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Quelques années avant l’histoire qui sera contée, était né un différend entre deux barons : les barons Ferdinand d’Autriche et Denryl Altéria, deux nobles séparés par un fossé religieux et moral. Ces tensions furent exacerbées suite aux échanges houleux qui se déroulèrent au pavillon des Hautes-Futaies, lors des pour-parler concernant l’extension des seigneurs de l’Ouest et des vassaux de la princesse dans les terres centrales.
Le temps passa, le seigneur d’Autriche devint Comte, et celui de Cylariel devint Duc plusieurs lunaisons plus tard. C’est sous la forme de deux duels amicaux que les deux maisons décidèrent alors de s’affronter, pour laver les anciennes rancunes et se jauger l’une l’autre.
A des centaines de lieues de leur domaine, une armée aux couleurs azur entra sur le territoire d’Autriche. Leurs blasons étaient orné du Cygne, symbole de Cylariel. 725 hommes composaient la troupe : l’on pouvait compter 200 chevaliers, 200 archers, 155 arbalétriers, 110 cavaliers et quelques fantassins et lanciers. Et pour les mener, un chevalier en armure étincelante, cape blanche virevoltant au vent, chevauchant un cheval à la robe immaculée.
Sous le regard parfois effrayé, souvent curieux des petites gens, ils arrivèrent bientôt en Austerlitz, où on les fit traverser le Freux. Ils marchèrent jusqu’aux abords de Budapest, lieu du premier duel, et installèrent leur camp.
Avant le lever du jour, les troupes des deux maisons se déployèrent devant la cité d’Autriche.
***
Denryl stabilisa son cheval, devant les soldat alignés dans une discipline stricte. Ils avaient marché des jours durant pour ce combat, mais avaient eu le temps de se reposer. Ce n’était pas la fatigue qui se lisait dans leurs yeux, mais la détermination et la volonté de mener ce combat à bien.
Guerriers de Cylariel ! Jusqu’ici, nous avons nettoyé les terres d’Okord des félons qui les peuplaient ! Mais aujourd’hui, c’est un noble que nous affrontons ! Aujourd’hui, nous prouvons notre valeur dans un duel avec l’Autriche !
L’aube pointait, et le avec elle le soleil qui illuminait la prairie et faisait briller les armures des soldats autrichiens, massés en bas des murs de Budapest. Les cors sonnèrent, annonçant le début de la joute.
Pour Cylariel, et pour Yggnir !
POUR CYLARIEL ET POUR YGGNIR !
Des deux côtés et sous le regard de leurs seigneurs qui supervisaient la bataille, plusieurs petits détachements de cavaliers s’élancèrent sur la plaine, et s’écrasèrent les uns sur les autres. La mêlée fut brève, et seuls quelques chevaliers autrichiens en sortirent vivants.
Mais les cavaliers avaient fait leur œuvre : archers et arbalétriers des Altéria s’étaient déployés et commençaient à avancer. Les troupes combattirent de longues minutes sous un déluge incessant de flèches, les deux côtés payant par le sang chaque parcelle de terrain gagnée.
Bientôt, le terrain fut jonché de corps criblés de flèches ou d’hommes tombés dans de sanglantes mais brèves mêlées. La bataille dura ainsi plusieurs heures durant, aucun camp ne semblant prendre l’avantage.
Seigneur, il ne reste plus longtemps avant le coucher du soleil, dois-je donner l’ordre de la charge ?
Les autrichiens sont résilients. Mais il nous faut faire preuve de patience. Pas encore… pas encore…
Jusqu’au moment fatidique : les rangs des autrichiens s’étaient clairsemé, la plupart de leurs hommes encore retranchés en garnison. Il était temps. Le regard de Denryl s’illumina.
A toutes les unités, chargez !
L’intégralité des troupes des Altéria s’élancèrent à l’assaut sous le tonitruant fracas des chevaux de guerre, leur commandant à la tête de 100 chevaliers. Les troupes ennemies encore présente sur la plaine furent balayées. L’unité d’archers menée par le Compte Ferdinand tira sur l’avant-garde, et plusieurs chevaliers s’écroulèrent. Ce ne fut pas suffisant : les survivant arrivèrent au contact, balayant une cinquantaine d’archers et capturant le Comte.
