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#1 2025-02-02 23:47:17

Lanoue
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Péripéties d'un Podeswite en terres okordiennes

La tempête fait rage depuis de longues heures déjà, sans discontinuer. Le ciel, assombri par de lourds nuages, se zébrait d’éclairs de toute part, accompagnés à retard du grondement sourd du tonnerre. La houle avait depuis longtemps fait place à de lourdes vagues venant percuter l’une après l’autre la lourde coque du vaisseau, qui continuait pourtant sa course sans frémir, un équipage manifestement aguerri aux commandes. Rien qu’un grain de plus, diraient-ils aux passagers une fois la violence des éléments retombée.

Mais en cet instant seule la foi chevillée au corps du jeune homme lui permet d’affronter les éléments, debout sur le pont du navire. Sans une once de pied marin, les tripes retournées depuis le début de son périple, il aurait probablement depuis longtemps fuit vers sa cabine s’il n’avait été en train de réciter à voix haute les Saintes Ecritures du Podreznik. Sa chevelure blonde plaquée par l’averse mêlée d’embruns, il récite religieusement les versets du Piekno concernant la beauté en toute chose. Il loue l’orage, l’eau apportée comme don par le ciel à une terre qui en a bien besoin. Il loue la mer déchaînée, qui porte et qui nourrit. Enfin, Il loue Podeszwa et Sa Sainte Lumière, qui vient éclairer leur route alors même que tout est sombre et agité autour d’eux. La ligne d’horizon est à peine visible, tant les eaux alentours sont vives et mouvantes, telles animées d’une vie propre insufflée par Sa Grandeur. Il restera sur le pont jusqu’à ce que la tempête se calme, répétant inlassablement les mêmes versets, dusse-t-il s’écrouler d’épuisement par la suite.

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Les mouettes crient en tournant autour des mats, alors que les matelots accostent, certains sautant sur le ponton à proximité pour arrimer fermement le navire au quai. Le port fourmille d’activité, tant maritime que terrestre, témoignant d’un commerce florissant. Peut-être son précepteur a-t-il forcé le trait en qualifiant ces terres d’« arriérées » ? Ce qui est certain, néanmoins, ces que poser le pied sur la terre ferme rassérène le jeune homme, qui rend grâce à Podeszwa pour la traversée du Grand Canal sans heurt. Le port au sein duquel il vient de débarquer est un grand axe commercial, où de multiples cultures se mêlent donc, rendant plus aisée son arrivée à mesure qu’il aperçoit quelques icônes podeszwites, quelques chapelets au cou de passants, quelques tenues typiquement osterlichoises. L’architecture pour autant, elle apparaît nettement différente. Des bâtiments plus trapus, coiffés de toitures en chaume pour la plupart, des colombages apparents, des murs finis à la chaux. Rien qui ne lui rappelle son domicile en tout cas. Avançant dans les rues, tout en faisant attention à ne pas passer trop près des fenêtres dès qu’il le peut pour éviter les évacuations intempestives d’ordures, l’osterlichois aperçoit un peu plus loin une toiture à la forme caractéristique, qui a quelque chose de rassurant. Une chapelle podeszwite. Il décide d’y entrer quelques instants afin de se recueillir, avant de reprendre son périple.

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Elle est là, se détachant à l’horizon, sur le soleil couchant. Solitaire, elle se dresse au sommet d’une colline, fièrement, alors même que certaines tours éboulées témoignent du passage du temps. Les terres environnantes sont plutôt arables, de vastes champs semblent encore cultivés par des paysans dans le paysage vallonné alentours. Un léger sourire nait sur le visage du jeune croyant, cherchant à estimer le nombre d’habitants au vu des exploitations encore en place. Tant d’âmes à sauver, à rediriger vers Sa Lumière. Mais l’Illumination viendra en son temps, il faudra dans un premier temps se montrer plus terre à terre, faire quérir les doyens des différents villages environnants pour leur signifier son arrivée, l’urgente nécessité de livrer quelques victuailles et du bois de chauffage, mais également mettre quelques jeunes gens à son service pour remettre en activité la forteresse. Il lui faudra rapidement ériger une chapelle podeszwite, afin de satisfaire aux strictes nécessités du sage Gorny Radovitz avant son arrivée. Le contraire ferait terriblement honte au nouveau seigneur des lieux, mais il a confiance en ses capacités à éviter cet écueil. Tout viendra à point nommé.

