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Altesse ,
je vous félicite pour votre accession au trône d'okord .
J'ai bien reçu la lettre au général Epivitoras que vous avez remise à la délégation . J'y vois , à tord ou à raison , une très nette inflexion de votre position par rapport aux évènements récents . Inflexion qui à moi me semble aller dans le bon sens , ou tout au moins dans un sens qui me convient beaucoup plus .
J'ai également pris note de vos premières déclarations en Salle du Trône en tant que roi . La aussi , ces déclarations me semblent prometteuses .
Ces deux faits me semblent essentiels et pourraient changer ma position jusque là très opposée à l'action gouvernementale que vous avez menée . Car moi aussi , ce n'est pas avec l'homme que j'ai un problème , c'est avec la politique qui a été menée dans le royaume . Si la politique change , je n'en demande pas plus . Le reste est secondaire .
Afin qu'il n'y ait aucun malentendu entre nous , je vous expose brièvement et sans concession mon analyse de la situation actuelle et de votre action passée , puis je vous expose ce que je pense faire au sein de la délégation .
A mes yeux , le bilan diplomatique de votre action est un désastre pour Okord . Vous avez gâché une chance historique pour Okord de s'allier avec une super puissance et au contraire vous nous l'avez sévèrement mise à dos . Cela pour quelques terres inutiles de plus que nous ne pourrons de toutes façons pas garder en vertu de la loi de préemption des terres vierges . Et malgré de multiples avertissements de plusieurs seigneurs . Vous avez amené Okord et tous les okordiens au bord du gouffre .
Vous avez également durablement salit la réputation d'Okord aux yeux du monde dans son ensemble . Elle n'était pas vraiment reluisante , mais il n'était tout de même pas souhaitable d'en rajouter une couche .
Enfin , en ne sanctionnant pas le seigneur Ulfarks qui agissait pour provoquer la guerre avec Déomul , vous avez nourrit des suspicions par rapport à vos intentions véritables , brisant la confiance avec certains seigneurs et provoquant la division entre les okordiens .
Voila pour le bilan actuel .
Maintenant la lettre remise à la délégation qui précise que vous condamnez l'action du seigneur Ulfarks dissipe déjà un des trois graves reproches que je faisais à votre action . Parfait ! Vos déclarations en Salle du Trône laisse aussi présager d'une inflexion positive à mes yeux de votre gouvernance .
Reste le fiasco diplomatique . "L'erreur est humaine , c'est la persévérance dans l'erreur qui est coupable" . Je suis évidemment prêt à vous reconnaitre le droit à l'erreur . Si vous assumez , et avez la volonté de réparer du moins mal possible ces erreurs , ce qui me semble être le cas , alors je suis prêt à participer à tenter d'arriver à ces objectifs .
Si je participe à cette délégation , je tiendrais les positions que je viens de vous décrire . Je ne cacherais pas mes désaccords avec ce qui a été fait par vous , mais je plaiderais votre volonté de réparer les erreurs . Au delà de votre personne , je plaiderais aussi et surtout pour le royaume , si cela est nécessaire , je plaiderais qu'il serait injuste que tous les okordiens souffrent pour les erreurs de quelques uns . Je ferais tout mon possible pour préserver le royaume , si cela vous préserve aussi ce n'en sera que mieux et je ferais mon possible dans ce but .
Voila comment je vois ma participation à cette délégation . Cela vous convient il ou pas ?
J'attend votre réponse et je vous salue .
Aguilar de Vivesource .
Dernière modification par Max (2024-12-13 23:27:48)
Hors ligne
Cher comte,
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Permettez-moi de commencer ma réponse par nos désaccords, qui sont moins nombreux que nos points d'entente et seront donc vite expédiés.
Prenez un petit hameau paisible, autrefois fort animé politiquement et prospère économiquement, est qui s'est inexorablement transformé en village anonyme ; le déclin inévitable qui frappe tout ce qui existe. Prenez ce hameau, donc, imaginez qu'il est peuplé d'une bonne centaine d'habitants. Avec l'écoulement du temps, le hameau s'est géographiquement rétréci - une partie de ces terres ont été récupérées par d'autres cités plus dynamiques - mais la démographie n'a pas diminué dans la même proportion. Elle s'est stabilisée.
Ce hameau semble paisible, en dépit d'incidents de voisinage qui surviennent épisodiquement. Episodiquement, dis-je ? En réalité, un observateur visé constate que ces incidents surviennent de plus en plus régulièrement. La faute à qui ? A personne. A quoi ? Au rétrécissement du hameau. Moins de terres, moins de prospérité économique, plus de frustration chez ses habitants.
Cette frustration croit insidieusement. Cette croissance n'est d'abord pas visible. Mais elle est bien là, et des différends d'ordre territorial éclatent de plus en plus souvent.
Prenez donc ce petit hameau plus si paisible, et placez à sa tête un notable okordien. Il cherche des solutions, et n'en voit que deux.
La première : constater qu'à ce stade, ces différends demeurent sous contrôle, et reporter aux calendes grecques le règlement de la situation. En d'autres termes, espérer qu'elle se règlera d'elle-même par l'action des Dieux ou l'écroulement surprise d'un cité voisine ; et prier que le climat de défiance et de tension ne dégénère pas en affrontements urbains qui feraient imploser le hameau.
La seconde : risquer cette paix de pure façade, cette tranquillité superficielle, et prendre des initiatives risquées visant à obtenir de nouvelles terres.