La troupe principale de chevaliers arriva elle aussi au contact, ralentie par les ennemis qui remplaçaient systématiquement leur compagnons tombés au combat. Denryl combattait comme un lion, teintant du rouge de ses adversaires la robe de son cheval et de sa cape.
Courage, mes fidèles ! Les portes de la ville sont à portée de main !
Mais celles-ci étaient lourdement défendues : l’intégralité des arbalétriers venaient de s’y replier pour fortifier leur position, appuyés par un mur de lances. Alors que les chevaliers continuaient à se frayer un passage jusqu’aux portes, un déluge de flèches commença à s’abattre sur la garnison, arrachant à chaque volée la vie et les cris de douleurs des arbalétriers, qui tenaient bons grâce à leur pavois et leur détermination.
Les chevaliers ennemis sortirent, chargeant en direction du premier groupe d’archers. Alors que le jour commençait à décliner, le temps manquait : Denryl fit donc un choix drastique, celui de continuer la charge sur la garnison.
Les chevaliers s’écrasèrent sur le mur de lanciers. Les chevaliers survivants commencèrent à pourfendre les arbalétriers retranchés sous leur pavois, la plupart déjà décimés sous les traits des Massoaliens. Traits qui se raréfiaient : les chevaliers ennemis continuaient leur avancée à travers les rangs d’archers et d’arbalétriers, chargeant même si leurs rangs se clairsemaient.
Sortant de la mêlée, le Duc poussa son cheval jusqu’à ses archers et arbalétriers.
NE VOUS PRÉOCCUPEZ PAS DE LEUR CAVALERIE, FEU SUR LA GARNISON !
Une soixantaine, une trentaine… les dernières troupes défendant l’entrée de la citée tombaient les unes après les autres… tout comme les rangs des archers de Cylariel. Les chevaliers ennemis décimèrent un nouveau groupe d’archers. Le dénouement était proche ! La garnison allait-elle tomber avant ses hommes ?
Soudain, les cors sonnèrent. Le crépuscule était sur eux, la bataille finie. Denryl jeta un œil à la cité, où deux dizaines d’arbalétriers tenaient encore debout. Une défaite sur le fil, mais une brillante bataille, pensa t’il. Il avait mal jugé son adversaire, qui s’était brillement défendu.
Lien de la bataille :
https://www.okord.com/ranking.html#b=5B … A2441A&t=0
Maison Altéria, Dames et Seigneurs de Cylariel et de Massoala
Hors ligne
En apparence, l’homme qui trônait en bout de table était parfaitement maître de lui-même ; comme la réalité était différente ! Ferdinand était tout bonnement indigné par l’arrogance insupportable, voire l’insubordination caractérisée des cinq conseillers qui composaient le Grand Conseil autrichien. Héritage de l’organisation tribale ancienne de la maison d’Autriche – qui, avant d’embrasser la sédentarisation, était un amas de clans guerriers -, cette assemblée réunissait les chefs des plus grandes familles autrichiennes, qui pour la plupart d’entre elles descendaient plus ou moins des ancêtres de l’Austria ; c’était en tout cas le récit que les grands cadres des tribus ancestrales avaient décidé de construire afin de justifier et de consolider une forme de hiérarchie.
Quand bien même la réalité de leurs origines historiques ne pouvait être établie avec certitude, celle de leur pouvoir politique et militaire n’était pas contestable. Soit qu’ils étaient reconnus pour leur talent guerrier, soit que leur prospérité économique portait celle d’Autriche, ces cinq chefs étaient des relais indispensables du maître autrichien. Le père de Ferdinand avait su, par son habilité politique, entretenir leurs divisions et se positionner en arbitre, au-dessus de la mêlée politique – à tel point que sa décision de désigner son fils comme successeur naturel ne fut pas mise en cause par les clans à sa mort.
Mais cela ne signifiait pas pour autant que Ferdinand pouvait gouverner en chef absolu en se reposant sur l’héritage paternel. Sa jeunesse d’abord, les ambitions des clans ensuite, et les vues pour le moins réformistes de Ferdinand enfin (et surtout) attisaient les oppositions et risquaient de fragiliser sa position.
