se rassembler rapidement de façon efficace pour défendre nos fidèles face aux éventuelles attaque des païens.
Cet ordre comme par le passé nous renforcera et montrera à tous que nous ne sommes pas que de simples prêcheurs.
Nous ne souhaitons pas le chaos et la guerre contre ceux qui ne sont pas de notre fois.
Je compte parmi mes plus fidèles amis des seigneurs qui n'ont pas encore embrassés la voie de l'unique et pourtant nous nous respectons mutuellement.
Ce ne sera pas un ordre fanatique à l’esprit fermé, bien au contraire.
Des paladins sachant manier l'épée aussi bien que la plume, illuminés par la sainte lumière de Podezswa.
Osterlich ne se préoccupe pas de nous depuis fort longtemps sauf quand ils ont voulu reprendre leurs anciens territoires.
Les seigneurs d'Okord savent bien que les Podeszwistes ne représentent une menace pour eux que seulement quand ils touchent à nos lieux saints.
Il est normal de vouloir s'organiser, se réunir pour former une entité commune à notre foi tout comme le font les paiens comme ceux d'Ignir.
Mon frère ne vous inquiétez pas tant que cela, ne laissez pas votre fougue vous submerger.
La peur des autres, le doute, la rancœur mènent au désespoir et au désordre.
Regardez donc cet homme qui se présente à nous et pensez plutôt à ce qu'il peut nous offrir.
Je vois en lui de l'expérience militaire et un moyen de nous améliorer.
Il est vrai qu'il y des tâches d'ombre dans son Histoire, mais qui d'entre nous n'en a pas ?".
A se moment Mordread se tourna vers l'assemblée et regarda chacun des membres.
"Qui d'entre nous peut se venter de ne jamais avoir fait des actes répréhensibles ?"
Il attendit quelques secondes, puis repris.
"Personne, seul Podezswa est notre juge et seul sa lumière nous montera la vérité.
Et la vérité actuellement c'est que je vois ici un homme qu'il soit Osterlichois ou pas, qu'il soit Strolatz ou pas, mais juste un homme qui souhaite se mettre à notre service et nous aider.
Maintenant frère Thibaud pensez vous qu'il est plus dangereux de parcourir le même chemin ensemble que chacun seul suivant son propre chemin à la dérive ?"
Le 1er Gorny s’assit de nouveau.
Dernière modification par kyle91 (2025-02-27 23:31:49)
Si on peut tuer par amour, alors on peut sauver une vie par haine.
Hors ligne
Le jeune podeszwite hoche la tête aux propos obtenus en réponse par sa suzeraine, en partie rasséréné par ces derniers, bien que toujours très dubitatif face à l’emballement global qu’il ressent autour de la table. Son calme reste néanmoins de courte durée alors que le strolatz défroqué reprend la parole. Non, décidément, il y a quelque chose qui ne convient pas au jeune homme chez cet individu. Sa posture, son ton, peut-être ? Ses propos en tout cas. Son aisance à esquiver les questions dès que le sujet l’indispose, alors même qu’il s’agit du cœur du problème. Et peu semblent se rendre compte de ce trait caractéristique, ce qui est d’autant plus frustrant pour lui. Se retenant pour ne pas reprendre la parole d’emblée, Donatien rumine suffisamment fort pour que ses plus proches voisins puissent l’entendre :
« Que vous ne voulez pas, point question n’est de pouvoir ici. Par contre, ouvrir de nouvelles plaies béantes par votre silence en ce royaume ne semble pas vous préoccuper outre mesure… Et à la bonne heure, remettre en doute vos propos c’est contrarier l’Unique ? Quelle suffisance…»
Le jeune seigneur de la Malnoue prend par contre un être clairement outré lorsque Dame Von Festung prend la parole à son tour, ne pouvant se contenir plus longtemps ; il en manque presque renverser la coupe posée devant lui par les serviteurs de leur hôtesse un peu plus tôt en se relevant :