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Ahanant fortement, le jeune chevalier reprend son souffle en secouant tristement la tête, son épée encore au clair. Les pauvres étaient mus par Ciemnota, assurément. Une bande de brigands n’ayant que faire de son bon droit ni de Ses Enseignements, qui lui avaient ri au nez lorsqu’il les avait sommés de quitter les lieux céans, et s’étaient jetés sur lui sans aucune chevalerie. La situation aurait pu tourner court bien vite, néanmoins en cette heure avancée la chance avait joué en sa faveur. Ou plutôt, leurs travers leur avaient joués de vilains tours. Car le péché d’ivresse rend la main gourde et malhabile, ralentit la pensée comme le geste, obscurcit le jugement. Aussi les bottes maladroites avaient elles été aisément parées par l’osterlichois, se fendant de passes aussi précises que mortelles en retour, face à des adversaires qui n’avaient pas le quart de la dextérité d’Ecthelion, son vieux maître d’armes. Néanmoins l’échange était resté rude pour le jeune homme, qui avait fini à bout de souffle, et manqué à plusieurs reprises de souffrir de quelque vilaine blessure qu’il eût craint s’infecter tant leurs lames étaient en piteux état, manquant de l’entretien minimal requis. Mais Il avait veillé sur lui, guidant son bras pour parer une lame malhabilement tenue et ses pas pour esquiver un vilain coup de gourdin. Les premiers étaient morts, les derniers avaient pris leurs jambes à leur cou, laissant derrière eux quelques provisions mal acquises et un feu de camp crépitant dans l’enceinte de la forteresse. Au moins il ne sera pas rtransi de froid cette nuit, et pourra se mettre à l’œuvre dès demain.

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#2 2025-02-06 23:58:19

Lanoue
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Re : Péripéties d'un Podeswite en terres okordiennes

Le nouveau seigneur de Maucastel a après réflexion décidé d’employer la manière douce pour tenter de convertir ses sujets à la Foi podeszwite. Si certains strolatz et diakons auraient probablement désapprouvé une manière si « inefficiente », Donatien n’a pu se résoudre à prêcher activement et avec véhémence toute la journée durant. D’une part parce qu’il a répugne à forcer la main de personnes à son service qui ne se révéleraient ensuite pas des croyants convaincus, et ne vénéreraient pas vraiment Sa Lumière. D’autre part, tout simplement parce que la reconstruction du domaine, son administration, et la remise en route de patrouilles régulières pour éloigner les bandits de grand chemin prennent déjà un temps considérable au jeune osterlichois.

Alors plutôt que de grands prêches, de grands discours, le jeune seigneur de La Nouë a décidé de démontrer sa foi par les actes. Aider ses sujets à mieux protéger leur village. Participer aux festivités païennes qu’ils organisent, tout en s’intéressant vraiment aux cérémonies, et comparant les rites avec ceux de son culte. Une divinité étrange, d’ailleurs, que ce Seir’A’Neir vénéré localement.  Mais son rapport avec la Lumière a quelque chose de familier, d’intriguant, que le jeune podeszwite s’est promis de creuser un peu plus avant. Des similitudes avec Podeszwa et son alter honni, mais que le jeune homme se gardera bien d’évoquer à voix haute auprès d’autres fidèles, sous peine de voir quelques strolatz le regarder de travers.

Ce que Donatien s’est néanmoins empressé de faire, cela a été de faire ériger au plus tôt une chapelle en l’honneur de Podeszwa à proximité immédiate de Maucastel. D’une part afin de rendre grâce à Sa Lumière Eternelle, d’autre part afin de susciter la curiosité parmi la population, et de pouvoir commencer à répondre aux questions qui ne manqueraient pas d’être posées. Intriguer et faire preuve d’une bonne ouverture d’esprit afin de s’en voir démontrer en retour, voilà quelle marche il avait décidé de suivre. Nul besoin ici de strolatz arpentant les campagnes, et jouant de leur nombre pour forcer les baptêmes et conversions en masse, aussi sceptiques qu’ils puissent se révéler par la suite. Non, le seigneur de Maucastel souhaite que toute nouvelle conversion en ses terres le soit par conviction sincère, que ses sujets embrassent les préceptes du Podreznik et se les approprient pour les faire leurs. Chaque chose viendrait en son temps. Le jeune homme sait pouvoir compter sur la piété de sa suzeraine, une véritable Siostry podeszwite, et envisage de contacter quelques seigneurs des environs Touchés par Sa Lumière afin de les assurer de sa bonne volonté et établir une entente cordiale entre eux.