« Seigneur Ferdinand, ne renions pas ce qui fait la constitution même d’un Autrichien : la guerre ! N’oubliez pas le cœur même de notre identité ! Le duc Altéria vous avait insulté en pendant vos espions ; déclarez-lui la guerre et anéantissez ses cités ! Douteriez-vous de vos clans ? »
Cette derrière interrogation avait été proférée sur un ton particulièrement suggestif, que Ferdinand ne pouvait ignorer. Il leva la main afin d’obtenir le silence et, délibérément, le prolongea de longues secondes.
« Les clans ont toute ma confiance. Si tel n’était pas le cas, leurs représentants n’auraient pas été investis des responsabilités importantes qui sont les leurs à la tête de mes légions. Les Autrichiens sont des seigneurs de guerre, mais non pas des bêtes assoiffées de sang. Je ne serai pas le chef d’une maison qui initie un conflit ouvert pour des futilités ; dois-je vous rappeler ce qu’il nous a fallu traverser ces dernières décennies pour conquérir l’admission de l’Autriche dans le concert des nobles du Royaume ? Dois-je vous rappeler les efforts que nos pères et leurs pères ont déployé pour bâtir la crédibilité qu’à peine nous touchons du doigt aujourd’hui ? »
Ferdinand s’interrompit afin de lire sur les visages qui l’entouraient les signes annonciateurs de trahisons futures ; puis il reprit avec le regard enflammé du chef conscient de sa force de caractère.
« Sous mon commandement, l’Autriche deviendra une puissance militaire majeure en Okord, je vous le garantis ; mais elle placera son influence au service de la destinée du Royaume, Royaume que nous avons déjà trahi, une fois dans notre Histoire – soyons désormais à la hauteur, il en va de notre survie. »
Conscient que ces grandes proclamations idéalistes laisseraient de marbre ses interlocuteurs, qui raisonnaient exclusivement en termes de gains politiques personnels et se souciaient peu de la destinée du Royaume, il ajouta sur un ton qu’il espérait entraînant :
« Imaginez quels bénéfices vos clans tireraient d’une ascension politique de l’Autriche en Okord ! Quelle sera votre destinée : mener des clans méprisés voire, pire, ignorés de tous ; ou conduire des clans qui conduiront la politique d’un Royaume ? »
***
Le comte d’Autriche avait pu calmer les ardeurs bellicistes du Grand Conseil en acceptant les joutes d’entraînement proposées par le duc Denryl Altéria. Mais il ne le devait pas qu’à son pouvoir de persuasion ; certains des clans voyaient là l’occasion idéale d’éprouver les talents de stratège militaire de leur jeune chef suprême. Ferdinand ne pouvait ignorer l’épée de Damoclès dont il sentait peser le poids écrasant et potentiellement mortel ; une défaite face au duc déclencherait certainement des troubles, et ce qui n’est qu’un simple entraînement pourrait légitimer les oppositions croissantes du Grand Conseil.
La préparation des joutes prit donc une importance toute singulière dans ce contexte des plus sensibles. Entouré et conseillé des chefs des deux clans « loyalistes », il choisit pour la légion autrichienne réduite une composition équilibrée : soutenus par un nombre important de robustes arbalétriers, les traditionnels bataillons de chevaliers mèneraient les offensives autrichiennes tandis que des lanciers nombreux tiendraient à distance la cavalerie ennemie.
La première phase de ce duel, qui avait donc pris une tournure étonnamment importante, se déroulait en terres autrichiennes, à Budapest. Les troupes de la maison Altéria furent accueillies par d’importantes démonstrations d’enthousiasme ; le peuple de la modeste cité se réjouissait par avance de ces combats, qui les ramenaient à leurs racines guerrières.
Cette légèreté contrastait avec la pression écrasante qui avait enveloppé le seigneur Ferdinand au petit matin ; lui qui habituellement était si à l’aise sur les champs de bataille se sentait dévoré par les enjeux. Au-delà de sa légitimité personnelle, il s’inquiétait sincèrement – avec la naïveté des idéalistes qui vouent leur vie et leur œuvre à des causes supérieures – du sort que connaîtrait sa maison, dans l’hypothèse où il serait renversé par ceux, au sein de son Conseil, qu'il méprisait et considérait comme des idiots sanguinaires.