« Avec tout le respect dû à votre rang, entendez-vous seulement l’ineptie de votre raisonnement, Princesse ? Là où nous devrions parler d’unité, vous ne voyez aucun mal à ajouter un facteur déstabilisant supplémentaire, extérieur qui plus est, sous prétexte que déjà d’autres seigneurs okordiens s’y entendent à créer des remous lorsque tout semble trop calme ? Mais c’est justement tout le fond du problème. Alors que notre Roy -car oui, entendons-nous bien, ayant émigré et y ayant de profondes racines, je préfère me considérer désormais également okordien, bien qu’ayant des attaches en Osterlich, et n’entendant pas les renier- s’échine à rattraper les bévues, voire les actes volontairement répréhensibles de certaines maisonnées, afin d’éviter une guerre ouverte avec l’Empire de Déomul, nous devrions prendre le risque d’attiser les tensions avec Osterlich, et potentiellement nous retrouver à terme en conflit ouvert avec deux Empires à la fois ? Vous me pardonnerez donc, Princesse, de vous rétorquer qu’au contraire, cet argument est crucial dans la réflexion que nous devrions avoir autour de sa table. Prétendre le contraire serait faire preuve d’une inconséquence qui ne sied ni aux plus hautes maisons de ce royaume, ni aux plus hautes instances de ce culte. J’insiste donc, intégrer un tel homme alors même qu’il pourrait être un criminel d’état osterlichois m’apparaitrait extrêmement dangereux, tant pour les maisons ici présentes que pour le royaume. »
Se rasseyant rapidement ensuite, presque à court de souffle, emporté par son ire, Donatien hoche la tête aux paroles pondérées et pleines de bon sens émises par le sieur de Sinople, homme dont il a apprécié le signe spontané en miroir au sien propre un peu plus tôt. Cet apaisement lui permet de se contenir alors que le dénommé Waclaw reprend la parole, notant bien mentalement cependant les failles qui commencent à émailler le discours de l’homme. Ainsi donc, il admet déjà être à peine une pièce sur l’échiquier, et qu’il en faudra nombre d’autres ? En ce cas, qu’est-ce qui le différencierait d’un simple pion, et justifierait de prendre le risque sur ses simples propos, qu’il enrobe un peu trop aisément à son goût de volonté divine ? Déjà un nouvel homme prend la parole, et La Nouë peut noter avec satisfaction que non seulement il partage son point de vue, mais il connait également et apprécie l’homme en question. Le Sire d’Attignat soulève des points que le jeune noble ponctue d’exclamations d’assentiment, tant ces propos auraient pu sortie de sa propre gorge. En voilà un qui a bien saisi le cœur de l’épineux problème qui se tient devant eux, fermement engoncé dans sa bogue hérissée d’épines, dont dégouline pourtant une sève mielleuse.
Mais voici que le Premier Gorny Mordread reprend la parole, enfonçant l’argumentaire du seigneur d’Attignat sans jamais vraiment y répondre point par point. Le discours se veut inspirant, fédérateur, prônant la tempérance et dégorgeant de bienveillance. En ceci, l’homme joue tout à fait son rôle de Premier Gorny en cet instant, Donatien en convient bien. Au contraire, il élude complètement les problèmes soulevés par les deux jeunes barons, également évoqués par la Siostry, les balayant d’un revers de la main comme s’il s’agissait de broutilles ne méritant pas qu’on s’y attarde. Et ceci effraie autant le seigneur de Maucastel qu’il l’enrage. Tant d’inconséquence de la part de celui qui donne l’exemple en l’Eglise Podeszwite actuellement, est-ce seulement possible ? Le jeune noble tente bien de laisser passer certains propos, mais son caractère tempétueux s’embrase à nouveau suite à la dernière phrase de Mordread, et il se lève à nouveau, renversant cette fois-ci la coupe de vin sans même le remarqué, emporté dans son élan.
« A la dérive ? A LA DERIVE ? Mais de quoi parlez-vous, Premier Gorny ? Otwórz oczy! – Ouvrez les yeux! J’estime au contraire que c’est suivre trop hâtivement un illustre inconnu qui n’entend pas se révéler à nous alors même qu’il est dans une situation qui ne devrait pas exister qui serait partir à la dérive. Conjointement certes, mais assurément. Je comprends bien que vous teniez à assumer le rôle fédérateur qui vous incombe, mais vous vous y entendez un peu trop bien à mon goût à passer sous silence les points problématiques, voire même rédhibitoires, dans l’argumentaire de cet homme venu d’on ne sait où.