C’est en tout cas plein de bonnes résolutions que le jeune homme se rend pour ses prières matinales au sein de sa chapelle, et y découvre avec surprise un homme un bien plus âgé déjà agenouillé en train de rendre grâce à leur divinité. Se joignant dans un premier temps à ses prieres silencieuses, Donatien accueille cette surprise avec la plus grande placidité, n’envisageant pas un instant de briser les rites sacrés avant leur fin afin de s’enquérir de l’identité de son hôte. C’est donc plusieurs minutes durant qu’il communie avec cet invité, récitant mentalement les versets sacrés, jusqu’au bout des psaumes appropriés à ce moment de la journée.

Se relevant lentement après, savourant d’abord ce moment de félicité, le jeune maître des lieux se décide finalement à prendre la parole pour accueillir son hôte :

« Messire, vous me voyez ravi de pouvoir vous proposer gîte et couvert en un Maucastel un peu plus accueillant et reluisant qu’il y a quelques temps encore. Donatien de La Nouë, pour vous servir. Je me sens d’autant plus comblé de pouvoir accueillir un autre adepte des Voies du Podreznik. La religion en ces lieux me semble bien plus complexe qu’en Osterlich, à tel point que j’en esquisse à peine les païens contours, aussi intrigants soient-ils. Peut-être pourrions-nous deviser en nous restaurant, si cela vous convient ? »

Dernière modification par Lanoue (2025-02-12 15:50:19)

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#3 2025-02-23 11:52:20

Donatien de La Nouë
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Re : Péripéties d'un Podeswite en terres okordiennes

Le vieil homme relève la tête aux propos du jeune noble, esquissant un sourire franc mais usé par les ans, venant se dessiner sur un visage buriné aux traits tirés par le poids des ans, arborant quelques cicatrices éparses témoignant d’un passé guerrier. Assurément glorieux, a posteriori, puisque l’individu est toujours là, preuve vivante de son succès. Peut-être aura-t-il fui à l’occasion, pour ce que l’on en sait, néanmoins lui est encore en capacité de narrer ses aventures au jour d’hui, contrairement à nombre de combattants.

Le vénérable, en vêtements simples, se relève, massant une fesse gauche engourdie,  probable souvenir épineux d’une autre époque. Donatien manque lever un sourcil interrogateur tant la localisation est curieuse, mais se retient. Peut-être le visiteur est-il resté agenouillé bien plus longtemps qu’il ne le pensait. Lorsqu’il répond, sa voix se révèle bien plus fluette que ce que sa stature aurait pu laisser penser, perçante malgré les ans.

"Grand merci Messire pour votre hospitalité, que je partagerai avec grand plaisir. Il y a fort longtemps que je n’avais pu séjourner en Maucastel, et pour être honnête je n’avais eu l’honneur de partager la table de sa seigneurerie qu’en une seule occasion, à l’époque. Ce serait un grand honneur de pouvoir deviser avec vous Messire, mais je me dois d’être limpide, car je ne cherche point à vous tromper: si je vénère également un Être de Lumière, je ne partage pas votre Foi podeszwite. Les vitraux de cette chapelle sont inspirants, et j’ai été étonné d’y retrouver quelques éléments faisant écho à la religion  neir’a'than que j’ai embrassé depuis mon plus jeune âge, aussi me suis-je perdu dans leur contemplation."

Le seigneur des lieux bloque quelques instants, abasourdi par des propos qui relèveraient de l’hérétisme pur et simple en Osterlich, mais qui ici démontrent plutôt une ouverture d’esprit peu commune pour celui qui est un adepte des Anciens Dieux. Une occasion rêvée pour Donatien d’approfondir sans tabou sa connaissance plus que lacunaire de la culture locale, de la culture de ses sujets en somme. De comprendre ce que sont ces Dieux qu’ils vénèrent, et pour quelles raisons, en préambule de route présentation de l’Unique et de ses principes. Car si le noble souhaiterait a long terme voir plus de locaux embrasser la Foi en Podeszwa et Sa Lumière, il n’est tout simplement pas un missionnaire, et a bien conscience qu’il serait folie de forcer la conversion de tout un peuple, qu’il y ait un recours à la force ou non. Et il se rappelle encore les propos qu’a tenu en une occasion son vieux maître d’armes, ce brave Ecthelion, paix a son âme, qui à l’époque a toujours refusé de se convertir, s’attirant régulièrement des quolibets de la part des osterlichois, sans pour autant faire étalage de sa propre croyance au quotidien: "Tant qu’c’est Sa Lumière qui m’guide, et pas l’Ombre, qu'j’agis bien en mon âme et conscience, qu’est-ce ça peut vous fout’ ?" Un léger sourire s’étire alors sur le visage de Donatien, alors qu’il répond à son invité :

"Partageons donc le pain et le vin, et vous pourrez donc me parler de cette croyance locale au cours du repas, mon sieur...?