Il vomit à deux reprises.
***
Positionné sur le campement de commandement, Ferdinand suivait le déroulement de la bataille et transmettait ses ordres aux responsables des différents bataillons. Dès le début de la bataille, le duc déclencha une première offensive en faisant avancer une ligne particulièrement large, ce qui fit d’abord grimacer le seigneur de guerre autrichien ; il était classiquement plutôt partisan de lignes très resserrées, comptant un maximum de quatre bataillons. Hésitant un instant, il se décida finalement à constituer une ligne de défense d’une largeur égale, ce qui permettrait d’assurer au moins partiellement la couverture des ailes mais réduisait la densité des troupes positionnées au centre de la ligne.
« Seigneur Ferdinand, devons-nous préparer la contre-attaque et envoyer dès à présent des bataillons supplémentaires ? »
L’Autrichien avait en effet, comme à son habitude, choisi d’envoyer sur le champ de bataille les troupes strictement nécessaires à la défense de sa portion de terrain. Sa stratégie reposait classiquement sur l’utilisation de bataillons réduits, et cela le plus longtemps possible ; cette doctrine résolument défensive lui permettait de préserver ses troupes les plus offensives et de les envoyer en contre-attaque lorsque l’ennemi se trouvait affaibli par ses vaines tentatives de percer la redoutable défense autrichienne.
Cela avait permis aux légions autrichiennes d’acquérir une solidité défensive étonnante, capable même de repousser les redoutables offensives du Chasseur de la Princesse Von Festung lors d’un précédent exercice militaire.
Il fixa un court instant les impressionnantes lignes d’archers ennemis, avant de répondre par la négative.
« Non, il est encore trop tôt. Maintenez notre ligne défensive. Je répète : maintenez notre ligne de défense. »
Cet entêtement défensif tint d’abord ses promesses ; à la 8ème heure de bataille, la première vague d’offensives ennemies avait été repoussée avec succès et sans pertes significatives. Ferdinand avait toutefois conscience que la bataille n’en était qu’à ses prémisses, et qu’il serait imprudent de maintenir davantage en l’état la ligne défensive autrichienne. Il envisagea un instant le déclenchement d’une offensive majeure qui serait portée par ses chevaliers, demeurés pour l’essentiel en retrait du champ de bataille ; mais les cent-cinquante archers du duc l’incitèrent à temporiser davantage, et il préféra déclencher l’envoi continu en attaque de petits bataillons ayant pour mission de mettre les troupes ennemies sous une pression constate, quoique modérée.
Cette stratégie de harcèlement, caractéristique de la doctrine militaire autrichienne, parut porter ses fruits ; pendant quelques heures, le duc sembla gêné dans ses offensives et la légion autrichienne reprenait le contrôle du terrain.
« Seigneur Ferdinand ! L’ennemi tente une percée !!! »
Effaré par sa propre imprudence, le comte constata en effet que la défense autrichienne s’était insidieusement dégarnie au cours des deux heures précédentes, ce que le duc ne manqua pas de noter. Il avait retenu trop longtemps les offensives de ses chevaliers, qui n’avaient toujours pas rejoint la bataille.
« Nous perdrons ou gagnerons sur l’issue de cette attaque. »
Sur ces mots, prononcés sur un ton de sentence irrévocable, il rejoignit en personne la bataille et se mêla à ses archers afin de pouvoir transmettre directement ses instructions. Mais ces tireurs furent balayés par une percée de chevaliers et la situation devint incontestablement dramatique ; les redoutables archers du duc étaient désormais en position de cribler le campement de commandement et une centaine de chevaliers se ruaient sur ce même campement en balayant tout sur leur passage.
Un nuage de poussière provoqué par l’agitation des chevaux et la course paniquée de l’infanterie autrichienne entoura Ferdinand, masqua sa vision et sembla l’envelopper, l’avaler, le submerger.
