Vous n'êtes pas identifié(e).
Pages : 1
Première partie : le maître et l'élève.
Le soleil était déjà haut dans le ciel azur. La température était idéale et une légère brise venait rafraichir le corps en sudation par les efforts fournis. Depuis plus d’une heure, il s’entrainait avec son maitre d’arme. Malgré son âge avancé, maître Katsunori donnait du fil à retordre aux plus jeunes comme aux moins jeunes de ses protégés. Cela faisait, maintenant, plus de 30 années qu’il enseignait les arts martiaux, le maniement des armes, la stratégie militaire et la discipline à des élèves triés sur le volet par ses soins. Soldat émérite, artiste de talent, philosophe réputé et grand utilisateur de phrases laconiques, le seigneur Nishimura voyait en cet homme un père de substitution.
Prenant une pose amplement méritée, le maitre de Kageshima s’assit sur le rebord de la terrasse et demanda à l’un de ses serviteurs de lui apporter de quoi s’hydrater. Le jeune homme s’exécuta et revint quelques instants plus tard avec un seau d’eau rempli à ras bord. Le seigneur Nishimura remercia son serviteur puis aspergea tout son corps avec l’eau fraiche qu’on lui avait apportée. Cette scène n’échappa pas au vénérable maître d’arme qui s’approcha de son élève.
- Déjà fatigué ? Questionna maitre Kawada.
- Je dois bien l’avouer, maître. J’ai perdu l’habitude de nos séances d’entrainements intensives, avoua le seigneur Nishimura.
- Et pour cause ! Vous avez, trop longtemps négligé vos efforts. La paix régnant sur Kageshima ne doit pas être un prétexte pour rester inactif et baisser sa garde. Jeune homme, si vous voulez maintenir la paix sur vos terres, maintenez-vous prêt pour un conflit.
- Je vais redoubler de rigueur, maître. Promit Asahi tout en se massant les épaules.
- A la bonne heure !
Les deux hommes éclatèrent de rire. C’était un moment comme suspendu dans le temps. Un instant où le poids des responsabilités du quotidien faisaient place à la douceur de vivre et à la sérénité. Des moments rares pour le seigneur de Kageshima.
- Il est bon de relâcher la pression, admit le seigneur Asahi.
- En effet, approuva le maître d’arme.
Le chef du clan Nishimura afficha un aire sombre.
- Le royaume est plus divisé que jamais, déclara-t-il. Et me voilà, moi, jeune baron, investis de la lourde charge de la justice royale. Un poste ô combien prestigieux, mais qui s’accompagne de grandes responsabilités.
Le maître d’arme s’assit à coté de son jeune élève en silence et l’écouta attentivement.
- Le Roy a placé toute sa confiance en moi et en mes capacités. Mais, suis-je réellement digne d’un tel honneur ? Et puis, serais-je capable de m’acquitter correctement des lourdes tâches qui me seront dévolues ?
Maître Katsunori se leva. Il prit l’un des bâtons d’entrainement qui trainait sur la terrasse et l’abattit promptement sur le haut du crâne de son disciple.
- Aïe ! cria le seigneur Asahi et se tenant la tête des deux mains. Mais pourquoi avez-vous fait cela, maître ?
- Pour vous remettre sur la bonne voie, répondit-t-il en reposant le bâton. Vous avez été choisis par le Roy pour d’excellentes raisons. Vous êtes la personne en qui il a confiance. De plus, il a vu en vous ce que votre peuple et moi-même avons vu.
- C’est-à-dire ?
- Un homme juste, honorable et dévoué. Une denrée rare en ces temps troublés. Quant à vos aptitudes, souvenez-vous que vous avez été mon élève. Je vous ai préparé pour l’avenir et vous allez le forger avec, bien entendu des réussites mais également des échecs. Et de vos échecs, vous tirerez des enseignements qui vous feront évoluer.
Touché par les propos de son vénérable maître, le jeune seigneur Asahi repris un élan de positivité et esquissa un léger sourire.