Car oui, nous parlons bien de suivre un individu non identifié, se targuant d’avoir été strolatz puis d’avoir quitté un ordre dont les vœux ne se rompent que lorsqu’on rejoint l’Unique, et refusant de nous rassurer sur l’émergence de potentielles tensions supplémentaires, là où son excellent Baldir XXXIV vient de tendre la main au royaume, d’après les dernières nouvelles en provenance de la cour. Donc cela ne vous dérange pas de potentiellement infliger un camouflet outrageant au souverain d’Osterlich au moment où il tend la main ? Et que pensez vous qu’il se passera donc, en ce cas, il tendra l’autre joue ?
Je veux bien comprendre qu’il soit entendable de ne pas demander à Waclaw de se mettre à nu. Par contre, je ne puis accepter que l’on boive ses paroles sans même envisager de s’informer en Osterlich avant de lui confier un rôle important au sein de notre Culte. Ce serait la moindre des choses, ne pensez-vous pas ? Pour ce qu’on en sait, il pourrait avoir été jugé hérétique, suivant les voies de Ciemnota, condamné au bûcher et avoir refusé son sort en s’enfuyant plutôt que rechercher la rédemption auprès de l’Unique, et être désormais pourchassé par ses anciens frères. Sans chercher à fouiner dans son passé, s’assurer qu’il ne soit pas persona non grata voire ennemi d’Etat en Osterlich me semble un pré-requis indispensable afin d’éviter de créer un incident diplomatique avec un nouveau voisin. Et si tous ici présents autour de cette table n’en convenez pas en cet instant, je me verrai obligé de prendre congé de cette assemblée céans devant tant d’inconséquence et de candeur coupable ! »
L’incrédulité se mêle à la colère et l’effroi dans le regard de La Nouë, alors qu’il lui semble faire face à une foule d’inconséquents ne mesurant pas la gravité de la situation déjà actuelle, et envisageant de passer à l’étape supérieure béatement et sans penser au lendemain, tant pour eux que pour le royaume . Se rasseyant, il cherche du soutien dans le regard de certains seigneurs ici présents ayant déjà fait montre d’une plus grande prudence que la majorité.
Hors ligne
La Siostry Vespasia se leva avec une lenteur délibérée, son regard se posant brièvement sur la coupe de vin renversée par le seigneur de La Nouë. Dans le silence qui suivit sa tempétueuse intervention, elle attendit que les serviteurs aient discrètement nettoyé le vin qui menaçait de goutter sur le sol avant de prendre la parole.
Mes chers amis, commença-t-elle d'une voix qui, bien que douce, portait clairement à travers la salle, je ne peux ignorer la passion et la sincérité qui animent le seigneur de La Nouë. Sa vigilance est précisément ce dont notre assemblée a besoin pour ne pas se précipiter aveuglément dans une voie qui pourrait s'avérer périlleuse.
Elle fit quelques pas autour de la table, ses yeux clairs croisant ceux de chaque convive.
Il est vrai que nous vivons un moment délicat. Le roi Baldir a tendu la main à notre royaume... un geste que j'accueille avec la prudence qu'exige l'histoire de nos relations avec Osterlicht. Son ton s'était durci imperceptiblement. N'oublions pas que nous parlons du même Baldir qui observait en silence lorsque nos lieux saints étaient attaqués, et qui n'a envoyé que quelques centaines d'arbalétriers alors que nous implorions une aide véritable. Les promesses d'Osterlicht ont toujours été aussi changeantes que les vents des steppes.
Son regard se posa sur Wacław, empreint à la fois de respect et d'une nouvelle circonspection.
Cependant, le seigneur de La Nouë soulève un point important. Quelle que soit notre méfiance légitime envers Baldir, provoquer ouvertement l'ire d'Osterlicht serait imprudent, surtout si cela implique d'héberger un homme qui pourrait être considéré comme hérétique ou ennemi d'État à leurs yeux. Notre défiance envers Osterlicht ne doit pas nous pousser à des provocations inutiles.
