Forum d'Okord

Galahad

Un viking au pays des saxons...

Plus le temps avançait et plus les souvenirs d’enfance de Galahad se faisaient prégnants. Il revoyait les têtes des Drakkars, la maison de son clan, les entraînements, la rigueur de l’hiver et des rivières gelées. Autant d’images et d’impressions gravées dans sa mémoire et qui revenaient sans cesse peupler ses nuits.

Celui qui avait été roi d’Okord quelques jours n’avait pas toujours vécu sous ces latitudes Il était né bien au nord, bien loin d’Okord, au sein d’une des tribus vikings les plus éloignées du trône. Un clan périphérique dans un coin perdu où les hivers étaient rudes et les étés remplis du dur labeur des moissons.

Puis, un jour de son 6ème hiver, son clan était parti en expédition piller les côtes de riches contrées lointaines. Il avait pour la première fois entendu le mot Okord et se souvenait d’avoir assisté à sa première cérémonie du départ des drakkars. Il les avait observé longtemps, petits carrés de couleurs insignifiants au milieu d’un océan bleuté, jusqu’à ce qu’ils disparaissent à l’horizon et était revenu chaque jour jusqu’à leur retour qu’il avait été le premier à voir.

Depuis lors, il n’aimait rien de plus que de se pelotonner discrètement au coin du feu en entendant les hommes raconter leurs exploits, les combats, les voyages, les richesses des terres du sud, l’aventure ! Les skaldes s’en emparaient alors et les transformaient en d’épiques récits mi racontés mi chantés qui captivaient leurs audiences quand les hommes étaient au loin.

Chaque année, le même rituel se déroulait pour le jeune Galahad qui suivait les drakkars se perdre dans l’horizon et revenir. Dès qu’il fut en âge de parler, un peu avant la saison des grandes explorations, il priait chaque jour son père pour qu’il l’emmène avec lui.

Il lui répondait inlassablement avec une patience jamais émoussée. Pas avant ton 14ème hiver mon fils !

Mais j’en ai déjà 10 mon père et personne ne peut me battre à l’épée dans le clan ! Même pas Svenssön qui part avec vous cette année pour sa première traversée ! Père !

Mais le valeureux Gunnar lui ébouriffait les cheveux en souriant, le retournait d’un coup de son énorme main posée sur son crâne et l’envoyait valser d’un coup de pied au postérieur.

Pas avant ton 14ème hiver mon fils !

Et il partait dans un grand éclat de rire tonitruant.

Alors cette année-là, année de ses 10 hivers, la veille de la cérémonie, le jeune Galahad était sorti la nuit, avait pris un bouquet de harengs salés et sa gourde, son couteau d’os de narval et avait traversé le village endormi pour rejoindre le port. Il avait évité les sentinelles et s’était glissé telle un ombre dans le drakkar de son père.

Sous l’épaisse toile de cuir qui couvraient les victuailles nécessaires pour la traversée, il s’était enfoncé profondément, entre tonneaux d’eau, de harengs fumés, de gravelax et autres poissons et viandes séchées. Bien en fond de cale, il avait construit son petit nid qui lui permettrait de rester caché plusieurs jours et de n’en sortir qu’une fois suffisamment de temps passé pour rendre impossible tout volte-face. Son père serait alors bien obligé de le prendre avec lui.

Après de nombreux jours et nuits de pleine mer, ballotté dans tous les sens, le jeune Galahad s’était convaincu que le lendemain serait le bon jour pour enfin sortir de sa tanière.

Malheureusement pour lui, il n’en eut pas le temps. La mer était capricieuse cette nuit-là, et le drakkar s’abîma sur un récif le long des côtes de Saxe. Le jeune Galahad se réveilla sous le choc et au son que fit la coque en se brisant.

L’eau s’engouffra dans le navire qui se disloqua rapidement avant de sombrer. Le jeune garçon s’accrocha alors désespérément à une caisse qui flottait à côté de lui et pria Njörd de l‘épargner. Il fut exaucé et la mer le rejeta, vivant, sur une plage non loin d’une haute forteresse. Des pêcheurs le trouvèrent à l’aube et transportèrent immédiatement le corps inerte du jeune garçon au fort du seigneur Harald.

Lorsqu’il se réveilla, le visage d’une jeune ollam le regardait en souriant.

Lorsqu’ils se rendirent compte qu’il était un fier guerrier du Nord, on demanda au seigneur Harald de s’en séparer et d’envoyer ce fils de barbare dans les mines de sel...

Dernière modification par vstev (2021-11-18 22:45:45)

Galahad

Re : Un viking au pays des saxons...

Galahad ne comprenait rien à ce que les seigneurs se disaient, mais il percevait la haine de ceux qui lui voulaient du mal et étrangement, une certaine bienveillance de celui qui était assis sur la grande chaise au centre de l’estrade. Le chef, sans aucun doute.

Ce n’est qu’un enfant ui souffla sa femme à l’oreille tandis que certains trouvaient visiblement qu’on était trop cléments en proposant les mines de sels.