« C’est tout ? Est-ce réellement ainsi, et si tôt, que doit s’achever mon œuvre ? Par une défaite qui me perdra aux yeux des miens ? »
Ces mots jetés dans le vide, Ferdinand retrouva la vue ainsi qu’une certaine acuité d’esprit. Ultimes instructions d’un général qui jouait son destin, il ordonna aux chevaliers autrichiens de rejoindre la bataille et, à la surprise générale, choisit de les envoyer sur les archers de l’ennemi plutôt que sur ses chevaliers. Dans le même temps, il confia la défense du campement à une soixantaine de lanciers autrichiens.
L’anéantissement des archers et chevaliers du duc, conjugué à l’effort défensif héroïque des arbalétriers et lanciers autrichiens, permirent de repousser l’ultime offensive de Cylariel. L’Autriche remporta la victoire.
***
Le comte sentait les regards tantôt dubitatifs, tantôt inquiets que lui jetaient à la dérobée ses lieutenants. La phase retour du duel qui l’opposait à Cylariel était bien mal engagée, et le chef autrichien avait déjà commis plusieurs erreurs qui l’étonnaient lui-même.
« Continuez de faire progresser notre campement, nous ne devons pas reculer. »
Pour cette bataille, Ferdinand avait fait le choix de bouleverser sa philosophie habituelle et de surprendre l’adversaire avec une composition d’armée résolument offensive. Ce changement d’orientation n’était pas uniquement tactique ; sa première victoire lui permettait d’aborder cette dernière bataille avec davantage de sérénité et de faire l’expérience de stratégies différentes, qui viendraient à terme enrichir la doctrine militaire autrichienne.
Force était toutefois de constater que le jeune comte avait été particulièrement maladroit sur les premières heures de la bataille, protégeant insuffisamment l’un de ses bataillons d’archers des cavaliers ennemis, et négligeant trop longtemps un petit groupe de chevaliers ennemis qui, du fait de cet atermoiement, compliquait désormais le déplacement offensif des troupes autrichiennes.
« Maintenant ! Déclenchez l’offensive ! »
Sur ce signal donné par Ferdinand, deux bataillons imposants de chevaliers et arbalétriers autrichiens commencèrent à progresser vers l’objectif ennemi. Les arbalétriers étaient désormais en position d’anéantir une cinquantaine d’archers qui étaient à portée, ce qui permettrait de faciliter la marche des chevaliers.
Mais le chef de la maison d’Autriche décida soudainement de tenter un pari risqué, qui pourrait renverser le cours de la bataille. Anticipant que le duc ferait déplacer ses chevaliers au contact des arbalétriers afin de les éliminer, il renonça à l’évidence d’un tir sur les archers et ordonna à ses deux bataillons offensifs (les chevaliers et les arbalétriers) d’inverser leur position, ce qui pourrait permettre d’éliminer l’ensemble des chevaliers ennemis.
« Non, retenez vos tirs ! Ne tirez pas ! »
Les arbalétriers, qui avaient déjà armé leurs carreaux, firent volte-face et obéirent avec discipline à cette instruction.
Cette tentative de renverser la bataille s’avéra vaine ; le duc ordonna les déplacements qui avaient semblé trop évidents à Ferdinand, et le pari risqué du général en chef autrichien ne s’était, cette fois, pas révélé payant. Faisant le constat que cette manœuvre avortée avait condamné la puissance offensive de l’armée autrichienne, il fit porter au duc Denryl une courte missive actant la victoire de Cylariel sur cette phase retour.
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Avant de perdre de vue Canalea, Ferdinand se retourna une dernière fois vers la belle cité portuaire de Cylariel.
Contre toute attente, il avait le cœur léger et l’âme en paix ; cette défaite serait naturellement instrumentalisée par le Grand Conseil autrichien (probablement sans dégénérer en contestation sérieuse, grâce à la victoire obtenue sur la première phase) mais ce revers s’était révélé pour lui une grande leçon d’humilité sur le chemin, ô combien long, qu’il lui faudrait parcourir pour être tout à fait digne de la grandeur autrichienne.
Surtout, ce duel avait offert au comte la rare opportunité d’une belle rencontre. A cette pensée, il eut un sourire et prit le chemin de Vienne.
Dernière modification par Ferdinand (2024-10-03 23:18:09)
Ferdinand
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