Elle se tourna vers le Premier Gorny Mordread avec déférence.
Vénérable Gorny, je comprends votre désir d'unité et votre foi en la providence de l'Unique. Nous avons trop longtemps laissé Osterlicht définir notre relation avec le Tout-Puissant. Mais notre indépendance spirituelle doit s'accompagner de sagesse politique.
La Siostry regagna sa place mais resta debout, son maintien droit et sa voix ferme incarnant l'autorité.
Je propose donc ceci : maître Wacław, je vous prie de nous excuser et de vous retirer, afin que nous puissions délibérer librement. Le projet d'un ordre de paladins podeszwites demeure notre objectif, indépendamment de votre participation.
Elle attendit que le guerrier se soit retiré avant de poursuivre.
Le monastère que j'ai récemment transformé sur mes terres pourrait effectivement devenir notre première commanderie. Mais avant d'aller plus loin, je propose deux mesures de prudence.
Ses doigts se crispèrent légèrement sur le médaillon podeszwite à son cou.
Premièrement, comme l'a souligné le seigneur de La Nouë, nous devons nous renseigner sur la situation de maître Kowalczyk. Baldir a récemment proposé de confier certains territoires à des Okordiens - une proposition que j'accueille avec réserve, connaissant la duplicité osterlicoise. Si ces négociations se poursuivent, j'aurai peut-être l'occasion de rencontrer le généralissime Strolatz Von Stuffen. Je m'engage à l'interroger sur ce sujet, non pas pour chercher son approbation, mais pour évaluer les risques réels que nous prendrions.
Elle balaya l'assemblée du regard, ses yeux s'attardant sur chaque visage.
Cependant, si le sort ne me permet pas cette rencontre, j'en appelle à vous tous. Si l'un d'entre vous, nobles seigneurs ici présents, devait croiser le chemin du généralissime avant moi, je vous demande solennellement de lui poser la question concernant Wacław Kowalczyk. La vérité sur son passé est trop importante pour notre sécurité commune pour que nous négligions toute occasion de l'éclaircir. Quelle que soit la réponse obtenue, favorable ou non, elle guidera notre décision collective avec plus de sagesse.
Elle balaya l'assemblée du regard, son expression déterminée.
Ne vous y trompez pas : je ne suis pas prête à sacrifier notre autonomie sur l'autel d'une alliance incertaine avec Osterlicht. Mais je ne souhaite pas non plus donner à Baldir un prétexte pour nous nuire quand cela pourrait être évité. Ce n'est pas de la déférence, mes amis, c'est de la stratégie.
Sa voix prit une inflexion plus déterminée.
Deuxièmement, si nous décidons finalement d'intégrer maître Wacław à notre projet, ce ne sera qu'en qualité de simple formateur ou consultant, sous stricte surveillance et après avoir évalué les risques. Je ne fais pas plus confiance à Baldir qu'à un inconnu qui refuse de nous révéler son passé - mais je souhaite connaître les pièges avant d'y poser le pied.
Elle se pencha légèrement en avant, ses mains posées à plat sur la table.
Seigneur de La Nouë, je vous remercie pour votre franchise. J'espère que ces mesures de prudence vous rassureront suffisamment pour que vous restiez parmi nous. Votre perspective est précieuse, même si je ne partage pas votre apparente confiance dans les intentions de Baldir.
La Siostry se redressa, son expression à la fois ferme et résolue.
Ce qui importe avant tout, mes amis, c'est que nous unissions nos forces pour créer un ordre qui servira fidèlement Podeszwa et Okord, indépendamment des desseins d'Osterlicht. Notre ordre devra être assez fort pour se défendre contre tous ceux qui menaceraient notre foi - y compris, si nécessaire, Osterlicht lui-même. Mais nous devons choisir nos batailles avec sagesse.
Elle attendit, le visage serein mais le regard vigilant, prête à entendre les réactions à sa proposition.
Siostry Vespasia et toute sa clique, Aldric "Main-de-Sixte" Ravenswood, Amaury de Gavere, Le Denier, Maître Balthazar ou le Strolatz Wacław Kowalczyk.
