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Que tous les fidèles viennent ici prier Podeszwa. Qu'ils se fassent connaître et qu'ils apportent leur soutien à notre nouvelle et jeune église.
Nous, qui avons reçu la grâce divine, avons pour mission d'apporter la lumière à nos frères restés dans les ténèbres et d'extirper les démons qui hantent leurs âmes. Nous devons le faire par la prière et la force de notre conviction car l'esprit de Podszwa nous habite.
Bâtissons des lieux de culte, convertissons nos serfs. Respectons les commandements de Podeszwa et faisons en sorte que le monde connaisse la vérité révélée.
Des éclaireurs lui avaient rapporté la nouvelle.
Quelque part sur les Terres du seigneur Enguerrand, on construisait une église.
Cette nouvelle ne lui avait pas semblé digne d'intérêt, jusqu'à ce qu'on lui précise qu'il s'agissait d'une basilique dédiée au culte de Podeszwa.
Une basilique, bâtiment typiquement "civilisé", dédiée à un Dieu barbare constituait pour Okord un danger bien plus grand que les barbares eux-mêmes.
Cela signifiait que ce culte commençait à être accepté du royaume.
Il avait donc décidé de constater par lui même, et ne put qu'admettre la vérité.
Au fond, il se moquait bien de quelles religions existaient à Okord.
Mais le culte de Podeszwa et les principes qu'en tirait Enguerrand devenaient problématique pour le Vicomte.
...voire dangereux.
Jeyangel fit appeler un messager sur le champ, et lui remit un parchemin scellé.
"Marquis,
J'ai ouïe dire que ces derniers mois furent particulièrement pénibles pour votre famille.
D'abord la guerre, puis la maladie de votre fils.
A ce sujet, je me réjouis de son rétablissement, que l'on qualifie de miraculeux.
J'ai également entendu des rumeurs prétendant que cette guérison serait due à Podeszwa, le dieu barbare.
N'aimant pas me fier aux rumeurs de basse-cours, je me suis personnellement déplacé jusqu'au prétendu site de construction.
Je dois me rendre à l'évidence: tout ceci est donc vrai.
Je ne tenterais pas de vous convaincre du bienfondé d'une telle croyance, ni de son contraire.
En revanche, je me dois de vous prévenir d'un point plus qu'important.
Vous n'imaginez à quel point je suis habitué aux prétendues "valeurs" d'êtres tels que Anges, fées ou Dieux "bienveillants".
Tous, sont exception prônent le chemin de la "lumière" et cachent à peine leur incitation à "détruire les ténèbres".
Je ne tenterais pas de vous en convaincre, mais je vous l'affirme, j'ai une connaissance bien supérieurs à la moyenne concernant l'équilibre entre le "bien" et le "mal".
Vous prétendez devoir combattre et purifier les démons et les possédés. Soit.
Il est possible que prochainement, nous vous voyions parcourir le royaume en armure blanche tel un paladin élus. Soit.
Mais là est mon avertissement:
Je suis un mage de guerre - donc sorcier - descendant d'une lignée aux pouvoirs obscurs, et adepte d'une croyance considérée comme barbare.
Je ne pense pas avoir profité de mes sombres capacités pour nuire à autrui.
Je respecte donc votre croyance, vos idées et votre soudain intérêt pour la "lumière", mais vous demande de ne point intervenir sur mes Terres au nom de ce Dieu qui n'est pas mien.
Je vous demande de garder éloignés vos prêcheurs et purificateurs de mes provinces, particulière de Tenebris - dont je ne pense pas devoir vous expliquer le nom...
Le présent parchemin est un geste de ma part, dont l'intention est de permettre à nos deux cultures de cohabiter sans heurts.
Tant que vos croyances ne nuiront pas à mes sujets - ce qui inclut attaques et conversions - je fermerais les yeux sur ce que je considère comme fanatique.
Pour toutes ces raisons et bien d'autres, je vous prie, Marquis, de recevoir ce document en tant que TRAITE DE NON AGRESSION.
Jeyangel Drak'o'Neir, Vicomte de Dracangia,
Prime Neir'gar et Prime Neir'mag,
Seigneur noir de Tenebris"
"sceau de cire, sceau magique et signature de sang"
Dernière modification par jeyangel (2015-04-25 12:35:53)
L'endroit était grand. Très grand.
Le comte Zalfos mit un pied à terre. Derrière lui, la demi-douzaine de chevaliers qu'il avait amené avec lui depuis Harshaw suivirent le mouvement, dans un concert de cliquetis métalliques. C'était là une faible escorte alors qu'autant de ses hommes souhaitaient l'accompagner voir le grand bâtiment à la gloire de Podeszwa, mais le comte n'avait pas pu en accepter plus. Ses rares navires étaient tous occupés à régler leur compte aux repaires de pirates dans le détroit, et il n'était pas en Osterlich depuis assez longtemps pour posséder une flotte conséquente.
Il avait donc mobilisé une flotte minimale, et chevauché à bride abattue dans le Sud d'Okord, la petite taille de son escorte lui assurant une relative tranquillité. Le comte s'était toujours méfié du Sud. C'était un endroit étrange et marécageux, où la faune et la flore n'étaient pas celle qu'il connaissait.
On amena les bannières frappées du dragon d'Osterlich. Un peu de foule se massait tout autour de l'entrée de la cathédrale, mais eut tôt fait de s'écarter au bruit des chevaliers qui s'avançaient. Il y avait là des constructeurs, des maçons et des architectes qui travaillaient aux finitions ou à de nouveaux agrandissements, mais le petit peuple se voyait rarement. Quelques soldats et chevaliers d'obscures maisonnées... restait le vide à l'intérieur, qui ne faisait qu'amplifier la magnificence de la construction.