Barbare un jour, barbare toujours ! Si on le laisse vivre, il viendra de nuit nous égorger et violer nos filles ! Tuons-le plutôt ! disait l’un.
Pendons-le! Ca fera un exemple ! disait son voisin.
Un jeune un peu écervelé commença une chansonnette
Et on lui pèlera le jonc. Comme au bailli de Camorrie… Qu'on a pendu un beau matin. Qu'on a pendu… avec ses tripes ! ce qui provoqua les rires gras de certains de ses amis.

Harald leva la main et tous se turent. Galahad admira l'autorité naturelle qui émanait de cet homme qui avait en un geste fait taire toute l'assemblée.

Nous ne sommes pas des barbares! Ce garçon sera élevé ici au château. Brandan mon métayer a perdu son fils et sa femme l’année passée, il l’élèvera. A côté de cela, il recevra un enseignement militaire, comme tous les enfants de mes vassaux qui me sont confiés. puis, après une pause J’ai dit !

Il a dit ! Répétèrent à l'unisson l'ensemble des membres de l’assemblée.

Devant les mines déconfites de certains, il poursuivit. Vous verrez qu’un barbare peut devenir l’un des nôtres ! Ce sera la meilleure des leçons.

Et la session fut levée.

Galahad n’avait pas conscience de ce qui s’était passé mais un homme posa sa main sur son épaule et lui fit signe de le suivre, ce qu’il fit. Ils sortirent de la grande salle pour aller dans une petite maison, aux pieds du château. Là, l’homme lui indiqua une couchette et l’enfant, épuisé, s’endormit dans la seconde.

Dès le lendemain matin, un autre jeune garçon passa le prendre et l’homme qui l’hébergea lui fit signe de le suivre.. Lancelot était à peine plus âgé et l’emmena vers une salle où ils prirent le déjeuner avec beaucoup d’autres enfants et adolescents. Galahad l’avait suivi sans une parole, et Lancelot ne lui parla pas plus, lui lançant de temps en temps un regard discret, comme pour le jauger.

Une cloche sonna et Galahad suivit le flot des enfants qui se dirigeaient vers une autre salle où un homme assez âgé –il apprendrait plus tard qu’il s’agissait d’un ollam- leur donna une leçon dont Galahad ne comprit pas un traître mot mais qu’il écouta sans broncher, attentif et emmagasinant les mots et les sons comme une éponge. Les autres enfants le regardaient d’un regard suspicieux, méfiant, voire hostile pour la plupart. Seule une jeune fille blonde semblait le regarder comme elle regardait les autres. Vivianne était la fille du Grand Ollam de l’île d’Avalon et deviendrait pas la suite l’une des meilleures amies du jeune viking.

Peu avant midi, la même cloche sonna et les enfants repartirent vers le réfectoire où un repas chaud les attendait. Cette fois, Galahad était assis entre Gauvain et Ban de Bénoïc. Il ne disait toujours rien mais écoutait les conversations, n’osant pas encore croiser les regards des autres mais notant et associant tous les noms, voix et visages de ceux qu'il croisait.

Une fois le repas terminé, ils se dirigèrent en groupe vers la cour arrière du château où les attendaient l’entraînement martial, dirigé par un homme rustre du nom de Uther. Les enfants apprenaient à manier les armes et pour une fois, Galahad n’eut pas besoin de mots pour participer pleinement aux exercices.

Dernière modification par vstev (2021-11-20 22:06:26)

Galahad

Re : Un viking au pays des saxons...

Les mois passèrent, plus les années et enfin les ères. Au chateau du Baron Harald, la vie était paisible. certes, il y avait des conflits, et même des guerres de temps en temps, mais l'essentiel de l'année était consacrée à l'étude et l'art militaire. Un vassal à remettre à sa place, un seigneur voisin qui pensait pouvoir annexer une ferme ou un moulin, un ost convoqué par le suzerain, autant de possibilités pour le groupe de jeunes pages devenus chevaliers d'apprendre, de progresser de vivre des aventures dignes de leurs aînés, mais aussi et surtout de faire groupe. Harald insistait énormément sur cet aspect et leur avait enseigné la solidarité, l'entraide et l'amitié comme valeurs cardinales qu'ils se devaient de respecter et de faire respecter.

Galahad avait lié amitié avec tous les autres membres de la maison mais s'était particulièrement bien entendu avec Lancelot et Perceval, qu'il considéraient maintenant comme ses frères jumeaux. On les voyait toujours ensemble, toujours prêts à se lancer dans l'aventure ou de préparer les 400 coups.

Les enseignements des ollams leur avaient donné une culture commune, mais ils brassaient également entre eux tout le bagage qui venait de leur propre maisons avant de se retrouver chez Harald, certains pour sceller des amitiés, d'autres comme otages pour tenir en laisse certains vassaux récalcitrants, et enfin certains comme Galahad, orphelins des leurs. Il n'y avait pas de statuts différencié entre eux et seul le mérite les distinguaient els uns des autres. L'émulsion qui était créée par une saine compétition liée à un sens profoind de loyauté et d'amitié avait généré entre eux un lien puissant et indéfectible qui leur donneraient une force et une cohésion sans faille lorsqu'ils se retrouveraient face à l'imprévu ou à un ennemi commun...

Dernière modification par vstev (2022-01-01 13:17:24)