- Merci pour ces perles de sagesse, maître … Mais le coup de bâton était-il nécessaire ? Je suis votre seigneur, après tout.
- Il n’y a rien de mieux qu’un bon coup sur la tête pour vous remettre les idées en place, répliqua maître Katsunori affichant un petit air espiègle. Et tout seigneur que vous êtes, vous demeurer mon étudiant. De plus, mon enseignement, aussi rude soit-il, a bien porté ses fruits en ce qui vous concerne.
Les deux amis rirent de plus belle. Ils furent interrompus par un serviteur qui fit son entrée.
- Mon seigneur, dit le serviteur haletant. Les chefs des clans sont arrivés au domaine. Ils vous attendent dans la salle du conseil.
- Fort bien, répondit le seigneur Asahi en reprenant son sérieux. Maintenant pars et va leur signifier mon arrivée imminente.
- Oui, mon seigneur !
Le serviteur s’exécuta et partit en trombe vers la salle du conseil.
- Le devoir m’appelle, lança Asahi. Les chefs des clans sont là pour parler des récents évènements concernant le Cydon. Beaucoup d’entres eux veulent que je prenne les armes et combatte les ennemis du Royaume en marchant sur l’une de leur cité. Cependant, je ne suis pas de cet avis.
Le maître d’arme ne répondit rien et préféra laisser parler son jeune seigneur.
- Je pense que nous pouvons utiliser autre chose que les armes pour aboutir à des avancées notables. Les tensions sont palpables depuis le siège de la cité sainte d’Uberkhan. Il est temps d’opérer une désescalade des conflits et d’ouvrir le dialogue.
Le seigneur de Kageshima se leva et s’inclina respectueusement devant son professeur.
- Merci pour votre enseignement, maître. Je vous prie de m’excuser mais ...
- Vous avez fort à faire, coupa maître Katsunori. Très bien, je vous libère de notre petite séance d’entrainement.
- Merci, maître.
Dès que son élève fut parti, maître Katsunori poussa un soupir et porta son regard vers le ciel. Des nuages menaçants venaient de faire irruption dans le ciel. Était-ce là un signe de mauvais présage ?
Dernière modification par Clan Nishimura (2020-11-13 10:55:32)
Deuxième partie : le conseil des clans
La salle du conseil accueillait en ce jour estival les principaux chefs de clans des cités unies. Arrivé le premier, le vénérable chef du clan Murakami s’était installé à la droite de la place principale occupée par le chef des chefs, le seigneur Nishimura. La soixantaine bien établie, il restait toutefois un redoutable guerrier qui maniait aussi bien l’épée que la plume. Vint ensuite les jeunes chefs Kudo et Fujita. Les deux hommes étaient en réalité de proches cousins. Ils entretenaient d’excellentes relations et n’hésitaient pas à guerroyer côte à côte lorsque l’occasion se présentait. Ils saluèrent de la tête le vieux Murakami et s’installèrent près de lui. Le mystérieux Kagawa pénétra à son tour la salle du conseil. Les divers chefs clans en savaient très peu sur lui. De nombreuses rumeurs disaient que lors d’une escarmouche, une flèche manqua de peu de le tuer, mais arriva à le défigurer. D’autres disaient qu’il avait reçu cette blessure lors d’un duel face à son père qui était un ivrogne et grand amateur de filles faciles. Il se dirigea vers une table proche et se versa un gobelet d’eau fraiche. Les derniers chefs des clans arrivèrent en même temps. Le perfide Nomura, dont l’horrible visage maculé de boutons écœurait chacune de ses prétendantes, avait pour sombre ambition d’évincer le chef Nishimura et de prendre le pouvoir par tous les moyens possibles et imaginables. Le prudent Maeda à la chevelure étincelante et le chauve Takano dont l’avarice était devenue légendaire clôturait le défilé. Les deux derniers chefs ne s’appréciaient guère. Les deux clans, avant l’unification, étaient de redoutables ennemis et se disputaient fréquemment pour le contrôle de terres, de richesses, ou tout simplement par rancœur.