A la tête du Royaume d'Okord, le notable a choisi la seconde voie. Non pas pour le plaisir de la conquête, non pas pour le frisson de la guerre, mais par nécessité. Parce qu'il jugeait préférable de prendre le risque d'une guerre extérieure soumise aux lois du traité pour éviter une guerre civile - qui elle ne se soumet à rien ni personne, si ce n'est au déferlement insatiable de violences.
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Vous l'aurez donc compris : je persiste à considérer que notre action diplomatique était nécessaire et, même qu'elle a partiellement été couronnée de succès. Mais, tout comme vous, je cède à une erreur que ne manquerait pas de relever tout expert de l'Histoire politique : analyser les fruits d'une politique alors même que celle-ci se poursuit. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions.
Je fais toutefois observer que, jusqu'aux escarmouches frontalières menées par la maison Ulfarks, l'ensemble de notre stratégie s'était révélée gagnante. Nous avions préservé un statut quo avec les mercenaires du nord-ouest : ni alliance, ni guerre ouverte. Nous avions converti une guerre ouverte qui aurait été dangereuse en affrontements (presque) équilibrés avec Déomul. Nous nous apprêtions à échanger des ambassadeurs avec cette même puissance. Et nous avions conquis une quantité importante de nouvelles terres.
Nous étions donc loin du désastre que vous mentionnez.
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Ceci étant, ce désaccord sur le bilan ayant été évacué, je le concède : nous avons commis des erreurs.
La plus grande de toutes aura été le traitement de "l'incident frontalier Ulfarks". Nous savions que notre relation avec Déomul était encore fragile et, dès leur indignation exprimée, aurions dû condamner avec force ce qui s'était produit. C'est cet événement qui a agi comme un tournant regrettable.
Plus personnellement, j'ai mal appréhendé les attentes des Okordiens en termes de gouvernance. Il me semblait que le Royaume d'Okord supposait l'action d'hommes forts, aptes à prendre des initiatives - parfois impopulaires - pour l'intérêt d'Okord. J'ai donc régulièrement agi en privilégiant l'efficacité sur la concertation ; la réactivité sur la transparence ; la force du Royaume sur son union.
Il en est résulté incompréhensions, quiproquos et défiance. C'est ma responsabilité, bien davantage même que celle du Roi Denryl Altéria ; il s'est, lui, toujours efforcé de rechercher le consensus.
Cette période aura été source d'enseignements. L'Ordre du Lys Blanc, que j'ai l'honneur de diriger, se donne pour mission fondamentale de préserver l'équilibre des forces en Okord. Mon couronnement me donne les moyens de concrétiser cette grande ambition en dotant le Royaume d'institutions et de lois qui agiront en garde-fous pour prévenir ces différents écueils.
Naturellement, je ne légiférerai pas seul. Les propositions issues de mes réflexions seront partagées et validées par l'ensemble des Okordiens.
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Pour le reste, comte, considérez cette missive comme la validation totale et sans réserve de la démarche que vous proposez d'adopter en tant qu'ambassadeur. Je vous confie la direction de cette délégation - vous aurez donc la responsabilité de trancher les désaccords éventuels entre les ambassadeurs.
Défendez les intérêts du Royaume avec l'honneur et la loyauté qui vous caractérisent, mais sans naïveté. La puissance déomulienne n'est pas seulement militairement redoutable ; elle est politiquement géniale et n'est pas le pauvre orphelin lésé par les tyrans okordiens que décrivent certains. Je l'ai pu observer lors de mes différentes entrevues, et ai vite appris que les fiers Déomuliens respectaient davantage l'assertivité que la contrition.
Que l'Être suprême accompagne favorablement votre action.
Ferdinand
Dernière modification par Ferdinand (2024-12-13 21:47:02)
Ferdinand
Seigneur d'Autriche
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Altesse ,
nous voila d'accord sur l'essentiel ! C'est inattendu pour moi , je vous l'avoue et m'en réjouis .
Concernant le bilan , il est vrai que je n'ai parlé que du coté négatif , puisque ce sont ces points négatifs qui risquaient de poser problème . Il y a aussi du positif , je crois avoir eu l'occasion de vous le dire en privé , mais comptez sur moi pour dire publiquement à l'occasion le positif que j'attribue à votre action . Comme vous l'avez dit , nous aurons l'occasion de tirer toutes les conclusions quand la partie sera finie . Mais sachez que si je n'hésite pas à critiquer , je n'hésiterais pas non plus à dire ce qui m'a satisfait dans votre action afin d'équilibrer le bilan et par soucis de justice .
Mais au delà du bilan , permettez moi de me féliciter surtout de votre volonté de rectifier ce qui a pu déplaire , car cette volonté est essentielle et c'est elle qui est porteuse d'espoir et permettra tous les possibles en Okord .
Le fait que vous reconnaissiez des erreurs sur certains points dans la gestion des évènements me semble tout aussi essentielle . Cela donne à la délégation un argument à faire valoir auprès du général déomulien , car tout un chacun fait des erreurs . C'est une chose qu'il pourra peut être entendre . Sans cela , la délégation m'aurait semblée assez démunie en arguments . Nous réfléchirons bien sur avec les délégataires pour trouver d'autres arguments .
Comme je l'ai dit , je ne vous en demandais pas plus , et n'en demandais pas plus pour tenter d'aider la délégation à obtenir l'apaisement et l'indulgence de déomul . Je rejoins donc séant la délégation . Nous ferons tout notre possible pour le royaume .
Que les dieux préservent Okord . Je vous salue , messire .
Aguilar de Vivesource .
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