Hors ligne
Le Baron d’Attignat redressa légèrement les épaules, croisant les bras sur sa poitrine avant de prendre la parole d’une voix ferme mais mesurée.
- Nous devrions tous nous interroger sur ce qui vient de se passer. Il a fallu que le Seigneur de La Nouë élève la voix pour que l’assemblée prenne la pleine mesure du danger. Il a fallu son indignation, sa fermeté, pour que les esprits hésitants s’éveillent enfin aux risques que certains minimisaient. Tout du moins, je l'espère ! Et pourtant si je ne m'abuse il est le plus jeune d'entre nous.
Il marqua une brève pause, ayant du mal à déglutir de par sa gorge asséchée. D'un geste soudain, il attrapa la coupe face à lui qu'il avait omis de boire et le porta à ses lèvres pour une grande gorgée gonflant ses joues avant de l'avaler en deux fois. Il reprit en essuyant sa moustache d'un carré tissé de fibres de chanvre aux couleurs usées par le temps.
- Ces mesures sont tout à fait satisfaisantes Marquise. Il s’agit du destin de notre royaume, des alliances que nous scellons et des menaces que nous attirons peut-être sur nous. Or, si nous voulons être maîtres de notre avenir, nous ne pouvons nous permettre d’agir dans l’aveuglement ou l’enthousiasme mal avisé. Nous avons suffisamment débattu des risques, et nous avons enfin ouvert les yeux sur les précautions à prendre. La prudence doit guider notre main, mais elle ne doit pas nous paralyser, il est vrai. Il est temps d’avancer.
Son regard se posa un instant sur le Premier Gorny puis la Marquise Vespasia.
- Si nous lui ouvrons une porte, ce ne peut être qu’avec des limites claires. Vous proposez un rôle de formateur, peut-être, mais sans lui accorder ni autorité, ni influence sur la doctrine de l’ordre. Malgré tout, des gens de nos positions sont et doivent être en mesure d'exiger sa transparence la plus totale. Et d'autant plus s'il souhaite "se refaire" comme il l'a dit. S'il veut conclure, dans la lumière, les... je lui souhaite, longues années qui lui reste à vivre c'est ma condition, d'éclaircir les zones d'ombres afin de mesurer les conséquences néfastes qu'il pourrait apporter avec lui.
Puis, revenant à l’assemblée dans son ensemble, il conclut.
- Ce n’est pas simplement de lui qu’il s’agit. C’est de nous. De ce que nous voulons bâtir, et de la manière dont nous comptons protéger ce projet des ambitions étrangères comme des failles qui pourraient le fragiliser dès son fondement. Prenons notre temps Ce sujet mérite mille questionnements et autant de prières. Que le Très-Haut nous guide.
Hors ligne
Mordread repris la parole toujours aussi calmement.
"Mes frères et sœurs, allons vers des choses simples et directes :
Puisqu'il nous faut entendre toute la vérité de la bouche du maitre d'ame alors demandons lui une dernière fois. Et s'il continue à refuser alors demandons le directement au généralissime Strolatz Von Stuffen lorsque l'un d'entre nous le rencontrera.
Ainsi nous seront certain et saurons s'il est digne de notre confiance et s'il ne représente pas un danger pour l'équilibre du Royaume d'Okord.
En revanche quelque soit la réponse de l'un ou de l'autre vous le savez tous j'en suis certain qu'il est nécessaire de former un ordre militaire pour nous défendre et éviter des combats personnels ou des déviances chaotiques.
Oui allons de l'avant tout en étant prudent, mais que cette défiance ne soit pas un sujet de discorde entre nous. Car nous œuvrons tous pour le même but non ?
Je vous en pries restez frère de Donatien votre jeunesse nous apporte tout autant que la sagesse de notre soeur Vespasia et nous vous écoutons et remercions d'exprimer votre point de vue.
Je ne suis qu'un humble fidèle de l'unique sans vous tous je ne suis rien d'autre.
Je vous laisse donc mes frères et sœurs délibérer".
Dernière modification par kyle91 (2025-03-01 15:47:52)
Si on peut tuer par amour, alors on peut sauver une vie par haine.
Hors ligne