- Dromos, Messire. Dromos d’Ataxie"

Et les deux hommes se mettent en route vers le château.

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#4 2025-02-26 19:06:00

Donatien de La Nouë
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Re : Péripéties d'un Podeswite en terres okordiennes

Le repas partagé avec le vieil homme reste frugal, les réserves du domaine étant pour l’instant limitées. Néanmoins son hôte l’entame avec vigueur, témoignant de jours de disettes récents, alors qu’on leur apporte du vin dans le même temps. Peu de propos au départ, chacun s’attelant à se restaurer comme il se faut, mais Dromos a tout de même un hoquet de surprise en portant la coupe à sa bouche.


« Mais… ! C’est du… ?
- Oui mon brave, de l’Altevin. Ou tout du moins quelque chose s’en approchant. En revenant m’établir ici j’ai fait un crochet par les contreforts de la chaîne du Serpent, sur les Plaines de l’Alte. J’ai pu y récupérer quelques ceps de vigne qui vivotaient encore là-bas, pratiquement revenus à l’état sauvage. Les conserver en bon état le temps du voyage n’a pas été une mince affaire, mais ils ont finalement réussi à prendre racine correctement sur les collines proches de Merridion, où l’ensoleillement est un peu meilleur qu’en la Malnoue. Cette première cuvée est loin d’être exceptionnelle d’après les vieux vignerons pouvant encore se rappeler de la grande époque, mais je ne désespère pas pour les prochaines !

- Comme je vous comprends messire… »

Le vénérable originaire d’Ataxie contemple quelques instants encore le fond de sa coupe, comme englouti dans une vague de mélancolie. Dont l’en tire Donatien lorsqu’il se décide à reprendre la parole.

« Tantôt vous me parliez d’une religion locale, neir’a’san, c’est cela ?

- Neir’a’than, mon seigneur. Pour être tout à fait exact, s’il est bien implanté dans la région des Terres Kaljoran et des Maleterres, le culte de Seir’a’Neir fait partie des très anciens cultes, qu’on a tendance à appeler ici les Anciens Dieux, par opposition aux religions plus récemment implantées de Podeszwa et d’Yggnir. Non pas que ces religions soient plus récentes, bien sûr, mais elles ont mis du temps à prendre racine en Okord. Alors que l’Ancienne Foi y est présente depuis des ères et des ères, issue de la tradition orale initialement, de cultes locaux, peu à peu agrégée à mesure que des échanges ont eu lieu d’un bout à l’autre du pays. Certaines croyances ont alors fusionné, de par leur proximité l’on a pu se rendre compte qu’il s’agissait généralement d’une croyance transmise après immigration, dont le nom avait un peu changé avec le temps, mais aux principes très similaires. Comme par exemple Cerdo qui dans le nord-ouest avait été déformé en Kerdon, mais faisait référence au Bâtisseur dans les deux cas. »

Le jeune noble boit les paroles de son interlocuteur plus ancien, curieux de tout ce pan de culture appartenant à ses sujets et dont il n’est guère familier. Et si sa Foi n’en est absolument pas ébranlée, il ne peut s’empêcher à la colère qui empourprerait le visage du Gorny Radovitz s’il avait déjà rejoint son domaine, lui qui devait prendre la route quelques mois plus tard.


« Pour en revenir à Seir’a’Neir, il est présenté comme l’Ange Rédempteur, un Nephilim, être de Lumière qui présente également une part d’obscurité, soit parce qu’il a été déchu, soit par la Vengeance inexorable qu’il véhicule, et qui peut parfois se révéler aussi dévastatrice qu’implacable.
-    Intriguant… Et d’où viendrait ce culte de Seir’a’Neir, originellement ?

-    Et bien… De mémoire cela provenait du Nord-Est du pays. Il y a d’ailleurs à quelques jours de cheval un très vieux monument qui en témoigne, dans cette direction. Un Obélisque, usé par les ans, mais orné de nombreux bas-reliefs. »

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