L’ensemble des représentants des divers clans étaient présents. Ils attendaient impatiemment leur hôte afin de pouvoir débuter la séance.
- Seigneur Murakami, les années qui défilent ne sont guère à votre profit, lança Nomura avec un petit sourire en coin. N’est-il pas temps, pour vous, de passer le flambeau à quelqu’un de plus jeune et dynamique ?
- Très cher Nomura, répondit Murakami sur un ton calme mais néanmoins résolu. Je me porte comme un charme ! Podeszwa soit loué, je suis toujours dans la capacité de gérer mes affaires.
Cette réplique piqua à vif le chef Nomura qui lança un regard noir à son interlocuteur.
- Savez-vous pourquoi Sire Nishimura nous a tous réunis ? interrogea Kudo.
- La situation doit être assez préoccupante, ajouta Fujita. Assez pour qu’une réunion extraordinaire nous rassemble tous.
- J’espère qu’il ne sera pas question de soutiens financiers, déclara Takano. Mes coffres personnels sont plus vides que jamais.
- Vous concernant, le contraire aurait été étonnant, railla Maeda. Vous aimez tellement votre or que vous ne voulez, sous aucun prétexte, vous séparer d’une seule et malheureuse pièce d’or.
- Venant de la part de quelqu’un qui n’hésite pas à dilapider son or en futilités, cela me fait bien rire ! Répliqua Takano.
- Des futilités ?! Depuis quand protéger et faire prospérer nos fidèles sujets sont-ils devenus des futilités ?! s’énerva Maeda. Moi au moins, je n’extorque rien à celles et ceux qui sont sous ma protection.
Le visage du seigneur Takano s’empourpra de rage. Les deux chefs rivaux étaient prêts à en découdre. Irrité par les événements survenus, Le chef Murakami se leva vivement de son siège et frappa lourdement du poing sur la table. L’onde sonore de l’impact se répercuta dans toute la salle.
- Il suffit ! Tonna le vieux guerrier. Veuillez cesser immédiatement ces enfantillages !
Le silence revint dans la salle. Le vieux Murakami avait toujours eu le don d’apaiser les tensions naissantes juste en haussant la voix. Était-ce dû à son âge mur ou tout simplement parce que c’était, après maître Nishimura, l’homme le plus puissants de tous les clans unis ?
- Quant aux hypothétiques motifs de notre présence en ces lieux, je peux éclairer vos lanternes, rajouta Murakami ayant pris un ton plus calme.
- Dans ce cas, nous vous écoutons attentivement, finit par dire Kagawa.
Le seigneur Murakami se rassit et s’éclaircit la voix.
- Sire Nishimura nous a tous réunis afin de débattre sur la marche à suivre quant aux agissements du Cydon. Et tout particulièrement des Saxons. Les événements qui se sont produis récemment en Uberkhan a attiré l’inquiétude de notre maître. Aussi, a-t-il décidé d’organiser une séance extraordinaire du conseil afin d’orienter nos futures actions quant au conflit en cours entre le Cydon et le Royaume.
- En quoi cela nous concerne ? Interpella Nomura. Que je sache, nous n’avons aucun problème avec ces seigneurs. Nos terres, nos cités, nos gens n’ont pas souffert de raids ou de pillages et ce malgré la proximité de cités sous contrôle de membres du Cydon. Alors pourquoi nous soucier de conflits à l’autre bout du Royaume ?
Les portes de la salle du conseil s’ouvrirent et deux gardes en armure y pénétrèrent. Le seigneur Nishimura, chef des clans unis apparut. Tous se levèrent et s’inclinèrent respectueusement. Même le chef Nomura s’exécuta, non sans un afficher un air pincé.
Il se dirigea vers sa place, au centre de la table, s’installa et invita ses inféodés à en faire de même.
- Mes seigneurs, je vous remercie d’avoir répondu présent. Nous avons des sujets importants qui requièrent toute notre attention. Je vous propose, sans plus tarder, de commencer cette séance du conseil.
Dernière modification par Clan Nishimura (2020-11-19 16:26:16)
Pages : 1