En s'emparant de l'archipel au nom d'Okord, le comte avait pris son lot de temples de Podeszwa. La plupart étaient de simples sanctuaires de campagne, mais qu'ils étaient nombreux... on en trouvait presque dans chaque village en Osterlich, et les villes avaient leurs propres lieux de culte, d'importance mais aucunement comparables à la cathédrale.
- "On la dit aussi grande que celle du roi Baldur !" déclara l'un des chevaliers de son escorte. La plupart de ceux qui l'accompagnaient étaient natifs d'Osterlich et avaient juré leurs épées après la bataille, mais il avait aussi un ou deux convertis venus de ses anciennes terres du Nord. "Le Marquis est splendidement riche pour se permettre de construire quelque chose d'aussi gigantesque !
- Très riche... mouais." Le comte fronça les sourcils. "Avez vous déjà vu la cathédrale du roi Baldur ?
- Jamais encore je n'ai quitté le détroit. J'envisageais de le faire, mais la guerre a été déclarée.
- Vous irez à mes frais la comparer à celle-ci dès notre retour en ce cas.
- M'accompagnerez vous ? J'aimerais que vous voyiez Osterlich, messire.
- La mentalité ne change pas si vite. Au détroit, je suis un conquérant. Mais si j'allais dans l'arrière-pays, je deviendrais un barbare occidental. De plus, la guerre civile n'est pas finie." Le comte eut un sourire, puis secoua la tête. "Soyez aimable et rapportez moi la beauté de la cathédrale de Baldur. Mais aujourd'hui, admirez celle de ma première patrie.
- Holà !", arrêta un autre chevalier. Son surcot était frappé d'un léviathan, et l'indiquait comme un membre de l'ancienne maisonnée qui tenait l'archipel. Le comte avait fait de ces hommes ses gouverneurs, dans le but de faciliter son emprise sur le pays. Avec sa conversion à Podeszwa, la mesure s'était avérée futile. "Sommes-nous ici pour prier ou pour bavarder ? En un tel lieu de culte, nous devrions garder un peu de silence."
Le comte acquiesça. Ces hommes connaissaient mieux son Dieu que lui.
Il en avait été convaincu. Autant d'hommes ne pouvaient pas adorer Podeszwa sans que celui-ci soit réel. Il ne pouvait en être autrement. Une telle ferveur ne pouvait s'adresser à un mensonge ou à une illusion. En s'agenouillant devant l'autel, son armure cliqueta.
"Thamos, menez notre prière."
Le chevalier au léviathan acquiesça, puis s'agenouilla à son tour.
Le marquis de la Pétaudière rend la lettre du seigneur Jeyangel à son scribe.
Voici un seigneur qui ne manque pas d'air. Il m'accuse de vouloir le convertir alors que cette idée ne m'avait pas encore effleurée. C'est peut-être un défi! En voilà un, en tous cas qui n'a aucune idée de la puissance de Podezswa. Tu peux classer ce document, Jehan, il n'appelle aucune réponse.
Quoi d'autre?
- Monseigneur, le Comte Zalfos est sur vos terres. Il vient admirer notre Basilique. C'est un adorateur de Podeszwa, lui aussi récemment converti.
- Que ne le disais-tu! Il faut que l'aille saluer ce noble seigneur! Qu'on selle mon cheval, en vitesse!
C'est ainsi que le marquis de la Pétaudière pénétre une heure plus tard dans sa basilique pour y trouver le Comte Zalfos et ses gens agenouillés devant l'autel.
La basilique n'est pas achevée, loin de là.
Les travaux avancent bien même si Enguerrand déplore leur lenteur.
Il a dépensé sans compter. Rien n'est trop beau pour glorifier Podeszwa.
Avec des voutes culminant à quarante cinq mètres de hauteur son architecte a pulvérisé tous les records. Aucun édifice sur Okord ne peut se comparer à celui-ci. Il faut bien cela pour le dieu créateur de toute chose.
Dès l'entrée du portail déjà impressionnant avec ses vantaux de sept mètres de haut sur trois de large, le visiteur doit être happé par les colonnes vertigineuses, son regard, guidé par ces troncs de pierre, doit monter jusqu'à la voute qui figure le domaine du dieu unique.
Il est essentiel que le visiteur se sente tout petit. Qu'il prenne conscience de sa taille microbienne face à l'ampleur de Podeszwa, celui qui est tout.
L'édifice est constitué d'une allée bordé de chaque coté par douze piliers représentant chacun une valeur de la foi. Cette foi qui porte le Dieu et lui rend hommage. L'allée débouche sur un espace circulaire avec l'autel comme centre. Il s'agit d'une tour qui, quand elle sera achevée, dépassera, en hauteur, la voute de l'allée et se terminera par un dôme gigantesque, point d'orgue de l'ouvrage.
C'est là que les travaux sont encore en suspens. La tour a des murs épais de huit mètres à la base pour supporter les cinquante quatre mètres de pierres qu'il faut entasser pour arriver au dôme, mais ce dernier est encore une utopie car aucun architecte ne s'avance à proposer une solution pour sa construction.
Enguerrand pénétre dans la basilique pour découvrir le comte à genoux devant l'autel.
Délaissant ses chevaliers, il vient s'agenouiller à coté de son hôte et se joint à lui pour prier Podeszwa.
Dernière modification par Enguerrand (2015-05-02 09:00:41)
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